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Offline Loon  
#21 Envoyé le : vendredi 9 mars 2012 17:42:32(UTC)
Loon
Rang : Habitué
Inscrit le : 16/02/2012(UTC)
Messages : 57
Localisation : Suisse
La confrontation avec Grigori a été très sympa à jouer. On l'a résolu comme un défi de compétence à DD4, mais on devait aussi argumenter contre lui en RP pour pouvoir tirer un dé. Et avec un MJ juriste c'était pas évident de contester son argumentaire. Au final ça c'est joué sur le dernier dé, avec un magnifique critique de M. Kane.

Evidement il s'est un peu laissé emporter après en acusant l'Issia sans preuve, ce qui nous a valu presque autant de problèmes que Grigori. Mais c'était logique pour un rostlander qui déteste ces sales nordiques.


Chère Graziella,


Je suis désolé de ne pas t’avoir écrit plus tôt, mais j’ai été débordé par les affaires de l’Etat ces dernières semaines. S’il s’est passé beaucoup de choses ici récemment, la plus importante est certainement que la régence à pris fin et que j’ai été restauré à mon poste de dirigeant. Je dois toutefois reconnaitre que la passation de pouvoir a été beaucoup plus compliquée que prévue et que l’opposition la plus violente est venue de la personne que j’imaginais la moins susceptible de s’élever contre moi.


Tout commence au cours de la session d’automne du conseil, qui doit surtout servir à préparer le passage de l’hiver qui s’annonce précoce sous ces latitudes élevées. Nous ne voulons pas revivre le terrible hiver de l’année passée où seule la bénédiction d’Erastil, sous la forme d’un printemps particulièrement avancé, nous a permis de nourrir la population. Le meilleur moyen pour y arriver serait d’ouvrir des routes commerciales avec les états voisins, mais jusqu’à présent nous n’avons eu que peu de contacts avec eux.

J’irais même jusqu’à dire que nous ignorons qui sont la plupart de nos voisins. Nous savons qu’il y a le Brevoy au Nord, dont les Seigneurs-Epéistes nous ont envoyé ici, et que Maegar Varn fait du mieux qu’il peut avec ses moyens limités pour éviter que la pauvre bourgade qu’il ose appeler sa capitale ne retombe en poussière à l’Est.



« Jour d’affluence à Varnhold à l’occasion de la fête du solstice d’été. »


Requiem qui a un peu voyagé pour son ancien travail peut nous dire qu’à l’Ouest se trouve la cité-état de Pitax et qu’au Sud se trouve le royaume du Mivon. Il ne peut par contre pas nous en dire beaucoup plus que leur nom. Il va falloir envoyer des émissaires dans ces différentes régions pour prendre contact avec leurs dirigeants et voir si des échanges commerciaux sont envisageables entre ces pays et Samarkand.

Nous avons toutefois besoin d’un ambassadeur plus expérimenté qu’Akiros pour parvenir à ce résultat. Je ne dis pas qu’il est incompétent, mais il est beaucoup plus à l’aise pour festoyer avec des chefs de tribu que pour négocier des accords commerciaux avec les monarques des royaumes qui nous entourent. Il nous faut quelqu’un qui soit rompu à toutes les délicates subtilités de l’art difficile de la négociation, quelqu’un qui a de la famille dans tous les états environnants, en bref il nous faut Mercedes.

Elle est d’ailleurs bien consciente de cet état de fait et propose immédiatement de reprendre sa place à la tête de la diplomatie du royaume, mettant de fait un terme à une régence devenue inutile. Je ne te cache pas que je suis assez satisfait d’occuper à nouveau la place prépondérante au conseil et de laisser à Akiros la responsabilité d’entrainer l’armée, chose qui lui est plus naturelle que la diplomatie. C’est au moment où nous allons passer à la suite que l’improbable se produit.

Svetlana prend la parole pour déclarer qu’elle s’oppose à ce remaniement ministériel en disant que Mercedes avait fait un bon travail jusqu’à présent. Nous avons beau lui expliquer que c’est pour le bien du royaume, elle s’entête et va jusqu’à demander une votation. Elle est suivie uniquement par Constance Devine, qui est encore amère du non renouvellement de sa charge de trésorière à la fin de l’année au profit de M. Kane ; et par Akiros pour des raisons qui restent pour moi encore obscures. Poussée dans ses retranchements, Svetlana fini par admettre du bout des lèvres qu’elle se méfie d’un chéliaxien à la tête de l’état.

Le choc est rude. Je dois bien t’avouer que j’avais toujours considéré Svetlana comme une des seules véritables personnes de Bien dans ces contrées lointaines. Elle m’avait toujours parue comme un puits de lumière au milieu d’un océan de médiocrité. J’ai protégé sa famille et son foyer, j’ai parcouru les profondeurs de la terre pour lui ramener le réconfort que représentait son alliance dérobée. Tout ça pour n’être à ces yeux qu’un de ces chéliaxiens dont il faut se méfier. Un de ces diabolistes avides de pouvoir prêts à toutes les bassesses pour arriver à leurs fins.

Pour la première fois j’ai vraiment compris ce que voulait dire Père, quand il nous a dit qu’il préférait une mort certaine à WestCrown plutôt que l’exil. J’ai toujours pensé qu’il éprouvait malgré tout de la loyauté à l’égard de ce Chéliax qui nous a rejetés et qu’il ne voulait pas le quitter, mais la vérité est toute autre. Il n’aurait jamais supporté les regards de haine ou de mépris que nous devons constamment endurer depuis notre départ. J’espérais que dans ces contrées lointaines que sont les Terres Dérobées je pourrais repartir à zéro et laisser enfin le Chéliax derrière moi. On dirait bien que je me suis trompé.

Le reste de la session, que je suis d’une oreille distraite, est rapidement expédiée. Les brigands qui avaient essayé de faire croire à un retour du Seigneur-Cerf revenu de l’au-delà ont été prestement mis hors d’état de nuire par la Koblice. Leurs corps pendent aux remparts du château, en avertissement pour tous ceux qui auraient des velléités similaires. Nous n’avons pas passé des mois à purger la région de ses coupe-jarrets pour laisser une nouvelle bande s’installer sur ces terres.


C’est quelques semaines après cette houleuse séance du conseil que Requiem nous fait part des premières rumeurs concernant un agitateur qui sévit dans la capitale. Selon lui un homme dénommé Grigori tient des discours enflammés depuis quelques semaines dans diverses tavernes de la ville. Il y dénigre systématiquement toutes les actions prises par le conseil, jouant sur les sentiments les plus vils du public qui l’écoute pour attiser son mécontentement. Et il faut bien dire que ça marche. De plus en plus souvent ses slogans simplistes sont repris par les désoeuvrés et les oisifs. Il faut intervenir avant qu’il ne parvienne à déclencher des émeutes.

Nous décidons d’aller le confronter sur son propre terrain, pour prouver au peuple que ses dirigeants ne craignent pas la discussion avec ses détracteurs. Quand nous arrivons sur la place centrale nous pouvons constater qu’une foule compacte est déjà rassemblée autour de l’estrade improvisée sur lequel Grigori se tient. Je sens immédiatement qu’il n’est pas arrivé à River Haven par hasard. Ce n’est pas un homme du peuple mécontent, mais un spécialiste de la rhétorique qui utilise parfaitement toutes les astuces de manipulation des masses. Ce genre de professionnel se fait généralement payer à prix d’or pour son travail, nous devons déranger quelqu’un de puissant.

Nous ne sommes heureusement pas non plus dépourvus d’orateurs de talents. Mercedes et M. Kane se hissent eux aussi sur l’estrade et réfutent un à un les arguments fallacieux utilisés par l’agitateur. Celui-ci tente de reprendre la main en prenant la foule à partie, mais Mercedes a toujours été considérée comme une icône par le petit peuple et celui-ci se range de son coté. Comprenant que Grigori est acculé dans ses derniers retranchements, M. Kane lui donne l’estocade finale en le bannissant du royaume de Samarkand, pour qu’il puisse retourner geler en Issia. Les murmures outrés de la petite communauté issienne sont rapidement étouffés par les acclamations de la foule quand le fauteur de trouble quitte la place la queue entre les jambes.



« Si seulement on avait inventé le chemin de fer, on aurait même pu l’évacuer sur un rail. »


Même si nous avons gagné cette manche, elle ne fait que renforcer notre cruel déficit en renseignements fiables concernant les nations étrangères. Seul son instinct de Rostlander à fait M. Kane accuser l’Issia de nous avoir envoyé Grigori, mais nous n’avons aucune preuve tangible que ce soient bien les Surtova. A défaut de véritable service de renseignement je fais parvenir une somme conséquente aux cousins varisiens de Mercedes pour qu’ils gardent un oeil sur l’agitateur. Je veux savoir à qui il va aller faire son rapport quand il aura quitté la ville.


Nous sommes bien engagés dans les frimas de l’hiver quand nous accueillons un vieil ami. Jubilost Narthroppole est venu passer la saison froide à River Haven et c’est avec plaisir que nous lui offrons l’hospitalité au château. Il en profite pour nous raconter les voyages qu’il a faits dans l’Est ces derniers mois. Il a parcouru les Kamelois jusqu’aux Tors de Lévenies, et même au-delà pour passer quelques semaines à Varnhold. Il nous parle du Lac Silverstep au pied des montagnes, nommé ainsi car il devrait sa forme particulière à un dragon d’argent qui aurait posé une patte ici avant de repartir vers les sommets. Il nous parle des montagnes aussi, qui ajoutent à leurs dangers habituels les manticores qui y nichent en grand nombre. Il nous parle des cascades enfin, qui empêchent la navigation sur la rivière Shrike.

La situation de ces cascades me rappelle l’ancien projet d’écluses que nous avions il y a quelques temps. Ce serait un travail de titan, mais si nous parvenions à les construire, il y aurait une voie navigable allant du Brevoy à la Mer Intérieure sans passer par les marais de l’Ouest. Les retombées économiques pour Samarkand seraient prodigieuses, à la hauteur de l’investissement de départ. Bien sur pour ça il faudrait entamer des négociations avec Varn, les cascades sont situées entre son territoire et le notre. De plus s’il pouvait contribuer lui aussi aux couts de l’opération, il pourrait empocher des dividendes bienvenus pour sa nation de traine-misères. Comme Jubilost connait bien la région et son seigneur nous le nommons plénipotentiaire, avec pour mission d’entamer les négociations.


Nous sommes en train de mettre la dernière touche à notre message pour Varnhold quand un garde affolé entre précipitamment dans la pièce. Une patrouille qui faisait sa tournée d’inspection près des bois de Narl à fait une découverte macabre à la ferme des Dillinger. Toute la famille aurait été massacrée, il faut se rendre sur place au plus vite. Requiem invoque une fois encore les chevaux spectraux qu’il tire du plan des ombres, et nous chevauchons à bride abattue.

Les Dillinger étaient une famille du Brevoy qui s’est installée dans la région il y a quelques mois. Elle était composée des frères Dillinger, deux anciens soldats de la garde de Rostov qui avaient décidé de tenter leur chance ici. L’ainé était accompagné de sa femme et de leurs trois enfants. Le cadet s’était marié il y a quatre mois et sa femme était enceinte de leur premier enfant. Ca aurait été une fille selon Jhod.

Leurs corps décapités et à moitié dévorés sont disséminés dans toute la ferme. Les deux hommes ont encore une arme ensanglantée à la main, ils ont du se battre jusqu’à leur dernier souffle mais ont été impuissants à arrêter leurs assaillants. Les femmes et les plus jeunes des enfants ont été massacrés dans la cave. Leurs corps pressés les uns contre les autres témoignent de la sauvagerie des monstres qui les ont tués. La plus âgée des fillettes a été rattrapée alors qu’elle courait se mettre à l’abri dans la forêt. Il lui a manqué une dizaine de mètres pour atteindre la lisière.

Les sept têtes sont plantées sur des épieux disposés de façon à former maladroitement un symbole impie et grotesque.



« - Non Frank, je ne pense pas que c’est un suicide. »


J’ai déjà assisté à des scènes terribles sur les champs de bataille, mais celle-là était une des pires que j’ai pu observer. Un rapide tour des lieux nous permet de trouver des traces très facilement, ils n’ont jamais cherché à les dissimuler. Les trolls se moquent d’être identifiés.

C’est avec le plus de délicatesse possible que nous transportons les corps mutilés dans le chariot qui va nous servir de corbillard. Une fois notre tache morbide accomplie, M. Kane fait une prière à Erastil pour que les esprits des lieux soient apaisés et nous mettons le feu à la ferme maintenant vide. Personne n’aurait voulu habiter sur le lieu de cette tragédie.

Alors que l’incendie fini de purifier les lieux, nous nous mettons en route vers River Haven où nous pourrons offrir une sépulture décente à ces pauvres gens. La nouvelle du massacre s’est rependu en ville et quand nous arrivons en vue des remparts une foule silencieuse nous accueille avec recueillement. Elle suit lentement le chariot qui se fraie un passage jusqu’au cimetière où les corps des Dillinger sont ensevelis pendant une cérémonie qui est emprunte de tristesse et de colère retenue.

Après l’émouvant service funéraire mené par Jhod, je prends la parole pour rassurer la population. Mon discours est solennel mais ferme. J’explique aux personnes rassemblées ici que ce crime abominable ne restera pas impuni, que les autorités connaissent les responsables du carnage et que dès demain nous partirons dans le Sud, pour éradiquer une fois pour toute la menace troll, avant qu’elle ne fasse plus de victimes innocentes. La foule semble un peu rassurée par mes paroles, mais je sens bien que si la colère et l’inquiétude ont diminué, elles n’ont pas disparu pour autant. Il faudra une réponse rapide.

Fort heureusement je n’ai pas menti en disant que nous savons où est leur tanière. La solution est venue de Jubilost, qui a reconnu le symbole morbide laissé à la ferme. Il a vu le même genre de marque territoriale dans le sud, juste avant d’apercevoir un troll isolé disparaitre dans une colline. En observant les lieux plus longuement il s’est rendu compte que ce qui a été construit pour ressembler à une formation rocheuse naturelle était en fait un fortin dissimulé.

Il venait de trouver l’avant-poste nain qu’il cherchait depuis des mois. Malheureusement il était déjà occupé par des fâcheux et le gnome avait mis cette information de coté en attendant de trouver un moyen d’y pénétrer.

Il vient de le trouver.


Le lendemain matin nous sommes beaucoup plus nombreux que d’habitude à partir en expédition. Jubilost et toute son équipe d’explorateurs gnomes ont tenu à nous accompagner dans le Sud. Non seulement ils connaissent le chemin, mais il refuse d’être mis sur la touche au moment où l’exploration de SON avant-poste est si proche. C’est avec plaisir que nous avons accepté son aide, on a souvent besoin d’un plus petit que soi.

Il nous faut trois jours de voyage pour atteindre l’ancienne route pavée que Jubilost avait découvert à l’époque. Il s’agit indubitablement d’une construction naine, le seul fait qu’elle ait traversé les siècles sans être le moins du monde endommagée suffirait à le prouver. Quelques heures à suivre la route plus tard nous arrivons en vue de la fausse colline, et nous dissimulons le chariot et les montures plus loin dans la forêt.

Le gnome a eu beaucoup de chance d’avoir pu repérer le fortin, il avoue lui-même que si un troll n’avait pas été devant l’entrée au moment où il est passé, il aurait continué son chemin sans se douter de ce à quoi il avait échappé. Nous restons de longues minutes en observation avant de nous aussi distinguer le chemin habilement taillé dans la roche qui mène à l’entrée. Malheureusement la porte elle-même est de l’autre coté de la colline, j’envoie donc Requiem en repérage pour avoir des renseignements plus précis.

Il revient aussi silencieusement qu’il était parti quelques minutes plus tard, avec des renseignements en plus et un troll en moins. La première pièce de l’avant-poste est un corps de garde où deux trolls particulièrement dissipés font preuve d’un tel manque de vigilance qu’il a pu pénétrer dans la pièce et monter à l’escalier situé sur la gauche sans se faire remarquer. L’escalier donne sur un nid-de-pie au sommet de la colline où un troll solitaire s’ennuyait malgré la vue magnifique qu’il avait sur toute la région. Requiem l’a éliminé. Tout seul. Un troll de 500 kilos. Avec un couteau. Et il lui a mis le feu. Tout ça sans même se faire repérer. C’est dans ce genre de moments que je suis content qu’il travaille avec nous et pas pour un quelconque seigneur du crime.

Nous décidons de tendre un piège aux deux trolls qui sont toujours dans la première salle. Nous creusons une rigole circulaire dans le sol que nous remplissons d’un mélange d’huile et de naphte que les gnomes avaient dans leur chariot. Deux gnomes vont ensuite bruyamment près de l’entrée de l’avant poste pour faire sortir les trolls, ce qui va les attirer dans le piège. Trappés à l’intérieur des flammes, le reste des gnomes vont les cribler de flèches incendiaires pendant que nous irons voir l’intérieur du fortin.

Le plan se déroule parfaitement, même si j’ai pendant un moment un peu peur que nos deux coureurs ne se fassent rattraper par les trolls avant d’arriver au piège. La perspective de se faire dévorer vivants est cependant une bonne motivation et c’est avec plaisir que je peux voir les deux monstres finir leur vie en méchoui. Il est temps d’aller voir dans l’antre de la tribu.


La seule lumière de la salle de garde provient de la porte en pierre que les trolls ont du fracasser la première fois qu’ils sont entrés ici. Elle nous permet quand même de voir qu’outre l’escalier qui conduit au poste d’observation, il y en a un second au fond de la pièce. M. Kane illumine son bâton d’un éclat blafard et nous entamons l’ascension des marches. Après une petite minute nous arrivons dans une pièce qui devait être la salle de réunion de l’avant-poste. Une gigantesque table en pierre trône toujours en son centre. Les restes à moitié dévorés de ce qui devait être un hobbit ont été laissés à l’abandon sur la pierre grise, reliquat d’un repas que je n’ose imaginer.

Deux couloirs s’enfoncent dans les ténèbres, au milieu des murs à gauche et à droite de la pièce. Un rapide coup d’oeil de Requiem, qui voit parfaitement dans le noir, nous informe que celui de droite mène à un genre de chenil où des molosses gigantesques sont attachés au mur par des chaines. Comme ils ne nous ont pas remarqués, trop occupés à ronger des os dont je ne veux pas savoir la provenance, nous nous enfonçons dans le couloir de gauche.

Il mène dans une salle qui est remplie du sol au plafond par diverses marchandises que les trolls ont du accumuler ici au cours de leurs mois de rapines. Il y a du bois de construction venant de nos scieries de Tatzlford, des outils de métal de la forge de Rostov, des fourrures venant des trappeurs du Bois de Narl, des balles de tissu portant la marque des drapiers elfes de Kyonin, et même une barque qui avait disparu il y a des mois dans le Lac Tuskwater avec tout son équipage. Je me demande bien comment ils l’ont amenée ici, et surtout pourquoi.



« - Il y en a qui appellent ça de la camelote, moi j’appelle ça des trésors. »


On peut distinguer derrière une pile branlante de plaque de marbre une ouverture creusée dans le mur du fond. Derrière elle se trouve ce qui ressemble à un réseau de caverne qui doit être d’origine naturelle. En se faufilant à l’intérieur je sens bien que j’ai quitté le royaume malgré tout rassurant des nains pour entrer dans celui des trolls.

Nous faisons une dizaine de mètres à l’intérieur de la caverne humide et malodorante quand nous arrivons à la première intersection. Un bruit de conversation provenant de la gauche nous fait nous diriger dans ce boyau, alors que M. Kane trace une flèche sur la paroi de pierre. Si nous somme dans un labyrinthe autant prendre nos précautions.

La pièce dans laquelle je pénètre est d’une hauteur bien plus grande que celle des couloirs que nous avons traversés jusqu’ici. En son centre les stalactites et les stalagmites composent comme une bouche gigantesque dont les dents de pierres semblent mâcher une créature godzillesque. Je le prends tout d’abord pour un troll à la taille démesurée quand mes yeux se lèvent pour rencontrer un double regard haineux.

Fruit improbable des amours contre-nature d’un troll et d’une ettin, cette monstruosité cesse la dispute qu’elle avait avec elle-même pour se concentrer sur nous. Son rugissement de colère fait trembler les parois de la caverne et quand mes oreilles cessent de siffler j’entends des bruits de pas multiples venant de l’intersection que nous venons de passer. Réagissant avec une promptitude que son âge ne laisserait pas deviner M. Kane bloque le passage derrière nous à l’aide d’une toile enchantée, mais des bras verruqueux ont tôt fait de la percer pour saisir tout ce qui passerait à leur portée.

Pensant l’arrière sécurisé je me saisis de ma hache enflammée pour confronter le géant bicéphale qui me fait face. La précipitation me fait toutefois commettre une erreur qui aurait pu s’avérer fatale si j’avais été seul. J’évite sans problème la massue faite d’une colonne de pierre que le monstre tient dans sa main droite, mais je ne réalise pas que la seconde tête contrôle elle aussi la moitié du corps difforme du géant. La seconde massue me projette contre une stalagmite à l’autre bout de la grotte et je sombre immédiatement dans l’inconscience …


Quand je reprends mes esprits je vois Mercedes penchée sur moi. Derrière elle, Florbella est recouverte du sang poisseux de Nagrundi, le troll à deux têtes. Son corps coupé en deux parties égales, possédant chacun leur tête propre, est en train de grille sur le feu que M. Kane a allumé. Je vois Requiem monter la garde un peu plus loin dans le couloir. Nous avons gagné cette bataille mais un des trolls a réussi à s’enfuir dans les cavernes. Maintenant que je suis réveillé nous allons finir le travail, Hargulka nous attend encore quelque part dans les profondeurs de la terre.


J’ai beaucoup pensé à ce que j’allais faire après ce qui s’est passé lors de la dernière séance du conseil. Pour moi le regard des autres à toujours été important. Ne pas décevoir Mère, ne pas décevoir mes précepteurs à l’académie, ne pas décevoir le paralicteur chez les Chevaliers Infernaux, ne pas décevoir le peuple. Les paroles de Svetlana ont eu le mérite de m’ouvrir les yeux, aussi fort que j’essaie il y aura quelqu’un de déçu.

J’ai décidé de ne plus m’en soucier. Je vais faire ce que j’estime juste et tant pis si ça me rend impopulaire. Ma première mesure va être de faire arrêter Corax et sa bande de fachos qui composent le FAF (Front Anti Fées). Il est hors de question que je laisse s’implanter dans mon pays des gens qui prônent la haine raciale et la peur de l’autre comme seule option. Si quelqu’un avait osé arrêter la maison Thrune, trois fois maudit soit son nom, au début de son ascension vers le pouvoir, peut-être que le Chéliax ne serait pas dans l’abîme où il se trouve aujourd’hui.

Quoiqu’il en soit, l’histoire me jugera.


Ton frère

Gregor Delecti



Fin de la séance quatorze, la suite demain

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#22 Envoyé le : samedi 10 mars 2012 17:05:10(UTC)
Loon
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Localisation : Suisse
On a eu pas mal de chance avec l'attaque de l'ours-hibou, on n'a perdu que le moulin. Il faut dire que les dés étaient avec nous, on a sorti des résultats hallucinants aux jets de stabilité pendant cette partie, de mémoire il y a eu deux ou trois réussites critiques sur quatre jets. Evidement on a compensé après en se faisant pulveriser par les loups alors que notre MJ les avait juste mis là pour animer un peu le voyage.


Chère Graziella,


Je commence à me faire une bonne idée de la raison pour laquelle personne n’a jamais pu civiliser la Ceinture Verte. Chaque fois que j’ai l’impression d’avoir débarrassé la région d’une menace, une autre s’empresse de surgir pour chasser l’ébauche de civilisation que j’essaie de construire. Je pensais au début que la nature se rebellait contre nous dans un simple réflex de défense, mais je suis maintenant persuadé qu’il y a quelque chose de plus derrière toutes ces attaques. Quelque chose ou quelqu’un.

J’aurais eu tendance au début à suspecter les fées, mais je pense aujourd’hui qu’elles ont peur elles aussi. Comment expliquer sinon qu’elles restent passives devant le meurtre de la mère de Palombier, qui est tout de même un membre éminent de la Cour. Pire encore, il semblerait que la finalité de ce crime ait été de s’emparer de la corne de cette licorne, puisque la dernière action de la Reine fut de la livrer à sa Maitresse. On ne me fera pas croire que Palombier ne soit pas révolté contre la profanation du corps de sa mère. Il faut absolument que je puisse lui parler seul à seul la prochaine fois que je vais à la Cour, je suis sur qu’il sait qui est cette fameuse Maitresse qui les effraie tant.

Mais ce n’est pas tout, j’ai fait d’autres découvertes ces derniers temps, je vais t’expliquer. Tout a commencé dans le repaire des trolls…


Après que M. Kane ait illuminé son bâton pour éclairer notre chemin dans les ténèbres, nous entamons notre progression dans les cavernes nauséabondes. Je veux dire que l’odeur est encore pire que d’habitude, même pour un endroit de ce genre. Nous avons vite l’explication quand nous voyons des paillasses faites d’herbes moisies et de peaux non tannées éparpillées dans la pièce autour de nous, nous avons trouvé le dortoir des monstres. Il y a six lits, nous avons tués quatre trolls. Il reste du monde devant nous.

Nous en avons confirmation quand nous entendons un bruit de conversation provenant de la salle à notre gauche. Il est temps d’en finir avec ces monstres, j’entre d’un pas résolu dans la pièce, qui se révèle être la salle du trône d’Hargulka. Il est assis sur un trône rudimentaire, taillé malhabilement dans une souche d’arbre, correspondant bien à l’artisanat navrant des trolls. Trois de ces chiens trolls sont couchés au pied de la petite estrade sur laquelle est posé le siège du chef. Ils se lèvent immédiatement en grondant à notre entrée.

Dans un coin de la pièce se tient un être qui est tout droit sorti des histoires que les esclaves hobbits se racontaient à la veillée quand j’étais à Westcrown. C’est un troll, mais son corps semble beaucoup plus solide que les autres, comme s’il était entièrement constitué de granit. Selon les histoires que j’ai entendues, s’il sortait au soleil il serait changé instantanément en statue de pierre, comme s’il avait croisé le regard d’une méduse. Malgré la gravité de la situation je ne peux m’empêcher de sourire à la naïveté du petit peuple, comme si le soleil pouvait pétrifier un troll.



« Une méduse, ça au moins c’est du concret ! »


Hargulka, quand à lui, est un monstre gigantesque. Alerté par ses chiens, il cesse d’écouter le troll encore fumant qui s’était échappé pour donner l’alerte. Il saisit d’une main une massue qui tient plus du tronc d’arbre, et de l’autre il libère les chiens qui bondissent sur nous en hurlant. Etonnamment, Hargulka ne se précipite pas immédiatement mais reste un instant à nous jauger pendant que ses mignons chargent. Il à l’air beaucoup plus malin que le troll standard, qui est à peine plus qu’une bête.

Sa prudence lui sauve momentanément la vie, les chiens et le troll survivant étant carbonisés sur place par la vague de feu qui a déferlée en partant des mains de M. Kane. Quand au troll de pierre il est embourbé dans la masse d’ombre que Requiem a rependue sur lui. Une fois seul le sort d’Hargulka est pratiquement réglé, Florbella et Rivotril mettent fin a ses exactions une fois pour toute. Sa mort ne ramènera pas les Dillinger, mais plus personne ne périra des mains de ce monstre.

C’est en fouillant la salle du trône que nous trouvons une chose particulièrement préoccupante. C’est une carte grossière de la Ceinture Verte dessinée avec des pigments dont je préfère ignorer l’origine sur une peau qui a du être arrachée à un elfe. On y voit représentés avec une précision étonnante tous les lieux qui ont été l’objet d’une attaque ces derniers mois dans le duché. J’avais remarqué que le chef Hargulka était spécialement malin, ce que cette carte ne fait que confirmer, mais il y a une dernière indication qui me rend particulièrement songeur. Un symbole est tracé sur toute la région forestière composant la Cour des Fées.

Un symbole qui veut dire : tabou.



Le long trajet de retour jusqu’à River Haven est pour moi l’occasion de faire le point. Nous avons laissé à Jubilost Narthroppole l’usage de l’avant-poste nain que nous venons de libérer. Il avait besoin d’une base solide d’où il pourra planifier ses futures explorations et j’ai proposé de stationner quelques hommes là-bas pour assurer sa sécurité et garder un oeil sur notre frontière Sud. Interrogé sur l’isolement de l’avant-poste, il assure que son cousin, Ephkaristos Nebuloni, s’occupera de le ravitailler régulièrement. J’aurais voulu profiter de notre remontée depuis l’avant-poste pour nous occuper une fois pour toute des différentes menaces qui sont comme une épine dans notre pied depuis que nous sommes installés ici.

Mis à part le will-o’wisp qui doit toujours diffuser sa lumière blafarde du coté du Lac Candlemere, nous avions promis à Sirsok, le chaman homme-lézard, de le débarrasser du monstre du lac. A ces deux fâcheux est encore venu s’ajouter un troisième problème. Selon Rivotril il y aurait encore quelque part sur les rives Est du lac un genre de tortue géante qui sème la terreur chez les pêcheurs locaux. Enfin, pas vraiment la terreur, ça ce serait plutôt le monstre du lac, mais disons qu’elle sème la contrariété. Toujours est-il que ça fait encore une bestiole aquatique à éliminer.

Après réflexion nous décidons que nous reviendrons avec un bateau et du matériel plus adapté à un combat qui a de grandes chances de se passer sous la surface.


C’est en nous approchant de River Haven que nous commençons à nous rendre compte que quelque chose ne va pas. La nature autour de nous est silencieuse, comme si les animaux se cachaient pour éviter une menace imminente. Nos chevaux eux-mêmes sont très nerveux depuis quelques minutes, et même le thylacine de Rivotril semble ressentir une perturbation. En passant la dernière colline surplombant la ville nous avons devant nous un terrible spectacle.

River Haven est en flamme.



« - Mercedes, tu arrêtes avec cette lyre maintenant ! »


Nous sommes encore loin des remparts, mais on peut déjà voir le panache de fumée noire qui s’élève depuis la ville. A mesure que nous progressons nous voyons d’autres signes de destruction. Un troupeau de mouton qui paissait près d’une ferme extérieure à été décimé par quelque chose qui devait être gigantesque. Les bêtes ont été littéralement coupées en deux et certains morceaux ont été projetés jusque sur les plus hautes branches des arbres proches. Nous n’avons pas vus d’êtres humains pour le moment, j’espère qu’ils ont pu se mettre à l’abri.

Mais à l’abri de quoi ?

