La vie est fort différente selon qu'on soit dans les grandes villes ou dans le désert. C'est vrai partout, mais particulièrement au Katapesh.
Communauté rurales
En dehors
des grandes villes, de petites communautés de mineurs, de
fermiers et d’artisans tirent leur maigre subsistance de la terre
aride. Ces villageois nouent des liens avec les anciennes tribus
nomades qui sillonnent les déserts du pays et le veldt central.
Pourtant, ces fiers nomades se montrent parfois distants,
voire ouvertement hostiles envers les sédentaires et les autres
tribus. Beaucoup de villes et de villages apparaissent et se
développent grâce aux pistes caravanières avant de disparaître
soudain, victimes de la pauvreté, du climat implacable ou des
attaques de pillards, humains ou non.
Les grandes villes, cosmopolites ¶
Au Katapesh, la race, la naissance et l’héritage ne veulent
rien dire, c’est l’or qui détermine la valeur de chacun. C’est
pourquoi de nombreuses races que l’on voit rarement dans le
reste de la mer Intérieure parcourent les rues de Katapesh et
commercent d’égales à égales avec les plus répandues. Parmi
ces visiteurs hors du commun, les gnolls des pics d’Airain
sont les plus connus. Ils ont une réputation d’esclavagistes
et de brigands bien établie et sont connus pour vendre sur
les marchés de l’est ce qu’ils volent ou enlèvent à l’ouest.
Tout le monde craint les hommes-bêtes et s’en méfie, mais
personne ne peut rivaliser avec eux en matière d’efficacité et
de succès dans leurs entreprises sans scrupules. Beaucoup
de gnolls de deuxième génération, élevés près des villes
humaines ou en leur sein, éprouvent plus d’affinités pour
leurs partenaires commerciaux que pour leur propre peuple
et certains quittent leur tribu pour choisir une nouvelle vie,
loin de leur société sauvage.
Les marchés du Katapesh accueillent également des
voyageurs venus d’au-delà de Golarion et des êtres avec du
sang extraplanaire. Les janns sont les plus répandus mais les
djinns, les éfrits, les marids et les shaitans sont à peine plus
rares. Les messagers méphites, les gardiens élémentaires
et les marchands asimaars ou tieffelins se rendent parfois
au bazar sur ordre de leurs maîtres étrangers. Les êtres
plus maléfiques, comme les morts-vivants, les daémons, les
diables et les rakshasas cherchent des trésors pervertis sur
les sinistres Étalages de nuit.
Le Pesh
Les lois commerciales, plutôt libres, du Katapesh lui permettent d’offrir des plasirs et des biens que l’on ne trouve
nulle part ailleurs sur Golarion, y compris le produit le plus
pernicieux qu’il exporte : le pesh, un puissant narcotique distillé à partir du lait tourné d’un cactus rare que l’on trouve
dans le désert du sud de la nation. Des accros du monde entier affluent vers les épouvantables salons à pesh de la capitale
pour s’adonner à leur vice décadent.
Le pesh est la force vitale du
Katapesh, la plante éponyme qui
mène le commerce et assure des ré-
coltes aux fermiers année après année. Le
mot « pesh » fait à la fois référence aux cactus bulbeux d’un vert éclatant qui fleurissent
dans les déserts du Katapesh et au narcotique distillé
à partir de leur suc.
La plupart des voyageurs ont entendu
parler du pesh sous sa forme amère
et laiteuse, mais la drogue existe en
réalité sous plusieurs aspects. Le
moyen le plus facile de faire le pesh est
de dépouiller le cactus de l’un de ses cladodes aplatis et recouverts d’épines, puis de le presser afin d’extraire
le liquide contenu à l’intérieur. Le suc âcre et clair commence à
cailler après trois jours passés dans un endroit frais et sec. Un
additif appelé nagri (un sel amer extrait du lit des lacs asséchés,
tel que celui de Sabkha) est alors mélangé au suc gâté, puis on
laisse reposer la mixture encore une autre journée. De gros
morceaux blancs se forment dans le mélange, tel du beurre sur
du lait battu, qu’il convient de filtrer à l’aide d’un tissu à maille
fine afin de séparer les morceaux (le pesh brut) du lait liquide.
