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Offline vaidaick  
#21 Envoyé le : dimanche 11 septembre 2016 21:02:14(UTC)
vaidaick
Rang : Sage d'honneur
Inscrit le : 22/11/2012(UTC)
Messages : 6,002
Célestin à la source


Almah

Almah fit escorter Célestin par deux gardes pour qu'ils le déposent dans sa chambre. Elle passait sa main dans les cheveux du jeune homme, simulant un mouvement de vagues lentes et régulières. Penchée sur lui, elle lui murmurait.

«  Ah mon Célestin, te voici dans un piètre état. Le désert se moque de récompenser les courageux, mais pas moi. Plus personne ici ne rit dans ton dos, tu as déjà accompli beaucoup, comme je m'y attendais, plus encore. Attends.  » Elle sortit une baguette d'ébénite qu'elle fit fendre l'air dans des mouvements rythmés. «  Velanzam devrek essatour. »

Le temps d'un battement de cil, Célestin sentit une douce magie l'envahir, atténuant fortement tout ce qui l'opprimait dans l'atmosphère : chaleur, lourdeur, soif ... elle lui tendit le morceau de bois tout en reprenant ses caresses capillaires. «  Prends ça avec toi, elle vous servira, l'un d'entre vous saura certainement s'en servir. La ville reprise, j'espère vraiment que tu pourras reprendre certaines passions avec plus de calme et de sérénité. »


Célestin se laissa escorter par les gardes et chouchouter par Almah, tel un enfant harassé par la fatigue. Il sourit faiblement aux premières paroles de celle-ci, et répondit dans un murmure : « Je n'ai encore rien fait d'extraordinaire, mon chou... »

Il se sentit tout à coup plus à l'aise. Il était toujours fatigué, bien sûr, mais toutes les sensations désagréables liées à la soif et à la chaleur disparurent. Son visage se détendit et il saisit la baguette avec reconnaissance. Il ferma les yeux sous la douceur des caresses prodiguées par sa princesse. « La ville reprise, il restera encore beaucoup à faire, ma chérie. » répondit-il d'une voix plus forte que précédemment. « Je crains qu'il me faille patienter encore quelques temps avant de pouvoir reprendre pleinement mes activités. »

En disant cela, il se sentit tiraillé par deux sentiments contradictoires. D'un côté, une certaine nostalgie de sa petite vie paisible lui pinçait le cœur alors qu'il repensait à ses journées passées à confectionner de somptueux vêtements et bijoux pour Almah et sa suite, ou à porter assistance ou fabriquer des objets alchimiques pour le temple de Sarenrae. D'un autre côté, il se découvrait de l'intérêt pour cette vie d'incertitudes, où il faisait de belles rencontres, d'incroyables découvertes, et où il se sentait plus vivant que jamais.

Il rouvrit les yeux, plongeant son regard dans celui d'Almah, emplit de nouvelles assurances et convictions. « J'ai le sentiment que ce ne sera pas aussi simple. » Il tendit son bras et lui caressa la joue du bout des doigts, lui dédiant un sourire rassurant. « Mais quels que soient les problèmes rencontrés, nous y ferons face. Je serai toujours là pour toi. Je te le promets. »



Almah

Almah souriait comme un lion au soleil, en profitant par de longues et lentes respirations.

«  Ce qui a de la valeur ne se fait jamais vite et facilement. Pour la première fois depuis des années, j'ai peut-être la chance de venger l'honneur de ma famille et de redorer mon blason. Malgré les obstacles et les infortunes, je suis bien consciente de la chance qui est mienne d'être née dans la soie. Il me suffit de jeter un œil aux présents pour m'en convaincre. Ce que j'espère, si l'on réussit, c'est que ça ne me changera pas en mal. J'ai vu chez moi les bienfaits comme les méfaits du pouvoir et de l'argent, si tu sens qu'ils me corrompent, je compte sur toi pour me recadrer. »

Son geste s'était figée sur la joue de Célestin, et son regard était plongé dans le sien, les yeux légèrement vitreux. Elle ne souriait plus.


Les yeux rivés dans ceux de sa princesse, Célestin suspendit ses caresses, comme figé dans le temps.

« Impossible. » finit-il par lui répondre, catégorique. « Je te connais depuis toujours, ma chérie, nous avons grandi ensemble, » lui rappela-t-il alors que sa main descendait en une longue et lente caresse le long du cou d'Almah jusqu'à la naissance de sa poitrine, s'y immobilisant, « et je sais qu'ici bat l'un des cœurs les plus purs que je connaisse. »

Sans la quitter du regard, il poursuivit. [« Si ça peut te rassurer, quand nous aurons réussi, je me tiendrai toujours à tes côtés, comme je l'ai toujours été. Nulle corruption ne salira ta si belle âme. »


Almah souriait mais Célestin décela aisément par la force de l'habitude qu'il était en partie feint.


«  Cette terre est une terre de passion, et la passion amène aussi bien la vie que la mort. Ce ne sont pas les corps ou les passions qui manquent ici, et on ne peut pas tenir tête, même discrètement, aux Maîtres du Pacte sans risquer l'affrontement politique. Mais je sais que tu seras toujours là, toi plus que nul autre. Mais nous nous égarons. Un pas à la fois pour la reconquête. » Cette fois, elle souriait vraiment, presque triomphante, un peu en avance.


Le regard du jeune artisan se perdit dans les yeux de son amie, sa confidente, celle qui était tout pour lui et sans laquelle il ne serait rien. Il resta ainsi un moment, immobile, silencieux, comme si l'univers tout entier avait disparu et qu'elle seule existait. Puis enfin, son regard se décrocha du sien, erra un instant sur les minuscules rides que son sourire formait aux coins de ses yeux, suivit ses fossettes, les coins de ses lèvres... Puis dans un élan de tendresse, il l'enlaça, l'attira contre lui, posant sa tête sur son épaule, et la garda serrée contre lui, sans qu'aucun mot ne franchisse ses lèvres. Quel besoin aurait-il eu de parler, lorsque les gestes en disaient bien plus long et que tout ce qu'il y avait à dire avait déjà été dit ?

Modifié par un modérateur samedi 1 avril 2017 23:02:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d'entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même. - Edmond Wells.
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Offline Guigui.  
#22 Envoyé le : dimanche 2 octobre 2016 00:17:10(UTC)
Guigui
Rang : Staff
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Messages : 6,895
Alia et Bhaal : les fleurs du Mal


11 Desnus 4709 : le monastère, début d'après-midi


lia reposa son verre sur la table basse devant elle. Le repas avait été, comme à l'ordinaire, copieux. L'ambiance était assez détendue, la relation de leur matinée dans le désert avait été faite et la préparation du futur plan d'action était pour plus tard. Ils disposaient de quelques heures pour se reposer. Elle était assise près de Bhaal, mais ce dernier n'avait quasiment pas parlé du repas, il ne réagissait que si on le sollicitait.

Alia s'inquiétait pour lui, ce n'était pas que le repas, il était devenu sombre depuis le combat contre la prêtresse gnoll, depuis ce combat où il s'était mutilé et où la magie était sortie de lui. Le regard que Nemlak posait sur le demi-démon la mettait mal à l'aise et Célestin paraissait presque aussi inquiet qu'elle-même. Alors que les mercenaires commençaient à s'éparpiller dans le monastère, elle se pencha vers son amant et lui murmura à l'oreille : « tu veux bien m'accompagner dans notre pièce ? »

Il n'était pas nécessaire qu'elle précise de quelle pièce il s'agissait, c'était la chapelle de Vardishal qu'eux seuls fréquentaient et où ils avaient jusqu'à présent vécu les moments les plus importants de leur relation. Sans attendre sa réponse, elle se leva lentement et se dirigea vers la sortie, jetant un coup d’œil vers le gladiateur.



Bhaal sortit de sa torpeur pensive et boudeuse pour regarder sa compagne se lever et partir. Il ne réagit pas tout de suite mais les coups d’œil inquisiteurs que Nemlak n'avait pas cessé de jeter sur lui pendant tout le repas le décidèrent à se lever. Il savait quelles questions sa bien aimée allait lui poser, et la perspective de n'avoir pratiquement aucune réponse à lui apporter faisait remonter en lui une forme de peur qu'il avait l'impression de ne plus avoir connue depuis une éternité... Depuis les cryptes des magiciens, en vérité. Il devinait d'ailleurs, que, tôt ou tard, Nemlak lui poserait lui aussi ces mêmes questions de sa voix froide et métallique. Il n'avait pas envie d'y penser. Il se sentait fatigué et avait juste envie de se retrouver seul avec sa compagne.

Après un bref signe de tête aux convives, il se leva à son tour pour sortir. Alors qu'il quittait la grande salle, il sentit encore le regard du magicien dans son dos, mais peu lui importait pour le moment. Il s'enfonça dans les profondeurs du bâtiment, cherchant la fraîcheur des murs qui ne connaissaient pas le soleil, jusqu'à atteindre la petite chapelle de Vardishal dans laquelle, il y a seulement deux jours, il avait connu l'amour pour la première fois de sa vie et avait changé à tout jamais.

Alia se tenait debout, droite et fière, devant la statue du saint, les yeux levés vers elle en quête d'inspiration. Il admira un instant sa grâce, ses formes parfaites, son port altier. C'était une femme merveilleuse et le simple fait de la regarder était un enchantement pour les yeux et l'esprit. Elle se tourna vers lui et sourit, d'un sourire plein de chaleur et de sollicitude, mais le géant rouge décela également une pointe d'inquiétude dans son regard. Il éprouva l'envie irrépressible de se blottir contre elle, de sentir sa chaleur et sa peau contre la sienne. Sans plus attendre, il s'avança vers elle et, les yeux baissés, l'attira doucement contre lui pour l'enlacer, humant ses cheveux. Il ne dit rien. Il ne voulait rien dire, mais simplement profiter de cet instant avec le fol espoir qu'il dure toujours.



Sans hésiter, Alia se blottit contre le torse puissant de son amant, savourant la chaleur de son corps, et resta un long moment ainsi, profitant juste de l'instant. Puis, doucement, elle se dégagea et écarta les pans de la tunique masculine, cherchant du regard et du bout des doigts les traces de la cicatrice qu'il s'était infligé lui-même.
Elle était devenue invisible mais le souvenir était encore gravé dans l'esprit de l'aasimar et elle la retraçait fidèlement, les doigts légèrement tremblants. « J'ai eu si peur... »



Bhaal prit délicatement les doigts de son aimée dans sa grosse paluche pour stopper leur progression, comme s'il voulait les empêcher de rappeler sa blessure à la réalité par le simple fait d'en retracer les contours. « Je sais », murmura-t-il, « j'ai entendu ta voix. Je m'y suis accroché, et je suis revenu. Il y avait de la peur dans ta voix. » Il repensa à la prêtresse, à son rituel sur l'homme à la peau noire et à l'horrible énergie malveillante qu'elle avait relâchée sur le monde et qui l'avait rendu fou un instant.

« Je crois que je commence à comprendre pourquoi vous croyez si fort, vous autres. Il y a le Mal, le vrai Mal, et il faut forcément le Bien pour s'y opposer, sinon autant se pendre. Aujourd'hui, on a vu un aspect du Mal, et... je... enfin... oui, ça fait peur. » Sa voix se perdit dans le silence. Il se tenait là, tête baissée, les yeux mi-clos, presque comme un enfant qui aurait fait un cauchemar.



Elle releva la tête vers lui, plongeant son regard vert dans ses yeux jaunes, elle lui sourit doucement en posant sur sa joue la main qu'il ne tenait pas. Elle caressa son visage et parla à voix basse. « Oui, on a vu le vrai Mal aujourd'hui. On le verra encore et ça fait plus que peur, c'est effrayant. Mais... »

Elle regarda intensément son amant, tout sourire disparu, la main tenant le visage masculin vers le sien.
« Mais ce n'était pas toi. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais ce qui est sorti de toi ce n'était pas le Mal, cela t'a protégé. La prêtresse m'a fait peur. Toi, tu ne me fais pas peur. Tu n'es pas le Mal, Bhaal. »



Le géant rouge regarda sa compagne avec surprise. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle aborde le sujet comme ça. « Non, bien sûr », rétorqua-t-il. « Sinon tu ne serais pas avec moi, pour commencer, » ajouta-t-il en souriant, « mais ce n'était pas moi non plus. Tu veux savoir, n'est-ce pas ? Et bien... Quand l'autre salope s'est... s'est emparée de moi, je ne m'en suis pas rendu compte. Quand je suis revenu à moi, j'ai eu l'impression de me réveiller, sauf que... J'avais eu le temps de m'ouvrir en deux bien proprement. » Un rictus de souffrance assombrit son visage. « Mais ce qui s'est passé après, c'est autre chose. »

Bhaal se tut un instant et ferma les yeux, essayant de se remémorer le plus fidèlement possible ce qu'il avait ressenti, ce qu'il avait dit et ce qu'il avait fait. « Quand la Bête s'en va, elle prend toujours son dû. C'est le prix à payer. Tu m'as déjà vu plusieurs fois dans cet état. Ça ne dure pas longtemps, mais je ne peux jamais la faire revenir tant que je n'ai pas un peu récupéré. » Il s'interrompit à nouveau pour chercher ses mots. « Sauf que là, elle est revenue, et elle était plus forte que jamais. Je me sentais... investi. Je ne sais pas comment le dire. Célestin trouverait les mots, lui. L'impression que ça m'a fait, c'est que la Bête est venue réellement. En temps normal, je la contrôle toujours... Mais là, je ne contrôlais plus rien. J'étais conscient, je savais ce qu'elle faisait... Mais ce n'était pas moi qui étais aux commandes. ». Il s'interrompit à nouveau, hésitant à tirer la conclusion ultime de son récit.

« Et ça aussi, ça fait peur, » ajouta-t-il dans un murmure.



Alia l'écoutait attentivement, essayant de comprendre ce qu'il disait et surtout ce que ça impliquait. « Peut-être... peut-être a-t-elle agi comme Vardishal ? Devant le Prince, je n'ai rien contrôlé non plus et il nous a sauvés. La Bête t'a sauvé également. Elle a senti que tu étais en danger et elle a agi. » Elle réfléchit un court instant et ajouta. « Tu as toujours réussi à la contrôler, tu y arriveras à nouveau, j'en suis certaine. Tu as bien trop sale caractère pour accepter qu'on décide à ta place... même pour ton bien. »

Elle sourit à nouveau et émit un petit rire de gorge. L'heure était grave mais elle ne pouvait s'empêcher de sourire à l'idée d'une confrontation entre la Bête et un Bhaal têtu qui n'en faisait qu'à sa tête. Elle reprit son sérieux et, d'une voix plus hésitante, demanda : « qu'as-tu dit ? Quelle langue était-ce ? Je ne l'ai jamais entendu avant. Et...  » Elle hésita encore. « Ce bouclier... Il venait vraiment de toi ? »



« M'ouais, » acquiesça Bhaal de mauvais gré. « Je serais moins inquiet si j'avais du sang de poney ou de chèvre naine, » fit-il en maugréant. « C'était de l'abyssal, ma belle. La langue des démons. J'ai toujours su la parler, bien que je ne sache pas pourquoi car je ne l'ai jamais apprise. Et j'ai dit une connerie du genre "ta magie n'est rien face aux puissances des Abysses", ou quelque chose comme ça. Quant au... bouclier, et bien... »

Le géant rouge s'écarta d'un pas de sa bien aimée, rassemblant sa concentration. Il semblait essayer de se remémorer quelque chose. Il leva la main et déclama : « રક્ષણ ! » Aussitôt, un disque de force magique brute apparut entre eux, semblable à celui qui l'avait protégé des coups du cimeterre magique de la prêtresse. « Merde ! » Rugit-il, désemparé, « tu vois ça ? Moi qui déteste les magiciens par dessus tout, voilà que je fais de la magie, maintenant ! »



Alia contempla l'apparition du bouclier de force mais, très vite, la voix désemparée de l'homme qu'elle aimait la détourna de son attention. Sans hésiter, elle contourna le bouclier magique pour se mettre aux côtés de Bhaal, elle posa sa main sur son bras dans un geste apaisant.

« Ce n'est rien, Bhaal. C'est même très bien, en fait. Tu le contrôles, c'est toi qui décides. Ça doit venir de ton sang. Oui, ce n'est pas un sang de chèvre naine ou de poney, mais il y a de la magie dans ton sang. Comme il y en a dans le mien. Depuis toute petite, je peux faire apparaitre des paillettes dorées qui éblouissent les gens, toi tu peux faire apparaitre un bouclier. Ce qui est étonnant, c'est que cela n'apparaisse que maintenant, il fallait sûrement un élément déclencheur et la prêtresse l'a créé quand elle a cherché à te contrôler. »

Elle se mit entre lui et le bouclier, lui faisant de nouveau face. « Toute magie n'est pas mauvaise, Bhaal, pense à Célestin. Faire de la magie ne fait pas de toi un magicien. Je ne suis pas magicienne, mais je peux faire deux ou trois choses. La magie ne sert pas seulement à torturer les gens, elle peut aider aussi. Et un bouclier, ce n'est pas mauvais, au contraire... S'il te protège durant les combats, alors c'est une bénédiction. »



Bhaal regardait le disque de force par-dessus les épaules de sa compagne, qui lui prodiguait des paroles de réconfort et de raison. Car elle avait raison, bien sûr, comme d'habitude. Il devait cesser de tout envisager à travers le prisme des souffrances de sa vie passée. Il bougea son bras vers la droite et observa le disque se déplacer dans la même direction. Un sourire naquit au coin de ses lèvres. C'était plutôt amusant, en fin de compte. « C'est vrai, tu n'es pas magicienne, et toute magie n'est pas mauvaise. Il va falloir que je m'y habitue, je crois. » Il joua encore un instant avec son bouclier magique. « Tu m'apprendras ? » demanda-t-il à Alia d'une voix plus détendue, apaisée.



« Bien sûr ! On s'entraînera tous les deux. Et j'ai besoin de m'entraîner au cimeterre, je voulais que tu m'aides également. »

Modifié par un utilisateur mardi 4 octobre 2016 15:30:24(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bhaal reste à l'ombre en BM-96 | Zorg allume le feu en S-210 | Darmrok fait la guerre en N-211
Le combat à allonge
Le bloodrager abyssal
L'étroit mousquetaire
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Offline Guigui.  
#23 Envoyé le : dimanche 2 octobre 2016 00:18:49(UTC)
Guigui
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Alia et Bhaal : le destin et la peur


11 Desnus 4709 : le monastère, début d'après-midi


« T'entraîner ? » S'esclaffa Bhaal, « tu n'as pas besoin de t'entraîner. Tu t'entraînes déjà sur des chefs gnolls et des serpents géants. Tu sais déjà très bien te battre, ma belle, et tu m'as bien eu. Ça m'a donné une bonne leçon, » ajouta-t-il.

Le géant rouge prit alors un air embarrassé. « Par contre, pour ce qui est de nous entraîner ensemble, je... J'aimerais mieux pas. Croiser le fer pour de rire, d'accord, mais pour s'entraîner vraiment... Faut prendre quelques coups pour que ce soit efficace. Et je n'ai pas envie que tu prennes des coups de ma part. » Il fit une pause, son ton devant plus sérieux et plus grave. « Je crois que je ne pourrai jamais lever la main sur toi. Même l'autre jour, quand tu m'as collé une mornifle dans le temple, je... Je ne pouvais pas. Je ne peux pas te faire de mal. »

Le géant rouge se tut à nouveau un instant, l'air grave, les yeux baissés, comme s'il s'interrogeait lui-même. « tu pourrais demander à Khem ? Ou à notre ami du jour, là, Andrus. Il a été gladiateur, d'après ce qu'il a dit, il doit avoir l'expérience de l'entraînement. Je pourrais te regarder lui mettre une tannée. Et si l'un ou l'autre te frappent pour les besoins de l'entraînement, je promets de ne pas les buter, » dit-il en riant. La bonne humeur était revenue.



Alia répondit à son rire, secouant la tête de gauche à droite et fit une grimace de faux mécontentement. « Je pourrais oui... mais... c'est avec toi que je veux être. Je ne veux pas que tu me frappes, je ne suis pas certaine de rester debout si tu le faisais. Je t'assure, ça me va très bien que tu ne puisses pas me frapper. » Elle eut un petit rire de gorge et fit une pause, pensive.

Elle reprit, sérieuse : « j'aimerais que tu m'apprennes des passes, pas la peine de combattre l'un contre l'autre, mais... J'ai l'impression, quand je combats, que je ne contrôle pas grand chose. Je suis dans une sorte de transe et j'ai de la chance... ou pas. Je ne peux pas continuer comme ça. Si je me retrouve face à Kardswann, je n'ai aucune chance. » Elle regardait maintenant le gladiateur avec le plus grand sérieux.