C’est en pénétrant dans l’enceinte de la ville que nous apercevons les premières traces de vie. Peu à peu des survivants hagards émergent des maisons encore intactes. Ils sont pour la plupart encore trop choqués pour expliquer ce qui s’est passé avec des propos cohérents. Les seuls mots qui reviennent sont des salmigondis à propos d’une bête gigantesque qui a déversé sa rage destructrice sur la ville. Ce n’est qu’une fois au château que nous avons enfin une explication satisfaisante.

Vers le milieu de la matinée un ours-hibou aux proportions godzillesques s’est attaqué à la muraille Est de la ville et l’a abattue. C’était une bête plus haute que la coupole inachevée du nouveau théâtre de la ville, au plumage d’un blanc arctique. Une fois en ville elle a commencé à détruire tout ce qui se trouvait sur son passage, comme si elle était prise de folie furieuse. Il a fallu les efforts combinés de la milice d’Akiros et de Mère, qui était par chance au château, pour repousser la bête hors des limites de la ville. Une bête qui portait une armure de métal.

J’envoie immédiatement la Koblice dans les divers quartiers de la ville pour faire un inventaire des dégâts, et je me rends sur le lieu de l’incendie avec tous les hommes disponibles. C’est le moulin et les entrepôts environnants qui sont en trains de finir de bruler. Par chance la zone est inhabitée et proche du lac, nous avons des quantités d’eau infinies à disposition. Nous avons au début de la peine à contenir le sinistre, faute de personnel, et la situation semble désespérée quand des renforts inattendus viennent à notre aide.

Du quartier des docks, quelques dizaines d’hommes se joignent à la chaine de sceau qui lutte contre l’incendie. Je reconnais avec joie Horace Tannersen qui mène cette troupe hétéroclite qu’il a rassemblée parmi les pêcheurs et autres robustes travailleurs du quartier. C’est dans les heures de péril qu’on s’aperçoit que l’entraide entre citoyens n’est pas une notion qui a disparu à Samarkand. C’est ce genre d’élan de solidarité qui me fait reprendre foi en l’humanité et qui me démontre que la construction de ce pays n’était pas vaine.

Grace à l’aide inespérée de ces braves gens nous parvenons, après des heures de travail harassant, à éteindre les flammes. Le moulin a été entièrement détruit par l’incendie, mais une bonne partie des entrepôts à grain sont intacts. J’espère seulement que les réserves seront suffisantes pour passer l’hiver qui s’annonce, ou nous devrons trouver une solution pour que le peuple courageux de River Haven ne manque pas de pain.



« - Non Mère, on ne peut pas leur dire de manger des brioches à la place. »


Une fois de retour au château il est temps d’écouter les rapports sur les dégâts occasionnés par le passage de la bête. On peut dire qu’Erastil veillait sur nous car, mis à part le moulin, nous ne déplorons aucune perte majeure. Il y a bien sur des habitations abimées et quelques blessés dans la population et les miliciens qui ont affrontés l’ours-hibou, mais rien qui ne soit irréparable. Le stock de marchandise que nous ramenions du Sud va de plus nous permettre de commencer les travaux immédiatement. Le conseil décide de lever un fond spécial pour que les victimes qui ne peuvent pas travailler soient prisent en charge par l’état. Nous ne laisserons personne sombrer à cause de cette catastrophe.

Le lendemain nous repartons sur les routes. Je ne sais pas qui a envoyé ce volatile, mais personne n’attaque ma ville sans en payer le prix. Nous sommes encore tous fatigués par tous les efforts de hier et l’atmosphère n’est plus celle de notre dernière expédition contre les trolls. Cette fois pas de bannières qui claquent au vent, pas de foule qui nous accompagne aux portes de la ville, pas de vivats pour nous encourager. Cette fois, nous partons chasser la bête.


Nous progressons deux jours, à nouveau en direction du Sud, suivant les traces de la bête. Elles sont tellement énormes que je pense que je pourrais y arriver même sans Florbella. Quand je vois la taille de la tranchée que cet animal laisse derrière lui je me dis que nous avons eu vraiment beaucoup de chance que les dégâts n’aient pas été plus conséquents. C’est au moment où tombe la première neige de l’hiver que nous montons notre camp ce soir là.

Je suis réveillé au milieu de la nuit par un hurlement à glacer le sang en dehors de la tente. Il est suivi par un autre, puis plusieurs autres, tout autour du campement. Je suis en train d’attraper mon épieu quand le cri d’alarme de Florbella retentit. Dans notre hâte de rattraper l’ours-hibou nous avions oublié que nous étions sur le terrain de chasse d’Hurlement-du-Vent-du-Nord et de sa meute, on dirait que nous allons finalement devoir l’affronter.

En sortant de la tente je constate tout d’abord que la température est beaucoup plus basse qu’elle devrait l’être. Hurlement-du-Vent-du-Nord est en train d’essayer de trainer Florbella à l’écart, couvert par le reste de sa meute qui fait écran entre lui et nous. Il semble irradier une aura glaciale autour de lui, qui gèle chacun de nos mouvements. Chaque geste demande un effort terrible et j’ai l’impression de bouger au ralenti.

Tout le monde est en train de geler sur place, et mon esprit commence à s’assoupir quand je vois une hache s’abattre sur le worg, faisant gicler un jet de sang rouge sur la neige immaculée. Florbella vient heureusement d’un endroit où les enfants cassaient la glace des rivières gelées pour se baigner, ce n’est pas un vent un peu vivifiant qui allait la stopper. Le mâle alfa abattu le reste de la meute tente de s’enfuir, mais elle est promptement anéantie par Requiem et M. Kane. Un seul canidé blessé réussi à nous échapper, mais seul il ne présentera plus une menace dans le futur.

Quand tout le monde a fini de se réchauffer au coin du feu, M. Kane examine de plus près la dépouille d’Hurlement-du-Vent-du-Nord. Contrairement au reste de sa meute qui était composée de loups normaux bien que spécialement imposants, il est n’est pas de la même espèce. Ce n’est pas non plus un worg, comme nous le pensions, mais un loup de l’hiver.



« Ou Canis Lupus Findus, selon le Dr. Vicky P. Diaz, de l’université de Buenos Aires. »


Il est très rare de voir ce genre d’animal si loin dans le sud, ils restent généralement près des glaces éternelles des montagnes de la Couronne du Monde. Celui-là a du descendre lors d’un hiver particulièrement froid et rester dans la région pour profiter de la nourriture abondante. Quoi qu’il en soit il a fini de nuire et demain matin nous continuerons notre traque.


Je suis encore une fois sur les routes pour chasser quelque chose qui menace ma nation nouvellement créée. J’espère vraiment que quand cette menace sera écartée je pourrai passer l’hiver au coin du feu à River Haven. Je ne suis décidément pas fan des virées dans la neige.


Ton frère

Gregor Delecti



Fin de la séance quinze, la suite demain.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#23 Envoyé le : dimanche 11 mars 2012 16:20:40(UTC)
Loon
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Je sais que je n'ai pas l'air très sympa avec Varn, mais pour ma défense je dois dire qu'on l'a détesté dès qu'on l'a vu, au grand désespoir de notre MJ. Et en plus personne ne se rappelle pourquoi.

Vous noterez aussi que l'Issia n'est pas restée sans rien faire en attendant la guerre civile.


Chère Graziella,


Deux ans depuis que les pierres de ce qui était un monastère en ruine ont été utilisées pour faire les fondations du château de River Haven. Deux ans pour civiliser une contrée sauvage qui a résisté à toutes les tentatives pour la dompter et la mettre au service de l’homme. Deux ans pour transformer une bande disparate venue de tous horizons en dirigeants qui veillent d’une manière que j’espère éclairée à la destinée de cette contrée.

Deux ans que Samarkand existe.

Et pourtant ça n’a pas été une partie de plaisir. Si les choses sont plus calmes actuellement, si on excepte ce qui se passe dans les eaux troublées du Lac Candlemere, ça n’a pas toujours été les cas. Et il ne faut pas remonter plus loin que le dernier hiver pour se remémorer la dernière menace majeure.


L’aube qui se lève après l’attaque de la meute d’Hurlement-du-Vent-du-Nord est glaciale. Il est tombé quelques flocons pendant la nuit, mais le vent qui souffle en rafales a dispersé la neige sur le sol gelé. Les traces de l’ours-hibou sont donc encore parfaitement visibles et après avoir chargé la dépouille du loup géant sur un cheval nous reprenons notre traque.

Nous passons deux jours de plus à poursuivre la bête dans la nature gelée. Il n’y a heureusement pas eu de nouvelles chutes de neige et la piste est toujours facile à suivre. Le trajet de la bête ne dévie pas de son objectif, quel qu’il soit. Il fonce plein sud sans s’arrêter. C’est le jour après que nous ayons emprunté le gué sur la Gudrin que nous croisons le chemin de Munguk.

Nous l’entendons bien plus tôt que nous le voyons, ses chansons éructées d’une voix dissonante nous faisant faire un détour pour investiguer. Ce que nous observons depuis le sommet d’une éminence est un géant des collines en train de cueillir des baies dans des buissons, les gouter puis les recracher avec répugnance. Sans s’apercevoir que tous les arbustes sont de la même espèce. Comme il n’a pas l’air particulièrement dangereux M. Kane décide de s’approcher pour lui parler.

La conversation qui s’engage entre Munguk et M. Kane semble irréaliste, tant la différence de taille entre eux est importante. Ils parviennent malgré tout à communiquer dans un mauvais commun et nous apprenons l’histoire du géant. Il en ressort que les facultés intellectuelles de Munguk sont d’une telle faiblesse qu’il s’est fait renvoyer par les trolls d’Hargulka il y a quelques temps.

Il tente depuis lors de noyer sa dépression dans l’alcool de baie, la nourriture et les femmes. Les trois facteurs que sont l’hiver, les hurlements qu’il essaie de faire passer pour des chansons et l’absence de camarades de jeu à sa taille dans la région font de sa plongée dans la débauche, le stupre et le lucre une expérience peu concluante. Quand M. Kane lui promet qu’il pourra dévorer l’ours-hibou que nous traquons s’il nous aide à l’éliminer, il se joint immédiatement à notre expédition.



« - Mais je ne sais pas si nous pourrons trouver des frittes de cette taille. »


Quelques heures plus tard nous trouvons enfin la tanière de la bête. C’est après voir longé une série de collines rocailleuses au bord de la Petite Sellen que nous distinguons l’entrée d’une grotte plongée dans l’obscurité. Après que M. Kane ait illuminé son bâton nous pénétrons dans l’antre de la bête.

C’est une vaste caverne envahie par les insectes qui grouillent sur un sol composé de compost. Des champignons d’une taille démesurée poussent le long des parois, tandis que des toiles d’araignée masquent un des murs. Rivotril reconnait un champignon hurleur dans un des plus imposant mycoïdes et nous parvenons à l’éviter avant qu’il ne se mette à crier. Un peu partout sur le sol nous apercevons des boulettes faites de poils et d’autres matières dont je préfère ignorer la provenance.

Après avoir traversé cette première caverne avec un luxe de précautions pour ne pas attirer l’attention de ses éventuels occupants, nous entrons dans une seconde caverne au haut plafond. Au fond de la pièce nous distinguons ce qui ressemble curieusement à un nid gigantesque. La bête ne doit plus être très loin, Requiem enflamme le bois sec qui compose le nid pour l’attirer ici. L’explosion ne va malheureusement pas attirer que l’ours-hibou.

Du fond de la caverne nous entendons un rugissement terrifiant de fureur et des bruits de pas qui font vibrer les murs de la caverne. Quand il arrive dans l’aura lumineuse causée par les flammes, nous voyons pour la première fois la bête. Elle est d’une taille colossale, son crane disproportionné se perdant dans les ténèbres du plafond. C’est bien un ours-hibou au plumage blanc, mais même les descriptions les plus alarmistes ne nous avaient pas préparés à la taille de ce monstre. Pour la première fois depuis que nous l’avons rencontré je suis content d’avoir Munguk avec nous.

D’autant plus que depuis les toiles qui étaient dans la première grotte, quelque chose est sorti. Deux ettercaps entourés d’une cohorte grouillante d’araignées de la taille d’un doberman s’attaquent à nos arrières en cliquetant. Heureusement Florbella est prête à recevoir les arachnides, une hache dans chaque main. Elle déteste les araignées depuis l’histoire des baies crochues et entend bien prendre sa revanche. De son coté Munguk s’est jeté à la gorge de l’ours-hibou, ne supportant pas que quelque chose de plus grand que lui puisse exister. Un seul colosse ressortira vivant de cette grotte.

Le choc entre les deux titans est bref mais phénoménal. Si l’ours-hibou est plus grand, Munguk peut compter sur notre aide et après quelques secondes de combat frénétique la bête s’effondre au sol, le crane broyé par le tronc manié par le géant. De l’autre coté les araignées sont taillées en pièces par Florbella, et les flammes de M. Kane finissent d’incinérer ce qui reste de l’essaim. Nous restons prudemment à l’écart pendant que Florbella plante des dizaines d’aiguilles dans le dernier ettercap qui fini par succomber sans avoir vraiment compris ce qui lui arrivait. Quand elle revient vers nous elle a le sourire de quelqu’un qui savoure une vengeance trop longtemps repoussée.

Une fois que la poussière des combats a fini de retomber, nous explorons plus avant le repaire de la bête. Nous trouvons le corps momifié d’un explorateur malchanceux dans les toiles des ettercaps, avec encore sur lui une carte grossière de la région, mais les découvertes les plus importantes sont faites dans la pièce la plus profonde des cavernes.

Le corps d’un second ours-hibou git ici, entouré d’une demi-douzaine de corps d’hommes habillés à la manière des bandits du Seigneur-Cerf. A première vue l’ours-hibou est parvenu à tuer ces hommes avant de succomber aux blessures qu’ils lui ont infligés. C’était une femelle car deux oursons, apparemment morts de faim, sont à ses cotés. Un troisième est toujours vivant dans le nid, bien que souffrant de déshydratation sévère. Ses cris plaintifs réveillent l’instinct maternel de Rivotril qui décide immédiatement d’adopter la créature survivante.

En examinant celui qui avait l’air d’être le chef des brigands, Mercedes reconnait une personne dont elle avait entendu parler au Brevoy. Cet homme appelé Eirikk était un barbare réputé pour être un dresseur d’animaux hors pair, et pour accepter de travailler pour qui le payait, sans se soucier de moralité. Il était connu pour mener des attaques de guérilla contre Fort Drelev, une ville située de l’autre coté des marais qui s’étendent à l’ouest. Cette fois il a essayé de s’attaquer à une bête trop dangereuse pour lui.

Eirikk porte encore au doigt un anneau que M. Kane identifie comme possédant une magie permettant au porteur de se faire obéir par les animaux, mais pas seulement. Il est fabriqué avec des cheveux de nymphe, et il émane de lui une aura de malfaisance insidieuse. Après une analyse un peu plus poussée M. Kane parvient à découvrir que le porteur de l’anneau n’était obéi que pendant quelques minutes, après quoi la bête entrait dans une rage destructrice et cherchait à détruire toute trace de civilisation, en commençant par le porteur. Elle était ensuite attirée par la plus grande concentration d’êtres humains des environs pour la réduire à néant. C’est à dire River Haven.

Comme cet anneau est de facture typiquement féérique, nous contactons Melianse par l’intermédiaire de la rivière qui coule devant la grotte. Elle nous répond alors qu’elle allait commencer son long repos hivernal. Elle nous dit que contrairement à ce que nous pensions, cet anneau n’est pas un cadeau de la mystérieuse Maitresse, car elle n’en fait jamais. Elle refuse une fois de plus de nous dire qui Elle est, mais nous donne toutefois un conseil : « N’essayez pas d’en savoir plus, pour votre propre sécurité ». Sur ces bonnes paroles elle coupe la communication et ne répondra plus jusqu’au retour des beaux jours. Nous décidons de détruire cet anneau dès que nous serons de retour en ville. Après avoir salué Munguk qui compte s’installer dans la caverne maintenant vacante, nous entamons le chemin du retour vers River Haven.



On ne peut pas vraiment dire que le retour en ville est triomphal, les habitants de River Haven ont encore dans leur esprit les ravages causés par la bête. La population de Samarkand est composée de gens courageux, il faut de la bravoure pour tout quitter et venir s’installer avec sa famille dans une contrée qui vient de s’ouvrir à la civilisation. Malgré tout si je peux sentir un certain soulagement quand nous exposons les restes de la créature sur la place centrale, je vois bien qu’il faudra quelque chose de plus pour rétablir la confiance.



« - Je pensais plutôt à une motivation positive, Mère. »


C’est ce jour-là que sera créé l’Ordre du Harfang. D’après les renseignements fournis par la Koblice, nous faisons venir au château les citoyens dont le comportement exemplaire a permis de sauver des vies pendant l’attaque de la ville. Nous organisons une cérémonie solennelle devant toute la population qui est réunie dans la cour du château, où nous remettons à tous un chapeau orné d’une plume provenant de l’ours-hibou qu’ils ont aidé à combattre. Ils sont une dizaine, venus de toutes les ethnies et de tous les milieux sociaux.

Il y a Horace Tannersen, dont les efforts ont permis de juguler l’incendie du moulin ; Finn Vara, un jeune soldat de la milice qui a permis de sauver trois des membres blessés de sa section en attirant la bête derrière lui ; Lady Vivien Hastings, une ancienne voltigeuse du Galt, qui a mené la première charge permettant de repousser la bête ; Tabitha Kiva, la patronne de la taverne du Hobbit Repu, qui est venu mettre à disposition des repas et des lits pour ceux qui avaient perdu leur toit au coeur de l’hiver ; et d’autres encore qui ont tous fait leur possible pour aider leur prochain.

Ils s’avancent l’un après l’autre recevoir la plume qui les désigne à la foule comme des héros. La foule comprend d’ailleurs tout de suite que ceux qui défilent devant elle ont fait bien plus que leur devoir en secourant qui un parent, qui un ami, et chacun reçoit une ovation qui fait vibrer les murs du château. C’est aussi la preuve qu’il y a une vraie solidarité dans cette nation qui n’était il n’y a pas si longtemps qu’une réunion de personnes d’origines diverses. Je pense que c’est ce jour là que les gens ont commencé à se voir comme des citoyens de Samarkand, et non plus comme des émigrés venant de tout le continent.


Le mois suivant voit arriver un événement attendu depuis bien longtemps par l’intelligentsia de River Haven, la fin des travaux du Théâtre Mercedes-Orlovsky.



« Le ‘Merc-O’, comme l’ont affectueusement surnommé les habitants de River Haven. »


Nous avons même la chance de recevoir le célèbre dramaturge Iosis Vemarelian qui nous affirme avec emphase qu’il est prêt à composer une oeuvre épique originale pour l’inauguration officielle qui aura lieu au printemps, si on peut lui fournir des plumes de manticore, qui sont bien connues pour ouvrir les portes de la créativité. Je ne pense pas qu’il y ait ce genre de créatures dans la région, mais Mère répond tout de même par l’affirmative, tu te rappelles que Iosis était son auteur préféré là-bas, à WestCrown.

Nous recevons aussi ce mois-ci une autre invitée de marque, mais cette fois beaucoup moins anecdotique. C’est la propre nièce du Roi Noleski du Brevoy qui arrive un beau matin à River Haven, l’envoyée plénipotentiaire d’Issia, Valentina Surtova. Je mets immédiatement à sa disposition une suite qui lui servira d’appartements privés le temps de son séjour ici. Car si elle est officiellement venue pour une visite de courtoisie afin de saluer la communauté Issienne de Samarkand, la vérité n’est pas ardue à discerner.

Elle est là pour prendre la mesure de ce que va être notre implication avec le Rostland dans la guerre civile qui s’annonce de plus en plus imminente au Brevoy. Malgré toutes les précautions prises par Rostov pour cacher son jeu, la création d’une nation indépendante qui pourrait lui servir de base arrière n’a pas échappé à la Maison Surtova, qui n’est pas réputée par son manque de discernement politique.

Je m’empresse de la rassurer sur les intentions de Samarkand. Nous sommes une nation indépendante et neutre et si le Rostland nous a aidés pour l’édification du pays, nous ne lui avons juré aucune sorte de vassalité. Elle insiste néanmoins pour que l’Issia fasse elle aussi une donation visant à aider un état frère qui vient juste de prendre son envol. Nous préférons pour l’instant retarder notre réponse, mais lui offrons l’hospitalité au château pour le temps qui lui plaira.

Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer l’effet que les déclarations de la porte-parole de la Maison Surtova ont eu sur M. Kane. Une fois que celle-ci à quitté la pièce, il nous affirme qu’il ne restera pas neutre dans le conflit qui s’annonce. Il a passé la majeure partie de sa vie au Rostland et sa famille y habite encore. Le moment venu il prendra les armes contre l’Issia, en tant que soldat de l’armée de Samarkand, ou en tant que rebelle du Rostland.


La principale préoccupation des habitants durant cet hiver 4709 n’est cependant pas la politique étrangère, mais bien les disparitions qui surviennent sur le Lac Tuskwater. Le sud du lac a toujours eu une mauvaise réputation, du à sa proximité avec l’ile de Candlemere, mais cet hiver les pêcheurs paient un lourd tribut à ses eaux brumeuses. En deux mois le nombre de marins qui ne reviennent pas au port après leur journée de pêche est si élevé que nous sommes contraint d’interdire la navigation lacustre.

Les tempêtes hivernales gardent de toute façon les pêcheurs à quai la majeure partie de la saison froide, mais dès le printemps il va falloir s’occuper des créatures aquatiques qui hantent les profondeurs du lac. Pour ce faire j’ai passé commande aux Frères Nebuloni d’un navire de guerre pour sécuriser le lac. Il devra avoir retrouvé son calme pour l’inauguration en grande pompe du front de mer dont l’ouverture va faire affluer les capitaux dans notre capitale qui en a bien besoin.



« - Il nous faut un plus gros bateau ! »


Nous sommes en train de planifier notre campagne de pêche à la fin de l’hiver quand nous recevons la visite d’une vieille connaissance. C’est Gorak, le second de Jubilost Narthroppole qui arrive avec des nouvelles inquiétantes. Jubilost est parti pour Varnhold juste avant que les routes ne soient plus praticables à cause de la neige pour remettre notre offre de construction fluviale, et Gorak n’a plus eu de nouvelles depuis. C’était il y a quatre mois et Jubilost aurait du rentrer il y a plus d’un mois.

Je ne suis tout d’abord pas vraiment inquiet, un mois c’est sans doute le temps qu’il a fallu à Varn pour trouver quelqu’un qui sache lire dans son pays d’analphabètes, mais Gorak est tellement soucieux que Requiem utilise un rituel pour contacter le gnome retardataire. Le résultat est spectaculaire.

D’habitude Requiem est seulement comme absent pendant quelques minutes, le temps de la conversation, mais cette fois l’effet est tout autre. Il commence tout d’abord à trembler de façon frénétique, et il faut tous les efforts combiné de Florbella et Rivotril pour empêcher ses convulsions de le blesser. Au bout de quelques instants un spasme plus violent que les autres le projette en arrière et il fini par revenir à lui. Il est conscient mais il saigne du nez, des oreilles et des yeux.

Il lui faut de longues minutes pour qu’il reprenne assez ses esprits pour raconter son expérience, et son récit n’augure rien de bon. Au lieu d’entrer en contact avec l’esprit de Jubilost comme ça aurait du se passer, à la place il n’a perçu qu’une grande masse de ténèbres fuligineuses. Et au centre de cette masse une unique lumière rouge immobile. Aussitôt que la lumière a senti sa présence, elle s’set précipitée dans sa direction, et il a à peine eu le temps de rompre le contact télépathique avant que la lumière ne l’atteigne. Cette fois je suis moi aussi inquiet pour Jubilost.


Comme tu peux le voir l’arrivée du printemps annonce des perspectives qui vont être riches en émotions, entre la chasse au monstre et la capture des brigands qui sont quelque part dans le bois de Narl, je n’ai pas fini de m’occuper des problèmes extérieurs. Non pas que ce qui se passe en ville soit de tout repos, entre l’ambassadrice Valentina, et Mère qui passe beaucoup trop de temps à écouter Iosis à mon goût, là aussi j’ai de quoi faire.

Sans compter qu’il se passer quelque chose de pas clair à Varnhold, je vais envoyer quelques membres de confiance de la Koblice pour voir ce que Varn à réussi à provoquer avec son incompétence notoire. Et aussi pour savoir ce qui est arrivé à Jubilost, un Delecti ne laisse pas tomber ses amis.

J’espère que tout va bien pour toi à Rostov, et j’attends de tes nouvelles bientôt.


Ton frère

Gregor Delecti



Fin de la seizième séance, la suite demain.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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Offline Bidule  
#24 Envoyé le : lundi 12 mars 2012 16:54:44(UTC)
Bidule
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Bon, je suis a des lieues d'avoir fini de te lire mais c'est juste pour dire:"bravo et continue".

Je commencer Kingmaker (comme MD) ce samedi et je ne manquerai pas de venir voir comment ta petite troupe se compare à mon groupe. J'espère qu'ils me feront autant rire BigGrin

The guy formerly known as Vandis (a.k.a. Waldo)
Offline Loon  
#25 Envoyé le : lundi 12 mars 2012 18:54:56(UTC)
Loon
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Tout d'abord merci, ça fait toujours plaisir de voir que vous aimez mes histoires (et oui je sais que je suis incapable de concision, on me l'a déjà fait remarquer ).

Ensuite la pêche à l'hydre, puis l'exploration de l'île la prochaine fois font parti de mes meilleurs souvenirs de JDR. C'était bizare, insolite et grandiose. On a adoré.


Chère Graziella,


Je ne m’étais jamais rendu compte jusqu’à aujourd’hui à quel point notre monde était ancien. Bien sur j’ai appris à l’académie de WestCrown l’histoire du Chéliax depuis sa fondation il y a un peu moins de deux millénaires, et j’étais conscient qu’il y avait eu autre chose avant.

Mais ce que nous avons découvert sur l’île maudite de Candlemere nous a ramenés à une époque où la Pierre-Etoile n’avait pas encore créé la Mer Intérieure. Une époque où les Dieux eux-mêmes n’étaient pas encore nés. Une époque d’avant le temps des Hommes.


Les dernières neiges ont fini de fondre à River Haven et la saison des tempêtes hivernales est passée sur le Lac Tuskwater. Le retour du printemps signifie aussi le réveil des fées et nous pouvons à nouveau entrer en contact avec Melianse. Si les rivières sont dénuées de dangers autres que ceux qui sont habituels en cette saison de fonte des neiges, il n’en est pas de même pour le lac.

La bête qui dormait depuis des années au fond des eaux sombres du Lac Tuskwater s’est réveillée. Ou plutôt elle a été réveillée. La nixie ne sait pas qui a fait ça, mais selon ses cycles de sommeil habituels, la bête n’aurait pas du se réveiller avant une dizaine d’années. En plus de savoir pourquoi, je me demande bien comment on fait pour réveiller un monstre marin au fond d’un abysse.



« Ca pourrait expliquer le braquage de l’horlogerie de Tatzlford l’année passée. »


L’autre mauvaise nouvelle que nous recevons en ce début de printemps vient d’un des cousins varisiens de Mercedes. Ils ont perdu la trace de Grigori. Après avoir été chassé de River Haven celui-ci s’est dirigé vers Tatzlford où il est resté quelques jours. Il y a acheté du matériel de voyage comme si il devait entreprendre un long déplacement puis il est parti vers l’ouest. Dans le bourbier fangeux de Hooktongue. C’est dans les marécages qu’ils l’ont perdu. Ils ont du fuir suite à une attaque de brutaciens et ses traces avaient disparues quand ils ont pu reprendre la traque.

Si seulement Jubilost était là il aurait pu nous expliquer ce qu’il y a après les marais. La seule chose que je sais se situer à l’ouest est la ville de Fort Drelev, et plus loin le royaume du Pitax. On dirait bien que Grigori est hors d’atteinte pour le moment, mais ce n’est que partie remise.

La seule bonne nouvelle nous vient des frères Nebuloni, ils ont terminé de construire le navire de guerre que nous leur avions commandé au début de l’hiver passé. Le Roi-Gregor est un drakkar bâti sur le modèle de ceux qui voguent sur le Lac des Brumes et des Voiles. Ils ont été jusqu’à Port Ice, en Issia, pour s’inspirer des meilleurs voiliers en service dans la marine du Brevoy, et le résultat est à la hauteur de mes espérances.

Pour commander le fleuron de la marine de Samarkand il nous fallait un capitaine hors du commun. C’est pourquoi nous avons débauché le Capitaine Mordunk-le-Terrible de son poste chez les corsaires de rivière du Protectorat du Marquis Noir. Ce demi-orc navigue sur les eaux tumultueuses des royaumes fluviaux depuis des années, il est l’homme de la situation. Demain matin nous partons chasser la bête.


C’est quelques heures avant l’aube que nous arrivons sur les docks de River Haven. Nous embarquons les dernières caisses de matériel pour la chasse et nous sommes prêts à appareiller avec la marrée. C’est le voyage inaugural du Roi-Gregor et je suis à son bord, ce qui est un bon présage selon le Capitaine. Je suis soulagé de naviguer avec quelqu’un qui connait son travail, même si je pressens que la brume persistante qui limite notre visibilité à quelques mètres va rendre la découverte de la bête difficile.

Nous passons la matinée à naviguer au centre du lac dans l’espoir de trouver des traces de la bête, sans résultat. Nous sommes sur le point de mettre le cap en direction de la rive Est qui est encore inexplorée quand la vigie lance un cri d’alarme. Il vient d’apercevoir une forme sombre qui se déplace entre deux eaux dans notre direction. Tout le monde se précipite contre le bastingage pour voir passer l’ombre de la bête.

Sa forme serpentine doit être aussi grande que le bateau et sa vitesse de déplacement doit être équivalente à celle d’un cheval au galop. Quand elle percute la quille tout le navire tangue violement et je suis projeté à l’eau avec deux des marins. Je réussi miraculeusement à m’accrocher au gouvernail, d’où je peux voir la bête faire surface à coté du bateau. La bête est une hydre à cinq têtes qui doit faire plus de dix mètres de long.

Je remarque immédiatement qu’il y a quelque chose qui n’est pas normal avec cette créature. Ses têtes ont toutes une caractéristique malsaine, mais chacune est différente. Une est couverte de brulures, comme si elle avait été placée dans une cuve d’eau bouillante. Une autre est totalement dépigmentée et observe sans le voir le navire de ses yeux aveugles. Mais la plus fascinante est une tête normale, si ce n’est la plaque métallique qui est rivetée sur son crane. Quelqu’un a fait des expérimentations sur cette hydre.



« Son premier essai avec des lapins était nettement moins impressionnant. »


Cette bête a beau avoir cinq têtes, elle a tout de même fait une erreur. Ce n’est pas une barque de pêcheurs sans défense qu’elle a attaquée, mais le navire amiral de la flotte de guerre du duché de Samarkand. Une fois la surprise passée, notre riposte est fulgurante et l’hydre blessée s’enfuit sans demander son reste, plongeant dans son antre abyssal.

