Contre toute attente, le demi-orque, habituellement d'humeur joviale, ne rit pas aux bons mots du halfelin. Au contraire, il le toisa sévèrement avant de se pencher vers lui et de darder un doigt crochu sur sa poitrine. « Ne défie pas les dieux, petit écureuil, » gronda-t-il, « ce n'est pas le moment. Quelque chose me dit qu'on pourrait avoir grand besoin d'eux dans peu de temps. »

Il le repoussa légèrement de la main avant de se redresser de toute sa hauteur et de tourner les talons. Au bout de quelque pas, il lui lança par dessus son épaule : « alors, tu viens ? »

Tandis que Doua se retirait dans leurs quartiers pour y convoquer Finesight et se reposer après avoir passer une commande à l'intendant, Berbie, Darmrok et Solveig profitèrent du reste de la journée pour visiter Feuille Pleureuse, grâce à la permission d'Eviana.

Le tour des lieux fut plus rapide qu'ils ne l'auraient pensés, le village elfique n'accueillant même pas un millier d'âmes. Et de ce qu'ils en virent, la population était uniquement composée d'éléments utiles à la communauté : bûcherons, forgerons et cuisiniers se mélangeaient aux guerriers et tisseurs de sorts dans une symphonie d'activités qui s'orchestrait autour d'une unique partition : la guerre.
Il n'y avait aucun étal de marchand entrain de vendre ses produits à la criée, nul groupe de vieillard assis sur un banc pour philosopher et pas d'enfants pour jouer dans les rues ou autour des arbres, ponctuant de leurs voix stridentes les différents bruits qui constituent une ambiance sonore qu'on pourrait qualifier d'ordinaire.

Les bâtiments étaient tous en bois et en pierre. Et même si leurs structures basses étaient façonnées et décorées avec la grâce si propre à l'architecture des elfes, on ne pouvait passer à côté de leurs finalités premières : fonctionnelles.
L'absence total de bâtiments publics, comme une bibliothèque ou ne serait ce qu'une taverne, ne faisait qu'en renforcer l'effet.

Toute la population était elfique.
Quelques uns, peut-être, possédaient des traits trahissant une parenté humaine mais rien dans leur comportement, ni celui des autres, ne le laissait paraître. Par leurs origines étrangères, les trois visiteurs attiraient les regards curieux et intéressés, mais rien qui ne dépassent la limite d'une observation discrète et polie.

La visite terminée, les trois promeneurs retournèrent au bâtiment qui leur avait été attribué.
Quand ils arrivèrent, Doua s'étaient déjà retiré dans la salle de méditation pour se reposer sur une des nattes. Sur la table, quelqu'un avait déposé des assiettes contenant du pain et des légumes grillés, ainsi que deux carafes d'eau et de vin, en quantité largement suffisante pour qu'ils puissent tous se restaurer pour la soirée et le petit déjeuner.
Dehors, la nuit tombait. Et avec elle venait le silence qui accompagne les guerriers disciplinés surveillant leur campement quand les éléments sont propices à l'ennemi. Les voix se réduisirent petit à petit à des murmures, puis disparurent totalement afin que nul bruit suspect ne soit camouflé.

L'aube pointa, et les aventuriers furent réveillé en sursaut par des cris et des bruits d'activités frénétiques.
Mais c'étaient juste des ordres qu'on lançait et qui étaient suivis immédiatement, et non les éclats sonores d'une bataille ou d'une catastrophe.
Feuille Pleureuse était en ébullition. Quelque chose se préparait.

« NYYYAAAAARRH ! » Beugla Darmrok en s'étirant à son tour, mais de façon plus démonstrative que l'elfe. Il avait plutôt bien dormi et, contrairement au conjurateur, se sentait bien plus à l'aise dans cet environnement qu'à Port-Enigme. Le seul point noir de la soirée avait été le dîner, car si le demi-orque avait apprécié les légumes cuisinés avec soin, il avait bruyamment regretté de ne pouvoir les accompagner de quelques belles pièces de viande, et s'était rabattu sur le vin avec moult grognements à propos de ces « putains de végétariens. »

Et, de fait, l'absence de viande au menu de la veille semblait effectivement affecter l'humeur du prêtre, qui affichait une mine renfrognée et grognait à tout bout de champ. « Tant mieux si ça bouge, » répondit-il à Doua en se levant pour faire quelques ablutions sommaires, « je ne suis pas venu ici pour bouffer des légumes. Mais s'ils continuent à nous infliger ce régime, je pourrais bien finir par me taper un enculé de drow. Et sans le vider, encore. »

Tout en continuant à grogner, il entreprit d'enfiler sa lourde armure et de vérifier son équipement.

