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Offline Loon  
#1 Envoyé le : vendredi 24 février 2012 17:28:40(UTC)
Loon
Rang : Habitué
Inscrit le : 16/02/2012(UTC)
Messages : 57
Localisation : Suisse
En fouinant sur le forum je me suis aperçu qu’il y avait des comptes rendus de séance fait par les MJ. Comme j'en avais écrit quand j'ai joué Kingmaker, je me suis dit que je pourrais aussi les poster ici. Ils ont été écrits après chaque séance pendant la campagne, qui est en pause à la fin du troisième scénario pour le moment (mais on devrait reprendre ce printemps).

C'est la correspondance romancée que mon guerrier (j'étais joueur, pas MJ) a fait parvenir à sa famille restée au pays. C'est donc rempli de mauvaise foi et surtout d'erreurs et autres approximations qui faisaient rire notre MJ quand il voyait à quel point on tombait dans chaque piège qu'il nous tendait.

Mais sans plus attendre, voici le commencement de mon histoire.



Chère Mère,


Je profite d’une pause dans notre exploration de la Ceinture Verte pour vous donner enfin de mes nouvelles.

J’espère que vous avez réussi à vous adapter au climat glacial de Restov. Je suppose que Graziella et Abrogail pleurent toujours sur leurs robes qui sont restées à Westgate. Dites leur encore que j’en suis désolé, mais que nous n’aurions jamais pu passer la frontière avec leurs malles.

Je suis aussi bien conscient que la demeure que j’ai pu vous trouver ne correspond pas au standing auquel vous êtes habituées, mais je peux vous assurer que ce n’est que temporaire. Aussitôt que je pourrai vous faire parvenir ce que je vais gagner dans le sud, notre famille retrouvera son rang.


Comme vous l’aviez prédit, j’ai été choisi par les Seigneurs-Epéistes de Restov pour faire partie d’une des quatre expéditions qui ont pour mission de coloniser les Terres Dérobées, à la frontière entre le Brevoy et les Royaumes Fluviaux. Notre groupe est chargé d’explorer le territoire situé dans la partie centrale des terres dérobées, la Ceinture Verte. C’est une zone de 54 km sur 90 km, composée des Marches de Narl, une forêt dense à l’ouest, et des Kamelois, une étendue de collines à l’est.

Après un discours galvanisant de votre ami le maire de Rostov, Joseph Selenius, nous sommes partis par la vieille route du sud, pour un périple d’une centaine de kilomètres en direction du Comptoir d’Oleg. J’éprouve un orgueil légitime quand je repense à notre départ, chevauchant fièrement, l’étendard du Brevoy flottant au vent, sous les acclamations de la foule.


Puisque je vous parlais de groupe, je vais vous les présenter. Je sais que vous aimez connaitre les gens que je côtoie.

- Mercedes une gitane varisienne aguicheuse au comportement pour le moins provocateur. Fille illégitime d’un noble du Brevoy. Vous la détesteriez.

- Florabella une de ces innombrables barbares numeriennes que laisse passer chaque année la frontière ouest. Sa famille faisait partie d’une précédente expédition qui a disparu corps et âme.

- Venentius Kane un vétéran de la quatrième croisade au Mendev. L’âge l’a forcé à troquer son épée pour de la magie. Rostlander pure souche.

- Rivotril le Jeune un étudiant de l’école d’escrime Aldori. Bien trop jeune pour avoir achevé sa formation.

- Requiem (probablement un pseudonyme) un assassin de Daggermark. A trahi ses maitres pour éviter la corde au Brevoy, qui l’a envoyé se faire pendre ailleurs. Un elf, le seul non humain du groupe.


Il nous faudra trois jours d’un voyage sans histoire pour atteindre le Comptoir d’Oleg, qui sera notre camp de base pour toute la durée de l’exploration. Plus qu’à un comptoir, nous avons plutôt affaire à un ancien fortin que le dénommé Oleg est en train de retaper avec sa femme Svetlana. Ils vivent seuls ici, seulement dérangés par quelques trappeurs qui viennent vendre des peaux de temps en temps. Je vais d’ailleurs en faire envoyer à mes soeurs prochainement. Des peaux, pas des trappeurs.

Si Svetlana nous accueil à bras ouverts, Oleg semble plus réservé. On finira par apprendre qu’il a repris ce vieux fort principalement pour être tranquille et qu’il voit d’un mauvais oeil l’arrivée pourtant bénéfique de la civilisation.

Son caractère bougon est pourtant tempéré par le fait qu’il a besoin de nous. Depuis environs trois mois ils se font régulièrement racketter par des brigands qui doivent avoir leur campement dans la forêt de Narl. Tous les premiers jours du mois une demi-douzaine d’hommes vient au Comptoir pour s’emparer des peaux et des provisions entreposées ici. Ils ont même été jusqu’à voler l’alliance de Svetlana, qui ne peut retenir ses larmes à ce souvenir. La première fois ils étaient menés par une femme nommée Crécelle, mais depuis elle laisse la direction des opérations à son bras droit, un archer taciturne. Ils sont aussi de moins en moins nombreux à chaque visite, ils étaient une douzaine au début, ils étaient la moitié moins la dernière fois. Ils ne s’attendent visiblement pas à rencontrer d’opposition.

Nous avons là l’explication au si bon accueil qui nous a été fait. Ils nous ont pris pour une troupe de soldat envoyée par les Seigneurs-Epéistes en réponse aux nombreuses lettres envoyées par Oleg à la capitale. Si l’honnêteté nous force à mettre les choses au point, nous expliquons très vite à Oleg, et surtout à Svetlana qui est au bord des larmes, que même si nous ne sommes pas venus spécifiquement pour les aider, coloniser des terres implique aussi la débarrasser de ses brigands. L’espoir qu’on peut alors lire dans le regard de ces gens vaut amplement tous les risques que nous
devrons prendre.

Si les brigands ne changent pas leurs habitudes, ils seront là demain matin. Vous savez que je ne suis généralement pas partisan des embuscades, mais il y a des innocents ici et je ne veux pas risquer leurs vies à cause d’habitudes mal placées. Après tout nous connaissons leurs tactiques, et comme le disait Père, la connaissance est la moitié de la victoire. Nous décidons de leur tendre un piège à l’intérieur du fortin, on les laissera entrer et on fermera la porte derrière eux pour empêcher d’éventuels fuyards d’aller chercher des renforts.


Mis à part quelques détails mineurs, notre plan se déroule parfaitement. Un des brigands tente bien de fuir en escaladant la palissade du fort, mais j’ai tôt fait de le rattraper à cheval, et je le ramène au comptoir pieds et poings liés. Nous avons juste à déplorer quelques blessés dans notre camp, alors que cinq des six pillards ont péri, dont leur chef, l’archer taciturne. Je reconnais celui-ci d’après un vieil avis de recherche. Il s’agit d’un dénommé Happs Bydon, un racketeur de Rostov bien connu de nos services et qui avait disparu de la circulation quand la milice s’était rapprochée un peu trop près
de lui. Les autorités seront contentes de savoir qu’il a enfin payé pour ses crimes.

Le bandit survivant ne se fait pas prier pour raconter tout ce qu’il sait. Il fait parti d’une bande d’une quinzaine d’hommes, dirigés par la fameuse Crécelle dont nous avons déjà entendu parler. Ils ont leur repaire au Camp de la Rivière Epine, qui serait à deux jours de marche au sud. Il ne peut pas nous y conduire, déclarant qu’il ne faisait que suivre Happs qui était le seul à bien connaitre la forêt. La justice des Seigneurs-Epéistes ne laisse que peu de place à la clémence, et après qu’il ait pu recommander son âme à son Dieu, il est pendu à la plus haute tour du fort.

Justice est faite.

Le temps des réjouissances n’est pourtant pas encore venu. Si le brigand a dit vrai, il reste encore une dizaine d’hommes dans sa bande, et ils vont certainement se demander ce qui leur est arrivé quand ils ne rentreront pas au camp. Nous devons absolument les trouver avant qu’ils ne viennent voir ici. La première fois nous avions l’avantage de la surprise et du nombre, ce ne sera plus le cas si toute la bande vient en force. Les traces des brigands sont fraiches et Florabella sait pister, nous allons remonter leurs traces jusqu’à leur camp.

Avant que nous nous mettions en route, Svetlana nous demande si nous pouvons lui rendre deux services. Premièrement, puisque nous allons vers le sud, elle nous confie deux lettres à remettre à des habitants de la Ceinture Verte. Une à un trappeur nommé Breeg, la seconde au propriétaire d’un pont nommé Davik. Toutes deux sont signées par une certain Constance Devine. Deuxièmement, elle nous demande avec une mine de conspiratrice de lui ramener des radis lunaires. C’est la composante principale du plat préféré d’Oleg, et elle aimerait lui faire la surprise d’un bon repas pour le détendre.
Malheureusement ce type de radis ne pousse que plus au sud dans la Forêt de Narl et elle n’ose pas y aller seule. Je l’assure que nous ferons de notre mieux pour l’aider.



Je fini de vous écrire cette lettre dans la salle commune du comptoir d’Oleg. Il m’a dit qu’il la confiera à la prochaine personne qui partira pour Rostov. Je vous raconterai la suite dès que j’aurai de nouveau un endroit au calme. J’espère revenir bientôt.


Votre fils

Gregor Delecti



Voilà, c'est tout pour cette fois, si les gens sont intéressés je posterai la suite prochainement.

Loon

Modifié par un utilisateur mercredi 7 mars 2012 18:16:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sic Transit Gloria Gaynor
thanks 6 utilisateur ont remercié Loon pour l'utilité de ce message.
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Offline Shok Nar  
#2 Envoyé le : vendredi 24 février 2012 20:28:54(UTC)
Shok Nar
Rang : Habitué
Inscrit le : 12/01/2011(UTC)
Messages : 306
Localisation : 72 - Sarthe
Super cool ! Continue !
"Just Stay Close"
Odo, René Auberjonois, His Way, Star Trek Deep Space Nine.
Offline Dalvyn  
#3 Envoyé le : vendredi 24 février 2012 22:38:50(UTC)
Dalvyn
Rang : Référent
Inscrit le : 15/12/2009(UTC)
Messages : 18,213
J'ai déjà eu le plaisir de lire une partie de ces lettres/comptes-rendus (car Loon me les a envoyées par mail), et c'est vraiment excellent ! Loon, je suis très content de voir que tu as franchi le pas et que tu viens les proposer sur le forum !

Merci ! Bienvenue ! Et n'hésite pas à poser des questions si tu te heurtes à des problèmes techniques surtout !
Offline Loon  
#4 Envoyé le : samedi 25 février 2012 10:22:00(UTC)
Loon
Rang : Habitué
Inscrit le : 16/02/2012(UTC)
Messages : 57
Localisation : Suisse
Cette fois je crois que j'ai compris comment poster des images dans mon texte (mais si vous voyez juste une croix rouge c'est que je suis plus nul que je pensais).

La suite donc.



Chère Mère,

Je suis désolé de ne pas avoir pu vous écrire plus tôt, mais il est difficile de trouver un endroit adéquat pour faire sa correspondance dans ces contrées lointaines. Je ne suis parti en exploration que depuis une semaine, mais beaucoup de choses se sont déjà passées.



Vous vous souvenez que nous avions décidé de suivre les traces des brigands de la Rivière Epine jusqu’à leur campement pour mettre un terme à leurs agissements. Malheureusement il est beaucoup plus facile de suivre des traces dans une plaine ouverte que dans une forêt, et nous les avons perdues peu de temps après la lisière. Nous ne nous laissons cependant pas abattre par un revers de fortune mineur, nous savons que leur camp est au sud et nous continuons résolument dans cette direction.



" Toujours tout droit ! "


Je suis bien forcé de reconnaitre que nous n’avons pas immédiatement trouvé le repaire des brigands. Ni la rivière d’ailleurs, même s’il y avait pas mal d’épines. Par contre nous avons trouvé le champ de radis lunaire de Svetlana. Comme vous me l’avez toujours répété : « C’est à force de victoires mineures que les plus grands triomphes se construisent. »

En avançant dans le champ nous repérons immédiatement une poignée de petites créatures humanoïdes autant que reptiliennes en train de digérer un festin de radis qu’ils ont braconné sur nos terres. Elles détalent sans demander leur reste aussitôt qu’elles nous repèrent, et nous décidons de ne pas leur donner la chasse pour montrer aux indigènes que nous pouvons être magnanimes s’ils restent à leur place.

Nous sommes toujours en train de nous féliciter de ce succès quand les ophidiens reviennent à la charge dans la clairière, poursuivis par ce que je suis bien obligé d’appeler un buisson épineux mouvant (si vous lisez cette lettre à mes soeurs parlez plutôt d’un troll, un ficus géant c’est ridicule). Les fuyants reptiles ont tôt fait de se réfugier derrière nous, et je prends mes responsabilités en affrontant l’agressif végétal l’arme au poing. Le combat est difficile mais grâce à l’aide de mes compagnons l’arbuste est bientôt réduit en cendres fumantes.

Les lézards sont bien sur très reconnaissants que nous les ayons protégés contre leur ennemi naturel et Mercedes (qui a quelques notions de leur sabir guttural) parvient à entamer des tractations avec eux. Ce sont de kobolds de la tribu des Ecailles de Suie et ils sont particulièrement friands des radis lunaires qui poussent ici. En signe de bonne volonté nous acceptons de leur laisser une partie du champ pour qu’ils puissent continuer à y festoyer. J’espère que cet acte de bonté mettra la tribu de notre coté en cas de conflit avec des indigènes plus hostiles.


Peu après le départ des kobolds Nous sentons que quelque chose nous observe sous le couvert des arbres qui bordent la clairière. Assez étonnamment la réponse à nos sommations n’est pas une volée de flèches mais l’apparition d’un jeune homme qui s’approche en tremblant. J’ai déjà croisé beaucoup trop de personnes comme lui lors de notre périple vers le Brevoy. Il est maigre, les vêtements en haillons et l’air de ne pas avoir mangé depuis des jours. Il nous demande d’un air implorant la permission de manger quelques radis, mais nous décidons plutôt de partager nos rations avec lui.

Entre deux bouchées de pain il nous explique sa triste histoire. Il s’appelle Milles Bandy et vient de Rostov. Il est arrivé dans la région il y a quelques temps à la recherche de l’endroit où repose son oncle, le célèbre aventurier Timitus Bandy qui aurait péri dans les griffes d’un tatzlwyrm. Evidement les seules choses qu’il a trouvé furent des brigands et une nature hostile. Sans l’aide de Breeg, un trappeur de la région qui l’a guidé hors de la forêt jusqu’au comptoir d’Oleg, il serait sans doute mort en moins d’une semaine.

Malgré cette première expérience désastreuse de la Ceinture Verte, Milles décide de persévérer et achète des filets de pêche, puis installe un petit campement au bord de la Rivière Epine. Il vit assez bien de sa pêche pendant quelques temps, vendant l’excédent de ses prises au comptoir, quand la chance tourne encore une fois. En se réveillant un matin pour relever ses filets, il s’aperçoit que ceux-ci ont été saccagés. Par un tatzlwyrm, il en est certain. Son gagne pain détruit, il se résigne à retourner au comptoir d’Oleg, mais le seul chemin qu’il connait est bloqué par les kobolds. Ca faisait deux jours qu’il se cachait dans la forêt en attendant une occasion de passer quand nous l’avons rencontré.

Je lui propose immédiatement de se joindre à nous jusqu’à ce que nous rentrions au comptoir. Il sera plus en sécurité et pourra aussi nous guider dans ces bois qui nous sont inconnus. Nous voulons rencontrer Breeg et le camp des brigands se situe quelque part le long de la Rivière Epine, cette rencontre aura été bénéfique pour tout le monde. Il accepte avec enthousiasme de nous accompagner pour un temps, et nous propose de le suivre jusqu’à son campement. Si nous pouvions réparer ses filets il pourrait nous offrir quelques succulents poissons pour améliorer notre ordinaire. Interrogé sur ces fameux tatzlwyrms, il est obligé d’avouer qu’il n’en a jamais vu aucun, et qu’il est bien en peine de nous dire à quoi ils ressemblent (mais le nom me fait penser à un genre de dragon).


Pendant le trajet jusqu’au camp de Milles nous sommes soumis à une série d’expériences déplaisantes que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi. Les incidents commencent peu après notre départ du champ par une série d’attaques ciblées sur nos montures, puis sur les symboles de notre rang. Toute défense est vaine contre nos agresseurs qui profitent du couvert des arbres pour lancer leurs attaques.

La seule chose que M. Kane peut nous dire sur ces lâches agressions, c’est qu’elles sont d’origine magique, et après trente années à combattre les forces du mal au Mendev je lui fais confiance pour reconnaitre ce genre de choses. Il ne sait toutefois pas exactement à quoi nous avons affaire.



"J'ai quand même bien une petite idée."


Nous décidons de nous replier vers la rivière pour pouvoir organiser une résistance efficace. Arrivés sur place la fréquence entre les attaques semble s’espacer, jusqu’à stopper totalement à la tombée de la nuit. J’organise une garde autour du camp en espérant (un peu naïvement je le reconnais) que la nuit se passe bien. Je ne pouvais pas plus me tromper.

Nous sommes maintenus éveillés toute la nuit par de lugubres halos blafards alors que retentissent les infernales bacchanales d’un sabbat horrifique. Le seul point positif est que M. Kane se souvient d’un rituel qui pourrait vraisemblablement apaiser les esprits avant qu’ils ne se repaissent de notre âme.

Dès le matin nous rassemblons tous un objet nous appartenant dans un cercle tracé sur le sol et M. Kane entame une mélopée fascinante tout en exécutant une pantomime amphigourique. La scène semble durer des heures et je commence à être inquiet pour notre ami, il est tout de même d’un âge respectable et sa fatigue est visible. Je suis sur le point d’interrompre le rituel quand les esprits daignent enfin se montrer, comme rassasiés par l’énergie dépensée pour les enjôler.

Les esprits ne sont pas grands, mais leur apparence donne une bonne idée de quelle abîme infernale ils proviennent. L’un d’eux pourrait passer pour un dragon minuscule, si ce n’étaient ses ailes insectoïdes membraneuses. L’autre est une insulte faite à la nature, le torse majestueux d’une elfe monté sur le corps d’un arthropode, tel un centaure altéré.

La nature du rituel utilisé par M. Kane doit probablement les contraindre d’une manière quelconque, car ils nous donnent leur nom (Perlivash pour le dragon et Tyg-Titter-Tut pour l’insecte) et quelques renseignements sur la région qu’ils hantent. Ils nous confirment la présence du campement des brigands plus au sud le long de la rivière et nous apprennent l’existence d’un temple de l’Elan (probablement dédié à Erastil) gardé par un grizzli gigantesque, lui aussi un peu plus au sud.

Pour les éloigner de nous M. Kane les met sur la piste des kobolds que nous avons rencontrés la veille et les deux êtres se précipitent dans leur direction en quête de nouveaux esprits à torturer. Ce n’est pas de cette manière que nous allons pouvoir forger un pacte de non agression avec les kobolds. Une fois les esprits hors de vue nous levons le camp rapidement et nous laisson Milles nous guider jusqu’à la cabane de Breeg le trappeur.

La cabane n’est pas située très loin de la forêt et pour une fois que nous avons un guide nous pensons que nous y arriverons avant la nuit. C’était sans compter sur les dangers naturels de ces bois, mais surtout sur ceux amenés ici par l’homme.

Alors que nous traversons une petite clairière le fracas de l’acier qui claque contre de l’acier retentit autour de moi. Plus particulièrement autour de ma jambe droite, sur laquelle un piège à ours vient de se refermer. La douleur est terrible mais je peux remercier mon armure sans qui ma jambe aurait probablement été sectionnée. Autour de moi plus personne n’ose bouger et chacun scrute nerveusement le sol à la recherche d’autres pièges. Requiem qui était à coté de moi réussi heureusement à desserrer les mâchoires d’acier qui emprisonnent ma jambe et je peux me faire un bandage qui arrête l’hémorragie.

Nous nous regroupons précautionneusement pour tailler des bâtons qui nous permettrons de tester le sol devant nous et Requiem qui connait bien la mécanique peut examiner le piège de plus près. S’il s’agit bien d’un modèle standard, le mécanisme de celui-ci a été saboté pour qu’il soit impossible à ouvrir par un homme coincé à l’intérieur. Ce piège n’a pas seulement été mis là pour des animaux. Nous poursuivons notre chemin beaucoup plus prudemment mais nous ne serons jamais à la cabane avant la nuit.


Ca fait déjà plus d’une heure que nous avançons à la lueur des torches quand Milles nous dit qu’il commence à reconnaitre les environs de la cabane. Il y a tout de même une chose étrange ici, la cabane est entourée d’une douzaine de statues hautes comme deux hommes. Et aucune n’était là quand il est venu chez Breeg il y a un mois.

Nous nous rapprochons en appelant Breeg mais personne ne répond à nos appels. Quand nos sommes à coté de la première statue nous pouvons enfin l’examiner de plus près. C’est une oeuvre grossière faite de boue et de branchage, mais elle dégage pourtant un inexplicable sentiment de malfaisance. Nous nous dirigeons vers la porte de la cabane quand l’enfer se déchaine autour de nous.

Une flèche venue de la cabane vient se planter dans mon armure et tout le monde se met à couvert. Malheureusement une trappe s’ouvre à l’endroit ou plonge Mercedes et elle disparait dans ses profondeurs pendant que Florabella évite on ne sait comment un autre piège à ours. Au même instant deux statues s’animent et nous attaquent. C’est un piège.

Malgré notre surprise nous réagissons promptement. M. Kane et moi nous occupons des statues animées pendant que le jeune Rivotril se précipite sur l’archer qui s’était imprudemment découvert à la porte de la cabane. Je dois bien reconnaitre que le style d’escrime Aldori m’a impressionné par son efficacité car l’archer est neutralisé en une seule passe d’arme. Les statues ne tardent d’ailleurs pas à le suivre dans la tombe.

Une fois le calme revenu nous avons l’occasion d’examiner le champ de bataille. Les choses qui nous ont attaquées ne sont pas des statues, mais des thawns, aussi appelés géants de boue. Quand à l’archer, c’est une vieille femme que nous découvrons sous ses haillons. Enfin pas vraiment une femme mais une guenaude, les fameuses sorcières des marais qui forment la base du culte de Gyronna.

Nous finissons de fouiller les lieux et nous trouvons une douzaine de pièges à ours de plus, ainsi qu’une autre fosse à pieux. Quand aux vraies statues leur examen révèle un spectacle désolant. Nous trouvons un corps humain dans la moitié d’entre elles, nul doute que ça aurait été notre destin si nous avions perdu ce combat. Le chaudron rempli de restes humains qui cuisent dans la cabane laisse peu de d’espoir quand à au destin de Breeg. Paix à son âme.



Je vous écris cette lettre depuis la cabane de Breeg où nous passons la nuit. Je tacherai de vous la poster quand nous rentrerons chez Oleg. J’espère vous revoir bientôt, vous me manquez.


Votre fils

Gregor Delecti



Fin de la deuxième séance. La suite bientôt.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Dalvyn  
#5 Envoyé le : samedi 25 février 2012 12:55:03(UTC)
Dalvyn
Rang : Référent
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Messages : 18,213
Avec les images, c'est encore mieux ! Merci, Loon ! Smile
Offline Loon  
#6 Envoyé le : dimanche 26 février 2012 10:07:13(UTC)
Loon
Rang : Habitué
Inscrit le : 16/02/2012(UTC)
Messages : 57
Localisation : Suisse
Si vous avez l'impression que c'était une longue séance, c'est parce que c'en était une. On avait joué un samedi de 14h à 2h. Fatiguant mais ça valait le coup.



Chère Mère,



Je peux enfin vous donner des nouvelles après mon long périple d’exploration loin de la civilisation dans la Ceinture Verte. Il s’est passé tellement de choses pendant ces presque deux semaines que je suis toujours en train de réfléchir à la meilleure manière de vous les raconter. Je suppose que commencer par le début est la meilleure option.

Lors de ma dernière lettre nous étions dans la cabane de Breeg ou nous récupérions de nos blessures après avoir débarrassé la région des géants de boue. C’est pendant la dernière nuit que nous avons passée là-bas que nous avons rencontré pour la première fois la bête qui terrorise la région depuis des années, Tuskgutter le sanglier géant. Pour être exact nous n’avons fait que l’entendre piétiner le jardin autour de la cabane, mais quand nous sommes sortis les traces qu’il avait laissées étaient hallucinantes de sauvagerie. Dans sa frénésie de destruction il a même détruit une paire de pièges à ours qui n’ont pas ralenti sa course. Ce ne sera malheureusement pas la dernière fois que nous rencontrerons ce monstre.



Bien que nous n’ayons pas vraiment trouvé ce que nous cherchions, nous décidons tout de même de retourner au comptoir d’Oleg. Rentrer les mains vide peut ressembler à un avis de défaite, mais je suis soucieux que les brigands n’envoient un nouveau groupe au comptoir pour voir ce qui était arrivé à la bande menée par Happs. Je pense aussi que Milles sera plus en sécurité là-bas qu’avec nous. Une journée de marche à travers une plaine herbeuse plus tard nous sommes en vue du comptoir, où d’agréables surprises nous attendent.

En arrivant devant la porte nous sommes hélés par des gardes postés sur les remparts, la garnison promise par le Brevoy est finalement arrivée. Svetlana, qui nous attend à la porte, a tôt fait de nous mettre au courant des dernières nouvelles. Les soldats sont arrivés le lendemain de notre départ. Ils sont trois, menés par un officier, Kesten Garess, membre mineur de la noble maison des Garess. Selon la rumeur il a du quitter Grayhaven suite à une sombre affaire, mais il compte bien redorer son blason dans les nouvelles terres du sud.

L’histoire de la défaite des bandits s’est rependue dans la région, et un bon nombre de marchands sont revenus au comptoir pour commercer. Même le Vieux Bokken, un ermite qui habite un peu plus à l’est serait passé pour acheter quelques vivres. Nous profitons qu’Oleg soit occupé avec les chevaux pour donner les radis à Svetlana, qui se dirige aussitôt dans sa cuisine pour préparer sa fameuse soupe. Au retour d’Oleg nous discutons de Tuskgutter. Ce sanglier est un peu le croquemitaine de la Ceinture Verte et des dizaines d’histoires plus ou moins crédibles sont racontées à son sujet par les chasseurs locaux pendant les veillées. La seule chose vraiment concrète est la récompense offerte pour sa tête par un ancien chasseur nommé Vekkel Benzen. Il a perdu une jambe lors de sa dernière rencontre avec la bête et il veut avoir sa revanche, même si c’est par procuration.

Quand nous évoquons le problème des bandits Kesten Garess nous sort un avis de recherche et nous explique que nous n’avons probablement pas affaire à seulement quelques individus épars, mais à une bande organisée de bien plus grande importance. L’avis de recherche concerne un homme uniquement connu sous le nom de Seigneur-Cerf qui serait le chef de tous les brigands qui écument la Ceinture Verte. Le gouvernement du Brevoy est prêt à récompenser de plusieurs milliers de dragons d’or quiconque le ramènerait, mort ou vif.

Le fumet de la soupe de radis apportée par Svetlana vient interrompre la conversation et annonce le repas du soir. A la vue de la marmite, Oleg laisse transparaitre une sorte de joie enfantine qui est un ample salaire pour toutes nos difficultés dans la forêt. Tous le monde se réuni autour de la grande table extérieure pour manger, y compris Kesten et ses hommes qui ne sont pas de garde sur les remparts. L’humeur est à la fête après des jours dans la forêt et Mercedes nous fait une démonstration de danses et de chants varisiens qui ne laissent pas Kesten indifférent. Les festivités vont se poursuivre encore une bonne partie de la nuit dans une ambiance joyeuse.


Le lendemain matin les portes du fort s’ouvrent sur un étrange spectacle. Un homme est en train de dormir sur le chemin, enroulé dans ses couvertures. Une fois éveillé il dit qu’il est arrivé hier soir mais que personne n’a ouvert malgré ses coups répétés. La musique devait être un peu trop forte. Nous l’invitons à prendre une collation avec nous et il nous raconte son histoire, de manière assez confuse je dois bien le dire.

Il se nomme Jhod Kavken et était prêtre d’Erastil dans la charmante bourgade de Tircelieu, dans la République Révolutionnaire Eternelle du Galt. Tout allait bien dans le meilleur des monde jusqu’au jour où des habitants ont été attaqués par ce qui devait être un loup-garou. Comme souvent dans ces pays sans justice forte le premier étranger de passage a été jeté en pâture à la foule en colère, avec à sa tête le Père Kavken. Ce n’est qu’une fois le bucher refroidi qu’il s’est avéré que les attaques avaient été perpétrées par un worg particulièrement agressif. La seule chose qui a empêché l’Eglise d’Erastil d’excommunier le Père Kavken fut les preuves trouvées dans les affaires du mort qui démontraient qu’il était un espion. Il a malgré tout été exilé de son pays.



« La crémation de ce loup-garou sera à l’origine d’une délicieuse spécialité culinaire locale. »


Il a erré pendant des semaines à travers la Numerie et le Brevoy jusqu’à une nuit, il y a environs un mois, où il a eut une vision. Il y a vu un temple d’Erastil, construit par le Taldor à son apogée, laissé à l’abandon au milieu des bois de Narl, et l’ours dément gigantesque qui en est le gardien. Jhod en est certain, cette vision lui a été envoyée par Erastil en personne, et son seul espoir de rédemption est de retrouver ce temple pour le resacraliser. Il est donc venu ici dans l’espoir de trouver une escorte qui l’aiderait dans sa quête.

Je pense que tout le monde a droit à une seconde chance et c’est avec plaisir que nous le prenons dans notre groupe jusqu’à ce que nous trouvions son temple. Par chance il devrait se trouver près du camp des bandits, au sud de la Rivière Epine. Nous réveillons le jeune Rivotril qui n’est pas encore complètement remis de ses excès de la veille, et c’est muni d’un nouveau compagnon, ainsi que de la bénédiction d’Erastil, que nous repartons en exploration.