Si la déception de ne pas avoir pu achever la bête est forte, elle est vite dissipée quand M. Kane remarque que le sang qui s’échappe de la tête coupée par Florbella est phosphorescent. En y regardant de plus près on peut voir une trace bien visible dans l’eau sombre du lac. Nous allons pouvoir pister la bête jusque dans sa tanière.


La traque nous prend le reste de la journée. Si suivre la piste est facile au départ, le sang à vite fait de se diluer dans l’eau du Lac Tuskwater et il faut toute l’acuité visuelle de la vigie pour ne pas perdre la trace. Trace qui se dirige plein Sud, avant d’emprunter le chenal qui relie les deux lacs. Après une petite heure de navigation nous entrons dans les eaux sombres du Lac Candlemere.

Je peux remarquer le changement d’humeur chez les marins presque aussitôt que nous quittons le chenal. Ils cessent de crier et la plupart sortent des talismans ou font une courte prière à Hanspur pour conjurer le mauvais sort. Le capitaine lui-même arbore un air soucieux auquel il ne nous avait pas habitués. Je n’ai pas besoin de lui poser la question pour comprendre que la mauvaise réputation de l’île de Candlemere a dépassé nos frontières. Et la trace de la bête se dirige tout droit dans sa direction.

Comme l’hydre est un animal aquatique nous supposons qu’il doit avoir son antre dans une caverne sous-marine. Nous décidons de naviguer au large de l’île pour essayer de repérer une entrée immergée, mais nos efforts restent vains. C’est l’esprit soucieux que nous devons nous résoudre à prendre la seule décision qui nous reste, débarquer sur l’île. Le soir tombant et comme nous ne sommes pas inconscient, nous décidons d’attendre le matin suivant et de camper sur la berge.

La soirée est calme, mais tout le monde est nerveux à cause de la proximité de l’île dont nous pouvons distinguer les contours dans la brume. Au cours de mon tour de garde je peux apercevoir les lumières intermittentes distinctives de l’île. Si les marins superstitieux croient que ce sont des âmes en peine qui rodent encore sur ce monde, je sais que la vérité est toute autre. Ce sont les congénères du will-o’wisp qui avait pris le contrôle de la tribu d’homme-lézards un peu plus à l’ouest. Malgré mes explications rationnelles, je ne suis pas persuadé qu’ils soient plus rassurés pour autant.



« - Le pire que ces lumières puissent annoncer, c’est une reformation des Bee Gees. »


Le lendemain matin le réveil est difficile. Si j’ai pour ma part dormi à poings fermés, grâce en soit rendue à ma formation chez les chevaliers infernaux, mes compagnons n’ont pas eu cette chance. Ils ont tous fait d’effroyables cauchemars provoqués par la proximité de l’île. Ils peinent à en faire une description cohérente, mais ils s’accordent tous sur une chose : quelqu’un attend sur l’île. Quelqu’un de vieux, terriblement vieux.

Malgré tout le courage dont il a fait preuve quand il s’agissait de combattre l’hydre, le capitaine reste néanmoins quelqu’un de superstitieux, comme tous les marins. Il refuse obstinément d’accoster sur l’île, aussi sommes-nous obligés de prendre un canot pour atteindre le rivage. Il viendra nous reprendre dès que nous lui ferons un signal, n’importe lequel, mais pas une lumière.


Pendant que nous avançons à la force de nos rames, nous avons pour la première fois une vision nette de l’île. Elle doit faire cinq kilomètres de long, sur deux de large. Elle a la forme d’une carapace de tortue, avec une pente régulière qui mène à un édifice effondré que nous distinguons avec peine en son milieu. On peut encore voir l’ébauche d’une tour au milieu des ruines. L’île est composée de roches acérées parmi lesquelles foisonnent des buissons d’épineux déformés.

L’escalade vers le sommet de l’île est harassante, particulièrement pour M. Kane qui n’a plus ses jambes de vingt ans. Les pierres sur lesquelles nous avançons sont instables en plus d’être affilées et nous progressons avec peine au milieu des épineux. Il nous faut presque la matinée pour atteindre le sommet alors que nous avons à peine fait un kilomètre. Nous avons aperçu parfois des lumières furtives à la limite de notre champ de vision, mais rien n’est venu nous empêcher d’atteindre les ruines.

La description qui se rapproche le plus de ces bâtiments serait : un lieu de culte. Un culte impie et blasphématoire, mais un culte néanmoins. Quand nous entrons dans la structure la plus basse elle semble bien plus grande que l’extérieur pouvait le laisser penser, de même que la tour est beaucoup trop haute par rapport à sa taille initiale. Les murs intérieurs sont gribouillés d’inscriptions dont la seule lecture heurte nos esprits. Mercedes dont le peuple a beaucoup voyagé nous dit que ces salmigondis doivent être écrits en Aklo, l’ancienne langue de ceux qui étaient les maitres de Golarion avant l’âge des Hommes. Un mot revient régulièrement dans toutes les inscriptions qui couvrent les murs. Un nom.

Yog-Sothoth.

Nous passons presque une heure à fouiller les lieux avant de finir par trouver une trappe dissimulée sous un amas de gravats. Une fois ouverte elle révèle un escalier qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre. A son pied se trouve un mur recouvert d’une écriture dérangeante. M. Kane prononce la formule à voix haute. Rien ne semble s’être produit, et pourtant nous sommes ailleurs. Et à la même place aussi. L’escalier que nous venons de descendre semble maintenant s’élever vers les profondeurs. Le bas est devenu le haut et la gauche est devenue le haut aussi, je pense.



« J’ai heureusement fait un croquis qui explique clairement la situation. »


Nous sillonnons cet escalier pendant un temps qui peut durer d’une seconde à une journée. Toute notion du temps a disparu quand nous parvenons enfin à un palier qui semble faire partie d’une réalité cohérente. Après avoir observé la grotte qui nous entoure M. Kane nous déclare que nous avons pénétré dans Nar’Voth, la première strate des Darklands. Des voix se font entendre plus loin dans la caverne. Elles conversent en langue des profondeurs. Elles disent que la bête est blessée, qu’il faut aller chercher le savant.


Je ne me suis probablement jamais aventuré aussi loin de chez moi que depuis que nous nous sommes enfoncés sous l’île du Lac Candlemere. J’espère que je pourrai remonter à la surface avec mon esprit toujours intact.

Je te reverrai quand j’y serai parvenu.


Ton frère

Gregor Delecti



Fin de la séance dix-sept. La suite de l'exploration demain.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#26 Envoyé le : mardi 13 mars 2012 19:08:48(UTC)
Loon
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Comme je l'ai déjà dit, sans doute la meilleure séance de la campagne jusqu'ici. J'ai adoré ce climat lovcrafto-franckensteinesque. Et, j'invente des mots si veux. Par contre je me demande si ça va pas finir par se voir que mes connaissances scientifiques se sont arrêtées à Jules Vernes.


Chère Graziella,


J’avais à l’esprit le dicton préféré de Père sur le bateau de retour vers River Haven : « Il y a certaines batailles que l’on peut gagner et certaines qui sont vouées à l’échec. Un bon général est celui qui réussi à faire la différence entre les deux ».

J’espère avoir été un bon général en estimant que l’île de Candlemere faisait partie de la seconde catégorie.


Nous progressons dans le boyau minéral en direction des voix que nous entendons toujours discuter dans un langage qui vrille nos tympans. Requiem nous précède de quelques mètres et nous nous arrêtons à son signal pendant qu’il jette un coup oeil circonspect derrière l’angle du couloir. Il revient après quelques instants pour nous faire son rapport. L’hydre est là, mais elle est entourée par ce que Mercedes identifie comme des derros selon leur description. Il y a une demi-douzaine de ces êtres dégénérés dans ce qui pourrait être un laboratoire de recherche. Mais des recherches sur quoi ?



« Pour ce qu’on en sait, ça pourrait être une nouvelle recette de confiture. »


En pénétrant dans la grotte je peux constater par moi-même la taille de cette salle. C’est une caverne gigantesque dans laquelle on aurait pu bâtir le Merc-O. Ses murs sont constellés de cristaux rougeâtres qui zonzonent d’un bourdonnement acouphène. En son centre se situe un minuscule lac souterrain qui doit être l’extrémité d’un conduit aquatique qui mène au lac. J’arrive à cette conclusion car l’hydre est échouée sur la rive opposée de la mare d’eau sombre. Elle est salement estropiée, son corps écailleux constellé des blessures que nous lui avons infligées. Malheureusement des créatures sont en train de la soigner.

Autour d’elle s’agite un grouillis d’êtres difformes, des derros et des duergars me chuchote Mercedes. Alors que je me retourne pour demander à M. Kane s’il connait leur point faible, je remarque deux choses inquiétantes. Tout d’abord le vieil homme est en train de s’écrouler en position foetale. Il a les mains plaquées sur ses oreilles, desquelles coule un flot de sang. Ses vieux tympans ne parviennent pas à filtrer le bourdonnement lancinant qui résonne dans ces lieux. Deuxièmement l’ouverture que nous venons d’emprunter s’est refermée après notre passage, il n’y a plus qu’un mur gravé de symboles arcaniques derrière nous. Nous sommes acculés à la victoire.

Malencontreusement les gémissements de M. Kane ont alerté certains derros qui font mouvement dans notre direction, il faut avancer avant que nous soyons coincés à l’entrée. Nous nous précipitons au contact des créatures difformes qui nous reçoivent d’une volée de carreaux sortis de leurs arbalètes à répétition. Ils nous bloquent le passage mais pas la visibilité de ce que les stalagmites nous dissimulaient depuis l’entrée. Tous le fond le la caverne est occupé par un laboratoire digne des alchimistes cinglés du Galt.

Coincée entre un réflectotron à polypes fluorescents et un accélérateur de tachyons se trouve une grande table en inox poli inclinée, surmontée d’un ensemble conique de tubulures de verre et de métal qui projette sur la table une lueur mordorée et pulsatile que l’on ne peut guère décrire autrement que par l’expression « rayon mystérieux ». Comme de juste, ce qui fut autrefois un homme, torse nu, est allongé sur la table, les bras et les jambes écartés et assujettis par des lanières de cuir. Derrière la table clignote toute une série d’accumulateurs, de tableaux de commande et un bizarre dispositif composé de multiples prismes se renvoyant l’un l’autre un intense faisceau lumineux à l’éclat du dernier actinique.

Quand je dis que ce fut un homme, je ne parle pas seulement de sa mort, mais aussi du fait que les infâmes nabots qui s’agitent autour de son corps mutilé ont tenté des expériences contre nature qui n’ont que peu de rapport avec le serment d’Hippocrate. Si le bas de son corps est toujours intact bien que dépourvu de toute pilosité, sa partie supérieure a tout du céphalopode. Deux membres filiformes garnis de crochets et de ventouses remplacent les bras sectionnés que l’on peut toujours apercevoir, gisants au pied de la table. Mais le plus outrageant est la tête absente, qui a elle aussi été remplacée par un large tentacule qui s’agite encore de spasme nerveux, bien que l’être soit de tout évidence passé de vie à trépas.



« Comme je ne veux pas faire perdre de points de SAN à mon lectorat, je vous ai
plutôt mis une photo du Président Théodore Roosevelt chevauchant un élan. »


Je suis tellement fasciné par le spectacle morbide du laboratoire que je manque occulter la dernière pièce composant le tableau escheresque que j’ai devant les yeux. Un grand escalier de pierre mène à un trône lui aussi taillé dans la roche. Sur le siège est assis un derro pourvu d’un crane démesuré qui est aussi imposant que le reste de son corps. Il préside cette assemblée depuis si longtemps qu’il a finit par fusionner avec la pierre de la caverne qui l’emprisonne tout autant qu’elle le protège. Si ce n’était le mouvement de ses yeux, auquel semblent obéir avec empressement le reste des nabots, on pourrait croire à une statue de mauvais gout particulièrement réaliste, exécutée par un sculpteur dément.

Les nains nuisibles ne restent pas inactifs longtemps après notre entrée et, répondant à un commandement muet de l’hydrocéphale, l’un d’eux se hâte de dérouler un câble de cuivre pour relier l’hydre toujours inconsciente à un accélérateur à particules ionique. L’effet ne se fait pas attendre. La pulsion électromagnétique agit comme une décharge curative sur le corps mutilé de l’amphibien dont les blessures se referment au rythme des pulsations régulières de la machine. Si nous n’agissons pas très vite la créature poursuivra sa régénération et nous anéantira.

Mercedes entame alors une mélopée fascinante qui plonge les arbalétriers qui nous bloquaient le passage dans un état de stupeur temporaire, mais qui est suffisant pour que je me précipite sur eux, les empêchant de faire feu. Le chemin maintenant dégagé Florbella s’élance à travers la grotte et, faisant un bon prodigieux à travers le mur de ténèbres invoqué par Requiem pour masquer son approche, parvient à abattre sa hache en une courbe parfaite qui va sectionner le lien vital reliant la machine à la bête.

L’énergie protoplasmique qui n’est plus canalisée par le cordon cuivré se sépare en deux arcs électriques qui vont carboniser le reptile multicéphale ainsi que la machine infernale, qui explose en une gerbe d’étincelles, incinérant les scientifiques toujours sur place. Dans son dernier geste conscient l’un d’eux à tout de même le temps d’actionner la grille située au fond du laboratoire.

Un hurlement de folie se fait alors entendre de l’autre coté de la grille, pendant qu’un être semblable à l’expérience ratée encore attachée sur la table, tente de ramper dans l’espace qui est en train de s’agrandir sous la barrière. Florbella ne perd pas son calme et lance sa hache qui va sectionner la chaine de la herse à moitié relevée. Celle-ci retombe de tout son poids et va empaler la créature qui est clouée au sol par sa masse. Notre barbare a alors tôt fait de transformer l’hybride en sashimi avec une dextérité surpassant les plus grands Maitres Cuisiniers du Tian.

Pendant que Mercedes et moi finissons les arbalétriers survivants, Requiem monte l’escalier de roche conduisant au trone et extirpe le dernier derro de sa gangue de pierre. Celui-ci s’effondre à ses pieds de façon pathétique et Requiem l’achève d’un coup d’épée dans le coeur. Le combat est enfin terminé.

Enfin c’est ce que nous croyons quelques instants.

Pendant que tout le monde s’est rapproché du cadavre de l’hydrocéphale celui-ci commence à produire des bruits bizarres, comme un craquement interne. Le crane explose alors soudainement, projetant des esquilles d’os et de la matière cérébrale sur chacun de nous. Nous voyons alors que le derro était possédé depuis des années, phagocyté par un parasite qui le contrôlait depuis lors. Son hôte mort celui-ci est sorti du cadavre désormais inutile pour chercher un nouveau corps.

Son apparence est répugnante. Il ressemble à un cerveau géant qui serait pourvu de quatre pattes griffues lui permettant de se déplacer de corps en corps. Mère me dira plus tard que c’était un dévoreur d’intellect, une créature des profondeurs. Celle-ci devait être en plus un adorateur des Dieux Anciens, car au signal que de simples mortels comme nous ne peuvent percevoir, les têtes de l’hydre laissent échapper cinq sphères lumineuses qui vont s’assembler en une structure obscène avant de flotter dans notre direction.

Yog Sothoth.

Je n’ai plus beaucoup de souvenirs de ce qui s’est passé ensuite, sans doute mon esprit a-t-il empêché ma mémoire d’accéder à ces souvenirs pour préserver ma santé mentale. Seulement des sensations de douleur, d’avoir résisté à une possession qui aurait été pire que les tourments des enfers. Et la lumière hypnotique des sphères assemblées qui flottent autour de nous.

Nous avons tout de même fini par vaincre le parasite à force de volonté. Son corps répugnant git devant nous. Sa mort à coupé le lien qui retenait l’avatar du Dieu Ancien dans notre dimension et un vortex s’ouvre au-dessus du lac, aspirant les sphères luminescentes dans un autre monde qu’on peut deviner chatoyant de couleurs étranges. Je regarde mes compagnons et m’approche de l’endroit où se trouvait le passage pour sortir d’ici quand …


… Le capitaine Mordunk me secoue par l’épaule. Nous sommes sur le pont du Roi-Gregor le jour avant notre débarquement sur l’île. Le capitaine nous dit qu’il n’a pas réussi à réveiller M. Kane, qui est plongé dans une sorte de sommeil fiévreux et agité. Nous nous regardons. Nous avons tous les mêmes souvenirs de la découverte du laboratoire et du combat qui s’en est suivi. Pour les marins par contre rien ne s’est passé, juste une nuit peuplée de cauchemars à moitié oubliés mais pourtant porteur d’une menace bien réelle. Je décide de mener tout de même une première/seconde expédition sur l’île.

Le voyage jusqu’à la tour en ruine se passe exactement comme la première fois. Nous trouvons le même escalier qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre, mais cette fois au lieu d’un portail nous ne trouvons qu’un mur en face de nous. Nous sommes simplement dans une cave sous la tour, probablement un cachot. Nous trouvons même le corps d’un prisonnier momifié encore attaché au mur par des chaines rouillées. C’est un cadavre de derro qui doit être là depuis des siècles, accoutré comme celui que nous avons/n’avons pas combattu dans la grotte. Je voudrais sortir le corps à la l’extérieur, mais il tombe en poussière à peine effleuré et disparait dans les gravats de la cellule.

Nous reprenons la barque pour rejoindre le bateau. Je veux trouver le boyau qui rejoint le lac souterrain pour trouver l’hydre. Nous trouvons l’entrée du souterrain immergé assez rapidement, maintenant que nous savons quoi chercher. Nous nageons de longues minutes dans une eau glaciale avant de parvenir dans la caverne. Elle est totalement sombre, dépourvue des cristaux qui éclairaient tout d’une lumière rougeâtre. La grotte est vide. Quelques traces de rouille là où se trouvaient les plus grosses machines du laboratoire, une excroissance rocheuse polie par le temps là où était l’escalier de pierre. Sur la berge on distingue le fossile d’une grande créature reptilienne. En m’approchant je peux compter plusieurs cranes squelettiques et …


… Le capitaine Mordunk me secoue par l’épaule. Nous sommes sur le pont du Roi-Gregor et je peux voir River Haven à l’horizon. Le capitaine est heureux que cette première expédition se soit bien passée. Nous revenons au port avec un équipage au complet et la chasse a été fructueuse. Une des têtes de l’hydre est remorquée derrière le navire. Une tête dépourvue de la moindre mutation.


Suite à cette expédition j’ai renoncé à mon projet de créer une base navale sur l’île de Candlemere. L’endroit me parait beaucoup trop dangereux pour ne fut-ce que naviguer à proximité. J’ai décidé d’interdire la navigation dans un rayon de sécurité de 3 km autour de l’île.


Ton frère

Gregor Delecti



Ainsi se termine la séance dix-huit, ainsi que le deuxième scénario. Mais nos heros seront bientôt de retour dans le troisième volet de leurs aventures : The Varnhold Vanishing.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#27 Envoyé le : mercredi 14 mars 2012 18:55:19(UTC)
Loon
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Si on peut croire qu'on a fait beaucoup de choses en une seule fois, c'est parcqu'on avait joué tout le week-end. On pourait dire qu'il y a en gros trois séances dans ce résumé. La seule prise de la forteresse de Varnhold que j'expédie en un paragraphe nous a pris tout le samedi soir et jusqu'à tard dans la nuit.


Chère Graziella,


Je te prie de m’excuser pour mon absence de correspondance de ces dernières semaines, mais une méprise regrettable s’est produite entre les cuisines et le pigeonnier, ce qui nous a privés de moyen de communication pendant quelques temps.


Maintenant que la situation à Samarkand s’est stabilisée, après les tragiques événements de la fin de l’hiver, il est temps de réfléchir à plus long terme. La tension dans le Brevoy entre l’Issia et le Rostland est chaque jour plus palpable. Depuis que la famille Rogarvia a disparu les anciens ressentiments régionalistes n’ont cessés de croitre, exacerbés par les extrémistes séparatistes des deux bords. Notre voisin du nord est au bord de la guerre civile, il ne faudrait qu’une étincelle pour mettre le feu à un baril de poudre qui enflammera toute la région.

Dans ce contexte de tension internationale je pense que le Samarkand peut jouer une carte majeure, celle de l’apaisement. Pour ce faire nous avons cependant besoin de nous affirmer comme une puissance avec qui les autres nations doivent compter.

Si nous disposons de l’oreille bienveillante du Rostland, suite à nos succès pour pacifier la Ceinture Verte, il n’en est pas de même avec l’Issia. Le meilleur moyen de forger une alliance solide avec la maison Surtova serait une union entre leur famille et la notre. Oui, je suis bien en train de parler d’un mariage. Or il s’avère que Mère, par des procédés connus d’elle seule mais qui ont du demander une somme de menaces et de promesses considérable, est parvenue à faire venir à River Haven la nièce du roi Noleski, Valentina Surtova.

La maison Surtova n’est à priori pas défavorable à cette union, mais le Trône d’Ecailles Draconiques est toutefois réticent à s’allier à quelqu’un qui n’a pour seul titre de noblesse que la redécouverte d’une contrée perdue au bord de la civilisation. Par contre, si cette même personne parvenait à découvrir ce qui est arrivé au fils de Lord Varn, membre influent de la vieille noblesse issienne, qui a disparu sans laisser de trace avec toute sa baronnie il y a déjà trois semaines, il y aurait moyen de discuter. Sans compter que Maegar Varn, car c’est bien de lui qu’il s’agit, est le protégé de Jamandi Aldori, la célèbre bretteuse, directrice de l’école d’escrime du même nom.

C’est décidé, nous partons pour Varnhold secourir son seigneur disparu. Et accessoirement notre ami Jubilost Narthroppole, dont nous n’avons plus de nouvelles non plus.


Pendant la semaine précédant notre départ pour l’Est, nous recevons la visite d’Edrist Hanvaki, un jeune noble de River Haven. Il fait parti de la nouvelle noblesse de Samarkand, qui se crée lentement à partir des riches propriétaires terriens, des artisans prospères et des membres de l’ordre du Harfang. Lui-même fait parti des bâtisseurs qui ont dirigés les travaux du Merc-O. Il a entendu que nous partions pour une expédition de sauvetage et vient nous demander si nous pouvions lui rendre un service.

Son frère ainé Tomin devait se rendre à Varnhold il y a un mois pour commander un bijou chez l’orfèvre particulièrement doué qui s’est établi là-bas. Il n’a plus reçu de nouvelles depuis et il commence à être inquiet. Si nous pouvions lui ramener son frère, ou à défaut des informations, il nous serait très reconnaissant. Je lui réponds que nous ferons de notre mieux. Je lui propose aussi de passer voir le chambellan pour organiser une garden-party avec cette noblesse autoproclamée que je connais peu à notre retour de Varnhold. Il est temps de rencontrer les grandes familles de ce royaume.


Le trajet jusqu’aux Tors des Lévenies se passe sans événements majeurs, je peux constater que la Koblice et les patrouilles rurales font un travail remarquable pour que l’ordre règne au Samarkand. Nous avons choisi de passer par la passe de Varnhold, le col qui traverse la chaine des Lévenies, histoire d’arriver plus rapidement à la capitale. Le second trajet, qui contourne les montagnes par le nord en suivant la route du Rostland jusqu’au croisement de Nivakta, est plus facile mais il rallonge le trajet d’une bonne semaine, et cette affaire traine depuis déjà bien assez longtemps.

Nous avons à peine fait un premier pas dans la baronnie de Varnhold que son laxisme en matière de sécurité se fait jour. Alors que nous contournons une tour de garde judicieusement placée au sommet de la passe de Varnhold, nous tombons soudainement dans une embuscade tendue par une dizaine de géants des collines hostiles. Les belliqueuses créatures sont heureusement en dehors de leur milieu naturel (nous sommes en montagne) et nous les mettons rapidement en déroute.

Dans la besace de celui qui semblait être le chef de la bande nous découvrons quelques foulards aux couleurs chatoyantes spécialement prisés par les cousins itinérants de Mercedes. Nous avons découvert pourquoi ils ne nous avaient plus envoyés de message depuis des semaines. Quand à l’absence de réactions des gardes de la tour, elle est aussi très simple. Le bâtiment a été abandonné il y a des semaines. Il n’y a pas la moindre trace de combat, les soldats sont simplement partis. Nous décidons de passer la nuit dans la tour et de continuer notre route le lendemain matin. Si tout ce passe bien nous devrons atteindre Varnhold en milieu d’après-midi.

Nous remarquons un peu avant la chute du jour une gigantesque forme noire cercler au-dessus des montagnes. Rivotril se souvient alors d’histoires que des fermiers habitant au pied des montagnes lui avaient racontées. Des histoires sur un oiseau de la taille d’une maison qui enlèverait régulièrement du bétail dans la région. Un roc sombre qui nicherait dans la Tour Acérée, les restes d’une citadelle elfique aujourd’hui en ruine, bâtie sur le plus haut sommet des Lévenies. En plus de tout le reste il faudra garder un oeil vers le ciel tant que nous serons dans la région. Quel pays charmant.


Le trajet jusqu’à la seule ville de la baronnie nous prend une matinée et nous arrivons finalement au but de notre voyage. Varnhold est ce que l’on peut pudiquement appeler un gros bourg. Il est divisé en deux parties par la rivière Kiravoy qui ira bien plus loin au nord se jeter dans la Shrike. La rive nord regroupe les industries dont les nuisances peuvent incommoder les habitants, dont une tannerie, une porcherie et une brasserie, apparemment tenue par des nains. Elle produit une bière brune amère, la Joyeuse Corpulente de Varn par Delver, ou JCVD. Des peaux provenant de toute évidence de centaures sont en train de sécher dans la cour de la tannerie, ce qui tendrait à indiquer que Varn n’a pas résolu ses problèmes avec cette peuplade. Il n’y a pas âme qui vive et comme dans la tour de garde, pas non plus trace de combat.

C’est de l’eau jusqu’aux genoux que nous traversons la Kiravoy, le gouvernement n’ayant pas jugé utile de construire un pont dans sa propre capitale. Nous sommes attirés par des appels à l’aide provenant d’une femme tombée dans une fosse au beau milieu de la route principale. Elle dit s’appeler Ramila et venir de Rostov. Elle est arrivée en ville il y a trois jours avec son mari, quand ils ont été attaqués par des monstres en traversant la rivière. Elle a réussi à s’enfuir mais est tombée dans ce piège. Elle désespérait d’être secourue quand nous sommes intervenus. Quand à son mari, les monstres l’ont emmené avec eux au fond de l’eau. La ville était déjà vide de ses habitants quand ils sont arrivés.


La fouille du reste du bourg ne nous permettra de découvrir aucun autre être humain.

Le corral entourant les écuries est jonché de chevaux apparemment morts de faim. Une multitude de corbeaux agressifs est en train de se repaitre des corps laissés à l’abandon. Nous les dispersons mais ils restent à voleter au-dessus de la ville, donnant à l’atmosphère déjà lugubre un air de fin du monde.

En ouvrant la porte de la grange municipale nous sommes assaillis par une horde de rats vindicatifs qui protègeront jusqu’à la mort leur garde manger. Une fois les derniers dissipés nous ne pouvons que constater que toutes les provisions stockées ici ont été irrémédiablement gâchées par les voraces rongeurs.

La seule autre créature vivante que nous trouvons se cache sous le lit du tisserand. C’est un chat qui n’a l’air de ne pas avoir mangé depuis des jours. Grace à la magie de M. Kane nous parvenons à entamer un dialogue avec lui. Ce qui en ressort est que les habitants sont tout simplement partis un soir, pour ne plus revenir. Sans rien emporter avec eux. Ils sont juste sortis de chez eux et ont disparu dans la nature. Je décide de le prendre avec moi, au cas où les rats reviendraient.



« Et de l’appeler Blofeld. »


Les deux bâtiments suivants sont les premiers où nous remarquons des traces de violence. Autant la poterie que la joaillerie ont été saccagées et pillées. Si la joaillerie à été nettoyée de tous ses objets de valeur, nous trouvons dans une cache dissimulée sous le plancher de la poterie de la vaisselle royale spécialement confectionnée pour la maison Noleski. C’est toutefois dans l’auberge de l’Hippocampe que nous ferons nos trouvailles les plus intéressantes.

Cette auberge construite dans le plus pur style issien était probablement le centre de la communauté de Varnhold. Sur la porte d’entrée quelqu’un a gravé à l’aide d’une lame un seul mot : NOMEN. C’est le nom des plaines situées à l’est, mais c’est tout ce que ça nous évoque. L’intérieur de l’auberge est intact, au contraire des autres bâtiments du quartier qui ont été saccagés. Au fond de la salle principale se trouve une créature goblinoïde mesurant plus de trois mètres, figée dans une pause laissant transparaitre une profonde surprise. L’arrière de son crane a été fracassé, mais elle reste cependant debout, comme paralysée. Elle s’effondre sans vie à peine nous approchons-nous d’elle, cette fois définitivement terrassée.

Après avoir observé la scène, M. Kane nous affirme que la créature, un spriggan selon lui, a du déclencher un piège en fouillant dans la pile de livres précieux posés sur un bureau. Nous décidons de prudemment rester à l’écart des documents et montons fouiller les étages. La seule autre chambre qui était occupée contient un pic de guerre que je reconnais immédiatement, c’est celui de Jubilost. Il était donc en ville quand les événements se sont produits, quels qu’ils aient pu être.

Il ne nous reste plus qu’un bâtiment à visiter, la citadelle du seigneur Varn. Elle est située un peu à l’écart du village, sur une petite butte. Contrairement au reste des maisons, de la fumée s’élève de ses cheminées.

Requiem va prudemment en éclaireur jusqu’à la palissade grossière qui ceinture la citadelle en bois qui servait de château à Varn. Il revient avec de mauvaises nouvelles. Une douzaine de spriggans sont en train de ripailler à l’intérieur, buvant de la bière et vidant le cellier du château. C’est le bon moment pour reprendre la citadelle à ces envahisseurs.

La bataille qui s’en suit est violente et sans pitié. Si les spriggans sont à la base plutôt petits, ils peuvent grandir jusqu’à la taille d’un géant quand ils se sentent menacés. Le combat est d’autant plus dur que Ramila se révèle être une guenaude, qui nous trahit au moment ou nous passons la palissade. Heureusement que Mercedes avait vu clair dans l’histoire invraisemblable inventée par la sorcière des marais, ou elle aurait pu y passer. C’est comme il se doit au sommet de la plus haute tour de la citadelle que nous venons à bout d’Agai, le chef de la tribu Culcheck.

Varnhold est libérée.


Le lendemain matin, après avoir passé la nuit dans la citadelle de Varnhold, nous décidons de nous séparer. Pendant que M. Kane et Mercedes étudient la pile de documents de l’auberge, le reste du groupe va visiter les fermes de la région.

