Journal de l'Éclaireur - En Irrisen

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Cela fait quelques semaines que je sillonne l’Irrisen et je suis sur le point de quitter son froid surnaturel et sa culture inhospitalière pour explorer d’autres horizons. Je saisis à l’instant ma plume dans une chambre assez sommaire d’une auberge baptisée la Griffe Ouverte. La ville de Dentrouge*, dans laquelle je m’apprête à passer la nuit, est la capitale de la Bordure, nom donné il y a mille ans à cette province par la Reine Urvalane. Cette langue de terre a toujours été en proie aux combats incessants pouvant opposer le Royaume de l’Éternel Hiver à ceux qu’ils ont jadis chassés : les ulfes des Terres des Rois des Linnorms. Je traverserai demain cette frontière, laissant loin derrière moi ces étranges huttes jalonnant les frontières irrisenis. Bâties à l’image de la légendaire hutte dansante de Baba Yaga, ces étranges cabanes sont soutenues par de longs troncs en forme de pattes de poulet. Ces constructions seraient capables de s’animer et seraient habitées par de mystérieuses et inquiétantes poupées au visage de vieillardes. Les légendes urbaines parlent d’âmes d’enfants prises au piège au sein de ces poupées et font état de chasses mortelles menées par certaines d’entre elles. Autant vous dire que ces contes ont de quoi glacer les sangs ! Je passerai la frontière sans m’attarder et jetterai régulièrement un œil par-dessus mon épaule.

Mais je vous livre toutes ces informations sans réellement vous présenter ce pays, son histoire, sa structure et sa démographie. Commençons donc par le commencement en considérant les faits majeurs et les légendes. Je ne suis après tout qu’un voyageur et non un historien. L’Irrisen, le Royaume de l’Éternel Hiver, s’est fait une place sur Golarion en vingt-trois jours, en 3313. Les armées de Baba Yaga, constituées de trolls, de géants du froid, de loups arctiques et de fées des glaces ont surgi de la Couronne du Monde pour fondre sur deux confédérations imprécises de gouvernements : le Raemerrund, récemment déclaré indépendant des Terres des Rois des Linnorms et la Confédération de Djurstor. S’ensuivit une succession de victoires de Baba Yaga que les historiens nommèrent sobrement la Guerre de l’Hiver. L’Irrisen naquit alors en lieu et place des deux confédérations vaincues. Et depuis lors, un hiver surnaturel et éternel écrase le pays, faisant disparaitre presque toute la végétation locale. Baba Yaga, vraisemblablement peu intéressée par le contrôle de ce territoire, en laissa le contrôle à sa fille aînée, Jadwiga, laquelle divisa le pays en cinq provinces : les Marches Mornes*, Givrefée*, Grisbois, Fortrône* et Noeudhiver*. Les anciens alliés de Baba Yaga ont depuis lors toujours conservé une place au sein de son Royaume, même si certains, comme les Seigneurs Brumaux* lors de la Révolte Holvirgangaise* se sont vus remettre à leur place de temps à autres. Ces Seigneurs féeriques refusèrent de signer la Charte de Glace proposée par Jadwiga et par là même d’adopter un style de vie plus conventionnel et moins anarchique. Ils se retirèrent dans leur palais et y sont théoriquement encore vu que Jadwiga en a magiquement scellé l’entrée.

Depuis sa création il y a mille quatre cents ans, l’Irrisen change de dirigeante tous les cent ans. Le rituel est inexorable : les Trois Cavaliers de Baba Yaga apparaissent en Irrisen un an avant le retour de celle-ci, annonçant l’avènement de la prochaine reine. La légende veut qu’ils parcourent le Royaume en jugeant sévèrement, suivant des critères seulement connus d’eux-mêmes et de leur maîtresse, ceux qui n’ont pas été à la hauteur, qu’ils soient de simples paysans ou de nobles princesses. Ces figures incorruptibles et implacables sèment la peur chez quiconque vit dans le Royaume de l’Éternel Hiver. Une fois la Reine des Sorcières de retour, elle destitue sa fille pour en couronner une autre puis repart avec la reine précédente on ne sait où. Certaines ont tenté de se dérober à ce destin, comme Tashanna qui eut même recours au seigneur démon Kostchtchie afin d’arriver à ses fins (évènement connu sous le nom de Guerre des Sorcières) mais Baba Yaga écrasa toujours en une poignée de jours, voire d’heures, ces révoltes, n’hésitant pas à faire couler le sang des alliés de ces rebelles.