Bhaal regarda sa compagne avec un mélange d'incrédulité et d'embarras. « Écoute, je veux bien, évidemment, » commença-t-il, « mais je ne sais pas si je vais pouvoir t'apprendre grand chose. On se bat de façon tellement différente, toi et moi. Je ne comprends même pas comment tu fais. Cette espèce de danse, là, c'est comme de la magie pour moi. Tu danses, moi je te regarde, et tes ennemis meurent. Tu n'utilises même pas le poids de ton corps pour appuyer tes coups. Je crois que je ne m'en lasserai jamais. Mais enfin, j'ai appris à manier pas mal d'armes, et je dois encore savoir me servir d'un cimeterre. Je doute d'être un bon maître d'armes, mais bon, c'est d'accord. Tout ce que tu voudras, bien sûr. » Lui dit-il avec un sourire qui se voulait plein de bonne volonté.



« Merci. » Alia frôla légèrement les lèvres de son compagnon des siennes. « Tu sais que je sais danser autrement que pour tuer ? Je rêve de te montrer ça. Un soir où on est seul, toi et moi. » Sa voix était devenue plus grave, plus chaude, les yeux perdus dans ceux de l'homme qu'elle avait choisi. Elle toussota et se recula, légèrement gênée, les joues rouges.

Elle s'obligea à respirer plus profondément, essayant de chasser le trouble qui l'avait envahi. Elle regardait la statue de Vardishal, cherchant la quiétude. Il y avait un dernier point qu'elle voulait aborder avec son amant : « Bhaal... De quoi avez-vous parlé avec Nemlak quand j'étais avec Célestin ? Tu paraissais prêt à lui sauter à la gorge. Vous ne comptez réellement pas aller à deux aux arènes ? Parce que je te préviens tout de suite : c'est hors de question ! »



Les suggestions à demi-voilées de sa compagne, la caresse de ses lèvres et le timbre de sa voix manquèrent de faire perdre tout contrôle au géant rouge. Il dut lutter contre une envie terrible de la plaquer contre la paroi de pierre pour lui fourrer sa langue dans la bouche. Pendant une minute, il la voulut là, tout de suite, toute entière, toute à lui. Mais elle se reprit, changeant de sujet.

« Hum... Oui... Hein ? » Bredouilla-t-il dans une pitoyable tentative pour recouvrer ses moyens. « Euh... Je voulais t'en parler, justement. Non, je n'ai pas failli lui sauter à la gorge, si ça peut te rassurer. Il m'a même proposé de lui taper dessus, si tu veux savoir. Il est vraiment cinglé. »

Bhaal fit une pause, cherchant ses mots. « Écoute. Tu ne vas pas le croire, mais il semble prêt à te délier de ton serment. Il suffit que tu lui rendes sa parole de ne rien dire à propos de... » Il ne termina pas sa phrase mais leva les yeux vers la statue de pierre qui, depuis plusieurs jours, assistait à leurs conversations, leurs disputes... et leurs ébats.


« Qu'est-ce que tu veux dire par "que je lui rende sa parole" ? »





« Et bien... Tu lui as prêté serment, et en échange il gardait ton secret, c'est bien ça ? Si tu le laisses en parler à qui il veut, il te rendra libre envers lui. » Avant même qu'elle ne puisse réagir, Bhaal se précipita sur sa compagne et lui prit les mains. « Réfléchis-y, ma belle, je t'en prie. Je veux que tu te libères de lui. Il est complètement obsédé, et j'ai peur pour toi. Mieux vaut que la princesse, et tout le monde ici, sache tout ce qu'il y a à savoir à propos de toi et de Vardishal, plutôt que lui tout seul et qu'il te tienne à sa merci. Ces gens sont bienveillants. Je n'arrivais pas à le croire mais c'est pourtant vrai. Et je parie que Célestin en sait déjà long, pas vrai ? »



Tout sourire avait déserté le visage de l'azata, une vague de peur la parcourut en un long frisson. « Célestin sait tout. Et je l'ai convaincu de ne rien dire à la Princesse. » Elle regarda Bhaal, inquiète. « Ils sont bienveillants pour l'instant oui, mais comment savoir ce qu'elle va faire ? Elle nous a acheté pour qu'on meurt pour elle à libérer sa ville. Et Célestin a bien dit qu'elle avait des problèmes avec les Maîtres du Pacte. Comment savoir si elle ne va pas utiliser tout ça pour s'affranchir d'eux ? Que donneraient les Maîtres du Pacte pour avoir l'un des Cinq Vents entre leurs mains ? Et même... Combien je vaux, maintenant, sur les Étalages de nuit ? »

Ses mains, toujours entre celles de son amant, étaient maintenant tremblantes, et son regard montrait bien combien elle était perdue.



Bhaal se sentait désarmé. Alia souffrait, et il détestait la voir ainsi. Il ne comprenait rien à la politique, ni aux luttes de pouvoir, il voulait simplement qu'ils soient libres tous les deux. La seule chose qu'il savait pouvoir faire en cet instant, c'était la prendre contre lui pour la rassurer. Il l'enlaça doucement, comme il l'avait fait le matin même, lorsqu'elle avait craqué, l'entourant de ses bras puissants et caressant ses cheveux de sa grosse main.
« Mon amour... » Murmura-t-il. « Écoute... Je ne sais rien de tout cela. Mais la princesse est bien ici pour le compte des Maîtres du Pacte, non ? Soit on échoue, et on meurt ici. Soit on réussit, et je ne vois pas pourquoi les Maîtres du Pacte ne l'auraient pas à la bonne pour avoir libéré la ville et relancé le commerce. Pourquoi elle te vendrait à eux ? Je partage ta méfiance, en tout cas je la partageais, mais je commence vraiment à croire qu'elle est comme Célestin le dit. Et j'ai confiance en lui. »
Il continuait à lui caresser les cheveux et les vibrations de sa voix grave se réverbéraient dans son torse, la berçant au rythme de ses mots. « Tu me l'as dit toi-même, ici-même : on ne choisit pas son destin, on doit juste l'accepter. »



Alia se pelotonna contre Bhaal, sa respiration était saccadée, entrecoupée de sanglots sans larmes, et la peur lui nouait le ventre. Elle se laissa bercer par le vrombissement grave de la voix de son amant. Mon amour... Malgré sa détresse, le simple fait d'être appelée ainsi réconfortait la jeune esclave. Elle écoutait ce qu'il disait, elle le comprenait mais... Pouvait-elle vraiment leur faire confiance ?

« Je ne sais pas... vraiment je ne sais pas... Nemlak me fait peur mais... la princesse encore plus. Elle n'agit pas comme le font les maîtres, je ne comprends pas ce qu'elle veut. Elle nous envoie à la mort mais s'inquiète pour nous. » Elle ferma les yeux contre le torse masculin, respirant son odeur. « Mon destin... j'ai peur, Bhaal... » Elle gardait la tête basse et les yeux fermés, murmurant presque pour elle-même : « Kardswann me fait peur, je ne sais pas ce qu'il va se passer... »



« Hé, calme-toi ma belle, d'accord ? Tout va bien. Ça se passe beaucoup mieux que prévu, non ? Quatre jours qu'on y est, et personne n'est mort. On s'en est même vachement bien tirés. Et Vardishal est avec toi, on l'a tous vus. Ce Kardswann, je ne sais pas ce qu'il sait faire mais tu ne seras pas seule. Je serai là. On sera tous là. Tu crois que je vais le laisser te faire du mal ? Je vais le défoncer, ce gros enculé, s'il te touche ! » Désemparé par l'angoisse de sa bien aimée, peinant à trouver des arguments logiques et raisonnables pour la rassurer, Bhaal eut recours en dernier lieu à cette incantation aussi virile que vaine. Mais, avec le recul, cela sonnait bien. C'était drôle.
« Quant à la princesse, je crois qu'elle agit comme ça parce qu'elle est dos au mur. Elle ne nous envoie pas à la mort, elle nous envoie à la vie. Sans elle, je serais en train de crever à petit feu dans une mine de sel, et au lieu de ça je suis avec toi, et je n'ai jamais été aussi heureux, ni aussi proche de savoir qui je suis vraiment. » Il baissa la tête vers Alia, relevant doucement son menton de la main pour qu'elle le regarde. « Et puis, ce n'est pas ton destin... C'est notre destin... »



Alia regarda de nouveau le demi-démon et se perdit dans ses yeux jaunes si expressifs. Il avait raison, elle n'était pas la seule en cause, et se rendit compte soudain combien elle se montrait égoïste. « Notre destin oui, tu as raison. Je veux bien essayer... » Elle se mordilla les lèvres. « Je veux bien lui faire confiance. Disons-le à la Princesse. » Elle déglutit péniblement, l'anxiété lui nouait le ventre.



Bhaal soupira profondément, comme si un poids considérable lui était enlevé. Il n'aurait peut-être pas besoin de tuer Nemlak, en fin de compte, ni de trahir sa maîtresse, ses alliés, ses amis et sa bien aimée. « Merci, mon amour, merci. Merci. » Il l'embrassa avec fougue sur les cheveux, le front et, enfin, la bouche. « Mais avant toute chose, tu dois parler à Nemlak ! » Ajouta-t-il en se reprenant. « Tu dois lui dire que tu lui rends sa parole, et encore, j'espère qu'il n'a pas changé d'avis ou qu'il n'a pas simplement voulu jouer avec moi. Mais je ne crois pas. Reprends ton serment, ma belle, et ne refais plus jamais une chose pareille ! »



Elle reçut les baisers de son amant comme autant de récompenses, et sut alors qu'elle avait fait le bon choix. Quoi qu'il se passerait, ils l'affronteraient à deux. Elle se força à sourire, cherchant à dissimuler sa peur. « Je lui dirai oui. Il faut que je lui dise avant qu'on voit la Princesse. »

Elle poussa un long soupir et reprit. « Il faudra aussi le dire à Célestin, il nous aidera à parler à Almah. » Elle posa la main sur le visage rude du gladiateur. « Je t'aime, Bhaal. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée. »



Les lèvres serrées, Bhaal luttait pour contenir son émotion, mais ses yeux humides et sa voix brisée le trahissaient. « Je t'aime aussi. Je... » En cet instant, il était incapable de dire un mot de plus. Il enlaça de nouveau son aimée, la serrant dans ses bras, la respirant, la pressant contre lui, prenant le temps de se calmer en goûtant ce moment magique entre tous. « J'étais dans la nuit, et tu es venue, » dit-il finalement dans un murmure. « Le soleil se lève avec toi. »



Pour seule réponse, elle posa ses lèvres contre les siennes et chuchota, aspirant son souffle : « j'ai besoin de toi. Aime-moi... Maintenant. Avant que tout ne change. »

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#24 Envoyé le : lundi 3 octobre 2016 22:48:44(UTC)
Guigui
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Alia, Bhaal, Nemlak : âpres négociations


11 Desnus 4709 : le monastère, fin d'après-midi


haal s'éveilla. A en juger par la faible lumière qui filtrait jusqu'à la petite chapelle, l'après-midi touchait à sa fin. Son amante dormait contre lui, la tête sur sa poitrine.
Il leva les yeux vers la statue du saint. Le manque de luminosité lui jouait probablement des tours mais, l'espace d'un instant, Vardishal semblait abaisser son regard vers lui. C'est ton rôle de la protéger, avait-il dit. Le demi-démon s'y était employé de toutes ses forces, mais il fallait maintenant finir ce qui avait été commencé. Il inspira profondément et commença à caresser le dos de sa compagne pour la réveiller doucement. Alia bougea dans son sommeil et poussa un petit gémissement. « Il est temps », lui murmura-t-il.



Alia émergea doucement de son sommeil. Elle n'avait pas envie d'ouvrir les yeux ni de bouger, elle se sentait si bien... Même si elle pensait qu'amener quelques coussins dans la salle ne serait pas superflu vu qu'ils avaient quasiment élu domicile ici.
La voix de Bhaal lui parvint à travers les bribes de son sommeil et acheva de l'éveiller totalement. Elle n'avait plus du tout envie de dormir.
A nouveau l'angoisse l'envahit et elle respira profondément. « Tu me laisseras pas attendre, n'est-ce pas ? » Sans attendre la réponse de son amant, elle s'assit et s'habilla. Elle savait qu'il fallait qu'elle le fasse maintenant, même si elle avait peur d'aller voir le magicien.



Bhaal se leva à son tour, mortifié d'obliger sa bien aimée à faire ce qu'elle redoutait de faire. Mais c'était mieux ainsi. Pour elle. Pour eux deux. « Tu n'iras pas seule. Je viens avec toi. Il veut me parler, de toute façon, alors autant s'expliquer une bonne fois, pas vrai ? »
Ils quittèrent le sanctuaire pour marcher à travers les couloirs séculaires qui n'avaient plus connu de vie humaine depuis des décennies mais qui commençaient de nouveau à porter les stigmates d'une occupation. Ça et là, ils trouvaient, abandonnés ou entreposés, des objets récents : tonneaux, sacs, bouteilles, pièces de bois... Petit à petit, la troupe de la princesse Almah Roveshki prenait ses quartiers dans l'ancien monastère.
Les deux amants se mirent en quête du magicien. Ils ne le trouvèrent pas dans l'ancien dortoir qui leur avait été attribué. Ils ne le trouvèrent pas non plus dehors. Finalement, quelqu'un leur indiqua l'avoir vu descendre les escaliers menant à l'ancien laboratoire, et c'est bien là qu'ils le trouvèrent.



Nemlak aimait la tranquillité de l'ancien laboratoire d'alchimie. Personne ne venait l'y déranger, ce qui lui permettait de réfléchir et de se concentrer pour écrire quelques parchemins qui lui seraient utiles pour plus tard. Seule une bougie donnait une illumination tremblotante à la pièce, faisant danser les ombres sur ses murs décrépits.
Il entendit le pas caractéristique de Bhaal avant que la silhouette de celui-ci ne se détache dans l'encadrement du couloir et se retourna, une phrase sarcastique prête à être lancée pour le gladiateur, lorsqu'il s'avisa qu'Alia était aussi présente.
Fronçant les sourcils il s'adressa au couple.
« Ah ! Les amoureux vont donc toujours par deux... Auriez vous donc peur de vous perdre si vous vous éloignez l'un de l'autre quelques instants ? Ou êtes vous si effrayé par ma présence, qu'il vous faut être deux pour me parler ? »
Sa dernière remarque, il l'a fit avec un sourire mauvais aux lèvres.



Alia n'en menait pas large, sa nervosité avait crû à mesure qu'ils descendaient dans les souterrains du monastère. La présence de Bhaal à ses côtés la rassurait et l'inquiétait à la fois, elle ne serait pas seule face au magicien, mais l'affrontement entre les deux hommes risquait d'être houleux.
Ils arrivèrent à l'entrée de l'ancien laboratoire et la voix froide et sarcastique de Nemlak les accueillit. Seule, il n'est pas dit qu'elle n'aurait pas rebroussé chemin. Elle toussota légèrement, tant pour s'éclaircir la voix que pour chasser sa nervosité. « Nemlak, nous accorderiez-vous un instant, s'il-vous-plait ? Nous... j'aimerais vous parler. »



Comme à son habitude, le magicien ne put s'empêcher de leur adresser un sarcasme de son crû. Bhaal était déterminé à se tenir tranquille, et c'est ce qu'il aurait fait si Alia, qui avait plus de mal que lui à se débarrasser de ses réflexes d'esclave, n'avait pas quasiment demandé la permission d'entrer. Non, ils n'étaient pas venus pour demander audience.

« Bien sûr qu'il va t'accorder un putain d'instant, ma belle, et même tout le temps qu'il faudra. Il a sûrement passé l'après-midi à ses chères études, et il brûle de pouvoir parler à quelqu'un d'autre que les rats et les souris. Pas vrai ? »



Le sourire mauvais fit place à un de satisfaction. De sa voix calme le magicien répondit à l'ancien gladiateur. « Et je serais toujours en train de le faire si vous ne m'aviez pas interrompu, mon cher Bhaal. Mais il semblerait que contrairement à votre amie, vous n'êtes pas vous-même désireux de parler. Pourtant il y a tellement à dire sur ... vous et l'influence qu'ont les Abysses sur votre âme. Mais, je suis occupé, alors passez plus tard... » Nemlak s'arrêta quelques instants, comme pour réfléchir. Il reprit, d'une voix chargée de menaces. « Mais peut-être, comme vous le dites si bien, aurai-je l'envie de finalement parler à quelqu'un d'autre que les rats qui viennent me déranger ? Il se trouve que c'est même de vous dont je pourrais parler... Vous seriez un sujet d'étude très intéressant. Surtout si mon interlocuteur était Garavel, ne trouvez vous pas ? »



« Tu ne sais rien de mon âme, espèce d'enculé, » siffla le géant rouge entre ses dents tout en avançant d'un pas dans l'antique laboratoire. « Tu veux parler à Garavel ? Vas-y, mon bon ! Tu veux lui dire que le tieffelin qu'il a acheté parle l'abyssal ? La belle affaire ! De toute façon, ce n'est pas le vieux qui dirige, ici, c'est la princesse. Et la princesse est copine avec Célestin. Et Célestin est copain avec nous. Pas avec toi. Si tu veux mon avis, celui dont l'âme les préoccupe le plus en ce moment, c'est toi. Tu ferais mieux de t'en souvenir au moment de jouer au con. »



Nemlak se leva tranquillement pour faire face à Bhaal. « Il semblerait que vous oubliez une chose, Bhaal. Si la Princesse est celle qui dirige, Garavel est celui qui doit la protéger, coûte que coûte. S'il apprend que vous avez perdu la raison pendant un combat et qu'une entité abyssale s'est emparée de votre esprit, que va-t-il faire à votre avis ? En parler à la Princesse ? Ou prendre les mesures nécessaires pour la protéger ?
Réfléchissez bien à cela, Bhaal, et une fois cela fait, réfléchissez-y encore et vous comprendrez que si vous n'êtes pas encore séparé de votre... bien aimée, vous ne le devez qu'à moi et à moi seul.
Maintenant si vous voulez bien, j'ai des choses importantes à faire. Alors si vous ne vous sentez pas prêt à parler avec humilité et sincérité vous pouvez repartir. »
Nemlak fit un petit signe de la main pour leur signifier leur congé.



Cette fois, c'en était trop pour le demi-démon. Oubliée, sa bonne résolution. Oublié, son but ultime de libérer Alia par un accord plutôt que par le sang. Lorsque Nemlak lui fit comprendre qu'il avait l'intention de prendre l'ascendant sur leur relation à eux, de se mêler de leur intimité la plus profonde, de la disséquer au scalpel, le voile rouge de la mort descendit sur ses yeux. Il fallait tuer cette ordure et libérer le monde de son emprise. Un grondement guttural s'échappa de sa gorge. « MMMMRRRRHH ! » Il s'avança, prêt à déchiqueter le magicien à grands coups de griffes et de crocs.



Alia se précipita devant le gladiateur en rage et posa ses deux mains contre son torse, essayant de le retenir ou de le faire reculer. « Bhaal, non ! » Elle essayait d'accrocher son regard, le demi-démon semblait avoir franchi le point de non-retour et elle ne savait pas si elle pourrait l'empêcher de tuer le magicien. « Bhaal, s'il te plaît, écoute moi. Calme-toi ! Il ne peut rien contre nous ! Je t'en prie, mon amour. Reprend-toi ! »

Sans se retourner, elle s'adressa au demi-orque. « Nemlak ! Reculez ! » Recentrant son attention vers son amant, elle lui parlait sans discontinuer, essayant de calmer sa rage comme on le ferait à un animal en furie. « Shhhhhhhhh.... làààààà... calme-toi... »



Bhaal avait une vision. Le demi-orque gisait dans une mare de sang, ses viscères répandues sur le dallage froid, et lui-même en tenait une partie dans ses mains et dans sa gueule. Car ce n'était plus une bouche mais bien une gueule dont il était affublé. Il lui appartenait de faire de cette vision une réalité. Il lui suffisait de s'avancer et de frapper. Mais la vision s'obscurcit. Des mains sur lui, des mains douces. Une voix. LA voix. La voix de la seule qui comptait. La Bête se fit moins présente, moins impérieuse. La voix commandait à la Bête, lui disait de partir. Le voile s'estompa. Alia était devant lui, murmurant des paroles de réconfort, l'exhortant à se calmer.

Il était calme.

« Alia... » murmura-t-il d'une voix d'outre tombe, « on ne peut pas le laisser faire ça... On ne peut pas le laisser vivre. Il va nous détruire. »



Nemlak ne s'était pas reculé. Il était resté face au géant rouge. Il s'était décidé depuis longtemps à ne plus reculer, à toujours faire face à ceux qui le menaçaient.
Gagner était toujours le plus important, peu importait la façon d'y arriver.
Dans tous les cas, il gagnerait. Si Bhaal le tuait, il serait séparé d'Alia, et s'il ne le faisait pas, le demi-démon aurait perdu.
La voix de la jeune femme calma peu à peu son amant et le sourire de Nemlak se fit plus grand et plus narquois, surtout lorsque le gladiateur s'exprima.