La journée de visite est décevante mais nous apprend tout de même quelque chose. Si les premières fermes ont été abandonnées aussi soudainement que la ville, quand nous nous éloignons de Varnhold nous nous apercevons que si elles sont vides elles aussi, les fermiers ont emportés leurs affaires avant de partir. Je suppose qu’ils ont préféré partir avant de disparaitre eux aussi. C’est donc bredouille que nous rentrons le soir à la citadelle. Heureusement, les autres ont eu plus de succès dans leurs recherches.

C’est avec l’air professoral qui énerve tout le monde que M. Kane nous explique ce qu’il a compris en compulsant les documents de l’auberge, ceux de la citadelle, et ceux d’un certain Willas Gundarson.


Jusqu’il y a deux mois, Varnhold vivait l’existence paisible dévolue aux bourgs perdus aux confins de la civilisation, seulement troublée par une guerre larvée avec les centaures du Nomen. C’est à cette époque que Willas Gundarson, le shérif de Varnhold, a découvert un bracelet étrange dans une rivière alors qu’il était en train d’explorer la région. Fabriqué en jade, le bracelet est de toute évidence précieux, peut-être même magique, aussi Willas le ramène-t-il à son seigneur, Maegar Varn.

Contrairement aux apparences, celui-ci a reçu l’éducation qui sied à un fils de noble à l’Académie Kitharodiale d’Oppara, au Taldor. C’est là-bas qu’il fait la connaissance du Maestro Ervil Pendrod, un érudit spécialisé dans l’étude de l’ancien empire d’Iobaria. En voyant le bracelet Maegar Varn reconnait tout de suite le style d’Iobaria qui passionne le vieux professeur et lui envoie un courrier l’invitant à venir l’étudier sur place. Celui-ci accepte et ce sont ses affaires que nous avons trouvées à l’auberge.

Maestro Pendrod se met immédiatement au travail sur la provenance du bracelet. Nous ne savons malheureusement pas quelles ont été ses conclusions, mais il travaillait sur la base de deux livres anciens : Les Secrets des Monts Rashalkas, par Ernst Gavinport, un livre sur la chaine montagneuse qui sépare les Terres Dérobées et l’Iobaria, et les Chroniques de la Troisième Armée d’Exploration Taldorienne, par Carmyn e’Brothasa. C’est dans ce dernier ouvrage que M. Kane a découvert une note manuscrite de Maestro Pendrod concernant un lieu non identifié mais néanmoins terrifiant.

Sur une ile de pierre quelque part dans les Lévenies serait situé le territoire de Vordakaï. Il est décrit comme le gardien de cette ile, mais selon Maestro Pendrod il pourrait être un Dieu des centaures du Nomen. Quoiqu’il en soit la terreur qu’il inspirait aux peuples locaux était telle que toute la région entourant l’ile a été abandonnée. Je ne sais pas ce que ça a à voir avec le bracelet, mais le simple fait que Maestro Pendrod travaille sur le sujet semble mauvais signe. La disparition de toute la population de Varnhold s’est produite un peu plus d’un mois après la découverte du fameux bracelet.



Dans le butin amassé par les spriggans M. Kane a encore fait une découverte. Un arc magique de facture typiquement centaure d’une puissance colossale. Selon Mercedes il pourrait s’agir de Skybolt, une relique volée aux centaures du Nomen il y a des années. Comme toutes les pistes que nous avons mènent vers ces centaures, nous allons essayer de dialoguer avec eux. Et Skybolt pourrait bien être notre sauf-conduit.


Nous partons le lendemain matin pour le campement des centaures. Nous avons heureusement trouvé une carte de la région dans les affaires de Varn que les spriggans n’avaient pas saccagées, et leur camp y est indiqué. Pour y accéder il faut traverser ce qui est marqué sur la carte comme une terre scarifiée. Je ne sais pas ce que ca veut dire, mais nous resterons prudent quand nous y serons.

Le soir précédent M. Kane nous a dit s’être senti observé toute la journée qu’il a passé à la citadelle, et ce matin il a réussi à trouver d’où ça venait. Au milieu du vol de corbeau qui survole la ville se trouve une créature à l’intelligence maligne. Il pense que ça pourrait être le familier d’un sorcier. Nous tirons une volée de flèche qui disperse les volatiles, mais impossible de savoir si nous avons abattu le bon.

Il nous faut une bonne journée de cheval avant que nous rencontrions la première scarification. Vu de près ça ressemble plus au sillon que pourrait laisser une taupe gigantesque qu’à une crevasse. Nous sommes en train de nous imaginer la taille de la taupe qui a pu creuser ce tunnel quand la bête attaque. Ce n’est malheureusement pas une taupe mais une bulette, les fameux requins terrestres qui sont la plaie du plateau de Storval. Non seulement celle-ci est d’une taille phénoménale, mais les volatiles qui nous suivaient à haute altitude depuis que nous avions pénétré sur la plaine se révèlent être des manticores qui attaquent dès que la bulette sort de terre. Nous parvenons à les abattre mais le combat a été rude.

Quelques heures plus tard nous rencontrons la première patrouille de centaures. Ils semblent étonnés de nous voir arriver par la plaine où chasse la bulette géante. Elle était devenue une légende chez les centaures sous le nom de Kankerata, la mangeuse de terre. Les jeunes braves devront trouver une nouvelle épreuve pour prouver leur valeur. Après une longue négociation ils acceptent de nous conduire à leur camp pour rencontrer leur chef.

Le campement des centaures est situé sur une colline basse entourée d’un océan d’herbes hautes. A mesure que nous progressons entre les tentes, nous pouvons sentir l’hostilité grandissante des centaures. Il doit y avoir près de deux-cent individus ici, principalement des femelles. Celles-ci sont visiblement des guerrières lourdement armurées, alors que les hommes ressemblent plus à des chasseurs portant de longs arcs. Nous arrivons finalement devant le grand feu qui brule au centre du camp. Devant lui se tient la chef du clan des centaures du Nomen, Aecora Silverfire.

Elle se montre de prime abord hostile, mais quand nous sortons Skybolt pour le lui remettre, son attitude s’adoucit aussitôt. Elle s’excuse de son attitude mais s’explique en disant que les rapports des centaures avec les humains ont de tout temps été antagoniques. Ca a commencé quand ils ont été chassés des plaines du Nomen par les armées taldoriennes il y a des siècles. Ca ne fait que quelques années qu’ils se sont réinstallés ici, pour être une fois de plus confrontés aux humains sous la forme de Varnhold.

Elle rajoute immédiatement que les centaures ne sont pour rien dans la disparition des habitants de la baronnie. Elle pense que ça pourrait être les spriggans, mais l’absence de trace de combat la fait éliminer cette hypothèse rapidement. Sa mine devient sombre quand nous parlons du bracelet trouvé dans une rivière, et un grand silence se fait quand je mentionne le nom de Vordakaï. Elle fait aussitôt sortir tout le monde de sa tente pour nous parler en particulier.

Ce qu’elle va nous révéler est considéré comme tabou chez son peuple, c’est pourquoi elle ne veut pas parler devant les autres. Vordakaï est le nom du Seigneur Endormi et sa tribu est le gardien du lieu de son dernier repos. Enfin, c’est ce qu’elle croit se rappeler de ce qu’elle a entendu dans les discussions des anciens, quand elle était enfant. Malheureusement ces anciens ne sont plus là, ils ont été tués lors d’une attaque de l’armée taldori. Et avec eux s’est éteinte la mémoire de son peuple.

Tout ce qui leur reste du temps passé est de vieilles légendes à moitié oubliées et des superstitions qui deviennent des traditions dont la cause à disparu. Des traditions qui font envoyer de jeunes braves surveiller l’entrée d’Olah-Kakanket, la vallée de la mort. La vallée qui conduit à la tombe. Et justement une chasseresse à aperçu il y a peu des formes étranges bouger dans la vallée interdite. Quand elle est revenue au camp faire son rapport en demandant l’autorisation d’entrer dans la vallée pour en savoir plus, Aecora s’y est fermement opposée tant l’endroit est sacré. Elle craint à présent que la jeune chasseresse ai fait fi de ses ordres et se soit tout de même introduite dans la vallée. Cette jeune chasseresse est Xamanthe, sa fille.

Aecora ne peut pas envoyer de groupe de guerriers dans la vallée pour la chercher, ce serait contraire à la tradition. Par contre si nous promettons de chercher à sauver sa fille elle peut nous donner un guide qui nous mènera à l’entrée de la vallée. Nous acceptons de bon coeur sa proposition, en plus de sa fille, nous espérons trouver des réponses.


Je ne sais pas ce que nous allons trouver dans cette tombe, mais j’espère bien en ressortir avec les habitants de Varnhold. Ou, au pire, après avoir vengé leur mort.

Dans un autre registre j’espère t’avoir prévenu assez à l’avance pour que tu prennes tes disposition pour être à River Haven cet été, je sais que tu n’as rien lu après avoir vu le mort mariage. J’espère te voir au plus tôt.


Ton frère

Gregor Delecti



Fin de la première partie du scénario. Dès demain ça va PMT sec.

Loon
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#28 Envoyé le : jeudi 15 mars 2012 19:14:31(UTC)
Loon
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En règle générale je ne suis pas trop fan des donjons, mais celui-là ça allait encore. Surtout parce que finalement il est plutôt petit, on l'a bouclé en une séance et demie.


Chère Graziella,


Je m’étais déjà rendu compte que notre monde était vieux, mais aujourd’hui j’ai été confronté à une vérité bien plus dérangeante.

Il y a eu d’autres ères avant la notre. D’autres empires ont dominé le monde, d’autres esclaves ont construit des monuments gigantesques à la gloire d’autres souverains. D’autres peuples se sont livrés des guerres sans merci pour des raisons oubliées de tous. D’autres gens ont eu des rêves et des espoirs dans une époque que le passage du temps a balayée.

Ce genre de considération aide à remettre à leur place nos envies de grandeur et à vivre plus intensément l’instant présent.


Aecora nous accompagne elle-même jusqu’au bas de la colline herbeuse qui marque la lisière de leur campement. L’air menaçant de la poignée de garde qui nous escorte suffit à lui seul à nous faire comprendre que seule l’autorité de la prêtresse les empêche de nous exécuter sur le champ. Revenir ici sans être accompagnés serait une folie.

Nous passons une nuit agitée à quelques kilomètres du campement des centaures. Même à cette distance les bruits des équidés nous font bien comprendre que nous ne sommes pas sur nos terres, mais bien sur les terrains de chasse d’une peuplade qui y vit depuis des années. Varn a du recevoir un accueil chaleureux quand il est arrivé ici avec sa charte pour revendiquer ces terres.


Nous passons deux journées entières de voyage vers le sud sans rencontrer âme qui vive. Les montagnes à l’horizon semblent inaccessibles dans cette plaine interminable. A la fin du second jour de cheval nous apercevons enfin un signe de vie dans cet océan de verdure.

Nous remarquons tout d’abord des nuées d’oiseaux qui volètent au dessus d’une structure gigantesque que nous peinons à identifier. Le temps que nous mettons à l’atteindre nous fait prendre conscience de sa taille phénoménale. C’est le squelette d’une créature gigantesque. Je pense au début à un dragon, mais l’absence d’ailes et de membres inférieurs me détrompe assez vite. Mercedes, qui a beaucoup voyagé, nous dit qu’il s’agit certainement d’un linnorm, les reptiles colossaux qui ont donné leurs noms aux royaumes glacés de l’ouest. S’il ne faisait pas plus de vingt mètres de long il ressemblerait aux tatzlwyrms qui habitent nos rivières. J’espère qu’ils ne prennent pas cette taille quand ils vieillissent et qu’ils sont simplement des spécimens d’une même espèce, mais d’une race qui a suivi un autre chemin au cours de son évolution.

En nous approchant nous remarquons un autel rudimentaire dressé devant la gueule gigantesque de la créature. Il est orné de sculptures et de céramiques qui ressemblent beaucoup à celles que nous avons pu observer chez les centaures. On dirait qu’ils font des offrandes, sous forme principalement de nourriture, au colosse immobile. Ces peuplades primitives vouent probablement un culte à ce qui dans leur esprit doit beaucoup ressembler au gardien de ces plaines.

Je suis content que Mère ne m’ai pas vu moi aussi sacrifier une excellente bouteille de vin du Chéliax à ce dragon mort, mais quand on part affronter un Mal Millénaire autant mettre toutes les chances de son coté.

Nous repartons avec l’esprit étonnement serein après cette halte au pied du squelette géant, peut-être qu’il y a finalement un fond de vérité dans les croyances des primitifs.



Depuis déjà quelques temps nous voyons que les montagnes forment une crique rocheuse, qui se rétrécit à mesure que nous nous rapprochons. L’espace entre les montagnes ne fait plus que quelques kilomètres quand nous atteignons enfin les limites d’Olah-Kakanket, la vallée de la mort. Des totems qui sont disposés à intervalles régulières forment une ligne de démarcation avec le fond de la vallée. Il y en a des centaines, chacun distants d’une dizaine de mètres, visiblement de facture centaure. La question est de savoir s’ils sont là pour empêcher les gens d’entrer, ou quelque chose de sortir.

Nous avons fait une centaine de mètres quand nous voyons la première tombe. Puis la seconde. Puis d’autres encore, à perte de vue. Il y en a des centaines qui couvrent la plaine coincée entre les montagnes. Nous venons de pénétrer dans une nécropole. Nous avons fait une erreur de traduction pour Olah-Kakanket. Ce n’est pas la vallée de la mort, mais bien la vallée des morts.

Parlons-en de ces tombes. Elles doivent dater d’un temps immémorial et la plupart des inscriptions ont été effacées par le passage des années, mais quelques mots sont toujours visibles de ci de là. Il faut toute l’expertise de M. Kane pour identifier les hiéroglyphes qui ornent la pierre, mais il finit par arriver à une conclusion. Ces textes sont écrits dans une langue proche de celle des géants, celle des cyclopes. Quand M. Kane prend dans son sac les livres qu’il a trouvé à l’auberge de Varnhold et qu’il étudie depuis lors, nous savons que nous allons avoir droit à un de ces exposés historiques dont il a le secret.

« Bien avant l’âge des ténèbres et la création de la Fosse de Gormuz, ce que nous connaissons aujourd’hui comme Golarion avait un bien autre visage. C’était le temps des anciens empires. Azlant, l’empire des premiers hommes au sud. Thassilon, patrie des cruels seigneurs des runes à l’ouest. Iblydos, la nation qui s’étendait sur l’actuel Taldor. Et enfin le royaume cyclope de Koloran, qui dominait tout l’est du continent.

Les cyclopes de Koloran n’étaient pas les pitoyables microcéphales auxquels nous sommes habitués de nos jours. Leur civilisation était au pinacle des arts et de la magie, et les compétitions sportives, principalement celles flattant les instincts combatifs, étaient très populaires. Il ne faut pourtant pas croire que nous avions à faire à un peuple pacifique. S’ils étaient plus sagaces, les cyclopes étaient déjà extrêmement belliqueux. Les guerres contre les centaures Rashalkas ont presque décimés ces derniers et … »


Le docte énoncé est soudainement interrompu par un vacarme assourdissant provenant d’une tombe éloignée. Rivotril qui s’était éclipsé pour jouer avec son thylacine au moment au M. Kane commençait son exposé a déclenché je ne sais quel sortilège et il se précipite maintenant dans notre direction, poursuivi par une créature composée d’une fumée nébuleuse.



« Du coup on comprend mieux l’utilité des totems. »


Le bruit n’a malheureusement pas attiré que notre attention. Surgissant de la gigantesque grotte qui s’ouvre dans la montagne toute proche, une paire de cyclopes se précipite elle aussi dans notre direction.

A y regarder de plus près ils n’ont pas l’air au mieux de leur forme. Leur corps décharné porte encore les traces de la préparation mortuaire qu’il a subit des siècles plus tôt, et leurs mouvements saccadés ne laissent pas planer le doute longtemps. Ces géants soufrent de mort-vivance. Des zombis. On dirait que la leçon est finie.

La charge des zombis balaie M. Kane comme un fétu de paille et le vieil homme va heurter une pierre tombale pour ne plus se relever, assommé par l’impact. Pendant ce temps la créature de fumée a étendu ses appendices intangibles en direction de Florbella et Requiem. Les pédoncules fuligineux s’insinuent dans tous leurs orifices, déclenchant des soubresauts frénétiques qui cessent presque aussitôt. Quand ils se tournent enfin vers nous, leurs yeux ne sont plus que deux globes ténébreux au milieu d’un visage inexpressif.

Ils passent aussitôt à l’attaque, dominés par la substance noire d’outre-plan. Leurs mouvements sont heureusement lents et malhabiles, comme ceux de deux pantins désarticulés. J’évite facilement leur assaut maladroit, mais les deux zombis se rapprochent eux aussi, je ne contiendrai pas éternellement leur offensive.

Un souvenir qui remonte à mon enfance me revient à point nommé au moment ou ce combat commence à prendre une mauvaise tournure. Je me rappelle de l’aide de camp de Père, qui nous racontait toujours des histoires de ses voyages lointains. Sur l’ile d’Ithaque ils avaient été attaqués par un cyclope, et nous avait-il raconté en riant, un seul coup de lance dans son oeil unique avait suffit à l’anéantir. Je ne crois pas aux bottes secrètes, mais dans la présente situation je ne risque pas grand chose à essayer.

A mon grand étonnement la botte dite du «Pieu dans l’oeil» fonctionne à merveille. En deux coups bien ajustés les deux zombis sont mis hors service et tombent en morceaux pourrissants sur le sol. Pendant ce temps Mercedes n’est pas resté sans rien faire. Grace à une étrange mélopée que son peuple maitrise depuis les origines du Son, elle a extirpé, filament par filament, les volutes insubstantielles embrumant l’esprit de nos compagnons. Une fois libérée Florbella à tôt fait de ventiler à grand coup de moulinets vengeurs la ténébreuse créature jusque dans les tréfonds de son plan d’origine.

Une fois la poussière du combat retombée, M. Kane qui n’était heureusement qu’assommé entame un rituel complexe pour comprendre ce que pouvait bien être la créature de fumée. Et aussi pour être sur qu’il n’y a plus aucun risque d’infection mentale chez les personnes touchées par la substance noire. Ses conclusions amènent autant de questions que de réponses. La créature est un mangeur d’âme, un être d’outre-plan probablement conjuré des abîmes ténébreux d’Abaddon. Ce plan d’ombres éternelles serait l’endroit d’où le Styx prendrait sa source. Ce serait aussi le lieu d’origine des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Je suis sur que tu te rappelle encore toi aussi avec nostalgie des histoires que Mère nous racontait sur eux quand nous étions enfants.



« …Mais heureusement Famine, le plus petit des cavaliers de l’apocalypse, avait
semé derrière lui de petits cailloux blancs… »


La mauvaise nouvelle c’est que nous sommes observés. Pas par un familier comme la dernière fois, mais par un puissant objet de divination. Quelle que soit la créature qui nous attend sur cette ile, elle sait que nous arrivons. Nous n’allons pas la faire attendre plus longtemps.


Dans la grotte se trouve un escalier qu’il faut bien qualifier de cyclopéen. Il s’enfonce dans les profondeurs de la montagne sur des kilomètres, et il nous faut des heures de marche pour enfin revoir la lumière du jour. Le paysage devant nous ne laisse planer aucun doute, nous sommes au milieu des Lévenies, à la source de la rivière Sellen. Elle surgit de la falaise derrière nous pour tomber en une grande cascade au fond d’une gorge escarpée. Au milieu de la gorge se dresse un piton rocheux de près de 150 mètres de diamètre et qui s’élève de plus de 50 mètres au dessus du petit lac formé par la rivière à sa base.

L’île de Vordakaï.

Le sommet du piton est couvert de végétation. Quelques rares arbres, mais surtout un fouillis de buissons et de fougères font un chapeau végétal qui s’accroche ensuite sous forme de lichen sur la façade à pic du bloc pierreux. Une épaisse fumée s’élève depuis quelque anfractuosité dans la paroi, mais impossible de savoir quelle en est la source depuis notre position. Une petite plage de sable au pied de l’ile semble être l’unique point d’entrée possible. Nous allons devoir escalader la falaise jusqu’au lac et nager sur les 100 mètres qui nous séparent de l’ile.

Rivotril nous fait tout à coup signe de plonger dans un buisson tout proche. Nous avons à peine eu le temps de nous exécuter que nous voyons ce qui l’a alerté. Un couple de wyverns est en train de survoler le lac, avant de rejoindre leur perchoir qui doit se trouver de l’autre coté du piton. Il va falloir être particulièrement discret pour passer sans se faire remarquer.

A mon plus grand étonnement nous parvenons à la plage sans encombre. L’escalade a été grandement facilitée par le lichen qui s’accroche le long des flancs de la falaise, et le vacarme de la chute d’eau couvre les bruits que nous aurions pu faire. Un sortilège christique de M. Kane lui permet, ainsi qu’à Mercedes de traverser à pied sec, pendant que les membres les plus athlétiques du groupe nagent pour rejoindre la plage.

Rivotril ne tarde pas à remarquer des traces de pas qui se rendent vers une ouverture dissimulée par la végétation qui recouvre le piton. Il y a trois types d’empreinte. Les deux traces gigantesques qui sortent du passage doivent appartenir aux deux zombis que nous avons tués. Les traces de sabots non ferrés sont certainement celles de Xamanthe. Elles ne font que rentrer, si elle est ressortie c’est par un autre passage. La troisième trace de pas est humanoïde. C’est la plus ancienne, elle doit dater de plusieurs semaines et c’est aussi la seule qui entre et ressort. Aucune idée d’à qui elle peut appartenir. Avec appréhension nous empruntons le passage qui conduit à la tombe.


Le couloir rectiligne qui s’allonge devant nous est uniquement éclairé par la lueur provenant du bâton de M. Kane. Après une dizaine de mètres nous distinguons des alcôves de chaque coté du couloir. Chacune contient une urne ornée des mêmes symboles que les pierres tombales, l’oeil unique et la fleur de lotus. L’une d’elles a été brisée récemment et son contenu se répand sur le sol du couloir. Des bijoux, des pièces d’or et les restes de tissus qui ont du être autrefois magnifiques s’offrent à nos yeux. Nous restons prudemment à distance du trésor, il vaut mieux être circonspect dans ce genre de situation.

D’autant plus que Requiem qui semble ne pas en être à sa première exploration de tombeau à repéré une arche marquée de l’oeil surplombant le couloir. Après quelques manipulations cabalistique M. Kane nous dit que la magie contenue dans ce glyphe de protection n’est plus active. Quelqu’un l’a brisé récemment. Maintenant qu’on fait plus attention nous remarquons que les traces humanoïdes vont jusqu’à l’arche avant de repartir dans l’autre sens. Notre mystérieux voleur à brisé la rune de protection avant de repartir avec une partie du trésor. Ca ne peut être qu’une seule personne.

Willas Gundarson. Willas Gundarson qui est revenu à Varnhold avec un bracelet dont la description correspond à celle des autres bijoux contenus dans l’urne. Willas Gundarson qui a raconté avoir trouvé ce bracelet près d’une rivière. Willas Gundarson qui a brisé le sceau confinant Vordakaï dans son tombeau. Willas Gundarson qui a sonné le glas de son peuple.



« J’accuse !! »


Maintenant que nous avons compris pourquoi Vordakaï est sorti de son sommeil millénaire, il ne nous reste plus qu’à trouver un moyen de l’y replonger.


Le couloir continu de s’enfoncer pendant encore quelques dizaines de mètres avant de faire un brusque coude à angle droit. Nous le passons prudemment pour nous apercevoir qu’il y avait un mur quelques mètres plus loin. J’en parle au passé parce qu’il a été défoncé avec une force hors du commun. Et d’après les débris sur le sol, il a été défonce depuis l’autre coté. Nous cambons le tas de gravas pour nous retrouver dans une pièce en losange contenant un tombeau de grande taille dans deux de ses angles. Un que nous avons escaladé pour pénétrer dans la pièce, et un autre dont le mur à lui aussi été brisé. Il ne faut pas être particulièrement imaginatif pour savoir d’où sont venus les deux zombis.

Rivotril examine longuement le sol avant de nous dire que les traces de sabot s’arrêtent dans cette pièce. Il a aussi pu observer les traces d’un combat furieux s’étant déroulé ici. Comme nous avons croisés des zombis et pas de centaures, il est probable que la chasseresse Xamanthe a livré ici son dernier combat. Nous nous recueillons brièvement sur les lieux quand le mur du troisième angle explose pour livrer passage à un autre cyclope zombifié. La botte secrète marche aussi bien sur lui que sur ces congénères et il s’effondre avant d’avoir pu totalement passer l’ouverture.

C’est avec un luxe de précaution encore supérieur à la normale, qui est déjà par nature très prudente, que Requiem va examiner le quatrième et dernier coin de la pièce. Pas de tombeau cette fois, mais après de longs tâtonnement il fini par ouvrir un passage secret qui mène à une grotte qui a l’air naturelle. Des stalactites suintent des gouttelettes d’eau sale tombant régulièrement dans un petit lac souterrain ténébreux. Nous en longeons le bord avant de remarquer un escalier sous la surface de l’eau, qui s’enfonce encore plus profondément. La magie de M. Kane nous permet de respirer sous l’eau et nous empruntons l’escalier aquatique.

Il remonte assez rapidement pour déboucher dans une pièce aux murs couverts de rayonnages. Sur chaque pouce de celles-ci sont entreposées des centaines d’amphores couvertes d’enluminures. Toutes représentent des scènes de la vie quotidienne des cyclopes de l’ancien empire de Koloran. Des scènes de guerre contre les centaures, des scènes de lutte entre deux champions, des scènes de prières à des divinités dont le nom même a été oublié. Et sur toutes, le symbole de l’oeil et de la fleur de lotus. La ligue des explorateurs paierait une fortune pour étudier cette pièce dévoilant une civilisation dont la seule existence était encore incertaine. A l’autre bout de la pièce une porte à double battant mène à la suite du complexe. La aussi des gravures dépeignent des cyclopes dans le style de représentation anatomiquement contrarié propre à leur culture.



« Un peu comme des égyptiens. »


La double porte mène sur une grande pièce remplie de statues représentant des cyclopes dans des pauses martiales. La plupart des statues devaient tenir des armes dans leurs mains, mais assez bizarrement elles ont été retirées. Nous passons entre ces statues faisant deux fois notre taille en étant attentif au moindre mouvement qui pourrait trahir un piège, mais nous parvenons de l’autre coté de la pièce sans encombre. Requiem repère rapidement une poignée qui ouvre un pan de mur sur un escalier ascendant. Le bruit de deux herses tombant du plafond pour bloquer chaque sortie efface les sourires de nos visages.

Au même moment le mur opposé s’effondre, livrant le passage à deux de ces zombis que nous connaissons bien. Simultanément une partie du plafond s’ouvre pour laisser couler des trombes d’eau venant probablement de la rivière proche. Avec la masse d’eau est aspirée une anguille de la taille d’un boeuf qui n’a pas du tout l’air ravie de se trouver ici. L’eau remplit la pièce à toute vitesse et nous commençons désespérément à chercher un moyen de nous en sortir vivants.

Heureusement M. Kane ne perd pas son sang froid. Il conjure un passage inter dimensionnel en direction de l’escalier et nous avons juste le temps de passer avant que les zombis ne parviennent jusqu’à nous. Si l’eau n’était pas en train de monter je serais bien resté pour voir le combat entre les zombis et l’anguille. C’est trempés de la tête aux pieds que nous entamons l’ascension de l’escalier menant au niveau supérieur.


Je ne sais pas ce que nous allons découvrir au terme de notre voyage au coeur d’une civilisation oubliée, mais je suis de moins en moins persuadé que nous trouverons des survivants. Cette mission commence à moins ressembler à un sauvetage qu’à une vengeance.


Ton frère

Gregor Delecti



Est-ce qu'on s'achemine vers un happy end, ou alors un charnier ?
Vous le saurez demain, dans le dernier épsode du troisième scénario.

Loon
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Offline Loon  
#29 Envoyé le : vendredi 16 mars 2012 15:20:25(UTC)
Loon
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Chère Graziella,


La Bête est morte. Nous avons envoyé la lyche Vordakaï rejoindre Charon et les autres Cavaliers de l’Apocalypse dans l’enfer ténébreux d’Abaddon. La menace qu’il faisait planer sur Samarkand n’existe plus.

Et pourtant j’ai de la peine à appeler ça une victoire. Tout juste avons-nous survécu. Et encore, pas tous.


Nous passons un moment à nous sécher avant d’entamer l’ascension de l’escalier menant à l’étage supérieur. Une fois passé les doubles portes en bronze dont nous avons maintenant l’habitude, nous entrons dans une pièce qui est de toute évidence un lieu de culte. Une monumentale porte ouvragée trône au fond de la pièce dont elle est le point convergent. En témoigne la macabre procession d’animaux anthropomorphes qui se dirigent en direction de celui qui n’est autre que Charon, le passeur d’âme. Aussi connu comme le Cavalier de l’Apocalypse appelé Mort. Pour accentuer encore la symbolique des lieux le sol est couvert d’une mosaïque dont les pierres noires évoquent le Styx, le fleuve conduisant aux sources de la mort.

Selon M. Kane le périmètre proche de la porte est saturé en magie protectrice, seuls les initiés aux mystères de Charon doivent être capables de pénétrer dans son sanctuaire intérieur. De ce que je me rappelle des histoires de Mère, les suppliants doivent s’élever pour émuler le passage de l’âme dans le Royaume d’Après. Il va simplement falloir trouver quel est leur rituel.



« Je parlais d’une élévation spirituelle, Florbella. »


Après une réflexion qui sembla durer une éternité, et qui il faut bien l’avouer ne fut pas loin d’en être une, nous arrivons je ne sais plus par quel cheminement cognitif à une théorie. Il faut remplir les lampes à huile présentes dans la salle avec du sang frais. L’épaisse fumée qui s’en élèvera sera une représentation de l’âme des participants au rituel. Assez étrangement cette méthode fumeuse produit un résultat positif, et les portes du sanctuaire s’ouvrent devant nous.

Nous avons à peine posé le pied dans cette nouvelle pièce que nous sommes assaillis par une odeur pestilentielle. La dernière fois que j’ai senti quelque chose comme ça c’était lors des émeutes dans la criée aux poissons de Westgate qui avaient duré une semaine. Les relents méphitiques proviennent d’une créature ressemblant à un accident génétique dans une pisciculture. Tête de poulpe, pinces de homard et corps écailleux, l’être aurait pu sortir du laboratoire maudit de l’ile de Candlemere.