Cette fois nous décidons de longer la forêt par l’est, histoire d’avoir un premier aperçu des Kamelois qui occupent tout de même une bonne moitié de notre territoire. Nous commençons par traverser une plaine herbeuse du même type que celle qui compose le sud du Brevoy avant de voir les premiers contreforts des collines. La seule chose importante que nous en sortirons est le cadavre décomposé que nous avons trouvé dans l’antre d’une araignée particulièrement audacieuse. Nous trouvons sur le corps une carte grossièrement dessinée qui représente ce que nous supposons être un arbre mort en forme de main griffue perché sur une éminence. Sous l’arbre est tracée une croix qui doit certainement conduire à un trésor mirobolant.



« Ou alors à son coin à champignon favori. »


Le corps portait aussi autour du cou un médaillon représentant une tête de cerf émaciée, copie quasi conforme de celle que nous avons trouvée sur Happs. Je commence à penser que ce doit être une sorte de signe distinctif chez les brigands qui rodent dans la Ceinture Verte.

Cette expédition qui commençait pourtant sous les meilleurs auspices sera pourtant gâchée pendant la première nuit que nous passons dans les collines. Au milieu de la nuit nous sommes à nouveau assaillis par les rejetons de l’enfer dont nous espérions bien être débarrassés dans la forêt. Nous sommes une fois de plus contraints de tergiverser avec ces suppôts du démon pour les renvoyer dans le cercle infernal qui les a vus naitre. Les évènements du lendemain me font douter de ce que mes compagnons ont pu offrir contre notre tranquillité.


Nous étions depuis le début de la journée dans les collines des Kamelois quand nous faisons la découverte qui va, je le pense, changer notre vie de façon durable. Alors que nous passons la crête d’une nouvelle colline, notre regard est attiré par une éminence dont la roche semble différente, plus sombre. Nous décidons d’aller voir de plus près et Requiem ne tarde pas à repérer une fissure dissimulée au milieu d’un roncier. Il se faufile habilement à l’intérieur et quand il ressort à l’air libre il a sur le visage une expression à la fois choquée et euphorique.

Il est incapable d’expliquer ce qu’il a vu aussi nous frayons nous un passage dans l’épineux à coup de hache pour aller voir sa découverte par nous-mêmes. A l’intérieur le passage s’élargit pour s’ouvrir sur une grotte de bonne dimension. Et à la lueur de nos lanternes nous voyons ce qui a rendu notre camarade muet.

De l’or.

Un gisement d’une richesse incroyable affleurant contre les parois de la grotte, prêt à être extrait. Assez d’or pour payer la rançon d’un roi, ne demandant qu’à être sorti des entrailles de la terre. Avec cette mine nous pourrons ouvrir nos terres à la civilisation en sachant que nous aurons de quoi construire les infrastructures solides sans lesquelles aucune nation ne peut espérer prospérer.



« Certains ont toutefois des projets plus personnels. »


Il nous faudra trouver un ingénieur de confiance pour exploiter le filon, mais pour le moment le secret est d’actualité, je ne tiens pas à voir des nains débarquer. Ces petites vermines sont attirées par le précieux métal comme des vautours par une carcasse de cheval.


La nuit qui a suivi la découverte a été courte, chacun imaginant ce qu’il pourrait faire avec cette fortune. Pourtant il a bien fallu repartir le lendemain matin, même si l’avenir se présente bien il va falloir pacifier la contrée avant d’y ériger un royaume. Et pour ce faire, il faut commencer par trouver le camp de ces brigands. A ce sujet je me dois de révéler quelque chose sur Milles, si il a su survivre pendant des semaines dans la forêt, ses notions en géographie sont pour le moins lacunaires. Ca fait bientôt trois jours que nous cherchons la Rivière Epine sans la trouver. Le moral des troupes est au plus bas.

C’est donc avec soulagement que nous finissons par entendre le bruissement d’un cours d’eau peu après avoir pénétré dans la forêt. Nous sommes aussitôt sur nos gardes, tout ce que nous savons du camp c’est qu’il est à coté de la rivière, mais guère plus. Je décide d’envoyer Requiem et Florbella en éclaireurs pendant que nous les attendrons ici, pour que nous puissions bénéficier de l’effet de surprise quand nous trouverons le camp. Je suis bien conscient que mon armure est bruyante, quand aux autres membres du groupe, ils sont peu discrets. Mercedes ne peut s’empêcher de tapoter son tambourin quand elle marche, le jeune Rivotril s’extasie dès qu’il voit quelque chose de nouveau (comme par exemple un arbre avec une forme bizarre) et on entend les vieux os de M. Kane craquer cinquante mètres à la ronde.

C’est avec consternation que nous voyons revenir Requiem une heure plus tard, seul et hors d’halène. Pendant qu’il reprend son souffle il nous explique ce qu’il s’est passé. Le camp est à moins d’une demi-heure d’ici, et Florbella et lui se sont séparés pour en faire le tour. Malheureusement les brigands, sans doute sur leurs gardes depuis la disparition d’Happs et ses hommes, avaient postés des sentinelles. En contournant un arbre mort Florbella est tombée nez à nez avec une patrouille qui a immédiatement donné l’alarme. Malgré un combat acharné elle a fini par succomber sous le nombre, mais Requiem est certain qu’elle est toujours vivante.

Cette fois fini de tergiverser où de tenter une approche en finesse, cette bande d’assassins tient une des nôtres. Il est hors de question que je perde un de mes hommes, à plus forte raison si c’est une femme. Nous partons à marche forcée, oubliant l’idée même de discrétion. Guidés par Requiem nous arrivons rapidement sur les lieux, pour être accueillis par un silence inquiétant.

En guise de camp tout ce que Requiem à pu observer est une vieille charrette posée à l’intersection de deux bras de la rivière. Je décide d’avancer à découvert, suivi de Mercedes et de M. Kane, tandis que Requiem et Rivotril se faufilent dans les buissons. Nous arrivons près de la charrette quand une volée de flèches nous prend pour cible. Quatre archers postés sur des plateformes dans les arbres ouvrent le tir, tandis que les deux brigands cachés sous une bâche dans la charrette se redressent et attaquent. Comme si ca ne suffisait pas Crécelle se montre enfin, surgissant du bosquet où elle s’était dissimulée avec trois de ses hommes.

Je peux fort heureusement compter une fois de plus sur mon armure, dont le bon acier chéliaxien arrête la plupart des projectiles. Quand au jeune Rivotril, il nous prouve une fois encore la supériorité de l’école Aldori en mettant Crécelle hors de combat en une seule feinte mortelle. Privés de leur cheffe les brigands sont désorganisés, mais toujours dangereux. Devant l’avalanche de coups qui tombent de toutes parts j’utilise la dernière botte secrète que Père m’avait enseignée avant de disparaitre, en invoquant la Bénédiction des Delecti. Ce dernier coup à leur moral sape le peu de courage qui restait chez les brigands et ceux qui sont trop blessés pour s’enfuir décident de se rendre. La victoire est notre.

Notre premier geste est de savoir ce qu’il est advenu de Florbella. Les prisonniers nous désignent une bâche sous un arbre, et nous nous précipitons. Nous constatons avec soulagement qu’elle respire toujours, même si son état est grave. Devant son refus de parler Crécelle l’a quasiment battue à mort, et voyant qu’elle n’avait pas plus de résultats, elle a tenté de lui sectionner une main. Celle-ci ne tient plus qu’à un fil, je vais tenter une opération de la dernière chance avec l’aide de Jhod.



« - Claque des doigts si tu sens ta main. »


Je ne sais pas si on peut dire que c’est une chance, mais j’ai l’habitude de ce genre de blessure sur les champs de bataille, et Jhod a soigné sa communauté pendant des années. En conjuguant nos talents nous arrivons à sauver la main de Florbella, mais elle devra attendre quelques temps pour arriver à nouveau à s’en servir correctement.



Il est maintenant temps de s’occuper de nos deux prisonniers. Ceux-ci ne se font d’ailleurs pas prier pour raconter tout ce qu’ils savent sur leur organisation en échange d’une peine moins sévère. Ils nous montrent tout d’abord la cachette du butin qu’ils ont accumulé au cours de leurs rapines dans la Ceinture Verte. En plus de quelques centaines de dragons d’or, nous trouvons les peaux qu’ils avaient volées au comptoir d’Oleg, ainsi que les armes et l’armure de Milles. Il y a aussi une dizaine de bouteilles d’un alcool fort qui pourrait servir de détartrant. En revanche pas trace de la bague de Svetlana. Interrogés sur ce sujet, ils admettent qu’un sac de butin leur a été chapardé par une bande de mites qui vit sous le Vieux Sycomore, quelque part dans les Kamelois. L’anneau était malheureusement dans ce sac.

Quand au Seigneur-Cerf, les descriptions qu’en font ses propres hommes dessinent le portrait d’un monstre. C’est une brute avinée qui règne par la terreur sur des bandits qui le craignent. Bien qu’il soit d’une force ahurissante, c’est surtout son habileté avec son arc qui est le vrai danger si on le combat. Pour autant qu’on le combatte quand il est sobre. Parce que passé la première bouteille de tord-boyau (celles qui sont ici sont pour lui) il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Quand à savoir ce qui se cache derrière son heaume à tête de cerf, les histoires vont bon train. Certains pensent même que son heaume est sa tête. Il y a même une rumeur qui dit que le Seigneur-Cerf n’est pas le vrai chef des brigands, qu’il ne serait qu’un pantin dans les mains d’un homme au regard fou qui ne sort jamais du sous-sol de la base.

La base d’opération de la bande est un ancien fort situé sur les rives du Lac Tuskwater, quelques jours de marche plus au sud. Ils ne peuvent pas vraiment nous dire combien d’hommes travaillent pour le Seigneur-Cerf, ni même exactement qui travaille pour lui. C’est pour ça qu’il faut utiliser un mot de passe pour entrer dans le fort : « Par les os sanglants de St-Gilmore, qui veut savoir ça ? » Ils confirment aussi que les amulettes en argent que portaient Happs, Crécelle et le mort dans le nid
sont le symbole des lieutenants du Seigneur-Cerf. Je pense que ces hommes ont dit tout ce qu’ils savaient, et comme je crois que chacun mérite une seconde chance, nous les laissons filer à condition qu’ils ne remettent plus jamais les pieds sur nos terres.


Une fois que nous avons chargé tout le butin sur la vieille charrette, nous devons prendre une décision. De quel coté continuer. Soit nous rentrons au comptoir pour ramener les marchandises volées, soit nous essayons de trouver les mites à l’est pour récupérer la bague, soit nous continuons à l’ouest pour trouver le temple d’Erastil. Comme nous avons fait une promesse à Jhod et qu’il nous a beaucoup aidés durant le combat, nous optons pour la dernière solution.

En parlant de Jhod, il y a quelque chose d’étrange chez lui. J’ai pu l’observer pendant mes tours de garde nocturnes et il semble fasciné par la lune. Il m’avoue d’ailleurs qu’il a eu sa vision du temple la dernière fois que la lune a été pleine. Si on ajoute à ça son histoire avec le loup-garou, je pense qu’il serait bon de garder un oeil sur lui à la prochaine pleine lune. Qui tombe dans deux jours, ça tombe bien.

Notre progression vers l’est est rendue très difficile pour la carriole à cause de la végétation qui devient de plus en plus dense. Tellement difficile que nous sommes contrains de l’abandonner après l‘avoir camouflée avec des branchages. Nous viendrons la récupérer à notre retour. A la fin de la journée nous parvenons enfin au temple abandonné.


Devant nous s’élève une paroi rocheuse sur laquelle est gravée une gigantesque tête d’élan. En dessous de la gravure un monumental escalier à moitié effondré mène à une ouverture dans la roche. Un arc de cercle de colonnes à moitié effondrées entoure un bassin rempli d’eau stagnante au pied de l’escalier. Mais ce qui frappe en premier l’imagination est le sentiment de décrépitude qui plane sur les lieux. Comme si quelque chose exhalait sa pourriture méphitique dans tout le site.

Nous avons à peine dépassé le cercle de colonnes qu’un rugissement terrible se fait entendre depuis le sommet des escaliers. Ce n’est pas seulement le rugissement d’un animal qui protège sa tanière, mais plutôt un flot de haine à l’état primal déversé sur l’ensemble de la création. La bête qui est sortie de l’ouverture est un ours, mais aussi plus que ça. Par la taille tout d’abord, il fait plus de quatre mètres de haut campé sur ses pates arrières, criant son défi au monde. Mais ce qui est le pire est son regard, celui de quelque chose qui n’est pas vraiment une bête, mais pas non plus tout à fait humain. Et ces deux parties sont démentes au delà de l’entendement.

Le cri de l’ours a aussi semble-t-il réveillé de petites créatures difformes qui sortent du bassin en sautillant. Je dois bien admettre que je leur prête à peine attention. Je reste focalisé sur la charge de l’ours, mon épieu à la main, prêt à recevoir sa charge furieuse. Le choc est encore plus violent que je l’aurais imaginé et je suis projeté en arrière, mais non sans avoir embroché la bête. La suite est remplie de bruit, de fureur et de confusion. Je me rappelle m’être agrippé à l’épieu brisé planté dans le poitrail de l’ours, l’empêchant de bouger pendant que mes compagnons le lardaient de coups.

Ce dont je me souviendrai par contre le reste de ma vie est la mort de la chose. En poussant un dernier soupir abominablement humain, il s’est mis à rapetisser, changer jusqu’à ce qu’il ressemble à un vieillard chenu qui a vécu bien trop longtemps. Le regard qu’il pose sur nous au moment de sa mort montre le soulagement d’un homme libéré d’une malédiction et qui accueil enfin la mort comme une délivrance trop longtemps attendue.

Aussitôt qu’il a poussé son dernier souffle, un vent rafraichissant commence à souffler dans la clairière. Il chasse les feuilles en putréfaction qui jonchaient le sol pavé, et dissipe l’atmosphère brumeuse qui planait au dessus du bassin. A son contact le cadavre du vieillard est comme dissipé et c’est comme si les couleurs retrouvaient leur éclat. Il reste certainement beaucoup à faire pour resacraliser ces lieux, mais Erastil à indubitablement donné son accord.

Nous passons le reste de la journée à récupérer du combat, tout en donnant un coup de main à Jhod pour qu’il puisse s’installer ici confortablement. Il ne reviendra pas à la civilisation avec nous, Erastil lui a accordé une seconde chance, et il compte bien la saisir. Il va reconstruire le temple et en faire à nouveau un havre de paix pour les habitants du bois de Narl. C’est avec bonheur que nous allons nous coucher le soir venu.


C’est le lendemain que j’ai une des plus mauvaises idées que je n’ai jamais eu. Pour pouvoir vérifier si ma théorie à propos de Jhod est bien correcte, nous passons la journée à explorer les environs pour revenir dormir ici ce soir. Seul M. Kane décide de rester au temple pour se reposer un peu, à son âge il a de la peine à marcher plusieurs jours de suite.



« - NON, JE VOUS DIT QUE J’AIME MIEUX VOUS ATTENDRE AU TEMPLE !! »


Nous partons donc à cinq dans le bois de Narl. Si le début ressemble à une promenade de santé dans la forêt, nous allons bientôt rencontrer pour la seconde fois le véritable maitre de la Ceinture Verte. Au détour d’une piste à animaux nous entendons un martellement sourd derrière nous. Nous avons à peine le temps de nous demander ce que ça peut bien être que Mercedes et Florbella sont projetées dans les buissons qui bordent le sentier.

Nous pouvons enfin voir ce que c’est au moment où il prend son virage pour une deuxième charge. Un sanglier godzillesque avec des touffes de poils gris sur le museau, Tuskgutter. Il charge encore plus vite au second passage, cette fois manquant embrocher Rivotril sur ses défenses. Nous profitons du fait que son élan l’a emporté dans une ravine pour nous hisser dans un arbre ou nous attendons une troisième attaque. Elle ne viendra jamais.

Nous attendons de longues minutes perchés sur notre arbre avant d’oser descendre. Tout le monde est encore vivant, mais on ne peut pas dire intact. Rivotril a pris un coup de défense dans la hanche et je crains que la jambe de Florbella ne soit cassée. C’est une bien piètre compagnie qui fait son retour au temple alors que la lune fait son apparition dans le ciel nocturne.

Un bien étrange spectacle nous attend là-bas. Un grand feu a été allumé sur les pavés qui bordent le bassin, avec d’un coté M. Kane, et de l’autre ce qu’il faut bien appeler un loup-garou. Je suppose que ça valide mon hypothèse. Jhod, puisque c’est bien lui sous la fourrure, ne parait étrangement pas du tout agressif. Il continu à se comporter comme si il n’y avait rien d’anormal, et propose même d’aller nous chasser quelque chose pour le repas du soir.

Une fois qu’il est parti nous interrogeons M. Kane, qui nous dit qu’il s’est transformé d’un seul coup à la tombée le la nuit. Il pense que Jhod ne se rend même pas compte de son état, et que si nous ne faisons pas de gestes agressifs, tout se passera bien. Ca reste tout de même plus facile à dire qu’à faire, surtout qu’à son retour il est accompagné par une meute de loups. L’ambiance est tendue autour du feu quand retenti au loin un grognement retentissant, Tuskgutter n’a pas quitté la région. Jhod se lève aussitôt et son hurlement assourdissant répond au défi du sanglier. Le reste de la nuit sera déchiré par les bruits de la bataille que se livrent les deux créatures.

Au petit matin nous trouvons Jhod dans la même position que lorsque nous l’avons vu pour la première fois. Il est roulé en boule au pied de l’escalier du temple. A son réveil il nous dit qu’il a fait un rêve étrange, ou il chassait un porc gigantesque au coté d’Erastil. Il se rappelle qu’à la fin de l’affrontement les deux protagonistes sont repartis chacun de leur coté pour lécher leur plaies. Je pense qu’on n’a pas fini d’entendre parler de Tuskgutter.

Nous prenons tout de même congé assez rapidement de Jhod. Même si il ne semble pas dangereux, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Il faudra juste se rappeler qu’il faut venir le trouver quand la lune est encore sombre.


Comme nous sommes proches de la frontière de notre territoire, nous décidons de finir l’exploration vers l’ouest. Après deux jours de marche dans une végétation étonnamment luxuriante, nous arrivons devant une nouvelle rivière. L’odeur de souffre qui flotte dans l’air semble venir de l’eau, aucun doute, s’est la Rivière Skunk. Nous la remontons sur quelques kilomètres jusqu’à nous retrouver devant un grand bassin naturel d’eau chaude. Nous avons trouvé les sources thermales qui sont à l’origine de la rivière. Nous passons le reste de la journée à profiter des bains chauds, qui nous détendent bien après les événements pénibles des derniers jours.

Nous remontons ensuite vers le nord en longeant la frontière ouest de nos terres. La seule découverte notable que nous faisons est le cadavre d’un trappeur qui a l’air d’avoir été tué par son propre piège. Une investigation plus poussée nous montre que la corde qui retenait son piège a été sabotée, comme mordillée par de petites dents triangulaires. Ma première pensée accuse les kobolds qui étaient dans la région, mais ils auraient plutôt utilisé un couteau. Je suppose que l’avenir nous
dira bien assez tôt qui est cet assassin miniature. Nous emportons juste le bonnet en peau de castor que portait le cadavre, quelqu’un pourra peut-être l’identifier au comptoir.


En poursuivant dans la même direction nous atteignons le coin nord-ouest du territoire. Nous avons quitté la forêt quelques heures plus tôt pour atteindre une plaine herbeuse. Nous étions sur le point de repartir pour le comptoir d’Oleg quand je distingue un gigantesque mûrier dont les fruits rouges me font saliver d’avance. J’ai rempli un premier panier quand je m’aperçois qu’il y a comme une construction sous les branches. Nous le dégageons et nous voyons que ce qui était caché ici depuis des années est un cairn funéraire.

Florbella reconnait tout de suite le style de cette construction. Les monuments de ce genre sont rependus dans sa Numerie natale, c’est là que sont enterrés les chefs de la tribu des Seigneurs Tigres, une peuplade réputée pour son extrême agressivité. C’est à ce moment qu’à lieu la première véritable scission dans notre groupe.

Si la majorité pense qu’il faut remettre les branchages sur la tombe et repartir Requiem, et plus étrangement M. Kane, veulent profaner la tombe. La réaction de M. Kane s’explique assez vite par sa perception de magie à travers la roche. J’ai beau leur expliquer que nous ne sommes pas des profanateurs de sépulture ni des pilleurs de tombe, ils persistent dans leur idée. J’ai peine à comprendre leur résonnement. Mis à part le coté moral, profaner une tombe est le meilleur moyen d’être maudits sur sept générations. Au mieux.



« - Sérieusement, qu’est-ce qui pourrait bien arriver de si terrible ? »


C’est finalement Florbella, en s’interposant sa hache à la main, qui décidera les deux compères à lâcher prise. Nous repartons donc dans la forêt, la cabane de Breeg est à deux pas et nous pourrons y passer la nuit en sécurité.



Une fois de plus je vous écris une lettre sur la table de la cabane de Breeg. Celle-ci contient de bien meilleures nouvelles que la dernière et je commence à me sentir comme chez moi dans la Ceinture Verte. Je pense pouvoir vous faire parvenir un petit pécule par un prochain courrier.

J’espère vous revoir bientôt.



Votre fils

Gregor Delecti



C'est la fin de la troisième séance, la suite demain. J'ai décidé d'en poster un par jour, je suis conscient qu'il y a beaucoup à lire à la fois mais ça vous occupera au boulot .

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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Offline Loon  
#7 Envoyé le : lundi 27 février 2012 18:52:43(UTC)
Loon
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La séance ou nous avons rencontré les mites. On a détesté ces saletés dès la première seconde, notre MJ était très fier de lui.


Chère Mère,



J’ai parcouru moins de chemin cette semaine que les fois précédentes, ce qui me permet de réduire l’intervalle entre mes lettres. Ce n’est pas que j’ai envie d’aller moins vite dans mon exploration, mais je vois des choses tellement étranges que je reste sur place plus longtemps pour essayer de les comprendre. Quand je parle de choses étranges, j’y inclus aussi des créatures avec qui je n’aurais jamais eu l’idée de partager une conversation, et encore moins un gîte ou un repas, si je n’étais pas au coeur d’une région sauvage. Mais laissez-moi commencer au début.



En nous levant le matin après le terrible orage nocturne à la cabane de Breeg, nous avons eu une discussion sur l’avenir de notre exploration. Plus spécifiquement sur l’endroit où nous allions le poursuivre. Nous sommes assez vite parvenu à la décision d’aller récupérer la bague de Svetlana, et par la même occasion de se débarrasser de la menace que les mites faisaient planer sur le nord de la Ceinture Verte. Nous décidons pour ce faire de descendre la rivière Skunk vers le sud depuis sa source et de passer prendre la charrette que nous avions dissimulée près du camp des brigands. Elle est certes inutile dans les bois, mais nous pourrons l’utiliser dans les collines.

Notre trajet jusqu’aux sources se passe sans problème mais nous prend une bonne partie de la journée. C’est avec délice que nous profitons du bassin d’eau thermale à la fin de la journée, et nous sombrons rapidement dans un sommeil réparateur. En suivant la rivière Skunk nous quittons assez rapidement la forêt dense pour nous enfoncer dans un terrain de plus en plus humide, qui se transforme en marais après quelques temps. Heureusement qu’il semble y avoir une sorte d’ancienne chaussée qui nous permet de cheminer plus ou moins au sec. En la suivant nous arrivons devant quelque chose d’assez incongru dans cet environnement, une bâtisse construite en pierres de taille (toutefois en ruine).

C’est en nous avançant pour étudier de plus près le bâtiment que nous sommes accueillit par ses étranges occupants. Je dois bien reconnaitre que je suis assez surpris par leur réaction, où plutôt par leur absence de réaction. Parce que selon toutes les traditions militaires, quand on rencontre des brutaciens dans un marais, l’agressivité de ces amphibiens mène généralement à l’affrontement.



« 12 Gozran 4'456, victoire du Chéliax sur la tribu des Gobe-Mouches. »


Ce qui ne sera pas le cas en ce qui nous concerne, Garuum (c’est le nom du ranidé hypertrophié) faisant preuve d’une hospitalité surprenante pour ceux de son peuple. Le dialogue est au début limité à des borborygmes inintelligibles, mais M. Kane a tôt fait de sortir du fond de sa besace un rituel magique dont il a le secret, et la conversation peut prendre meilleure tournure.

L’histoire de Garuum nous apprend beaucoup de choses sur les meurs des brutaciens. Il faisait, il y a quelques années, parti de la tribu des Langues-Fourchues, un important clan de brutaciens situé dans un marais quelque part à l’ouest de la Ceinture Verte. Sa vie était normale pour quelqu’un de son peuple jusqu’au jour où il a eu l’illumination. Il devait devenir le nouveau chef de sa tribu.

C’était plus facile à dire qu’à faire cependant, car le pouvoir était pour l’instant fermement agrippé par les mains squameuses du Roi-Prêtre. Ce détail mineur n’arrête toutefois pas longtemps Garuum qui, pour contrer les pouvoirs du Roi-Prêtre, décide de festoyer des libellules bleues sacrées de la tribu, espérant s’approprier leur hypothétique magie. Fort de ses supposés nouveaux pouvoirs, l’ambitieux amphibien se rend au palais-temple pour confronter le Roi-Prêtre et prendre sa place en tant que nouveau chef.

Las, tout ne se déroule pas selon le scénario que Garuum avait soigneusement planifié. Comme tout être civilisé aurait pu s’en rendre compte, les libellules, toutes sacrées qu’elles aient pu être, ne sont finalement que de vulgaires anisoptères dépourvues de la moindre aptitude surnaturelle. Il se fait donc très logiquement immédiatement maitriser par les séides du Roi-Prêtre qui le jettent au cachot.

Le destin n’a toutefois pas totalement tourné le dos à Garuum, qui reçoit une aide inespérée autant que bienvenue de la part de son slurk, Ubagub. Au cas où vous l’ignoreriez, un slurk est un genre de grenouille géante rougeâtre qui sert de monture et d’animal de compagnie aux brutaciens.



« Ils peuvent également prédire la météo à quatre jours. »


Avec l’aide d’Ubagub, Garuum réussit à s’échapper de sa prison, puis du territoire de ce qui est maintenant son ancienne tribu. Il passera des semaines à vagabonder dans la région avant de trouver par hasard cet ancien avant-poste taldori, et de s’y installer. Il a depuis lors abandonné son ancienne vie et considère ce morceau de marais comme le royaume qu’il n’a pas pu conquérir dans sa tribu.

La journée est déjà bien avancée quand Garuum finit son histoire et le brutacien nous propose fort aimablement de passer la nuit dans son royaume. Assez étonnamment la soirée est très agréable, Garuum nous faisant partager une spécialité de champignons qui était délicieuse malgré un aspect peu engageant (mais qui sera moins bien supportée par certains que par d’autres, je dois bien le reconnaitre).

Garuum nous en apprend aussi beaucoup sur cette région, qu’il a l’air de bien connaitre. Il confirme l’histoire de Milles concernant les tatzlwyrms, ils vivent bien quelque part plus au sud, le long de la rivière Skunk. Il ne peut toutefois lui non plus nous donner une description de ces bêtes, mais en parle avec une sorte de crainte superstitieuse. Il nous parle aussi d’une gigantesque statue représentant un homme à tête de cerf érigée un peu plus à l’ouest dans la forêt, assurément une représentation d’Erastil. Il accepte de nous y conduire le lendemain matin.


Grâce à notre guide il nous faut à peine une demi-journée de marche pour nous rendre à l’endroit où s’élève la statue. Je dois bien admettre quand sans Garuum nous n’aurions jamais trouvé celle-ci, tant elle est recouverte par la végétation. Malgré les branches et les mousses qui la recouvrent, une étrange atmosphère de sérénité se dégage de cette statue. Même si les hommes ont oublié son existence, Erastil se souvient toujours d’elle.

Nous passons le reste de la journée à la débarrasser de la végétation qui la recouvre pour la rétablir dans toute son ancienne splendeur. Je n’ose imaginer la difficulté qu’a du consister à amener jusqu’à ce coin reculé de la civilisation un tel bloc de pierre. Ses constructeurs devaient beaucoup tenir à cet endroit. Une fois sortie de sa gangue végétale la statue est vraiment imposante. Elle doit bien mesurer cinq mètres de haut et est clairement de facture taldori.

Je sens toutefois qu’il y a encore une étape à réaliser pour que le travail soit achevé. Il faut honorer Erastil avec une offrande animale. Je pars donc avec Florbella pour attraper du gibier, si possible un cerf. Cette partie de chasse sera inhabituelle. Usuellement quand je chasse c’est à cheval, un cor à la main et avec une meute de chiens qui course ma proie. A pied dans une forêt dense et sans les aboiements des molosses c’est nettement moins distrayant.

Le dieu de la chasse doit vraiment soutenir notre action, car malgré notre inexpérience nous finissons par trouver une harde de cervidés dans une clairière. Si les plus forts des animaux réussissent à s’enfuir, nous nous substituons à la nature en abattant le membre le plus faible du troupeau. C’est avec l’agréable sentiment d’avoir contribué au renforcement de l’espèce que nous ramenons notre gibier à la statue.

Une fois sur place M. Kane trace les runes sacrées d’Erastil sur la statue avec le sang de l’animal et nous préparons sa chair pour pouvoir la consommer plus tard, Erastil n’aimant pas le gaspillage des ressources qu’il pourvoit. Quand nous repartons un peu plus tard, nous sentons tous que le dieu de la chasse est satisfait et que sa bénédiction est sur nous. Nous avons accompli quelque chose de sacré aujourd’hui.