Cette méthode de transmission du pouvoir a généré un système de castes dans le Royaumes de l’Éternel Hiver ; une pyramide au sommet de laquelle trônent la Reine actuelle ainsi que ses descendants. Elvanna est aujourd’hui cette Reine et ce pour encore deux ans à l’heure où j’écris ces lignes. Ses descendants sont nommés les jadwigas Elvanna. Jadwiga, en l’honneur de la première reine du Royaume, désigne plus généralement l’ethnie composée des descendants des filles de Baba Yaga. Suivent donc dans cette pyramide les jadwigas ne descendant pas de la reine actuelle puis les anciens alliés de Baba Yaga parmi lesquels nous retrouvons des trolls des glaces, des ogres, des gobelins des neiges, des loups arctiques, des géants du froid et des fées des glaces. Les marchands, visiteurs et étrangers siègent juste en-dessous dans cette hiérarchie et tout en bas, les descendants des ulfes ayant survécu à la Guerre de l’Hiver. Ces derniers jouissent d’une liberté apparente, n’existant que pour servir les Jadwigas et leurs alliés monstrueux. Ce ne sont rien de plus que des serfs vivant dans des prisons de peur et dont la vie importe peu aux Sorcières Blanches.

Ces derniers sont bien souvent des paysans ; nains, demi-orques et humains pour la plupart. Ils n’ont de plus que peu de terres cultivables du fait du climat rugueux ne quittant jamais le pays. Tel un trou percé par un pêcheur dans une épaisse couche de glace, le Lac du Glacier, au centre du Royaume, donne un accès à la pisciculture à ceux qui souhaitent s’y adonner. Les affluents et confluents du lac mènent vers les Terres des Rois des Linnorms et le Royaume des Seigneurs des Mammouths. Toujours est-il que chaque province suit un schéma identique : les paysans travaillent afin de fournir la capitale de la province en marchandises importées, en bois ou en autres matériaux. Cette capitale est dirigée d’une main de fer par une Sorcière Blanche. L’aristocratie Irriseni locale décide d’à peu près tout, limitant considérablement les libertés individuelles. De fait, les paysans sont oppressés par des taxes écrasantes et ne peuvent même pas décider d’évènements élémentaires de leur vie ; ils ne peuvent ni se marier ni même déménager, sans en demander au préalable l’accord à la noble Jadwiga locale ou à son représentant. Mais qu’en est-il des Jadwigas hommes me direz-vous ? Eh bien les plus brillants d’entre eux se retrouvent dirigeants militaires. Ils ne sont cependant jamais considérés comme des Sorcières Blanches et n’ont jamais accès aux plus hautes sphères du Royaume. J’ai cependant appris il y a peu que le gouverneur de la Bordure était un homme, le Duc Arvanoff Elvanna. Il a, semble-t-il, toujours admirablement servi sa mère et n’a eu à subir qu’une remontrance au cours de sa longue carrière. À l’heure qu’il est, il ne doit pas être trop loin de moi, assis à sa royale table à manger au milieu du Fort du Molosse*. Il goûte sûrement une soupe apportant chaleur et bienfaits à son corps mais il fait cela avec deux handicaps : il n’a qu’une main, et l’autre, momifiée, se balance à son cou, risquant de tremper dans son bol à chaque approche de son menton. Les erreurs se paient chères en Irrisen et Elvanna sait faire en sorte que l’on s’en souvienne. Ils sont givrés…