Sous cette forme solide et brute, le pesh peut alors être tout
simplement mangé en guise de dose de narcotique, mais il est généralement fumé dans une pipe à eau ou un narguilé. Pour fabriquer le pesh raffiné, les fermiers doivent attendre les deux mois
de l’année où les cactus fleurissent. De gros fruits renflés se forment sur la plante et les fermiers les incisent prudemment au
moyen de lames tranchantes. La sève suinte des incisions et durcit
jusqu’à prendre la consistance d’une résine. Les fermiers passent
alors des semaines de travail délicat à inciser les fruits, récoltant la
résine sèche à la fin de la journée et taillant de nouvelles incisions
jusqu’à ce que chaque fruit soit vide (à l’exception de quelques-uns qui serviront à la fertilisation). Les fermiers ajoutent alors la
résine au pesh brut afin de former des blocs noirs et collants qui
peuvent être mangés, roulés dans des feuilles pour être fumés ou
mélangés à des boissons. Le pesh raffiné est beaucoup plus puissant que le pesh brut et est considéré comme un article de haute
qualité destiné à l’usage des nobles et des riches marchands.
À
l’autre bout du spectre qualitatif, on trouve le peu puissant lait
de pesh, liquide, difficile à dénicher en dehors du Katapesh. Les
pauvres ajoutent du lait de pesh à leur thé, bourrent de la gaze
imprégnée de lait de pesh contre leurs gencives ou en imbibent
du pain dur avant de le manger.
Presque tous les lieux du Katapesh qui abritent plus de quelques
maisons possèdent un champ de pesh quelque part à proximité.
Les fermiers les plus pauvres peuvent ne
posséder que deux ou trois cactus, soigneusement protégés par des clôtures
dans leur cour, tandis que les plus riches
peuvent avoir des champs où s’entassent
des dizaines de ces plantes.
Le pesh est la
principale exportation du pays et l’on peut
trouver des blocs enveloppés de toile contenant du pesh brut et du pesh raffiné dans
des contrées aussi lointaines qu’Absalom, le
Chéliax ou la Varisie. Le pesh étant vital pour
l’économie nationale, ainsi que le gagne-pain
de nombreux citoyens, le maraudage de pesh est
l’un des crimes les plus graves aux yeux de la loi du
Katapesh, sur un pied d’égalité avec le meurtre. Le
maraudage de pesh est déclaré lorsqu’une personne
s’empare des champs de pesh d’une autre
par la violence ou toute autre activité
illégale. Les fermiers qui cultivent le
pesh ont tendance à développer des
amitiés solides avec leurs voisins à fins
de protection mutuelle, aussi le maraudage
de pesh est-il difficile au sein d’une communauté.
Sur les marchés du Katapesh, une dose unique de pesh brut
coûte 1 pa, une dose de pesh raffiné 10 po et une dose de lait
de pesh seulement 1 à 2 pc. En dehors du Katapesh, ces prix
doublent le long de la mer Intérieure et triplent (ou plus) à
l’intérieur des terres, suivant l’éloignement avec la source. Une
brique de pesh mesure 7,60 × 5 × 5 centimètres et contient approximativement vingt doses. Le pesh brut a un effet légèrement
euphorique et narcotique sur les individus et agit également en
tant qu’analgésique, ce qui le rend précieux pour les guérisseurs
administrant des soins de longue durée. La gaze imprégnée de
lait de pesh est utilisée dans le pays chez les individus souffrant
de maux de dents, car il engourdit la bouche. Le pesh raffiné a le
même effet, mais bien plus prononcé.
Pesh
Culture
Les habitants de Katapesh sont très dévoués à leur profession
et en sont généralement très fiers. On y trouve toutes les
races et toutes les ethnies, sans aucun préjugé ou presque.
Sur les marchés bondés, les gnolls, les orques et les gobelins
côtoient les humains, les elfes, les halfelins et nombre d’autres
races moins connues. À Katapesh, on accepte tous ceux qui
n’enfreignent pas la loi. On pourrait dire que « l’acceptation »
fait partie de l’identité culturelle de Katapesh.
Tous les corps de métiers ont leur propre guilde, même
les humbles mendiants, car l’appartenance à un groupe est
garante d’une certaine sécurité économique, même si cela
signifie juste avoir de quoi manger.
La drogue, l’esclavagisme et le poison font partie de
la vie quotidienne des Katapeshiens et les chefs de la cité
les ont intégrés au modèle économique et culturel local.
