l lui suffit de faire un léger mouvement de la main pour que disparaisse de sa vision l'individu qui s'éloignait en emportant une silhouette indistincte dans ses bras. L'image légèrement déformée qui était apparue dans la sphère de cristal posée sur la table devant lui se dissipa en une sorte de brume blanchâtre. L'individu qui était assis face à la sphère resta immobile un moment, son regard perdu dans la brume. À travers celle-ci, il distinguait à peine les contours déformés de l'image qui ornait la plaque de bois exotique sur laquelle la boule de cristal était posée. Il savait qu'il s'agissait d'une mosaïque représentant une tête de tigre dont les yeux étaient composés d'émeraudes taillées mais les contours étaient tellement défigurés par la brume qu'il avait du mal à reconnaître l'image pourtant bien familière.

Il prit encore quelques secondes pour passer les événements qui venaient de se dérouler dans le sous-sol de sa demeure et les implications de ceux-ci puis il se leva. Peut-être était-ce un peu théâtral, mais il lui restait une dernière chose à faire. Ou peut-être était-ce simplement une envie, un caprice, comme pour mettre un terme à un chapitre, pour marquer un point final plus important que les autres. Il se dirigea d'un pas lent mais agile vers la porte de son bureau, sortit et la referma derrière lui. Puis il descendit les escaliers…



Kar'Uz n'avait pris que quelques secondes pour examiner rapidement l'individu qui était allongé sur la table de torture. Il s'était empressé pour s'assurer qu'il était bien en vie et qu'il n'y avait aucun danger imminent. Pendant les quelques secondes qu'avaient duré la marche vers la table, l'examen puis le retour vers la sortie de la salle de torture, la femme aux trois visages et aux six bras n'avait pas bougé d'un millimètre et n'avait pas prononcé un mot, se contentant de suivre de ses regards le duo de Shoantis.

Comme s'ils désiraient mettre le plus rapidement autant de distance possible entre eux et l'étrange créature spécialiste de la torture, les Shoantis ne s'étaient arrêtés avant d'avoir gravi les marches et atteint à nouveau le passage apparemment naturel qui connectait la grande salle souterraine avec le labyrinthe vivant, cet endroit sinistre dont le nom provenait sans doute de la capacité de ce complexe à se modifier, de ses salles à se réorganiser et à ses couloirs de se déplacer.

Vencarlo leva la main comme pour demander à Peau-de-Pierre de s'arrêter un instant, puis il s'approcha et examina l'individu que le barbare portait dans ses bras. L'homme, âgé d'une petite cinquantaine d'années, ne semblait guère conscient de ce qui se tramait autour de lui. Vencarlo l'observa pendant quelques secondes puis il hocha la tête. « C'est lui, c'est bien le sénéchal Néolandus Kalepopolis. C'est la seule personne qui a légalement le droit de déposer la Reine. »

L'air sombre, et le ton pareillement coloré, le maître d'armes ajouta « Je ne sais pas exactement quel traitement il a subi ici… mais au moins était-il à l'abri des Vierges grises et des mantes rouges envoyés par la Reine. Une fois que nous aurons quitté le domaine des Arkonas… ces dangers réapparaîtront. »

Vencarlo Orisini se mordit légèrement la lèvre inférieure, réfléchit en silence pendant quelques secondes puis dit « Où que nous l'emmenions ici à Korvosa, il sera en danger... tout comme vous, d'après le message envoyé par Grau. » Il fit une moue qui semblait trahir un étrange mélange de colère, de déception, de nostalgie et de tristesse lorsqu'il évoqua le nom du sergeant Soldado. « Je crains que, pour pouvoir agir pour Korvosa, il nous faille du temps… et des informations sur ce que nous affrontons. Le meurtre du capitaine Endrin montre clairement que la Reine a des secrets... Hors, pour l'instant, Korvosa n'est plus sûre, ni pour le Sénéchal, ni pour vous... »

Il termina en disant « Il vous faut… non… Il nous faut fuir Korvosa… »

Peau de Pierre déposa le sénéchal à terre d'un geste contrôlé. Cyniquement, il repensa à son activité au sein du Quah du Crâne, où il assurait depuis quelques années protection et support à des convois funéraires.