Il n’en demeure pas moins que ce pays recèle des paysages tout à fait époustouflants, variés et insolites. J’ai voyagé pour le savoir et si cette ignorance est la vôtre, je ne peux que vous conseiller de prendre un sac à dos et de parcourir le monde : les déserts ne sont pas de monotones et mornes paysages. Ils sont variés, riches et magnifiques. Ils pourraient vous écraser mais ils vous libèrent. Et l’Irrisen, alors même que son climat est surnaturel, reste une image de la nature, de ses dangers et de sa beauté. Il faut voir ses montagnes et ses étendues immaculées. Mais ne minimisons pas les constructions des créatures intelligentes. Voir Trône-Blanc se dessiner à l’horizon, au bord du Lac du Glacier, est un spectacle saisissant. Les feux de cheminées s’échappent au-delà des remparts, nimbant la ville d’un brouillard inquiétant, mais il est une flèche qui, telle une stalagmite immaculée, surgit des ombres, et c’est le Palais Royal. Une merveille d’architecture s’offre à vous, perçant un flocon géant flottant sur les eaux du lac. Il vous donnerait espoir si vous ne saviez qui y siège, et même dans ce cas, on ne peut que plier le genou devant le spectacle, avant de devoir le faire devant les Sorcières Blanches, car on n’entre pas dans la capitale de l’Irrisen comme dans un moulin. Il est cependant des espaces rarement connus, ni même évoqués, que le voyageur aguerri peut un jour croiser : une poche d’été, une zone au sein de laquelle l’Hiver Éternel est banni pour un temps. L’air y est chaud, le ciel y est bleu et la végétation y est verte. J’ai eu la chance de traverser un tel territoire, pas plus grand que quelques hectares, et j’ai senti naître en moi un magnifique espoir pour les pauvres hères qui subissaient les sévices des Jadwigas. Cet espoir est bien souvent de courte durée car les Sorcières Blanches se chargent sans délai de résorber ces poches d’été. Les paroles du philosophe résonnent néanmoins différemment dans mon esprit depuis cette découverte car je peux les imaginer aux lèvres des miséreux que j’ai croisés : « Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été ! ».

Tiens, le soleil vient de se coucher sur Dentrouge, et j’entends des loups hurler. J’ai déjà à maintes reprises entendu ces prédateurs notifier leur présence et leur appartenance à un clan mais ceux-là sont proches et leurs hurlements sont puissants. J’y pense désormais : je ne l’ai pas expliqué mais les loups arctiques, grâce à une magie certainement octroyées par Baba Yaga, sont capables de marcher sous forme humaine à Trône-Blanc. On m’avait là-bas expliqué qu’il était d’autres endroits au sein desquels régnait une telle magie et je me souviens maintenant de la tenancière de la Griffe Ouverte : une femme amène au regard clair et à la chevelure sûrement trop argentée pour son âge. J’écris ces quelques lignes et je file. Si vous me lisez, vous êtes soit un loup arctique lettré et fort curieux, et vous venez peut-être de festoyer sur mon corps, soit vous n’êtes rien de cela et j’ai survécu à cette embûche à voyageurs.


Informations complémentaires

Religions

  • Officielles : Zon-Kuhton et Lamashtu
  • D'autres sanctuaires/chapelles sont tolérés. On retrouve quelques établissements de ce type tenus en l'honneur de Pharasma ou Néthys. Rolf Halzberg tenait une chapelle en l'honneur de Pharasma à Waldsby et durant le séjour des PJ chez les Vronski ils ont appris que les soldats de la Tour Pâle venaient souvent lui chercher querelle.
  • Les citoyens vénérant Lamashtu sont surtout les "monstres", à savoir les trolls, les gobelins, les géants et les loups arctiques.
  • Certains dirigeants, comme la Duchesse des Marches Mornes, Weneschia Elvanna, sont connus pour être du clergé de Zon-Kuthon, mais les sorcières ne sont que peu portées sur la religion en général.

Hiérarchie des "castes" de l'Irrisen

  1. Jadwigas. Ce sont les descendants des différentes reines de l'Irrisen. Plus leur aïeule est une reine récente et plus ils ont de chances d'être bien placés dans l'échelle sociale.
  2. Monstres/fées.
  3. Étrangers (marchands et aventuriers).
  4. Ulfes (plus ou moins esclaves).

Vocabulaire

cf ici

Histoire

cf ici
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