Alia regarda son bien-aimé très sérieusement, les mains toujours sur son torse, et parla d'une voix calme et douce. « Personne ne va tuer personne. Ni toi, ni moi, ni lui. »
Elle resta encore un instant à le fixer intensément puis lorsqu'elle fut certaine qu'il n'allait pas sauter à la gorge du magicien, elle se tourna face à celui-ci, en prenant bien garde de rester devant le géant rouge. Elle détailla un instant Nemlak, cherchant à comprendre ce qu'il voulait en provoquant continuellement le gladiateur. « Pourquoi ? Pourquoi faites-vous cela, Nemlak ? Je ne comprends pas ce que vous avez à gagner à vous faire tuer par Bhaal. Nous avons le même but, nous voulons tous libérer Kelmarane, alors pourquoi ? »



Le magicien sembla étonné de la question d'Alia. Perdant son sourire narquois, il reprit sarcastique. « Je croyais que le but de Bhaal était d'être libre et de vivre d'amour et d'eau fraîche avec vous ! »
Puis, plus sérieusement, il reprit : « je vous l'ai déjà expliqué et je ne vais pas me répéter. Si vous ne comprenez pas, c'est que vous n'êtes pas encore prête. »
Il se recula d'un pas pour voir le couple et s'adresser à eux. « Si vous êtes calmé, vous pouvez soit me laisser à mes activités car, comme je vous l'ai dit, je suis occupé, soit m'expliquer cal-me-ment la raison de votre présence ici. »



Alia renonça à comprendre le magicien, elle sentait la présence de Bhaal derrière elle et se surprit en s'apercevant qu'elle était tout à fait calme lorsqu'elle parla de nouveau.
« Je me délie de vous. Lorsque nous vous quitterons, nous irons voir la Princesse et lui dirons tout sur Vardishal et moi. Notre engagement ne tient donc plus. Nous libérerons toujours Kelmarane puisque c'est le prix à payer pour notre liberté, mais je n'ai plus de devoir envers vous. »



Les yeux de Nemlak se posèrent sur la jeune femme. Elle sentit tout le poids de ce regard. De sa voix froide, il répondit. « Donc, vous ne respectez pas votre parole et c'est à moi qu'on reproche des choses ! Ah Ah ! La vie est donc toujours aussi sarcastique... Vous allez donc voir la Princesse, et quoi ? Lui dire que vous lui avez menti pendant tout ce temps ? Ne pensez vous pas qu'elle se sentira trahie par vos mensonges, même par omission ?
Vous auriez dû m'écouter lorsque vous en aviez l'occasion, mais peut-être m'écouterez vous cette fois ? »


Après un court silence, il continua d'un ton calme. « Laissez-moi lui parler et lui expliquer la raison de votre silence. Nous serons ainsi tout deux gagnants. Vous car c'est moi qui passerai pour un menteur, et moi pour des raisons qui me sont propres. »



La proposition de Nemlak stupéfia la jeune fille, elle sentait que Bhaal s'agitait dans son dos et elle n'arrivait pas à comprendre où le magicien voulait en venir. « Pourquoi ? Pourquoi accepteriez-vous de passer pour un menteur auprès de la Princesse ? »
Elle inspira une fois, se mordillant les lèvres, nerveuse et reprit. « Et... puis-je vous faire confiance ? Comment savoir si ce n'est pas un piège ? »



Nemlak sourit à Alia : « vous ai-je déjà une seule fois menti ? »



« Bien sûr qu'on ne peut pas lui faire confiance ! » Gronda Bhaal. Il toisait le magicien avec le même genre de regard froid que ce dernier affectionnait. « Il voulait te tenir à sa merci en s'emparant de ton secret, mais tu es prête à abandonner ce secret. Alors il se raccroche à ce qu'il peut, comme un sale charognard qu'il est. Il prendra de nous tout ce qu'on lui laissera. Ne te laisse pas avoir ! On devrait s'en tenir à ce qu'on a décidé. La princesse ne te tiendra pas rigueur d'avoir voulu réfléchir quelques jours. Après tout, est-ce qu'on n'est pas presque libres, et encouragés à nous comporter comme tels ?
Nemlak, tout à l'heure, tu m'as dit que tu ne te sentais lié à elle que par un simple accord. Nous v... Elle veut rompre cet accord. Tiens t'en là. Tu veux aller parler à la princesse ? Vas-y. Mais tu ne parleras pas en son nom. »
acheva-t-il en entourant de son bras les épaules d'Alia.



Le magicien sourit à l'intonation qu'avait prise Bhaal pour lui parler et répondit : « Un simple accord, certes, mais un accord où j'y gagnais. Dans ce que vous me proposez, qu'est ce que je gagne ? Rien. Je ne pense donc pas qu'il est dans mon intérêt de le rompre. C'est pour cela que je propose quelque chose dans lequel chacun y gagnerai. Le deal est que je parle au nom d'Alia. »

Il se tourna vers la suivante de Sarenrae, son regard se posant sur le bras de Bhaal et remontant jusqu'au visage de cette dernière, et rajouta amusé : « Mais je suis sûr qu'elle peut décider par elle même. »



« Et bien dans ce cas, restons-en là. » rétorqua le géant rouge. « Nous, on va parler à la princesse. Et ton accord, on chie dessus. Ce secret ne vaut plus rien de toute façon, et tu n'auras rien gagné non plus à trop vouloir pousser ton avantage. »



« Non, Bhaal. Je ne peux pas faire ça. » Le bras du géant l'entourait toujours alors qu'elle regardait le magicien. Elle n'avait jamais pris de décision et elle ne savait pas comme faire, elle aurait tellement aimé laissé son amant prendre la décision pour elle mais elle ne le pouvait pas. Le magicien avait raison sur un point : il ne lui avait jamais menti.

« C'est moi qui romps le serment, il est normal que Nemlak ait une compensation. Vous pourrez le dire à la Princesse, Nemlak, mais nous serons présents, ainsi que Célestin. Il est déjà au courant, comme vous devez vous en douter, et il est un familier de la Princesse. Il a la justice et la libération de la ville au cœur, il saura défendre nos intérêts s'il le fallait. »

Son regard se fit plus froid lorsqu'elle parla à nouveau. « N'oubliez pas une chose, Nemlak, Sarenrae m'apporte ses bienfaits et Vardishal est mon protecteur. Il n'est jamais bon d'offenser une divinité dans son temple. »



Le demi-orque sourit à la "rébellion" d'Alia et répondit d'une voix qui semblait sincère : « Cet arrangement me convient. » Il se tourna alors vers Bhaal et, d'une voix neutre où toute trace de sarcasme était étrangement absente il lui dit : « Le problème avec la liberté, Bhaal, est qu'elle ne donne aucun droit sur l'autre. C'est une leçon à méditer, ne trouvez-vous pas ? »

Puis il reprit en direction d'Alia et, cette fois, le sarcasme était présent : « Vous voulez parler de cette divinité qui a abandonné ses suivants ici même ? Permettez moi d'en douter. Mais vous avez raison sur ce point, Vardishal vous protège. Mais je vous plains plus que je ne vous crains, ma chère Alia, car vous avez troqué une part de votre âme et de votre liberté pour cela. »

Il reprit en direction du couple. « Maintenant que ce point est finalisé, peut-être que Bhaal voudrait parler de ce qui s'est passé lors du combat contre la prêtresse ? Je pense que c'est un point que nous devons aborder avant de continuer notre mission. »

Modifié par un utilisateur mercredi 5 octobre 2016 23:35:46(UTC)  | Raison: Non indiquée

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#25 Envoyé le : mardi 4 octobre 2016 22:00:39(UTC)
Guigui
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Alia, Bhaal, Nemlak : le secret de Bhaal, I


11 Desnus 4709 : le monastère, fin d'après-midi


haal prit une grande inspiration et soupira profondément tandis que sa grosse main imprimait une forte pression sur l'épaule de sa compagne, une manière de dire "ça y est, c'est gagné". Ses épaules s'affaissèrent visiblement tandis que la tension accumulée retombait. Il baissa la tête et ferma les yeux pour goûter ce grand moment de soulagement.

Le géant rouge regarda sa bien aimée. Elle qui avait eu si peur tantôt, et tant de mal à se départir du fardeau de l'esclavage, avait réussi à mener une âpre négociation avec l'un des hommes les plus durs qu'il eût jamais rencontré. En cet instant, il ressentit pour elle une grande admiration et une immense fierté. En présence de Célestin, et avec son aide, il ne doutait pas que le demi-orque ne pourrait pas mener le jeu à sa manière.

Mais l'épreuve n'était pas terminée, car le magicien s'intéressait maintenant à lui. Il l'avait prévu, mais n'était pas disposé à se laisser faire. « Et peut-être que Bhaal voudrait juste s'en retourner et te laisser à tes petites affaires. » cracha-t-il. « Ça n'a rien à voir avec la mission, et de toute façon je ne vois pas pourquoi je t'en parlerais. Tout ce que je te dirai, tu l'utiliseras contre moi, espèce d'enfoiré. Et j'ai pas l'intention de te tendre une lame pour me couper les couilles. »



Nemlak sourit à la rebuffade du demi-démon et dit d'une voix sans émotion, factuelle : « tu vas m'en parler, tout simplement parce que je suis ici le seul qui ai compris ce que tu as dit sous l'influence de l'Entité, le seul qui soit en mesure de comprendre ce qui t'est arrivé, et le seul à pouvoir t'aider sans te condamner. Est-ce que j'utiliserai ce que je sais de toi, contre toi ? Certainement, pourquoi m'en priverai-je ? En revanche, il ne m'intéresse pas de te voir te retourner contre nous. » Le demi-orque s'arrêta un instant, posant son regard sur Bhaal puis sur Alia. « Nous TOUS, au plus mauvais moment. Contrairement à ce que tu pourrais croire, je ne t'en veux pas particulièrement, je dirais même que tu m'indiffères. Mais nous sommes ensemble pour la libération de Kelmarane et nous devons compter sur nous-mêmes. Dans cette position, je suis bien obligé de te demander ce qu'il s'est passé exactement.
A toi de voir si tu veux mettre en danger ceux que tu aimes pour une question de fierté... »




Alia écoutait le magicien parler, elle avait confiance en Bhaal et cela lui paraissait impossible qu'il puisse se retourner un jour contre elle. Mais elle ne pouvait pas vraiment l'aider, elle-même ne contrôlait que très peu ses pouvoirs. Le discours de Nemlak faisait sens et elle craignait que Bhaal ne veuille pas l'entendre, uniquement parce qu'il venait du demi-orque.
Elle se retourna à l'intérieur de l'étreinte de son amant et le regarda. « Tu devrais l'écouter, Bhaal. C'est un magicien, il est familier de toutes ces choses. Il faut savoir ce qu'il sait, utilise-le toi aussi. Prend tout ce qu'il peut nous apporter. »



Bhaal regarda son aimée avec une expression de douloureuse surprise. Était-il possible qu'elle se laisse influencer par l'esprit retors du demi-orque ? « Mais c'est le contraire ! » rugit-il. « J'ai été pendant assez longtemps le sujet des expériences des magiciens pour le savoir. Ils veulent tout de nous ! Il ne sait rien de moi mais il fait comme s'il pouvait m'aider, comme si j'étais un danger, pour satisfaire sa curiosité malsaine. "Un sujet d'étude très intéressant", voilà ce qu'il pense, et il l'a dit lui-même il n'y a pas dix minutes ! La mission n'a rien à voir avec ça. Ne te laisse pas endormir ! »

Le géant rouge se tourna vers celui qui semblait, tout-à-coup, avoir une si grande influence sur sa compagne. « Tu parles l'abyssal, très bien. Tu sais donc que ce que j'ai dit, ou que ce qui a été dit par ma bouche, ne révèle strictement rien. J'ai tout dit à Alia, et je vais te le répéter : je ne sais pas ce qui s'est passé, je ne sais pas qui a parlé à travers moi, je ne sais pas pourquoi je fais maintenant de la magie, je ne sais rien de tout cela ! Tout ce que je peux te dire, et je suis prêt à le jurer, c'est que je suis toujours moi-même. Je ne ressens aucune influence corruptrice ou je ne sais quelle connerie, et mes seules envies de meurtre sanglant sont pour toi ! Voilà ! Satisfait ? »



Un sourire s'afficha sur le visage du magicien avant de s'effacer lorsqu'il répondit à Bhaal. « Donc tu ne sais pas ce qu'il s'est passé et cela ne t'inquiète pas ? Donc, non, cela ne me satisfait pas. Tu es toi même aujourd'hui, mais le seras-tu demain ? Le seras-tu en plein combat ? Réfléchis à tout cela, Bhaal, et tente de revivre ces instants où tu t'es perdu dans la puissance des Abysses. Retrace avec moi chacun de tes gestes, de tes pensées. Remontons à l'évènement qui a fait que la folie s'est emparée de toi. »



Alia était contre le torse de Bhaal, tête tournée, elle regardait le magicien, elle caressait de la main le bras du géant rouge dans un geste apaisant.




Bhaal regardait le magicien d'un œil plus que méfiant, et la présence d'Alia contre lui suffisait à peine à contenir son envie persistante, non de le tuer cette fois, mais simplement de lui coller une bonne grosse gifle. Il posa la main sur l'épaule d'Alia et lui murmura à l'oreille : « Tu crois vraiment que je devrais lui dire ? Tu penses que c'est ce qu'il faut faire ? »



Nemlak attendait, il savait que ses arguments auraient raison de la bigoterie de Bhaal et de son aversion pour lui.





Alia regarda intensément Bhaal, elle réfléchissait, ne voulant pas prendre une tel décision à la légère. Mais il fallait savoir ce qui était arrivé à Bhaal. Elle n'avait pas peur de lui mais le demi-démon devait savoir ce qu'il était et pour l'instant il n'y avait que Nemlak qui pouvait répondre à ces interrogations. Elle hocha la tête lentement et chuchota à son tour. « Oui. Je le crois oui, tu as le droit de savoir ce qu'il t'arrive. Et personne d'autre ne pourra te le dire. »

Elle se tourna à nouveau vers Nemlak, sortit d'entre les bras de son amant, se redressa de toute sa hauteur et regarda le magicien froidement. « Il vous racontera seulement ce qu'il s'est passé, rien d'autre. Pas de test, pas d'examen, pas de magie. »



Nemlak soutint le regard de la demi-céleste et répondit de son ton factuel : « Je suis magicien, pas chirurgien. J'ai besoin de ma magie pour mieux comprendre un phénomène. Si vous voulez VRAIMENT savoir ce qui arrive à votre amant, laissez-moi carte blanche. »



Après un long instant de réflexion, Bhaal reprit enfin la parole. « C'est d'accord. Je vais te parler de ma putain de vie, magicien, et elle t'éclairera peut-être plus que ce qui s'est passé aujourd'hui. Mais à une condition, et j'en démordrai pas : RIEN de ce que je vais te dire ne doit sortir de cette pièce. C'est pour tes oreilles à toi et à personne d'autre, à moins que je ne le décide. Et ça, tu vas me le jurer par Abadar, gardien des contrats, et par Lanishra, ta déesse, si la Bestiole a dit vrai. C'est à prendre ou à laisser. Alors ? »



Le demi-orque se retourna vers Bhaal et tout sourire lui répondit d'un ton sarcastique. « Mon cher Bhaal, depuis le temps tu devrais avoir compris que les dieux ne sont rien pour moi. Juste une réalité comme une autre avec laquelle il faut compter. Je peux jurer, mais cela ne m'engagera à rien. » Puis d'un ton plus neutre il reprit. « Mais voilà ce que je te propose. La seule chose que je te promets c'est de tout faire pour t'aider et de trouver une solution à ton problème, quel qu'il soit. »



Alia ne cessait de fixer le magicien d'un regard froid et dur, rare chez la jeune esclave. « Si vous en parlez à qui que ce soit, ce ne seront pas des dieux dont vous devrez vous protéger. Je vous tuerai, Nemlak, fils de Craagl le marchand de Pesh. Que Vardishal m'en soit témoin. »




« Alia ! » S'exclama le géant rouge, inquiet de ce nouveau serment.



Un sourire amusé s'afficha sur le visage du magicien. « Ainsi une servante de Sarenrae me menace ? De mort, même ? Voilà qui est des plus amusant ! Les dieux ne sont donc vraiment pas grand chose pour autoriser un tel blasphème. Si je ne vous appréciais pas un peu, je pourrais même prendre au sérieux votre menace, SERVANTE de l'Aube... » Après une petite pause, il continua sur le même ton : « Comme je l'ai déjà dit à Bhaal, nombreux sont ceux qui m'ont fait cette promesse, dont lui. Pourtant, je suis toujours là. A votre avis, pourquoi ? Parce que je suis le protégé d'un dieu ? Non, parce que j'ai toujours RAISON. »
Puis d'un ton plus sérieux il continua : « Maintenant que vous vous êtes bien énervée et que vous semblez oublieuse même de la plus élémentaire des courtoisies, calmez-vous et, peut-être, vous donnerai-je mes raisons. » Il regarda toujours amusée Alia.



Alia regardait toujours froidement le magicien et précisa : « Ce n'était pas une menace, Nemlak, c'était un fait. Trahissez Bhaal et je vous tue même si pour cela je dois être reniée par ma déesse. » Elle respira profondément, fit un léger signe de tête au magicien et parla d'une voix plus douce et courtoise. « Maintenant, si vous voulez bien nous expliquer. »



Bhaal, d'instinct, avait saisi le bras de sa bien aimée en un geste protecteur. Malheureusement, cette fois, il aurait fallu qu'il puisse la protéger d'elle-même...



D'un ton sarcastique, Nemlak répondit : « Décidément, les suivants des dieux bons ne sont plus ce qu'ils étaient ! Pauvre Vardishal, il doit se retourner dans ton esprit ! » Puis d'un ton plus sérieux, il donna une explication, prenant le ton d'un professeur s'exprimant devant des enfants pas forcément brillants.
« Pourquoi faire une promesse que je ne pourrais pas forcément tenir ? Tout simplement que contrairement à vous, je connais mes limites. Il se peut que ce que subit Bhaal dépasse mes compétences actuelles. Dans ce cas, j'aurai besoin des lumières de collègues à même de m'aider à comprendre ce qui peut actuellement l'affecter et donc, l'obligation de parler de son problème à d'autres.
Contrairement à vous, je ne fais pas de promesse en l'air, pour épater la galerie ou prouver à moi-même ou aux autres quelque chose. Je le fais en toute connaissance de cause car je pense à leurs conséquences.
Maintenant que je vous ai expliqué pourquoi je ne peux faire une telle promesse, je suis certain que vous êtes honteuse de votre explosion de colère. Pour faire amande honorable, vous allez me promettre une petite chose. Oh, rien de bien dangereux ou qui vous mette en danger, vous ou Bhaal. Promesse que je collecterai à mon bon vouloir et qui sera entre vous et moi. »




Alia parlait maintenant d'une voix plus calme, plus posée. « Excusez mon ignorance, Nemlak, mais je ne vois pas en quoi cela entre en contradiction avec la volonté de Bhaal, si vous devez demander l'avis d'un confrère, vous devrez d'abord obtenir l'autorisation de Bhaal. Il s'agit de sa vie. »
Étrangement, toute peur avait désertée Alia, mais elle savait que cela reviendrait vite. Si elle était apeurée tout à l'heure, c'était pour elle-même, mais ce n'était plus d'elle qu'il était question mais de Bhaal. Quand il s'agissait de lui, elle se sentait comme une louve prête à tout pour défendre son mâle.
Elle fit une courte pause. « Je ne puis promettre sans savoir de quoi il en retourne, je ne voudrais pas me faire parjure. »



Exaspéré, Nemlak répondit : « Je ne vais pas quémander l'autorisation de parler à un confrère lorsque c'est nécessaire ! Justement, il s'agit de sa vie. Contrairement à ce que vous croyez, ignares, tous les magiciens ne sont pas avides de pouvoir et de richesses. Certains sont juste de gros cons, d'autres des idiots finis et enfin la majorité sont des crevards qui ne méritent que de finir entre les griffes de Bhaal. Cela n'empêche que parfois il faut faire appel à ceux d'entre eux qui sont experts en leur domaine. Comme il s'agit pour la plupart du temps de personnes plus imbues d'elles-mêmes que n'importe qui, il faut du temps pour les contacter et les convaincre de nous faire profiter de leurs lumières.
Sa vie m'importe peu, mais la certitude qu'il ne se retourne pas contre nous au plus mauvais moment est quelque chose qui m'intéresse. Ici c'est moi l'expert, laissez-moi donc juger de ce qui peut, ou ne peut pas, être divulgué. »




« Bordel, c'est pas un peu fini, ces conneries ? » Éructa Bhaal, à bout de patience. « Ça t'intéresse de savoir, ou tu préfères continuer à blablater jusqu'à ce qu'on soit réduits à l'état de cadavres par l'ennui ? On n'aurait pas besoin de toutes ces précautions si tu n'étais pas aussi malfaisant. Si on pouvait te faire un tout petit peu confiance, pour une fois... Promets-moi simplement de ne pas te servir de ce que je vais te dire contre moi, et ça m'ira bien. Je suis fatigué de tout ça. »

Il se tourna vers sa compagne et lui dit d'un ton sévère : « Et toi, ne lui promets rien ! Tu ne lui dois rien. Je sais que tu le fais pour moi, mais tu prends tous les risques pour toi. Il en tirera avantage s'il le peut. A quoi ça sert que je t'oblige à te délier de ton serment si tu lui fais dix promesses et serments derrière, même si c'est celui de le tuer ? »

Le demi-démon se tourna à nouveau vers Nemlak : « Alors, on est d'accord ? Promets de ne pas chercher à me la faire à l'envers et je te dirai tout. »



« Bien, j'accepte tes conditions, rien de ce que j'apprendrai ne sera transmis à un tiers pour, je reprends ton expression, "te la faire à l'envers". »

Modifié par un utilisateur mercredi 5 octobre 2016 23:37:45(UTC)  | Raison: Non indiquée

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#26 Envoyé le : mercredi 5 octobre 2016 23:16:08(UTC)
Guigui
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Alia, Bhaal, Nemlak : le secret de Bhaal, II


11 Desnus 4709 : le monastère, fin d'après-midi


« A la bonne heure ! » Grogna le géant rouge, visiblement soulagé. « Bon... Commençons par quelque chose d'évident. Tellement évident que tu ne l'as pas encore vu, on dirait... » Bhaal poussa légèrement sa compagne à côté de lui. Tous les deux se tenaient maintenant côte à côte, face au magicien, et la petite bougie près de sa table de travail projetait l'ombre de la jeune femme sur les parois de pierre derrière eux.« Là... Tu vois ? » Demanda-t-il.