Malgré son air peu avenant celui qui est certainement le gardien du temple prend le temps de nous questionner sur les raisons qui nous amènent en ces lieux. Les explications confuses de M. Kane ne parviennent pas à embobiner cette chose qui porte le nom approprié de piscodémon. Nous parvenons à le vaincre juste avant qu’il ne réussisse à stabiliser la porte qu’il a ouverte sur le plan ténébreux d’Abaddon. La vision de cette plaine lugubre hantera pourtant les recoins de ma conscience pendant des semaines.

Nous comprenons la raison de la présence du gardien dans la pièce suivante. C’est de toute évidence une prison, comme l’atteste la captive enchainée au pilier central. Sans en avoir eu une description précise, nous reconnaissons sans peine la chasseresse Xamanthe, il ne doit pas y avoir tant que ça de centaures dans cette tombe.

Il lui faut de longues minutes de soin avant de reprendre pleinement conscience, et encore plus avant de pouvoir se lever. Elle ne peut malheureusement pas nous en dire beaucoup sur cet endroit. Comme nous le pensions, elle a été capturée juste après être entrée et s’est réveillée dans cette prison. Un des zombis venait la nourrir de temps en temps avec des mets répugnants qui ont encore précipité son état de faiblesse. Elle est retenue ici depuis des jours et n’aurait certainement pas tenu beaucoup plus longtemps.

Elle peut par contre nous en dire plus sur Vordakaï, qui est venu la narguer dans sa cellule. Ce ne sont pas de bonnes nouvelles. C’est un cyclope mort-vivant drapé dans les lambeaux putrescents de ce qui devait être une robe de mage. Il a d’ailleurs utilisé sa sorcellerie nécromantique pour la torturer, activité qu’il semblait beaucoup apprécier et qui a failli briser l’esprit de la chasseresse.

Mais le pire chez la lyche était son oeil unique. Ou plutôt ce qui remplaçait cet oeil. Une pierre rougeâtre grosse comme une tête d’enfant est sertie dans son orbite centrale. Et ce rubis semble animé d’une vie propre. Une vie ancienne, bien plus ancienne que la créature qui la porte. Une vie toute entière dédiée au Mal. Le Mal à l’état brut. Celui dont le nom mérite une majuscule.

M. Kane a blêmi en entendant la description de la pierre. Il a déjà entendu parler de cet objet et le temple où nous nous trouvons ne fait que renforcer sa conviction. C’est l’Oculus d’Abaddon, une relique dit-on créée par Charron lui-même pour récompenser ses plus malveillants serviteurs et dont le but n’est que la destruction de cette terre. On le disait disparu depuis des milliers d’années. On dirait qu’il vient de refaire son apparition. Une lyche avec une relique maléfique, on avait bien besoin de ça.

J’aurais préféré renvoyer Xamanthe en sureté dans sa tribu, mais le chemin est coupé par le piège aquatique de l’étage inférieur. Comme il est hors de question de la laisser seule ici nous la prenons avec nous pour la suite de l’exploration. J’espère que ses nerfs tiendrons jusqu’au bout.


Le couloir que nous suivons sur des dizaines de mètres conduit à une nécropole. Une douzaine de niches ayant contenu des corps momifiés ornent les murs de cette grande pièce. Toutes sont vides, j’ai le pressentiment que nous allons rencontrer les anciens occupants plus loin.

La pièce attenante est l’endroit ou les corps étaient embaumés par les prêtres pour préparer leur passage dans l’au-delà. Les murs sont recouverts de fresques décrivant les rites funéraires de l’ancien empire de Koloran. C’était de toute évidence un peuple cruel chez qui les sacrifices humains étaient monnaie courante. Nous forçons un passage dissimulé dans un des murs pour trouver une petite pièce contenant un portail de téléportation désactivé. Leur magie n’avait apparemment rien à envier à la notre.


Les vapeurs sulfureuses émanant du couloir suivant se font sentir bien avant que nous arrivions à la grotte d’où elles proviennent. La fumée noirâtre que nous avons pu distinguer de l’extérieur du pilier provient d’une gigantesque mare de substance huileuse nauséabonde.



« - Finalement on a siphonné cette fuite dans un portail qui débouche on ne sait trop où. »


L’exhalaison méphitique nous irrite la gorge et les yeux malgré les tissus que nous avons noués pour nous protéger. L’air est tellement saturé que nous mettons du temps avant d’apercevoir la forme qui se tient sur un promontoire de l’autre coté de la mare. Il porte une robe d’érudit aux couleurs de Varnhold donc il ne doit pas être là depuis plus d’un mois, mais son corps est rongé par l’acide qui sature l’air ambiant. Sa tenue est facilement reconnaissable, c’est celle de Cephal Lorentus, le mage royal de Varnhold. Vordakaï a fait des expériences sur les disparus.

Quand il nous attaque nous comprenons qu’il est animé par la magie nécromantique du cyclope et qu’il ne reste rien de celui qui fut toute sa vie un homme sage et respecté. Il est bientôt rejoint par une apparition spectrale que je reconnais. C’est Willas Gundarson, l’homme dont l’imprudence et la cupidité ont déclenché toute cette histoire. On peut lire dans ses yeux que la culpabilité et la honte l’ont empêché de rejoindre l’au-delà. Leur seconde mort est, je l’espère, une libération pour ces deux pauvres âmes.

La magie de M. Kane nous permet de recréer le pont qui enjambait la mare bouillonnante et nous empruntons la porte située de l’autre coté. Elle mène à un couloir ascendant que nous suivons pendant de longues minutes. Nous trouvons au bout une longue salle qui devait être la crypte des serviteurs. Les corps déposés ici sont dépourvus des ornements qui habillaient les précédents. Au milieu de la salle nous trouvons le corps physique de Willas Gundarson, c’est là qu’il a mené son ultime combat.

En pénétrant sans la salle suivante nous abandonnons tout espoir de fin heureuse à cette histoire. C’est une gigantesque salle à manger, avec une grande table en pierre en son milieu. Des dizaines de convives sont attablés en une cruelle parodie de banquet. Les habitants disparus de Varnhold ont eu leur âme arrachée de leur corps toujours vivant. Leurs restes desséchés ont été mutilés par leur bourreau démoniaque qui s’est ensuite repait de leur cerveau.

Les cadavres sont à peine identifiables tant ils ont été tourmentés. Ils ne sont plus que des chairs tétanisées par la douleur passée. Nous arrivons pourtant à reconnaitre deux personnes. Maegar Varn trône à la place d’honneur au milieu de ses sujets. Vordakaï a poussé le mépris jusqu’à laisser sa couronne royale sur son crane excavé. Je ne peux pas dire que je le portais dans mon coeur, mais personne ne mérite de finir de cette manière.

Le petit corps de Jubilost Narthroppole est disposé en bout de table. S’il n’avait pas la barbe bien taillée dont il était si fier on aurait pu le confondre avec les autres enfants assis à ses cotés. Son petit poing serre encore un morceau de carte que ces monstres ne sont pas parvenus à lui arracher. Même dans son dernier souffle il n’aura pas renoncé à ce qui était sa passion.

Avec des gestes lents je prends son corps qui semble minuscule et l’emballe dans ma cape avant de le poser délicatement sur le sol.

« - Je suis désolé mon ami, nous n’avons pu sauver personne. Nous avons échoué. »

Nous avons échoué mais nous pouvons encore faire en sorte que ça ne se produise plus. Le monstre qui a fait ça est toujours là. Il va payer pour ses crimes.


La seule force qui me guide dans le reste du complexe est la vengeance. Oubliés les préceptes de Iomedae qui m’habitent habituellement. Justice et honneur me semblent des concepts bien futiles pour la première fois de ma vie.

Tout ce que je veux c’est exterminer Vordakaï, réduire en poussière son corps déjà mort pour qu’il disparaisse à jamais, lui et les souvenirs de son empire décadent. Ils ne sont plus de ce temps, ils appartiennent à un passé révolu qui n’aurait jamais du pouvoir ressurgir. Je vais m’assurer que cette fois il n’en restera rien.


Je n’ai pas des souvenirs très précis jusqu’à l’affrontement final. Je me rappelle avoir tué encore une poignée de zombis dans un grand escalier menant aux appartements de la lyche. Je me rappelle d’une pièce d’où suintait le Mal à l’était pur, si puissant que les cyclopes eux-mêmes ont recouvert ses murs de runes pour essayer d’en contenir la malveillance. Je me souviens enfin d’un bassin où des corps décapités perdaient leurs entrailles pour que Vordakaï puisse y lire son futur, tel un auspice funèbre.

Il fait à peine attention à nous quand nous entrons dans la pièce. Il reste assis sur son trône d’os à étudier les futurs possibles. La charge de Florbella le laisse désemparé, comme s’il n’arrivait pas à croire que quelqu’un ose l’attaquer. Il reste pendant quelques instants par terre à coté de son trône à nous regarder avant que l’Oculus au milieu de son visage ne semble briller plus intensément.

Commence alors un combat dantesque contre l’adversaire le plus dangereux que j’ai jamais affronté. Il fait s’abattre sur nous des sortilèges qui ne sont plus de ce monde, combinant sa puissante sorcellerie avec l’intelligence maligne de l’Oculus. Séparément ils seraient déjà des adversaires redoutables, mais leur puissance combinée est terrifiante.

Et pourtant nous prenons progressivement le dessus. Je ne sais pas si sa magie s’est atténuée avec le temps ou si l’envie de vengeance qui nous habite nous rend plus fort. Plus le combat avance et moins ses gestes sont précis, comme si le temps avait malgré tout usé ses forces. Dix millénaires de solitude avec pour seule compagnie un artéfact maléfique ont peut-être émoussé son esprit jadis affuté. Je pense que je ne le saurai jamais, mais toujours est-il que le coup de grâce est proche.

Il n’était cependant pas dit qu’il n’avait pas encore une vilénie dans sa manche. Alors qu’il était sur le point de succomber il dirige la pleine puissance de l’Oculus en direction de Rivotril. Le jeune homme est alors comme absorbé par une force qui défie l’entendement avant de disparaitre tout simplement de notre réalité. Je suis presque sur d’avoir entendu un dernier ricanement au moment ou je porte le coup fatal à la bête immonde.

Comme si les millénaires qu’il avait réussi à éviter jusque là le rattrapaient enfin, Vordakaï semble s’effriter comme le cadavre beaucoup trop vieux qu’il est redevenu. La puissance de la nécromancie qui empêchait ses os de se transformer en poussière a disparu et il n’en reste bientôt plus qu’une trace de poussière sur le sol en pierre.

Seul reste l’Oculus qui roule doucement en direction de M. Kane, comme s’il cherchait un nouveau mage qu’il pourrait corrompre.



« Précieux ... »


Il en faut plus pour faire vaciller la volonté d’acier du vétéran des campagnes du Mendev et M. Kane emballe simplement l’objet maudit dans un tissu opaque avant de le ranger dans un coffret qu’il ferme à clé. Nous nous sommes soustraits à l’influence corruptrice de la relique, mais pour combien de temps.


Rivotril. Jubilost Narthroppole. Maegar Varn. Cephal Lorentus. Willas Gundarson. Toute la population de Varnhold.

Cette mission de sauvetage est définitivement un échec complet.


Ton frère

Gregor Delecti



L'amère fin du troisième volume. Demain les épisodes bonus.

Loon
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#30 Envoyé le : samedi 17 mars 2012 11:48:37(UTC)
Loon
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Deux choses à savoir pour comprendre la suite.

Primo : si on s’est effectivement arrêtés à la fin du combat, on à joué l’épilogue du scénario en une petite heure au début de la séance suivante. On a donc découvert que Vordakaï gardait les âmes de certains habitants de Varnhold enfermés dans des boules de cristal magiques et qu’on pouvait les libérer en brisant la boule. Comme on n’avait aucun moyen de savoir quelle âme était contenue dans quelle boule, on tout embarqué dans un sac sans fond et on a décidé de les briser quand on ne serait plus perdu au milieu de la cambrousse. Il y a donc eu des survivants, mais pas plus d’une cinquantaine et aucun personnage important, à part l’érudit engagé par Varn.

Secundo : l’Oculus est un artéfact qui faisait aussi office de phylactère pour la lyche. Ce qui veut dire qu’il faut le détruire avant que la lyche ne se reforme. Le seul problème c’est que pour le détruire il devait être fracassé à l’aide d’une arme bénite (on avait) manié par quelqu’un d’aveugle de manière permanente et d’alignement bon (on avait pas). Le seul bon du groupe c’était moi et j’étais pas super enthousiaste à l’idée de me crever les yeux. Je l’aurai fait en dernier recours, mais un guerrier aveugle c’est pas top, même si notre MJ trouvait qu’avoir un PNJ appelé le Roi-Aveugle aurait été sympa.

On a donc essayé d’atteindre la civilisation avant que la lyche ne se reforme. En jeu le MJ a tiré un D10 pour savoir dans combien de temps la lyche revenait, et on a tiré aussi un D10 pour savoir en combien de jour on arrivait chez les centaures, qui étaient la plus proche communauté des environs. On a tiré un 8, le MJ un 10, victoire.

Chez les centaures la matriarche du clan a choisi de sacrifier sa vue pour détruire l’Oculus dans une superbe cérémonie très émouvante. Elle a ensuite passé le pouvoir à sa fille Xamanthe. On a profité de la cérémonie pour libérer les habitants survivants et réconcilier les citoyens de Varnhold et les centaures, dans un grand élan de cohésion nationale. Et tant qu’à faire on a annexé le territoire de Varnhold.

Pour le compte rendu ci-dessous, notre MJ voulait faire un Oneshot qui se passerait à River Haven, histoire que la cité soit plus vivante. On a donc fait un mini scénar qui montrait ce qu’il se passe quand les héros ne sont pas là. On a tous joué un autre perso que notre MJ avait pré tiré (les membres du conseil) pendant deux séances, avec des meurtres mystérieux et des sectateurs fous.

J’espère que vous aimerez autant que nous, on a rarement autant ri que pendant l’enquête de nos bras-cassés dans les bas-fonds de la capitale.


Loon

(qui voulait juste écrire deux ligne et qui se retrouve à nouveau avec un mur de texte)

Modifié par un utilisateur samedi 17 mars 2012 12:06:28(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sic Transit Gloria Gaynor
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#31 Envoyé le : samedi 17 mars 2012 14:42:51(UTC)
Loon
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Comme promis plus haut, voici la première partie du scénario qui se passe à River Haven alors que les Seigneurs de Samarkand sont occupés à remettre sur pied Varnhold.


Fils,

J’ai du patienter jusqu’au retour d’un des gardes qui avaient fait le déplacement jusqu’à Varnhold pour avoir enfin de tes nouvelles. Je suppose que tu étais trop occupé pour prendre le temps d’envoyer un message à ta mère.


J’ai cru comprendre que tu étais parvenu à libérer quelques dizaines d’habitants que la lyche conservait dans, je cite ton garde « des bocaux bizarres avec de la fumée brillante ». Je sais bien qu’ils ne sont pas sélectionnés pour leurs capacités intellectuelles, mais quand même. J’ose espérer que tu en as conservés quelques uns pour que je puisse étudier ces merveilles d’ingéniosités arcaniques de plus près.

J’ai beaucoup apprécié ta fine manœuvre pour pousser la matriarche des centaures à se sacrifier. La jeune pouliche impétueuse et inexpérimentée qui a pris sa place à la tête de la tribu sera beaucoup plus facile à manipuler. Je suis à la fois surprise et satisfaite de constater que j’ai tout de même réussi à t’apprendre quelques astuces au fil des ans, je commençais à désespérer.

Je n’aime par contre pas du tout la façon dont ce sergent Gurney s’est autoproclamé dirigent de Varnhold. Je déteste quand les simples soldats sortent du rang pour accéder à des postes bien au-dessus de leur rang social. Tu as bien fait de laisser le Capitaine Garess sur place pour l’encadrer, c’est un homme sans imagination mais il sait obéir aux ordres. Aux ordres simples bien sur.

J’espère que tu ne vas pas reporter ton retour à River Haven beaucoup plus longtemps car ici la situation est grave. Tu sais comment sont les petites gens, sitôt qu’on leur laisse la bride sur le cou ils se mettent à penser et c’est le premier pas vers une jacquerie. Il faut un dirigent fort pour réfléchir à leur place et les focaliser sur leur travail. J’ai donc du prendre les choses en main en ton absence, ce ne sont pas les incompétents qui forment le conseil qui pourraient agir à ta place.

Parlons-en de ce conseil. Une campagnarde mal dégrossie qui est certainement très capable de préparer une potée aux choux pour une tablée de bucherons mais dont les compétences en gestion restent à démontrer. Un kobold qui ferait mieux de chercher un dragon voulant fabriquer des pièges dans son antre, comme tous ceux de sa race. Un repris de justice que tu as amnistié pour des raisons que je peine toujours à comprendre. Et enfin un chanoine velu qui passe plus de temps à chasser le mouton qu’à prêcher pour sa paroisse.

Heureusement que la délicieuse Valentina est présente pour me seconder dans ma tache difficile. Je te le dis mon fils, ne laisse pas cette perle se lasser d’attendre ton retour, tu le regretterais. Elle a non seulement bénéficié d’une éducation sans failles dans les plus prestigieuses écoles du Brevoy, mais elle est aussi en excellente forme physique. J’ai interrogé les astres et elle donnera de robustes héritiers mâles à notre famille. Mais revenons-en à la situation à River Haven.

Comme je te le disais la chienlit c’est installée dans la capitale, la faute à Maegar Varn. Je sais bien qu’il ne faut pas dire du mal des morts, mais tout de même. Laisser son pays dans un tel état de délabrement laisse songeur. Aucune infrastructure, un réseau routier inexistant, à peine assez de cultures pour nourrir une armée.

Tu vas me dire que ce n’est pas de sa faute, qu’en tant que troisième enfant de la famille Varn il n’a pas bénéficié des mêmes précepteurs que ses ainés. Mais tout de même, le sang d’une famille prestigieuse coulait dans ses veines. La rumeur à Port Ice dit que le pauvre Lord Varn ose à peine sortir de son manoir tant il a honte.

Toujours est-il que le trésor royal doit soutenir à bout de bras les terres exsangues de l’Est, privant la population de la capitale des bienfaits qui lui sont dus. Le chantier du front de mer à du une nouvelle fois être repoussé faute de financement. Les ouvriers se sont mis en grève, ces ingrats qui devraient déjà être bien contents de pouvoir se rendre utiles à leur pays d’adoption. J’ai même été contrainte de recevoir dans mon propre château le meneur de ces grévistes pour qu’il m’abreuve de ses jérémiades. J’ai rapidement pu calmer ce syndicaliste avec de vagues promesses d’exonération fiscale et il est retourné, apaisé, s’agiter dans sa fange.

Toute cette histoire aurait pu s’arrêter là s’il n’y avait pas eu le premier meurtre. Rassure-toi, personne d’important, juste un docker insignifiant. Ce qui était moins insignifiant c’est la façon dont il a été tué. Le garde qui vient chercher de l’aide au château ne peut même pas en parler tant il est choqué. Je parie qu’il est plus habitué à taper sur les clochards du port qu’à être confronté à des meurtres. Devant la vacuité de son expression je subodore que si je ne me déplace pas en personne le délit sera mis sur le compte des issiens. Ou des tatzlwyrms.



« La Koblice mène son enquête. »


Quand je vois le quartier de la Chapelle Blanche je ne peux pas m’empêcher de penser que la bonne Reine Ileosa, même si elle s’est peut-être laissée un peu emporter sur la fin, n’avait pas trouvé une solution si mauvaise que ça pour nettoyer les rues de sa populace grouillante. Où que porte mon regard ce ne sont que dockers malodorants et gourgandines de bas étage. Si la garde n’avait pas posté un planton devant le corps, je suis persuadée qu’il se serait retrouvé jeté dans le lac, ratissé de toutes ses frusques miteuses.

Le corps lui-même est atrocement mutilé et ses yeux ont été arrachés. Si le chef Ecailles-de-Suie n’avait pas trouvé une breloque en forme d’œil injecté de sang à proximité du cadavre j’aurais probablement classé l’affaire comme crime de rodeur. Mais ce symbole change tout.

Je ne vais pas t’apprendre que c’est le symbole du culte impie de Gyronna. Des cultistes de la déesse des guenaudes est une mauvaise nouvelle pour toute communauté où elles décident de s’installer. Surtout dans cette région où la superstition maladive des habitants les fait trembler à la seule mention de son nom. J’ai donc du mener, moi-même une fois de plus, une enquête de voisinage pour en savoir plus sur la victime. Je te passe sous silence les détails de mes investigations, mais sache que l’odeur des bas fonds n’a toujours pas totalement disparu après trois bains.

Pour faire bref notre homme s’appelait Sven Thormer et sa mort est le seul événement notable d’une vie médiocre dédiée à l’alcoolisme et à la violence conjugale. Rien qui ne le distingue vraiment du commun de la plèbe urbaine finalement. Il est aussi apparu qu’un certain Stass, un bucheron qui travaille à la lisière de la ville a annoncé la disparition de sa femme Aldin il y a quelques jours. Après vérification il est surtout ressorti que notre homme, brillant exemple de ce que l’abus d’alcool provoque sur un esprit déjà chétif, était surtout attristé par le fait que sa femme battue soit partie avec une peau tannée qui aurait appartenu, selon lui, à un tatzlwyrm. Tu vas me dire qu’il n’y a aucun rapport avec le meurtre, mais c’est pour que tu prennes bien l’ampleur de toutes les avanies que j’ai traversées au cours de cette éprouvante journée.

J’en étais réduite aux plus improbables conjectures avec la charmante Valentina, dont l’esprit aiguisé est une aide précieuse au milieu de l’océan de médiocrité qui nous entoure, quand ton garde champêtre, qui nous servait d’escorte depuis le matin, a été pris d’un sursaut d’intelligence bien inhabituel. Il nous déclare, avec le plus grand calme, que les cultistes de Gyronna sont peut-être actives à River Haven à cause des ruines du monastère dédié à la déesse sur lequel est bâti le château. Le monastère entouré du cimetière regorgeant de mort-vivants sur lequel la moitié de River Haven est construit.

Et il me dit ça comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, avec son air bovin habituel. Et quand j’arrive enfin à reprendre un rythme cardiaque assez régulier pour extraire toutes les informations de son esprit restreint j’apprends que le pire est à venir. Tu as juste tué les mort-vivants et passé une couche de peinture sur les murs du temple. Pas de rituel de purification, pas de sacrifice pour apaiser l’esprit des lieux, pas même un salage de la terre pour rendre stérile toute tentative future de nécromancie.

Tu n’as donc rien appris pendant les années d’études que ton père et moi avons payées une fortune au séminaire d’Asmodeus !!

Ne jamais signer un contrat si on n’a pas lu les petits caractères !

Ne jamais travailler avec un vampire !

NE JAMAIS CONSTRUIRE QUOI QUE CE SOIT SUR UN CIMETIERE HANTE !!!


C’est donc avec la pire des pressentiments que je descends dans les souterrains sous le château. Quand je vois que tu as au moins pensé à mettre un garde devant la grille qui en condamne l’accès je me dis qu’il y a encore un peu d’espoir, mais non. Il est seulement là pour que personne ne dérange ceux qui décorent la salle de banquet de ton mariage. Dans ce qui était autrefois un lieu de culte dédié à la déesse de la haine et des sorcières !

D’ailleurs Dame Spectra, une femme très élégante, vient parfois le soir après que les ouvriers soient partis pour fignoler les derniers détails. Si tous tes gardes sont comme lui je vais faire installer un verrou supplémentaire à la porte de ma chambre, histoire que personne ne me vole mes bijoux pendant que je dors. J’étais morte d’inquiétude quand je suis entrée dans la salle, mais rien n’aurait pu me préparer à un tel spectacle.

Les sets de table et les arrangements floraux sont les plus affreux que j’ai vu de ma vie.



« Affreux, affreux, affreux !! »


Et pourtant j’étais invitée aux noces de ce parvenu d’Olaf Olafson, avec ses moutons teints censés représenter un parterre floral mouvant. Dès que je me serai occupée de ce culte de Gyronna je prendrai en main personnellement l’organisation du banquet, puisque je dois tout faire moi-même ici.

Dans un autre registre quelqu’un a arraché le papier peint sur plusieurs murs de la salle pour recopier les glyphes qui étaient gravés en dessous. Ils forment un rituel arcanique dans une écriture nébuleuse qui fait mal aux yeux. Je n’ai pas réussi à comprendre exactement quel est sa finalité mais j’ai tout de même saisis une indication intéressante. La greffe aura lieu quand l’œil de Gyronna sera clos. A la lune noire.

Dans deux nuits.


Je comprends que mon ton puisse être un peu alarmiste mais ne t’inquiète pas outre mesure, ta mère à pris les choses en main et s’occupe de tout.


Cornelia Delecti



PS : J’ai envoyé un courrier à Sa Sainteté l’Archidiacre d’Asmodeus, avec qui je suis restée en très bons termes, pour qu’il envoie un exorciste officiel régler ton problème de cimetière hanté. Quand il faut bénir des champs de navet je ne doute pas que le clergé d’Erastil soit à la hauteur, mais pour de vrais problèmes il vaut mieux faire appel à des professionnels.



Suite et fin demain

Loon
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#32 Envoyé le : dimanche 18 mars 2012 15:39:42(UTC)
Loon
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Et voilà le dernier épisode de notre mini scénario dans la capitale.


Fils,


Puisque tu as l’air plus préoccupé par les jérémiades de ces miséreux de Varnhold que par les vrais problèmes qui arrivent ici à River Haven, je me suis un fois de plus chargée de résoudre tes soucis. Je suppose que détruire un culte maléfique qui voulait saboter ton mariage est moins important à tes yeux que le rétablissement dans leur petit confort de ces profiteurs de l’Est. Pour ton édification et te montrer ce qu’est le sens des priorités, je vais t’expliquer comment je me suis occupée des sorcières tout en préparant ta noce.


Je t’avais laissé au moment ou j’avais découvert que le rituel impie était prévu pour dans deux jours. Le temps de laisser un planton de la Koblice se dissimuler près de l’entrée du souterrain et je peux retourner m’occuper d’une affaire plus cruciale. A savoir repenser l’organisation du banquet avec cette incapable de Dame Gédéonde. Je la trouve dans son repaire habituel, à savoir la cuisine où elle est en train de faire une hécatombe de pâtisseries. Quand à savoir pourquoi elle était en train de se fabriquer un troisième menton au lieu de superviser la confection de la robe de la délicieuse Valentina, elle me répond tout tranquillement que Philibert de Montorge, le couturier des rois que j’ai fait venir spécialement de WestGate, a disparu depuis une semaine. Et elle me le dit seulement maintenant. Si la cuisine n’avait pas grouillé de marmitons, je l’aurais noyée dans son coulis aux framboises.


Le temps d’embarquer Valentina et une escorte, je file à la boutique ou s’était installé le modiste. Sur place la porte fermée ne résiste pas longtemps et nous pouvons effectivement constater de visu l’absence du créateur. Il a l’air d’être parti précipitamment, toutes ses affaires sont encore, y compris l’ébauche de la robe nuptiale, au grand soulagement de la future mariée. On va bien trouver assez de petites mains au château pour la finir, même le carnet contenant les esquisses est encore sur place. Une création originale cette fois, pas comme la pâle copie de la tenue portée par la reine Abrogail II lors du Grand Bal d’Egorian il y a cinq ans qu’il a essayé tout d’abord de nous refiler.

Si Philibert de Montorge n’est pas là, par contre dans son atelier c’est le défilé de la précieuse. Entre cette intrigante de Bella Falkenstein, dont le riche mari a déjà une place réservée chez Pharasma et l’ingénue Eugenia, qui pourrait avoir l’âge de sa fille, toutes font assaut de minauderies en furetant dans sa boutique à la recherche du couturier. Et ça c’était juste pendant la demie heure que j’ai passé ici, le beau Philibert semble encore très vert pour son âge. Il nous faut cependant nous rendre à l’évidence, la boutique est vide depuis déjà quelques jours et rien ne laisse penser que le modiste revienne prochainement. Je fais empaqueter la robe par un garde qui a l’air moins débraillé que les autres et nous rentrons au château.

Comme j’aurais du m’y attendre, aucun des autres membres du conseil n’est là à notre retour au château. Le Père Kavken a été appelé par un paysan dans une ferme à l’Est de River Haven pour une affaire d’une importance capitale. Je présume qu’il y a un poulailler à inaugurer. Quand à ce fouineur de reptile que tu t’obstines à laisser fureter dans le palais, il est parti précipitamment en ville quand un membre de la Koblice est venu le chercher. Je n’ai pas réussi à comprendre ses sifflements mais il avait l’air satisfait du nécromancien qui a trouvé une vierge à sacrifier.

Tout n’est cependant pas totalement décourageant en cette journée. J’ai la plaisante surprise de voir arriver en fin de journée la réponse au message que j’avais fait parvenir à l’Eglise Ténébreuse d’Asmodeus à WestGate. Elle y a répondu de respectueuse manière en ne m’envoyant pas un quelconque second couteau, mais bien l’Archidiacre Nicodème Salisfère en personne. Autant te dire que l’exorcisme de ton château est entre de bonnes mains. La seule ombre au tableau est qu’à cause des lois absurdes en vigueur ici j’ai été dans l’incapacité de lui fournir le moindre esclave hobbit pour veiller à son bien-être. J’étais mortifiée.

Ton chanoine a finalement fini par pointer son museau au château en fin d’après-midi, après avoir passé sa journée à courir la campagne. Quant à son affaire capitale il s’avère qu’un paysan du coin, un certain Tibor Scornsen, a vu son troupeau de chèvre décimé. Ce n’est pas tant la perte de ses chevrettes qui le désole, mais celle de son bouc qui avait gagné tous les concours agricoles de sa catégorie. Plus étrange, le tueur a emporté la tête de l’animal après son forfait. Dire qu’à peine dix minutes plus tôt j’avais une discussion captivante sur les mérites comparés des maisons nobles du Chéliax avec l’Archidiacre Salisfère. Incroyable l’abîme intellectuel dans lequel on peut plonger en si peu de temps.

Le chef de la Koblice vient heureusement arrêter l’histoire du Père Kavken, qui en était au moment ou ce pauvre M. Scornsen se plaignait que sa femme n’ai jamais pu mener une grossesse à terme. J’en étais au point ou j’allais vérifier si les couverts étaient vraiment en argent massif. Les nouvelles sont heureusement bonnes. Le garde qu’on avait laissé à la sortie du souterrain a suivi une femme jusque chez elle. Le chef est passé chercher une équipe pour donner l’assaut, et Jhod décide d’aller avec eux pour éviter tout débordement. Le bon Père fait bien car il s’avère que Smyrna Bellofski, la femme en question, était simplement une femme de ménage du château chargée de nettoyer la salle de banquet. Ce crétin de kobold n’a pas suivi la bonne personne.