Sur le chemin du retour vers le royaume de Garuum nous décidons de continuer à l’est et de passer rendre une petite visite à Jhod. Nous devons l’informer de la présence d’un second sanctuaire d’Erastil dans la région. De plus la lune est sombre, la nuit devrait se passer sans crainte de morsure. Nous laissons le brutacien chez lui et nous lui promettons de repasser le voir prochainement, les relations de bon voisinage sont importantes.

Notre voyage vers l’est se passe tranquillement pendant presque une journée, jusqu’à ce qu’on découvre une tanière gigantesque dans une partie particulièrement obscure de la forêt. Sous un grand arbre qui a du être déraciné par une tempête spécialement violente, la terre est complètement à nu, comme retournée par quelque chose d’une force fantastique. Tout le monde a les yeux rivés sur l’antre dans l’expectative d’une attaque qui viendrait de cette direction, aussi la surprise est totale quand un grognement familier vient de l’autre coté de la clairière. Mon sang se glace quand je reconnais ce bruit. Nous sommes devant la soue de Tuskgutter.

La première charge du monstre me jette à terre, mais mon armure m’a une fois de plus protégée des défenses saillantes de Tuskgutter. M. Kane n’a pas cette chance, et son corps ensanglanté est projeté comme un fétu de paille à plusieurs mètres de là. Je n’ai néanmoins pas le temps de m’inquiéter à son sujet car le sanglier géant revient pour un second passage. Si Mercedes et Florbella ont le temps de plonger de coté, Requiem est heurté de plein fouet et s’envole pour finir sa course dans les branches d’un arbre auxquelles il réussi à s’accrocher miraculeusement. La bête s’apprête à charger une troisième fois.

Cette fois je suis prêt. Pendant que la bête faisait un virage pour un autre passage j’ai pu récupérer mon épieu et je me tiens face à elle pour la réceptionner. Le choc est terrible mais je réussi à diriger mon arme sur le poitrail de la bête qui s’empale dessus jusqu’à la garde. Sa fureur est cependant telle qu’elle semble à peine sentir la pointe d’acier enfoncée dans sa chair. Elle se débat tellement que je suis sur le point de lâcher mon arme, quand une vague de force magique me frôle et va heurter la bête, lui brisant net les pattes avant. Du coin de l’oeil je vois M. Kane qui s’appuie à un arbre, la main encore pointée vers la bête. Le vieil homme est plus solide qu’il n’en a l’air.

A terre et dans l’impossibilité de se relever la bête vit ses derniers instants. Elle ne va pourtant pas quitter ce monde sans combattre et il faudra encore de nombreux coup avant que Mercedes ne mette un terme à son existence d’une flèche en plein coeur. Le silence retombe soudain alors que nous regardons le corps inanimé du sanglier. Il nous faut un moment pour réaliser que c’est la vérité, mais nous ne rêvons pas.

Tuskgutter est mort.

Je suis en train de me demander comment nous allons pouvoir faire bouger cette masse de 500 kg de cochon mort quand M. Kane amène une fois de plus une solution arcanique. Il conjure des tréfonds de je ne sais quel plan élémentaire un disque de lumière opaque sur lequel nous chargeons avec peine la carcasse de Tuskgutter. Une fois le sanglier solidement attaché sur le disque nous repartons vers notre objectif initial, le Temple de l’Elan.


Le moins qu’on puisse dire c’est que Jhod n’est pas resté inactif pendant les deux semaines où nous sommes partis. Il a nettoyé la paroi rocheuse de sorte que l’on voit maintenant complètement la tête d’élan gravée qui donne son nom au temple. Les pavés qui composaient la cour ont été eux aussi nettoyés, et les mauvaises herbes qui poussaient entre eux ont été arrachées. Il a aussi installé un filet au sommet des colonnes encore debout, dans lequel pousse un entrelacs de branchage qui fait comme un plafond végétal au dessus de la cour.

Jhod nous accueil à bras ouverts quand nous arrivons, malgré le petit éclat de folie primale qui passe dans son regard quand il voit le cadavre de Tuskgutter. Il se reprend cependant très vite et nous fait faire le tour du temple. Il est assez satisfait des travaux qu’il a déjà accomplis, mais il lui faudrait l’aide d’un ingénieur pour réparer l’escalier et les colonnes encore à terre. Nous faisons aussi la connaissance de Sylabine, une sylphe qui s’est prise d’amitié pour Jhod et qui réside au temple avec lui. Sa présence ne peut être que bénéfique pour lui, elle semble le calmer quand sa bête intérieure essaye de prendre le dessus.

La soirée se passe très agréablement autour d’un grand feu où nous faisons rôtir Tuskgutter sur une broche improvisée. Nous sommes tous soulagés de la mort du sanglier et chaque morceau de lui que nous mangeons nous rappelle cette victoire. Chacun y va de sa petite histoire pendant la veillée qui dure une bonne partie de la nuit. Celle de Sylabine est probablement la plus inquiétante.

Elle nous parle d’un monastère dédié à Gyronna situé près des rives du lac Tuskwater. A l’ombre de ses murs une congrégation de moines-prêtresses ourdi de sombres complots au nom de la déesse des sorcières. La sylphe nous apprend que les êtres féériques de la Ceinture Verte ont tous ressentis l’appel maléfique des sorcières, mais qu’elle y a résisté. Entre le monastère, la sorcière de la cabane de Breeg et les deux êtres-fées qui ont de toute évidence répondu à l’appel de la déesse infernale, ça commence à faire beaucoup d’évidences de la présence d’un culte important dans la région. Il va falloir s’en occuper rapidement après avoir vaincu le Seigneur-Cerf.


C’est d’un pas léger que nous repartons du Temple de l’Elan le lendemain matin. Nous avons laissé les restes du sanglier à Jhod, ne conservant que la tête de la bête pour la ramener en trophée au comptoir d’Oleg. Jhod a l’intention de faire un pèlerinage à la statue d’Erastil dont nous lui avons parlé. Il voulait au début la ramener au temple, mais nous l’avons convaincu que sa place était là où ses constructeurs l’ont érigée. La suite de l’exploration s’annonce sous les meilleurs auspices sans la menace de Tuskgutter qui plane sur nos épaules.



« Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant ! »


Après une demi-journée de marche nous retrouvons la charrette que nous avions cachée près de l’ancien camp de Crécelle. Contrairement aux prévisions les plus pessimistes elle est toujours à la place où nous l’avions laissée, son contenu intact. Avec la charrette la progression dans la forêt est presque impossible aussi suivons-nous le chemin qui partait depuis le camp des brigands en longeant la rivière Epine. Même en mauvais état il est toujours praticable et il doit bien mener quelque part. Nous suivons la rivière pendant une petite heure avant de sortir de la forêt de Narl pour déboucher dans les collines des Kamelois.

Dans les collines notre progression est bien plus rapide et la charrette cesse d’être un handicap trop pesant. Nous décidons de suivre la rivière pour un temps, il doit bien y avoir un gué ou nous pourrons traverser plus facilement quelque part. La nature nous donne cependant tort car la rivière s’enfonce de plus en plus rapidement dans des gorges creusées entre les collines par le courant. Sa vitesse atteint son apogée juste avant une cataracte d’une dizaine de mètres, après laquelle elle reprend son rythme indolent. Fort heureusement pour nous, quelqu’un à construit un pont qui enjambe la gorge quelques mètres avant la chute d’eau.

Le pont est en bois et semble avoir été édifié à la même époque que le Temple de l’Elan. J’ai déjà vu plusieurs de ces constructions par le passé et elles se sont toutes avéré plus solides qu’elles en ont l’air, mais celle-là est probablement la plus vieille que j’ai rencontrée. Je décide de jouer la prudence en enlevant mon armure et en avançant seul pendant que les autres tiennent fermement la corde que j’ai attachée à ma taille. Malgré des grincements de protestation l’ouvrage tient bon et je suis rapidement de l’autre coté. Je ne pense toutefois pas que le pont soutiendrait le poids de plus d’une personne à la fois. Nous passons donc chacun notre tour, en utilisant le vieux truc du disque irisé pour faire passer la charrette.


Nous partons plein est après avoir passé le pont, en direction du coeur des Kamelois. D’après ce que nous ont dit les bandits les mites vivent sous un arbre gigantesque. J’espère que nous le verrons de loin, nous n’avons pas vraiment d’indications plus précises au sujet de son emplacement. Nous avons rapidement des indices confirmant que nous sommes sur la bonne voie avec la découverte d’une demi-douzaine de petits cadavres bleus. On dirait que ces mites, car ce sont bien des mites, ont été tués par des armes de petite taille elles aussi. Probablement des kobolds.

Quelques temps plus tard nous finissons par apercevoir le Vieux Sycomore. Je ne sais pas vraiment à quelle distance nous sommes, mais il a l’air gigantesque, et surtout très ancien. Il est planté au milieu d’une région dépourvue de toute autre végétation, l’approche discrète sera compliquée. Après une courte discussion tactique, j’envoie Requiem en exploration. Il n’est pas spécialement enchanté de devoir partir seul, mais je ne pense pas que quiconque d’autre que lui puisse s’avancer à découvert sans être repéré.

Il revient quelques minutes plus tard sans avoir donné l’alerte. Sa reconnaissance a été fructueuse dans le sens où il a trouvé une entrée dissimulée au milieu des racines de l’arbre. Malheureusement elle mène à un souterrain à la fois obscur et minuscule. Il sera impossible de se tenir debout à moins qu’il s’élargisse, ce qui serait surprenant vu la taille de ses habitants. Il faut malgré tout y aller pour éliminer la menace, nous n’allons pas reculer maintenant.



« J’ai bien en tête la tactique idéale, mais nous sommes cruellement sous-équipés. »


La descente dans le tunnel est heureusement plus facile que je l’avais prévu car les racines du sycomore peuvent tenir lieu d’échelle rudimentaire. Par contre l’effet de surprise est à oublier, nous sommes à la fois bruyants et obligés de nous éclairer d’une lanterne.

Le premier contact avec les mites me réconforte dans mon idée. Ils nous attendent à quatre dans un atelier qui leur sert à mettre au point de nouvelles armes de destruction minimes, qu’ils utilisent immédiatement sur nous. Les petites vermines bleues sont heureusement plus méchantes qu’intelligentes et nous en venons rapidement à bout. Nous sommes dans une petite pièce avec un escalier descendant de chaque coté. Nous tendons l’oreille pour savoir lequel nous allons emprunter.



Je finis d’écrire ses mots sur l’établi qui sert de table de travail aux mites. Je vais confier cette lettre à Requiem, si je devais ne pas ressortir des profondeurs de la terre, je suis sur que lui trouvera un moyen de retourner à la civilisation pour qu’elle vous parvienne. Je pense tout de même revenir bientôt, rassurez-vous.

Vous me manquez.



Votre fils

Gregor Delecti



Fin de la quatrième séance. Si vous voulez des précisions techniques il n'y a qu'a demander.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#8 Envoyé le : mardi 28 février 2012 19:17:49(UTC)
Loon
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Pour vous donner une idée de cette séance, notre Mj avait réussi à instaler le ricanement des gremlins (tiré du film du même nom) sur son i-phone. On a eu droit à notre ritournelle chaque fois qu'on ratait un coup, ou qu'une de ces sales bêtes nous touchait. Je ne me rapelle pas avoir jamais pris autant de plaisir à exterminer une espèce entière.


Chère Mère,


Je suis une fois de plus étonné par le comportement, très éloigné de ce qu’on nous apprend dans les livres, des peuplades qui vivent dans la Ceinture Verte. Je parle évidement de peuples avec un minimum de structure sociale, et pas des vermines qui vivaient sous le Vieux Sycomore, telle une colonie d’insectes nuisibles. Mais je vais commencer par là où je m’étais arrêté dans ma dernière lettre.


Nous venons de nous débarrasser des quatre mites qui travaillaient sur divers pièges, tous plus cruels les uns que les autres, quand nous discernons des cris de douleurs provenant de l’escalier de droite. Entre chaque hurlement retentissent les gloussements de joie malsaine d’un nombre indéterminé de petites vermines bleues. Il faut intervenir avant que les tortionnaires miniatures n’aient tué le sujet de leur tourment, peu importe qui il est.

Je me précipite dans l’escalier de racines pour déboucher dans une pièce située quelques trois mètres plus bas que celle de l’entrée. Le spectacle désolant auquel je suis confronté est révoltant. Une demi-douzaine de mites sont en train de torturer un kobold aux écailles grises enfermé dans une cage trop petite pour lui. Armés de longues pointes de bambou ils percent le malheureux ophidien qui saigne déjà par de nombreuses blessures. Dans l’autre coin de la pièce trois cadavres exsangues de reptiles laissent peu de doutes quand au futur du prisonnier.

Mon arrivée n’étant pas particulièrement discrète, les six petites vermines se tournent de mon coté toujours armées de leurs lances cruelles. Malheureusement pour eux ils n’ont plus affaire à un prisonnier en cage, mais à un groupe soudé qui a tôt fait de les envoyer rejoindre la termitière originelle. Le moins courageux a toutefois le temps de s’enfuir pendant que ses complices se font tuer. Nous entendons seulement ses ricanements après qu’il ait sauté de racine en racine pour passer la faille qui coupe la pièce en deux.

Plutôt que poursuivre le fuyard au hasard dans un souterrain que nous ne connaissons pas, nous décidons de libérer le kobold prisonnier. Avec un peu de chance, il pourra nous donner des indications sur l’endroit où nous sommes. Avec l’aide de Mercedes qui parle le draconien couramment, il peut nous raconter comment il a fini dans cette fâcheuse situation.

Il s’appelle Mikmek et, comme les autres lézards que nous avions rencontrés dans le champ de radis, appartient à la tribu des Ecailles de Suie. Sa tribu est en guerre avec les mites du Vieux Sycomore depuis quelques mois déjà, et jusqu’à récemment aucune des parties n’avait le dessus. Les choses ont cependant changé quand un raid de mites a réussi à s’emparer de l’idole sacrée des kobolds, une statue contenant l’essence de leur dieu tutélaire, le Vieux Dents-Pointues. Selon Tartuk, leur chaman, si l’idole n’est pas ramenée au plus vite au temple où elle a été volée, le Vieux Dents-Pointues déchainera sa colère sur la tribu qui n’a pas su le garder. Mikmek faisait parti du groupe envoyé chez les mites pour récupérer la statue, mais comme nous avons pu le constater, la mission a été un échec.

Son histoire terminée, Mikmek nous regarde avec des yeux implorant. Si nous l’aidons à trouver la statue, il nous assure que le chef Ecailles-de-Suie et le chaman Tartuk sauront se montrer reconnaissants (vous noterez que, selon une étrange coutume, le chef de clan donne son nom à la tribu qu’il dirige). Nous décidons d’accepter l’offre de Mikmek de l’aider à trouver son idole dans le repaire des mites. Je reste par contre prudent sur son retour chez les Ecailles de Suie, je n’ai pas vraiment envie d’un dieu kobold sur nos terres.

Malgré son évidente bonne volonté, Mikmek ne peut pas nous aider concernant le repaire des mites, son petit commando s’est fait capturer dès l’entrée et il n’en connait pas plus que nous. Nous décidons de poursuivre dans la direction prise par le fuyard, nous arriverons peut-être à le rattraper avant qu’il n’aille trop loin.


La faille qui s’ouvre au fond de la pièce doit faire une dizaine de mètres de large, et une torche jetée nous indique une profondeur d’environs six mètres. Pour traverser la mite s’est accrochée aux racines qui pendent du plafond, mais je ne suis pas persuadé qu’elles supportent mon poids si elles ont été conçues pour des êtres d’une vingtaine de kilos. Il y a bien des crochets disposés à intervalles réguliers, mais ils ne m’inspirent pas confiance. Après avoir réfléchi à diverses options nous devons nous rendre à l’évidence, il faudra bien utiliser les racines.



« - Maintenant que tout le monde a vu ce qui est arrivé au piano de Mercedes,
je propose qu’on abandonne définitivement l’idée de la catapulte. »


C’est le jeune Rivotril qui tente la traversée en premier, vu son âge il a encore l’habitude de s’accrocher aux branches des arbres. Il n’a aucun problème à arriver de l’autre coté, et je m’assure avec la corde qu’il a prise avec lui pour me lancer à mon tour. Tout ne se passe pas aussi bien pour moi, une racine cédant sous mon poids à mi-chemin. Rivotril ne lâche heureusement pas la corde et je me trouve suspendu dans le vide contre la paroi opposée. Florbella qui me suivait n’a pas plus de chance car une racine cède à un mètre de l’arrivée. Je réussi miraculeusement à la rattraper au passage et une fois de plus Rivotril ne lâche pas la corde, il est plus costaud que je ne l’imaginais.

C’est dans cette position pour le moins désavantageuse que les mites décident de contre-attaquer. L’attaque vient de deux cotés en même temps. Du fond de la faille Florbella commence par entendre un inquiétant cliquettement organique, avant de voir surgir de l’obscurité deux mille-pattes gigantesques. Dans son dos Rivotril voit une demi-douzaine de mites déboucher du couloir qui bifurquait sur la droite. Derrière les soldats se tient celui qui est probablement le chef de la colonie, Grabbles. Il est perché sur une abomination de la nature, une tique colossale de la taille d’un poney et qui répond au nom de Tickleback. On va devoir jouer serré.

Malgré son dégout de toutes ces choses qui rampent sous les pierres Florbella se laisse tomber au fond de la fosse pour écraser les diplopodes hypertrophiés. Pour ma part je me hisse à la corde pour prêter main forte à Rivotril contre le grouillis de mites qui se précipitent vers nous. De l’autre coté de la faille Mercedes a sorti son arc et M. Kane prépare une incantation dont il a le secret.

Si les mites ne sont pas très dangereuses au corps à corps, les maléfices de Grabbles font céder la ligne de front quasiment instantanément. Je suis projeté au fond de la faille et Rivotril préfère sauter plutôt que de rester seul contre le flot de vermines bleues. Par bonheur M. Kane attendait une ouverture et son sort balaye d’un seul coup les mites qui étaient isolées sur la plateforme. Dans la faille Florbella accueil avec plaisir des renforts, les mille-pattes étant particulièrement coriaces.

Le sort de M. Kane a malheureusement attiré l’attention de Grabbles qui se précipite sur lui à travers la faille, Tickleback s’accrochant aux racines comme une tique de taille normale s’accroche à un lévrier afghan. Le choc projette le vieil homme a terre et Grabbles va donner le coup de grâce avec son trident quand l’improbable se produit. Mikmek, le kobold que tout le monde avait oublié, s’interpose entre M. Kane et l’insecte géant, parant les coups de la bête cauchemardesque avec son bouclier minuscule. Ce sursis inespéré donne au magicien le temps d’incanter et une vague de force projette ses deux adversaires dans la faille.

Au fond de la fosse les combats sont disputés. Si Florbella et moi avons pu nous débarrasser du premier diplopode, Rivotril a succombé aux morsures empoisonnées du second. Je parviens cependant à attirer l’attention de l’arthropode avant qu’il ne donne le coup de grâce au plus jeune membre de notre compagnie, ce qui laisse à Mercedes le temps d’utiliser sa magie tzigane pour purger le poison, lui sauvant la vie par la même occasion. Nous finissons le second mille-pattes au moment où Grabbles et Tickleback atterrissent au fond de la faille.

Même si ils sont toujours de terribles adversaires, le cavalier et sa monture ont été bien affaiblis par les sorts et par la chute. Ce n’est plus qu’une question de temps et d’efforts concerté avant qu’ils ne succombent devant nous. Pour la première fois depuis que nous sommes entrés dans la tanière des mites, nous n’entendons plus leurs ricanements haïssables.



« Pshhhhhhhhh… »


Maintenant que les mites sont mortes nous pouvons progresser plus rapidement dans leur repaire. La faille est vraisemblablement le point bas du souterrain car nous ne faisons plus que monter depuis là. Le couloir donne sur une grande pièce au centre de laquelle trône une table couverte de ce qui peut passer à première vue pour un tas de détritus. En s’approchant on peut toutefois se rendre compte qu’il s’agit d’une carte grossière de la région, indiquant le Vieux Sycomore et une caverne située au sud, que Mikmek nous confirme être celle des Ecailles de Suie.

A coté de la table une affreuse idole de pierre sert de presse-papier à ce qui ressemble à une liste comptable. Sous la colonne : Nous on peut lire « la statue des kobolds » et « plein de lances et de pièces ». Sous la colonne : Eux est inscrit « poussière magique », « plein de pièces » et « anneau en or ». Tous les regards se tournent vers Mikmek qui nous confirme fièrement que les kobolds ont interceptés un groupe de mites qui revenait à l’arbre après avoir chapardé un sac aux brigands près de la rivière.

L’anneau de Svetlana nous échappe encore une fois.



« - S’il n’est pas chez les kobolds je propose qu’on se cotise pour lui en acheter un autre. »


Il est maintenant temps de se soucier de la statue qui sert de dieu aux kobolds. L’idole en pierre est bien celle que Mikmek est venue rechercher mais elle est clairement de facture humaine, j’ai vu les mêmes un peu partout au Chéliax depuis l’arrivée au pouvoir du culte d’Asmodeus. Après une étude minutieuse de la statue par M. Kane, il nous affirme que ce n’est qu’un vulgaire morceau de granit sculpté. A cette nouvelle Mikmek semble effondré, mais il insiste tout de même sur le fait qu’il faut la ramener à Tartuk, où il va sacrifier d’autres kobolds.

Quelque chose ne colle pas dans toute cette histoire, les kobolds ne sont pas des anges, mais des sacrifices au sein d’une même tribu n’est pas une chose normale. En insistant un peu plus Mikmek fini par craquer et tout nous raconter.

Tartuk ne fait pas parti de la tribu des Ecailles de Suie. Ce kobold aux écailles d’une couleur pourpre inhabituelle est arrivé dans la tribu il y a une année avec la statue de Vieux Dents-Pointues sous le bras. Il a bien vite réussi à convaincre les kobolds que l’idole était le réceptacle d’une entité supérieure et que ceux qui ne se soumettaient pas à sa volonté allaient voir leurs écailles tourner au jaune canari, puis mourir dans d’atroces souffrances. Les crédules ophidiens ont rapidement mis leurs anciennes croyances de coté, d’autant plus vite que Vieux Dents-Pointues avait tendance, par l’intermédiaire de son chaman, à choisir ses victimes sacrificielles parmi les septiques et les fortes têtes. Si le chef Ecailles-de-Suies est toujours officiellement le chef de la tribu, dans les faits c’est le chaman Tartuk qui règne par la terreur sur le clan de kobolds.


Je suis né et j’ai grandi à WestCrown, l’ancienne capitale du Chéliax. Toute mon éducation a été faite par les précepteurs des écoles théologiques du culte d’Asmodeus. La majeure partie du programme qui n’était pas dédiée au lavage de cerveau pour que les étudiants vénèrent le Prince des Ténèbres était consacrée à l’histoire du Chéliax. Comme tous les élèves j’ai passé des heures interminables à étudier la montée en puissance, puis l’accès à la tête de l’empire de la Trois-Fois-Maudite Maison Thrune.



« WestCrown Reprezent ! »


J’ai ensuite rejoint les Chevaliers Infernaux, plus par tradition familiale que par conviction vous le savez, depuis des générations le premier-né des Delecti s’engage dans l’Ordre du Fléau. Dans ses rangs j’ai appris l’équitation et le maniement des armes, mais aussi la stratégie militaire. Il y avait aussi beaucoup d’heures consacrées à l’étude des différents conflits qui émaillent l’histoire mouvementée du continent.


Tout ça pour vous dire que je sais reconnaitre un coup d’état quand j’en vois un, fusse-t-il dans une communauté de kobolds au fin fond de la Ceinture Verte. Et c’est exactement ce que Tartuk à réussi chez les Ecailles de Suie.

Je ne connais pas le chef Ecaille-de-Suie mais je sais déjà que je le préfère à l’usurpateur qui a pris le contrôle de sa tribu, et ceci pour deux raisons. Premièrement je n’aime pas sa façon de sacrifier des êtres pensants à un démon dont il a inventé l’existence de toutes pièces. Deuxièmement je pense que si on le rétabli dans son pouvoir l’ancien chef serait reconnaissant et qu’un pacte de non agression serait possible, à défaut d’une alliance.

Après en avoir discuté avec le reste du groupe la décision est prise. Nous allons à la caverne qui sert de repaire aux kobolds, escortés par le brave Mikmek, mais au lieu de rendre l’idole au chaman, nous parlerons au chef déchu. Si une entente est possible nous l’aideront à revenir sur le trône, et sinon nous aviserons.


Le chemin pour aller jusqu’au repaire des kobolds se passe sans problème, guidés que nous sommes par Mikmek. Après deux heures de marche pendent laquelle nous longeons la Rivière Shrike, nous arrivons devant ce qui semble être une ancienne mine abandonnée. Cette première impression est confirmée par la découverte d’une pancarte vermoulue portant une inscription à moitié effacée écrite en taldori : « Mine d’argent d’Oaktop ». S’il y a encore de l’argent ici, une alliance avec les lézards pourrait devenir bien plus intéressante que prévu.

Alors que nous avançons à découvert vers la mine, un kobold surgit de derrière des rochers et nous intime l’ordre de nous arrêter. Aussitôt Mikmek commence une discussion avec lui, que Mercedes nous traduit à mesure. Le garde s’appelle Nakpik et s’il est content de revoir son compatriote que tout le monde croyait mort, il se demande pourquoi il est accompagné par des Grandes Jambes. Quand Mikmek lui dit que nous ramenons Vieux Dents-Pointues, il insiste pour nous escorter lui aussi à l’intérieur.

Le trajet qui nous mène jusqu’au chef Ecaille-de-Suie est une expérience que bien peu d’humains ont du faire. Des notre entrée dans la caverne nous sommes entourés de kobolds, qui nous attendent les armes à la main. Aucun n’ose cependant attaquer, protégés que nous sommes par l’escorte de Mikmek et Nakpik. C’est entourés de la quasi-totalité de la tribu que nous parvenons devant les quartiers du chef.

Quand on le voit il n’est pas difficile de deviner pourquoi il est le chef de la tribu. Il mesure non seulement presque une tête de plus que les autres kobolds, mais son regard exprime aussi une intelligence peu commune chez ceux de son espèce. C’est d’ailleurs dans un commun sifflant qu’il s’adresse à nous, nous demandant pourquoi nous sommes ici. Dans le reste de la caverne tout les ophidiens se sont tus, attendant notre réponse.

Quand je sors l’idole sacrée de mon sac des murmures se font entendre de tous cotés. Je la lève bien haut au-dessus de ma tête pour que tous puissent la voir et je m’adresse d’une voix forte au chef de la tribu :

« - Depuis près d’une année votre chaman vous maintient dans la terreur de cette idole de pierre.

- Il vous fait croire que si vous discutiez sa volonté vous seriez anéanti et que votre esprit ne rejoindrait jamais vos ancêtres.

- Il vous a dit que vous deviez sacrifier les meilleurs d’entre vous pour apaiser sa faim toujours plus dévorante.

- Je n’aurai qu’un mot à vous dire :

- MENSONGES !! »


Je jette alors de toutes mes forces l’idole de pierre contre le sol de la grotte. La statue se brise aussitôt en une multitude de fragments minuscules qui s’éparpillent dans toute la caverne.

La foule explose alors en cris horrifiés, alors que tous tentent de se mettre à couvert de la malédiction qui va assurément me foudroyer instantanément. Malédiction qui tarde à venir. Après avoir passé de longues minutes à se cacher les lézards doivent bien se rendre à l’évidence, aucune malédiction ne s’est abattue sur moi. Leur chaman leur à bel et bien menti. Le chef Ecailles-de-Suie est le premier à s’avancer vers nous. Je vois dans ses yeux qu’il a compris que tout venait de changer en un instant. Il sait qu’il peut reprendre le pouvoir qui lui a été confisqué des mois plus tôt s’il prend la bonne décision.

Il ne me déçoit pas quand il parle à ses hommes apeurés. Il les rassure, leur dit qu’avec la destruction de sa statue Tartuk a perdu tous ses pouvoirs. Que lui, Ecailles-de-Suie, avec l’aide des Longues Jambes qu’il a spécialement fait venir pour exorciser la caverne, va maintenant aller confronter Tartuk dans son antre et lui faire payer ses exactions. Il nous regarde en disant ça, et je me garde bien de le contredire. Ensemble nous allons tuer le monstre.


J’écris la fin de ma lettre à la lueur de ma lanterne dans la mine des Ecailles de Suie. J’ai donné la lettre à Mikmek qui a pour mission de l’amener à des humains si je devais périr dans la confrontation avec le faux chaman. Ne vous inquiétez toutefois pas trop, je compte bien revenir prochainement.


Votre fils

Gregor Delecti


Fin de la cinquième séance, la suite demain.

Loon

Modifié par un utilisateur mardi 28 février 2012 19:32:46(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#9 Envoyé le : mercredi 29 février 2012 19:06:27(UTC)
Loon
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La poursuite à travers les collines à duré plus de la moitié de la séance, avec moult jets de dés. On a eu beaucoup de chance de s'en sortir aussi bien, nos compétences de survie étaient assez basse.


Chère Mère,


Pour la première fois depuis que je suis arrivé dans la Ceinture Verte j’ai vraiment pris conscience de la difficulté de la tâche qui nous attend. Jusqu’à présent nous n’avions fait face qu’à des adversaires, certes dangereux, mais finalement solitaires ou désorganisés. Tuskgutter n’était qu’une bête, les mites étaient cruels et vicieux, mais malgré tout de piètres combattants, et l’avant-poste de Crécelle n’était rien d’autre que ça, un avant-poste.

Hier nous avons eu notre première confrontation directe avec le chef incontesté des brigands qui écument la région. Et face au Seigneur-Cerf nous avons connu notre premier échec, avant d’être pourchassés à travers la moitié des Kamelois.

Mais laissez-moi vous raconter comment nous en sommes arrivés là.