L'ombre tremblotait sur la pierre et dessinait la silhouette de la jeune fille. Deux ailes majestueuses se déployaient de part et d'autre, si les ailes des anges étaient absentes chez l'azata, elles étaient par contre bien présentes sur son ombre.

Alia était gênée d'être montrée ainsi, elle avait toujours détesté cette ombre qui lui rappelait un sang maudit.



Se retournant machinalement vers le mur derrière eux, le demi-démon eu un sursaut en voyant l'ombre projetée par sa bien aimée. « Bordel de merde ! » S'exclama-t-il, les yeux écarquillés de surprise. Il fixait maintenant Alia sans comprendre.



Alia regardait son amant qui venait de jurer et lui sourit timidement, gênée de ce qu'il découvrait.



« C'est bien beau ces jeux d'ombres, mais cela n'explique pas ton comportement, » dit Nemlak, peu perturbé par les ombres, ou leur absence.



Oubliant complètement Nemlak, Bhaal fixait toujours alternativement sa compagne et son ombre. « C'est pas possible... Ça ne peut pas être un hasard... Nos ombres... Pourquoi je n'ai rien vu avant ? »



« Je n'avais rien vu non plus... » Alia se sentit à nouveau perdue.



« Comme quoi, vous avez bien fait de descendre me voir », rajouta Nemlak d'un ton sarcastique à l'attention des deux tourtereaux. « Bien, maintenant que ces découvertes sont passées, une explication factuelle, Bhaal ? »



« Hein ? » réagit le demi-démon en se retournant vers Nemlak, « oh, oui, d'accord. Au passage, je me demande si tu es vraiment compétent parce que si cette histoire d'ombres ne te frappe pas, je ne suis pas sûr que te dire le reste servira à grand chose. Mais enfin... »
Bhaal se détacha légèrement de sa compagne pour s'installer dos à l'une des grandes tables de pierre qui occupaient la salle, les deux mains appuyées sur le rebord. La tête baissée, les yeux mi-clos, il semblait se remémorer un lointain passé, un passé douloureux.
« Je... Je ne suis pas né de façon naturelle. J'ai été... invoqué. » Il fit une pause avant de continuer : « je ne sais pas si tu es déjà allé à Katapesh, mais il y a un collège de magie, là-bas. Le Collège des Études Dimensionnelles. C'est de là-bas que je viens. Tes propres parents n'étaient probablement pas encore nés quand c'est arrivé. D'après ce qu'on m'a raconté, un apprenti a voulu tenter un truc qui a mal tourné. Il devait invoquer un diablotin ou je ne sais pas quoi. Et à la place, je suis arrivé. Un gros bébé tout rouge. Le gars, lui, a fini complètement cramé par son sort. Desséché, bouffé de l'intérieur, qu'il était. »
Bhaal fit une nouvelle pause, manifestement réticent à évoquer la suite de sa vie. « Les magiciens m'ont mis dans les cryptes avec les créatures convoquées. Je les intriguais, alors il ont fait des... des expériences. » A l'évocation de cette partie de son passé, le masque de souffrance du demi-démon devint visible.



Voyant son bien-aimé souffrir, Alia n'y tint plus et se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras.




Sans même s'en rendre compte, Bhaal prit son amante à son tour dans ses bras. « Ça a duré des années. Ils ont testé mes résistances aux éléments. Ils m'ont brûlé, gelé, électrocuté... Ils ont testé leur magie sur moi. Parfois, ils me laissent en cage pendant des mois, et à d'autres moments, ils m'en sortent tous les jours, ça ne s'arrête pas... » Inconsciemment, Bhaal s'était mis à raconter son histoire au présent, comme s'il revivait ces scènes en cet instant même.



A nouveau, écoutant le récit déchirant de son amant, les larmes d'Alia se mirent à couler.



« Allons à l'essentiel, » coupa Nemlak.



Bhaal darda son regard vers Nemlak : « voilà pourquoi je hais tous les magiciens. Si jamais je retourne à Katapesh en homme libre, mon plus grand souhait est d'ouvrir le bide de tous ces enculés et de réduire leur collège de merde à l'état de ruine, » cracha-t-il, les dents serrées.
« Je ne sais rien d'autre, Nemlak. Je pensais que ça pourrait t'éclairer. Je n'ai aucune famille qui soit de ce monde. Je sais juste que le sang des démons coule en moi et que dans ce sang, il y a une Bête qui n'est jamais rassasiée. »



« Encore des promesses... » persiffla Nemlak lorsque Bhaal fit part de son projet de mettre le feu au Collège. Le magicien réfléchit quelques instants. « Tu serais donc un être venu directement des Abysses, la question à se poser est donc de savoir si tu as une âme. Les démons n'en ont pas, contrairement aux mortels que nous sommes.

L'idiot qui t'a invoqué sait-il de quelle strate des Abysses tu viens ? Cela nous donnerait un indice sur le Prince-démon qui la contrôle, et donc toi par ricochet. Le fait que tu n'es pas d'ombre est certainement un indice, il faudra que j'y réfléchisse.

Et si cela peut te rassurer, je ne vois rien là qui sorte de l'ordinaire d'un magicien. »




« L'idiot qui m'a invoqué ? » Bhaal regarda le magicien sans comprendre. Ou plutôt, il ne comprenait pas qu'il ne comprenne pas. « Tu ne m'as pas écouté ? Il est mort, son énergie vitale aspirée par son sort, je t'ai dit. Il ne m'a pas invoqué volontairement. C'était juste un putain d'accident. Comment veux-tu qu'il ait su quoi que ce soit ? De toute façon, ça fait maintenant soixante-quinze ans qu'il a passé l'arme à gauche. Et je ne comprends rien à tes histoires de strates. »



« L'idiot ou ses maîtres, peu importe. »



« Peu importe en effet, car ils doivent tous être morts maintenant, à moins qu'il ne soient des elfes, » rétorqua le géant rouge. Il sembla réfléchir un instant. « Mais je me souviens que, pendant les expériences, il y avait très souvent quelqu'un qui prenait des notes. Il doit y avoir quelque part, dans leur bibliothèque, des papiers qui parlent de moi. Si tu parviens un jour à entrer dans cet endroit et à te faire donner accès à toute leur paperasserie, il se pourrait que tu en apprennes plus. »

A ce moment, Bhaal sembla se remémorer quelque chose et se tapa le front. « Quel con ! » S'exclama-t-il, « j'ai failli oublier. Il y a quelque chose d'autre. Quelque chose d'important. » Il se dégagea doucement de sa compagne et s'approcha du magicien. Il saisit la bougie sur le plan de travail, écarta un pan de sa tunique de cuir noir et approcha la faible lumière de son sein gauche. Là, au-dessus du téton, une marque de naissance rouge vif, de la taille d'un pouce et très bien délimitée, était visible. « Il paraît que ça ressemble à une rune, et il paraît aussi que c'est d'essence abyssale. Mais personne ne m'en a jamais dit plus. »



Nemlak fit un geste pour repousser Bhaal. « Merci, mais je ne suis pas Alia, ton intimité ne m'in... » Sa phrase sarcastique s'arrêta alors qu'il apercevait la marque sur la chair du demi-démon.

Tout sarcasme disparu de sa voix, il continua : « ah ! Voilà enfin quelque chose d'intéressant ! Chaque Prince Démon a sa propre rune, il se peut que ce soit l'une d'entre elles. Mon champ d'expertise n'est pas vraiment les plans, il se peut donc que je doive faire appel à la science de quelques collègues pour en savoir plus... » Le magicien se concentra, incantant un simple sort de détection de la magie pour tenter de reconnaître d'une part si la marque était vraiment magique et dans le cas positif quelles auras et quelle intensité elle possédait.

Après une étude magique approfondie de la marque, le magicien sembla soucieux. « Mmh... je ne sais quoi dire pour l'instant. Je suis certain qu'il s'agit de la marque d'un Prince Démon, mais je ne sais pas lequel. Elle est clairement magique et je pense que c'est ce qui te lie aux Abysses. Je sens une forte aura de conjuration entremêlée de plusieurs autres auras mais trop fines pour que je puisse les analyser avec une simple détection de la magie.

Tant que je ne sais pas à quel Prince elle est liée je ne saurai quelle conséquence cela pourra avoir sur toi. Il serait aussi intéressant de savoir si tu possèdes une âme, mais là encore je suis limité dans mes pouvoirs et mes connaissances pour l'instant... Ton manque d'ombre est aussi un indice sur ta nature... Je comprends pourquoi les mages du Collège des Etudes Dimensionnelles t'ont étudié sous tous les angles. Tu es un sujet d'étude des plus intéressant. »


Il sourit à Bhaal, un sourire amusé et ambivalant avant de continuer « Le but des Abysses étant de corrompre, surtout ce qui est pur, je pense que la seule personne que tu mets en danger est Alia. Votre connection, votre ... amour, est, je le crains, voué à l'échec tant que tu portes cette marque. La bonne nouvelle c'est qu'au vu de ce qu'il s'est passé dans le champ de Pesh, ce n'est pas la Mère des Bêtes à laquelle tu es lié et donc que tant que tu es attaché à Alia, tu ne risques pas de te retourner contre nous. »



Bhaal commença par avoir un geste de recul lorsque le magicien incanta, mais un geste apaisant de la main de sa compagne le convainquit de se laisser faire. En fin de compte, aucun effet néfaste ne sembla émaner du magicien et le géant rouge se détendit.
Mais les conclusions de Nemlak n'étaient pas toutes pour lui plaire. « Moi ? La corrompre ? » Gronda-t-il, « je ne vois pas pourquoi je ferais ça. Et puis, il y a des choses que tu ne sais pas. Je... Enfin... » Il regarda sa bien aimée comme pour s'assurer de son accord. « Je crois que Vardishal approuve. Rien n'indique que ce ne soit pas le cas, et il y a même des signes qui... » Il se tut, hésitant à achever sa phrase.



« La corrompre elle, ou votre relation. La nature chaotique et mauvaise des Abysses en fait un ennemi difficile à cerner. Vardishal n'est qu'un Saint. Sa nature bienfaitrice vous protégera peut-être contre celle corruptrice du Prince Démon auquel tu es lié, mais pour combien de temps ?
Les deux ne sont pas incompatibles, la volonté de Vardishal de par sa déesse est de trouver la rédemption face à ta nature abyssale... »
Nemlak s'arrêta un instant, réfléchissant, puis sa bonne humeur sarcastique revenue il rajouta : « si cela se trouve te voilà de nouveau le jouet de Puissances au delà de ta compréhension ! Un champ d'expérimentation divin ! Au moment où tu penses acquérir ta liberté te voilà enchaîné à ta nature même ! N'est ce pas délicieusement ironique ? »



« C'est complètement stupide ! » Alia n'avait pu empêcher les mots de sortir de sa bouche. Elle regarda Bhaal d'un air totalement assuré.

Puis elle ajouta, plus calmement : « ta nature est peut-être démoniaque mais je sais, moi, que tu as une âme. Je ne peux pas croire qu'il n'y a rien parce que quand tu me regardes, je vois ton âme à travers tes yeux. »

Sans laisser Nemlak répondre d'un de ses sarcasmes cinglants, elle enchaîna. « Vardishal est heureux de notre amour, je le sais, je le sens. Et jamais il ne laisserait qui que ce soit me mettre en danger, Bhaal n'est pas un danger pour moi. Le seul pour qui il peut être une menace actuellement, vous le savez Nemlak, c'est vous. Et vous ne cessez de le provoquer pour prouver je ne sais quoi. »

La jeune azata n'avait pas quitté le demi-démon de son regard vert et confiant.



Les dernières explications du magicien avaient été, pour Bhaal, comme des coups de poignard. Il savait que ce dernier ne l'épargnerait pas, il savait également qu'il prendrait sans doute un malin plaisir à instiller le doute dans son esprit. Et pourtant... Et si, contre tous les signes, ce qu'il disait faisait sens ? C'est ton rôle de la protéger. Ce que lui avait dit le saint, et si... et si c'était de lui-même que Varsishal l'exhortait à la protéger ?

A mesure que des pensées confuses dansaient dans son esprit perdu, le désespoir s'insinua en lui. Tout en continuant à fixer sa compagne, il l'écoutait argumenter contre le magicien, défendre leur amour, et plus elle se battait, plus il avait l'impression que le piège se refermait. Était-ce pour cela qu'il trouvait que tout était trop beau depuis le début ? Lentement, il porta les mains à son visage, effaré.



Nemlak resta calme face à la colère de l'Azata. D'un ton calme et neutre il lui répondit : « vous ai-je un jour menti Alia ? Je dis toujours la vérité, même lorsqu'elle n'est pas agréable à entendre. Est-ce que je prends du plaisir à vous tourmenter ? Peut-être... certainement même. Mais la chose que je me refuse à faire c'est de mentir.

Vardishal est certainement heureux de votre amour, j'en suis certain. C'est une créature de Bonté et d'Espoir, comment pourrait-il en être autrement ? Je ne le suis pas. Je connais la noirceur de l'âme, je suis la personne la plus humaine que vous rencontrerez jamais, Alia. Arrêtez de vous voiler la face et réfléchissez à ce que j'ai dit, aujourd'hui et auparavant.
Maintenant, continuez à vivre votre amour, profitez. Sachez qu'en attendant le jour fatidique où la corruption prendra le dessus sur votre relation, vous nous protégerez de l'aspect destructeur des Abysses. »


Le magicien s'arrêta un instant, absent des tourments que pouvait vivre les deux êtres en face de lui. Son esprit analytique ne voyant que les causes et conséquences des choses. Son esprit entièrement tourné vers la vengeance, incapable de comprendre certains aspects de l'humanité comme l'espoir et la bonté, n'y voyant qu'une faiblesse. Il ne voyait que la douleur et le désespoir comme moteur de l'existence, c'est pourquoi il continua inflexible.«  Profitez tout en sachant qu'il se pourrait que votre amour soit votre damnation. »

Cependant, il était aussi un homme de parole et sans le savoir il donna peut-être au couple un semblant d'espoir... « Mais, comme je dis la vérité, je vous ai promis d'aider Bhaal à trouver une solution à sa malédiction et je compte bien chercher et trouver. »



Les grosses mains jointes du géant rouge lui couvraient le nez et la bouche. Les yeux écarquillés, il regardait alternativement le magicien et sa bien aimée avec une lueur d'épouvante dans les yeux. Il se mit à reculer lentement et, à la lueur de la bougie, tous deux purent voir qu'il pleurait. Soudain, il fit volte-face et, titubant comme un homme soûl, il se précipita à travers le laboratoire, se cognant au mobilier et renversant des ustensiles, pour disparaître dans l'escalier qui remontait vers la lumière.

Modifié par un utilisateur mercredi 5 octobre 2016 23:35:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

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#27 Envoyé le : jeudi 6 octobre 2016 23:22:16(UTC)
Guigui
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Alia, Bhaal, Célestin : la mort n'est pas mauvaise...


11 Desnus 4709 : le monastère, fin d'après-midi

haal remonta les escaliers quatre à quatre, trébuchant et se relevant à plusieurs reprises. Il était comme ivre, ivre de douleur, et par-dessus tout il voulait fuir : le malfaisant Nemlak et ses révélations qu’il ne supportait plus d’entendre, et sa bien-aimée pour la sauver de lui. Il déboula dans le grand dortoir que la princesse leur avait affecté, à lui et ses trois compagnons et, à bout de forces, s’écroula à genoux sur le dallage de pierre.

Là, il bascula la tête en arrière pour hurler, bouche grande ouverte, mais aucun son ne sortit. Il était secoué de spasmes et de sanglots. L’infinie cruauté des dieux lui apparaissait enfin au grand jour, et il savait désormais pourquoi il les avait toujours haïs. On lui avait donné à voir la lumière, et maintenant il devait abandonner cette lumière et retourner dans la nuit. S’il faiblissait, la lumière s’éteindrait par sa faute, et il vivrait pour toujours rongé par le poids du remords et dans le regret de son amour détruit. Tout prenait sens avec une acuité cruelle : s’il aimait Alia, il devait la quitter et partir sans se retourner et sans jamais chercher à la revoir. C’était la seule façon pour lui de la sauver.

Écrasé par le poids de son destin, incapable de réfléchir, il ne parvenait même plus à respirer. « arh… arh… arh... » Il haletait misérablement, désespéré et désorienté. Il se releva péniblement et se précipita vers sa paillasse, y fourrageant frénétiquement en quête des quelques objets et outils dont il avait besoin pour survivre dans le désert, au moins jusqu’au prochain puits.

Survivre...

Il cessa soudain ses recherches. Pourquoi survivre ? Sa venue au monde n’était qu’une tragique erreur, une mauvaise plaisanterie des dieux, et au moment même ou l’espoir naissait, sa condition lui était révélée : pitoyable jouet de puissances obscures, il risquait de détruire la seule personne au monde pour laquelle il aurait volontiers accepté de donner sa vie, la seule entre toutes qui lui avait fait entrevoir, l’espace de quelques jours bénis, la plénitude du bonheur.

Partir, fuir loin d’elle... Mais après, comment vivre ? Il ne pouvait plus vivre sans elle. Le monde, désormais, tournait autour de celle qui lui avait montré ce que l’amour pouvait faire. Elle absente, vivre n’avait aucun sens.

Il se passa l’avant-bras sur les yeux pour les débarrasser du voile humide qui lui brouillait la vue. L’absolue clarté du seul choix qui s’offrait lui apparut enfin. Il n’y avait qu’une issue possible. Alia allait arriver d’un instant à l’autre, et elle ne le laisserait jamais partir de toute façon. Sans plus hésiter, il saisit sa grande épée à deux mains, se releva et en cala le pommeau à la jonction du sol et du mur près de lui. De l’autre main, il en dirigea la pointe vers sa poitrine, vers cette marque de malheur qui abritait à la fois son identité et sa malédiction. Un filet de sang coula de son pectoral lorsque le fer s’enfonça dans sa chair. « La mort n’est pas mauvaise, quand la vie est douleur, » se murmura-t-il à lui-même. Il n’avait plus qu’à prendre son élan pour s’empaler sur la lourde lame.



Alia regarda désemparée Bhaal fuir la pièce du magicien, elle jeta un regard noir et déçue à Nemlak, ses paroles étaient responsables du desespoir de l'homme qu'elle aimait et elle n'était pas certaine de pouvoir lui pardonner un jour.
Elle courut à la suite de Bhaal, inquiète de ce qu'il avait en tête. Un homme comme lui ne connaissait pas la demie mesure et ses réactions pouvaient être extrêmes.

Elle parcourut les couloirs du Monastère à toute vitesse, cherchant un signe de son amant. Elle entra en trombe dans la salle de la statue de Vardishal mais ne le trouva pas, elle aurait du s'en douter, à ce moment il devait fuir les dieux. Elle rebroussa chemin, il pouvait y avoir un deuxième endroit et s'y précipita. Elle entra dans le dortoir qu'ils partageaient avec Celestin et Nemlak.

Elle se figea sur le seuil, livide. Bhaal était près du mur, la pointe de son épée pointée vers le cœur du demi-démon un filet de sang coulant le long de la lame.

« NOOOOOON !! » Son cri s'accompagna d'un large mouvement de la main en direction de l'arme. L'épée fut projetée à plusieurs mètres du gladiateur, entaillant sa poitrine dans un jet de sang, et rebondit contre le mur du fond de la pièce.