« - C’est pas ma faute, vous les humains vous vous ressemblez tous ! »


Le dernier jour avant la pleine lune commence dans les hurlements et l’agitation. Un garde affolé déboule dans mes appartements pour me dire qu’une foule en colère est en train d’assiéger le poste de garde du quartier de Chapelle-Blanche. Leurs revendications sont peu claires, mais il faut négocier avant que les choses dégénèrent. Si tu m’avais écoutée on aurait fait venir un bataillon de chevaliers infernaux qui aurait été la solution idéale pour résoudre ce genre de problème. Mais comme tu as une fois de plus ignoré mes sages conseils je suis bien obligée de me rendre sur place pour parler à la plèbe.

Ne t’inquiète pas, je n’ai pas eu besoin de faire charger la garde pour calmer les émeutiers. Le bas peuple est un peu comme un enfant turbulent qui cherche l’attention de ses parents. Une fois qu’il l’a obtenu il se calme immédiatement. En l’occurrence toute cette agitation à été causée par un enlèvement. Une nurse qui gardait quelques enfants du quartier a disparu avec les deux bébés qui lui avaient été confiés. Les cris hystériques des deux mères ont eu tôt fait de rameuter la populace, qui est venue faire part de sa colère à la garde.

J’ai vite fait de renvoyer tout ce petit monde chez lui en promettant que la Koblice n’aura pas de repos tant que les nourrissons n’auront pas été retrouvés et la coupable punie. J’en profite aussi pour inviter les parents éplorés au château, je n’ai pas envie qu’ils me provoquent une autre émeute. Lors de ma discussion avec les parents je leur demande plus de précisions sur cette nurse kidnappeuse. Elle n’est pas arrivée en ville depuis très longtemps mais a su se rendre indispensable aux jeunes mères par sa disponibilité et ses connaissances approfondies en puériculture. Comme si elle faisait ça depuis des années. Elle disait s’appeler Niska Malgorzata, et elle ressemble trait pour trait à la description de Dame Spectra donnée par le planton de la salle de banquet. Les pistes se recoupent.

Evidemment si je fais bonne figure tant que je suis en public, il en est tout autre dès que je réussi à être seule avec l’Archidiacre Salisfère et la charmante Valentina. J’espère que tu en as assez retenu de tes leçons au séminaire d’Asmodeus pour avoir compris à quel point l’enlèvement des enfançons change la donne. Avec du matériel sacrificiel de ce genre les sorcières sont maintenant capable d’un maléfice de premier ordre. Cette fois plus question de trainer, il faut trouver leur repaire avant que la lune ne soit à son apogée cette nuit.


Tu peux être content qu’entre la délicieuse Valentina, l’Archidiacre Salisfère et moi tu as le haut du panier en matière d’occultisme thaumaturgique. Nous ne savons pas encore exactement ce qu’elles vont faire de toute cette puissance, mais si on admet que toutes les affaires de ces derniers temps sont liées, elles ont de quoi invoquer quelque chose de costaud. Il ne nous faut pas longtemps pour comprendre qu’un rituel de cette ampleur ne peut avoir lieu qu’au cœur du sanctuaire de Gyronna. C'est-à-dire dans les souterrains qui courent sous l’ancien monastère.

Comme tu n’avais même pas pris la peine de fouiller intégralement les lieux avant de commencer la construction de la ville, nous sommes bien obligés de débuter les recherches dans le seul endroit que nous avons identifié comme faisant à coup sûr partie du couvent, la salle de banquet. Accompagnés d’une section d’assaut de la Koblice ainsi que de Jhod nous descendons au sous-sol pour lancer le rituel de divination que nous avons concocté cet après-midi. Il est rudimentaire mais devrait suffire pour ce qu’on veut faire, la salle secrète ne doit pas être très loin.

Il nous faut de longues minutes de concentration pour avoir les premiers signes, comme si une force tentait de bloquer note rituel. Après tout c’était un sanctuaire de Gyronna ici autrefois, ce n’est pas étonnant qu’elle tente de protéger ses adoratrices. Notre sortilège a toutefois été spécialement créé pour cet usage et nous parvenons finalement à faire sauter le blocage mystique. Aussitôt une fumée lumineuse opalescente commence à se dérouler en direction de la sortie. Nous n’avons plus qu’à la suivre pour trouver le sanctuaire. En remontant à la surface, nous constatons que la nuit est en train de tomber.

Nous suivons la fumée sur quelques centaines de mètres en direction du lac avant de la voir disparaitre entre des rochers près de la rive. Il ne faut que quelques instants au chef Ecailles-de-Suie pour trouver le mécanisme dissimulé qui permet de faire pivoter un pan de la paroi. Nous entrons prudemment dans le repaire des sorcières alors que la lune commence son ascension dans le ciel nocturne. A l’arrière des kobolds qui se sont déployés furtivement dans le couloir qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre à la recherche du moindre piège, je commence à percevoir des voix féminines entonner une mélopée hallucinée.

Les chants se font plus forts à mesure que nous descendons et nous arrivons bientôt devant une ouverture uniquement masquée par une tenture miteuse. Les kobolds prennent immédiatement position devant la tenture. Les armes sont tirées discrètement de leur fourreau et le poison est badigeonné sur les lames des ophidiens. On ne va pas faire de quartier avec ces voleuses d’enfants. Non pas que je fasse de quartier habituellement, je dois avouer. Au signal silencieux donné par le chef Ecailles-de-Suie le rideau est arraché et la Koblice se précipite dans la pièce.

C’est une petite chapelle minable, quatre bancs en bois qui font face à un autel piteux. Trois silhouettes encapuchonnées sont debout, le corps tourné en direction de la maitresse des lieux. Elle porte un crâne de bouc sur la tête et elle est enroulée dans une pelisse taillée dans une peau de lézard. Dans une grande vasque en bronze pleine d’un liquide rougeâtre qui ne peut être que du sang, les deux poupons sont en train de brailler de toutes leurs forces. Elle est en pleine cérémonie et on peut déjà deviner quel sera le résultat du rituel impie qu’elle est en train de pratiquer. Sa forme est en train de se modifier progressivement pour ressembler à celle d’une guenaude. Une fois le sacrifice accompli sa transformation sera complète.



« Hup Hup Hup, Barbatruc !! »

Les sorcières n’ont pas l’ombre d’une chance. Les trois officiantes sont lardées de coups par la Koblice avant même qu’elles aient eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait. La prêtresse tente bien de terminer son rituel en puisant l’énergie des marmots, qui commencent à se transformer pour ressembler à des diablotins. Elle commet là l’erreur classique des novices en duels magiques. Retient bien ça mon fils, il ne faut jamais quitter son adversaire des yeux, sous peine d’ouvrir complètement ses défenses. Pendant qu’elle se concentre sur son rituel je lui place une intrusion magique qu’elle ne voit pas venir et lui carbonise le cerveau. Des années que je n’avais plus fait un duel arcanique, j’ai rajeuni de trente ans. Il faudra que je pense à faire homologuer ma victoire.

Il y a bien un petit moment de flottement quand on s’aperçoit que les bébés sont toujours possédés, mais l’Archidiacre Salisfère a tôt fait d’exorciser la présence de Gyronna de leur esprit. Jhod réussi même à ranimer celui qui avait mal réagi à l’intervention un peu musclée de l’Archidiacre. Il s’en remettra compétemment, pas d’inquiétude à avoir. Je pense tout de même m’arranger pour faire engager la mère comme boniche histoire qu’elle loge au château. Je veux pouvoir garder un œil sur le gosse, des fois qu’il y ait des complications plus tard.

Maintenant qu’il fait plus calme, il est temps de voir qui se cache sous les masques. La prêtresse couchée au pied de l’autel cache sous le crâne de bouc ridicule qui lui sert toujours de couvre-chef le visage amer de Dame Spectra, alias Niska Malgorzata la nounou. Quand aux autres, la Koblice peut les identifier comme étant Aldin, la femme de Stass le bucheron qui avait quitté le domicile conjugal avec la peau de Tatzlwyrm de son époux, et Mme Scornsen, la fermière stérile épouse de l’éleveur de chèvre. Tous les regards se tournent vers Jhod au moment ou la dernière est démasquée. Elle n’est en effet autre que Smyrna Bellofski, la chambrière dont le chanoine avait obtenu la libération faute de preuves. Je ne porte pas de jugement sur ton système judiciaire, mais ce n’est pas à WestCrown qu’une suspecte aurait été relâchée sans vérification de ses antécédents.

Je laisse la Koblice effectuer une fouille approfondie de la chapelle, ce qui nous permet de retrouver le corps exsangue de Philippe de Montorge. C’est visiblement son sang qui remplissait les deux vasques sur l’autel. Ils trouvent aussi un œil-de-chat gros comme un poing, une pierre précieuse ressemblant à un globe oculaire. On dit que Gyronna peut observer tout se qui se trouve devant ces pierres, je préfère ne pas prendre de risque et la laisser là. Avant de partir j’ordonne aux kobolds de faire s’effondrer le souterrain, et c’est avec plaisir que j’observe la poussière sortir du tunnel alors que retenti le grondement souterrain que tous les mineurs redoutent. Si Gyronna peut vraiment voir à travers son caillou, j’espère qu’elle apprécie le spectacle.



« Veuillez nous excuser pour cette interruption momentanée de l’image et du son. »


Le soleil se lève sur le spectacle surprenant de Jhod et de l’Archidiacre Salisfère cote à cote en train d’exorciser ce qui reste de temple souterrain de Gyronna. La prodigieuse thaumaturgie de l’Archidiacre intercède auprès d’Asmodeus pour que toute nécromancie soit impossible sur les terres autrefois sous l’emprise de Gyronna, qui se voit contrainte d’abandonner ces lieux. Je suppose que les péroraisons de Jhod vont favoriser la pousse des navets dans les environs.

Comme tu le vois, je me suis occupée de tout, tu n’as plus à t’en faire à propos des moniales de Gyronna à River Haven. Cette histoire a même eu deux autres points positifs. D’une part l’Archidiacre Nicodème Salisfère s’est laissé convaincre et a accepté de se charger de la rédaction d’un code pénal pour que le royaume quitte enfin l’état de semi-anarchie qui y règne actuellement. Il va résider à River Haven le temps que son travail soit terminé. D’autre part j’ai profité de ma promiscuité forcée avec le chef Ecailles-de-Suie pour avoir une petite discussion avec lui. Il n’a pas été long à rétrocéder les terres que tu avais ridiculement décidé de laisser à sa tribu contre un titre de noblesse ainsi qu’un siège permanent au conseil de Samarkand pour lui et ses descendants. C’est quand même incroyable comme le vieux truc qu’on avait utilisé pour virer les shoantis de Korvosa marche toujours à chaque fois.

J’attends ton retour ici avec impatience, ne tarde pas à rentrer.


Cornelia Delecti


PS : Falchos est arrivé hier à River Haven avec des nouvelles de l’Ouest. Il y aurait des dissensions chez les pixies de Maligorn. Une bande de ces fées aurait fait sécession et se serait réfugiée avec une meute de worg dans une nécropole située dans les marécages de Hooktongue. Je dirais bien de laisser les fées se débrouiller avec leurs problèmes, mais je suis sûre que tu vas vouloir t’en mêler.

Nettement plus sérieux, la rumeur dit que les Seigneurs-Tigres sont en train de s’agiter en Numerie. Ils seraient en train de chercher une arme d’une puissance colossale quelque part dans l’Ouest. C'est-à-dire aux portes du royaume.



Cette fois c'est fini, c'est là que nous en sommes pour le moment, on devrait recommencer ce printemps.
La suite plus tard, plus loin, peut-être ?

Loon

PS : Je vous aurais bien mis la carte et le fichier du royaume, mais ils sont trop gros pour que je puisse les ajouter.

Modifié par un utilisateur dimanche 18 mars 2012 17:49:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#33 Envoyé le : mardi 20 mars 2012 19:06:45(UTC)
Loon
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La carte fait 5'000 Ko, donc c'est vraiment trop gros, mais j'ai réussi à metre le fichier, c'est déjà ça de pris.



Bon, j'ai pu metre un JPEG tout moisi quand même.


Loon

PS : J'avais aussi fait des comptes rendus pour l'Eveil et pour Serpent Skull. Si ça vous intéresse je peux aussi les poster, mais l'Eveil est pas super bien écrit (c'est le premier que je faisais) et pour Serpent Skull yen a que jusqu'à la fin du tome un (j'avais plus le temps de les écrire à l'époque, faudrait que je m'y remette).

Modifié par un utilisateur mardi 20 mars 2012 19:38:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#34 Envoyé le : dimanche 7 avril 2013 10:19:12(UTC)
Loon
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Et après deux ans de pause due à des mariages/enfants/étude à l'étranger/déménagements/Warhammer3/CarrionCrown/autre, on a rejoué hier.

Bientôt, dans un délai compris entre prochainement et plus tard, ici-même, une suite.


Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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Offline Dalvyn  
#35 Envoyé le : dimanche 7 avril 2013 16:49:57(UTC)
Dalvyn
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Impatient de pouvoir te lire à nouveau !
Offline Loon  
#36 Envoyé le : mardi 23 avril 2013 19:43:37(UTC)
Loon
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On n'a pas repris le scénario tout à fait là ou on l'avait laissé. En jeu cinq ans se sont passés, histoire que le royaume soit arrivé à maturité. On va aussi abandonner la gestion du royaume, après 3 volume il est assez important pour ne plus vraiment avoir besoin de soins permanents. En plus notre MJ avait plutôt envie de faire de la géopolitique que de la microgestion. Ca qui ne veut pas dire que ça a été de tout repos, comme vous le verrez la reprise s'est faite sur les chapeaux de roue.



Chère Graziella,


Pour la première fois je suis content que ton état ne t’ai pas permis de voyager à River Haven pour mon mariage avec Valentina. Ce qui devait être une fête dans tout le royaume s’est finalement soldé par un effroyable bain de sang dont les conséquences sont toujours difficiles à évaluer. Et dire que cette journée avait si bien commencé.


Tig se tient à mes cotés sur l’estrade fleurie dressée au centre du square aux fées. Il a à peine seize ans et mon écuyer fait déjà ma taille. Il a bien grandi depuis que nous l’avons sauvé des hommes lézards il y a six ans. Jhod a déjà commencé son homélie à Erastil derrière l’autel aux couleurs du Vieux Borgne. Je suis toujours fasciné par le changement qui s’opère chez lui quand il officie, passant de l’homme effacé qu’il est habituellement au prêcheur passionné qu’il devient pendant ses oraisons. Les débats entre le Vénérable Père et l’Archidiacre Salisfère ont duré des semaines pour savoir qui allait pratiquer la cérémonie et j’ai finalement du intervenir moi-même pour réaffirmer que, contrat de mariage ou pas, Erastil est la divinité tutélaire du royaume.

L’allée centrale est bordée de chaque coté par les bancs où ont pris place les invités des deux parties. Mère est au premier rang, sa tenue habituellement sobre est exceptionnellement égayée par de riantes petites touches améthyste. Ca me peine de savoir que ce sera le seule personne de ma famille à assister au mariage. Tu es coincée à Oppara et la dernière fois que j’ai eu des nouvelles d’Abrogail elle était quelque part du coté d’Eleder. Quand à Père, malgré tous mes efforts je ne suis jamais parvenu à savoir ce qu’il est devenu depuis cette nuit ou nous avons du fuir Westcrown il y a presque huit ans. Je suis persuadé que Mère a renoué le contact avec le clergé d’Asmodeus dans l’unique but d’obtenir des informations.

A coté de Mère, ceux qui sont devenu un peu comme ma nouvelle famille. Comme à son habitude Mercedes est flamboyante dans ses habits de lumière. Elle fait paraitre encore plus pale M. Kane, qui a passé les derniers mois dans son laboratoire à travailler sur un « projet secret » qu’il a refusé de dévoiler à quiconque. Il a fallu toute la persuasion dont sont capables Mère et Mercedes pour convaincre Florbella de mettre une robe aujourd’hui, mais même depuis où je suis, je peux voir la hache qu’elle a dissimulée sous le banc. J’ai aperçu Rivotril sortir tout à l’heure avec une des demoiselles d’honneur, je suppose qu’on ne va plus les voir avant un moment. Quand à Requiem, même si je ne le vois pas ça ne veut pas dire qu’il n’est pas ici.

Derrière eux sont installés les envoyés officiels des terres voisines. Dame Placida, la femme du maire de Rostov Joseph Selenius, représente le Rostland. L’unique envoi de la femme d’un notable mineur de notre voisin du nord, à la limite de l’incident diplomatique, montre bien leur désapprobation à l’encontre de ce mariage. Les regards que se lancent M. Kane et Dame Placida me font penser que mon vieil ami aurait lui aussi préféré que nous restions dans le giron bienveillant de sa patrie natale.

Toute la famille Leveton est venue d’Olegville. La tribu s’est bien agrandie ces dernières années, après Mary et Laura, Oleg et Svetlana viennent d’avoir une troisième fille, la petite Carrie. Olegville aussi a subit un essor important depuis la construction du caravansérail qui en fait le point d’entrée des caravanes qui assurent le ravitaillement du royaume en marchandises exotiques. C’est pour veiller sur lui, ainsi que sur toute la région agricole dont dépend le pays, qu’à été construit là bas la plus grande place forte du pays. Elle verrouille aussi efficacement la route du Nord, ce qui n’aide pas avec nos relations avec le Rostland.

Le professeur Anastase Pendrod, le frère du regretté Maestro Pendrod, est venu d’Oppara poursuivre l’œuvre de son frère sur les cultures cyclopes d’Iobaria en ouvrant la chaire de l’Université Kithoradienne à Varnhold. C’est grâce à son apport inestimable que la cité moribonde que Varn avait laissé à sa mort s’est transformée en quelques années en ville universitaire florissante. Il est venu à River Haven avec le maire de Varnhold, l’ancien sergent Howitt Gurney, qui s’est avéré être un dirigent plus compétent qu’il en avait l’air. Et il faut l’être pour négocier à la fois avec les tribus centaures du Nomen et la turbulente population étudiante de l’université.

Loy Rezbin n’est pour une fois pas accompagné de sa femme Latricia. Le maire de Tatzlford ne se sépare pourtant que rarement de celle qui est bien plus que lui la dirigeante de la seconde ville du royaume.

Eel Shore n’a en revanche pas daigné envoyer le moindre représentant. Je ne peux pas dire que je sois surpris, cette communauté composée pour moitié des pêcheurs installés sur les rives du Lac Silverstep et pour moitié des mineurs travaillant dans les Tors de Lévenies est à peine civilisée. Il faudra que je leur montre les bienfaits de la civilisation au plus tôt.

Derrière les officiels sont assis les notables. Il semblerait que tous les frères Nebuloni soient présents même si c’est difficile à dire, je n’ai jamais vraiment su combiens ils étaient au total. C’est un grand jour pour eux aussi, avec la fin des travaux du front de mer leur flotte a enfin un port d’attache digne de ce nom. Assis chacun à une extrémité de la place, Olaf Olafson et Tibor Scornsen ne peuvent cacher l’antipathie que se vouent le roi du mouton et le roi du caprin. C’est avec infiniment plus de classe que se tiennent la richissime Jennanieve Kensen et son compagnon Aurex Thewsen. Selon la rumeur, c’est en terrassant un dragon qu’il aurait acquis la fortune colossale qui a permis l’achat de l’hacienda fournissant les meilleurs chevaux du pays. Même si on est en pleine journée, on dirait qu’un halo d’obscurité entoure l’endroit ou est assise Bella Falkenstein. On dit que cette alchimiste venue du lointain Ustalav aurait découvert la pierre philosophale permettant, entre autre, de changer le plomb en or. Ce qui est sur c’est que son manoir est un des bâtiments les plus imposant de la ville.

Je suis tout de même étonné de ne voir personne de Fort Narthroppole. Les chaises attribuées à Gorak et Tibère Kondorius sont vides. Je ne suis pas trop surpris que le druide, qu’on a fait venir à grand frais du Brevoy pour dresser les rocs récupérés lors de la reconstruction de la Tour Acérée, ne soit pas venu. Il ne peut pas encore laisser les rapaces géants sans surveillance pour le moment, mais quand leur entrainement sera achevé, la Patrouille Aérienne de Samarkand sera un atout non négligeable pour le royaume. Par contre Gorak n’est pas du genre à rater une occasion de faire la fête.

Aucune nouvelle de la Cour des Fées non plus. Je sais que le peuple féérique n’aime pas quitter ses bois, mais j’espérais que Tiressia et Falchos seraient venus, moins comme officiels que comme amis. Je suppose qu’on ne peut jamais vraiment comprendre les êtres du Premier Monde.

L’arrivée du carrosse transportant Valentina me tire de mes réflexions.


« - Mesures d’économie ou pas, ce carrosse est trop petit, M. Kane ! »



Il passe lentement entre les deux haies d’honneur. La première composée par les Chevaliers Couronnées d’Issia, menés par le Sire Patriarche Ametyss Surtova, le père de Valentina. Ils sont arrivés il y a une semaine et j’ai tout de suite sympathisé avec mon futur beau père, qui est plus un combattant qu’un politicien.

La seconde est celle des Chevaliers de l’Ordre du Harfang, dirigés par le Lord Commandeur Kesten Garess. Leur forteresse de la Tour Acérée permet de contrôler le Col des Lévenies sans être trop près de Varnhold et d’Eel Shore, qui ont toutes deux cet esprit indépendant des régions montagneuses.

Quand le carrosse s’arrête enfin, son père aide Valentina à descendre et ils remontent lentement l’allée centrale au son de l’hymne royal interprété par la Compagnie de l’Imp Pourpre. Sa robe confectionnée par les fées est magnifique et le coup de coude de Tig suffit à peine à rompre la paralysie qu’avait provoquée la contemplation de sa démarche gracieuse. Elle arrive finalement devant l’autel et son père me confie sa main gracile. Nous nous retournons face à Jhod qui entame la cérémonie nuptiale. Malgré ma gorge sèche je parviens tout de même à prononcer un « oui » distinct quand le prêtre s’adresse à moi, avant de se tourner vers la promise.

Et soudain, c’est le drame.

Des cris se font entendre à l’arrière du square quand débouche au grand galop un cheval écumant monté par deux femmes. Si je reconnais immédiatement la première comme étant Latricia Rezbin de Tatzlford, je n’ai jamais vu la seconde qui à l’air d’une jeune femme épuisée aux vêtements en lambeaux. C’est à cet instant que je parviens à comprendre ce que crie Latricia : « Le royaume est attaqué ! ».

Immédiatement la belle organisation qui avait demandé à Mère des mois de préparation vole en éclats. Tout le monde crie et veut partir en courant dans des directions opposées. Les deux haies d’honneur tirent les armes en même temps et il faut toute la discipline des deux commandants pour qu’elles ne se précipitent pas l’une contre l’autre. Tibor Scornsen et Olaf Olafson en sont venus aux mains et sont en train de se battre au pied de l’autel. C’est finalement la voix tonitruante de l’Archidiacre Salisfère qui vient calmer la foule assemblée sur la place qui commençait elle aussi à paniquer : la loi martiale est déclarée.

Pendant que la Koblice canalise la foule à grands coups de matraque je monte sur l’autel pour déclarer qu’une réunion du conseil est organisée de toute urgence et que les gens doivent rentrer chez eux jusqu’à nouvel ordre. Les invités de la noce seront bien sur logés au château en attendant que la crise soit réglée. Et puisque tous les membres du conseil sont déjà présents, nous nous rendons sans tarder en salle de réunion pour entendre ce que Latricia a à nous dire.


Latricia commence par nous présenter la jeune fille qui l’accompagne. Elle s’appelle Kisandra Numesti, fille cadette de Lord Terrion Numesti, ancien commandant de la garnison de Fort Drelev. Pour que tu puisses comprendre la suite, un peu de géopolitique. Fort Drelev est la capitale de notre voisin de l’ouest. Son fondateur, Hannis Drelev, était le chef d’une des quatre expéditions qui, comme la notre, a été envoyée par le Brevoy pour coloniser les Terres Dérobées il y a quelques années. Il a rencontré un certain succès et Fort Drelev est une citée prospère construite sur les berges du Lac Hooktongue, de l’autre coté du marais du même nom. Ca c’était avant que l’histoire que nous raconte Kisandra commence.

Il y a quelques jours Fort Drelev a été attaqué par les Seigneurs Tigres, un clan barbare particulièrement agressif venu de Numerie mais dont nous avons trouvé des signes d’occupation jusque dans les bois de Narl. Ils ne sont généralement pas une menace trop sérieuse pour une ville fortifiée, mais cette fois c’était différent. Ils étaient accompagnés par un fort parti de géants sous les ordres de leur chef nommé Kobmoleg et ils avaient des armes de sièges, maniés par une troupe de soldats professionnels encadrée de conseillers militaires du royaume voisin du Pitax. Mais surtout ils étaient menés par Armag le Deux-Fois-Né. Ce nom fait immédiatement réagir Florbella. Comme tous les natifs des clans de Numerie elle a entendu l’histoire d’Armag racontée par les anciens au coin du feu quand elle était enfant.

C’était le champion de Gorum, le dieu des batailles, et le plus terrible chef de guerre ayant dirigé les Seigneurs Tigres. Pendant des années il ravagea les Terres Dérobées, la Numerie et les Royaumes Fluviaux sans jamais perdre une seule bataille. Il fallu que Gozreh et Pharasma, lassés des vantardises incessantes d’Armag, s’allient pour qu’il périsse finalement sous les crocs d’un dragon rouge envoyé par les dieux en colère. Mais il est dit que Gorum forgea une épée magique qu’il nomma Ovinrbaane pour y conserver l’âme de son champion, et qu’un jour celui-ci renaitra pour recommencer ses conquêtes au nom du dieu des batailles.

Je ne sais pas si Hannis Drelev connaissait cette histoire, mais toujours est-il qu’il se rendit sans combattre devant la horde barbare. Déjà dégouté par la lâcheté de son suzerain, Lord Numesti se rebella ouvertement contre lui quand celui-ci accepta de livrer aux barbares toutes les filles des officiers de Fort Drelev en tant qu’otages. Le baron, fou de rage le fit enfermer dans son plus sombre cachot avant de faire rafler les otages par ses soudards. Seule Kisandra parvint à s’échapper pendant que ses sœurs étaient emmenées. C’est de sa cachette qu’elle entendit qu’une partie des barbares, frustrés d’une bataille et d’un pillage par la capitulation de Fort Drelev, cherchaient une autre ville à mettre à sac. Sous les ordres d’Ameon Trask, l’âme damnée du baron Drelev, une centaine de soldats et de géants allaient se diriger vers la ville la plus proche pour passer leur frustration sur quelque chose. Cette ville est malheureusement Tatzlford.

Autour de la table du conseil c’est la consternation. Il y a une petite garnison d’une quinzaine d’homme à Tatzlford, mais ce sont principalement des miliciens locaux, plus habitués à faire face à des bagarres d’ivrognes ou à des chats coincés dans les arbres qu’à des armées de géants. La seule troupe endurcie est composée des rangers de Corax, que Latricia a déjà envoyée pour qu’ils ralentissent la progression des envahisseurs à l’aide de pièges. Malgré cela elle estime qu’ils arriveront à Tatzlford cette nuit, au plus tard demain matin.

Il faudrait deux jours de marche forcée pour rejoindre Tatzlford depuis River Haven, nous n’y seront jamais à temps avec des moyens conventionnels. Nous avons bien une cinquantaine d’hommes à la capitale, mais ce sont tous des fantassins. Les seules troupes montées sont stationnées à Olegville, bien au-delà de notre portée. A ce moment le père de Valentina, qui était rentré en sale du conseil avec nous, prend la parole. Il va partir avec la dizaine de cavaliers qui composent la garde d’honneur montée pour Tatzlford, ce sont tous des vétérans des campagnes d’Issia et même si le mariage n’est pas encore tout à fait prononcé il peut tout de même donner un coup de main. Il a aussi l’air assez content de pouvoir se retrouver une nouvelle fois sur un champ de bataille après des années à la cour.

M. Kane a lui aussi une carte dans sa manche. Il nous dit qu’il connait un ancien rituel qui peut conjurer des montures ailées d’un autre plan d’existence. En plus de nous il pourrait en appeler assez pour transporter une vingtaine de soldats.


« Ils servent d’habitude à renvoyer chez eux les immigrés clandestins nains. »



Grace à ça nous pouvons déplacer une trentaine d’hommes à Tatzlford d’ici cette nuit. En plus de nous et de la vingtaine déjà sur place, nous serons près de cinquante pour contrer l’armée d’invasion. J’espère que ce sera suffisant.

Nous sommes en train de faire les derniers préparatifs quand cette situation déjà tendue empire encore. Un garde frappe et fait entrer un émissaire de la Cour des Fées. A mon étonnement c’est Maligorn qui passe la porte. Le Roi Maligorn comme il le précise immédiatement, nouveau suzerain de la Cour des Fées. Il vient nous annoncer en personne que la Cour des Fées fait sécession avec effet immédiat.

Quand je lui demande ce qu’il en est de Tiressia, qui était la reine aux dernières nouvelles, il sort un paquet de sa sacoche et nous dit que justement Falchos à un message pour nous. C’est avec appréhension que je déballe le paquet, et je ne peux réprimer un geste de recul quand je vois ce qu’il contient. La tête du satyre décapitée est encore vivante, ces yeux bougent en tous sens comme s’ils cherchaient à se fixer sur quelque chose, avant de s’arrêter dans ma direction. Ses lèvres commencent à bouger, murmurant des mots que je peine à percevoir tant ils sont faibles. Alors que tout le monde s’est rapproché pour entendre son dernier message, je crois percevoir celui-ci : « Sauvez Tiressia et mon enfant à naitre… ».

A peine ses lèvres se sont elles refermées à jamais, expirant leur dernier souffle, que la tête explose en une projection d’épines acérées dans toute la pièce. Je m’interpose devant Mère pour lui éviter d’être touchée, comptant sur mon armure pour encaisser le choc, mais d’autres n’ont pas cette chance. Mercedes et Svetlana sont les plus touchées, leurs soieries chatoyantes ne pouvant rien contre les éclats de bois qui volent à travers la pièce. L’odeur méphitique qui se dégage en plus des échardes de me dit rien qui vaille, elles suintent du même poison végétal que celui recouvrant les lames des assassins de la Dame qui Danse.

Quand nous reprenons nos esprits nous avons juste le temps de voir Maligorn finir d’incanter un sort. Son sourire carnassier dévoile pour la première fois des dents particulièrement pointues que je n’avais pas remarquées la dernière fois qu’on s’était rencontrés. Juste avant de disparaitre dans un nuage de spores, le pixie prend quand même le temps de donner un dernier avertissement : « Toute personne qui pénètrera dans le Bois de Narl sera exterminée ! ».