Il laissa à ceux qui le souhaitaient quelques instants pour examiner le blessé, puis s'adressa au groupe.

« L'heure n'est pas aux longues discussions. Nous sommes toujours chez notre ennemi, et il est probable qu'il sache que nous avons accompli notre mission. Rejoignons le quai au sous-sol, en espérant que la barque qui s'y trouvait y soit toujours entreposée. Nous continuerons cette discussion lorsque nous serons à l'eau.

Reprenons notre marche. »

Le guerrier prenait peu la parole, mais son ton ne laissait aucun doute sur l'irrévocabilité de ses instructions.

Sentant que la situation s'envenimait, Vencarlo leva les mains en signe de pacification et reprit la parole. « S'il s'agissait simplement de contrer une Reine avide de pouvoir, le terrain serait principalement politique et le combat se mènerait principalement ici. Mais l'histoire me semble plus complexe que ça… Certains d'entre vous ont déjà rencontré Iléosa ; elle n'est pas entraînée aux arts de la guerre, ni à la magie à ma connaissance. Et, pourtant, à mains nues, elle est parvenue à s'emparer d'un carreau et à l'enfoncer dans le crâne d'un combattant aguerri, le tuant sur le coup. »

Le maître d'armes secoua la tête lentement. « Il y a quelque chose de plus que tout ça. Marcus Endrin a commis l'erreur d'affronter la Reine en face à face... et il est au District Gris désormais. Foncer tête baissée nous conduira à la ruine, j'en ai bien peur. Il nous faut tout d'abord récupérer, en apprendre le plus possible, et monter un plan. Puis, à ce moment-là, il faudra sans aucun doute mener une rébellion ouverte contre le pouvoir en place. »

« Mais, pour l'immédiat, le plus important est de trouver un endroit sûr où le Sénéchal pourra récupérer et nous en apprendre plus sur ce qui s'est passé à Château-Korvosa. Je connais un tel endroit, un village à quelques jours de voyage au nord de Korvosa… où une certaine artiste se trouve d'ailleurs. Si nous restons à Korvosa, comment garantir la sécurité du Sénéchal avec les Vierges grises et les mantes rouges qui nous recherchent ? »

« Des alliés potentiels ? Je me demande si la reine ne va pas commencer par s'occuper d'eux en priorité. Plus je retourne le problème dans ma tête plus je me dis que tout tourne autour de la reine. Comme on nous l'a fait remarqué, comment et d'où tire-t-elle ces nouvelles facultés ? Arrêter une flèche en plein vol, tuer quelqu'un d'un simple coup. Même toi Peau-de-pierre tu dois reconnaître que c'est presque impossible de cette manière. Il faudrait une magie puissante, très puissante pour que cela arrive. De plus, elle a envoyé des vierges grises dans tous les secteurs de la ville. On dirait un coup d'état tout en douceur. La seule question à se poser est : est-ce que c'est de la reine elle-même que viennent tous ces pouvoirs ou quelqu'un lui fournit de l'aide et peut-être même la manipule. Je suis d'accord avec Vancarlo, il nous faut des informations et du temps pour les obtenir. Et nous ne pouvons le faire ici. Pour ce qui est du sénéchal, je vais voir cela mais je doute de pouvoir le faire récupérer très vite. »

Arlandeth examina le sénéchal prudemment. Il chercha le meilleur moyen de remédier à son état si cela était dans ses capacités.

Modifié par un utilisateur mardi 16 février 2016 17:32:37(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Ne perdons pas de temps. » ordonna Peau de Pierre, en déposant le sénéchal à bord de la barque.

« Installez-vous bien au fond, je vais détacher la corde. Théobald, je ne saurais vous imposer de nous suivre, mais cette barque partira d'une minute à l'autre, et je préfèrerais vous savoir à bord. Vous savez trop de choses pour tomber aux mains de l'ennemi. »

Le gardien shoanti continuait à faire preuve de pragmatisme, et ne s'attachait qu'au succès de leur mission au détriment de tout autre enjeu politique à plus long terme.