Totalement surpris, Bhaal se retourna vers celle qui venait de l'empêcher d'accomplir le pire. Il semblait hébété, et un masque de souffrance assombrissait son visage. Il porta la main à sa poitrine, sur la plaie ouverte, avant de la regarder sans comprendre, le rouge vif de son sang se substituant au rouge brun de sa peau et s'écoulant entre ses doigts avant de tomber sur le sol en petits "plic" poisseux. « Alia... Non... »

Il fit deux pas en titubant pour aller chercher son arme mais dut s'appuyer de l'épaule sur le mur. Il se sentait à bout de forces. Il ne pouvait pas se tuer devant elle. Il ne pouvait pas recommencer. Le courage lui manquait. Seuls restaient le désespoir, l'impuissance, l'amertume. Il glissa lentement le long du mur jusqu'à se recroqueviller au sol, le corps secoué d'irrépressibles sanglots. La bouche grande ouverte, les yeux fermés, il semblait hurler en silence.



L'image de Bhaal souffrant brisa le cœur de la jeune fille, les larmes coulèrent sur ses joues sans qu'elle s'en rende compte. Tremblante, elle se dirigea vers l'homme effondré au sol, ses jambes se dérobèrent sous elle et elle termina les derniers mètres qui les séparaient à genoux.
Sans un mot, elle serra le corps masculin contre le sien, tachant sa tunique du sang de son amant. Elle berçait le demi-démon qui était bien plus grand et bien plus massif qu'elle mais qui a cet instant paraissait si fragile. Sans réfléchir, elle entama une mélodie sans parole, la même qu'elle chantait à sa fille quand elle la berçait.



Bhaal, incapable de résister, se laissa faire un instant. Il ne respirait plus tant ses sanglots et ses spasmes étaient violents. Au bord de l'asphyxie, il trouva la force d'aspirer une grande goulée d'air. Et, enfin, il hurla.
C'était un hurlement de bête blessée, un cri de pur désespoir, quand les mots ne peuvent plus rien et échouent à traduire l'intensité de la souffrance. Il dura plusieurs secondes avant de connaître plusieurs répliques moins intenses, et à chaque fois le corps du géant rouge se raidissait effroyablement, soulevant Alia dans son étreinte.
Maintenant qu'il pouvait respirer, il fit quelques faibles tentatives pour repousser sa compagne, s'extraire de sa douce étreinte, comme s'il craignait de la corrompre par le simple fait d'être en contact physique avec elle. « Alia... Alia... Non...Il faut pas... » Disait-il entre deux sanglots.



Alia ne bougeait pas, elle restait accrochée à Bhaal et suivait le mouvement de son corps. Il avait besoin d'expulser toute sa rage, sa colère, sa tristesse, son desespoir. Il se calmait petit à petit et elle revit l'image de l'homme qu'elle aimait cherchant à mettre fin à ses jours. Cette image et ses tentatives pour l'égoigner de lui firent monter une colère soudaine en elle. Instinctivement, sa main droite dessina une trajectoire parfaite et atterrit de toutes ses forces sur la joue du gladiateur qui devint encore plus écarlate dans un claquement sonore.

Postée devant lui, le souffle court, les yeux furieux, elle haleta : « Ne... refais... plus... jamais... ça... »Les larmes coulaient de plus belles sur les joues de la jeune esclave et elle ne savait plus si elle était vraiment envahie par la colère ou par une tristesse infinie. Les deux, certainement.



La gifle magistrale administrée par son amante figea le géant rouge dans la stupeur. Il porta sa main à sa joue, regardant Alia sans comprendre, mais les effets bénéfiques de ce traitement de choc se firent sentir immédiatement, calmant sa terrible crise. Devant lui se tenait une tigresse, et ses yeux verts lançaient des éclairs. Il cessa de sangloter et se remit à respirer normalement. S'abandonnant complètement, son corps délivré de toute tension, il ferma les yeux et posa lentement sa grosse tête dans le giron de sa compagne avec au cœur le désir de ne plus penser à rien et de ne plus ressentir que son odeur, la chaleur de sa peau et l'étreinte de ses bras autour de lui.



Sans mot dire, Alia referma les bras sur l'homme qu'elle aimait.



Célestin se trouvait en compagnie de Jyll dans la pièce qui était réservée à Khem, Rondhar et elle-même, lorsqu'il entendit un premier cri provenant du dortoir qu'il partageait avec Alia, Bhaal et Nemlak. Immédiatement après s'ensuivit le bruit d'un métal lourd percutant la pierre, puis il y eut un court silence. Le jeune homme se figea, les oreilles à l'affut de tout nouveau bruit, les yeux rivés sur Jyll dans une expression d'incompréhension totale. Que pouvait-il bien se passer ?

« Reste là, je vais voir ce qu'il se passe » dit-il après être resté quelques secondes immobile. Lorsqu'il se mit en marche, un nouveau cri - non, un hurlement - se fit entendre, si déchirant qu'il fit frissonner Célestin de tout son être, pénétrant jusqu'à son âme. Brièvement tétanisé, il se secoua mentalement et se précipita pour se rendre compte par lui-même de ce qu'il se passait.
Lorsqu'il arriva sur place, la première chose qu'il vit fut le sang maculant les vêtements d'Alia. Celle-ci tenait dans ses bras Bhaal, complètement inerte, avachi sur elle. Il ne put retenir un hoquet mêlant horreur et stupeur. « Est-il...? » commença-t-il. Mais il était incapable de terminer sa phrase, ne pouvant se résoudre d'évoquer le possible décès du géant rouge



Alia caressait doucement les cheveux de Bhaal quand elle entendit le hoquet de stupeur du sorcier qui venait d'entrer dans la pièce. Elle tourna son visage ruisselant de larmes vers lui et comprenant sa question, elle fit un signe de négation de la tête. « Non... non, il est juste perdu. »



Soulagé, Célestin resta sur le seuil, observant la scène sans la comprendre. L'épée à deux mains échouée dans un coin de la pièce expliquait le son métallique entendu. Quant au sang, il semblait provenir du torse de Bhaal. Mais ce n'était visiblement pas le problème principal, sinon, Alia lui aurait demandé de le soigner immédiatement. Non, il semblait avoir besoin de réconfort. Pourquoi ? Le semi-démon lui paraissait tellement fort, inébranlable. Qu'est-ce qui pouvait le mettre dans cet état-là ? Les voir tous les deux ainsi souffrir lui fit monter les larmes aux yeux, sans même connaître les tenants et les aboutissants du problème.

Il fit un énorme effort pour prendre sur lui afin d'empêcher les larmes de couler, et s'avança dans la pièce. Mais au lieu de se diriger vers le couple, il alla jusqu'à ses affaires posées dans un coin de la pièce. Il y trouva rapidement sa trousse de secours, et revint vers eux, et toujours sans un mot, il s'agenouilla devant Bhaal. D'un simple regard, il fit comprendre à Alia qu'il souhaitait s'occuper de soigner son amant.



Alia regarda Célestin s'approcher avec des pansements afin de soigner Bhaal mais elle hésita un instant. Elle rechignait à s'éloigner de lui même s'il fallait le soigner. Elle inspira fortement et releva doucement la tête du gladiateur en décolant son corps du sien avec toute la délicatesse qu'elle pouvait. Sa tunique était maintenant totalement imbibée de sang. Elle parla doucement, comme on parle à un enfant. « Célestin va te soigner maintenant. »



Bhaal perçut qu'une présence étrangère venait perturber la quiétude du néant sombre et chaud dans lequel il se trouvait. Il reconnut la voix de Célestin mais ne bougea pas. La honte de ce qu'il avait fait s'ajoutait à celle de ce qu'il était, et il n'était pas prêt à affronter les questions qui, inévitablement, émergeraient. Tout ce qu'il voulait, c'était ne plus penser, ne plus ressentir, sinon la chaleur de la peau d'Alia. Ne plus être.

Mais le néant cessa lorsque sa compagne lui releva doucement la tête, et il vit à nouveau. Ses grands yeux verts, encore baignés de larmes, le regardaient comme une mère regarde son enfant quand il s'est fait mal. Il se perdait dans ce regard.

Il prit une grande inspiration et, d'un petit signe de tête, donna son approbation. Comme un homme épuisé par une nuit de marche dans le désert, il se redressa lentement pour s'appuyer contre le mur, les jambes repliées sous lui. Il laissa sa tête toucher la pierre froid et resta ainsi, les yeux clos, la bouche entrouverte, une vivante image de l'épuisement.



Alia ne put se résoudre à trop s'éloigner et resta aux côtés de Bhaal, lui tenant la main, comme pour s'assurer qu'il ne parte pas.



Célestin émit un léger sourire de réconfort à l'adresse des deux amants, et entreprit de nettoyer la plaie. Celle-ci se révéla au final assez peu profonde, mais elle avait entaillé la poitrine de Bhaal sur toute sa largeur, et le sang avait abondamment coulé. Il versa le contenu d'une petite fiole sur des linges propres, et parla doucement. « Je te préviens, ça risque de piquer un peu. Mais ce n'est pas le genre de choses qui t'effraie, n'est-ce pas mon chou ? »
Continuant son travail d'une manière très professionnelle, comme si ces gestes lui étaient particulièrement familiers, il poursuivit de sa voix calme et posée. « Veux-tu me dire ce qui t'a mis dans cet état mon grand ? »



Les yeux toujours fermés, Bhaal sourit aux paroles du jeune sorcier. S'entendre appeler "mon chou" avec la voix claire de Célestin avait quelque chose de frais et d'innocent, et cela lui faisait du bien.

« C'est elle, » répondit-il d'une voix éraillée, rendue encore plus grave que d'habitude après qu'il se fut abîmé les cordes vocales à hurler comme un damné. « Tu crois à ça ? C'est elle qui m'a fait ça. Je ne sais même pas comment. J'étais parti pour me buter bien proprement, personne n'aurait rien vu ni rien entendu. J'aurais pas gueulé. Je sais me tenir, quand même. Vous m'auriez trouvé là dans mon sang, vous m'auriez enterré quelque part à l'ombre, dans un coin frais, et vous auriez pleuré, bien sûr. Et plus personne n'aurait entendu parler de Bhaal Unramat. »

Il ouvrit les yeux pour fixer Célestin avant de les reporter sur son amante. « Et elle aurait été sauve. Libre. Pure. »



Alia se décomposa au fur et à mesure des paroles de son amant, elle lâcha sa main. Les mâchoires serrées, elle sentait de nouveau la colère l'envahir. « Conneries ! »

Elle reprit sans s'en rendre compte une des expressions favorites du gladiateur. « Tout ça c'est des conneries ! Libre et pure ? Je ne suis pas libre, on devait le devenir tout les deux ensemble, tu te rappelles ? Ça n'a plus aucun sens pour toi ? Quant à être pure, je ne le suis plus depuis de nombreuses années ! Tu veux que je te fasse le compte des hommes qui me sont passés dessus depuis qu'on a vendu ma virginité pour la première fois ? Il n'y a qu'entre tes bras que je me sens pure... »

Elle s'écarta du blessé et reprit d'une voix déçue. « Tu abandonnes sans même te battre tout ça à cause de paroles d'un foutu magicien qui a avoué ne pas savoir ce que tu es ! » Elle regarda un instant le géant rouge dans les yeux et dit, très lasse. « Va te faire foutre, Bhaal Unramat, je ne te savais pas si lâche. »



Le visage de Célestin s'était décomposé au fur et à mesure que Bhaal parlait semblait-il sans honte de sa tentative de suicide. Il laissa Alia extérioriser sa colère, puis, lorsqu'elle eut fini, il posa une main douce et apaisante sur celle de l'aasimar, et s'adressa au tiefflin. « Je ne parlais pas de ta blessure, Bhaal... » dit-il avec tristesse. « Je parlais de ton état moral. Et en quoi Nemlak en est-il responsable ? Si vous repreniez tout depuis le début ? Peut-être pourrais-je vous aider, mes chéris. »

Il relâcha la main d'Alia, et termina de panser la blessure de Bhaal. Elle ne mettrait guère de temps à cicatriser. L'image de Jyll lui vint à l'esprit : oui, elle aurait pu la refermer totalement d'un simple mot. Mais il était inutile de la mêler à ça, et de rajouter un interlocuteur dans ce qui semblait déjà bien assez compliqué comme ça.

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#28 Envoyé le : samedi 8 octobre 2016 01:39:34(UTC)
Guigui
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Alia, Bhaal, Célestin : l'ange gardien


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haal fixa sa compagne tandis qu'elle déchargeait sa colère. Il aimait la voir en colère, révélée en fière guerrière, débarrassée de ses oripeaux d'esclave soumise. Mais la déception qu'il sentit dans ses dernières paroles lui perça le cœur plus sûrement que ne l'aurait fait son épée. Il ne s'en rendait compte qu'à cet instant mais, pour lui, la perspective de la décevoir était plus terrible encore que celle de la rendre malheureuse.

Il était bien certain d'avoir touché le fond, mais l'expression sur le visage de l'azata aiguillonna sa fierté. Il darda sur elle un regard mauvais, un regard de défi, le même genre de regard qu'il lui avait lancé à maintes reprises il y avait quelques jours encore.

« Bhaal Unramat, » murmura-t-il lentement. « Ce n'est même pas un nom, » reprit-il d'une voix plus forte. « C'est le sobriquet qu'ils m'ont donné. Je suppose que j'avais un numéro de registre mais ils ne me l'ont jamais dit. Tu sais ce que ça veut dire ? Bien sûr que tu sais, tu parles le kéléshite. Bhaal un Ramat, "démon adopté par Ramat". A chaque fois que tu prononces mon nom, tu m'appelles "démon" ! » Cracha-til.

Bhaal se tourna vers Célestin. « Nemlak n'est même pas vraiment responsable. On était allés le voir à propos de... du serment. Et il a voulu tout savoir sur ce qui s'est passé ce matin dans le champ de pesh. Quand je me suis, euh... énervé. Je ne voulais rien lui dire, mais il m'a menacé de me débiner auprès de la princesse. Il a dit que j'étais un danger pour la mission, et qu'on serait séparés, Alia et moi. J'ai pas supporté. J'ai encore failli le buter. Si Alia n'avait pas été là... »



Le regard que lui lança Bhaal rassura Alia, il semblait reprendre du poil de la bête et le désespoir avait disparu de ses yeux. Elle lui opposa un regard aussi mauvais, lorsqu'il se tourna pour parler à Célestin, elle ne le supporta pas. Il n'allait pas s'en sortir comme ça, hors de question.
« Attends un instant, Bhaal Unramat ! C'est quoi cette explication ? Bhaal n'est pas ton nom ? Quelle surprise ! Je ne connais pas un seul esclave qui n'ait pas changé de nom plusieurs fois. Tu crois que ma mère m'a appelé Alia ? Non, on lui a surement pas donné l'autorisation, comme on me l'a interdit à moi aussi. » Elle avala difficilement sa salive mais reprit aussitôt. « J'ai porté plusieurs prénoms en fonction du désir du maître qui m'achetait, Alia n'est que le dernier... Et je n'ai que Alia, quand j'ai été acheté par les Maitres du Pacte, ils ne m'ont pas donné de nom de famille.

Ton nom est celui d'un démon ? Tu es un tieffelin ! Évidemment que tu as du sang de démon ! Ce n'est pas une découverte, je l'ai su dès que je t'ai vu, qu'est-ce qui a changé ? »

Son regard avait changé, elle essayait de comprendre. « Je ne suis pas un ange, Bhaal, comme tu n'es pas un démon. Notre sang ne fait pas ce que nous sommes... »



Le géant rouge écouta la tirade de sa compagne avec surprise. Il n'avait jamais pensé à cela. Il n'avait du tout réalisé que son nom n'était pas son vrai nom. Sur ce point, elle avait raison de le morigéner : il s'apitoyait bêtement sur son sort pour des broutilles. Il encaissa le coup en serrant les lèvres. Le reste, en revanche, était plus discutable.

« Mais oui, bien sûr ! » Éructa-t-il, « tu es née dans un chou, toi, peut-être ? Tu n'as pas de vrai nom toi non plus, d'accord, mais tu as eu une mère, et elle t'a mise au monde. Moi je suis apparu dans un PUTAIN DE CERCLE D'INVOCATION ! Et j'ai une rune sur le torse, une rune magique, à ce qu'il paraît, qui dit que j'appartiens à un prince-démon ou à je ne sais quelle saloperie à cornes, et qu'il va S'EMPARER DE MOI ! » Hurla-t-il en se frappant le torse du poing. « Il va se servir de moi pour te détruire, te détourner de ton destin, et tout faire foirer ! C'est toi qui m'a encouragé à tout dire à ce connard de peau-verte. C'est un magicien, c'est le seul qui peut m'aider, c'est ce que tu as dit, pas vrai ? Mais maintenant tu penses qu'il ne raconte que des conneries ? Simplement parce que ce qu'il a dit ne te plaît pas ? »

Bhaal avait déchargé toute sa hargne du moment et, après une courte pause consacrée à reprendre son souffle, continua sur un ton plus calme et emprunt de tristesse. « Tu es le héraut de Vardishal et ton destin est de trouver ce Kardswann pour lui coller une tannée. Et peut-être même que les dieux ont prévu pour toi quelque chose de plus grand encore. Les quelques jours que j'ai passé avec toi ont été les plus heureux, les plus vrais de ma vie. Mais c'est trop beau. Ça colle pas. Il y a toujours un prix à payer. Le peau-verte vient de nous dire lequel. »



Alia reçu les paroles de Bhaal comme autant de coups, sa gorge se noua et elle ne put que balbutier. « Non... je ne veux pas... je ne peux pas accepter ça... »



Bhaal regardait son amante avec les yeux de l'adieu. « Je t'aime, mon amour. Je ferais n'importe quoi pour ne pas te faire de mal, pour que tu vives et que tu fasses ce pour quoi tu es faite, mais... Je crois que je ne pourrai pas vivre sans toi. Alors... Autant en finir, » acheva-t-il dans un murmure, en baissant les yeux vers le sol.



Célestin écoutait les deux amants échanger, mêlant colère, rage, tristesse et désespoir. Il essayait d'analyser les éléments qu'ils lui livraient ainsi en vrac, en apprenant plus sur eux. Ainsi, Bhaal était apparu dans un cercle d'invocation ? Et que penser de cette phrase d'Alia, "comme on me l'a interdit à moi aussi" ? Elle aurait été mère ? Ce ne serait pas étonnant, compte tenu de ce qu'elle avait vécu... peut-être même plusieurs fois...

Mais la question présente n'était pas Alia. Celui qui l'inquiétait, c'était Bhaal. Il observa son torse, et la rune qui y était gravée. Les abysses n'était pas son domaine de prédilection, mais il avait quelques connaissances basiques à leurs sujets. Manifestement insuffisantes pour déduire grand chose à partir de si peu d'indices...

« Bien, je crois qu'il faudrait que vous vous calmiez, tous les deux. Si les émotions peuvent être de très belles choses, elles sont également très mauvaises conseillères. »



« T'inquiète pas, » siffla le géant rouge, « on a eu droit à la voix de la raison pendant une bonne demie-heure ! »



Célestin se tourna vers le géant rouge, et souriant à sa réplique, il parla calmement, de sa voix douce et posée. « Ainsi, tu es apparu dans un cercle d'invocation ? Est-ce le seul indice que tu aies de ton passé ? En quoi cela fait-il de toi une créature mauvaise, ou même dominée ? » Il secoua la tête, l'air désolé. Sa voix se fit plus dure. « Est-ce tout ce que Nemlak a trouvé pour te mettre sous sa coupe ? Réfléchis, bon sang ! Tu pars au quart de tour ! En a-t-il seulement la certitude, t'a-t-il donné une preuve, ou n'est-ce que des hypothèses de magicien de pacotille ? »

Il soupira. « Quant à avoir une mère... Oui, Alia a une mère. Et toi non ? Crois-tu que ta vie ait débuté dans ce cercle ? Encore une fois, réfléchis ! Pour être invoqué, il faut exister ! Avant d'apparaître dans le cercle dont tu parles, tu avais une vie, et probablement des parents. Ne vas-tu jamais au fond des choses, Bhaal Unramat ? » Le jeune homme regardait le géant rouge dans les yeux, d'un regard dur qui ne lui était pas habituel.



Alia écoutait le sorcier et elle sentait l'espoir renaitre en elle. Ce qu'il disait avait autant de sens que ce qu'avait dit Nemlak et le ton qu'il employait était tout aussi convaincant. Il y avait une dureté qui lui était inhabituelle et qui rendait ses paroles d'autant plus convaincantes.

Elle se tourna vers Bhaal, essayant de retenir les paroles qui voulaient sortir en flot de sa bouche. Il fallait que le gladiateur l'accepte par lui-même. Cependant, s'il ne voulait pas comprendre elle lui ferait accepter par la force s'il le fallait.



Ce fut au tour de Célestin d'essuyer un regard noir de la part de Bhaal. « Bien sûr que j'y ai pensé, tu me prends pour un crétin ? J'ai eu soixante-quinze années pour y penser ! Que j'ai eu des parents ou non, c'est pas le problème ! » Mais tout en prononçant ces mots, il sut tout de suite que c'était un mensonge. Il avait toujours considéré qu'il était le fruit d'un accident, d'une plaisanterie cruelle des dieux, raison pour laquelle il les avait tant haïs au cours de son existence.