Je vous avais quitté alors que nous étions sur le point de confronter le chaman renégat Tartuk dans les cavernes de la tribu des Ecailles de Suie. Nous suivons le chef Ecailles-de-Suie dans un labyrinthe de cavernes, toujours plus profondément dans les entrailles de la terre. Toute la tribu doit être en train de nous suivre, parlant nerveusement dans leur langue sifflante des conséquences qui découleront du choc entre les deux gouvernants du clan. J’ai déjà vu assez souvent ce genre de comportement pour savoir qu’aucun des craintifs lézards ne bougera avant qu’une des deux parties ne sorte clairement victorieuse.

Nous arrivons finalement devant la grotte où Tartuk fomente ses infâmes manigances. C’est la plus grande caverne du complexe et Ecailles-de-Suie me confie que c’étaient ses quartiers avant que le chaman ne s’en empare. La grotte a été depuis décorée aux gouts douteux du chaman. Les murs sont tapissés de tentures couvertes de signes kabbalistiques, représentants pour la plupart un démon reptilien aux dents démesurées. Probablement Vieux Dents-Pointues. Au centre de la caverne trône un grand chaudron bouillonnant duquel s’échappent des vapeurs méphitiques. Derrière le chaudron se tient Tartuk.

Sa description correspond parfaitement à celle que nous avait faite Mikmek. C’est un kobold peut-être un peu plus petit que la moyenne, dont les écailles violettes jurent parmi celles couleur de cendre des autres membres de la tribu. Il porte un accoutrement qui fait plus penser à ces diseurs de bonne aventure qui baratinent les paysans dans les foires qu’au prêtre d’un dieu-dragon. Le regard qu’il tourne vers nous enlève par contre toute envie de sourire. C’est celui d’un dément qui brille d’une joie malsaine à la seule idée des dévastations qu’il va causer.

Nous n’avons pas le temps d’entrer dans la caverne que les deux séides restés fidèles à Tartuk se précipitent sur nous pour nous bloquer le passage. Nous ne pouvons que regarder, impuissants, le chaman sortir un poignard et le planter d’un geste rendu précis par l’expérience dans le coeur du kobold qui était resté à ses cotés, avant de le faire basculer dans le chaudron bouillonnant. Il entame alors une mélopée venue du fond des âges, articulant des sons qui ne devraient pas pouvoir être prononcées par une gorge humanoïde.



« Il semblerait pourtant qu’il en existe des enregistrements. »


La fumée qui s’échappe du chaudron commence alors à s’épaissir, puis une forme dont les contours restent tout d’abord flous se densifie lentement avant d’être totalement solide. Ce qu’il faut bien maintenant appeler une créature se tourne alors vers celui qui l’a invoqué, attendant ses ordres. Ceux-ci ne tardent pas. Tartuk nous pointe du doigt et malgré qu’aucun d’entre nous ne parle sa langue abyssale, nous comprenons tous qu’il vient pour notre âme. Quand la chose se retourne dans notre direction M. Kane a un mouvement de recul quand il reconnait ce qui nous fait face. C’est un diable cornu sortit tout droit des profondeurs glaciales de Baator, un cornugon.

Voyant que Tartuk est seul derrière sa première ligne de front, Requiem fait preuve d’une audace à laquelle il ne nous a pas habitué en se déplaçant d’ombre en ombre pour prendre le chaman à revers. Son attaque surprise ne paie malheureusement pas, Tartuk avait encore une carte dans sa manche. A l’instant où l’elf se dévoile pour porter son attaque une pince chitineuse sort d’un coin obscur de la caverne et saisi Requiem par le bras. La mante religieuse d’une taille démesurée qui gardait les arrières du chaman se dévoile alors à la lueur des feux, tenant toujours Requiem dans ses pinces. Je me demande s’il ne l’aurait pas obtenu des mites en échange de l’idole de pierre.

Tout fanatisés qu’ils soient les séides reptiliens ne sont cependant pas des combattants d’élite et ils cèdent assez vite sous nos coups. Les kobolds n’étaient toutefois que la première ligne, eux morts le diable cornu se dresse devant nous, prêt à nous tuer pour remplir sa part du contrat qui le lie à son maître. Nos premiers coups semblent à peine le déranger et la partie commence à prendre une tournure bien négative. La voix de M. Kane retenti alors derrière nous, nous indiquant le point faible du cornugon. Il est originaire du plan gelé de Baator, il doit craindre la chaleur.

Florbella et moi l’empoignons aussitôt chacun par un de ses bras glacé et nous le poussons en direction du chaudron au centre de la pièce. Le contact de sa peau glaciale est aussi brulant que de l’acier chauffé à blanc mais les cris suraigus de la créature alors qu’elle approche du feu nous galvanisent. Faisant appel à nos dernières forces nous parvenons à pousser le diable dans le chaudron. La réaction est à la mesure de nos espérances. Au contact de l’eau bouillante le cornugon commence à produire une vapeur glacée qui à tôt fait de se dissiper dans la caverne. Une fois la visibilité revenue il ne reste plus trace du diable cornu, il a fondu comme un glaçon au soleil.

Entretemps Requiem n’est pas resté inactif. D’un coup de poignard il a réussi à crever un des yeux démesurés de l’insecte géant qui l’a lâché aussitôt. Même aveuglée la mante reste dangereuse, et c’est une partie de cache-cache dans toute la caverne qui commence avec l’elf. Il réussi à distraire la bête assez longtemps pour nous permettre de bannir le démon et l’insecte aveugle est tellement concentré par sa recherche qu’il ne perçoit pas la charge de Florbella qui le coupe littéralement en deux.

Voyant son dernier allié mis hors de combat Tartuk comprend qu’il est temps pour lui de tirer sa révérence. Profitant de sa meilleure connaissance de la caverne il se dirige silencieusement vers la sortie, mais il devait être écrit qu’il n’avait pas tout à fait épuisé sa réserve de nuisance. Juste devant la tenture qui marque la sortie se tient Mikmek qui avait tenu à se battre à nos cotés. Le brave kobold a juste le temps de pousser un cri d’alarme avant que Tartuk ne lui plante son poignard dans la gorge. L’alarme a cependant suffit à Requiem qui bondit sur le chaman et d’un coup d’épée magistral met définitivement fin à ses actes néfastes.

Je me précipite immédiatement au chevet de Mikmek mais je vois tout de suite qu’il n’y a plus rien à faire pour le brave kobold. Tout le monde est atterré, mais je pense que M. Kane est celui qui est le plus touché par cette perte. Il avait fini par s’attacher à celui qui lui avait sauvé la vie quelques heures plus tôt, et je crois même discerner une larme couler sur sa joue d’homme pourtant endurci par des années de guerre. La victoire a un prix bien amer aujourd’hui.

La poussière est à peine retombée que le chef Ecailles-de-Suie se penche sur le cadavre de Tartuk et le décapite avec son arme. Une fois son geste macabre accompli, il sort dans le couloir où le reste de la tribu attendait nerveusement la fin des combats. La tête du chaman tenue à bout de bras pour que tous puissent la voir, il traverse la caverne pour la déposer dans le propre temple du félon. La foule explose aussitôt en cris de joie et en applaudissements, le chef a été rétabli dans ses fonctions à l’unanimité.

Pour nous récompenser il nous laisse fouiller dans les affaires du chaman où nous trouvons enfin la tant recherchée bague de Svetlana.

Nous trouvons aussi quelque chose que personne ne s’attendait à voir, le journal intime de Tartuk. Encore plus étrange, il est écrit non pas en draconien, mais en elfique. Mercedes qui a un don pour les langues nous en fait la lecture. Ce qui y est écrit est une des histoires les plus stupéfiantes que j’ai jamais entendues.


Tartuk n’as pas toujours été un kobold. Quand il est né il y a une trentaine d’années dans un village au sud d’ici, il était comme, tous ses habitants, un gnome. Il aurait pu continuer à vivre tranquillement la vie de son peuple si son village n’avait pas été attaqué par des ogres. Il fut tué au cours de l’attaque alors qu’il cherchait à s’enfuir, mais comme une bonne partie des ogres l’avait pourchassé, le reste du village a réussi à les vaincre grâce à cette diversion.

Pour le remercier de son sacrifice, que les villageois pensaient volontaire, le prêtre décida de le ramener à la vie de la seule façon qu’il connaissait, à l’aide d’un sort de réincarnation. Le destin fut bien cruel avec le pauvre Tartuk, car il revint sous les traits d’un kobold dont les écailles avaient pris la couleur violette de ses cheveux. Devant ce signe évident de mauvais oeil les villageois chassèrent dans les bois celui qui était maintenant un kobold.

C’en était trop pour Tartuk, dont la raison bascula définitivement ce jour là. Comme il ne pouvait plus vivre parmi les gnomes, il décida de rejoindre une tribu de kobold des environs, les Boucliers-Dragon. Il était cependant humilié de vivre avec ces lézards qu’il détestait, et à force de manipulations et d’un peu de magie il força la tribu à la guerre avec les ogres. Il va sans dire que tous les reptiles furent exterminés dans le conflit, ce qui remplit Tartuk de joie.



« Les vrais génies du mal ont toutefois un chat, pas un corbeau. »


Il était tellement content par la destruction de son clan d’adoption qu’il décida de réitérer ses agissements avec une autre tribu, les Yeux-Sanglants. Là encore son plan d’anéantissement fonctionna parfaitement et cette deuxième tribu fut elle aussi exterminée. Quand nous sommes intervenus il était sur le point de faire la même chose aux Ecailles de Suie.



Quand nous expliquons l’histoire au chef Ecailles-de-Suie il nous remercie encore plus cordialement et nous dit que nous pouvons nous reposer dans sa tribu. Nous en profitons pour négocier un pacte de non-agression avec les Ecailles de Suie. Si personne ne vient les déranger sur leur territoire, ils cesseront leurs exactions contre les autres habitants de la Ceinture Verte. C’est avec le sentiment du devoir accompli que je vais me coucher dans la caverne des kobolds.

Nous nous réveillons le lendemain matin après une nuit difficile. Personne n’a bien dormi dans ces grottes mal aérées où la fumée qui donne leur couleur caractéristique aux kobolds est suffocante. Nous repartons tout de même de bonne heure pour pouvoir faire le plus de chemin possible pendant la journée. Ca fait maintenant trois semaines que nous sommes partis du comptoir d’Oleg et nous avons tous hâte de rentrer dans un endroit civilisé. Après avoir dit au revoir à nos nouveaux alliés nous nous mettons en route vers le nord.


Nous décidons de remonter la rivière Shrike car elle vient de la direction où nous voulons aller. Après plus d’une demi-journée de marche nous arrivons en vue de ce qui devait être un pont. Ce n’est toutefois plus qu’une corde qui traverse les flots. Si de notre coté de la rivière il n’y a rien d’autre que le début du pont, on peut voir des ruines sur l’autre rive. C’est difficile à dire depuis ici car la rivière est particulièrement large, mais on dirait qu’un incendie à détruit ces bâtiments.

Nous nous rapprochons et nous voyons une pancarte à laquelle est accrochée une cloche sur la quelle on peut lire : « Traversée de Nettles, sonnez pour obtenir de l’aide ». C’est poussé par je ne sais quelle compulsion que je donne un coup sur la cloche, faisant résonner un glas funeste.

Nous sommes tous dans l’expectative d’un événement morbide alors que retentit le lugubre tintement, et nous ne sommes pas déçus quand une chose commence à sortir de l’eau. C’est de toute évidence un mort-vivant. Il ressemble à un cadavre qui a passé des semaines dans l’eau, avec toutefois une horrible brulure sur le torse. Il commence à avancer vers nous d’un pas lent et malhabile, mais il le fait en marchant sur l’eau.

- Vous n’êtes pas mes tourmenteurs !

Nous étions en train de reculer prudemment quand retentit sa voix caverneuse. Comme il a l’air moins hostile que la moyenne des zombies, nous pouvons avoir une conversation avec lui, bien que la situation soit pour le moins inhabituelle.

- Je suis … J’étais Davik Nettles ... Le Seigneur-Cerf … il est venu avec ses hommes pour me faire payer sa protection … J’ai dit non … Alors il a mis le feu à ma maison … Et à mon pont ... Et ils m’ont criblé de flèches … Vengez-moi … Vengez-moi et amenez moi son corps … Vengez moi où mourrez à sa place … Vengez-moi …

- VENGEZ-MOI !!


Ce n’est pas vraiment la peur qui nous fait acquiescer à la demande du mort-vivant, mais plutôt le fait que sa vengeance soit justifiée. Plus j’en apprends sur ce Seigneur-Cerf et plus j’ai envie de l’empêcher de nuire. Avant qu’il ne replonge dans l’eau je prends la lettre qui lui était destinée et je lui lance la pièce d’or qui était à l’intérieure. Vous m’avez appris qu’il vaut toujours mieux solder ses comptes quand on a affaire à un spectre vengeur.

Avant de partir Requiem jette un coup d’oeil aux ruines de la maison et trouve, sous une dalle à l’intérieur un petit coffre que les flammes ont épargnées. Nous avons tôt fait de l’ouvrir et nous trouvons à l’intérieur un petit livre noir renfermant le nom des personnes qui traversaient le pont, ainsi que la fréquence de leur passages. Nous décidons de l’emporter avec nous, après tout il ne lui servira plus et Constance Devine en avait fait la demande. A ce propos M. Nettles nous a dit que c’est une marchande de Rostov qui vend des fournitures dans toute la Ceinture Verte.


Alors que nous sommes sur le point de repartir, quelqu’un sort à nouveau de la rivière. Cette fois ce n’est pas un zombie mais Nakpik, le kobold que nous avions laissé le matin même. Il semble à bout de souffle et c’est un haletant qu’il nous raconte son histoire. Peu après notre départ des hommes qui nous cherchaient sont arrivés à la caverne. Ils étaient une dizaine d’hommes, très agressifs et menés par un cavalier qui portait un heaume avec des bois de cerf. Le chef Ecailles-de-Suie a essayé de les mettre sur une fausse piste, mais ils ont des chiens et ne seront pas leurrés longtemps. Nakpik a pris un raccourci pour nous prévenir, ils seront bientôt là.

Il a à peine fini de parler que nous voyons de la poussière s’élever au dessus d’une colline proche. Des hommes ne tardent pas à s’en extraire. Il y a effectivement une dizaine d’hommes, mais heureusement un seul est à cheval. Si on en croit les avis de recherche, nous avons effectivement affaire au Seigneur-Cerf. Ils sont encore à bonne distance, mais son heaume est bien reconnaissable. Par contre ce ne sont pas des chiens qu’ils ont avec eux, mais des thylacines, un genre de grand marsupial carnivore très agressif.

Nous ne sommes pas en position de force. Ils sont deux fois plus nombreux que nous et la plupart d’entre nous sont toujours blessés du combat contre Tartuk. Bien que je déteste m’avouer vaincu avant même de m’être battu, la décision la plus sage réside dans la fuite. Ils sont encore à bonne distance et par chance les thylacines, au contraire des chiens, sont de piètres pisteurs. Nous avons de bonnes chances de leur échapper.

Commence alors une partie de cache-cache à travers les Kamelois qui va durer près de deux jours. Nous prenons de l’avance au début car ils sont en route depuis des jours, mais notre charrette nous retarde et il hors de question de l’abandonner, elle contient tout le butin que nous avons pu reprendre à Crécelle et la tête de Tuskgutter. Elle va bientôt aussi nous être indispensable pour transporter Mercedes qui a pris dans la jambe une flèche du Seigneur-Cerf. Il n’ose pas venir seul mais profite de l’avantage d’être le seul cavalier pour décocher une volée de flèches avant de repartir en sécurité parmi ses hommes.

Nous réussissons par chance à nous réfugier dans une forêt juste assez dense pour lui enlever l’avantage de sa monture, mais la charrette devient une énorme gêne. Florbella réussi à masquer nos traces les plus grossières, ce qui a pour effet de semer les hommes. Mais pas les thylacines qui, même si leur odorat n’est pas fameux, ont sentit l’odeur du sang. Il faut se débarrasser de ces bêtes avant qu’ils ne mènent les brigands jusqu’à nous. Je reste donc en arrière avec Requiem pour éliminer les thylacines pendant que le reste du groupe s’éloigne.

Nous ne tardons pas à entendre les jappements de la meute qui arrive. Les pauvres bêtes n’ont pas la moindre chance quand elles arrivent dans notre piège. Requiem avait placé sur notre piste une poudre à base d’opiacés hallucinogènes dont je ne veux pas connaitre la provenance. Aussitôt que la poudre pénètre dans leur nez délicat elle rend les chiens comme fous. Ils sont pris d’hystérie et commencent à s’attaquer entre eux, s’infligeant mutuellement de terribles blessures et je n’ai plus qu’à achever les survivants. Une fois cette macabre besogne terminée nous pressons le pas pour rejoindre le groupe au point de rendez-vous.

La forêt n’est cependant pas très grande et nous en sortons bien trop vite à mon gout. Surtout que nous arrivons bientôt en vue d’un méandre de la rivière Shrike qui nous bloque le passage. Nous pouvons heureusement compter sur Florbella qui réussi à trouver un gué qui nous permet de traverser rapidement. Je pense que c’est à ce moment qu’on les a définitivement distancés. Nous continuons pourtant à marche forcée vers le comptoir d’Oleg, parcourant en deux jours un trajet qui nous en avait pris cinq à l’aller. C’est au bord de l’épuisement que nous franchissons ses remparts accueillants.


A peine les remparts passés nous pouvons nous écrouler de fatigue. Svetlana et Oleg accourent aussitôt pour nous soutenir, vite rejoins par les autres habitants du comptoir. Elle va rapidement nous préparer quelque chose à manger pendant que nous allons changer nos vêtements en lambeaux. Après une petite heure nous sommes tous réunis autour de la table extérieure, à partager un bon repas pendant que nous racontons nos aventures.

Oleg est très reconnaissant que nous lui ayons ramené les peaux que Crécelle et ses hommes lui avaient volés. Avec le nouveau flux de voyageurs attirés par l’annonce de colonisation de la Ceinture Verte les affaires marchent plutôt bien et il va pouvoir s’agrandir. Milles est aussi très content de revoir son équipement, et je lui promets de lui apprendre à se servir de son épée avant de repartir. Mais la plus heureuse est certainement Svetlana. Quand nous lui rendons sa bague elle éclate en sanglots de joie et nous fait à tous de chaleureuses accolades. Son bonheur retrouvé valait bien tous les efforts que nous avons fournis.



« Et sinon vous n’avez pas trouvé les boucles d’oreille qu’il y avait avec ? »


Pendant que nous discutons j’aperçois une personne que je ne connais pas assise au bout de la table. C’est une belle femme habillée à la manière des bretteurs Aldori qui écoutait attentivement notre conversation. Elle se présente comme étant la fameuse Constance Devine dont nous entendons parler depuis que nous sommes arrivés ici, et est l’envoyée plénipotentiaire des Seigneurs-Epéistes du Brevoy. C’est à elle que nous devons faire notre rapport de mission.

A la fin du repas Oleg sort quelques bonnes bouteilles et tout le monde y va de sa petite histoire. Le capitaine Garess nous dit qu’une des raisons qui l’a fait accepter cette affectation est sa traque d’un homme qui est sensé se terrer dans la région. A l’époque ou Kesten escortait des caravanes marchandes il a fait équipe avec un guerrier nommé Falgrim Sneeg. Malheureusement au cours d’un bivouac il a drogué les hommes du convoi et s’est enfui avec l’argent des marchands et la paie des gardes. Depuis Kesten le recherche pour le ramener vivant devant la justice du Brevoy afin qu’il soit jugé pour ses crimes. La description qu’il nous en fait correspond à un des hommes qui était avec le Seigneur-Cerf, apparemment les informations de Kesten sont correctes.

Oleg lui nous parle d’une licorne que des trappeurs voyaient parfois au sud du bois de Narl, mais qui n’a plus fait d’apparition depuis des mois. Depuis que le Seigneur-Cerf s’est installé dans la région approximativement. De l’avis général elle a du fuir la présence néfaste des bandits qui hantent la même région qu’elle.

C’est avec soulagement que nous allons nous coucher pour un repos bien mérité dans de vrais lits. Nous restons quelques jours au comptoir d’Oleg, le temps que tout le monde soit remis de notre longue cavalcade. Comme il y a maintenant une correspondance régulière avec Rostov nous pouvons passer commande de divers matériels pour nos expéditions futures. M. Kane en profite pour passer commande de rituels magiques qui pourront nous aider par la suite. Il nous dit aussi qu’il va rester ici quelques temps, il lui faut plus de repos que nous pour récupérer de notre marche forcée vu son âge, ce que tout le monde comprend. Nous décidons de repartir le lendemain matin pour les collines de l’est.


C’est un effectif restreint qui se met en route le lendemain à l’aube. Cette fois nous sommes tous à cheval puisque l’objectif est de finir l’exploration des collines des Kamelois. Outre nous faire gagner du temps, la raison est que si nous rencontrons à nouveau le Seigneur-Cerf et ses hommes alors que nous sommes en position désavantageuse nous pourrons les semer plus facilement. Nous sommes passés trop près d’un désastre la dernière fois pour que je prenne le moindre risque.

Nous chevauchons une demi-journée plein est avant d’apercevoir une cabane de bois au loin. En nous approchant nous voyons un grand jardin qui l’entoure. Et dans le jardin un vieil homme en train de bêcher. Quand il nous entend arriver il se retourne et nous accueil chez lui. Je reconnais en lui Bokken l’ermite dont nous avais parlé Svetlana. Dire qu’il est exubérant est un euphémisme. Il s’agite dans tous les sens, commence des explications qu’il ne finit pas, reprend des phrases après que tout le monde soit passé à autre chose et parle la plupart du temps dans sa barbe. En réalité il ressemble beaucoup à oncle Franz.

Ce que je peux extrapoler de ses élucubrations sans queue ni tête c’est qu’il vit en ermite ici depuis que son frère cadet, qui était très méchant, est parti s’installer dans un arbre creux au sud de la Ceinture Verte, après lui avoir tout de même coupé un doigt avec ses dents. Très méchant assurément. Il nous dit aussi que si on trouve des baies crochues, une plante très rare qui pousse au sud, il pourrait nous faire des potions. En plus d’être ermite il est aussi un peu alchimiste. Je lui dis que si on en trouve on lui en ramènera un panier, et que si on voit son frère on lui donnera une bonne leçon de savoir vivre.


Les jours suivants sont une chevauchée sans histoire dans les grandes plaines qui marquent la frontière est du territoire que nous avons à explorer. Après trois jours nous commençons à voir les collines des Kamelois et nous reprenons notre cartographie de la zone. Alors que nous passons par une zone de hautes crêtes le regard de Requiem est attiré par un arbre isolé dont la forme est vaguement familière. Il ressemble beaucoup au dessin que nous avons trouvé sur le cadavre de bandit dans la tanière de l’araignée.

Nous approchons et nous voyons que la terre au pied de l’arbre à été retournée récemment. Quelques vigoureux coups de pelle plus tard nous déterrons une vieille cape en cuir contenant visiblement plusieurs objets. Il y a là des armes et un grimoire malheureusement abimé par l’humidité. L’explication est que la cape est percée de plusieurs impacts de flèche, tous depuis l’extérieur. Apparemment le brigand à du assassiner un voyageur pour le voler, avant d’enterrer son butin. L’araignée géante a plus tard servi de bras de la justice pour l’occasion.


Je finis cette lettre ici, devant l’arbre mort qui sert de tombe à ce voyageur inconnu. Je ne sais pas encore où nous allons aller demain. Notre mission nous amène au sud, mais je ne suis pas sur qu’il soit vraiment raisonnable d’affronter le Seigneur-Cerf chez lui alors que nous ne sommes pas au complet. D’un autre coté si les Seigneurs-Epéistes nous paient ce prix c’est pour qu’on prenne des risques.

J’ai confié ma part des récompenses à Constance Devine qui rentrait sur Rostov en lui demandant de vous l’apporter. Ça devrait vous permettre de trouver une meilleure demeure en attendant mon retour que j’espère prochain. Vous me manquez.


Votre fils

Gregor Delecti



Fin de la sixième séance. Dites si vous en avez marre, il en reste encore une vintaine.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Dalvyn  
#10 Envoyé le : mercredi 29 février 2012 19:20:00(UTC)
Dalvyn
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Beaucoup de gens lisent sans rien poster (malheureusement ou heureusement).

J'ai légèrement modifié le titre pour préciser de quoi il s'agit !
Offline Ionisa  
#11 Envoyé le : mercredi 29 février 2012 19:40:03(UTC)
Ionisa
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Ouiii continuer à poster j'aime bien les lires.
thanks 1 utilisateur a remercié Ionisa pour l'utilité de ce message.
Offline Loon  
#12 Envoyé le : jeudi 1 mars 2012 19:35:58(UTC)
Loon
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Localisation : Suisse
Contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là, chez nous le Seigneur Cerf n'est pas resté innactif. Je ne les ai pas tous raccontés, mais il nous a pourri la vie pendant tout le module, à nous tendre des ambuscades, pièger les endroits ou on passait, empoisonner nos montures et autres joyeusetés. Bref, c'était la guerre totale dans la Ceinture Verte.

Dans un autre registe, le combat avec la licorne piègée a été le plus difficile de toute la campagne pour nous. Les nuées quand on a personne qui fait de dégats de zone, c'est la méga galère. Et puis une licorne explosive, je dois admetre qu'on l'avait pas vu venir.


Chère Mère,


Je me suis trompé quand j’ai dit que les bandits de Seigneur-Cerf sont le plus grand danger de la Ceinture Verte. Hier nous avons pénétré au plus profond de la Forêt de Narl et nous y avons découvert un pouvoir bien plus sinistre que des brigands. Ce à quoi nous avons été confrontés est la part d’ombre de la nature, celle qui restera à jamais une menace, quoique l’humanité puisse faire pour la combattre.

Pourtant rien ne laissait présager de la tournure tragique des événements au début de notre voyage vers l’ouest.


Même si elle est difficile à prendre, la seule décision qui est possible est celle de se diriger vers le sud pour finir d’explorer la zone qui nous a été attribuée par les Seigneurs-Epéistes de Rostov. Nous décidons de suivre à nouveau la rivière Shrike, mais cette fois dans le sens du courant. S’il y a un lac il devrait logiquement se trouver là où coule la rivière.

Nous chevauchons tranquillement le long de la rivière pendant quelques jours. Si elle est bien assez large pour être navigable, de fréquentes cascades rendraient cependant le passage de bateaux très compliqué. Nous arrivons après quelques temps à l’endroit où les rivières Epine et Shrike se rejoignent pour n’en former plus qu’une. Plus précisément l’Epine perd de sa vitesse pour se transformer en delta qui se déverse tranquillement dans la Shrike.

Nous profitons du faible courant et de la profondeur peu élevée à cet endroit pour traverser l’Epine et poursuivre vers l’ouest. Nous voyons les rivières maintenant réunies continuer leur chemin plein sud, probablement pour se jeter dans le lac Tuskwater. Nous savons que le fort du Seigneur-Cerf se trouve sur ses berges, nous allons finir notre exploration de la Ceinture Verte avant de nous y rendre, si nous ne devions pas revenir au moins notre mission serait-elle menée à bien.


Le voyage dans les collines se passe sans problème, même si nous sommes tous un peu nerveux d’être si près du fort des brigands. Nous essayons de toujours cheminer sur la ligne des crêtes pour repérer plus facilement d’éventuels adversaires, nous sommes plus visibles aussi, mais nos chevaux nous donnent l’avantage de la vitesse. Nous ne faisons heureusement pas de mauvaise rencontre, et notre position surélevée nous permet de remarquer un bosquet particulier.

C’est un gigantesque buisson d’épines et de ronces, mais ce qui a attiré notre regard se trouve en son centre. Les baies écarlates qu’on peut apercevoir au milieu des épines ont la forme en pointe bien particulière des baies crochues. On remarque aussi que le buisson fourmille littéralement sous le nombre d’araignées grosses comme le pouce qui ont tissé leurs toiles ici. J’espère que leur piqure n’est pas venimeuse.

Dans le cadre de l’initiation au statut de guerrière dans sa tribu Florbella a combattu un ours à mains nues, ce n’est pas des ronces où des araignées minuscules qui vont l’impressionner. C’est donc d’un pas déterminé bien que circonspect qu’elle se faufile entre les branches acérées.

C’est d’un pas tout aussi déterminé qu’elle en ressort, mais beaucoup moins précautionneux. On pourrait même parler d’une course effrénée pour sa vie. Il faut dire qu’elle n’a plus rien à voir avec la fière barbare qui est entrée dans le buisson deux minutes plus tôt. Elle est couverte d’araignées qui grouillent sur chaque pouce de son corps, enfin là où une épine acérée n’est pas déjà plantée. Elle ne peut même pas se rouler par terre pour écraser les arachnides de peur que les épines ne s’enfoncent plus profondément.

Je passe les deux heures suivantes à enlever une à une toutes les épines plantées dans diverses parties de son anatomie, après avoir chassées toutes les araignées. Pour son crédit il faut tout de même noter qu’elle a réussi à ramener une poignée de baies crochues avec elle. Ce seront les seules que nous aurons, personne n’ayant vraiment envie de retourner en chercher.



« Cette mésaventure à conduit plus tard à une bien étrange coutume dans sa tribu. »


C’est par un soleil radieux que nous repartons le lendemain matin. Nous sommes heureusement à cheval car je ne suis pas certain que Florbella aurait pu marcher une journée entière avec ses blessures. Nous arrivons bientôt sous les premières frondaisons du bois de Narl, où nous trouvons une ancienne route abandonnée depuis longtemps à la végétation. Je me demande qui étaient les gens qui l’on construite, et surtout pour quelle raison ils l’ont abandonnée.