Modifié par un utilisateur mercredi 17 février 2016 01:23:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'inquisiteur soupira longuement, il voyait le groupe embarquer, il était clair que d'après le prêtre le sénéchal ne dévoilerait probablement rien avant quelques jours voir quelques semaines. Il ne pouvait donc rien espérer de ce coté pour relativiser et prendre la bonne décision!
Serte les paroles des uns et de autres étaient sensées, et il était fort conseiller de prendre du recul, aussi bien au niveau temps qu'au niveau distance. Mais comme souvent il avait un pressentiment, une sensation qu'il passait à coté de quelque chose!! Et là c'était le doyen Arkona!! Il y avait un mystère qu'il n'avait pas réussi à percer, mais bon ou pas bon il fallait rapidement se décider à l'attendre ou pas...................????
Le problème était que, est ce qu'il réussirait à trouver des alliés, et ceux ci serait il capable de venir délivrer la citée sans attendre un juste retour? Est ce que loin de la capitale il réussirai à continuer à enquêter? Est ce qu'ils auraient encore des entrées pour repasser les murs??
Bref un tas de questions qu'il pouvait se poser, mais dont il aurai les réponses autre part que enfermer dans une cellule, ou mort!!

Il sorti un vieux parchemin et une craie, puis commença à rédiger.


L'inquisiteur sorti également un carreau d’arbalète puis planta le parchemin sur l'une des bites en bois.

Et enfin il monta le dernier sur la barque, se cachant les yeux sous son couvre chef.................

Modifié par un utilisateur jeudi 18 février 2016 13:31:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alors que la barque avançait bercée par les clapotis, Abbaër ricanait ouvrant par moment son sac pour regarder sa dernière prise, en effet à leur sortie de la salle des tortures le nain s'était éclipsé en chemin pour retrouver la salle où le groupe avait déniché quelques biens de valeur laissé pour être emmené plus tard mais le nain n'avait pas encore l'habitude de ce sac qui lui donnait des possibilité énorme en terme de transport, en effet il aurait pu les entasser dans ce trou sans fond plus tôt mais concentré sur sa mission qui était de retrouver Vencarlo et le sénéchal il en avait oublié cette possibilité. Mais pas au point de d'oublier une seconde fois ces biens précieux alors que ses compagnons se disputaient sur la conduite à tenir et que le groupe repassait devant la porte. Bref le roublard était satisfait de la réussite de cette expédition qui n'avait pas fait couler de sang de leur côté et qui voyait au final de nombreux secrets révélés et d'autres qui allaient bientôt l'être, le tout récompensé par ce gecko couleur bleu corail ou ce dragon doré et ses pierres précieuses.

Il fallait maintenant mettre tout ce beau monde à l'abri, on les chercherait en ville donc pour le nain c'était le moment de partir et de quitter Korvosa, pour la suite il verrait bien. Il fallait selon lui déterminer grâce au sénéchal ce qui s'était passé avec la mort d'Eodred et la prise de pouvoir de la reine de manière absolue. Une fois cela fait lui seul pourrait la déposer officiellement mais il faudra la jouer fine et avoir des appuis puissants pour lui reprendre le pouvoir.

« Le sénéchal est en état de choc nous ne savons pas combien de temps il lui faudra pour qu'il retrouve l'entièreté de ses capacités cela prendra peut-être des mois et nouis ne pourrons pas le cacher indéfiniment en ville. Il faut partir et trouver les moyens magiques pour dissimuler son identité de tel sorte qu'il ne soit pas repéré par divination. Reste à savoir si nous partons de suite en laissant derrière nous Hurlevent... où si nous le prenons avec nous. L'artiste est instable et pourrait nous faire repérer à un moment ou à un autre. S'il ne sait pas où nous sommes c'est peut-être mieux ainsi. Dans ce cas, allons directement chez la nièce de Grau récupérer nos affaires pendant que les vierges nous cherchent dans le quartier nord. Nous aurons un moment de répit pour pouvoir organiser notre fuite. » Il n'y avait pas beaucoup à parcourir en barque pour rejoindre la maison de Trayce Soldado, c'était quasiment la rive en face du point le plus à l'est du vieux Korvosa. S'il le fallait Abbaër était prêt à utiliser son jeu de cartes et faire appel à Zellara pour dissimuler l'embarcation sous une illusion qui ferait d'eux de simples pêcheurs en train de placer des filets et nasses s'il sentait que des yeux étaient braqués sur eux.