« Non, » reprit-il d'une voix plus mesurée, « Nemlak n'a pas dit qu'il était sûr de lui. Il a dit qu'il devait faire des recherches. Consulter des magiciens plus calés que lui sur les démons. » Il se tourna a nouveau vers son amante. « Tu sais, je ne t'ai pas tout dit à propos de Vardishal. »

Il fit une pause, les yeux baissés, le temps de rassembler ses mots et de trouver la force de révéler ce qu'il savait... Ou tenait pour vrai. « Quand je suis passé de l'autre côté... Dans le temple... Il m'a parlé. Il m'a dit... Il m'a dit que je devais t'aider. Que c'était mon rôle de te protéger. Au début, j'ai cru que c'était dans les combats, mais j'ai vite compris que tu étais assez grande pour te défendre toute seule. Alors, j'ai pensé que c'était de Nemlak. C'est pour ça que j'ai insisté pour que tu te délies de lui. Aujourd'hui, quand on a rencontré la harpie et vous êtes partis faire des messes basses tous les deux, j'ai dit au peau-verte que je le tuerais pour te délivrer, s'il le fallait. Mais tout à l'heure, ce qu'il a dit a eu du sens pour moi. J'ai pensé que le message de Vardishal était peut-être... Que je devais te protéger de moi... »



« Tu devais me protéger... » Alia avait l'impression de s'être prise une gifle monumentale ou qu'on lui avait planté un poignard en plein cœur.



« Mais quel crétin ! » s'exclama Célestin dans un cri du cœur. « Tu es un fieffé imbécile, Bhaal ! Crois-tu que Vardishal t'aurait soigné pour te dire de la protéger de toi ? »




« J'en sais rien, bordel ! Je parle pas avec les dieux, d'habitude ! » Rugit le géant rouge aux abois.




« Je pensais que tu voulais me protéger par amour... pas que tu agissais sur ordre. Et il t'a dit que tu devais coucher avec moi aussi ? C'était pas la peine de tomber amoureux, tu sais, fallait juste aller voir Garavel, il t'aurait sans doute donné l'autorisation, et j'aurai pas refusé. J'ai été élevée pour ça non ? »

Des larmes coulaient à nouveau sur ses joues. Elle n'entendit qu'à peine l'exclamation de Célestin et la réponse de Bhaal, la douleur affaiblissait ses sens. « Je t'enlève cette obligation, si Vardishal est bien en moi, alors je peux parler pour lui. »
Elle regarda Bhaal à travers ses larmes. « Je te l'avais demandé pourtant... tu me l'avais promis... ne reste pas avec moi par obligation mais si tu veux me quitter, fais-le pour de bonnes raisons, ne m'utilise pas comme prétexte de ta fuite. Si tu ne m'aimes plus, je peux le comprendre, mais ne dis pas que tu veux te tuer pour me rendre service. »



Célestin soupira, et prit une main à chacun des amants. « Ne soyez donc pas idiots, tous les deux ! Alia, ne vois-tu pas qu'il t'aime ? Vardishal l'a vu, lui. Pourquoi crois-tu qu'il lui ait demandé de veiller sur toi ? Crois-tu que ce soit un ordre, ou une demande ? Seulement, il est perdu, tout cela est nouveau pour lui. Et je crois qu'il a peur que cet amour finisse par te blesser. » Il se tourna vers Bhaal, poursuivant. « A tort, d'ailleurs ! Bhaal, tu ne la blesseras pas. Vis ta vie sereinement. Si Vardishal a placé sa confiance en toi, c'est parce qu'il te sait capable de mener à bien la tâche qu'il t'a confiée. »
Il les regarda tour à tour. « Alors ça suffit, les scènes de ménage absurdes. Acceptez que vous vous aimez, et que vos vies vont dans le même sens. » Les mains de chacun toujours dans les siennes, il tenta de les rapprocher afin de les unir, un sourire bienveillant sur le visage.




Lorsque les larmes de son amante recommencèrent à couler, Bhaal se sentit mû par une inquiétude nouvelle. Lentement, il se redressa, se mettant à nouveau debout, sur ses deux jambes. L'expression de l'azata faisait peine à voir, et fendit le cœur du demi-démon. Il ne s'attendait pas à cela. Il avait juste éprouvé le besoin d'évacuer tous ses secrets. Il s'apprêtait à lui répondre, mais Célestin le devança et, à sa manière habituelle, faite de douceur et d'une infinie bienveillance, trouva les mots qui lui manquaient.

Au bord des larmes à son tour, Bhaal accepta qu'il prenne sa main et la guide vers celle de sa bien aimée. « Je... Célestin a tout dit. Alia... Ne crois pas que je l'ai fait par obligation, ce n'est pas vrai. Ça aurait pu l'être s'il ne s'était rien passé entre nous, mais la vérité c'est que je l'ai fait parce que je le voulais de toutes mes forces, parce que le monde n'existe pas sans toi. Pardonne-moi de t'avoir caché la vérité. »



Alia laissa Célestin lui prendre la main, elle se sentait vidée de toute force, l'image de Bhaal l'épée s'enfonçant dans sa poitrine en disant que c'était pour elle qu'il faisait ça ne cessait de tourner dans sa tête et lui arrachait le cœur à chaque fois. Lorsque leurs mains se touchèrent, elle s'accrocha à celle de l'homme comme à une bouée de sauvetage tout en secouant la tête en signe de négation.
« Non... je ne peux pas... »
Elle étouffa un sanglot puis comprenant qu'on pouvait se tromper sur ce qu'elle voulait dire elle reprit difficilement.

« Je comprends que tu ne l'aies pas dit, je ne t'en veux pas pour ça... je sais que tu m'aimes. Mais c'est pour ça que je ne peux pas te pardonner... Qu'est-ce que je deviens moi si tu meurs ? J'étais seule avant de te rencontrer, si seule... je ne veux plus l'être. Je t'aime, Bhaal. Tous les dangers je veux les affronter à tes côtés, et je pensais que toi aussi... mais tu as abandonné sans même combattre. Tu m'as abandonnée, tu étais prêt à me laisser seule à nouveau... » Elle le regarda, désespérée. « Prends-moi dans tes bras, s'il te plait, je... j'ai besoin de savoir que tu es vivant. »




Bhaal, qui brûlait pourtant d'accéder au désir de sa compagne, hésita cependant, visiblement mal à l'aise. Il s'approcha doucement d'elle mais, plutôt que de la serrer dans ses bras, posa son front sur le sien et une main sur sa joue. « Attends... Et si Nemlak disait vrai malgré tout ? Tu es prête à prendre le risque ? Et si la Bête revient comme aujourd'hui, plus forte ? Et si ce n'était plus moi en fin de compte ? »



Alia plongea son regard dans celui de l'homme qu'elle aimait plus que tout. « Alors on l'affrontera ensemble. Je préfère prendre le risque et vivre à tes côtés que renoncer à toi alors que rien n'est certain. Tu l'as dit dès le premier jour où on s'est vu, on ne survivra sûrement pas à la prise de Kelmarane, mais le temps qu'il me reste je veux le passer avec toi. »

Elle ferma un instant les yeux et murmura presque. « Et si c'était moi ? Si Vardishal devenait si fort que je disparaissais ? Toi qui déteste les dieux, veux-tu partir maintenant ou es-tu prêt à prendre le risque ? »




Tout en maintenant son contact avec elle, Bhaal se recula sensiblement pour regarder la jeune femme, surpris. « Je... Je n'avais jamais pensé à ça ! » Bredouilla-t-il. Il réfléchit un instant avant de sourire : « mais ça n'est pas son genre. Je ne crois pas qu'il s'en prendra jamais à ce que tu es. Je suis sûr que Célestin trouve aussi que c'est une idée idiote. Je prends le risque ! »
Mais son sourire s’effaça de nouveau alors qu'une sombre pensée traversait son esprit. « Je veux que vous me promettiez une chose, tous les deux. Si... Si jamais le pire advenait... Sans échappatoire possible... Si je me transformais en gros truc qui bave ou je ne sais pas quoi... Vous ferez ce qu'il faut, n'est-ce pas ? Vous ne me laisserez pas devenir un monstre ? »



Alia caressa le visage de Bhaal, laissant courir ses doigts sur la peau du gladiateur. « Je te le promets. Je ferai ce qu'il faut. »



Célestin sourit. Enfin, ils revenaient au calme. Bien qu'ils ne soient pas encore sereins, ils étaient de nouveau sur la bonne voie. Il se permit un trait d'humour en regardant Bhaal. « Tu te transformes déjà en en gros truc qui bave et qui déchiquètes nos ennemis. Tu crois que nous devons faire quelque chose pour ça ? »

Sans lui laisser le temps de répondre, il reprit son sérieux, et poursuivit. « Pourquoi ne pas être venu me voir pour en savoir plus sur tes origines ? Pourquoi ne pas m'avoir fait part de tes questions sur cette rune sur ton torse ? Crois-tu que seuls les magiciens connaissent les démons ? Je connais des personnes au temple de Sarenrae à Solku qui sont tout aussi érudites sur le sujet. J'essaierai de les contacter lorsque nous aurons repris Kelmarane. Peut-être pourront-ils m'envoyer des livres de démonologie qui nous aideront à comprendre ton passé. Et si tu l'acceptes, je ferais un croquis de cette rune, et je l'enverrais pour expertise. »

Il regarda le demi-démon dans les yeux. « Nous trouverons des réponses, Bhaal. Et si elles ne nous conviennent pas, nous ferons ce qu'il faut pour que les choses changent. Rien n'est figé, sois-en certain. Et certainement pas ton futur, ni celui d'Alia. C'est à vous de le construire. »

Se tournant vers cette dernière, il capta également son regard. « Sommes-nous d'accord ? Rien n'est figé. »



Écoutant Célestin, Alia s'en voulut terriblement. C'était elle qui avait insisté pour que Bhaal parle à Nemlak, elle n'avait même pas pensé au représentant de Sarenrae. Elle était tellement ignorante... Elle priait une déesse qu'elle ne connaissait pas, peut-être pourrait-elle apprendre auprès du sorcier ?
Mais maintenant il la regardait, l'air sévère, attendant qu'elle confirme ce qu'il venait de dire, il avait raison bien sûr, du moins l'espérait-elle. La gorge encore nouée par l'émotion, elle se contenta de hocher la tête en signe d'assentiment.




Ému, Bhaal sourit à Célestin et, à son tour, hocha la tête. Il avait trouvé l'amour, mais aussi un véritable ami. « Alors que Nemlak aille se faire foutre ! » Dit-il avant de se tourner vers sa bien-aimée. Maintenant, il pouvait la prendre dans ses bras et l'y garder aussi longtemps qu'elle le voudrait. « Viens... » Elle se précipita sur lui, et il la souleva de terre dans son élan à l'étreindre. « Je ne te ferai plus jamais défaut, je te le promets, ma belle. Je... Enfin, c'est un peu con, mais je te le jure sur ma tête ! »




Alia enfouit la tête dans le cou du géant, respirant son odeur, goûtant sa peau de ses lèvres, elle se sentait à nouveau entière. Elle tourna néanmoins la tête pour regarder Célestin, le regard reconnaissant. « Merci pour tout, Célestin. La Fleur de l'Aube vous a mis sur notre route c'est certain, vous êtes notre ange gardien. Je vous suis redevable. »



Célestin sourit de nouveau, d'un sourire simple et sincère. Il se releva, et s'époussetant les vêtements. « Je pense que vous avez encore des choses à vous dire, seul à seule... Moi, je vais aller rassurer Jyll, qui doit s'inquiéter de ne pas me voir revenir. »
Il se dirigea vers la porte, mais se retourna avant de la franchir. « Si vous avez besoin de quoi que ce soit... N'hésitez pas, n'oubliez pas que je suis là... »
Puis il retourna auprès de l'oracle de Sarenrae, laissant les deux amoureux profiter de cet instant de calme et d'un semblant de sérénité.

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Offline Ilmakis  
#29 Envoyé le : samedi 8 octobre 2016 16:27:16(UTC)
Ilmakis
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Célestin et Nemlak : de l'aube au crépuscule


11 Desnus 4709 : le monastère, fin d'après-midi


Après son entrevue avec Bhaal et Alia, Célestin était allé rassurer Jyll. Il resta encore quelques temps en sa charmante compagnie, dont il aurait bien profité encore s'il n'avait eu un travail à effectuer pour le lendemain.
Aussi se résigna-t-il à prendre congé d'elle et à se diriger vers la laboratoire, après être allé chercher ses affaires d'alchimie dans leurs quartiers. Alia et Bhaal ne s'y trouvaient plus, ils devaient probablement être allés chercher un endroit tranquille pour profiter d'un moment de sérénité n'appartenant qu'à eux... Du moins, l'espérait-il.
D'un mot, une lumière magique se mit à émaner de symbole sacré, et il s'enfonça dans l'obscurité de l'escalier menant au laboratoire.



A la surprise de Célestin, le laboratoire était déjà éclairé. Non par la magie, mais par une simple bougie déjà bien entamée. Nemlak était présent, travaillant apparemment sur un parchemin. Il ne sembla pas réagir à la présence du suivant de Sarenrae.




Le jeune artisan marqua un temps d'arrêt arrivé en bas de l'escalier. Le demi-orque était présent. Devait-il lui faire part de sa mauvaise influence sur Bhaal et Alia ? Ou devait-il au contraire la taire ?
Il s'avança dans la pièce et commença à installer ses affaires, délicatement. Malgré toutes ses précautions, le bruit des fioles et autres matériels qu'il entreposait résonnait, couvrant le grattement de la plume de Nemlak sur son parchemin.
Il ne put s'empêcher de jeter un regard à la dérobée à celui-ci. Les cris d'Alia et Bhaal étaient-ils parvenus jusque là ? En tout cas, si c'était le cas, ça n'avait nullement perturbé le magicien.



Dérangé dans sa concentration, Nemlak ne put s'empêcher de réagir. Se retournant vers Célestin, il lui dit d'une voix excédée : « Vous vous êtes tous donné le mot pour m'emmerder aujourd'hui ou quoi ! J'aurais mieux fait d'établir mes quartiers dans l'ancien temple de Néthys. Au moins là, il n'y a que le silence et ses rares habitants sont définitivement silencieux... »



Sursautant au ton de la voix du magicien, Célestin manqua faire tomber une fiole, qu'il rattrapa de justesse. Après l'avoir reposée convenablement, il se tourna vers Nemlak. « Ce n'est qu'un juste retour des choses mon cher ami. Tu te plais à pourrir la vie des autres. Il est normal que les autres te pourrissent la tienne. »
Il commença son travail, disposant en ordre tout ce dont il aurait besoin pour créer une potion destinée à guérir les blessures. « Mais soit rassuré. Ce n'était pas mon intention première. Je prépare une potion de guérison en vue des combats de demain. J'en ai pour deux heures, après quoi tu auras de nouveau le laboratoire pour toi seul. »



« Juste ? Sais-tu seulement ce que juste veux dire ? Toi qui as été élevé dans la soie, les honneurs et la vie facile tu penses être capable de me donner une leçon de vie ? Laisse-moi rire ! Enfin, je ne crois pas que nous soyons amis. C'est un terme pour lequel j'ai trop de respect pour l'utiliser à mauvais escient. »
Nemlak tenta de retourner à l'écriture de son parchemin.



« Tiens, on croirait entendre Bhaal. » laissa tomber le jeune homme sans s'arrêter dans sa préparation.
« Vous êtes tellement égocentrés. Pour vous, vous êtes les seuls à avoir souffert. Pour vous, les autres sont incapables de vous comprendre. La vie des autres est tellement plus facile. Mais non ! Ce n'est qu'envie, jalousie, colère, rancœur et haine que tout ceci. »
Il soupira. « Sors de ta bulle, Nemlak, et observe le monde. Tu en découvriras bien plus sur celui-ci que dans tes livres. A commencer par apprendre à connaitre et apprécier les gens qui t'entourent. »



« Au moins mes livres ne parlent pas. »





« ...et ne te livrent que ce qu'un autre à bien voulu y écrire. Comptes-tu te laisser dicter ce que tu dois penser par les essais des autres ? Ou comptes-tu à un moment donné apprendre toi aussi à vivre par toi-même ? » Célestin savait qu'il se montrait injuste. Il ne connaissait rien de la vie de Nemlak. Mais il voulait le pousser à réagir, à s'ouvrir à lui.



Nemlak s'arrêta d'écrire, posant sa plume et regarda droit dans les yeux le jeune homme.
« Cela fait plus de quinze ans que j'ai appris à vivre par moi-même et depuis encore plus de temps que je suis jugé par des gens comme toi, alors s'il-te-plaît laisse tomber ton masque de bonté et de charité et mets-les toi bien profond dans l'fion. L'avantage d'être silencieux ou d'être exclu, c'est qu'on a une meilleure vision du monde qui nous entoure, les hypocrisies, les lâchetés, les mensonges du quotidien. Contrairement à ce que tu pourrais penser, je suis tout sauf égocentrique, ma personne n'a que peu de valeur même à mes yeux, seuls comptent les buts que nous nous sommes fixés. Le mien est à portée de main et je compte bien l'atteindre. »



« Eh bien ! Encore une chose qui te rapproche de Bhaal. » sourit le jeune artisan, sans se laisser démonter. « C'est incroyable comme vous pouvez être semblables. »
Il soupira. Qu'avaient-ils tous à porter aussi peu d'intérêt à leur propre vie ? « Ta propre personne n'a que peu d'importance ? La vie est une chose importante, Nemlak. Peu de buts peuvent être assez définitifs pour qu'on puisse y laisser la vie sans pouvoir s'assurer qu'ils demeurent après nous. »
Il mélangea quelques ingrédients. « Et la vie, si elle est faite de buts, est aussi faite de sentiments et d'émotions, qu'on partage avec les autres. Tu es proche d'atteindre ton but ? Parfait ! Et après ? Avec qui vas-tu t'en réjouir ? Seul ? Et après ? » répéta-t-il. « Quel sera ton prochain but ? Ta vie n'est-elle qu'une succession de buts à atteindre, jusqu'à ce qu'elle s'éteigne, ne laissant derrière elle rien d'autre que le souvenir d'un demi-orque triste et isolé, courant après... après quoi, au juste ? »



Avec un sourire mauvais Nemlak répondit : « La vie a effectivement un prix, et il est affiché tous les jours sur les marchés de Katapesh ! » Il continua d'un ton sarcastique. « Quant au fait de laisser sa vie pour un but, n'est-ce pas là le thème des plus grandes balades des héros des temps anciens ? Des héros du Bien ? »
« Quant aux émotions, sentiments et autres, bien entendu ! Nous ne sommes pas des extérieurs sans âme contrairement aux serviteurs des dieux. »
Puis d'une voix froide et dénuée de sentiment, il rajouta : « Mais c'est aussi un outil qu'on peut utiliser à ses propres fins et cela est bien plus intéressant... »
Avant de reprendre sur son ton sarcastique : « Et toi ? Pour quelles raisons es-tu ici ? Quelles erreurs t'ont obligé à nous rejoindre ? Quel serment t'es-tu toi-même infligé pour te pousser jusqu'aux confins du désert ? »



Célestin se remit à travailler sur sa potion, tout en répondant d'une voix douce. « Ni erreur, ni serment. Juste une amitié et une loyauté sans faille pour celle avec qui j'ai grandi, et au service de laquelle je suis depuis ma plus tendre enfance. »
« Tu vois, Nemlak, quand nous aurons repris Kelmarane, j'aurais aidé Amlah à atteindre son but. Et nous pourrons le fêter ensemble, partageant notre joie. Et puisque nous aurons survécu, parce que nous pensons que nos vies ne valent pas rien, nous pourrons travailler ensemble à notre prochain but. Et de nouveau partager nos joies, nos peines, nos doutes. Compter l'un sur l'autre, et surmonter les épreuves ensemble. Et toi, comment ça se passera pour toi ? Vas-tu partager tes joies et tes peines avec tes livres ? » demanda-t-il sur le même ton sarcastique qu'avait utilisé le demi-orque.
« Dire que tu passes ta vie dans les livres, et que tu n'en comprends même pas les nuances. » poursuivit-il. « Les héros dont tu parles sont ceux des tragédies. Il ne s'agit que d'une partie des héros de notre monde, ou de nos légendes. Mais tu oublies ceux qui sont restés en vie. Tu oublies Sarenrae, toujours présente après avoir aidé à enfermer Rovagug. Tu oublies Iomédae, qui était encore humaine lorsqu'elle a vaincu Le Tyran Qui Murmure. Et Vardishal, qui a poursuivi sa vie après avoir gagné la guerre contre les éfrits. »