Nous pouvons avancer d’un bon pas en restant à cheval grâce à cette chaussée providentielle, mais nous restons sur nos gardes. Nous avons clairement vu qu’il y a du passage sur la route et ce pourraient bien être les bandits. Quand Rivotril entend un aboiement plaintif venant de sous les arbres nous mettons pied à terre et sortons nos armes.

Les gémissements proviennent d’une fosse creusée dans le sol à une dizaine de mètres de la route. N’écoutant que sa curiosité Rivotril se précipite pour voir quelle créature est prisonnière dans l’obscurité. Et ce qui devait arriver arriva. En arrivant au bord de la fosse le sol instable se dérobe sous ses pieds et c’est miraculeusement qu’il parvient à s’accrocher à la paroi. Un coup d’oeil vers la créature lui permet de reconnaitre un thylacine d’une maigreur cadavérique qui doit moisir ici depuis des jours. Il reste au marsupial juste assez d’énergie pour un dernier bond qui lui permet de s’accrocher à la jambe de Rivotril. C’est au moment où je prends une corde pour aller l’aider que les brigands se découvrent.



« C’était un message à caractère informatif de l’Amiral Ackbar, notre expert en piège. »


Ils sont cinq, tous vêtus d’armures de cuir usées du même genre que celles que portaient les bandits qui étaient avec Crécelle. Je n’ai jamais vu les deux archers, mais je reconnais tout de suite les deux autres. Ce sont les frères Megesen et Dirty Job Ayeles, deux malfaiteurs endurcis recherchés dans tout le Chéliax pour une série de crimes qui vont de l’esclavagisme à la torture.

Quand à leur chef, c’est vraisemblablement un humain, même si il doit aussi avoir du sang d’ogre dans les veines. Il est gigantesque mais la vacuité de son regard montre que son poste de commandant est plus du à sa force qu’à son sens de la stratégie. Nous reconnaissons tout de suite sa stature physique gigantesque, il faisait parti des hommes qui étaient au coté du Seigneur-Cerf quand nous avons été pourchassés la semaine passée.

Devant l’air ahuri du microcéphale Mercedes tente un coup de poker. Elle sort l’amulette en argent qu’on a trouvé sur les lieutenants du Seigneur-Cerf et prononce le mot de passe que nous avaient indiqué les hommes de Crécelle. Il semble pétrifié par la réflexion alors que son cerveau minuscule tente de traiter la masse d’information contradictoire qui l’a percuté de plein fouet. Ses hommes, qui n’ont pas l’air d’avoir l’habitude de faire la moindre action sans un ordre direct, sont eux aussi figés dans l’expectative.

Je profite de la diversion pour me précipiter à l’aide de Rivotril qui est sur le point de lâcher prise au bord du gouffre. Je le trouve beaucoup plus lourd que je pensais quand je le hisse en dehors du trou, quand je m’aperçois que le thylacine est toujours accroché à sa jambe. Il ne demande pas son reste et s’enfuit dans la forêt après avoir lancé vers Rivotril un regard plein de reconnaissance. Un hurlement de rage du coté de la route me prévient qu’Auchs (c’est le nom du géant, comme nous l’apprendrons plus tard) a retrouvé ses esprits. Notre ruse est éventée.

Je cours jusqu’à la route pour secourir les filles que j’avais laissées seules, mais elles ont l’air d’assez bien s’en sortir. Mercedes à éliminé le premier archer d’un coup de lamétoile et je cloue le second contre un arbre avec mon épieu. Un peu plus loin Dirty Job, qui est en train de luter avec Florbella, commence à s’apercevoir que ça va être moins facile qu’avec les filles qu’il agresse d’habitude. J’ai le temps d’intercepter Auchs avant qu’il n’ait décidé qui il allait cogner et je vois du coin de l’oeil Rivotril défier à la manière Aldori un Megesen qui ignorait jusqu’alors la signification d’un duel.

A partir de là les choses vont assez vite. Dirty Job est plutôt habitué à frapper des femmes attachées dans une chambre sordide, alors une confrontation avec une barbare énervée tourne rapidement à son désavantage. Il se retrouve avec une hache plantée dans le crane avant d’avoir compris comment il en était arrivé là.

Son grand frère se trouve lui aussi dans une position inhabituelle. Megesen sait très ben se battre quand quelques complices lui prêtent main forte, mais il ne brille pas particulièrement en solitaire. Surtout si c’est face à face. La première passe de Rivotril le laisse complètement découvert, la seconde le laisse complètement décédé.

Quand à moi je ne suis pas autant à la fête que mes compagnons. Si le style d’Auchs n’est pas des plus subtils, il compense son manque de technique par une force hors du commun. J’ai pu parer la plupart de ses attaques mais mon bouclier est réduit en charpie par la violence de ses coups. Je suis dès lors rassuré de voir de l’aide arriver rapidement. Pas assez rapidement cependant.

J’ai perdu ma concentration une fraction de seconde en voyant les secours et j’encaisse un coup de masse qui m’aurait brisé l’échine sans la robustesse de l’acier chéliaxien qui compose mon armure. Je suis projeté au loin par l’impact et nul doute qu’Auchs m’aurait achevé s’il n’avait été si stupide. Il perd de précieux instants à hurler sa joie et prend simultanément un furieux coup de hache de Florbella et une feinte précise de Rivotril. Il reste un long moment à regarder le sang s’échapper à gros bouillon de ses deux blessures. Elles sont toutes deux mortelles mais il faut une éternité à l’information pour parvenir à son cerveau minuscule. Il finit toutefois par s’effondrer sur le sol, sans même comprendre qu’il était mort.

Nous reprenons notre souffle avant de regarder plus attentivement l’endroit de l’embuscade. En remontant les traces des brigands nous arrivons rapidement à un petit campement dans une clairière à l’écart de la route. Apparemment ils campaient ici depuis plusieurs jours et le thylacine dans la fosse servait d’appât pour que les voyageurs s’arrêtent à cet endroit. La seule question qui reste en suspend est de savoir si ils attendaient n’importe quel promeneur, ou s’ils étaient là spécifiquement pour nous.

Puisqu’ils avaient pris la peine de creuser une fosse, nous en profitons pour y enterrer leurs cadavres. Au cours de cette opération nous découvrons sur le corps d’Auchs une amulette en argent comme toutes celles que nous avons déjà. C’est la quatrième que nous obtenons, avec un peu de chance le Seigneur-Cerf va être à court de lieutenant bientôt.

Nous avançons lentement en quittant le campement des brigands pour laisser à Florbella le temps d’effacer nos traces. Le plus tard le Seigneur-Cerf s’apercevra de la disparition de ses hommes, le plus loin nous pourrons aller avant qu’on nous pourchasse. En fin de soirée nous sommes inondés par le premier orage de l’été. Les trombes d’eaux nous tombent dessus pendant des heures, rendant notre nuit particulièrement misérable. Le seul point positif est que toutes nos traces ont définitivement disparu.


Plus nous progressons vers l’ouest et plus la route est abimée, jusqu’à ne plus être qu’une piste uniquement utilisée par les animaux. Je ne sais pas où elle pouvait mener à l’origine, mais cet endroit n’existe plus de nos jours. C’est après une nouvelle journée de marche que nous arrivons devant une rivière, la Skunk comme son odeur sulfureuse le laisse deviner. Nous suivons ses méandres en direction du nord jusqu’à ce que nous trouvions un gué pour la traverser. Nous en trouverons un l’après-midi suivant.

A cet endroit la rivière est particulièrement large, mais des bancs de sable affleurant nous indiquent qu’elle n’est pas profonde. Le courant est de plus ralenti par un barrage construit par une colonie de castors une dizaine de mètres en amont. Nous sommes en train de traverser quand Rivotril a l’oeil attiré par un éclat métallique dans l’amas de branchage qui compose le barrage. C’est une armure contenant encore le squelette de son propriétaire qui se reflète au soleil devant lui. C’est à ce moment-là qu’on se rend compte que si c’est bien un nid, il n’est pas occupé par une colonie de castors.



« Pas de panique, c’est juste un tronc d’arbre à la dérive. »


L’attaque du monstre est fulgurante. Rivotril n’a même pas le temps de sortir son arme qu’il est déjà enserré dans les anneaux de la bête. C’est le moment que choisi le second tatzlwyrm pour lancer un deuxième assaut. Je réussi miraculeusement à parer son attaque quand un troisième monstre se précipite sur nous, beaucoup plus petit que les autres. Apparemment les tatzlwyrms chassent en famille. Au moment où on pense qu’on a touché le fond, les deux plus gros nous soufflent leur gaz empoisonné au visage.

Mon heaume fermé me protège de la majeure partie du poison, mais les autres suffoquent alors que les deux adultes se préparent pour le coup de grâce. Je dois empêcher ça, et la diversion est toute trouvée. Je charge le jeune qui s’était prudemment replié et je le coupe en deux d’un seul coup d’épée. L’effet sur les parents est à la mesure de mes espérances. Ils oublient totalement le reste du groupe pour se tourner vers moi. Cet instant d’hésitation suffit à Florbella qui avait repris son souffle, et d’un coup de hache magistral décapite le mâle. Il n’est jamais prudent de tourner le dos à une barbare pendant un combat. Ces créatures ont certainement une forme primitive d’intelligence, car la femelle décide que c’en est assez pour elle et replonge promptement dans les eaux de la Skunk.

Rivotril et Mercedes passent les cinq minutes suivantes à tousser à cause du gaz, mais une fois qu’ils vont mieux nous pouvons jeter un coup d’oeil au nid des reptiles. Assez étonnement ils ont le même genre de compulsion pour les trésors que les dragons dont ils sont les parents dégénérés. Le nid est tapissé de diverses babioles brillantes, ainsi que de quelques corps dont les os ont étés rongés jusqu’à être polis. Sur l’un d’eux nous faisons une bien macabre découverte.

Dans un tube à scroll qu’il porte toujours sur lui nous trouvons une carte incomplète de la région et une lettre tracée avec l’écriture malhabile d’un enfant. Elle souhaite bonne chance à son oncle préféré pour ses aventures dans la Ceinture Verte. Elle est signée « Ton neveux Milles qui t’aime ». Nous avons retrouvé Timitus Bandy et Milles avait malheureusement raison, il a bien été tué par les tatzlwyrms.



« De toute façon il n’aurait jamais retrouvé le comptoir avec sa carte. »


C’est une maigre consolation mais nous avons vengé son oncle. Nous prenons le tube à scroll avec nous pour le remettre à Milles à notre retour au fort. Nous passons aussi la fin de la journée à dépecer l’adulte que nous avons abattu, il est certainement possible de tailler une armure dans sa peau épaisse. Assez bizarrement Rivotril met la viande pourtant peu appétissante de l’ophidien dans un sac. Interrogé sur le sujet il nous avoue que le thylacine qu’il a libéré de la fosse nous suit depuis quelques jours. On dirait qu’il a trouvé un nouveau compagnon de jeu.


C’est plein d’entrain que nous repartons vers l’ouest pour ce qui devrait être la dernière partie de notre voyage. Nous allons vite déchanter. Nous avançons toujours plus profondément dans le bois de Narl, vers ce qui doit être l’endroit le plus ancien de la forêt. Autour de nous la nature devient de plus en plus hostile à notre passage, les arbres semblant se resserrer pour entraver notre progression. Les chevaux eux-mêmes deviennent très nerveux, et nous décidons de les laisser derrière nous. C’est à la fin de la journée que nous trouvons la clairière.

Elle n’est pas très grande, à peine une dizaine de mètres de diamètre, mais c’est la première que nous voyons depuis le début de la journée. On pourrait penser que sa découverte nous soulage d’avoir trouvé un endroit dégagé pour se reposer, mais il n’en est rien tant l’endroit exsude un sentiment de malaise. Il est difficile de savoir ce qui est le plus dérangeant ici. Les fougères d’ombrenuit sensées apporter le mauvais oeil à qui les touche après la tombée du jour, l’étang stagnant grouillant d’insectes nécrophage, ou tout simplement le corps de la licorne qui git au centre de la clairière.

J’ai tout d’abord cru que c’était un simple cheval qui serait venu mourir ici je ne sais comment, mais la plaie béante au milieu du front, là où la corne a été arrachée, ne laisse pas le moindre doute. Elle n’a aucune autre blessure, et la corne a visiblement été prélevée après sa mort. Elle a été tuée par une magie tellement puissante que même moi peut la sentir. Si seulement M. Kane était là, il pourrait nous dire ce que c’était.

Ses yeux morts sont encore ouverts, ce qui me permet de remarquer qu’ils sont d’un blanc laiteux. Elle était aveugle. Après quelques temps je finis par comprendre ce qui me semble bizarre sur ce corps, il est parfaitement intact. Il n’a même pas commencé à pourrir alors qu’il a l’air d’être ici depuis un certain temps. Aucun des insectes qui abondent pourtant ici n’a touché au cadavre, c’est comme si ils n’avaient pas osé s’en approcher.

On ne peut pourtant pas laisser cet animal magnifique ici, dans cet endroit marqué par la décrépitude. Nous décidons de le transporter jusqu’à un endroit plus propice dans les bois, un endroit qui ne porterait pas l’emprunte du mal. Notre erreur à été de penser que la clairière était maléfique, alors que tout venait de la licorne.



« J’admets que le tchador aurait du éveiller nos soupçons. »


A l’instant où nous touchons le corps, celui-ci commence à se boursoufler, à enfler jusqu’à prendre des proportions grotesques, puis à exploser dans un magma de ténèbres fuligineuses. Là où était la licorne se trouve maintenant un puits de noirceur, donnant sur un autre plan de réalité, un plan où règnent les ténèbres perpétuelles.

De ces ténèbres s’extirpe une ombre qui a l’air plus tangible que l’obscurité qui nous a soudainement entourés. C’est une nuée composée de centaines de... en réalité je ne sais pas de quoi elle est composée, juste que ces créatures sont hostiles et qu’il faut sortir d’ici. Luttant contre les choses qui essaient de me retenir je parviens à sortir de l’obscurité qui entoure le puits de ténèbres. Juste à temps pour recevoir une flèche qui se plante dans mon bouclier.

Ils sont une demi-douzaine à nous attendre, la lance à la main, dans un silence glacial. Je les prends au départ pour des elfes, mais un second coup d’oeil me détrompe aussitôt. S’ils leur ressemblent physiquement, on ne peut rien lire dans leurs yeux éteints que de la haine. Je suppose qu’ils sont eux aussi sortis du plan de l’ombre, ce qu’ils confirment en disant d’une seule voix : « vous n’allez pas interférer avec les plans de La Maîtresse ». La seconde d’après ils chargent.

J’évite le premier coup d’estoc et je repousse le plus proche avec mon bouclier pour avoir une ligne de charge sur l’archer. Je réussi à l’abattre avant qu’il n’ait eu le temps de trouver une nouvelle cible, mais les choses vont beaucoup plus mal pour les autres. Rivotril a éliminé deux des piquiers, mais un troisième l’a embroché d’un coup de lance et il se vide de son sang à l’orée de la clairière. Mercedes est elle aussi inconsciente, ayant pris un mauvais coup au flanc par l’adversaire qui git au sol devant elle. Je ne vois pas Florbella, qui est toujours aux prises avec la nuée de créatures dans le puits de ténèbres.

Le dernier des lanciers a réussi à ressortir son arme du corps de Rivotril, et je me précipite sur lui avant qu’il ne puisse l’achever. C’est un bon combattant et il m’a vu arriver, il se met aussitôt en garde. Le combat est sauvage car nous sommes de force égale. Je prends néanmoins le dessus grâce au bon acier mon armure qui arrête la plupart de ses coups. Je ne sais pas combien de temps l’affrontement a duré, mais je suis le dernier debout à la fin.

Je suis en train d’arrêter l’hémorragie de Rivotril quand je m’aperçois que la masse de ténèbres est en train de faiblir, avant de disparaitre complètement. A sa place se tient Florbella. Elle est couverte de morsures et de griffures que lui ont infligées les créatures qui composaient la nuée. Elle a tout de même réussi à toutes les exterminer, il faut dire qu’elle a pris l’habitude d’écraser toutes ces choses grouillantes depuis l’histoire du buisson.


Nous avons réussi à avoir tous les guerriers d’ombremort, mais nous ne sommes plus que deux, blessés et au coeur du bois de Narl avec deux camarades encore inconscients. Nous allons essayer de rejoindre le Temple de l’Elan pour demander l’assistance de Jhod. Il nous faut un endroit sur pour récupérer. J’espère vous revoir bientôt.


Votre fils

Gregor Delecti


Fin de la septième séance, la suite demain.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#13 Envoyé le : vendredi 2 mars 2012 15:34:14(UTC)
Loon
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Une séance courte, on n'était que trois joueurs présents. On a surtout passé du temps à discuter d'un plan d'action et à acheter du matos pour le réaliser.


Chère Mère,


Il commence à y avoir trop de choses en jeu pour que nous retardions encore une fois notre assaut contre les forces du Seigneur-Cerf. Entre les nouveaux colons et les marchands qui commencent à parcourir ces terres, les bandits mettent trop de monde en danger. Notre périple depuis l’extrême-sud jusqu’au comptoir nous a montré à quel point les gens comptaient sur nous.


Il nous faut quelques jours de marche difficile dans la forêt pour parvenir au premier endroit amical, la statue consacrée à Erastil. C’est dans son ombre que nous passons notre première bonne nuit depuis l’histoire de la licorne et c’est d’un pas léger que nous repartons pour rejoindre le temple de l’Elan.

Jhod nous accueil chaleureusement chez lui, et nous nous installons pendant qu’il va chasser quelque chose à manger. J’en profite pour discuter avec Sylabine, mais la minuscule sylphe n’a jamais entendu parler d’une Maîtresse de la nature dans le bois de Narl. Elle admet tout de même que certaines forces restent très puissantes au fond de ces bois. Des forces que notre colonisation dérange fini-t-elle par nous dire avant de s’en aller.

Le retour de Jhod avec un mouton nous met tous en appétit, et c’est dans une ambiance détendue que nous mangeons à la veillée. C’est lui qui le premier nous parle des colons qui ont commencé à s’établir dans la Ceinture Verte. Il nous dit aussi que Svetlana attend un enfant, une fille selon les signes qu’Erastil lui a envoyé. C’est une excellente nouvelle et nous buvons tous à l’enfant à venir.

Il a tout de même des nouvelles plus sombres. Selon lui une meute de loups particulièrement dangereuse s’est installée dans les collines au sud. Il explique que son agressivité est due au chef de la meute, un worg gigantesque appelé Hurlement-du-Vent-du-Nord. Ils restent cantonnés dans leur territoire de chasse pour le moment, mais il faudra faire quelque chose si des pionniers comptent s’installer dans la région.

Une bonne nuit de repos sous le regard bienveillant d’Erastil plus tard et nous repartons pour le comptoir d’Oleg. Au moment du départ Sylabine à fini par confier à Florbella que ceux que nous dérangeons est une bande de troll qui vit dans la forêt. J’espère que M. Kane aura récupéré avant qu’on les rencontre.


Les trois jours qu’il nous faut pour rejoindre le comptoir se passent sans problème. Nous voyons notre première ferme quelques temps avant d’arriver à destination. Nous discutons un moment avec les fermiers, une famille du Brevoy qui est venue s’installer après avoir appris que la région devenait civilisée. Ils sont seulement une avant-garde, d’autres sont prêts à les rejoindre si tout se passe bien pour eux ici.

Notre entrée au comptoir passe presque inaperçue tant le monde se presse à l’intérieur, que ce soit des trappeurs, des voyageurs de passage ou des fermiers venus acheter des marchandises. Nous bavardons un moment avec Oleg qui est occupé à agrandir le comptoir, le marteau à la main. Il a l’air ravi de celui qui a reçu une bonne nouvelle inattendue et nous le félicitons, ainsi que Svetlana qui vient d’arriver dans la cour, pour l’heureux événement. Nous lui achetons quelques fourrures et des tonnelets de vin et de bière pour compléter notre déguisement.



« - Non Rivotril, un déguisement en brigand ! »


Pendant le repas que nous partageons un peu plus tard, nous avons l’occasion de revoir M. Kane qui se remettait doucement au comptoir. Le vieil homme est toujours bien diminué par tous les efforts qu’il a du fournir. Il souffre d’un lumbago qui l’oblige à garder le lit, et Mercedes aurait même vu un fauteuil roulant au pied de son lit. S’il peut heureusement compter sur les bons soins de Svetlana qui s’occupe bien de lui, il est par contre hors de question qu’il nous accompagne pour notre assaut contre le Seigneur-Cerf.

Nous sommes rejoints pour le café par Kesten Garess, qui vient de superviser la réparation des catapultes. Il a des nouvelles officielles du Brevoy, qu’il tient de Constance Devine. Selon elle les Seigneurs-Epéiste sont très satisfaits de l’avancement des explorations. Nous sommes convoqués à Rostov une fois que le problème du Seigneur-Cerf sera réglé. Nous devrions y rencontrer un certain Maegar Varn, qui est le chef de l’expédition chargée d’explorer la partie à l’est de la notre. Il y a fondé la ville de Varnhold, et il va lui aussi être récompensé. Il n’y a cependant toujours aucune nouvelle des deux groupes chargés de visiter l’ouest des Terres Dérobées.

Sur une note plus officieuse, il nous confie qu’une expédition gnome menée par un explorateur appelé Narthroppole serait en route pour le sud de la Ceinture Verte. Je ne sais pas ce qu’ils vont faire là-bas, mais je ne peux pas dire que ca me réjouisse. Un gnome ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça devient un problème.

Le lendemain matin nous partons pour la cabane de Bokken pour acheter des plantes qui permettront à Requiem de préparer un puissant somnifère. J’espère pouvoir mettre hors de combat le plus de bandits possible de cette façon. Nous sommes tous habillés de la même manière que les brigands que nous avons rencontrés jusqu’à présent, avec le mot de passe que nous connaissons nous devrions pouvoir pénétrer dans leur fort, et là je compte sur le bagout de Mercedes pour tromper les brigands le temps de les droguer.

Et après, qui sait…


A présent que va sonner l’heure de l’affrontement final contre le Seigneur-Cerf je ne peux m’empêcher de jeter un regard en arrière sur le chemin que j’ai parcouru depuis que je vous ai quittée.

Quand je suis arrivé ici il y a trois mois, la région toute entière n’était qu’une étendue sauvage livrée aux bandits et aux bêtes féroces. Aujourd’hui Tuskgutter est mort, le Temple de l’Elan a été reconsacré par un nouveau prêtre au nom d’Erastil et les brigands ont été repoussés à l’extrême-sud des Kamelois. Les premiers colons sont arrivés il y a quelques semaines pour prendre possession de terres arables fertiles et le commerce devient florissant autour du comptoir. La civilisation est en marche.

Ce que je veux dire c’est que quelque soit l’issue de la confrontation qui m’attend, je sais que les brigands ont perdu. Les autorités du Brevoy ont en leur possession la carte de la région, ainsi que mes notes sur ses habitants et ses dangers. Si je ne devais pas revenir le gouvernement enverrait d’autres soldats, et d’autres après eux si ils venaient eux aussi à échouer. La force colonisatrice ne peut plus être arrêtée.

Je vais affronter mon destin l’âme en paix, sachant que je laisse derrière moi un pays plus sur pour que le peuple puisse y prospérer. Je pense aussi que je vous ai mis à l’abri du besoin pour assez longtemps pour que vous puissiez continuer sans moi. Dans tous les cas je peux me présenter devant mon père en sachant que j’aurai fait de mon mieux. Je sais qu’il m’accueillera à ses cotés avec fierté.

J’ai tout de même bon espoir de revenir victorieux, j’ai mis toutes les chances de mon coté pour y arriver. Dans l’espoir de vous revoir un jour, sachez que je ne regrette rien.


Votre fils

Gregor Delecti



Fin de la huitième séance, la suite demain avec le grand final du premier scénario.
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#14 Envoyé le : samedi 3 mars 2012 15:16:41(UTC)
Loon
Rang : Habitué
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Localisation : Suisse
L'assaut sur le fortin s'est assez bien passé finalement. Il faut aussi dire qu'on avait une bonne idée de ce qui nous attendait et un plan qui s'est déroulé presque sans accroc. La guerre menée contre les brigands pendant tout le module avait aussi laissé le Seigneur-Cerf sans beaucoup d'hommes au fortin.

Par contre on a manqué tous y passer dans la cave contre le vieux. On y est allé avant de se soigner en pensant que c'était fini et c'est passé à un doigt du TPK.

Mais le premier module n'était rien par rapport à la suite, les vrais problèmes commencent quand on est à la tête du pays.


Chère Mère,


Il est presque inconcevable que les actions dévastatrices d’un seul homme aient pu conduire à la désastreuse situation à laquelle nous avons été confrontés dans le repaire du Seigneur-Cerf. Toutes ces souffrances, tous ces morts, sont l’unique résultat des traitements abominables qu’un père fit subir à son fils qui, n’ayant connu de la vie que peine et douleur, déversa celles-ci sur le monde qui l’entourait.

Ce n’est pourtant pas à ce genre de drame familial que nous nous attendions à être confrontés à notre départ vers le sud de la Ceinture Verte.


C’est un équipage avec un bien étrange accoutrement qui part du comptoir d’Oleg ce matin là. Tous mes compagnons portent les armures en cuir vert et brun qui constituent les tenues de base des brigands que nous voulons infiltrer. J’ai revêtu pour ma part une cotte de maille bien trop légère à mon gout, qui va d’ailleurs manquer d’être ma perte comme vous le verrez plus tard.

Notre halte à la cabane du Vieux Bokken pour permettre à Requiem d’acheter du somnifère est un peu décevante. S’il peut bien nous vendre ce que nous recherchons, les quantités sont faibles. Ce que je réussi à comprendre parmi les élucubrations alambiquées du vieil alchimiste est qu’il n’a plus que deux doses de potion en stock, et qu’il lui faudrait près d’une semaine pour en faire plus. C’est beaucoup trop long et nous décidons que nous allons faire au mieux avec ce que nous avons.


Il nous faut un peu moins d’une semaine pour faire le trajet jusqu’à notre destination. Le seul événement notable se produit la nuit qui suit notre traversée de la rivière Epine. Nous sommes tenus éveillés la moitié de la nuit par les hurlements d’une meute de loups qui doit chasser dans les collines des environs. Parmi les cris des bêtes il n’est pas difficile de repérer celui d’une créature qui doit être beaucoup plus grande que les autres. Je pense aussitôt au worg dont Jhod nous avait parlé la dernière fois que nous l’avons vu, Hurlement-du-Vent-du-Nord. On dirait que nous sommes à proximité de son terrain de chasse. La meute semble avoir heureusement trouvé une autre proie et les hurlements finissent par s’éloigner en direction de l’est.

Le lendemain matin nous tombons un peu par hasard sur le site d’un véritable carnage équestre. Les proies que les loups ont attaquées étaient une des hardes de chevaux sauvages qui paissent dans la région. Une demi-douzaine de carcasses est en train de nourrir les mouches devant nous. D’après les traces de pattes, Rivotril estime que la meute compte une dizaine d’individus, dont une bête gigantesque, peut-être de la taille d’un cheval. Je rajoute le dossier Hurlement-du-Vent-du-Nord dans ma liste des problèmes dont il faudra s’occuper prochainement, avec le culte de Gyronna et les trolls.


Nous passons encore une journée à suivre la rivière Shrike avant de trouver le lac Tuskwater. Il est plus long que large dans le sens nord-sud, et si nous pouvons voir les rives qui sont à l’ouest (où se jette la rivière Skunk) et à l’est, nous ne pouvons apercevoir la rive sud. Le lac est surplombé par des collines herbeuses qui donnent un point de vue dégagé sur toute la région environnante. Et sur la plus haute de ces collines, à mi-chemin entre l’embouchure de la Shrike et celle de la Skunk, se trouve le fort.

Je remarque immédiatement que si une palissade et trois tours en bois ont été rajoutées à la structure originale, la base de pierre devait plutôt être un monastère qu’une construction militaire. Et le seul monastère dont nous avons entendu parler sur les rives du lac était celui consacré à la déesse tutélaire des sorcières, Gyronna. Si les moniales ont conclu une alliance avec les bandits, les choses vont êtres plus compliquées que prévu.

C’est avec une appréhension bien légitime que nous empruntons le chemin sinueux qui conduit au fort. Je constate avec étonnement que s’il y a bien un garde par tour, tous les trois regardent dans la même direction, à savoir celle de la route. Notre arrivée ne passe donc pas inaperçue et un homme a tôt fait de nous héler depuis le haut de la palissade. Mercedes réplique avec le mot de passe que nous espérons toujours en vigueur et, après quelques secondes d’angoisse, la porte s’ouvre devant nous. La première partie du plan a fonctionné.

La porte refermée derrière nous, nous rencontrons l’homme avec qui nous avons parlé à travers la palissade. C’est un taldorien en fin de trentaine avec une grande balafre sur la joue gauche et qui se présente comme Akiros Ismort, second du Seigneur-Cerf. Il nous fait garer notre chariot dans un coin de la cour et dès que nous parlons des bouteilles d’alcool que nous transportons, il appelle le chef de la bande. Nous allons enfin rencontrer celui qui fait trembler la Ceinture Verte.

Je dois bien reconnaitre que si sa présence physique est imposante, on ne peut pas en dire autant sur son mental. Nous sommes en milieu de matinée et il empeste déjà la bière et le mauvais vin. Son état ne va d’ailleurs pas s’améliorer quand il se précipite sur les bouteilles que nous avons amenées pour en vider une d’une seule gorgée. Il repart aussitôt d’une démarche peu assurée en direction de la chambre d’où il était sortit, après avoir dit à Akiros de nous trouver un endroit pour que nous puissions passer la nuit ici. Je ne peux manquer de remarquer deux expressions diamétralement opposées pendant que le Seigneur-Cerf titube jusqu’à ses appartements. Premièrement l’air de dégout méprisant sur le visage d’Akiros quand il voit l’état dans lequel se trouve son maître. Deuxièmement le sourire mauvais sur les lèvres d’un homme qui regardait la scène depuis le premier étage du fort.