Les cris des blessées nous ramènent à la réalité, des taches purulentes commencent à se propager sur leur épiderme et me font craindre le pire. Nous avons heureusement sur place une spécialiste en substances étranges en la personne de Bella Falkenstein. Mandée en toute hâte elle ne peut que confirmer nos soupçons. Il ne s’agit pas vraiment d’un poison, mais d’une maladie provenant d’un autre plan, le Premier Monde, celui d’où proviennent les fées. Elle peut empêcher la maladie de se propager, mais pour la guérir il lui faudra des ingrédients qui ne se trouvent pas dans le commerce. Il lui faut du sang de Fomoire, les fameux géants difformes du Premier Monde. Elle rajoute que le poison est tiré de leur sang lui aussi, et qu’il y en a certainement un parmi nos ennemis, ce sont de redoutables alchimistes.

Agacé par un tapotement incessant par la fenêtre, Rivotril fini par l’ouvrir pour faire entrer un pigeon portant un message qui vient se poser sur son épaule. Il porte le sceau de Fort Narthroppole et ne fait qu’aggraver la situation. Fort Narthroppole est assiégé par une force composée de worgs et de pixies. Ils ont réussi à repousser le premier assaut mais demandent des renforts, ils ne tiendront pas longtemps.

Fort Narthroppole est à une semaine de marche, beaucoup trop long pour qu’on puisse arriver à temps, mais j’ai une autre idée. La barge royale est toujours à quai, j’avais prévu de l’utiliser pour le voyage de noce avec Valentina. En passant par les lacs et en traversant les marais des hommes lézards, le trajet est faisable en deux jours. Ca pourrait être suffisant pour secourir le Fort. Le problème c’est les hommes lézards. Notre arrangement avec eux est assez simple, ils restent tranquillement dans leur marais dont personne ne veut de toute façon, et nous n’allons pas les embêter chez eux. Si nous voulons faire passer une armée par leurs terres, il va falloir parlementer.


« Ils cherchent toutefois à améliorer leur ordinaire par d’étranges moyens. »



Je décide de faire embarquer une vingtaine de soldats sur la barge royale, accompagnés par le chef Ecailles-de-Suie et d’une dizaine de kobolds pour négocier avec les hommes lézards. Entre reptiles ils arriveront bien à se comprendre. Le Capitaine Marduk n’est pas enthousiaste à l’idée de naviguer une fois de plus dans les environs de l’Ile de Candlemere, mais comme on n’a pas le temps de débarquer les provisions prévues pour le voyage de noce, il se console en sachant qu’il n’aura jamais aussi bien mangé pendant une campagne militaire.

Entretemps M. Kane est allé dans son laboratoire pour chercher sa boule de cristal, il connaît suffisamment bien Fort Narthroppole pour avoir une vision claire de la situation sur place. Ce qu’il voit est la première bonne nouvelle de la journée, le Fort tient toujours. Ils sont assiégés par une dizaine de worgs, montés chacun par une poignée de pixies. Ils semblent dirigés par le géant fomoire dont on soupçonnait l’existence. Ce qui m’inquiète le plus est l’état de la forêt autour du Fort. Elle ressemble à celle qui entourait l’arbre-faux avant qu’on ne le détruise. Heureusement que le fort est une ancienne citadelle naine, il n’y a pas trace d’autre chose que du minéral dans sa construction.

Avant de partir M. Kane veut encore tenter d’entrer en contact avec la nixie Melianse. Il se rend dans le square aux fées ou se trouve le vase communicant. Le résultant est certes concluant, mais pas sans conséquences. Melianse garde une once de conscience, mais elle est presque totalement corrompue par la maladie magique du Premier Monde. Elle parvient tout juste à dire que toute la Cour des Fées est sous l’emprise de Maligorn, avant que M. Kane ne soit obligé de couper le contact, faute d’être à son tour contaminé par la maladie. Il faudra prendre des mesures, mais pour le moment nous avons une ville à sauver.


La sensation de voler est exaltante. Il nous faut à peine quelques heures pour parcourir un trajet qui se fait en plusieurs jours habituellement. Nous survolons même les chevaliers Issiens au passage. Ils ont fait une bonne partie du chemin, ils devraient arriver à la tombée de la nuit s’ils poursuivent à ce rythme. Pendant que je me pose sur la place de Tatzlford avec Mercedes, Rivotril, M. Kane et Florbella profitent des montures aériennes pour faire une reconnaissance sur l’avancement de l’armée ennemie.

Les habitants sont soulagés de voir que nous venons à leur secours, malgré les affirmations de Corax qui disait que j’allais les abandonner à leur sort. Malgré l’inimitié que j’ai pour lui, il faut reconnaitre qu’il a fait du bon travail, les envahisseurs ne seront pas là avant demain matin grâce au harcèlement de ses hommes. Ca nous laisse le reste de la journée pour nous préparer à les recevoir.

Ma première décision est de détruire le pont qui enjambe la rivière Skunk, s’ils doivent traverser à la nage, ça les empêchera déjà de charger. Ca signifie aussi que la défense se fera sur la rive Est de la rivière, nous obligeant à abandonner le temple d’Erastil situé sur l’autre rive. Latricia est dévastée par cette nouvelle, mais la place est indéfendable et elle le sait.

Pour maximiser l’effet de la rivière j’envoie aussi quelques hommes en amont pour fabriquer un barrage provisoire que nous pourrons détruire quand l’ennemi traversera, j’espère bien en noyer quelques uns de cette manière. Je fais aussi construire des barricades avec des ouvertures flagrantes au milieu, pour canaliser les envahisseurs vers des souricières plus faciles à défendre. Les rangers de Corax seront postés sur les toits de la ville, pour conserver l’ennemi sous une pluie de flèches pendant toute leur avance. Je vais enfin conserver la cavalerie lourde Issienne en retrait, pour pouvoir profiter d’une charge, je l’espère dévastatrice, sur les flancs de l’ennemi une fois qu’ils auront traversé.

A leur retour, les éclaireurs ont une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est que les envahisseurs sont moins que prévus. Il y a une demi-douzaine de géants des collines, une dizaine de brigands, une trentaine de barbares du Tigre et une trentaine de soldats réguliers de Fort Drelev. La mauvaise nouvelle c’est que la chimère sur laquelle est monté Ameon Trask compte facilement pour les 25 qui manquent. Une créature volante crachant du feu, on avait bien besoin de ça.


« - Je les voyais quand même un peu plus sauvages ces tiges. »



La nuit a été beaucoup trop courte pour tout le monde à Tatzlford. Quand le soleil se lève enfin je me rends devant la mairie pour faire un discours galvanisant aux habitants et aux troupes. Je leur dit que même si l’ennemi est plus nombreux, nous triompherons parce que nous défendons nos foyers et nos familles. Nous sommes le bouclier qui stoppera les envahisseurs, la barrière entre la civilisation et la barbarie. Nous avons travaillé dur pour avoir une terre qui nous appartient, nous ne laisserons pas un chef de guerre surgit du passé ravager ce que nous avons construit pour nos enfants. Et nous gagnerons aussi parce que si nous perdons, personne ne se rappellera de qui nous étions.

J’ai l’impression que mes paroles ont surtout fait du bien à la population, les soldats eux savent que ce qui va venir sera fait de souffrance et de sang. Pendant qu’Emraeli Emfaun, la maitresse d’école, va mettre les enfants à l’abri dans le petit fort de Tatzlford, Latricia Rezbin implore la bénédiction d’Erastil sur les combattants. Tout le monde va alors prendre position à l’endroit qui lui a été assigné préalablement. Les cris des barbares se font déjà entendre par delà la rivière, ça va bientôt commencer.


L’incendie de l’auberge a finalement été maitrisé plus facilement que je ne pensais. Les dégâts matériels seront somme toute légers sur la rive Est. Les géants ont par contre tout détruit de l’autre coté de la rivière avant de traverser, le temple d’Erastil et le pince-fesse situé sur le même bord. Maigre consolation pour Larissa. Le seul point positif est que le temps qu’ils ont passé à tout ravager nous a permis de briser l’assaut des barbares sans avoir besoin de s’occuper d’eux.

Ca aurait pu être bien pire, mais nos pertes sont tout de même terrifiantes. Plus de la moitié de la milice de Tatzlford a péri en protégeant le fortin ou s’étaient réfugiés les enfants. La charge des Chevaliers Couronnés Issiens sur les géants a été décisive, mais seuls quatre d’entre eux y ont survécu. Aucun mort par contre dans les troupes venues avec nous de River Haven, Akiros les a bien entrainés et les barbares se sont fait tailler en pièce un par un alors qu’ils sortaient péniblement de la rivière, encore désorientés par la montée des eaux.

Nos seuls prisonniers sont parmi les troupes régulières de Fort Drelev, ceux qui n’ont pas été assez rapides pour s’enfuir quand le dernier des géants est tombé. Les barbares des Seigneurs Tigres ont par contre été fidèles à leur réputation en mourant jusqu’au dernier, les armes à la main. Au final ce sera le souffle enflammé de la chimère qui aura fait le plus de dégât. La magie de M. Kane a heureusement eu raison d’elle, pendant que les flèches de Rivotril mettaient un terme définitif à l’existence détestable d’Ameon Trask.

Les troupes River Haven vont rester ici et aider les habitants pour réparer les dégâts. Quand à nous, nous repartons dès que M. Kane sera en mesure de rappeler les aigles. Une autre bataille nous attend à Fort Narthroppole, j’espère que nous arriverons à temps.


Ton frère
Gregor Delecti


PS : Mercedes s’est rappelée d’un ancien poème épique qui parle d’Armag. Il est à la base en Haut Numerien, je ne sais pas si la traduction lui fait vraiment justice.



« - Mais il veut dire quoi par : Mes hovercrafts zonzonent point pouvoir ? »



Fils des Mammouths, du clan du Tigre
Il s’en est venu sur les Terres Dérobées
Par l'épée il ravagea, de sa rage il abusa
Et par la guerre, tous subjugua.

Mais son orgueil et son sang brulant
Attisé par Gorum, il ne résista pas
Pour déclarer bien haut, le regard fier
Que lui Armag jamais ne périrait

Aux yeux de Gozreh et Pharasma
Ses vantardises n'étaient que mensonges
Comment oses-tu affirmer, dirent-ils
Que toi, simple mortel, ne devrais jamais trépasser !

La dame Pale complota en sa demeure
Pour l’amener dans son royaume d’os
Quand elle et Gozreh trouvèrent un moyen
C’était cette fois le dernier jour d’Armag

Un Dragon Rouge envoyé par les dieux vengeurs
Arracha de sa poitrine le cœur d’Armag
Mais Gorum eut le dernier mot ce jour-là
L’âme ténébreuse d’Armag restera là

Ovinrbaane, ainsi est nommée l'épée
Forgée par le Seigneur de Fer
Pour conserver l'âme du guerrier
Jusqu'à ce que les étoiles soient alignées

Alors il renaitra et recommencera
A changer vos épouses en veuves et bruler vos terres
Armag le deux-fois-Né à nouveau hurlera
Et montrera aux dieux que jamais il ne mourra

L’élu de Gyronna, l’homme sans nom
Les Sombres Sœurs brandissant la flamme de la haine
Ils vont fendre la terre et faire saigner le ciel
Armag le deux-fois-Né jamais ne mourra !



C'est tout pour cette fois, la suite quand on aura rejoué.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#37 Envoyé le : dimanche 5 mai 2013 16:11:08(UTC)
Loon
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Une fois n’est pas coutume, on n’a pas joués nos persos cette séance, mais le corps expéditionnaire envoyé au secours du fortin assiégé au Sud. Le but était savoir si les renforts arriveraient à temps et aussi dans quel état ils arriveraient. On a joué ça comme un défi de compétence de DD4, en dix scènes qu’il fallait réussir, chaque succès valant un point. Par exemple de scène, il y a eu la traversée des brumes sans s’échouer, négocier avec les hommes-lézards, survivre à l’embuscade, etc. Notre MJ avait fait un tableau avec l’état de l’armée compte tenu des points gagnés. On a été exceptionnellement chanceux sur ce coup là, en réussissant toutes les épreuves, du coup on a une armée en pleine forme pour la bataille de la semaine prochaine.

La seconde raison de jouer la progression des secours de cette façon, outre de ne pas simplement dire : Alors pendant ce temps les renforts se sont déplacés à travers tout le pays, était de changer la perspective du jeu. Notre MJ veut que le vrai héro de Kingmaker soit le royaume, pas les PJ. On va donc faire de temps à autre des séances comme celle-là ou on jouera d’autres personnages, histoire de changer de point de vue.

Mais sans plus attendre, voici le corps expéditionnaire de la troisième armée.



Salut Stan,

C’est Lily qui m’a dit que tu étais de retour à River Haven et que tu cherchais un job. Je lui envoie cette lettre à l’Amojar, je lui ai demandé qu’elle te la lise la prochaine fois que tu iras voir une de ses nièces. Si tu es revenu dans les Terres Dérobées, ou plutôt le royaume de Samarkand comme on dit maintenant, je suppose que ça ne s’est pas aussi bien passé que tu l’espérais à Daggermark. Les choses ont par contre mieux tourné pour moi, et je pense que je peux te filer un coup de main.

Il y a six ans quand on a été les seuls survivants de la bande et que les envoyés des Seigneurs-Epéistes nous a laissés partir j’ai commencé à examiner mes choix. Tu savais que ton beau-frère cherchait des gros bras et tu es parti le rejoindre dans le sud, mais je n’ai jamais pu le blairer et on s’est séparés. Je suis resté à braconner un peu dans la région, mais la solitude ça m’a surtout fait réfléchir.

On a souvent fait des trucs pas très nets dans le passé, mais je pense, et je sais que tu seras d’accord avec moi, que c’est avec notre période chez cette tarée de Crécelle qu’on a touché le fond. Je ne suis pas sensible, mais elle a fait des choses qui me rendent malade encore aujourd’hui. Alors quand j’ai entendu dire qu’Akiros avait non seulement été amnistié, mais aussi nommé à la tête de l’armée, j’ai décidé de reprendre ma vie en main. Après tout un nouveau pays pouvait signifier un nouveau départ pour moi aussi.

Je suis donc sorti de ma forêt et j’ai été jusqu’à la ville qui se bâtissait autour de l’ancien fortin qui était notre repaire du temps du Seigneur-Cerf. Je me suis présenté devant Akiros et je lui ai tout raconté. Que j’en avais assez de me cacher ou de détaler quand j’apercevais des gardes, de vivre en reclus dans les bois, de ne pas pouvoir me présenter dans un lieu civilisé de peur d’être reconnu. Et surtout de ne plus pouvoir tirer aucune fierté de mes actes. Il m’a longuement scruté, avec cette étrange lueur qu’il avait parfois dans le regard, et m’a finalement souhaitée la bienvenue dans l’armée de River Haven.

Je ne vais pas te mentir, les premiers temps ont été difficiles. C’est dur de se réhabituer à la discipline quand on a vécu pendant des mois en solitaire, mais après quelques temps on s’y fait. Il y avait toutefois une énorme différence. J’étais avec des gens avec qui je pouvais avoir confiance, je n’avais pas à craindre un coup de poignard dans le dos juste parce que quelqu’un avait passé une mauvaise journée ou avait perdu aux cartes. Et obéir à un chef parce qu’on le respecte, et pas seulement parce qu’on a peur de lui, ça vaut quelques sacrifices.

Alors je suis resté dans l’armée. J’ai été nommé sergent quand on a repoussé l’attaque de l’emplumé géant sur River Haven, et j’ai fait la campagne contre les spriggans à l’est, lors du nettoyage des Basses Lévenies. Jusqu’à présent c’était toujours des attaques isolées de peu d’importance, mais j’ai l’impression que c’est en train de changer aujourd’hui. Je pense que le royaume va entrer dans la première vraie guerre de sa courte existence.

On s’est fait tomber dessus par l’armée de Fort Drelev à l’Ouest et par les indépendantistes pixies de Maligorn l’Usurpateur au Sud. Je ne suis qu’un soldat, mais même pour moi la coïncidence est trop grosse. Je suis certain que les attaques ont été coordonnées. On a du contrarier quelqu’un de puissant, et pas pour la première fois. Il y a des légendes qui courent depuis des années chez les forestiers des bois de Narl. Ca parle d’une Maitresse des fées tapie au fond des bois, qui ferait régner la terreur chez le peuple premier. Il paraitrait que même le Conseil serait préoccupé par ces rumeurs, mais je n’en sais pas plus. Je laisse de toute façon ces histoires aux dirigeants, moi mon boulot c’est le combat. Et pour ça, j’ai été servi.

Comme on était attaqués sur deux fronts, on a du faire deux contingents de troupe. Le Roi et sa Garde Royale sont partis défendre Tatzlford à l’Ouest. Ils étaient éblouissants dans leurs armures rutilantes, montés sur les aigles géants invoqués par le magistère royal, l’Archimage Kane. On dit qu’il a plus de 300 ans, et qu’il doit faire de fréquents rituels kabbalistiques pour continuer à exister. En tout cas je suis content qu’il soit de notre coté, je déteste affronter des sorciers.


« - Trois oreilles de chaton, une nageoire de dauphin et cinq cœurs de bébé phoque … »



Une fois ces frimeurs de la Garde Royale partis avec leurs armures étincelantes et leurs oriflammes au vent, on a embarqué pour le Sud. C’est clair qu’on n’a pas les aigles géants et les trompettes pimponantes, mais quand il faut envoyer des soldats aguerris qui n’ont pas peur de salir leurs capes en hermine, le Roi fait appel à nous, les vétérans de la troisième armée, le Serpents d’Eau. L’honnêteté me pousse quand même à dire qu’on a reçu des renforts, toute une section de la Koblice, menée par le chef Ecailles-de-Suie en personne. Inutile de te dire que ça a rendus les hommes nerveux de devoir côtoyer les écailleux, mais il parait qu’il allait falloir négocier le passage avec les hommes-lézards des marais, alors on a fait avec.

Le voyage sur les lacs a été beaucoup plus facile que je le pensais, mais il faut dire qu’on avait un navigateur d’exception. Tu le connais peut-être, c’est le Capitaine Mordunk-le-Terrible. Il était au service du Protectorat du Marquis Noir avant de venir ici, et il connait comme sa poche toutes les rivières des Royaumes Fluviaux. Toujours est-il que les brumes qui entourent l’ile maudite de Candlemere ne l’ont pas gêné et que nous avons atteint le territoire des hommes-lézards en un temps record.

Je ne sais pas exactement ce que se sont dit les écailleux, j’étais resté prudemment à l’écart avec mes hommes pendant les négociations. Je crois que les anguilles offertes en cadeau ont bien aidé au début, mais ce qui a définitivement fait pencher la balance en notre faveur a été la restitution au chef Kathabathan du trident sacré dont le Roi s’était emparé il y a quelques années. Il y a bien eu un moment de tension après le repas quand la championne d’Ecailles-de-Suie s’est battue avec le champion des hommes-lézards, mais c’était simplement une joute amicale et sa victoire à définitivement scellé notre accord. Le lendemain matin le chef nous a prêté un de ses reptiles pour nous guider en sécurité jusqu’à la limite de leur territoire.

Après la croisière en bateau sur le Roi-Gregor, la progression dans la forêt dense du sud a été nettement moins plaisante, mais on en a vu d’autres. Le chaman kobold qui accompagnait le Chef nous a même permis d’éviter différentes colonies de calathgar, ces saletés de plantes parasitaires qui pullulent sous ces latitudes. On pensait avoir fait le plus dur quand l’embuscade s’est produite.

On était en train de traverser un petit affluent de la Murque quand des pixies montés sur des worgs ont surgis des frondaisons bordant le ruisseau. L’attaque a été brutale mais on l’a repoussée en n’ayant subit que quelques pertes mineures. La seule conséquence de ce combat n’a certainement pas été celle désirée par les agresseurs. Le fait de se battre concrètement contre un ennemi commun a permis de créer une véritable cohésion entre les troupes humaines et kobolds. Luter cote à cote nous a rapprochés bien plus que je ne pensais possible et c’est une troupe soudée qui est finalement parvenu à une clairière tapissée de champignons aux formes étranges.

On avait commencé à sortir prudemment le désherbant quand le capitaine Mordunk, qui a trainé son sabre dans tous les recoins des Royaumes Fluviaux nous arrête d’un geste. Malgré leur taille et leur dentition impressionnante, les leshys comme ils s’appellent, sont des préservateur de la nature, habituellement au service des tréants. Maintenant qu’on savait ce qu’on cherchait, on a fini effectivement par trouver un de ces majestueux gardiens des forêts dans ce qu’il faut bien qualifier un état de coma éthylique avancé.

Il faudra toute l’expérience du Capitaine Mordunk, qui a eu son comptant de marins ivres à réveiller, pour sortir le tréant de sa torpeur. L’agitation causée par nos efforts a eu comme autre conséquence d’attirer un autre habitant des bois en la personne de Palombier, l’impétueuse licorne qui faisait lui aussi parti de la Cour des Fées. Pendant que Vinroot, car c’est bien lui, revient lentement à la réalité le fougueux équidé nous a expliqué que le vieux tréant et lui ont pu s’enfuir lors de la prise de pouvoir par Maligorn et qu’ils s’étaient repliés dans cette clairière secrète pour réfléchir à un plan d’action.

C’est à peu près à ce moment que le conseil monté sur les aigles géants nous a rejoints. Apparemment les combats ont étés rudes à Tatzlford, mais nous avons vaincu ces vermines de Fort Drelev et leurs laquais. Sauf que d’après ce que j’ai pu entendre quand je montais la garde devant la tente ou se déroulait le conseil de guerre, ce serait plutôt Fort Drelev le laquais. Ce qui ne m’étonne qu’à moitié, Lily m’avait déjà parlé à l’époque de la nouvelle maitresse du baron Hannis, une radasse démoniaque qui prend toutes les décisions là-bas. Non, le plus surprenant c’est que l’attaque serait commanditée par le Pitax. Et ça c’est une mauvaise nouvelle, parce que le Pitax je connais.


Tu te rappelles d’Adso ? Un soi-disant barde, un bellâtre qui jouait surtout du pipeau. Il avait dut prendre ses jambes à son cou parce qu’il avait manqué de respect au chef d’une des familles. Après il avait manqué de respect à Crécelle et là il avait pris une hache à son cou. Mais avant ça il était resté quelques mois et j’ai passé d’interminables heures de garde avec lui. C’était le gars le plus bavard que j’ai jamais rencontré et son sujet de prédilection c’était son Pitax natal. C’est dire si j’en connais un rayon sur la cité.

Un peu après que Choral le Conquérant ai unifié le Brevoy, il a commencé à faire le ménage dans la pègre de New Stetven et celle-ci à du relocaliser ses bases d’opération. Les familles sont parties vers le Sud jusqu’à trouver un petit coin dans un méandre de la Sellen où ils ont pu poser leurs valises. Ils avaient de l’argent, des hommes prêts à tout et aucun scrupule. Ce qui était au départ un simple repaire de brigands au milieu des étendues hostiles des Royaumes Fluviaux est rapidement devenu la cité la plus prospère de la région, sous le contrôle de son fondateur et chef des quatre familles, Cesare Cattanei.

Je ne me rappelle plus exactement ce qu’Adso racontait, mais au fil du temps les familles ont abandonné progressivement le banditisme pour se consacrer à une activité beaucoup plus lucrative, surtout si on n’a aucune once de sens moral, le commerce. Elles se sont transformées en quatre maisons marchandes, chacune dirigée par une des familles principales : Cattanei, Liacenza, Strocalle et Vascari. Ils se sont partagés les bénéfices rapporté par la contrebande entre les pays de la région pendant des années jusqu’à l’arrivée en ville d’un nouveau joueur : Castruccio Irovetti.

Personne ne sait vraiment d’où il venait, mais c’était avec les poches pleines d’artefacts numeriens, du type qui a permis aux hommes-matière de la Ligue Technique de s’emparer d’un pays peuplé de barbares hostiles en moins d’une année. Ce n’est toutefois pas grâce à eux qu’il est arrivé au pouvoir, mais à l’aide de son habileté aux cartes. Selon la légende il aurait passé près de trois jours et trois nuits à jouer avec les frères Lothaire et Berengar Liacenza, qui étaient les dirigeants de la famille la plus influente à l’époque. Quand les portes du casino se sont finalement ouvertes, Castruccio était devenu le Roi Irovetti.

Ne te laisse toutefois pas tromper par son coté charmeur, le nouveau roi est le genre de personnage impitoyable qui a été capable de conserver une ville arrachée aux mains des quatre familles jusqu’à aujourd’hui. Pour te donner une idée, quand la ville de Littletown a voulu profiter du changement de régime pour faire sécession, le nouveau roi l’a livrée aux wyverns qui infestent les montagnes et celles-ci l’ont rasée jusqu’aux fondations. Tout ça pour dire que ce n’est pas le genre d’adversaire qu’il faut traiter à la légère.


« Un coup à se réveiller avec la tête de Palombier dans son lit. »



Pour en revenir à ce que j’écrivais au début, je pense qu’avec la guerre qui s’annonce, l’armée de Samarkand va recruter massivement ces prochains temps et que j’aurais bien besoin de quelqu’un comme toi pour garder mes arrières. Si tu es intéressé, passe à la caserne de River Haven de ma part, je t’y verrai à mon retour en ville.
Pour autant que je sorte vivant de l’assaut de demain bien sur.


Ton vieux complice

Dragan Karse
Sergent des Serpents d’Eau



C'est tout pour cette fois, la suite quand on aura rejoué.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#38 Envoyé le : mardi 21 mai 2013 19:07:41(UTC)
Loon
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On a fait pour la première fois un combat de masse, pour essayer les règles. Ca marche assez bien, mais notre MJ nous a dit qu’il a passé plus de deux heures à préparer les cinq fiches d’armée qu’il avait fait (La Garde Royale de Samarkand, la Kobold Unit Squad et The Last Gnomes Standing pour nos troupes ; les Bataillons Pixies et la Meute Worg pour les autres). Le seul problème c’est qu’un seul jet peut éradiquer une armée, même si elle est en pleine forme, ce qui s’est passé avec nos kobolds (les pixies n’avaient plus que 1 hp, les kobolds étaient à leur maximum de 20, on tire un jet moyen, notre MJ fait 20, les deux troupes sont éliminées). Ce qui fait qu’une bataille peut tourner sur un seul jet de dé, quelque soit la tactique utilisée. Ceci mis à part, c’est très rapide et toute la partie combat de masse nous a pris moins d’un quart d’heure à la fin de la séance, explication des règles incluses.



Chère Mère,

J’aurais aimé que le vol inaugural des rocs se passe dans des circonstances plus heureuses, mais le temps nous est compté et je suis contraint d’utiliser ce qui est à ma disposition. J’espère juste que Tibère Kondorius saura maitriser ses volatiles encore imparfaitement dressés. Il est porteur en plus de ce message d’un objet que j’espère inerte et que je vous supplie d’examiner avec la plus grande prudence. Cette flute est ma seule piste pour retrouver M. Kane et j’ai déjà perdu beaucoup trop d’amis pour ne pas tout tenter pour le faire revenir.

Je vais tâcher de vous expliquer au mieux dans quelles circonstances il a disparu, mais son absence me prive de toute l’expertise magique qu’il me prodigue habituellement.


« Non, alors cette gigantesque boule de feu dans le ciel, c’est le soleil, mon Roi… »



Le rapport de Requiem, que j’avais envoyé en éclaireur un peu plus tôt me fait dire que nous sommes arrivés à temps, mais pas de beaucoup. Fort Narthroppole tient toujours, mais les forces de l’Usurpateur sont en train de compléter un rituel étrange qui pourrait leur donner une victoire rapide.

Les bois maladifs entourant le fort sont patrouillés par les renégats pixies de Maligorn et les worgs de Plainte-Morne, rendant toute approche discrète improbable. Ca n’a cependant pas empêché Requiem de se faufiler au cœur du dispositif ennemi pour voir ce qui s’y cache. La clairière entourant le fort est baignée par une brume rampante laiteuse aux couleurs chatoyantes. Elle semble se déverser d’un monumental chaudron qu’un fomoire gigantesque surveille en psalmodiant une mélopée envoutante d’une voix suave et haut perchée qui semble totalement inadaptée à ce corps colossal aux traits contrefaits.

On peut distinguer trois ilots de réalité au cœur des brumes. Au centre de chacun se tient une musicienne féérique produisant une mélopée hallucinée. Les brumes semblent se transformer autour d’elles au son de leurs flutes, chacune d’elle altérant la réalité en une aura élémentaire diffuse. Pour le moment les auras sont encore éloignées les unes des autres, mais Requiem pourrait jurer qu’elles se développaient à chaque note torturée tirée du flutiau féérique. Et quand elles se rejoindront, qui sait ce qui va se passer.

Notre plus gros souci est cependant quelque chose que nous pouvons distinguer même depuis l’endroit ou nous nous trouvons à la lisière des bois. Un portail dimensionnel monumental est en train de s’ouvrir dans le ciel au dessus de la clairière. Et depuis cette autre réalité un gigantesque œil reptilien à pris conscience de notre existence et nous regarde fixement. La créature auquel appartient cet œil doit être d’une puissance qui dépasse l’entendement. Même les quelques gardes fomoires qui sont en train de protéger l’invocateur en ont peur, Requiem a entendu leur conversation et ils comptent bien s’enfuir dès que le portail sera suffisamment grand pour permettre à l’être de passer.

Selon Mercedes, les fées pourraient être les Flutistes de l’Aube, des créatures légendaires qui auraient apporté la musique dans notre univers depuis le Premier Monde, selon la tradition varisienne. Prises séparément elles sont déjà très dangereuses, mais si elles peuvent s’accorder pour jouer une harmonie sous la direction d’une entité supérieure, le résultat pourrait atteindre une puissance qui n’a pas été ressentie dans notre monde depuis une éternité.


« D’un autre coté ça aurait pu être bien pire. »



Concernant le rituel, M. Kane pense comprendre son fonctionnement. Selon lui il pourrait faire passer Fort Narthroppole et toute la clairière qui l’entoure dans le Premier Monde. Et comme même la magie ne peut pas contourner entièrement les règles de l’univers, quelque chose doit venir dans notre plan depuis le Premier Monde pour compenser. L’œil derrière le portail doit appartenir à ce quelque chose.

Nous n’avons pas le temps de nous battre contre les pixies de la forêt, le portail grandit à vue d’œil, le rituel doit arriver à son terme. Le seul moyen que nous ayons de le stopper est d’envoyer nos troupes en avant pour faire une diversion et passer discrètement pendant les affrontements. J’ai l’impression de trahir mes hommes en ne le menant pas moi-même au combat, mais ce qui se passe dans cette clairière est trop important.

Je confie donc le commandement au capitaine Mordunk avec une stratégie simple. Les vétérans de la troisième armée vont avancer avec fifres et tambours pour attirer le plus d’attention possible. Ils devront se replier en bon ordre au premier contact en se faisant suivre par le plus de monde possible jusqu’à l’endroit ou la Koblice se sera dissimulée avec l’aide des leshys de Vinroot. Si tout se passe bien les pixies seront pris entre deux feux et nous pourrons les écraser.