Solveig se leva après une nuit bien trop courte. Les ronflements de Darmrok avaient retenti toute la nuit, interrompant le sommeil de la mage régulièrement. Elle avait essayé de siffler, de l'interpeler, mais rien n'y avait fait, elle avait même été à deux doigts de lui lancer un rayon de froid afin de le réveiller pour pouvoir enfin dormir. Heureusement pour le prêtre, la fatigue avait été plus forte et elle s'était endormie sur la vision imaginaire d'un demi-orque congelé.

Elle se rafraichit très vite et se prépara à sortir. Qu'est-ce qui pouvait bien provoquer une telle agitation chez les elfes ? Une attaque de drows était-elle sur le point d'arriver ?
Toujours est-il que la situation était anormale, même si ses compagnons n'avaient pas l'air nerveux.

Sautillant presque autour de l'elfe, oubliant complètement de s'enquérir de l'organisation de l'assaut et de ses conditions :"Nous sommes bien entendu des vôtres ! Nous les bouterons même hors du monde d'Argamachin !"

Modifié par un utilisateur jeudi 23 juin 2016 21:09:51(UTC)  | Raison: Non indiquée

Lorsque la princesse elfique leur offrit de participer à l'assaut, Darmrok se passa d'abord la main sur le front en murmurant, les yeux mi-clos, imitant une jeune fille au bord de la pâmoison : « Oh, je ne sais pas... Je me sens un peu faible aujourd'hui. Le manque de viande, certainement. »

Avant de se fendre d'un grand sourire carnassier : « hûk hûk hûk ! Mais non, je rigole. Pour sûr qu'on est d'accord, on est venus pour ça ! Qu'est-ce qu'il faut faire ? »

5 PV regagnés pendant la nuit

Modifié par un utilisateur jeudi 23 juin 2016 22:42:08(UTC)  | Raison: Non indiquée

Eviana sourit devant l'impatience de ses invités, à l'inverse de Kaerishiel qui les foudroyait du regard pour ce manque de déférence. Il allait justement les remettre à leur place, mais Eviana le prit de vitesse :


« - J'ai mobilisé la plupart des combattants valides en ne laissant qu'un petit contingent à Feuille Pleureuse au cas où.
Celwynvian est à une journée de marche, notre avant-poste s'étant établie à quelques kilomètres des ruines.
La responsable du site sera plus à même de répondre à toutes vos questions. Mieux vaut discuter de tout cela en sa présence, nous éviterons de nous répéter arrivés là-bas.
Chaque groupe part dès qu'il le peut, joignez vous donc à moi pour le trajet.
Vous n'avez qu'à me signaler quand vous serez prêt. »

Elle laissa les autres elfes présents rejoindre leurs groupes respectifs. Seul Kaerishiel ne bougea pas, visiblement affecté à celui d'Eviana.

Darmrok s'esclaffa de nouveau lorsqu'Eviana remit à plus tard les explications. « Hûk hûk hûk ! Faire durer, c'est un truc elfique, on dirait ! C'est vrai que vous avez plus de temps que nous autres. Bon, c'est pas grave. Moi aussi, je n'ai que mon sac à prendre. On revient. »

Il fit demi-tour et passa devant Kaerishiel. « Alors comme ça, tu viens avec nous ? C'est bien, ça ! On va pouvoir prendre le temps de discuter en route... D'apprendre à s'apprécier mutuellement, pas vrai ? » Lui dit-il en lui flanquant une bourrade dans l'épaule et en le gratifiant de son horrible sourire dentu, avant de sortir de la tente à la suite de Doua.

Modifié par un utilisateur samedi 25 juin 2016 23:05:22(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ne saisissant même pas les allusions de Doua, Berbie précipita vers son sac et revint à l'entrée à toute jambe, atterrissant bien involontairement dans les pattes de Kaerishiel. "Mille excuses !"