C’est un homme aux cheveux longs et au teint pale, avec une chemise à jabot ouverte sur un torse couvert de tatouage ésotériques. Akiros, qui a suivit mon regard, me dit que cet homme s’appelle Dovan d’Ustalav, et qu’il était le précédent second du Seigneur-Cerf avant qu’Akiros ne prenne sa place. Il ne peut s’empêcher de rajouter entre ses dents que c’est aussi l’homme le plus méprisable qu’il ait jamais rencontré. Le coup d’oeil que lui renvoie Dovan me fait penser que le sentiment est réciproque. Sur ces belles paroles nous entrons enfin dans le bâtiment principal.

Comme je le pensais c’est un ancien monastère, mais l’état de délabrement me laisse penser qu’il avait été abandonné depuis longtemps par les cultistes quand les brigands l’ont annexé. La moitié du plafond s’est effondrée et les gravats ont été laissés là où ils sont tombés. Les murs portent encore par endroits des extraits de la litanie impie de Gyronna et si le sol était autrefois en pierre, il est aujourd’hui composé de terre battue recouverte d’immondices. On dirait que la propreté n’est pas la vertu première des occupants des lieux.

La première impression est renforcée par l’équipe de brigands en train de jouer aux cartes à l’intérieur. Ils sont quatre hommes, tous plus patibulaires les uns que les autres. Il y a la un vieux varisien barbu qui correspond à la description de Falgrim Sneeg que nous avait fait Kesten Garess, un bandit dont l’imposante stature ne suffit pas à masquer les traits flasques distordus par l’excès de nourriture qui répond au surnom approprié de Fat Norry, et enfin Cragger Kench, un petit homme dont le passage à tabac par le Seigneur-Cerf, qu’il avait réveillé de son sommeil éthylique en fêtant trop fort une main gagnante aux cartes, a laissé avec un visage en compote et quelques cases en moins.

Le dernier homme a ceci de bizarre que c’est la copie conforme de celui qui était à l’étage. Cragger me confie que c’est son frère jumeau, Dovan de Nisroch. Et selon lui il est tout aussi malfaisant que son frère. Un peu comme dans ces opérettes que j’ai vu jouer à l’opéra de WestGate, à part que là ce sont tous les deux des jumeaux maléfiques. En comptant les trois gardes dans les tours, il y a en tout dix hommes dans le fort. Sans compter Beaky, l’ours-hibou que le Seigneur-Cerf à ramené de la chasse il y a quelques temps et qu’il garde enfermé dans la pièce d’à coté.



« A peu près, mais avec une plus grande cage. »


Nous décidons de suivre le plan que nous avions mis au point avant de venir ici, c'est-à-dire de faire boire les brigands jusqu’à ce qu’ils ne soient plus une menace. Le reste de la journée se passe donc à jouer aux cartes avec les bandits tout en passant à la ronde les tonnelets de vin du chariot.

En fin de soirée nous tombons à court de nourriture et il faut se ravitailler à la cave. Les bandits sont très réticents à cette idée, argumentant entre eux qu’il y a là-dessous quelqu’un qu’ils ne veulent pas déranger. C’est finalement Requiem qui y va, et quand il remonte il nous murmure qu’il y a seulement un vieil homme en haillons en dessous, mais qu’il n’est pas une menace. La beuverie peut donc continuer son cours.

Le plan est une semi réussite. Si les trois joueurs de carte sont ivres en fin de soirée et que le Seigneur-Cerf n’est pas ressorti de sa chambre depuis qu’il est parti avec les bouteilles, ni les jumeaux ni Akiros n’ont bu plus que de raison. Et les gardes dans les tours ne sont pas descendus. Pire, je pense que les jumeaux sont suspicieux. Un d’eux est allé voir Akiros dans son bureau et celui-ci a immédiatement convoqué Mercedes. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit, mais elle a l’air rassurée quand elle en ressort, me glissant qu’il pourrait même nous aider en cas de combat. Il est temps d’agir.

Pendant que Requiem se faufile dans les tours pour se débarrasser des gardes, je donne une coupe de vin droguée à Falgrim Sneeg que nous voulons ramener vivant. Au moment où le vieil homme tombe endormi sous la table, j’entends un cri d’alarme venu d’en haut. Requiem a tué un des gardes mais il a été repéré par les Dovan. Les hostilités ont commencé.

Je ne suis pas particulièrement fière de la façon dont nous nous sommes débarrassés des ivrognes sans défense qui sont dans la même pièce que nous, mais il faut savoir prendre des décisions difficiles pour le bien commun. Nous les éliminons rapidement et sans douleur pendant que Requiem échappe miraculeusement aux jumeaux qui l’avaient pourtant coincé dans la tour. En sortant pour aller l’aider je tombe nez à bec avec l’ours-hibou qu’un des Dovan avait sorti de sa cage. Derrière moi le second Dovan a libéré un fantôme d’Ustalav qui hurle sa haine dans la pièce que je viens de quitter.

Je parviens dans un premier temps à repousser l’ours-hibou pour permettre à Florbella de sortir elle aussi de la pièce, mais la contre-attaque de l’animal est dévastatrice. Ses griffes acérées pénètrent comme dans du carton l’armure légère que j’ai revêtu malgré moi, et une fois qu’il me tient il me donne un coup de bec qui fracasse mon casque et m’envoie bouler à l’autre bout de la pièce. Si je m’en sors je promets de ne plus jamais combattre sans une armure forgée au Chéliax.

Quand je reprends mes esprits je vois que Mercedes à réussi à renvoyer le fantôme et que Rivotril se bat avec un des Dovan. Dans le centre de la cour Florbella est en train de contrer comme elle peut les assauts de l’ours-hibou, mais elle souffre de nombreuses coupures. Je ne pense pas qu’elle tienne encore très longtemps comme ça. Je suis en train de me demander où est Requiem quand le second Dovan tombe du toit juste devant moi, un carreau planté dans le coeur. En suivant la direction de la flèche je vois l’elf dans une des tours, l’arbalète encore à la main.

Un phénomène étrange se produit au moment de la mort de Dovan. Son corps se transforme en une masse luminescente ectoplasmique qui se dirige comme un éclair dans le corps de son frère, avant de fusionner avec lui dans un grand flash lumineux. Le Dovan survivant semble comme revigoré par cet apport d’énergie et combat le pauvre Rivotril avec une vigueur renouvelée. Si seulement M. Kane avait été là, il aurait pu nous expliquer ce qui c’est passé.

Alors que je me relève péniblement j’aperçois un nouveau venu de l’autre coté de la cour, Le Seigneur-Cerf est finalement sorti de son sommeil éthylique pour venir voir la cause de tout ce bruit. C’est probablement l’alcool qui sauve la vie de Florbella, car la flèche tirée par le brigand ne fait que l’effleurer au lieu de se planter dans son dos. Il n’aurait pas du la rater, car la barbare n’a pas du tout apprécié d’être prise pour cible et elle se jette sur lui la hache en avant, oubliant l’ours-hibou toujours à coté d’elle. Alors que je m’apprête à charger la bête je suis précédé par Akiros qui se précipite avec son épée pour occire la créature. On dirait qu’il en a assez d’être le numéro deux dans ce camp de malfrats.

L’ours-hibou occupé je peux aller au secours de Florbella et à deux nous réussissons à le forcer dans un coin où il ne peut plus se servir de son arc. Acculé et à moitié abrutit par l’alcool il ne résiste pas longtemps avant de succomber sous nos coups. Il tombe à peu près au même moment que Dovan sous les assauts conjugués de Mercedes, Rivotril et Requiem. Nous unissons ensuite nos forces contre Beaky qui ne tarde pas lui-aussi à s’effondrer sous le nombre.


Une fois les derniers échos de la bataille envolés je me penche sur le cadavre du Seigneur-Cerf pour lui enlever le heaume qu’il ne quittait pas. Il semble comme faire partie intégrante de son corps, mais il finit par lâcher et dévoiler enfin les traits de celui qui terrorisait la Ceinture Verte.



« - M. Chomsky, le propriétaire du parc d’attraction !?! »


Le visage de l’homme qui est mort à nos pieds n’existe presque plus. Ce n’est qu’une gigantesque cicatrice, des traits ravagés il y a des années par l’acide. Le simple fait qu’il ait pu survivre à ces blessures prouve à quel point cet homme était résistant. Je ne sais pas ce qui a pu lui laisser ces marques horribles, et Akiros nous dit que le Seigneur-Cerf ne parlait jamais de son passé. Il nous dit aussi que quand il ne portait pas son heaume à tête de cerf il cachait son visage sous une cagoule en cuir. Il devait vraiment détester ce qu’il était.

En parlant d’Akiros, voilà son histoire. Il y a des années il était un paladin au service d’Erastil quelque part au Taldor. Il est malheureusement tombé amoureux de la ravissante épouse de son supérieur, qui a finit par les surprendre. Craignant le scandale celle-ci accusa Akiros de l’avoir violée. Révolté par ce mensonge, il entra dans une rage meurtrière et tua la femme et son mari, avant de s’enfuir du Taldor. Il a ensuite erré sans but dans les Royaumes Fluviaux, avant de se mettre au service du Seigneur-Cerf. Il a cependant vite déchanté devant la malveillance des hommes qui composaient la bande. Paradoxalement, lui qui voulait vivre libre en rejoignant des hors-la-loi se retrouvait prisonnier de leur cruauté. Notre attaque constituait sa meilleure chance pour s’évader de cette situation inextinguible.

Interrogé sur ce que nous comptons faire de lui, je lui réponds que selon moi tout homme a droit à une seconde chance, et qu’il est libre de s’en aller ou de retourner avec nous à la civilisation. Il déclare qu’il ne se sent pas encore prêt pour ça, mais qu’il va rester ici pour s’occuper des bandits qui décideraient de revenir au fort. Il nous dit aussi que tout le butin que les brigands ont fait est stocké dans la cave, mais qu’il y a aussi le vieux fou là en bas. Nous venons de vaincre toute la bande du Seigneur-Cerf, ce n’est pas une cave sombre qui va nous arrêter.

Force m’est d’admettre que je me suis trompé.

Nous avons à peine fait quelques pas dans la cave obscure que nous sentons que quelque chose de malsain habite ici. Apres avoir appelé pour signaler notre présence un homme vêtu de haillons sort d’un coin encore plus sombre de la cave. Il est pathétique, couvert de blessures nouvelles et anciennes sur toutes les surfaces de son corps exposées au regard. Quand nous lui déclarons qu’il est libre de sortir maintenant que nous avons tué le Seigneur-Cerf et sa bande, il est pris d’une folie meurtrière.

" - Mon fils !! Vous avez tué mon fils !!! Gozreh, punit ces assassins !!! "

A ces mots un golem fait de terre et de gravats s’extirpe du sol de la cave pour nous attaquer, pendant que le vieux fou ricane convulsivement dans le fond de la cave.

Nous sommes encore blessés du combat contre le fils, celui contre le père n’en est que plus difficile. Heureusement le vieil homme n’a plus la robustesse d’autrefois et quelques coups en viennent à bout. Aussitôt qu’il n’est plus dirigé par la volonté démente du vieil élémentaliste, le golem se disloque et retourne dans les profondeurs de la terre.

Juste avant de rendre son dernier souffle le vieil homme semble retrouver assez de lucidité pour essayer de se justifier. Son nom est Nugrah et c’est le père du Seigneur-Cerf. Sa femme est morte en donnant naissance à son fils et il l’a toujours reproché à l’enfant. Progressivement le chagrin s’est changé en colère, puis en haine contre ce garçon qui l’avait privé de la femme qu’il aimait. Alors a commencé le calvaire pour l’enfant. D’abord les coups, de plus en plus forts à mesure que l’enfant grandissait. Puis l’acide que le dément lui a jeté au visage pour être sur que l’enfant n’ose jamais partir pour le laisser seul avec sa haine. Et toujours les coups qui pleuvaient au moindre prétexte.

Jusqu’au jour ou l’enfant est devenu un homme capable de se défendre. Et de rendre les coups. Ce jour là l’équilibre de la famille a changé. Ce jour là Nugrah est devenu la victime et l’enfant est devenu le bourreau. N’ayant jamais connu que la violence, celui qui allait devenir le Seigneur-Cerf répéta le même schéma autour de lui le reste de sa vie, le visage ravagé qui lui faisait honte toujours dissimulé sous un masque, trainant derrière lui son père qui lui servait de défouloir.

Comment un homme comme lui a réussi à attirer une bande de fidèles autour de lui dépasse mon entendement.


Après une nuit de repos dans le fort nous nous préparons pour notre retour dans le nord. Nous passons la journée à remonter le butin de la cave et à bruler les corps des brigands, sauf celui du Seigneur-Cerf. Akiros nous a dit qu’il ne fallait pas enterrer les morts car les cotés sans surveillance du fort étaient hantés par les restes mort-vivants des moniales qui habitaient le monastère autrefois. Il faudra faire quelque chose pour ça aussi quand on reviendra.



« Comme par exemple poser des panneaux : Danger, Mort-vivants ! »


Nous partons le lendemain matin. Notre charrette est pleine à ras-bord de toutes les fournitures volées que nous avons retrouvées et, enroulé dans un linceul, le cadavre du Seigneur-Cerf. Attaché derrière le chariot nous ramenons aussi Falgrim Sneeg pour qu’il soit jugé au Brevoy.

Nous passons trois jours à remonter la rivière Shrike jusqu’à ce que nous arrivions à l’ancien pont de Davik Nettles. Arrivés là je fais tinter une dernière fois la cloche posée au bord de la rivière, et comme précédemment l’eau se met à bouillonner quand le noyé s’en extrait. Quand il voit le corps du Seigneur-Cerf il nous montre le lit de la rivière et nous jetons le cadavre à l’eau, comme une offrande destinée à apaiser l’esprit des lieux.

Quand le corps s’enfonce dans les flots le corps momifié de Davik Nettles commence à changer. L’eau de la rivière s’élève en une vague qui va jusqu’à le recouvrir complètement. La forme que nous apercevons maintenant au coeur de la vague doit refléter son ancienne apparence, celle qu’il avait avant d’être assassiné par les brigands. Le regard qu’il tourne vers nous a perdu l’éclat de folie qu’il avait auparavant, son visage est apaisé. Je ne pourrais pas le jurer avec certitude mais il me semble qu’il a prononcé un dernier mot avant que la vague ne perde sa substance et ne se disperse dans les flots de la rivière.

" - Libre... "

Les quatre derniers jours du voyage jusqu’au comptoir se passent sans problème, et nous arrivons bientôt en vue de notre destination. Le bruit de notre victoire est parvenu jusqu’ici, on dirait que toute la région s’est rassemblée pour fêter la libération du joug des brigands. Il sera bien temps demain d’aller faire notre rapport aux Seigneurs-Epéiste de Rostov. Pour ce soir, l’heure est à la fête et à la célébration.

Je vais enfin vous revoir après tout ce temps.


Votre fils

Gregor Delecti



Et c'est la fin du volume 1 : Stolen Land.

Nos héros seront bientôt de retour dans le volume 2 : Rivers Run Red.

Loon

Modifié par un utilisateur samedi 3 mars 2012 23:40:29(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Dalvyn  
#15 Envoyé le : samedi 3 mars 2012 19:00:43(UTC)
Dalvyn
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C'est très sympa à lire. Merci d'avoir partagé ces lettres, Loon !

Je vais parler de ce fil de lecture dans le prochain billet de blog, en avertissant du spoiler possible !
Offline Loon  
#16 Envoyé le : lundi 5 mars 2012 18:33:00(UTC)
Loon
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Cette fois c'est parti pour ce qui fait vraiment la force de cette campagne, la construction du royaume.

Première chose : les premiers mois sont extrêmement difficiles. On a tout juste réussi à ne pas avoir de révolte après trois mois, et uniquement parce qu'on a tiré un événement aléatoire qui nous a donné des BP en plus. Sans ça on ne passait pas le premier hiver. Une fois que le royaume a pris un peu de territoire et construit quelques fermes, on peut commencer à faire une gestion intéressante, et pas seulement éviter de crever de faim au jour le jour.

Deuxième chose : on faisait une séance de gestion de 2-3 heures en gros toutes les trois séances, certains dans le groupe n'étaient pas vraiment intéressés par cet aspect du jeu et ils venaient plus tard à la séance ces jours là.

Troisième chose : je ne suis pas trop convaincu par les objets magiques qui sont construits à chaque phase. A la longue on disait juste que ces BP venaient de vente de bétail, de caravanes ou autre redressement fiscal. Parce qu'à la quatrième épée +3 d'annihilation absolue que tout le monde regarde avec envie mais que personne ne peut acheter parce que ça vaut un trizillion de PO, on se lasse.

Quatrième chose : notre MJ ne nous avait rien dit sur les règles de gestion avant de commencer la campagne. C'est comme ça que je me suis fait virer de mon poste de baron (alors qu'on m'avait promis la sécurité de l'emploi) quand on s'est aperçu que c'était un jet de Charisme pour commander (et que j'avais 10). C'est pour ça qu'on a mis notre barde au pouvoir, même si son joueur n'était pas intéressé. Par la suite notre MJ à pondu un objet magique qui permettait au dirigeant d'utiliser la caractéristique de son choix pour les jets de commandement.

Mais assez de digressions, place au fabuleux destin du Royaume de Samarkand, la perle du Nord.



Et non, je ne me rappelle plus ce que veut dire la devise en latin, la loose.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#17 Envoyé le : lundi 5 mars 2012 18:59:47(UTC)
Loon
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La plus grande trouvaille de cette séance a quand même été la création de la Koblice, que le pacte de Varsovie tout entier nous envie.

PS : Ne reculant devant rien le royame de Samarkand a engagé comme porte-parole Muhammad Saïd al-Sahhaf, dont le travail remarquable qu'il a fait à Bagdad pendant la guerre a beaucoup impressionné le gouvernement.

Chère Mère,


Je suis bien conscient de la déception que doit vous causer mon éviction du pouvoir, mais rassurez-vous, ce n’est que temporaire. Si pour conquérir un territoire vierge il faut un homme fort qui doit être capable de repousser les menaces locales, une fois la zone sécurisée il faut une figure rassurante pour que les familles s’installent. Et quelle meilleure personne pour remplir ce rôle de régente que Mercedes, dont l’image maternelle a rassuré la population nouvellement arrivée.



« - La poitrine de la Régente Mercedes est absolument naturelle ! »


Des que l’afflux de population se sera naturellement régulé, la régence prendra fin et je reprendrai ma place à la tête de l’état. Bien sur il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour en arriver là, mais ma fonction de général me permet de prendre mon mal en patience, tout en créant une armée forte et fidèle, apte à repousser toute menace qui pourrait peser sur notre jeune royaume.

Malgré sa situation toujours précaire, je ne peux m’empêcher de me sentir fier quand je regarde tout le chemin qu’a parcouru notre nation naissante les douze derniers mois.


La réunion qui fonde le royaume a lieu à l’hôtel de ville de Rostov, une semaine après la fête donnée en l’honneur de la défaite du Seigneur-Cerf et de ses troupes. En plus de nous, tout le gratin du Rostland est réuni dans la salle du conseil. Il y a là le maire de Rostov, Joseph Selenius ; la directrice actuelle de l’école d’escrime Aldori, la descendante directe du premier baron, Jamandi Aldori ; et enfin le Grand Prêtre du culte d’Erastil, Esvanki Keeg. Est aussi présent le groupe qui était chargé d’explorer les Hautes Terres de Nomen, composées de la chaine montagneuse des Tors de Lévenies puis des plaines du Dunsward, à l’est de la Ceinture Verte. Par contre il n’y a toujours pas de nouvelle des deux groupes partis explorer l’ouest des Terres Dérobées.

La réunion est très formelle, pendant laquelle nous présentons officiellement le résultat de nos explorations ainsi que la carte que nous avons dessinée. Nous leur exposons aussi nos résultats dans la lutte contre les éléments hostiles résidant dans les Terres Dérobées. Si l’éradication de la bande du Seigneur-Cerf les comble de joie, ils sont nettement moins enthousiastes par le traité de paix avec les kobolds de la tribu des Ecailles de Suie, qu’ils auraient probablement préférés voire eux aussi éliminés. Nous avons néanmoins rempli la mission qui nous avait été confiée par les Seigneurs-Epéistes, aussi ceux-ci ont une nouvelle proposition à nous soumettre.

Suite à la disparition il y a dix ans de la Maison régnante Rogarvia, La Maison Surtova a rapidement trouvé un ancien traité qui lui permettait d’assoir Noleski Surtova sur le Trône d’Ecailles Draconiques. La situation n’a toutefois pas du tout été appréciée par le Rostland, la région sud du Brevoy, la Maison Surtova étant originaire d’Issia, la région nord. Depuis le Brevoy est chaque jour plus proche de la guerre civile entre l’Issia et le Rostland.

Le Rostland, qui est déjà plus faible que l’Issia, n’a pas besoin en plus d’une épine constituée de terres sauvages livrées au brigandage sur son flanc sud. Ils nous proposent donc une charte nous donnant le droit d’établir une nation sur les terres de la Ceinture Verte que nous venons d’explorer. Comme preuve de bonne volonté de la part du Rostland ils nous fournissent aussi des fonds ainsi que de la main d’oeuvre qualifiée qui nous aideront pour la fondation de ce nouveau pays. La même charte est offerte à Maegar Varn, le chef du groupe des Hautes Terres de Nomen.

Après la signature des différents traités une grande réception est organisée pendant laquelle nous pouvons discuter avec notre nouveau voisin Maegar Varn. Le premier contact est immédiatement empreint d’une rivalité amicale qui ne demande qu’une étincelle pour exploser en affrontement. Son territoire étant plus petit il a réussi à l’explorer plus rapidement que nous. Il a même déjà fondé une ville qu’il a orgueilleusement baptisé Varnhold. Il n’a toutefois pas entièrement réglé ses problèmes avec les tribus barbares de centaures qui peuplent ses terres, le gros nul. Nous nous jurons une amitié et un soutient indéfectible aussitôt que les gardes ont réussi à nous séparer.



« - Samarkand et Varnhold sont deux états frères, unis par des liens solides de respect mutuel ! »


Nous décidons de construire River Haven, notre capitale, à l’endroit où se dresse le fort du Seigneur-Cerf, sur la rive nord du lac Tuskwater. Outre son emplacement central au coeur de la Ceinture Verte, notre capitale dispose, grâce au lac, d’une réserve inépuisable d’eau et de nourriture. Nous profitons aussi des fondations du fort pour y édifier notre château, bâtiment indispensable pour assurer la sécurité de la population qui se blottit entre celui-ci et le port. J’espère seulement que le fait de construire sur l’emplacement d’un ancien monastère dédié à Gyronna ne va pas nous porter malheur.

Grâce à une campagne de promotion intensive menée au Brevoy et dans les Royaumes Fluviaux une forte population de colons ne tarde pas à se rendre sur ces nouvelles terres riches de promesses. Il y a là des gens de toutes origines. Des fils cadets de maison noble venus chercher une reconnaissance qu’ils n’auront jamais chez eux. Des fermiers du Brevoy fuyant une guerre civile qui, même si elle n’a pas encore commencé, ne saurait tarder. Des artisans des Royaumes Fluviaux qui ont décidé de venir tenter leur chance ici, espérant que ces terres ne seront pas dirigées par le ramassis de tyrans qui composent l’ordinaire des roitelets locaux. Ou tout simplement des gens qui veulent prendre un nouveau départ dans un environnement plein de promesses.

Il faut ensuite se répartir les taches au sein du gouvernement, puis trouver des personnes de confiance pour combler les vides que nous ne pouvons pas remplir nous-mêmes. Je suis bien sur nommé baron à l’unanimité. Mercedes choisi le rôle d’ambassadrice, M. Kane celui de magister, Rivotril celui de sheriff, Florbella est nommée capitaine de la garde et Requiem est tellement efficace en tant qu’assassin royal que j’en viens à me demander si c’était vraiment une bonne idée. Quand aux autres postes, c’est plus compliqué.

Si Akiros Ismort, l’ancien bras droit du Seigneur-Cerf, accepte avec enthousiasme de prendre la tête de notre embryon d’armée, il faut des trésors de persuasion pour convaincre les autres. Et pour certains des trésors tout court.

Svetlana, qui vient d’accoucher d’une petite fille, veut bien continuer à écouter les préoccupations du peuple mais, comme Oleg refuse de quitter son comptoir pour s’installer à la capitale, elle reste à ses cotés à la frontière du Brevoy. C’est pratique pour connaitre ce qui se passe chez notre voisin du nord, mais il faut près d’une semaine pour que les nouvelles arrivent à River Haven. Il faut vraiment que M. Kane travaille sur ce cercle de téléportation.

Jhod Kavken est lui aussi flatté que nous lui demandions d’être la caution morale du royaume, qui le placerait ainsi sous le regard bienveillant d’Erastil, mais il y met deux conditions. Premièrement il faut que nous tracions une route à travers le bois de Narl pour relier le temple de l’Elan à la civilisation. Deuxièmement il demande la construction d’un oratoire dédié à Erastil pour prouver notre dévotion au Dieu à tête de cerf. Nous acceptons à condition que les incidents avec les moutons cessent.

Le chef Ecailles-de-Suie veut bien mettre sa tribu à notre disposition en tant que réseau de renseignement pour autant qu’il puisse continuer à régner sur un territoire indépendant qui va de la rivière Shrike au vieux sycomore anciennement habité par les mites. A la suite d’une âpre discussion nous parvenons à un accord qui nous donne la moitié de la production extraite de la mine d’argent d’Oaktop, située sur son territoire. La Koblice est née.



« - Dormez tranquille citoyens, la Police Secrète Kobold veille sur votre sommeil ! »


Constance Devine condescend à étudier notre proposition de poste comme ministre des finances, mais avec réticence. Au terme de longues tractations elle fini par être engagée pour une durée d’une année, renouvelable après examen des résultats. Elle reste toutefois une employée et pas un membre du conseil.


Commence alors une année éprouvante, entièrement dédiée à la naissance de notre nation. Les premiers temps se passent plutôt bien, notre ruée vers les nouvelles terres, organisée à grand renfort de publicité au Brevoy, ayant attiré un grand nombre de fermiers attirés par des terres arables à perte de vue. Le seul élément un peu préoccupant est la période de l’année où la colonisation commence, nous sommes en automne et il est trop tard pour planter de nouvelles cultures. Si les gens n’ont pas pensé à faire des réserves de vivres avant de se précipiter ici le manque de nourriture pourrait poser problème cet hiver.

Nous décidons de commencer l’expansion vers le nord, le long de la rivière Epine. D’une part nous avons un accès direct au territoire des Ecailles-de-Suie et à sa mine d’argent, d’autre part nous voulons faire la jonction avec le comptoir d’Oleg, et par delà le Brevoy, le plus rapidement possible. La mine d’or que nous avions trouvé dans les collines se situe de plus à mi-chemin entre River Haven et le comptoir. C’est aussi dans cette direction que se trouve le temple de l’Elan que nous avons promis de relier à la civilisation.

A mesure que nous nous étendons nous construisons aussi un réseau routier pour relier les différents villages qui essaiment le long de l’axe River Haven – Comptoir d’Oleg. Des ponts sont aussi lancés pour traverser la rivière Epine aux emplacements où existaient déjà des gués ou, dans certains cas, les carcasses de passerelles en ruine. Le chantier de la mine d’or se transforme bientôt en camp fortifié pour que les ouvriers qui creusent la montagne et le régiment de gardes qui assurent leur sécurité soient à l’abri des rigueurs du climat. Si les plaines herbeuses sont le domaine des fermiers, les collines sont celui des éleveurs de chevaux. De nombreux ranchs sont construits pour capturer puis dresser les troupeaux de chevaux sauvages qui peuplent les Kamelois. Les forêts, enfin, sont peuplées de camps de charbonniers et de bucherons qui fournissent le bois indispensable à la construction.


Si du coté des infrastructures tout se passe bien, ce n’est pas le cas pour la population nouvellement installée. Comme je le craignais les gens sont arrivés ici sans penser que l’hiver commençait dans peu de temps et que les premières récoltes seraient au mieux dans six mois. Vers le milieu du premier hiver les vivres commencent sérieusement à manquer et il faut organiser un rationnement de nourriture. Le peuple a faim. Et quand le peule a faim il est en colère.

Sans compter avec les rumeurs désastreuses qui commencent à courir sur notre nouveau sheriff, colportées par la presse à scandale halfling. Selon un article paru peu avant le terrible accident qui a obligé le pseudo-journal à fermer, Rivotril aurait eu une aventure avec la fille d’un fermier nouvellement arrivé de l’est. Et de cette aventure serait né un fils. Le fait que cet enfant serait né seulement cinq mois après les faits n’a évidemment pas effleuré l’esprit des médisants et des commères. De toute façon le mal est fait.


« - Le Sheriff Rivotril n’a pas eu de relations sexuelles avec cette femme, Miss Lewinsky ! »


Beaucoup plus inquiétantes que des histoires de coucheries sont les histoires qui parlent d’attaques de trolls dans les bois de Narl. Ca fait déjà quelques mois que des chasseurs et des forestiers disparaissent mystérieusement dans le sud de la Ceinture Verte, mais cette fois les agressions se rapprochent de la capitale. Malgré les efforts pour rassurer la population en faisant accuser un ours insomniaque, la population commence à avoir peur. Des la fin de l’hiver il faudra aller régler le problème dans la forêt.

Devant une populace affamée et en colère il existe deux solutions. La première est de charger les manifestants sabre au clair pour les disperser et leur enlever l’idée de recommencer. La seconde est de leur donner une distraction pour leur faire oublier leurs soucis. Comme nous voulons avoir un royaume prospère, où de nouveaux colons seraient heureux de s’installer, nous optons pour la seconde proposition en créant la régence. Et comme la solution numéro un n’est pas encore totalement exclue je prends la tête de l’armée pour avoir des hommes dociles et bien entrainés.