Les choses ont presque instantanément commencé à mal tourner quand nous sommes parvenus à la clairière. M. Kane avait pourtant réussi à bloquer la progression du portail dans le ciel grâce à un de ces contre-rituels dont il a le secret, mais les flutistes avaient pratiquement achevé leur symphonie. Les zones élémentaires n’étaient qu’a quelques pas les unes des autres et le temps allait nous manquer. Nous étions tous aux prises avec les fomoires et seul le vieil homme était assez près pour intervenir.

Pendant un bref instant j’ai pu entrevoir à quoi avait pu ressembler le soldat qui s’était engagé pour combattre les démons dans la Blessure du Monde. Ce n’était plus un vieillard boitillant qui s’est avancé seul pour stopper la mélodie de la flutiste, mais un héro de jadis livrant son dernier combat. Concentrée sur ses harmonies la flutiste ne le vit pas arriver tout de suite, et même à ce moment elle sembla refuser de croire que quelqu’un puisse pénétrer dans la zone élémentaire qui l’entourait. Cet infime instant d’incrédulité suffit à M. Kane pour s’emparer de la flute et courir de toutes ses forces hors de la zone de turbulence pendant que l’expression de la fée passait de l’incrédulité à la terreur.

Pendant quelques instants le temps sembla se figer. Puis une minuscule souillure obscure apparu au centre le la zone ou se tenait la fée, jurant avec les couleurs chatoyantes créées par la symphonie maintenant inachevée. Comme au ralenti elle commença à tourbillonner sur elle-même, puis de plus en plus vite, puis à grandir à une vitesse exponentielle. Puis le temps s’accéléra, comme s’il devait impérativement rattraper le retard qu’il avait prit auparavant.

M. Kane avait presque atteint la limite de la zone élémentaire quand le temps le rattrapa. Il avait vidé toutes ses réserves pour atteindre la fée, et maintenant ce n’était plus à nouveau qu’un vieil homme qui tentait péniblement de se mettre hors de portée. Il était tellement près quand le vortex le rattrapa que j’ai bien cru qu’il avait réussi à s’en sortir. Il fut aspiré en arrière par le siphon d’obscurité quand la réalité s’effondra en son centre, avant de disparaitre en même temps que la fée hurlante et le magistère. La tache ténébreuse dans le tissu des réalités persista encore quelques instants, avant de se résorber elle aussi, ne laissant sur le sol à présent stérile que la flute enchantée.


Tous les combattants s’étaient figés à l’apparition du vortex, et c’est Florbella qui reprend ses esprits la première. D’un coup d’une puissance que je ne pensais pas possible elle fend en deux Quasamir, le fomoire qui dirigeait les opérations ici, avant de se tourner vers les deux dernières flutistes. Celles-ci comprenant que leur plan a échoué ne demandent pas leur reste et s’enfuient dans la forêt sans plus attendre. Les recherches menées plus tard ne permettront pas de trouver la moindre trace de leur passage. Nous pensons que les choses vont en rester là quand la disparition de M. Kane produit sa dernière conséquence.

Même si Fort Narthroppole n’a pas été aspiré dans le Premier Monde, le portail qui avait été figé n’a pas disparu et la créature qui était derrière n’a pas cessé d’essayer de se faufiler. La fragilisation de la structure des plans causée par l’effondrement du vortex lui donne le surcroit de puissance nécessaire et, avec un grand déchirement dans le tissu des réalités, elle parvient à se hisser dans notre monde.

Devant nous se tient une créature de légende, la création des Anciens Dieux du Premier Monde. Un pur esprit de chaos et de destruction, dont l’existence même était sujette à des disputes sans fin dans les salons des érudits. J’avais pour ma part toujours pensé qu’il n’existait que dans les cerveaux rongés par l’absinthe des poètes maudits, mais je suis bien obligé de croire à son existence quand le feu vomi par la bête fini de ravager la clairière, calcinant dans un même brasier les combattants des deux bords. Le Jabberwocky.

La seule raison qui fait que je sois encore assez vivant pour écrire ces mots est que la créature est en pleine confusion par son changement de plan d’existence. Après avoir craché son souffle brulant elle titube maladroitement jusqu’au fomoire à moitié calciné qui est tombée devant elle. Elle le saisit dans une serre aussi facilement que si c’était un lapin et d’un seul coup d’aile membraneuse s’envole à une vitesse prodigieuse. En une seule bouchée elle avale la moitié du géant avant de tourner la tête dans toutes les directions et de partir finalement plein ouest. La seule chose qui me remonte un peu le moral est que si elle continu dans cette direction elle va forcément tomber sur Fort Drelev. Ca fera une bonne surprise pour le baron Drelev.


Du coté de la bataille les choses auraient pu mieux se passer aussi. Si le plan s’est déroulé le mieux possible pour l’armée régulière, qui a exterminé les worgs sans subir la moindre perte, la Koblice a été presque totalement anéantie. Galvanisés par un premier assaut qui a pris complètement par surprise l’arrière-garde des troupes pixies, les kobolds sont entrés dans une sorte de transe belliciste qui leur a fait oublier toute prudence. La contre-attaque des troupes de l’Usurpateur a vu les deux armées s’annihiler réciproquement dans un combat acharné. Je ne peux m’empêcher de penser que si j’avais assuré moi-même le commandement j’aurais pu contrôler les kobolds et éviter ce massacre.

Quand je dis que les Serpents d’Eau ont massacrés les worgs, je dois tout de même rendre hommage aux troupes gnomes de Fort Narthroppole qui ont grandement contribué à ce succès. Voyant que nous venions à leur secours elles ont fait une sortie, prenant les worgs sous le feu nourri de leurs arbalètes. Ce second assaut a achevé de démoraliser les worgs qui n’ont pas tardé à succomber sous la charge des vétérans.

Fort Narthroppole est libéré, mais à quel prix.


Sans M. Kane et sa magie je vais devoir renter à River Haven avec la troupe, ce qui va prendre quelques jours. Je compte laisser une douzaine d’hommes à Fort Narthroppole pour garder la frontière au Sud, mais je pense que la région va être plus calme maintenant. Maligorn a perdu beaucoup d’hommes avec son attaque avortée et le genre de rituel qu’il a tenté de réaliser demande énormément de puissance. Il devrait se terrer dans Fort Epine pendant un moment, j’espère.
Je vais profiter de notre passage chez les hommes-lézards pour tenter de forger une alliance avec eux, le chef Ecailles-de-Suies m’a dit que leur nouveau chef est plus ouvert que l’ancien et que le dialogue est possible. Comme je vois les choses je pense que je pourrais utiliser des troupes sachant se déplacer dans les marais.

Ce n’est toutefois pas de troupes dont j’ai le plus besoin en ce moment, mais de renseignements. Il me faut absolument un réseau d’informateurs à l’extérieur du royaume, je ne peux pas me contenter de subir des attaques comme les deux dernières. Si je me contente de réagir je vais bien finir par arriver trop tard et le royaume va partir en morceaux. Il faut que je reprenne la main, et la seule façon que j’y arrive est de savoir exactement à qui nous avons à faire. J’ai bien une idée de la personne idéale mais je vous en parlerai de vive voix à mon retour.

J’espère que j’aurai un peu de temps pour préparer une contre-attaque avant que les choses n’empirent ou que le Jabberwocky ne revienne dans la région. D’après les légendes il ne craint pas grand-chose, et je suis sur qu’il va revenir.


Votre fils
Gregor


PS : Mercedes m’a récité le poème qui parle le mieux du Jabberwocky. C’est très confus, mais ce qui en ressort c’est qu’il peut être tué par le glaive vorpalin, quoi que ça puisse être.




Jabberwocky

Il était grilheure; les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient:
Tout flivoreux allaient les borogoves;
Les verchons fourgus bourniflaient.
«Prends garde au Jabberwock, mon fils!
A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent!
Gare l'oiseau Jubjube, et laisse
En paix le frumieux Bandersnatch!»
Le jeune homme, ayant pris sa vorpaline épée,
Cherchait longtemps l'ennemi manziquais...
Puis, arrivé près de l'Arbre Tépé,
Pour réfléchir un instant s'arrêtait.
Or, comme il ruminait de suffêches pensées,
Le Jabberwock, l'œil flamboyant,
Ruginiflant par le bois touffeté,
Arrivait en barigoulant.
Une, deux! Une, deux! D'outre en outre!
Le glaive vorpalin virevolte, flac-vlan!
Il terrasse le monstre, et, brandissant sa tête,
Il s'en retourne galomphant.
«Tu as donc tué le Jabberwock!
Dans mes bras, mon fils rayonnois!
O jour frabieux! Callouh! Callock!»
Le vieux glouffait de joie.
Il était grilheure; les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient:
Tout flivoreux allaient les borogoves;
Les verchons fourgus bourniflaient.



C'est tout pour cette fois, la suite quand on aura rejoué

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#39 Envoyé le : dimanche 2 juin 2013 10:42:15(UTC)
Loon
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Une séance courte, nous n’étions que trois joueurs. Si on n’a pas lancé un seul dé de la séance, on a pris un maximum de décisions pour la guerre qui se prépare. Le lecteur perspicace se sera rendu compte de l’introduction de Nocturno, un ranger-druide qui est le nouveau perso du joueur de M. Kane, décédé la séance passée suite à une malchance aux dés hallucinante (cinq échecs critiques de suite quand même). On s’est aussi aperçus que M. Kane était le seul avec des compétences de connaissance et que la suite allait être difficile maintenant qu’il n’est plus là.


Chère Graziella,

J’ai bien reçu ta lettre disant que tu vas mieux et que tu penses venir à River Haven prochainement. Malheureusement la situation est en train de prendre une tournure inquiétante et il serait plus prudent que tu retardes encore un peu ton départ. Je pense que nous nous acheminons lentement vers la guerre.

Le départ de Fort Narthroppole a été retardé de quelques heures par un incident qui a amené la première lueur d’espoir depuis bien longtemps. Les derniers hommes étaient en train d’embarquer sur la barge royale quand les sens aiguisés de Requiem ont été alertés par une rumeur de combat dans la forêt proche. Le temps que je réunisse quelques hommes, Rivotril et lui ont déjà réglé le problème et j’arrive sur les lieux après la bataille.

Il ne reste sur place que quelques cadavres de worgs et ce que je prends d’abord pour un elf en train de panser ses plaies. Requiem me dit que le chef des worgs s’est enfuit quand il a entendu que des renforts arrivaient. Ce n’était pas un worg ordinaire, il était plus grand, plus rapide et surtout c’était un métamorphe qui s’est transformé en créature hybride pendant le combat. Un lycanthrope, Plainte-Morne. S’il peut aussi se faire passer pour un humain, il faudra être vigilant.

Les traits de l’elf blessé me semblent familiers, même si je suis certain de ne l’avoir jamais rencontré. De près il ne ressemble plus vraiment à un elf d’ailleurs, on dirait un être végétal avec une peau faite d’écorce et une pilosité moussue. Il a aussi un regard totalement émerveillé sur le monde, comme s’il voyait ce qui l’entoure pour la première fois. C’est pourtant d’une voix étonnement claire qu’il se présente. Il est Nocturno, fils de Falchos et Tiressia, héritier légitime de la Cour des Fées.


« Ca commence à faire beaucoup trop de rois dans ce royaume. »



Il n’est né il n’y a que quelques jours mais il a pourtant déjà sa taille d’adulte. Alors que je l’interroge sur ce prodige, ses traits deviennent flous et changent sous mes yeux, avant de prendre une forme étrangement familière, Tiressia. Mais une Tiressia qui serait une vieille femme, les traits creusés par l’âge. Elle a utilisé ses dernières forces pour me faire passer un message par l’intermédiaire de son fils. Elle a sacrifié l’automne de sa vie pour que son fils naisse en tant qu’adulte, lui donnant ainsi la force d’échapper à l’emprise de Maligorn. Elle me supplie de le prendre avec moi et de le protéger jusqu’à ce qu’il soit en mesure de se débrouiller seul. Je lui fais la promesse de veiller sur lui et qu’il aura la place de son père au conseil du royaume et ses traits semblent finalement trouver un peu de paix avant de s’effacer lentement. Elle me donne toutefois une dernière information avant de disparaitre à jamais.

Maligorn n’a pas toujours été le monstre qu’il est devenu récemment. Avant il était un pixie normal avec cependant une faille. Il voulait toujours être le plus beau, le plus séduisant, le centre de l’attention. Les membres du Peuple Premier sont souvent narcissiques, mais chez lui c’était une vraie obsession, qui est devenue hors de contrôle quand il a été rattrapé par son pire cauchemar, le passage du temps. Avec les premières rides sont apparues aussi les premières fêlures dans son esprit. Il ne pouvait pas devenir moins magnifique alors que les nouvelles générations grandissaient et arrivaient au sommet de leur beauté.

Il a alors commencé à s’aventurer sur des chemins obscurs, à la recherche de pouvoirs interdits. Il a quitté la Cour des Fées et quand il est revenu il y a quelques semaines il avait changé. Tiressia ne sait pas ou il était, mais il a du trouver quelqu’un qui avait la réponse à ses prières car les effets de l’âge avaient disparu sur lui. Il était beau à nouveau, mais d’une beauté dérangeante, monstrueuse. Mais ça ne lui suffisait pas. Il ne voulait pas seulement être le plus beau, il voulait aussi être le seul beau. Avec l’aide de Plainte-Morne et de ses worgs, qui l’accompagnaient à son retour, il a propagé une maladie terrifiante, corrompant les corps et les esprits. Il règne maintenant depuis son trône à Fort Epine sur des courtisans contrefaits. La Cour des Fées est devenue la Cour des Grotesques.

Il a néanmoins un point faible. Il ne supporte pas ce qu’il est devenu, il a fait enlever les miroirs et toute surface réfléchissante de son palais. Tiressia pense que si on pouvait lui montrer son reflet, ce à quoi il ressemble vraiment, cette vision pourrait le détruire, ou au moins l’affaiblir assez pour qu’il perde le contrôle qu’il a sur le reste des fées. Elle rajoute tout de même qu’un simple miroir ne suffira pas, il a aussi fait enlever les glaces car il ne se reflétait plus dedans. Sans reflet et les dents pointues. Un vampire.

Un mouvement dans les branchages attire soudain l’attention de Rivotril. Tout le monde se retourne à son cri pour voir une minuscule créature ailée se précipiter dans un calathgar qui gèle instantanément avant d’éclater en esquilles glacées. Nocturno reconnait immédiatement cette créature. C’est Hommelstaub, une fée des glaces provenant du Premier Plan, l’âme damnée et maitre espion de Maligorn. Non seulement il sait que Nocturno c’est échappé, mais il sait aussi que nous connaissons son secret. Nous n’auront pas d’effet de surprise.


Après une halte chez les hommes-lézards pour renouveler en personne au chef Kathabathan mon offre d’alliance, le retour se passe sans histoires jusqu’à ce que nous arrivions en vue du lac Tuskwater. C’est tout d’abord un vol de cygnes noirs de la taille d’un cheval qui passe au dessus du bateau. Non pas que des cygnes soient inhabituels dans la région, mais ils sont en général blancs, et plus petits. Puis à la sortie du canal séparant les deux lacs nous pouvons distinguer un maelstrom en train de se former. Mais le plus étonnant est sa vitesse, il tourne lentement, comme si l’eau bougeait au ralenti.

Après avoir cherché en vain un volontaire, je vais moi-même plonger pour voir sous la surface ce qu’il se passe. Je n’ai pas besoin, ni d’ailleurs envie, de rester très longtemps sous l’eau pour m’apercevoir que cette perturbation est causée par de gigantesques élémentaires d’eau. Ils nagent autour d’un point que je ne peux distinguer à cause de la turbidité de l’eau. Pour l’instant le phénomène n’est pas dangereux, mais mon instinct me dit que ça ne va pas durer.


Il nous faut encore deux jours de voyage pour parvenir à River Haven. La nuit est déjà tombée quand nous accostons dans ce qu’il faut bien appeler une ville morte. Le couvre feu et les rumeurs de guerre ont vidé les rues de la foule qui s’y presse habituellement à cette heure. C’est une soirée de printemps magnifique et pourtant il n’y a personne sur les quais ni dans les tavernes du port. Les seuls personnes que nous croiserons jusqu’au château sont les patrouilles de soldats qui surveillent les rues. Ma capitale a grand besoin d’une bonne nouvelle pour remonter son moral vacillant.

Ce voyage m’a épuisé et je n’ai pas le courage de convoquer le conseil de guerre ce soir. Tout ce que je veux c’est nettoyer la crasse des marais. Comme si elle avait deviné mes pensées, Valentina avait fait préparer un bain et je profite d’un trop rare moment de détente pour prendre des nouvelles de ce qui s’est passé à River Haven.

Elle a passé beaucoup de temps avec Kisandra pendant mon absence. La jeune femme lui a décrit plus en détail comment était Fort Drelev quand elle s’est enfuie. Les géants ratissent les rues. Les soudards venus du Pitax terrorisent la population et pillent la ville sous prétexte de taxes et d’amendes. Le commerce est inexistant et la population locale à faim. Les habitants contiennent pour le moment leur colère par peur des représailles, mais il suffirait qu’ils reprennent espoir pour qu’un soulèvement soit possible.

D’autant plus que les barbares du tigre ne sont pas en ville. Kisandra ne sait pas exactement ou ils sont partis, mais selon la rumeur ils recherchent le tombeau où a été enterré Armag lors de sa première mort. Le roi barbare veut retrouver Ovinrbaane, son épée légendaire qui a été ensevelie avec lui à l’époque. Il ne reste donc plus à Fort Drelev que des mercenaires et une poignée de géants, si une petite troupe arrivait à s’introduire en ville, à éliminer le baron et à libérer Lord Numesti, la ville pourrait tomber sans combat. Il serait alors bien temps de s’occuper de ces barbares.

Kisandra connait justement quelqu’un qui pourrait nous aider si nous décidions de l’aider. La patronne de la maison close de Fort Drelev, Satinder Morne, est une amie de Kisandra et une personne de confiance. Si nous lui présentons l’anneau de jade de Kisandra, la madame saura que nous venons de sa part et nous aidera au mieux de ses capacités. Je me demande bien comment une fille de noble a pu devenir amie avec une fille comme celle-là.

Puisqu’on parle de maison close, je fais part à Valentina de mon idée d’intégrer Lily Teskertin à mon réseau de renseignement. Ce genre d’endroit voit passer beaucoup de monde et les hommes ont tendance à se confier quand ils sont heureux. Je pense qu’une donation discrète du gouvernement permettrait d’apprendre des choses intéressantes. Si ça se passe bien je pourrais même subventionner des établissements similaires dans d’autres villes. Valentina n’est pas particulièrement ravie, mais décide qu’elle s’occupera elle-même d’aller la voir, histoire d’éviter toute situation non appropriée. Si c’est de renseignements dont j’ai besoin, elle connait aussi encore beaucoup de monde en Issia et elle pourrait envoyer quelques messages pour en savoir plus sur Hannis Drelev.


Le lendemain matin c’est frais et reposé par une nuit passée enfin dans mon lit que j’ouvre la séance du conseil. La première nouvelle est très mauvaise. Mère a examiné la flute de l’aube mais n’a rien pu en tirer. Il faudrait sa légitime propriétaire pour pouvoir ouvrir un portail en direction du plan ou a été aspiré M. Kane, et même comme ça rien ne garanti que nous puissions y survivre. Je dois me résigner, mon vieil ami ne pourra pas être sauvé cette fois.

Le coup est rude pour tout le monde, en plus d’un ami c’était une mine de renseignement pour tout ce qui concernait les choses académiques et magiques. Plus d’une fois c’est son savoir encyclopédique qui nous a sauvés en résolvant les mystères du passé. Il tenait aussi les comptes du royaume et il va falloir lui trouver un remplaçant sans tarder. Je peux heureusement compter sur Valentina qui va le remplacer de son mieux, elle a étudié dans les meilleures université d’Issia et la tâche ne lui fait pas peur.

Pour honorer sa mémoire je décide de créer La Bourse Venentius Kane, qui récompensera les meilleurs étudiants de l’Université Kithoradienne de Varnhold. Dans un message envoyé à Anastase Pendrod je lui fais part de ma décision, ainsi que de celui qui l’obtiendra cette année. La personne qui pourra m’expliquer l’apparition des cygnes noirs et du maelstrom dans le lac Tuskwater.

Je profite du messager pour Varnhold pour faire une seconde note, cette fois pour Howitt Gurney. Je demande au maire d’organiser une rencontre avec Xamanthe, la cheftaine des centaures Rashalkas. Je dois savoir si je peux compter sur eux dans la guerre qui se prépare, leur aide serait précieuse. Ils ne font officiellement pas partie du Royaume, mais ça ne coute rien de demander.

Je décide aussi que tout prisonnier qui décidera de s’engager dans l’armée verra sa peine commuée en obligation de servir et qu’il sera lavé de toutes les charges qui pesaient contre lui à la fin de son service sous les drapeaux. L’Archidiacre Salisfère n’est pas ravi de cette décision, mais Akiros va avoir besoin de soldats et je pense aussi que chaque homme mérite une chance de se racheter.

De son coté Bella Falkenstein a progressé dans ses recherches sur un antidote à la maladie de Maligorn. C’est une variante de la corruption purulente, un poison tiré des fleurs de calathgar. Elle pense pouvoir trouver un remède prochainement grâce aux fleurs et au sang de fomoire que nous lui avons ramenés du Sud. Elle va aussi travailler sur une potion qui devrait permettre aux hommes-lézards de cracher du feu pour une durée limitée, histoire de sceller notre alliance. Elle va enfin prendre contact avec des gens qui lui doivent des services à Caliphas, pour en apprendre plus sur les miroirs de Maligorn.

Je demande enfin deux choses à Mercedes. Premièrement de commencer une campagne de propagande d’information pour que le peuple comprenne que la guerre est à nos portes et qu’il ne panique pas, en mettant bien l’accent sur le fait que nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés dans la crise qui se prépare. Je lui dis aussi de mettre tous ses cousins sur le coup pour retrouver Grigori, si quelqu’un l’a engagé il y a cinq ans pour déstabiliser le royaume il doit savoir beaucoup de choses. Et il se pourrait que j’aie moi aussi du travail à lui proposer.

J’annonce aussi que nous allons partir pour Fort Drelev et tenter de libérer la ville en suivant le plan de Kisandra. Je ne sais pas combien de temps ça prendra, ni même si nous réussirons, mais dans tous les cas il faudra que l’armée soit prête à nous appuyer. Dès que la potion de Bella Falkenstein sera prête, Akiros ira demander des guides et des éclaireurs chez les hommes-lézards et l’armée se préparera à le traverser. Quoi qu’il arrive il faudra des hommes pour tenir la ville contre les barbares qui ne resteront certainement pas les bras croisés si nous réussissons.

Quand à nous nous partons demain par le portail du Temple de l’Elan. Je veux encore demander conseil à Garuum, il est né dans ces marais et je veux savoir à quoi nous devons nous attendre si on doit le traverser avec une troupe nombreuse. La préparation est la chose la plus importante dans une guerre et je compte bien avoir fait le maximum pour gagner celle-là. Avant de lever le conseil j’envoie encore Requiem chercher la boule de cristal de M. Kane dans sa chambre. Nocturno affirme qu’il sait s’en servir et nous aurons besoin d’un moyen de communication.


Je crois que je ne m’habituerai jamais à traverser ces portails de téléportation. Un instant je suis dans le château de River Haven et en un clignement d’œil je suis dans le Temple de l’Elan à l’autre bout du pays. Nous profitons d’être ici pour demander à Jhod la bénédiction d’Erastil pour notre mission à venir, nous aurons bien besoin de toute l’aide disponible. Après la cérémonie nous nous mettons en route sur les oiseaux invoqués par Nocturno. Contrairement aux aigles de M. Kane ces créatures viennent directement du plan des ombres, auquel celui que je dois bien appeler mon fils adoptif semble être lié. Ils ressemblent beaucoup plus à des corbeaux faits de ténèbres qu’à des aigles, il faut bien l’avouer.

Il nous faut à peine deux heures pour atteindre la demeure de Garuum et nous nous posons un peu plus loin pour ne pas l’effrayer. Il a fait beaucoup de travaux ici depuis la dernière fois, tout a été réparé et c’est dans un endroit confortable que nous partageons les anguilles que nous avions apportées en cadeau. La soirée autour du feu est agréable et le brutacien est toujours un aussi bon hôte. Malheureusement sa description du marais de Hooktongue refroidit l’optimisme que j’avais quand à sa traversée par nos hommes. Il a l’air plus dangereux que ce à quoi je m’attendais.

Avant tout, les dangers naturels. Le centre du marais est occupé par un lac qui est deux fois plus grand que les lacs Tuskwater et Candlemere réunis. Il faudra de toute façon le contourner, par le Nord ou par le Sud. Le Sud est la meilleure option, c’est le seul moyen de faire passer une armée sans se faire repérer, le Nord étant peuplé par des communautés de pêcheurs. La seconde raison d’éviter le Nord est les étendues de sables mouvants qui longent le lac. Sans guide il est impossible de les traverser, et nous n’en avons pas pour l’instant. Nord et Sud sont cependant tous deux traversés de centaines de ruisseaux qui quadrillent le marais en tous sens, rendant la progression très difficile.

Concernant le lac en lui-même, il serait dangereux de le traverser car il tient son nom d’une créature gigantesque nommée Hooktongue. Elle n’a pas été vue depuis des années, mais Garuum ne pourrait dire si elle est morte ou simplement endormie. Avec la chance qu’on a ces temps, je parierais que si elle dort elle va se réveiller quand on passera au-dessus d’elle. Le brutacien sait seulement qu’elle est gigantesque, mais sans pouvoir nous donner plus d’informations. Il ne pense cependant pas que ce soit la dragonne noire dont nous avions entendu parler. Il ne croit pas à son existence dans le marais, c’est une fausse rumeur selon lui.

Ce qui existe pour sûr par contre, c’est la tribu M’Botuu. Sa propre tribu, menée par Sepoko, le terrible roi-prêtre de Gogunta, déesse-mère des brutaciens. Selon les croyances des batraciens, Gogunta aurait pondu ses premiers œufs dans le grand marais primordial de Mephizim, donnant naissance aux mobogos, une sorte de créature hybride entre la grenouille géante et le dragon. Contente d’elle, elle entra en torpeur pendant des millénaires. A son réveil elle pondit à nouveau, mais cette fois ses œufs étaient plus petits et ils contenaient les premiers brutaciens. Selon les érudits Gogunta ne serait rien d’autre qu’un hezrou servant Dagon et qui aurait accédé au statu de seigneur-démon. Dans tous le cas, les M’Botuu extermineront sans autre forme de procès quiconque s’approchera de leur territoire.

Le roi-prêtre Sepoko aurait toutefois perdu les faveurs de Gogunta depuis qu’il aurait commencé à vénérer Celle-des-Tombeaux, une puissante entité vivant dans les marais. Garuum de sait pas vraiment qui elle est, mais cela créerait des descensions chez les brutaciens qui verraient d’un mauvais œil cet accroc à leurs traditions. Garuum est persuadé que si on lui ramenait des libellules bleues et un mobogos pour qu’il puisse les dévorer après avoir tué Sepoko, il pourrait prendre sa place à la tête de la tribu. Ca à l’air d’un plan brillant sur le papier, mais je n’oublie pas qu’il avait déjà essayé une fois de manger les insectes sacrés et qu’il avait seulement été malades pendant des semaines, après avoir été banni de la tribu.

La dernière information qu’il nous donne est la plus intéressante pour nous. La Cicatrice est un des endroit les plus dangereux du marais, situé quelque part au Sud du lac. C’est un gigantesque tumulus recouvert d’une forêt d’épine créant un labyrinthe végétal autour de lui. On dit que ce serait le tombeau d’un roi barbare venu du Nord qui aurait été enterré là avec une arme d’une puissance colossale. Ca ressemble beaucoup à la description que je me fais du tombeau d’Armag. Si nous pouvions nous emparer de son épée avant lui, ça nous donnerait un moyen de pression pour le forcer à retourner dans ses montagnes glacées à tuer des mammouths. Ca mérite un détour avant d’aller à Fort Drelev.

Le voyage à dos de corbeau ne prend que quelques heures, et nous parvenons sans peine à trouver la Cicatrice depuis le ciel. Elle ressemble tout à fait aux descriptions de Garuum, un gigantesque monticule d’épines au milieu de la plaine marécageuse. Nous nous posons à quelque distance et nous mettons en marche. Immédiatement je me rends à l’évidence, la progression d’une armée sera terriblement difficile sur ce terrain. Il faut faire des efforts prodigieux pour ne fut-ce qu’extirper ses bottes de la fange, sans compter les insectes et l’humidité.

Nous n’avons de plus pas fait cent mètres que nous sommes assaillis par un parti de brutaciens qui nous a tendu une embuscade. Le combat fait rage quelques instants avant d’être brutalement interrompu par la voix grondante d’une créature qui s’élève lentement de la vase du bourbier, faisant s’égailler en couinant les amphibiens. Elle nous attendait. Elle est Celle-des-Tombeaux. Okuneska, une hydre à six têtes.


Père disait toujours qu’il faut faire attention à ce que l’on souhaite, car on finit parfois par l’obtenir. J’ai eu tout ce qui me faisait rêver étant plus jeune. Je suis devenu roi de mes propres mains. J’ai épousé (presque) une magnifique princesse. J’ai réuni autour de moi des personnes extraordinaires pour m’aider à gouverner sagement. J’ai apporté la civilisation dans une contrée qui était livrée à la barbarie depuis des siècles. J’ai apporté à notre famille un prestige que Père n’aurait jamais pu espérer.

Et pourtant.

Je suis roi mais mon pays et attaqué de toutes parts par des ennemis que je ne connais même pas. Je suis entouré de conseillers mais les seuls que je considérais comme des amis sont morts. La civilisation est venue accompagnée par une corruption et une oppression que je croyais avoir laissé au Chéliax. Père ne verra jamais l’ascension de notre famille et Abrogail a préféré partir à l’autre bout du monde plutôt que rester à mes cotés.

Et ma princesse … Je ne peux pas encore en parler, je dois en être sûr.

Jamais je n’aurais pensé que cette couronne pèserait aussi lourd sur mes épaules.


« Oui Nocturno, c’est surement parce qu’elle est en or qu’elle est si lourde … »



Ton frère
Gregor



C'est tout pour cette fois, la suite je ne sais pas quand, je ne pense pas qu'on rejoue avant les vacances.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Dalvyn  
#40 Envoyé le : dimanche 2 juin 2013 16:00:59(UTC)
Dalvyn
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Merci Loon... on attend la suite. Smile
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