Modifié par un utilisateur vendredi 19 février 2016 10:31:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

Depuis que Vencarlo avait été sauvé, Amin s'était laissé porté par le groupe. Il était constamment resté aux côtés de son mentor pour le protéger et l'assister si le besoin s'en faisait sentir. Une fois le Sénéchal récupéré, il avait aidé à son transport du mieux qu'il pouvait.

Lorsque le maître d'armes évoqua l'idée d'une séparation, Amin approuva d'un mouvement de tête. Puis il prit la parole à son tour. « L'idée est bonne. Peau-de-Pierre, amène nous directement vers la rive nord. Il n'y a personne de ce côté-là et nous pourrons débarquer plus aisément. Je quitterai le bord avec Vencarlo, le Sénéchal et Arlandeth. Nous trouverons le moyen de cacher le Sénéchal et Arlandeth dans la forêt. J'irai ensuite avec Vencarlo chercher ton cheval. Pendant ce temps, allez chercher Fergus et Scream. Vous n'aurez qu'à retraverser ensuite. »

Il marqua une légère pause, étonné lui-même d'avoir autant parlé et de s'être autant mis en avant, puis il regarda chacun de ses compagnons avant d'ajouter. « L'un d'entre vous a-t'il les moyens de communiquer à distance ? Ce sera plus aisé pour vous retrouver par la suite - ou pour donner l'alerte si quelque chose tourne mal... »

« Diviser le groupe n'est jamais une bonne option. Mais en l'occurrence je crois que nous n'avons pas le choix. Déposez-nous sur l'île et partez avec la barque accoster eu Nord. Ça ne fera qu'une traversée et attirera moins l'attention. Pour la constitution des deux groupes, ça me convient. Je pense que dans la forêt vous ne courez pas trop de risques et le sénéchal sera moins exposé. Par contre c'est une très mauvaise idée de subdiviser encore ce groupe pour aller dans le quartier des varisiens. C'est à la fois s'exposer à d'éventuels espions et réduire considérablement la protection du sénéchal. »

« Voilà ce que je propose :
- On accoste sur l'ile dès que possible. Nous ne sommes pas loin de la pointe Nord.
- Comme proposé par Amin : Peau de Pierre, l'inquisiteur, Abbaër et moi, nous allons chercher le peintre et Fergus.
- Vous : Amin, Vencarlo, Arlandeth et le sénéchal vous repartez au Nord là où c'est le moins exposé à toute surveillance et vous vous planquez dans la forêt en nous attendant.
- Nous : nous récupérons Fergus et le peintre, nos affaires et nos barques.
- Au besoin Abbaër lève la brume nocturne pour masquer notre traversée et nous vous rejoignons dans le bois. Il vous suffira de monter la garde, vous nous verrez sans doute arriver.
- Puis vous faites route le plus loin possible et le plus longtemps possible vers la destination proposée par Vencarlo.
- Peau de Pierre peut aller seul récupérer son cheval. Il sera plus efficace et rapide seul. C'est un chasseur shoanti. Je resterai en protection si jamais il tombe dans un traquenard. Puis nous vous rejoignons sur la route. »

Théobald ne prit pas part aux différentes propositions du groupe, mais malgré tout cela l'amusa presque de voir autant d’engagement et de réflexion pour une fuite, alors que lorsqu'il y avait eu besoin d'avis dans des moments plus critique, beaucoup c'étaient tus!!

Il soupira et concentra son attention sur l’environnement à l'extérieur du groupe.