Commence alors la régence de Mercedes qui fait d’elle un personnage public dont le but principal est de faire oublier au peuple qu’il a faim. Pendant des mois elle va aller des réceptions organisées par les nantis jusqu’aux fêtes populaires des quartiers pauvres, des inaugurations de monuments sacrés dédiés à Erastil aux baptêmes des navires lancés sur le lac Tuskwater. Toutes ces apparitions, relatées par l’ancienne presse halfling, depuis lors rebaptisée River Haven Pravda, sont là pour montrer aux gens que le gouvernement se penche sur leurs problèmes. Et ça marche. Revigoré par un nouvel espoir le peuple fait le poing dans sa poche et reprend espoir dans l’avenir. Erastil doit même diriger son regard bienveillant dans notre direction car l’hiver est particulièrement clément et les premières plantes peuvent être semées presque un mois plus tôt que d’habitude. La première année est passée et le royaume est toujours debout.



Le printemps est de retour, il est temps de s’occuper sérieusement de ce problème de trolls. Je ne connais pas spécialement leurs us et coutumes mais je suppose qu’ils vont ressortir de leurs cavernes avec l’arrivée des beaux jours. En réunissant quelques forestiers ainsi que les survivants des diverses attaques nous arrivons à la conclusion qu’ils doivent venir du sud du bois de Narl, nous organisons une expédition pour cette région rapidement. Seul Requiem va rester en ville, il y a des troubles sur les docks au sujet des taxes portuaires et il veut interroger les meneurs lui-même. Nous sommes donc cinq le lendemain matin à nous remettre en route pour les bois.



« - Un contrebandier se serait jeté dans le port après avoir mis des sabots
en plomb, mais la Koblice n’exclu pas encore la thèse de l’accident ! »


Après des mois de décisions difficiles c’est presque un soulagement de repartir en exploration et de ne s’occuper que de problèmes à échelle humaine. Nous décidons de commencer par suivre la rivière Skunk pour deux raisons. Premièrement parce que cette partie de la forêt borde directement notre capitale, et deuxièmement parce qu’il faut bien commencer quelque part. Après une demi-journée de marche nous arrivons sur les lieux d’un spectacle surprenant.

Une quinzaine de gnomes sont en train de se démener pour ressortir une charrette du milieu de la rivière où elle semble embourbée. Pour être plus précis ils se démènent tous sauf trois qui ont l’air blessés et un autre qui se contente de gesticuler en hurlant des ordres. Rivotril et Florbella se jettent immédiatement à l’eau pour aider à dégager la charrette, oubliant un peu vite que si les sources de la Skunk sont thermales nous en sommes bien loin et que c’est la fin de l’hiver. Espérons qu’ils éviteront une pneumonie. Je suis en train de demander à M. Kane s’il a un remède contre la toux quand les trolls passent à l’attaque.

Quand je dis attaque c’est un bien grand mot, tant elle est peu efficace. Tout le mérite en revient à M. Kane qui regardait dans la bonne direction et qui réussit à stopper les monstres grâce à une toile magique dont les liens sont plus solides qu’un filin d’acier. Filin qui serait de plus recouvert de mélasse. Englués, désorganisés et isolés les trolls sont réduits en cendre avant même que Rivotril n’ait fini de faire traverser la rivière à la charrette.

Maintenant que tout danger est écarté nous partageons le repas de midi avec l’expédition gnome. Ceux-ci sont dirigés par le maitre explorateur Jubilost Narthroppole, qui avait été envoyé par le Brevoy pour explorer la région il y a quelques mois. Ils étaient en train de traverser la Skunk quand les cris du vieux fou qu’ils ont capturé il y a quelques jours ont attiré un tatzlwyrm qui a paniqué les poneys. Ils venaient de le repousser quand nous sommes arrivés. D’après les descriptions qu’en font les gnomes, le tatzlwyrm doit être la femelle qui a réussi à nous échapper il y a presque une année. On dirait qu’elle s’est relocalisée près du lac. Il faudrait essayer de la capturer, elle est le symbole du royaume. Ca ferait de plus une redoutable auxiliaire pour les patrouilles fluviales si elle peut être dressée.

Le vieux fou capturé par les gnomes a comme un air familier et après réflexion il ressemble beaucoup au vieux Bokken, l’ermite alchimiste qui vit près du comptoir d’Oleg. On dirait qu’on a retrouvé son fugitif de frère. Jubilost nous dit qu’ils l’ont rencontré un peu plus au sud près d’un arbre creux où il vivait avec un puma de compagnie. S’il s’est montré au départ amical, le vieux a tenté de poignarder Jubilost pendant la nuit pour des motifs qui restent encore obscurs. Le gnome n’a du son salut qu’aux gardes qui étaient dans un chariot proche et qui ont pu capturer l’agresseur. Celui-ci n’a cessé de hurler depuis, donnant libre cours à sa névrose.

Au début réticent à expliquer sa présence ici, Jubilost change de comportement quand nous lui montrons notre propre carte de la région. Il consent à partager les informations qu’il a notées sur la sienne si on lui laisse recopier les nôtres, ce que nous acceptons bien volontiers. Une fois mis en confiance il s’avère être une mine d’information sur la région sud de la Ceinture Verte. S’il ne sait pas où est le repaire des trolls, il peut nous avertir qu’une tribu d’homme-lézards vit à l’embouchure de la rivière Murque, au sud du lac Tuskwater. Il nous parle aussi de ce qu’il cherche vraiment ici. Selon une carte qu’il aurait achetée à prix d’or à Rostov, un ancien avant-poste nain serait dissimulé quelque part dans les collines à l’est de River Haven. Et qui dit nain dit trésor.

Nous décidons de sponsoriser les recherches de Jubilost sur la géographie du sud de la Ceinture Verte. En plus de lui donner une somme d’argent pour tout endroit sortant de l’ordinaire qu’il pourrait découvrir, nous lui permettons de se ravitailler gratuitement à River Haven quand il y fera halte. Nous lui disons qu’il peut livrer son prisonnier à la capitale où la garde le prendra en charge et après avoir fait nos adieux nous nous remettons en route vers l’ouest à la recherche de nos trolls.


Nous marchons quelques heures toujours suivant le cours de la Skunk quand nous arrivons sur le lieu de ce qui pourrait devenir un champ de bataille. Au creux d’un méandre particulièrement sinueux la rivière voit son cours presque ralenti, ce qui à créé un petit étang naturel. Celui-ci est, ou plutôt était, bordé par un bosquet d’arbres, dont une demi-douzaine est fraichement abattu. Les bucherons sont d’ailleurs toujours sur place, mais ils sont étrangement positionnés. Une poignée d’entre eux ont leur hache à la main et font face à deux autres bucherons qui semblent garder l’étang et dont les réactions sont bizarrement saccadées. Derrière les six hommes armés se tient celui qui a l’air d’être leur chef et qui hurle des menaces vers l’étang. En observant un peu mieux on aperçoit une tête de femme qui émerge de la surface de l’eau.

Il faut toute la diplomatie de Mercedes pour réussir à calmer assez les deux parties pour qu’elles puissent nous expliquer la situation. Ce qu’on peut déduire, après des explications entrecoupées de diverses insultes et menaces, est ceci. Corax et son équipe de bucherons sont arrivés il y a quelques temps dans les bois de Narl à la recherche de bois précieux. En voyant le bosquet d’apetalum qui bordait l’étang ils se sont immédiatement mis au travail en coupant rapidement cinq arbres. Ce qu’ils ne savaient pas c’est que le bosquet est le refuge d’une nixie appelée Melianse qui n’a pas du tout apprécié qu’on saccage son bosquet sacré. Devant le refus de Corax de faire marche arrière elle a charmé deux des bucherons pour empêcher les autres de finir le travail. C’est au moment où Corax allait passer outre la menace et lancer la charge que nous sommes intervenus.

Melianse consent à relâcher les deux bucherons qu’elle a charmés à condition que Corax s’en aille de son bosquet et qu’on lui remplace ses cinq arbres abattus. Pour Corax par contre il est hors de question qu’il s’en aille d’ici, il a enfin trouvé des apetalum et il compte bien en ramener à son camp. Une fois de plus c’est M. Kane qui débloque la situation en se rappelant avoir vu un autre bosquet d’apetalum un peu plus au nord, là où vivaient les tatzlwyrms. Devant les réticences obstinées de Corax, c’est cette fois Florbella qui fait montre de toute sa diplomatie (je veux parler de sa hache) pour l’envoyer loin d’ici en courant.

Reste le cas des cinq arbres à refaire pousser. Comme elle n’a pas envie d’attendre cent ans que des pousses arrivent à maturité, elle nous envoie vers une dryade possédant de grand pouvoirs druidiques, appelée Tiressia, qui pourrait résoudre nos soucis. Elle vit dans un autre bosquet situé à l’ouest d’ici avec son compagnon, un satyre nommé Falchos. Nous lui promettons de revenir au plus vite et nous partons toujours plus loin vers l’ouest, délaissant la rivière Skunk.



« - Cette semaine à l’IKEA de River Haven, grande promo sur les armoires en apetalum ! »


Avec les indications de Melianse nous parvenons rapidement dans la petite clairière qui sert de refuge à Tiressia. En avançant dans le refuge de la dryade j’ai l’impression de changer de saison. Alors qu’a l’extérieur nous sommes au début du printemps, tout ici a les couleurs de l’automne. Un grand chêne aux feuilles rougies se reflète dans un petit étang au bord duquel la dryade aux cheveux roux est assise. Je la pense tout d’abord absorbée par le reflet de sa propre image quand j’aperçois les cercles concentriques provoqués par ses larmes dans l’eau cristalline.

Elle tourne un visage apeuré dans notre direction quand nous entrons dans la clairière, mais voyant nos intentions pacifiques elle est bien vite rassurée. Un satyre sort lui aussi à découvert pour prendre part à la discussion. Je remarque qu’il a une vilaine blessure au flanc, de celles que j’ai vues bien trop souvent après des combats contre des démons. Je dois reconnaitre que cette blessure est bien au-delà de mes capacités de soin, mais que Jhod, le grand prêtre d’Erastil, pourrait sans doute faire quelque chose pour lui. Quand je lui précise qu’il habite au temple de l’Elan avec la sylphe Sylabine, il dit qu’il la connait et qu’il va la contacter.

Pendant ce temps Tiressia racontait ce qui est la source de tous leurs tourments. Il y a quelques temps est apparu dans un coin obscur de la forêt un terrible démon végétal, l’Arbre-Faux. Ce démon se nourrit principalement de fées et elle ne lui a échappé pour l’instant que par miracle, grâce au sacrifice de Falchos qui a écopé de sa terrible blessure en la défendant. Elle est cependant cette fois coincée. L’Arbre-Faux a repéré son arbre tutélaire, le chêne sous lequel elle se trouve actuellement, et elle ne peut pas s'en éloigner même si sa vie en dépend. Ce qui est le cas. Elle a bien demandé aux autres habitants féériques de la forêt de l’aider, mais ils ont tous fuit quand ils ont vu l’état de Falchos.

Nous ne pouvons pas laisser un démon parcourir ces bois sans tenter de l’arrêter, aussi c’est d’une seule voix que nous lui proposons de nous occuper de cet Arbre-Faux. D’un geste hésitant mais plein d’un nouvel espoir elle nous indique la direction de son repère, mais nous dit d’être prudents, il est vraiment très dangereux. C’est d’un pas pourtant décidé que nous nous mettons en marche pour affronter le terrible végétal.

Tiressia avait raison d’avoir peur, l’arbre est tout près de son refuge. Nous n’avons eu aucun mal à le trouver, il laisse derrière lui un sillon de plantes tordues et desséchées, corrompues par l’aura de malveillance qui se dégage du végétal. Sa taille n’aide pas non plus à le rater, il doit faire presque sept mètres de haut, tout en racines déformées, surmontées de branches tordues en forme de lames incurvées qui lui ont donné son nom d’Arbre-Faux. Mais ce qui frappe le plus l’imagination est cette gigantesque bouche garnie de crocs/épines qui s’ouvre comme un gouffre au milieu de son tronc tortueux.

Le combat contre le démon est dantesque, comme dans ces cauchemars où le monstre ne semble jamais devoir mourir. Pourtant après une lutte qui semble ne jamais devoir prendre fin le végétal carnivore finit par tomber sous nos coups de hache, avant de se ratatiner sur lui-même et de ne plus être que l’ombre de la créature démoniaque qui l’animait de sa seule fureur. Il n’y a plus que l’écorce craquelée du monstre devant nous, mais nous aurons toujours un doute quand à savoir s’il ne va pas se relever un jour.



« - La semaine prochaine à l’IKEA de River Haven, grande promo sur les tables en Arbre-Faux ! »


Bien que court, le chemin de retour chez Tiressia est interminable. Nous sommes tous fourbus et la nuit commence à tomber quand nous entrons enfin dans la clairière. La dryade est seule à nous accueillir, Falchos étant parti au temple de l’Elan pour y recevoir des soins. Elle nous remercie d’avoir pris sa défense sans y être obligés, et pour nous récompenser nous dit qu’elle va dorénavant être à l’écoute du bruissement des forêts qui concernent notre jeune royaume. Concernant Melianse elle nous confie six graines spécialement traitées qui devraient faire repousser un arbre instantanément. Il y en a cinq pour la nixie et une pour nous qui, une fois plantée dans notre capitale, nous désignera comme amis des fées.

Nous passons la nuit sous la garde de Tiressia, mais nous sommes encore tous marqués par notre combat de la veille. Nous repartons néanmoins au petit matin pour apporter les graines à Melianse. Celle-ci est très satisfaite de notre aide et promet elle aussi de garder un oeil ouvert sur le réseau de rivières qui quadrille notre royaume. Elle commence immédiatement en nous parlant d’une sorcière surnommée la Vieille Beldame qui habite une propriété gardée par des épouvantails sur la rive ouest du lac Tuskwater. D’après Melianse elle est certes d’un accès un peu rude, mais il est possible de discuter avec elle pour autant que l’on se soit annoncé. Nous lui promettons de faire attention et c’est d’un bon pas que nous quittons sa clairière.


Comme vous le voyez les choses évoluent rapidement ici et River Haven sera bientôt une ville où je serai content de vous accueillir. En attendant continuez de regarder quels sont les meilleurs partis de la région, je pense que je pourrai rapidement avoir besoin d’une alliance solide. J’espère vous revoir au plus vite.


Votre fils

Gregor Delecti


C'est tout pour cette fois, la suite demain.

Loon
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#18 Envoyé le : mardi 6 mars 2012 19:32:34(UTC)
Loon
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Je crois que la dame qui dance a été rajouté depuis un module Pathfinder par notre MJ. Ce qui est sur c'est qu'elle a été notre adversaire principal pendant la moitié de ce module.


Chère Mère,


Rien n’aurait pu me faire plus plaisir que de recevoir la lettre m’annonçant votre venue. J’ai immédiatement ordonné que l’on prépare une aile du château pour que vous puissiez vous y installer avec votre suite. J’espère que vous y serez à votre aise, elle n’est pas gigantesque mais la vue sur le lac est particulièrement apaisante. Elle a de plus un accès direct au toit, où vous pourrez poursuivre vos travaux sur les constellations sans être dérangée par les fâcheux.

Les choses ici sont en train de prendre une bonne tournure après une première année chaotique. Je dois toutefois avouer que la cohabitation avec le peuple féérique est en train de se dégrader par la faute de leur souveraine, et je me réjouis de recevoir vos conseils éclairés sur cette affaire préoccupante. Laissez-moi vous expliquer comment tout à commencé.


Après un printemps radieux déjà placé sous l’oeil bienveillant d’Erastil, l’été est lui aussi exceptionnel. Les récoltes se développent pleinement, mues par les rayons que darde un soleil peu avare de ses bienfaits. Les moissons sont généreuses et opulentes cette année, nous pourrons nourrir toute la population durant la saison froide. Grace à notre politique de développement au nord du pays nous transformons la région qui borde le Brevoy en grenier à blé pour la nation toute entière.

Lors de la séance du conseil qui précède les premières moissons, Jhod se présente avec un couple de ses amis. Loy Rezbin et sa femme Latricia font parti d’une petite communauté vénérant Erastil qui habite actuellement au temple de l’Elan. Ils sont venus nous voir pour nous parler de leur projet de migration. Le temple est certes un site sacré dédié au Dieu à tête de cerf, mais il commence à être trop petit pour tous les croyants qui y vivent. Les Rezbin veulent donc fonder une nouvelle communauté un peu plus à l’Ouest, sur les rives de la Skunk, à l’endroit où nichaient les tatzlwyrms.

Ce territoire est pour le moment en dehors du royaume de Samarkand, mais nous décidons tout de même d’aider les nouveaux colons. Le conseil débloque un fonds qui permettra d’établir une auberge dans le village nouvellement créé, pour que les voyageurs et les marchands qui traversent le bois de Narl puissent avoir un lieu de repos dans l’Ouest. Nous détachons aussi une section de soldats pour assurer la sécurité des pionniers dans cet endroit qui reste bien éloigné de la civilisation. C’est sous le regard bienveillant des Seigneurs de Samarkand que Tatzlford est créé, agrandissant notre sphère d’influence vers l’Ouest.

C’est la semaine qui suit les moissons que commencent les perturbations. Le premier signe que quelque chose d’étrange se passe nous est apporté par Constance Devine. En faisant les comptes des fermes autour de River Haven, elle s’est aperçue que le rendement est bien moindre que ce qu’il devrait être. Après une rapide enquête, il s’avère que le manque à gagner provient de quatre fermes où des perturbations atmosphériques étranges se sont produites. Un brouillard tenace en plein été dans lequel se faisait entendre une musique étrange. Le chef Ecailles-de-Suie va envoyer la Koblice pour enquêter dans la région afin de comprendre ce qu’il se passe, que ce soit une fraude ou des brigands.


Nous sommes en train de régler les derniers détails du conseil quand un garde vient nous avertir qu’un citoyen demande une audience. L’homme qui se présente timidement devant nous a l’air inquiet et ne doit pas avoir beaucoup dormi ces derniers jours. Il se présente comme Horace Tannersen, un pêcheur habitant River Haven. S’il a eu le courage de venir nous voir c’est que Tig, son fils de dix ans, a disparu depuis maintenant deux jours et qu’il ne sait plus quoi faire.

Tig est en enfant qui adore se promener sur les bords du lac à la recherche de trésors, qui vont du galet coloré au crabe mort, aussi ses parents ne se sont pas inquiétés de ne pas le voir de la journée d’hier, mais il n’est pas rentré le soir. Son père et quelques voisins ont passé la nuit à le chercher sur les rives du lac, en vain. Le petit est débrouillard et il connait bien les dangers de la région, il n’irait pas dans la forêt ou les marais tout seul, Horace est persuadé que son fils a été enlevé. Il a même une suspecte : Beldame, la vieille sorcière qui vit dans les marais. Il vient nous demander de l’aide pour aller la dénicher dans son antre et libérer son fils. Il viendrait avec nous et il sait que d’autres habitants sont prêts à donner un coup de main pour allumer le bucher de l’hérétique.



« Il fallait bien s’occuper avant l’invention d’internet. »


Nous lui faisons vite comprendre qu’il n’y aura pas de lynchage par des foules en colère sans ordre explicite du gouvernement, mais que nous allons immédiatement lancer des recherches pour retrouver son fils. Rivotril réquisitionne un vêtement appartenant à l’enfant et se met aussitôt à suivre son thylacine, lui-même suivant la piste. Le reste du groupe décide d’aller rendre une petite visite à cette fameuse sorcière pour l’interroger.

Le trajet jusqu’à la demeure de la vieille Beldame est très déplaisant. Elle habite au coeur de la zone marécageuse qui borde la rive ouest du Lac Tuskwater, et qui dit marais dit bourbier, humidité, sangsues et moustiques. Et ce ne sont que les désagréments mineurs. C’est donc épuisés par l’effort et d’une humeur maussade que nous parvenons finalement devant la grille qui entoure la propriété de la vieille femme. Comme la nixie Melianse nous avait parlé d’elle, nous savons que nous devons nous annoncer avant de passer le portail d’entrée. Il faut de longues minutes de discussion avec une personne à la voix désagréable qui braille depuis l’intérieur de la masure avant qu’elle nous invite à entrer et que nous puissions enfin parler face à face avec la vieille Beldame.

Son aspect et son caractère exécrable permettent assez facilement d’expliquer pourquoi les habitants des villages alentours se méfient de la vielle femme. Il faut bien admettre qu’elle est la représentation fidèle de ce que les gens se font d’une sorcière de conte de fée. Même sa cabane semble sortir d’une histoire pour enfants avec son chaudron bouillonnant dans la pièce principale. Les murs ne sont toutefois pas faits de pain d’épice, comme nous le montre la grimace de M. Kane qui a essayé d’en lécher un.

Sous des dehors assez âpres Beldame cache une seconde couche elle aussi rugueuse, mais si on creuse encore plus profond se trouve une vieille femme seule qui tient surtout à sa tranquillité. Elle nous affirme qu’elle n’a pas vu le jeune Tig, mais que si elle devait rechercher un enfant disparu elle irait jeter un coup d’oeil chez les hommes-lézards qui vivent à l’embouchure de la rivière Murque un peu plus au Sud. Selon elle ces sauriens se nourrissent de tout ce qu’ils réussissent à attraper autour du lac.

Une autre possibilité serait les trolls qui vivent quelque part dans le Sud du bois de Narl. Cette tribu très agressive est dirigée par un troll mutant à deux têtes nommé Hargulka, qui envoie régulièrement des groupes de chasse dans la forêt pour ramener de la nourriture, de préférence consciente et terrorisée.

A moins que ce ne soit le monstre du Lac Tuskwater, une créature gigantesque qui vit au fond du lac mais qu’on peut parfois apercevoir les jours de brume. Il est supposé avoir provoqué le naufrage de plus de bateaux que le rhum frelaté vendu sur les docks.

Et c’est bien parce que nous avons décrit le jeune Tig comme un enfant malin qu’elle s’abstient de mentionner l’ile hantée qui prodigue ses malédictions impies depuis des temps qui sont sortis de la mémoire de l’Homme. Les pêcheurs locaux n’osent même pas aller poser leurs filets dans le Lac Candlemere de peur de déranger l’esprit de l’ile.

Avant de nous mettre dehors elle nous dit encore que si nous allons à la recherche du jeune Tig sur la rive Est du Lac Tuskwater, nous pouvons lui ramener des noirs chapeau-sonnailles, une espèce rare de champignon qui pousse dans une fosse boueuse gardée par des mycoïdes carnivores. Maintenant qu’elle y pense, ces fongus vivants pourraient aussi tout à fait se repaitre d’un enfant.

Je vais finir par me demander si c’était une si bonne idée que ça de nous installer au bord de ce lac.



« - Cette fois je pense qu’on a fait le tour de toutes les saletés qui pourraient vous tomber dessus. »


Alors que nous sommes en train de monter le camp pour passer la nuit nous entendons des aboiements qui viennent dans notre direction. C’est Rivotril et son thylacine qui nous ont pistés jusque là. Comme je m’apprête à lui expliquer que c’est le garçon qu’il est supposé retrouver, il nous explique que nous devons rentrer en ville immédiatement. La Koblice est tombée sur quelque chose de bien plus sérieux qu’une fraude pendant son enquête.

Le rapport du chef Ecailles-de-Suie est inquiétant. Il avait envoyé un groupe de kobold à chacune des fermes pour les surveiller et l’un d’entre eux a été témoin d’une scène étrange. Peu après la tombée de la nuit une brume dense s’est effectivement levée au centre du hameau, suivie par un air de flute inquiétant qui semblait provenir de son centre. Peu de temps après les habitants ont commencé à sortir de leurs maisons pour entrer lentement dans le brouillard, comme s’ils étaient attirés par cette musique hypnotique. Quand la brume c’est dissipée quelques longues minutes plus tard, toutes ces personnes avaient disparu.

L’affaire est grave. Une baisse de productivité est une chose, l’enlèvement de villages entiers en est une autre. Après avoir étudié la fréquence et la localisation des brouillards nous commençons à entrevoir une concordance. Les attaques suivent un schéma précis entre les différentes fermes d’une zone somme toute assez réduite. Si notre mystérieux flutiste suit son mode opératoire habituel, il va attaquer demain soir la ferme du Bouleau Blanc. Et nous serons sur place à l’attendre.


Ca fait quatre bonnes heures que nous sommes dissimulés dans le fossé qui entoure la ferme quand nous nous apercevons que la visibilité commence à baisser. La brume se lève et elle est de toute évidence surnaturelle. Elle mesure quelques dizaines de mètres de rayon et se déplace de façon tout à fait contraire aux lois de l’hygroscopie. De son centre provient un petit air de flute hypnotique qui me fait presque entrer en transe, n’eut été mon casque qui en atténue les effets. Mercedes n’est pas non plus affectée, ce n’est pas une gitane varisienne qui va succomber à une musique arcanique. Les autres vont par contre rejoindre la masse des paysans qui suit la mélodie jusqu’à l’intérieur de la brume. Je n’ai pas le choix, si je veux comprendre ce phénomène je dois les suivre.

Quand la brume se dissipe après un lapse de temps impossible à estimer, je me retrouve au milieu d’une foule transcendée qui balance au rythme d’une bacchanale endiablée. Nous sommes dans ce qui ressemble à une salle de bal antique, mais je ne parviens pas à reconnaitre le style de la construction. Tout autour de moi se déroulent des scènes orgiaques, comme si la musique faisait tomber toutes les inhibitions des personnes rassemblées ici. Je réussi heureusement à réveiller presque tout le groupe, seule Florbella restant possédée par cette ambiance délétère.



« L’histoire de ce qui s’est ensuite passé avec les brutaciens est réservée à un public averti. »


Nous nous séparons pour pouvoir jeter un oeil dans la demeure et comprendre enfin ce qu’il se passe ici. J’ai vite fait de repérer le flutiste et là c’est le choc. Je reconnais sans peine Falchos, le compagnon satire de la nymphe Tiressia. On ne peut vraiment faire confiance à personne. Au moment où je vais aller lui parler je suis interrompu par l’apparition de la maitresse de maison.

C’est une elfe à la beauté exceptionnelle qui s’avance depuis le haut des escaliers qui surplombent la salle. Elle se déplace avec une grâce qui relègue les courtisanes les plus célèbres au rang lourdaudes inélégantes et la foule se tait immédiatement. Elle commence alors une danse langoureuse qui suit le rythme entêtant de la musique, d’abord lentement, puis de plus en plus vite jusqu’à ce que sa silhouette floue ne soit plus qu’un éclat de couleur qui virevolte sur l’estrade. Sa prestation est si intense que j’en viens à perdre le sens des réalités, commençant moi-même à suivre le rythme obsédant de la musique, avant de reprendre le contrôle de mon esprit par un effort de volonté si fort qu’il manque m’assommer.

Ce bref moment de clarté me permet de remarquer quelque chose d’incongru sur La Dame qui Danse. Elle porte à la ceinture une corne en ivoire qui ne peut provenir que d’une licorne. De là à conclure que c’est celle qui a été arrachée à l’équidé dont nous avons trouvé le cadavre il y a plus d’un an, il n’y a qu’un pas. Plus inquiétant encore, cette corne semble absorber toute l’énergie dépensée par les danseurs présents dans la salle, comme un vampire psychique asséchant leur force vitale. Cette fois il va falloir agir.

Je décide d’aller parler à Falchos. Non seulement nous nous sommes quittés en bons termes, mais nous lui avons sauvé la vie, il devrait être raisonnable. Quand je l’interpelle il est tellement surpris de me voir qu’il cesse de souffler dans son flutiau, ce qui a pour effet de libérer les personnes présentes du charme qui contrôlait leur esprit.



« - Mais qu’est-ce que je fais là ? »


Ce qui a aussi pour effet d’attirer l’attention de la Dame qui le rappelle immédiatement à l’ordre. Il prend à peine le temps de me dire qu’il doit obéir à La Reine avant de reprendre son morceau, captivant à nouveau les pauvres gens dans la salle. C’est alors que retenti un nouveau cri de rage de celle que je suis bien forcé d’appeler La Reine.

M. Kane est en haut de l’escalier qui mène à l’étage supérieur, menotté par un quickling nommé Rigg, un genre de créature féérique ressemblant à un elf à longues griffes dont la particularité est de se déplacer tellement rapidement qu’elle semble disparaitre. Apparemment le vieil homme s’est fait prendre alors qu’il furetait devant les appartements privés de la Reine. Elle est d’ailleurs dans une colère noire et nous ordonne de quitter sa demeure sur le champ. Je pèse longuement le pour et le contre avant de prendre une décision.

Pour être franc les choses ne s’annoncent pas au mieux. Florbella est complètement hors service, M. Kane est tenu fermement par le quickling et il y a une vingtaine de paysans charmés qui me regardent bizarrement depuis que la Reine me crie dessus. Ca c’est les soucis mineurs. Le problème majeur étant que si cette Dame qui danse est vraiment la reine des fées, l’affronter chez elle serait particulièrement malséant en termes de diplomatie. C’est une histoire à provoquer une guerre avec la féérie, ce qui serait un épouvantable gâchis après les efforts fournis pour être dans leurs bonnes grâces. C’est d’un ton résigné que je bats le rappel des troupes, mais en promettant à la Reine que si elle s’attaque encore une fois à mes fermiers, les choses se termineront autrement.

Une fois passé la herse menant à l’extérieur du bâtiment nous pouvons enfin voir à quoi il ressemble. C’est une structure ronde, avec quatre tours sur le périmètre et une plus imposante au centre. La tour centrale devait être la salle de bal ou nous nous trouvions. Quand à l’endroit où nous sommes, à part au milieu d’une forêt, il est impossible d’avoir une position précise. Heureusement la herse se soulève à nouveau peu de temps après, pour laisser passer Falchos suivi des paysans. Nous profitons du retour de la brume pour faire le voyage en sens inverse.