« Et a été abandonné par sa déesse et a été laissé pourrir dans ce lieu abandonné à la souillure d'adeptes de la Mère des Monstres. Belle récompense pour un Saint ! Ah Ah ! »
« Que cherches-tu donc ici ? Qu'as-tu donc à te faire pardonner pour vouloir aider chacun ? N'as-tu pas trouvé la rédemption que ta déesse offre ? »
« Pour ma part, le voile de la bonté ou de la malfaisance s'est levé, mon regard porte désormais au delà. Au delà des livres, au delà des dieux qui nous imposent leurs visions. Je vois le monde tel qu'il est réellement. Gris. »
Nemlak continua son humour revenu. « Finalement, je t'envierais presque ! A toujours voir le bon côté des choses, à espérer du mieux des gens que tu rencontres. La vie t'est finalement aisée. »
« Tu es comme Alia, tu te voiles la face de bonté pour ne pas voir la vérité crue de ce monde. C'est pratique, c'est ... facile. »



Relevant le nez de ses mélanges, Célestin porta un regard surpris sur Nemlak. « Oh tu te trompes, Nemlak. Je sais pertinemment que ce monde est cruel. C'est pour ça que je cherche à aider chacun. A faire ressortir le meilleur d'eux-mêmes. Si je peux atténuer les souffrances de ceux qui sont autour de moi, c'est déjà une victoire pour ce monde. Une toute petite victoire, certes, mais une victoire quand même. »
Un sourire amusé, même ironique illumina son visage à la lueur de son symbole sacré. « Et tu trouves ça facile ? La facilité, c'est de rester en dehors du monde. Y pénétrer et chercher à le changer n'a rien d'aisé. Veux-tu essayer de venir ne serait-ce qu'une semaine dans mon monde ? Être à l'écoute des autres, les aider, les pousser de l'avant, améliorer leur quotidien, soigner leurs blessures aussi bien physiques que morales ? »



Avec un sourire identique à celui de Célestin Nemlak répondit : « Cruel ? Non, je n'ai jamais dit cela. Gris est le terme que j'ai employé. Dans ce monde il y a autant de bien que de mal, autant de cruauté que de bonté. »
« Et pourquoi crois-tu que je pousse Alia et Bhaal dans leurs retranchements ? Par plaisir ? Bien sûr, c'est une mes petites joies quotidiennes. Par altruisme ? Non, mais pour les pousser à réfléchir par eux-mêmes. A voir au-delà de leur statut d'anciens esclaves. A leur rendre leur liberté individuelle qui leur a été volée par leur statut, leurs maîtres, leurs passions... Lorsque nous nous séparerons, ils auront les outils pour survivre dans le gris. Peut-être choisiront-ils la voie de la bonté ? Peut-être choisiront-ils la voie de la cruauté ? Ou peut-être choisiront-ils un entre-deux. Leur choix final m'indiffère, mais je veux qu'ils puissent faire ce choix, en toute liberté. Toi, tu veux leur imposer Ta vision. »
« Je ne suis pas hors du monde, je suis en son cœur Célestin, c'est juste que tu ne le vois pas car tu es à sa périphérie. »



« En son cœur ? » s'exclama Célestin. « En son cœur ? » répéta-t-il, incrédule, sa voix montant d'un octave. « Mon pauvre Nemlak, tu te voiles la face tout autant que moi il faut croire. Le monde n'est pas gris, il est fait de couleurs. Chatoyantes, ternes, gaies et tristes. Et le gris n'en est qu'une nuance parmi tant d'autres. »
Il secoua la tête, un sourire amusé aux lèvres. « Tu leurs offres la liberté, dis-tu ? Non. Tu leur offres la souffrance de ton monde terne et triste, celle de ta solitude. Tu les pousses dans leurs retranchements ? Mais lesquels, au juste ? Ceux de la colère, de la haine. Connais-tu autre chose que ces sentiments ? Pourrais-tu les pousser dans leurs sentiments les plus beaux, les plus nobles ? Ne sont-ce pas aussi là des retranchements que tu devrais leur faire explorer, si tu veux leur donner toutes les armes nécessaires à leur liberté ? Non, bien sûr. Car si tu es persuadé de tes dires, c'est que tu te mens. Ce n'est pas leur liberté qui t'intéresse. C'est de leur transférer ta rancœur. Tout en toi transpire l'homme qui a souffert, et qui veut voir souffrir les autres. Mais tu es trop fier pour en parler, n'est-ce pas ? »
Il soupira, et baissa de nouveau la tête sur son travail d'un air triste. « J'avais espéré pouvoir t'aider, toi aussi. T'aider à combattre cette peine qui te rend si amer. Mais je ne peux aider que ceux qui souhaitent l'être. Pas ceux qui se complaisent dans leur chagrin et se laissent ronger par la haine. »



Nemlak éclata d'un rire tonitruant ! « AH AH AH AH AH AH ! »
Après quelques secondes de fou rire il reprit, amusé, un sourire franc aux lèvres. « Merci Célestin, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri ! As-tu fais l'école du cirque ? Ou est-ce naturel chez toi ? Non, franchement, il faudra définitivement que tu m'apprennes ton truc pour dire de telles âneries avec un tel aplomb et une telle franchise. »
Avec plus de sérieux, mais le sourire toujours aux lèvres il continua : « Si tu veux m'aider, occupe-toi donc de tes "amis". Il semblerait qu'après ma discussion avec eux ils n'aient pas bien pris la vérité et je suis sûr que tu seras capable de leur remonter le moral rien que par ta présence. »



« C'est déjà fait. » laissa-t-il tomber. Il continua son travail, silencieux pendant quelques instants.





« Ah ? Très bien, je vais donc pouvoir finir mon travail ici sans plus de dérangement. »





Soupirant de nouveau, Célestin releva la tête vers Nemlak. « Que leur as-tu dit exactement, qui pour toi paraisse être la vérité ? »





Nemlak se retourna vers Célestin, de nouveau irrité. « J'ai passé suffisamment de temps avec eux pour ne pas en reparler ici. Posez-leur la question, ce sont VOS amis après tout. »




Célestin haussa un sourcil surpris au soudain vouvoiement du magicien. « Je préfère vérifier mes informations à la source. Surtout lorsque je compte travailler sur le sujet. »
Il observa la réaction du demi-orque. Serait-il enclin à collaborer ? Il en doutait, mais il fallait essayer...
« Comptes-tu aider Bhaal à résoudre son problème ? »



A son tour, Nemlak haussa un sourcil. « Ne te l'ont-ils pas dit ? J'ai donné ma parole de l'aider. Pourquoi m'en dédirais-je ? »





Le jeune homme secoua la tête négativement. « Tu dois te douter que notre discussion a été assez décousue, et que mon rôle avant tout a été de les calmer. Je n'ai pu que glaner quelques informations, probablement partielles, voire déformées par leurs émotions. »



« Que t'avais-je dit sur les émotions ! »





Célestin sourit. Il s'attendait à ce qu'il revienne à la charge là-dessus. « Les émotions sont nécessaires, Nemlak, et il est bon de les exprimer. Mais elles sont aussi mauvaises conseillères. Il faut simplement qu'ils apprennent à ne pas prendre de décision sous leur influence. Mais ce sera un long apprentissage. »



« Je suis heureux de te l'entendre dire. »





« Mais on s'éloigne de la question. Je compte également les aider. Nous pourrions mettre nos connaissances en commun, si tu l'acceptes. »



« Pourquoi ne le ferais-je pas ? »





« Qu'en sais-je ? Tu n'es pas l'homme le plus facile à comprendre que je connaisse. »
Il sourit. « Si j'ai bien compris, tu leur as soumis une hypothèse qu'ils ont pris pour argent comptant. Une histoire de seigneur démon ? Mais es-tu sûr de toi ? »



« Lorsque Bhaal s'est exprimé en abyssal pendant le combat, qu'as tu compris ? »





« Rien. Je ne parle pas l'abyssal. » Célestin se remémora la scène. « Mais j'ai eu l'impression que ce n'était pas sa façon de s'exprimer. Quant à la magie utilisée... C'était un sort de faible puissance, c'est certain, et personnalisé. Étonnant pour quelqu'un qui disait détester la magie il y a quelques jours... »



Reprenant une voix simple, il commença à expliquer à Célestin ce qu'il pensait. « Il a clairement perdu le contrôle de ses actes et la puissance abyssale qui l'anime a pris le dessus. Son histoire a clairement confirmé le fait qu'il venait directement d'un autre plan. »
« Les abysses sont une puissance chaotique et maléfique. Les Princes Démons qui président aux strates privilégient parfois la destruction, mais d'autres sont plus subtils. Ils corrompent insidieusement. Je pensais que Bhaal appartenait à la première, mais son absence d'ombre me fait penser à la seconde. »
« Le lien fusionnel qu'il entretient avec Alia et sa part angélique est du pain béni pour une telle entité. Vardishal s'est révélé au moment où Bhaal était sur le point de mourir, c'est ce qui a déclenché je pense le retour de son créateur à travers lui. »
« La première étape serait de toute façon de savoir à quelle entité la rune qu'il porte sur le cœur appartient. Cela nous donnera une première idée. Je ne pense pas que le danger soit immédiat, pour nous, eux ou notre mission. »



Assimilant rapidement toutes ces données, Célestin réagit à une information qu'il n'avait pas. « Une absence d'ombre ? Quelle absence d'ombre...? » fit-il, surpris. Il se reprit immédiatement, et parla d'une voix hésitante, comme quelqu'un ayant une idée et cherchant des éléments pour l'étayer. « Dis-moi... Tu l'as remarquée quand ? »



« Tout-à-l'heure, lorsque la lumière de la bougie ne projetait aucune ombre sur le mur devant lequel il se tenait. »





« Hmm... C'est bien ce que je pensais. » Sans s'en rendre compte, Célestin se mit à caresser sa barbe soigneusement taillée, avant de prendre son menton entre le pouce et l'index. « C'est étrange, non ? Normalement, ça n'aurait pas dû passer inaperçu auprès d'autant de monde, et si longtemps. Ce qui signifie qu'il y a probablement un enchantement quelconque empêchant de s'en rendre compte. Autrement dit, cette ombre a une importance certaine. On pourrait même penser qu'elle existe, quelque part. Pourquoi n'est-elle pas avec lui ? Se pourrait-il qu'elle serve de lien entre lui et le seigneur démon dont il dépendrait ? Une sorte de méthode pour le contraindre ? »
Le sorcier arrêta son geste et récupéra la fiole qui se trouvait devant lui, la fixant du regard. « Il est apparu dans un cercle d'invocation. Nous savons d'ores et déjà qu'il ne s'agit pas d'une convocation : elles sont de trop courte durée. Il s'agirait donc d'un appel. Mais cela nécessite généralement de connaître le nom de l'entité invoquée. »
Il se tourna vers Nemlak. « Bhaal m'a fait part du fait que ce ne soit pas son véritable nom. Peut-être que son véritable nom se trouve dans les archives du lieu où il a été invoqué ? T'a-t-il dit où c'était ? »



« Oui, mais s'il ne vous l'a pas dit ce n'est pas à moi de le faire. »
« Pour ce qui est de son invocation, apparemment elle ne s'est pas passée correctement pour l'invocateur. Il se peut que l'entité qui l'a envoyé avait un plan pour lui. Pour ce qui est de son ombre, c'est une piste intéressante et à creuser. »



« Quand comptes-tu arrêter de passer du tutoiement au vouvoiement, et vice-versa ? » s'amusa Célestin.
Il remua quelques décoctions, et poursuivit. « Je crois surtout qu'il avait les pensées trop embrouillées pour tout me dire. Mais peu importe. Je le lui demanderai. Il pourrait être intéressant de contacter ce lieu, ou de s'y rendre. »
Il continua : « Tu sais, tu l'as beaucoup ébranlé avec tes hypothèses. Mais rien n'est certain. Sans savoir de quelle strate il provient, de quel démon il dépend, ni même s'il en dépend encore, il vaut mieux se montrer prudent avec les conclusions tirées trop rapidement. D'autant plus qu'il ne nous avait pas tout dit. Même à toi... Sais-tu que Vardishal s'est adressé à lui ? »



« Pas directement, mais j'ai cru comprendre que d'une façon ou d'une autre oui, il s'était adressé à lui. »





« Il lui a dit de protéger Alia. » l'informa Célestin. « S'il avait décelé une présence démoniaque, je doute qu'il lui aurait demandé une telle chose. Et en tout cas, Vardishal a un plan pour eux. Quel qu'il soit, effectivement, je pense qu'ils ne seront pas un danger pour la reprise de Kelmarane. Mais dès que ce sera fait, je compte contacter le temple de Sarenrae à Solku pour essayer d'en apprendre plus sur la démonologie. D'après ce que j'ai compris, de ton côté, tu penses contacter des magiciens plus spécialisés que toi dans l'invocation ? »
Il conclut : « Lorsque nous aurons obtenus plus d'informations, nous pourrons les croiser pour tenter de démêler tout ça. »



« Vardishal est comme toi, il ne voit que le bien. En tant que saint de Sarenrae, il ne voit que la rédemption. Peut-être espère-t-il que Bhaal la trouve en protégeant Alia ? De toute façon, les entités célestes ou abyssales ne sont pas omniscientes... »
« Pour ce qui est de démêler l'écheveau des possibilités oui, je compte bien appeler quelques faveurs de la part de collègues spécialisés dans les Arts de l'invocation. »
« Sinon, je ne suis pas certain que faire appel à l'église de Sarenrae soit une si bonne idée. »



« Tu ne seras pas surpris si je te dis que j'ai foi en eux ? » plaisanta Célestin. « J'ai de bons contacts au temple. J'y officiais pendant mon temps libre. Mais ne t'inquiète pas, je ne compte pas tout révéler. Seulement leur demander un coup de main. »
Il jeta un regard interrogatif au demi-orque. « Mais dis-moi ? Toi... Pourquoi veux-tu aider Bhaal ? Est-ce seulement par curiosité intellectuelle ? »



« Je n'ai aucune envie d'aider Bhaal. Mais chaque chose à un prix. Pour être certain que Bhaal n'était pas un danger pour nous, je lui ai promis de l'aider et c'est ce que je compte faire. Pas par envie, pas par altruisme, mais parce que chaque chose a un prix. »




« Tu as dû être marchand dans une autre vie... » s'amusa Célestin. « En ce qui me concerne, le bonheur des autres est ma récompense. »
Il regarda son travail à peine avancé sur la table d'alchimie et soupira. « Bon... Cette potion ne va pas se faire toute seule... »



« Non, je le suis devenu par la force des choses. » Répondit Nemlak avant de se replonger dans le silence de l'écriture de son parchemin.

Modifié par un modérateur lundi 10 octobre 2016 00:15:28(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Offline Guigui.  
#30 Envoyé le : samedi 8 octobre 2016 22:12:59(UTC)
Guigui
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Alia et Bhaal : la prière


11 Desnus 4709 : le monastère, début de soirée


près le départ de Célestin, les deux amants restèrent comme figés dans leur étreinte. Alia était toujours suspendue au cou du géant, le visage enfoui dans sa nuque, lui donnant un baiser qui ne cessait pas. Pour son confort, Bhaal lui fit un siège de son avant-bras, et elle passa ses jambes autour de ses hanches.

Il restèrent ainsi plusieurs minutes, incapables de se défaire l'un de l'autre. Bhaal, cependant, commença à fatiguer et à s'agiter. Il lui sembla qu'il leur manquait quelque chose pour parfaire ce moment, ou plutôt quelqu'un. Seul entre tous, l'esprit du saint pouvait partager leurs moments les plus secrets.
« Alia... » Murmura-t-il, « allons chez nous. Allons le voir. Tu veux bien ? »



Alia ne bougeait pas, elle restait emmitouflée dans la chaleur de son amant, le souffle régulièrement entrecoupé de sanglots secs, ses lèvres posées sur la carotide masculine, elle ne se lassait pas de sentir les battements de cœur de l'homme qu'elle aimait. Il était vivant. L'image de Bhaal cherchant à se suicider ne cessait de la hanter et l'affrontement l'avait épuisée.

Lorsque le gladiateur lui murmura sa question, elle hocha la tête sans ouvrir les yeux et sans esquisser le moindre mouvement pour se détacher de l'homme. Elle eut juste la force de murmurer : « M'oui... je veux y aller... »



Comme si cela était parfaitement naturel, Bhaal n'envisagea pas une seconde de déposer son amante sur ses pieds. Elle était, en cet instant, parfaitement à sa place. Cherchant autour de lui, il avisa une couverture qu'il avait jetée dans un coin lorsqu'il avait, l'espace de quelque secondes, fouillé frénétiquement ses affaires. Il s'avança et, posant un genou en terre, parvint à la récupérer et à la jeter sur son épaule sans déranger sa bien aimée.

Ils sortirent ainsi, Bhaal transportant sa compagne cramponnée à son cou, et arpentèrent les couloirs du monastère pour rejoindre le sanctuaire secret qui se trouvait de l'autre côté du bâtiment. La soirée approchait et le camp, silencieux et calme sous la chaleur écrasante de l'après-midi, connaissait un regain d'activité à l'approche du repas du soir et de la joie des feux de camp.

En passant devant le réduit dévolu à Dashki et qui était devenu sa prison, Bhaal croisa le regard des deux gardes en faction devant la porte. Le voyant ainsi chargé, ils échangèrent un sourire complice et s'apprêtaient à apostropher le couple avec quelque remarque obscène mais le regard du géant rouge était sans équivoque quant à la façon dont la plaisanterie serait reçue. Immédiatement refroidis, les gardes préférèrent s'intéresser à leurs pieds pendant un instant. Enfin, ils parvinrent à la petite pièce qui abritait, depuis trois jours maintenant, leurs secrets et leurs amours. Bhaal installa la couverture d'une main et du mieux qu'il put avant de s'allonger sur le dos. Alia, maintenant au-dessus de lui, n'avait toujours pas bougé.

Déchargé de son fardeau, le géant rouge passa une main dans les cheveux de sa compagne, et l'autre autour de son dos, et la caressa ainsi un long moment, bougeant légèrement par moment dans sa quête de la position idéale pour s'emboîter au mieux avec elle, pour être au plus près d'elle. Au-dessus d'eux, le saint les regardait du regard assuré et bienveillant du propriétaire qui se sait chez lui et dans son bon droit.



Alia eut à peine conscience du trajet à travers le monastère, elle restait accrochée à Bhaal comme à une bouée de sauvetage. Arrivés dans leur pièce, un calme nouveau envahit la jeune esclave, elle ressentait la présence de Vardishal avec plus d'acuité et il la réconfortait. Elle se pelotonna contre le torse du gladiateur lorsqu'il s'allongea, ses doigts caressaient les pectoraux à travers la tunique déchirée. Les sanglots s'espaçaient pour disparaître totalement.

Les mouvements du démon pour se trouver une place agréable se répercutaient contre les hanches de l'azata et une chaleur agréable partant de son ventre l'envahissait. Elle posa de nouveau les lèvres dans le cou de l'homme sous elle cependant leur nature avait changé, ils étaient plus sensuels, plus précis. D'une voix éraillée par le désir, elle murmura le nom de son amant. « Bhaal... tu es vivant... »



L'esprit d'attente et de recueillement fusionnel dans lequel le couple s'était installé se mit à changer subtilement. Les mains de Bhaal répondirent aux baisers d'Alia en s'attardant sur ses fesses et ses cuisses. Il sentait le désir monter en elle et, par ricochet, monter aussi en lui. « Oui, je le suis, mon amour... » répondit-il, « Tu m'as sauvé de moi-même. Mais je ne te faillirai plus, je te le promets devant lui. Tu ne seras plus jamais seule, Alia. »



Alia se redressa légèrement plongeant son regard dans celui de Bhaal. « Nous ne serons plus jamais seuls... Toi non plus tu ne seras plus seul... »
Elle posa ses lèvres sur les siennes afin de sceller cet engagement. Très vite, le tendre baiser se teinta de passion, elle gémit doucement en parcourant les lèvres de sa langue et ses hanches se mirent à onduler sur celles du géant.
Sans hésiter, les mains expertes de la jeune fille parcoururent le corps viril afin d'écarter les barrières de tissus que formaient ses vêtements. Elle avait besoin de lui en elle maintenant, elle avait besoin de sentir sa vie pulser en elle.



Désormais totalement abandonné au désir de sa compagne, Bhaal la dévêtit à son tour, quoi que bien plus maladroitement. Comme à chaque fois qu'ils faisaient l'amour, Bhaal se sentait comme un enfant entre ses bras. Elle lui faisait découvrir tout un monde nouveau et, sur le navire qui les emportait tous deux sur ces mers inconnues, c'était elle, sans conteste, le capitaine.