Évidemment, tout est étroitement surveillé et la vente de ces
produits est toujours taxée.
Avec toute l’activité commerciale de la ville, on pourrait
penser que les habitants n’ont pas le temps de se divertir
mais, malgré leur éthique de travail, les Katapeshiens ont des
passe-temps... qui sont bien sûr des affaires lucratives à part
entière. L’un d’eux est un sport appelé le ruk. Il se déroule
dans le Grand Colisée et oppose des équipes sponsorisées par
les guildes. Deux équipes de dix athlètes se battent pour faire
passer une balle de cuir remplie de sable de la taille d’une
tête humaine à travers des anneaux situés aux extrémités de
l’arène. Le vainqueur est celui qui arrive à faire passer le plus
de balles dans l’anneau de l’équipe adverse en une heure de
jeu. La compétition est parfois brutale, et pas seulement entre
les deux équipes : les fans et les sponsors deviennent parfois
violents quand il s’agit de soutenir leur équipe. Il y a aussi
des combats de gladiateurs toutes les semaines, de nombreux
bordels, des maisons de jeu et les drogues sont très répandues.
Coutumes
Sous la chaleur du désert, ou dans les montagnes
infestées de gnolls, refuser l’hospitalité à un voyageur dans le
besoin équivaut à un meurtre. Mais Katapesh forme le cœur
d’une nation mercantile. De nombreuses coutumes se sont
donc développées autour du concept d’hospitalité. Les voyageurs riches ou en sécurité doivent offrir de la nourriture et un
abri aux voyageurs dans le besoin. Le bénéficiaire de l’hospitalité
doit offrir en retour un paiement que l’hôte refusera. Le bénéficiaire accepte de bonne grâce mais accomplit ensuite un service
pour son hôte ou laisse un paiement quelconque caché quelque
part que celui-ci trouvera après le départ de l’invité. Les invités
qui partent sans laisser de dédommagement d’une quelconque
sorte sont accueillis avec froideur par leur hôte et par ses alliés
s’ils sont amenés à se rencontrer de nouveau et, avec le temps,
peuvent se voir refuser complètement l’hospitalité.
Les hôtes, les marchands en voyage d’affaires et les visiteurs
partageant les mêmes feux de camp et offrent souvent de partager une pipe de pesh avec leurs compagnons. Refuser cette offre
est considéré comme un manquement aux manières civilisées,
si ce n’est un acte totalement impoli.
Un hôte entre toujours dans sa tente avant ses invités, au cas où
un serpent ou un dangereux scorpion se soit glissé à l’intérieur.
Caravanes du désert
La géographie du Katapesh n’est pas le désert sec d’Osirion
mais les deux pays partagent des caractéristiques similaires.
Les terres qui séparent Solku de Katapesh sont constituées
de plaines plates, mais des étendues désertiques empiètent
sur les plaines et les tempêtes de sable font souvent rage sur
les prairies apparemment placides. Les vallées peu encaissées
offrent un abri contre les vents et le sable, et forment ainsi
des collecteurs d’humidité naturels (il y a toutefois de fortes
chances pour que ces zones accueillent des champs de pesh
et leurs défenseurs).
Engager des aventuriers en guise de gardes de caravane est
une vénérable tradition au Katapesh. Ces caravanes prennent
toutefois rarement la forme de grands chariots surchargés, car
les roues de ces véhicules sont susceptibles de s’enliser dans
des dunes inattendues, à moins que ces dernières n’obligent le
convoi à faire un large détour. Ainsi, la plupart des caravanes
sont constituées de files de chameaux ou de chevaux chargés
de marchandises et accompagnés de gardes, de guides et de
caravaniers. Chaque voyageur transporte un grand carré de toile
huilée pouvant servir de tente, former le côté d’un abri, couvrir
un cheval lors d’une tempête ou attacher ensemble un ballot de
marchandises afin de soulager une monture malade ou blessée.
Les guides qui connaissent la géographie et les périls du
Katapesh demandent des prix élevés et la plupart des caravaniers considèrent que ce coût est nécessaire et raisonnable. Les
caravanes perdues deviennent la proie des esclavagistes gnolls,
des dangers naturels, des cultivateurs de pesh ou pire encore, et
les marchandises perdues sont un précieux manque à gagner.