Une fois de retour au village le spectacle est désolant. Les paysans qui ont dansé toute la nuit sont certes fatigués, mais beaucoup trop pour les efforts fournis. Ils sont comme vidés de toute leur force vitale, et M. Kane est persuadé que quelques nuits de plus à ce régime signifierait leur mort. Nous parvenons tout de même à arrêter Falchos alors qu’il va s’en aller, et Requiem trouve les mots justes pour qu’il soulage sa conscience.

La dame qui danse est effectivement la Reine féérique de la région, ce qui oblige le satyre à exécuter tous ses ordres, même les plus cruels. Il semble toutefois qu’elle soit peu populaire parmi ses sujets, et qu’une jacquerie formée de Tiressia, Tig-Titter-Tut et Sylabine est au bord de la sédition. Si la Reine devait continuer ses exactions, et je ne doute pas qu’elle le fasse, je pense qu’il serait de bon ton de prendre contact avec les insurgés.


Comme vous le voyez, vous ne pouviez choisir un meilleur moment pour venir à River Haven. J’ai envoyé une garde d’honneur pour vous apporter cette lettre, qui vous escortera ici avec tous les égards dus à votre rang. Je suis impatient de vous accueillir au château.


Votre fils

Gregor Delecti



Fin de la séance onze, la suite demain.

Loon
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Offline Loon  
#19 Envoyé le : mercredi 7 mars 2012 18:58:46(UTC)
Loon
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A partir de cet épisode changement de destinataire pour le courrier, le précédent m'ayant rejoint. C'est aussi la première fois qu'on se dit qu'il y a quelque chose qui nous en veut dans les Terres Volées.


Chère Graziella,


Je tiens tout d’abord à te rassurer, Mère va bien. Je ne sais pas exactement quelles histoires sont parvenues jusqu’à Rostov, mais elle a une nouvelle fois survécu à une tentative d’assassinat perpétrée contre elle. Deux fois. Ce qui doit l’amener à trente-huit en vingt ans si ma mémoire est bonne. Même si on est encore loin des cinquante-trois de Grand-Mère Cassandra, l’exploit est tout de même impressionnant. Par contre aucune des personnes assise à la même table qu’elle n’a rechapé au poison qui assaisonnait le vin. Je vais finir par croire à ces rumeurs de pacte avec des entités d’outre-temps que les pontifes d’Asmodeus ont fait courir sur elle avant notre exil.

Je sais que tu es friande de détails, aussi je vais essayer de te raconter le plus précisément possible ce qu’il s’est passé au cours de cette journée où le destin de Samarkand a basculé.


Le conseil touche à sa fin quand nos discussions sont interrompues pour la première fois par des coups sur la porte. C’est Jubilost Narthroppole, l’explorateur gnome que nous avions mandaté pour explorer le sud de la Ceinture Verte. Il a beaucoup voyagé dans l’est ces derniers temps, à la recherche de son avant-poste nain. Il a d’ailleurs fini par le trouver, même si ce n’était ni un avant-poste, ni une construction naine.



« - Sérieusement arrête avec tes cartes au trésor, tu le vois bien qu’il n’y a pas de nains ici ! »


Sa carte menait plutôt au tombeau d’un roi barbare taillé dans la montagne, à l’époque où ceux-ci régnaient encore sur la région. Avec l’aide de ses hommes Jubilost a échappé aux pièges et aux occupants des lieux, pour nous ramener une épée magnifique qu’il a pris des mains décharnées par la mort-vivance du roi de jadis.


Le voyage de retour en direction de River Haven n’a pas été non plus de tout repos car il a croisé la route des loups menés par Hurlement-du-Vent-du-Nord. Apparemment la meute a établi son territoire de chasse dans les collines à l’est de la capitale. Il va bientôt être temps de mener la chasse à ces bêtes avant qu’elles ne causent plus de problèmes. Il nous a aussi parlé d’histoires colportées par des voyageurs venant du sud parlant d’un géant en maraude. Là aussi il faudra prendre des mesures si nous menons notre expansion dans cette direction.

Puisqu’on parle de menace, Svetlana nous a amenée une lettre qu’elle a reçue du Brevoy. Les Seigneurs-Epéistes reçoivent des rapports de plus en plus alarmants concernant des incursions de trolls dans le sud du pays. Ils offrent une forte récompense à toute personne qui pourrait s’en charger définitivement. Encore une fois il faudra se charger de la menace, par exemple quand nous repartirons dans le sud à la recherche du jeune Tig, même si j’ai peu d’espoir de le ramener vivant après presque une semaine.

Concernant la menace que fait planer sur nous la Dame qui danse, nous décidons de privilégier la manière diplomatique en lui écrivant une lettre expliquant clairement quelles sont les options qui s’ouvrent à elle si elle persiste dans ses exactions. Et comme nous sommes persuadés que ça ne va pas l’arrêter nous contactons, grâce à la magie de M. Kane, les fées rebelles pour leur proposer de nous rencontrer d’ici la fin de la semaine.



« - Non, il n’y a pas de fées ici. Nous ne sommes pas les rebelles que vous recherchez. »


Heureusement cette journée qui était jusqu’ici morne et triste a été ensoleillée par l’arrivée tant attendue de Mère. Comme à son habitude elle a su mettre les gens à l’aise grâce à son sens inné de la diplomatie et sa bonne humeur communicative. Tu la connais, toujours à s’intéresser à ce que font les autres utilisateurs de magie, à donner de judicieux conseils beauté aux femmes présentes où à proposer une occasion de faire la fête (en l’occurrence un banquet). Je crois pouvoir affirmer que tout le monde était déjà conquis par sa délicieuse personnalité quand elle s’est retirée dans ses appartements en attendant la soirée donnée spontanément en son honneur.

Le reste de la journée est occupée à préparer le festin du soir. Entre la recherche d’un traiteur qui puisse se charger du repas et la préparation de la grande salle du château pour le soir même, tout le monde est bien occupé. Je peux heureusement compter sur Svetlana, qui connaît un restaurateur qui est ravi de mettre ses compétences culinaires à notre service. De son coté Jubilost, qui comme tous les gnomes à plus d’un tour dans son sac, me dit qu’il peut organiser un spectacle pyrotechnique qui ravira certainement les convives les plus exigeants.

Je suis en train de choisir la couleur des serviettes quand fait irruption une jouvencelle qui me force une nouvelle fois à chambouler mon plan de table. Cette charmante demoiselle, qui porte une robe qu’il me semble avoir déjà vue sur Mercedes, dit s’appeler Lily Teskertin. Elle est là pour parler avec son ami Rivotril de sujets qui ne nous regardent pas. On dirait que notre jeune sheriff a trouvé une camarade avec qui passer ses journées à la capitale. Puisqu’elle est là je décide de l’inviter elle aussi au banquet de ce soir. Je recommande tout de même au maitre d’hôtel de recompter les couverts en argent après le service.


Tout le gratin de Samarkand est présent pour le premier banquet officiel donné dans la salle nouvellement terminée au château seigneurial de River Haven. Il y a là Olaf Olafson, le roi autoproclamé du mouton, dont les affaires sont florissantes depuis que Jhod a abandonné ses chasses ; trois des huit frères Nebuloni, les gnomes qui possèdent le chantier naval qui a construit la moitié des navires naviguant sur nos eaux ; la Comtesse de Gernalle, dernière descendante d’une famille taldorienne ruinée qui s’incruste dans toutes les maisons qui se sentent flattées d’héberger une aristocrate ; et bien d’autres flagorneurs et pique-assiettes de tous bords.

Tous les convives sont parés de leurs plus beaux atours, à tel point que même Florbella a revêtu une robe qui aurait pu la faire paraitre civilisée si elle n’avait tenu à conserver sa hache avec elle. L’avenir nous prouvera qu’elle a eu raison de conserver sa meilleure amie à portée de main. Le repas composé avec gout est digne des agapes les plus décadentes du Chéliax. Les plats sont pour la plupart cuisinés avec les ressources provenant du Lac Tuskwater, crustacés, poissons et coquillages faisant le régal des papilles les plus exigeantes. C’est une assemblée comblée par la bonne chair et un excellent vin du Mivon qui devient soudainement attentive quand Mère se lève pour faire une annonce.

Je peux avouer sans honte que j’ai rarement été aussi ému que lors son allocution. Elle dit tout d’abord que notre royaume est certes jeune, mais qu’il se construit sur de bonnes bases et que les meilleurs auspices veillent sur sa destinée. Elle se tourne alors vers une de ses suivantes et lui prend des mains un coffret oblong en ébène. Elle en sort solennellement un objet que je croyais disparu depuis notre fuite précipitée de Westcrown il y a cinq ans : le Sceptre d’Autorité Chéliaxien. C’est d’un geste majestueux qu’elle me confie cette relique appartenant à notre famille depuis des générations. Avec un de ses trop rares sourires elle me déclare qu’elle est fière de moi et que je suis maintenant digne de le posséder. Je ne saurai jamais ce qu’elle s’apprêtait à ajouter car elle pâlit tout à coup alors qu’une pointe en bois ensanglantée apparait de manière incongrue sur sa poitrine.

« - De la part de la Dame qui danse !! »

Le cri de défi provient de l’assassin qui tient toujours le poignard sanguinolent planté dans le dos de Mère. Je suis pris de vertiges que je mets sur le compte du choc avant de m’apercevoir que tous autour de moi sont pareillement pris de nausées. Le vin était empoisonné. En me précipitant pour porter secours à Mère je vois du coin de l’oeil que d’autres quicklings sortent des coins d’ombre où ils étaient dissimulés. Je ne leur jette cependant qu’un regard distrait, toute ma concentration étant focalisée sur la terrible blessure dans le dos de Mère. Tout autour de moi je suis conscient que des gens se battent et meurent mais je leur prête à peine attention, obnubilé par l’hémorragie que je tente d’endiguer.

Ce n’est que de longues minutes plus tard que je recommence à percevoir ce qui se passe dans la pièce transformée en champ de bataille. La vie de Mère n’est plus en danger, mais je n’ai pas réussi à extraire la pointe de l’épine que l’assassin a cassée dans sa poitrine. Cette aiguille végétale semble vivante et je suis certain qu’il y a de la magie là derrière. M. Kane pourra certainement m’en dire plus sur le sujet.

Autour de moi je peux maintenant observer un vrai carnage. Les tueurs féériques ont été exterminés mais ils ont emportés de nombreuses vies avec eux. Cinq personnes sont mortes sous leurs coups, sans oublier les blessés au nombre desquels on compte Mercedes et Florbella. Elles ont, elles aussi, reçu un coup de ce poignard végétal et une épine est fermement plantée dans leur corps meurtri. Même si elles essaient de le cacher je peux bien voir qu’elles souffrent atrocement de cette blessure.

Mercedes va tout de même parvenir à sortir sur le balcon pour parler à la foule qui a été rassemblée ici par la rumeur de la tentative d’assassinat. Dans un discours où elle parvient à masquer la douleur qui la ronge, elle rassure le peuple sur l’état de ses Seigneurs et celui-ci se disperse bientôt dans les rues qui bordent le château. Cette nuit les guérisseurs vont rester au chevet des blessés, demain sera le temps de la riposte.



« - 24 Arodus 4709, une date marquée du sceau de l’infamie. »


Pendant que je passe la nuit au chevet de Mère et que Mercedes et Florbella reçoivent des soins, M. Kane ne reste pas inactif. Il contact par magie la dryade Tiressia, qui est à la tête de la fronde contre la dame qui danse, pour l’informer des événements de la nuit. Après de longues tractations il réussi à obtenir l’aide des fées rebelles dans le conflit qui s’annonce. Elle va envoyer son compagnon Falchos pour qu’il nous guide à travers les chemins détournés de féérie jusqu’au palais de la reine.

Il nous faut en effet nous hâter si nous voulons sauver les blessées. Les poignards utilisés par les assassins sont des épines de sang, une arme redoutable que la reine fait pousser par magie dans son jardin. Si la personne qui a créé la lame n’est pas éliminée dans les plus brefs délais la pointe va progresser dans le corps de la victime en direction du coeur et la tuera dans d’atroces souffrances. Fort de ces mauvaises mais intéressantes indications nous fourbissons nos armes et nous nous préparons à rejoindre le satyre.


Notre départ depuis River Haven pour venger l’affront perpétré cette nuit se fait sous les vivats de la foule qui s’est spontanément rassemblée le long de l’artère principale. Nous avançons fièrement, les bannières au vent, pour bien montrer au peuple que personne ne peut s’en prendre au royaume de Samarkand sans s’exposer à la colère de ses Seigneurs. Il faut que les gens voient qu’ils vivent dans un état où la loi règne.

Quelques heures de chevauchée plus tard nous rejoignons Falchos à l’orée du Bois de Narl. Le satyre est extrêmement nerveux. Il est partagé entre son amour pour Tiressia et sa crainte de la reine, et s’il veut bien nous amener à son palais il ne nous aidera pas à la combattre. Je le remercie néanmoins pour le raccourci qu’il nous fourni et qui va nous permettre de gagner un temps précieux.

Menés par la flute enchantée de Falchos le voyage semble instantané et nous voyons bien vite devant nous les tours du palais. Contrairement à la dernière fois les portes ne sont pas ouvertes. Elles sont même gardées par des trolls accompagnés par les fameux chiens dont nous avait parlé Melianse. Alors que je me prépare à un affrontement inévitable contre les verruqueux mastodontes, j’ai une fois de plus une preuve de la maitrise arcanique de M. Kane, qui réussi à littéralement nous transformer en courant d’air pour nous faire passer par une ouverture minuscule située à l’arrière de la forteresse.

Profitant de notre état éthéré nous nous glissons à travers le jardin qui entoure la tour centrale où nous savons trouver la reine. Nous surprenons à cette occasion une discussion entre celle-ci et Rigg, son homme de main. Il en ressort que les trolls ont été confiés à la reine par une certaine Maitresse pour l’aider dans ses plans. Le fait que la reine soit en possession de la corne de la licorne piégée de l’année passée me fait penser qu’il s’agit de la même Maitresse que celle des guerriers d’ombremort. La réponse à cette question n’est toutefois pas pressante, nous attendons que Rigg sorte de la tour pour nous faufiler discrètement à l’intérieur.

Nous progressons prudemment, M. Kane nous a prévenus que les pictogrammes qui ornent les murs de la tour sont un piège optique. Si on les observe trop longtemps on peut rester fascinés par leurs circonvolutions hypnotiques. L’avertissement est cependant inutile tant est forte la magie immanent des icones maléfiques. Après quelques pas une alarme retentit dans la tour et Rigg accourt à la vitesse de l’éclair pour voir ce qui l’a déclenchée. C'est-à-dire nous. Son cri d’alerte fait immédiatement apparaitre la reine qui était dans ses appartements en haut de la tour. Nous sommes pris entre deux feux.

La reine est ivre de rage quand elle voit que les séides qu’elle a envoyés pour nous occire ont échoué dans leur mission. Elle se lance aussitôt dans une sarabande meurtrière qui la transforme en mortel tourbillon de griffes acérées. La furie qui se déchaine sur nous n’a plus rien à voir avec la gracieuse ballerine qui charmait la foule éblouie par ses entrechats aériens. Comme si ca ne suffisait pas le bruit pourrait attirer les trolls qui veillent dehors et M. Kane prend la seule décision possible en scellant la tour par magie. Quelque soit l’issue du combat, personne ne s’enfuira.

L’affrontement est terrible entre celle qui est la souveraine antique de ces terres et nous qui en sommes les nouveaux monarques. C’est le combat entre le passé du monde et son avenir et, comme dans toutes les batailles, l’ancien âge doit céder sa place au nouveau.

La reine n’accepte cependant pas la passation de pouvoir avec bonne volonté et, dans une attitude bien peu digne d’une dame, se poignarde en plein coeur avec sa corne en nous maudissant au nom de sa mystérieuse Maitresse. Ce geste revanchard a pour conséquence d’accélérer la progression de l’épine dans le corps de la régente actuelle de Samarkand et Mercedes s’écroule aussitôt, morte de la main de la Dame qui Danse, qui laisse échapper un ricanement sordide avec son dernier souffle.


Comme tu peux le voir la situation est encore précaire ici. Nous allons essayer de demander l’aide d’Erastil pour Mercedes mais je ne sais pas si Jhod pourra faire quelque chose pour elle, et je crains une période de troubles si la régente venait à disparaitre. C’est pourquoi je préfère que tu restes encore quelques temps à Restov pour veiller sur Abrogail. En parlant d’elle j’ai reçu un rapport disant qu’elle s’était inscrite à l’école d’escrime Aldori. J’aimerais que tu lui rappelles d’être prudente et que la voie des armes est dangereuse.

Je t’enverrai des informations sur l’état de santé de Mère dès qu’il y aura une amélioration et je me réjouis d’avoir bientôt de tes nouvelles.


Ton frère

Gregor Delecti



Fin de la douzième séance, la suite demain.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#20 Envoyé le : jeudi 8 mars 2012 19:03:08(UTC)
Loon
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La Cour des Fées nous a permi d'intégrer toute la forêt au Sud de Tatzleford en une seule fois. C'est un genre d'état dans l'état, les humains n'ont pas le droit de s'instaler plus loin que la lisière de la forêt, mais en échange les fées paient un tribut en BP comme si le territoire était à nous. Ca semblait une bonne idée à la base, mais ça nous a ramené un tas de problèmes par la suite.


Chère Graziella,


Avant toute chose des nouvelles de Mère. Même si elle doit toujours garder le lit, elle se porte mieux et je pense qu’elle pourra reprendre ses études des astres d’ici quelques jours. Elle a même recommencé à houspiller Dame Rogalia, sa servante halfling, ce qui est pour moi la meilleure preuve de l’amélioration de son état.

Quand à la désastreuse situation dans laquelle je t’avais laissée lors de ma dernière lettre au sujet de la féérie, ses développements ont aboutis à un résultat assez inattendu.


Je m’étais arrêté au moment où la Dame qui Danse avait lancé sa dernière malédiction contre Mercedes avant de se résoudre à enfin rendre l’âme à sa Maitresse. Nous sommes tous dans l’expectative, attendant l’attaque imminente des gardes trolls qui se fait attendre. Et attendre encore. Qui ne vient pas du tout. Au bout de quelques minutes nous jetons un coup d’oeil circonspect à l’extérieur de la tour pour être témoins d’un curieux spectacle.

Les quatre trolls et leurs chiens sont en train de danser un ballet improbable autour de Falchos qui s’époumone dans son pipeau. Quand il nous aperçoit il nous fait discrètement signe de nous presser, il ne pourra pas les retenir beaucoup plus longtemps.

C’est donc quatre à quatre que nous montons les marches qui mènent à la chambre de la reine. Elle est meublée d’une multitude d’objets clinquants mais le tout est gâché par les diverses éclaboussures de sang qu’elle a projeté sur tous les murs lors de ses accès de colère. Il ne faisait pas bon contrarier la reine quand on était courtisan au palais. En parlant de palais, nous en avons nous aussi un à meubler et nous chargeons tout ce qui n’est pas abimé sur un disque fantasmagorique conjuré par M. Kane. Nous embarquons ensuite le corps de Mercedes, et Falchos nous emmène vers le temple de l’Elan à travers ses brumes.

Juste avant d’entrer dans le portail, je ressors la lettre dans laquelle nous faisions une proposition de trêve à la Dame qui Danse et l’épingle sur son cadavre. Les négociations n’ont pas abouti.


Nous arrivons au Temple de l’Elan le plus discrètement possible, compte tenu que nous transbahutons le mobilier d’un château entier avec nous. Les novices sont, heureusement pour nous, assez occupés avec les exercices étranges exigés par Jhod. Comme par exemple tuer une chèvre avec un arc mais pas de flèches. Nous ne sommes toutefois pas venus ici pour parler théologie et nous entrainons Jhod à l’écart pour lui parler de notre problème.

S’il n’est pas franchement opposé à l’idée d’intercéder auprès d’Erastil pour ramener Mercedes parmi nous, Jhod fait toutefois montre de peu d’enthousiasme. Selon lui la régente était certes sympathique mais elle ne faisait pas beaucoup d’efforts pour fonder une famille, ce qui est contraire aux préceptes du Dieu à tête de cerf. Il faudra toute la force de persuasion de M. Kane, ainsi qu’un don substantiel au fond de rénovation du temple, pour que la cérémonie puisse commencer.

Jhod nous conduit au plus profond du temple, là ou seuls les plus élevés dans la hiérarchie du culte ont le droit de pénétrer. Quand il commence à psalmodier dans une langue connue des seuls initiés Jhod semble plus grand, plus fort, plus puissant, comme s’il laissait derrière lui toute l’indécision qui le ronge habituellement pour communiquer avec son Dieu. Son chant liturgique fini par un hurlement qui n’a plus rien d’humain, alors que le visage maintenant canin du prêtre s’approche doucement de celui de Mercedes pour lui redonner le Souffle de Vie.

Nous avons tous le regard rivé sur Mercedes quand le miracle s’accompli. Elle ouvre soudainement des yeux ressemblant à ceux d’une louve, puis son corps se cabre et elle pousse un hululement à l’unisson avec Jhod pour remercier le Dieu de la chasse, avant de retomber en arrière, comme apaisée. Quand elle ouvre ses yeux à nouveau, ils ont repris leur forme normale.



« Mercedes est ressortie transfigurée par cette expérience. »


Nous sommes en train de récupérer de nos émotions devant un délicieux cuissot de chèvre quand nous recevons la visite de Sylabine. Elle aimerait que nous venions voir la Cour des Fées qui s’est réunie dans l’urgence pour faire face à la vacation laissée sur le trône par la mort de la Reine. Falchos nous conduira demain matin, pour l’heure nous sommes tous épuisés et la nuit ne va pas tarder à tomber.


Le lendemain c’est avec un peu d’appréhension que nous nous mettons en route pour rencontrer la Cour. La Reine était peu populaire parmi ses sujets, mais nous ne savons pas qui compose le Conseil des Onze, comme Falchos nous a dit qu’ils se nommaient. Après un lapse de temps une nouvelle fois impossible à estimer à cause des brumes, nous arrivons en vue de notre destination. A notre grande surprise nous sommes revenus au château de la Dame qui Danse. Nous passons sous les grilles du château et nous rencontrons finalement la Cour des Fées, dont certains membres ne nous sont pas totalement inconnus.

Nous avions déjà rencontré Perlivash et Tyg-Titter-Tut dans le nord du Bois de Narl ; Melianse, Tiressia et Falchos habitent dans la région ; et Sylabine vit au Temple de l’Elan. Les cinq autres membres de la Cour des Fées sont : Vinroot, un tréant qui semble avoir un problème avec l’alcool ; Palombier, un poulain qui est le fils de la licorne dont nous avions trouvé le corps ; Maligorn, un pixie hyperactif ; Aripha, une nymphe du printemps ; et Tenzekil, un gnome apiculteur.

C’est apparemment Tiressia qui a repris la place prépondérante dans la Cour, en tous cas c’est elle qui parle en son nom. Les Fées se sont rendu compte qu’elles ne pouvaient plus faire cavalier seul dans la région, et la mort de la Reine les a libérées d’un tyran cruel. Elles ont donc une proposition à nous faire. Elles seraient prêtes à se soumettre et intégrer le Royaume de Samarkand pour autant que la Cour des Fées reste une région autonome dans le Bois de Narl.

Les citoyens du royaume auraient le droit de pénétrer et exploiter les bois jusqu’à une dizaine de kilomètres de sa lisière, ainsi que de circuler librement sur ses rivières, mais les Fées ne veulent pas de résidents permanents. En contrepartie elles nous versent un tribut annuel et une assistance en cas de problèmes. Elles se gardent le droit d’arrêter les criminels éventuels, mais nous nous réservons le droit de les juger à la capitale. Nous demandons que Falchos, qui peut se déplacer rapidement, vienne assister au conseil à River Haven une fois par mois pour que nous restions en contact, et une fois ce dernier détail réglé, nous acceptons avec joie leur proposition. La superficie du royaume vient de doubler en une seule glorieuse journée.


Falchos nous ramène après la cérémonie à nos chevaux et c’est avec un air triomphal que nous rentrons dans River Haven. Nous avons réussi à transformer une guerre imminente en alliance, que nous espérons durable, avec la féérie. La traversée de la ville se fait sous les acclamations du peuple et c’est avec enthousiasme que Mercedes fait un discours pour annoncer les bonnes nouvelles à la foule rassemblée sous notre balcon. La déception est d’autant plus grande quand nous entendons les récriminations offusquées d’une frange mineure de la populace.



« - Exécutez le premier rang ! »


Les perturbateurs sont rapidement repérés et Mercedes à vite fait de leur expliquer pourquoi cette alliance avec les fées est une bonne nouvelle. Seuls quelques irréductibles, menés par notre vieille connaissance Corax, semblent encore maugréer dans leur coin, mais l’annonce d’un nouveau jour férié pour que tout le monde puisse fêter les « Rencontres Féélkloriques » fini de mettre les derniers récalcitrants de notre coté.


Nous avons à peine le temps d’envisager un bon repas et une pause bien méritée que Rivotril entre dans la cuisine accompagné par Horace Tannersen, le père du jeune Tig qui a disparu depuis bientôt deux semaines. Il est très fier de nous annoncer que son thylacine a enfin mérité toute la nourriture qu’il englouti car il a retrouvé la piste du disparu. Il a été capturé par les hommes-lézards qui vivent à l’embouchure de la Murque et, d’après les cris que Rivotril a entendus, il est toujours vivant. Nous finirons notre repas plus tard, si on se dépêche on peut arriver à leur camp avant la nuit.

Le soleil fini de passer derrière l’horizon quand les chevaux fantasmagoriques que M. Kane a tiré du plan des ombres se posent à l’abri derrière une haie d’arbustes proche du village des reptiles. Requiem se faufile immédiatement par-dessus la palissade qui entoure les huttes en torchis composant les habitations et va explorer le camp. Il revient quelques minutes plus tard, porteur d’intrigantes nouvelles.

Tout d’abord Tig est vivant, il est enterré jusqu’à la taille au milieu du village, gardé par un crocodile attaché de façon à ce qu’il ne puisse tout juste pas l’atteindre. Le pauvre gosse a du tellement hurler, terrorisé par cette situation, qu’il en a perdu sa voix. La seconde chose est que la torture de l’enfant est en train de provoquer des dissensions chez les ophidiens. C’est le Roi Vesket qui a ordonné les supplices infligés au garçon, mais la majeure partie de la tribu ne comprend pas ses pratiques. Manger une proie est normal, mais la torturer de cette façon n’est rien d’autre que de la barbarie. Il y a peut-être un coup à jouer.

Nous nous avançons à découvert et marchons directement vers les sentinelles qui montent la garde à la porte du village. Ceux-ci sont indécis et ils ont tôt fait d’aller chercher un responsable. C’est un reptile couvert de gris-gris qui se présente devant nous, précisant que le Roi ne peut pas être dérangé. Il se présente comme étant Sirsok, le chaman de la tribu et fait parti de ceux qui n’approuvent pas la torture du jeune Tig. Il nous avoue que le Roi prend des décisions étranges depuis qu’il parle avec Stisshak, l’esprit du plus grand guerrier jamais né dans la tribu. C’est l’esprit qui lui a conseillé de ne pas tuer le garçon tout de suite.

J’explique au chaman que nous sommes venus ici pour rechercher l’enfant et que nous ne partirons pas sans lui. S’il s’arrange pour qu’il nous soit remis nous ne blesserons personne et nous repartirons aussitôt. Sinon, il peut se préparer à la guerre. Sirsok hésite un moment mais finit par nous dire qu’il va empêcher les braves de la tribu de nous attaquer, mais qu’il ne peut rien promettre concernant le Roi. C’est bien suffisant pour moi et nous le suivons jusqu’à l’endroit ou le jeune Tig est retenu.

L’enfant est dans un sale état. Si physiquement il ne semble pas souffrir de blessures, son esprit à l’air d’avoir été brisé par la peur et la tension auxquelles il est soumis depuis des jours. Il est jeune, peut-être qu’il se remettra de cette épreuve, mais rien n’est moins sur. Nous sommes en train de le déterrer quand le Roi Vesket fait son apparition, flanqué de ses crocodiles dressés. Notre présence le met dans une rage impressionnante et, après avoir jeté un regard noir vers les braves qui nous ont encerclés pour assister au combat, nous charge l’arme au poing. Ce n’est toutefois pas la plus grande menace qui plane sur nous.

Semblant sorti de nulle part un crane entouré d’un halo de lumière se matérialise soudainement derrière nous et se met à faire pleuvoir la foudre sur M. Kane. Celui-ci riposte immédiatement et un combat de mages se déroule sous nos yeux, pendant que tous les autres combattants se déplacent prudemment à distance de sécurité.



« C’est plus un donjon, c’est un concert d’ABBA. »


Le temps que nous venions à bout du Roi, M. Kane revient victorieux parmi nous. Il nous explique que cet esprit ancestral n’est rien d’autre qu’un will-o’wisp, un esprit maléfique des marais qui se nourrit de la peur de ses victimes, ce qui explique pourquoi il voulait garder le jeune Tig vivant. Il n’a malheureusement pas réussi à le détruire, mais il venait surement de l’ile de Candlemere. Il faudra l’ajouter à la longue liste d’ennemis dont nous devrons nous méfier dans l’avenir.

L’enfant quand à lui est agrippé à Mercedes et ne semble plus vouloir la lâcher. Nous traversons les rangs des hommes-lézards qui nous regardent partir d’un regard froid et nous remontons sur nos chevaux pour rentrer chez nous. Nous avons réussi à retrouver le garçon, mais je pense que ce n’est plus vraiment un enfant maintenant.


Comme tu le vois je n’ai pas une minute à moi pour souffler ces derniers temps, mais j’espère que les choses vont se calmer d’ici peu. Je te tiens au courant aussitôt que j’ai un peu de temps pour moi.


Ton frère

Gregor Delecti



Fin de la trezième séance, la suite demain.

Loon
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