Lorsque les corps furent rassasiés, ils s'écroulèrent l'un sur l'autre, ramenant la couverture sur eux pour conserver la chaleur de l'amour dans le froid naissant de la nuit. Dehors, ailleurs, partout sauf là où ils étaient, le monde tournait et les hommes mangeaient et riaient. On fêtait probablement leur victoire du jour sur les gnolls de Kelmarane, mais ils n'en avaient cure. Ils restaient ainsi, les yeux grands ouverts dans le noir de la nuit qu'ils perçaient tous deux comme en plein jour, à écouter leurs respirations et leurs battements de cœur.
Puis, soudain, la voix grave du géant rouge rompit le silence. « Alia... Comment... Comment tu sais qu'il est là ? Qu'est-ce que tu ressens ? »



Alia se redressa à nouveau pour regarder son amant, les joues encore colorées par la passion, elle se mordilla les lèvres, réfléchissant à la question. « Je ne sais pas trop... Je le sens en moi, c'est une sorte de chaleur qui vient de là, au plus profond. »

Elle prit la main du démon et la posa au dessus de son ventre. « Il est encore très faible, comme s'il s'éveillait à peine mais je ressens ses émotions. Je sais quand il est heureux, quand il est en colère... Il me soutient et me réconforte... Et je sais qu'il est heureux pour nous. A chaque fois que je suis avec toi, je sais qu'il approuve. »



L'ancien gladiateur sourit à cette idée. « Moi je ne le sens pas...Mais je sais que je l'ai vu, » dit-il simplement. Il leva les yeux vers le saint, cherchant ses mots, avant de reprendre sur un ton plus grave. « Ça va trop vite, c'est trop fort. Je crois qu'on est complètement dépassés. On s'aime tellement que... qu'on se fait parfois du mal. »

« Je t'ai fait beaucoup de mal aujourd'hui, parce que j'ai eu très mal moi-même, » dit-il d'une voix blanche en plongeant son regard dans celui d'Alia. « Je ne sais plus du tout ou j'en suis. Tout ce que j'ai cru toute ma vie est en train de s'écrouler. Je détestais les dieux et voilà qu'un saint bienveillant veille sur nous. Je détestais la magie et voilà que j'en fais. Je détestais les maîtres et voilà que notre maîtresse nous demande de commander à ses hommes et s'inquiète de nous. Je pensais que l'amour n'était pas pour moi et tu es venue, et plus rien d'autre ne compte. »

Il laissa passer un instant, hésitant à achever : « je... je croyais que la Bête m'aiderait toujours... Et voilà que je dois me méfier d'elle aussi. »



Alia regardait calmement Bhaal, l'écoutant avec attention. Maintenant ils pouvaient parler sans se hurler dessus ou sans éclater en sanglots.
« Je te comprends, tu sais, je suis perdue également. Tout va trop vite, oui. J'ai toujours eu peur des maîtres ou des maîtresses que j'ai eu, surtout ceux qui paraissaient les plus gentils. Ils se montraient charmants jusqu'à ce qu'ils changent d'humeur et te punissent plus fort que les autres. On m'a appris pendant toute ma vie que je n'avais pas de personnalité et que je devais avoir une autorisation pour chacun de mes gestes... J'avais fini par croire que je n'étais qu'un objet vivant. Et puis... puis je t'ai rencontré, Vardishal est entré dans ma vie et dans mon âme, la Princesse semble vraiment se soucier de nous... Nous pouvons agir sans en demander le droit, nous ne sommes pas châtiés si une parole ne plait pas à un homme libre, et... nous pouvons être ensemble... »

Elle posa sa bouche contre celle de son homme pour un baiser tendre, puis elle le regarda à nouveau. « Je ne sais pas pour la Bête... jusqu'à présent elle nous a sauvés et je ne peux pas croire qu'elle soit une menace. C'est pour lutter contre le Mal émanant de la prêtresse qu'elle a changé et... ce n'était un pouvoir qui tue, c'était un bouclier. Elle t'a protégée, Bhaal... Oui, tu viens des Abysses, oui tu portes une rune étrange, mais tu n'es plus aux Abysses. Tu en es sorti et s'ils veulent t'y ramener, envoie-les chier ! Tu n'es pas un faible, tu vas être libre, personne ne fera de toi à nouveau un esclave. Et je serai à tes côtés, tant que tu voudras de moi, je serai à tes côtés. »



« "Tant que tu voudras de moi", » répéta-t-il. C'était tellement incongru. « Comment pourrais-je imaginer ne plus vouloir de toi ? » Demanda-t-il en passant sa grosse main sur la joue d'Alia. « Mais écoute. Ne crois surtout pas que la Bête soit comme Vardishal dans un miroir. Quand elle s'empare de moi, la seule chose à laquelle je pense, c'est tuer et détruire tous mes ennemis. Je ne l'ai jamais perçue comme... cruelle, c'est plutôt de la sauvagerie brute... Mais elle est entièrement tournée vers la destruction, et elle a toujours faim. Pour le bouclier, je ne sais pas, tu as peut-être raison, mais si c'est le cas, c'est moi qu'elle protège, et personne d'autre. Peut-être que mon destin est d'être à tes côtés pour utiliser cette force contre tes ennemis, j'en sais rien... Mais elle me pousse à tuer. J'ai déjà failli éventrer Nemlak plusieurs fois... Je serais condamné à mort à l'heure qu'il est, si tu n'avais pas été là... Et toi tu serais seule à nouveau. Alors sois sûre d'une chose : la Bête n'est pas notre amie. »



« Elle n'est pas notre amie oui, tu as sûrement raison, mais elle n'est peut-être pas notre ennemie. Elle ne fait pas que te protéger, tu sais ? Parce qu'en le faisant, elle t'empêche de tomber, en attaquant tes ennemis et en voulant les détruire, elle les empêche de me frapper ou d'attaquer Célestin. Oui, elle cherche la destruction et elle te pousse à tuer, mais tu ne tues que ceux qui nous menacent. Et pour Nemlak, tu as voulu le tuer oui, mais tu ne l'as pas fait. Peut-être... peut-être que tu peux apprendre à mieux la contrôler ? »



« Ouais, et bien, tu as vu ce qui s'est passé aujourd'hui ? Ça n'en prend pas le chemin ! » Grogna Bhaal. Après une courte pause, il reprit : « tu disais que tu sentais Vardishal s'éveiller et devenir plus fort... Et on peut s'en réjouir, je crois. Mais je sens que la Bête, elle aussi, devient plus forte. Elle tourne en rond, elle gratte les murs, elle essaie de ronger sa corde. Ça me démange à l'intérieur. Dans le meilleur des cas, ça sera juste une crise passagère, mais mon instinct me dit qu'elle ne peut pas être mieux contrôlée. Tu as déjà parlé à des dompteurs de fauves ? Moi oui, et souvent... Dans l'arène, bien sûr. Tu ne trouveras pas un dompteur pour te dire qu'il contrôle vraiment ses animaux. Pas un. Les rares fous qui pensent ça sont morts, éventrés ou égorgés par leurs fauves. »

Le gladiateur fit aller et venir sa main dans le dos d'Alia et la regarda droit dans les yeux. « Non, ma belle. La vérité, c'est qu'il n'y a que toi pour la contrôler. Toi seule au monde. Enfin... Je ne sais pas si c'est toi ou Vardishal en toi, du reste. Mais je pense que ça n'est pas lié à l'amour que j'ai pour toi, car on n'était pas ensemble la première fois que c'est arrivé. Je te trouvais très belle, bien sûr, mais dans mon esprit tu étais une esclave pour les maîtres. Et je n'imaginais même pas... Enfin, tu comprends. »

« Tu es la seule raison pour laquelle je n'ai pas tué Nemlak, » reprit-il. « Je n'ai rien fait par moi-même. Tu as le pouvoir d'endormir la Bête, et je me demande... s'il n'y a pas quelque chose de plus grand que nous qui l'a voulu ainsi... Et qui nous a voulu ensemble. » Il leva les yeux vers la statue du saint. « J'y vois plus clair à présent. C'est comme s'il y avait une force qui nous poussait l'un vers l'autre, irrésistiblement. Tellement dissemblables que nous sommes presque l'inverse l'un de l'autre dans un miroir. Il y a quelque chose en nous deux, Vardishal pour toi, la Bête pour moi... Et nos ombres... »

Le géant rouge se tut et ses conjectures se perdirent dans le silence du petit sanctuaire. Il regardait toujours le saint.
« Alia... Tu m'apprendrais à... à prier ? »



Toujours sur le corps de Bhaal, Alia était fascinée par les yeux jaunes de son amant. La voix grave de celui-ci faisait vibrer le torse puissant et se répercutait sur la peau de la jeune fille, et la main qui allait et venait sur son dos achevait de l'apaiser.

L'explication du gladiateur sur la Bête fit culpabiliser l'azata, elle se rendait compte qu'elle avait surtout parlé pour elle-même. Elle refusait d'être effrayée et elle voulait se convaincre du caractère inoffensif de la Bête à tout prix, elle ne comprenait pas ce que Bhaal ressentait jusqu'à cet instant. Elle pensait que c'était à peu près la même chose que lorsque la Déesse la soutenait au combat ou que le lien qu'elle était en train de créer avec Vardishal. L'image du fauve prêt à se retourner contre son maître s'imposa à son esprit, elle comprenait enfin les peurs de son amant.

Et s'il avait raison ? Si leur relation ne leur appartenait pas ? Elle secoua la tête refusant cette idée, leur amour était à eux ! Ils avaient choisir de s'aimer, personne ne les y avait contraints ! Pourtant... pourtant ce que disait le demi-démon faisait sens, oui, elle s'était déjà dit que tout allait trop vite, trop fortement. Refuser d'y penser n'était qu'un caprice de petite fille, elle devait grandir. Devenir la Guerrière, comme il lui avait dit, peut-être, mais au moins devenir une Femme et non plus une fillette apeurée.

« Tu as peut-être raison, oui. Nous sommes peut-être dans un plan plus grand qui nous dépasse, l'amour que j'éprouve pour toi est tellement puissant qu'il me fait peur parfois. Tout nous oppose oui, notre nature même, nos ombres, nos... "possessions"... Mais je suis heureuse d'être avec toi, malgré toutes les épreuves, les combats et les dangers, je n'ai jamais été aussi heureuse que maintenant, avec toi. Et si je suis la seule qui peut calmer la Bête alors je serai toujours à tes côtés. »

Elle fit une légère pause, réfléchissant à la dernière demande de son amant. « Je ne sais pas prier, on m'a jamais appris comment faire. Il n'est pas bon qu'un esclave prie, le seul qui puisse gouverner sa vie est son maître. Croire c'est déjà s'évader. Le soir avant de dormir, l'image de Sarenrae m'apparaissait, je lui racontait mes peines, mes espoirs, elle m'écoutait et me consolait. Peut-être que je l'imaginais juste, peut-être que je confondais l'image de la déesse avec celle de ma mère comme tu as dit mais ça m'a aidé à survivre. »

Elle tourna le regard vers la statue du saint et reprit. « Ici, quand je suis devant sa statue, je me sens mieux. Je le regarde, je ne pense plus à rien et je sens qu'il lit en moi. Je ne sais pas comment t'apprendre, Bhaal, présente-toi à lui, reste devant lui, laisse-toi envahir par sa présence, et tu comprendras. Je serai avec toi, je te guiderai du mieux que je peux. »



Le géant rouge prêta toute l'attention qu'il put aux conseils de sa bien aimée mais son manque total d'expérience de la spiritualité le freinait. « Euh... C'est compliqué ! » Maugréa-t-il, quelque peu désappointé. Sans doute avait-il espéré qu'elle lui livre une sorte de manuel de prière...

Plein de bonne volonté toutefois, il écarta doucement sa compagne pour adopter une posture plus compatible avec la prière. Il se plaça devant le saint, les jambes repliées sous lui et les mains sur les genoux, et leva les yeux vers lui pendant un moment. Puis sa voix de basse s'éleva dans le silence du sanctuaire. « Ô Vardishal, je suis Bhaal Unramat, et je te prie humblement de m'entendre. Je partage la vie d'Alia, ta servante, qui est tout pour moi. Si tu sais endormir la Bête qui me ronge, je t'en prie, fais qu'elle ne lui fasse aucun mal. Fais qu'elle ne NOUS fasse aucun mal. Protège Alia de ses ennemis comme je la protégerai, avec ou sans ton aide, car je l'aime plus que tout et que c'est ce que tu m'as ordonné. »

Bhaal continua de fixer la statue un moment avant de prendre une grande inspiration et de fermer les yeux, calme et passif, attentif à lui-même. Il resta ainsi quelques minutes, plongé dans le recueillement, avant de s'agiter quelque peu et, finalement, d'ouvrir les yeux. « Hé ho, y'a quelqu'un ? »

La puissante voix du gladiateur perça le silence dans lequel ils s'étaient installés. « Ça ne marche pas, » grogna-t-il. « Je ne ressens rien. » Il se tourna alors vers Alia, soudain de mauvaise humeur : « s'il faut que je crève à chaque fois pour qu'il me parle, ça ne va pas être commode ! »



Alia regardait le puissant gladiateur devant la statue de Vardishal s'essayer pour la première fois à la prière. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire avec tendresse, Bhaal avait tellement été impatient qu'il n'avait pas pris le temps de s'habiller, il était superbe dans sa glorieuse nudité, une sensation de force émanait de lui.

Toujours alanguie sous la couverture, elle l'écoutait parler au Saint et elle était émerveillée par la sincérité de son discours. Elle avait souvent entendu des histoires sur les merveilles de l'amour, elle en avait appris elle-même et avait souvent récité des poèmes dédiés à des amoureux qui triomphaient de tout, elle croyait en l'amour, mais pour les autres, pas pour une jeune esclave.

Puis son amant se retourna vers elle, agacé, l'image d'un enfant en colère parce qu'il n'arrivait pas à faire fonctionner son jouet du premier coup s'imposa à elle. Elle lui sourit franchement, et entrainant la couverture avec elle, se leva pour le rejoindre. Elle s'agenouilla à ses côtés, l'enlaça et les réunit tous les deux sous la couverture. Elle le regarda, un sourire mutin aux bords des lèvres.

« Sois patient, mon amour, Il t'écoute, crois-moi. Tu ne le ressens pas encore mais tu finiras par le comprendre. Ton discours était très beau mais il est encore très fatigué. Sois certain que s'il a quelque chose d'important à te dire, il le fera. Tu es privilégié, tu sais ? Tu l'as déjà vu, moi jamais. »

Elle posa son front contre le sien, dans un geste qu'il effectuait si souvent, elle ferma les yeux et dit d'une voix basse. « Ferme les yeux, Bhaal, recueille-toi avec moi. Ne pense à rien, concentre-toi sur les battements de ton cœur, ouvre ton esprit, ouvre ton cœur. Laisse-le voir en toi. N'attends pas de réponse, laisse-toi juste aller. Ensemble. »



Les tendres mots de la jeune fille touchèrent le cœur du demi-démon et sa mauvaise humeur s'évanouit aussitôt. Il était si bien avec elle... Qu'il était loin le temps où il combattait dans l'arène ! Cela faisait pourtant moins d'un mois que son ancien maître avait voulu le vendre aux mines de sel pour le punir de n'avoir pas voulu mourir selon sa volonté. Et voilà qu'aujourd'hui c'était lui-même qui avait tenté de s'infliger la mort, pour ne pas connaître la douleur de la séparation mais sans penser qu'il l'infligerait, de fait, à celle qu'il aimait. L'étendue de sa folie et de sa stupidité lui apparaissait maintenant clairement, et son cœur se serra de honte et sous l'effet de la culpabilité.

Me voici tel que je suis, s'adressa-t-il en pensée au saint tandis que ses yeux s'humectaient de larmes. Il repensa à ses deux vies passées, celle des souterrains et celle des arènes, et réalisa qu'il avait plus changé et appris en quelques jours qu'en soixante-quinze années de luttes et de souffrances. En un sens, il était en train de renaître véritablement, dans l'amour de sa compagne et sous le regard bienveillant de Célestin, son nouvel et véritable ami.

Il avait cru toute sa vie que les gens heureux n'apprenaient rien et que seule la souffrance apportait un regard aiguisé sur l'existence. Bien évidemment, il avait longtemps jugé que son propre regard était très aiguisé et que la plupart des autres, les gens comme Célestin, ne comprenaient ni ne voyaient rien. N'avait-il pas servi ce même discours à Alia à leur arrivée ? Pourtant, comme Alia, il avait bien assez appris de la souffrance. Il était maintenant temps d'apprendre du bonheur.

Les larmes cessèrent et il essaya de plonger en lui-même comme Alia le lui conseillait. Il n'entendait rien, mais c'était une bonne chose. La Bête dormait, anesthésiée par la jeune femme, et nulle colère ne le rongeait plus. Il était enfin calme, en paix, passif. Et, pour la première fois de sa vie, Bhaal Unramat se trouva heureux.

Modifié par un utilisateur dimanche 9 octobre 2016 23:34:41(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bhaal reste à l'ombre en BM-96 | Zorg allume le feu en S-210 | Darmrok fait la guerre en N-211
Le combat à allonge
Le bloodrager abyssal
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Offline Lyana  
#31 Envoyé le : lundi 10 octobre 2016 01:03:37(UTC)
Lyana
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Alia et Célestin : La vie après la mort.

11 Desnus 4709 : le monastère, soirée


lia et Bhaal étaient restés un long moment immobiles, front contre front, devant la statue de Vardishal. Il semblait que rien ne pouvait les déranger jusqu'à ce qu'un grondement se fasse entendre, d'abord sourd puis de plus en plus bruyant. Alia éclata de rire lorsqu'elle s'aperçut qu'il provenait du ventre du demi-démon qui criait famine. Son rire redoubla lorsqu'elle vit la mine gênée de son amant.

L'heure du recueillement était définitivement passé, surtout que les grondements ne cessaient pas. Elle se leva souplement et rassembla les habits qu'ils avaient jetés un peu partout dans la pièce. Elle lançait les vêtements masculins à Bhaal au fur et à mesure qu'elle les ramassait, l'enjoignant de s'habiller au plus vite pour aller manger.
Célestin allait les tuer quand il verrait l'état de leur tenue... Il allait devoir les réparer de nouveau.

Alia avait faim, elle aussi, le dernier repas était assez loin maintenant et elle n'avait pas mangé grand chose, mais elle ne se pressait pas de s'habiller. Elle s'approcha du gladiateur maintenant totalement habillé, elle incanta doucement et usa de sa magie pour rendre Bhaal présentable et éviter les questions houleuses.

Elle laissa Bhaal partir en avant. Elle avait une autre tenue dans ses affaires et voulait se changer avant de le rejoindre. La volonté de l'homme de l'accompagner fut vite interrompue par un nouveau grondement sonore provenant de son estomac. Elle le chassa vite pour qu'il aille manger et se dirigea vers leur dortoir.

Elle parcourut les couloirs d'un pas vif mais sans la panique du début d'après midi, lorsqu'elle entra là où ils dormaient, elle fut contente de voir Célestin qui semblait occupé à ranger des affaires. « Je ne vous dérange pas, Célestin ? Je voulais juste prendre une tenue un peu plus présentable que celle-ci. » Sans attendre de réponse, elle enchaina. « Je voulais aussi... Merci. Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous. Je ne sais comment nous aurions fait si vous n'aviez pas été là. »



Célestin était perdu dans ses pensées. Il avait terminé sa potion et était remonté du laboratoire après avoir brièvement salué Nemlak. Les deux amants n'étaient pas revenus, et le désordre régnait dans la pièce. Il se fit un devoir de ranger non seulement ses affaires, mais également celles du couple, afin que tout soit en ordre à leur retour. Ils avaient assez de problèmes sans en plus penser au ménage.

Les choses avaient pris une tournure étrange pour lui depuis son arrivée. Il était devenu un peu aventurier, un peu conseiller conjugal d'un couple d'esclaves en cours de libération, un peu chercheur en démonologie... Un peu tout et n'importe quoi, mais surtout, très éloigné de ses fonctions d'artisan de cour et d'acolyte du temple de Sarenrae.
Il ne s'était jamais plaint de sa vie à la cour d'Almah. Bien sûr, la lignée était en déclin, et tout n'était pas tout rose. Mais il était auprès de sa princesse et amie, il exerçait plusieurs métiers simultanément, qu'il avait non seulement eu la chance de pouvoir choisir, mais qu'en plus il appréciait énormément.

Cependant, ici, il se sentait différent. Et malgré le danger et la peur qu'il ressentait d'aller à l'affrontement contre des créatures cruelles et sans pitié, il appréciait également être là. Était-ce parce qu'il œuvrait pour Almah et Sarenrae ? Ou parce qu'il se sentait utile à répandre la Lumière dans le cœur d'Alia et de Bhaal ? Ou était-ce encore autre chose ? Probablement un mélange de tout cela.

La voix d'Alia le fit sursauter. Il ne l'avait pas entendue entrer, ni même n'avait compris le début de sa phrase. Il sourit intérieurement : la connaissant, il s'agissait probablement d'une formule de politesse, s'excusant de déranger, ou demandant l'autorisation d'entrer.

Il se redressa en douceur, et la regarda, les yeux pétillants de malice. « Merci ? Mais de quoi ? Je n'ai rien fait d'extraordinaire. Je vous ai juste montré le chemin. C'est vous qui l'avez emprunté. C'est vous que vous devez remercier, pour le bonheur que vous vous offrez mutuellement. »

Alia sourit devant la modestie de Célestin. « Vous avez fait bien plus que nous montrer le chemin et vous le savez. Je vous suis à jamais redevable. »

Elle entra dans la pièce et s'approcha de l'endroit où elle avait posé ses affaires. Elle regardait régulièrement le sorcier, nerveuse à présent, comme si elle n'osait pas lui dire quelque chose. Elle se mordilla les lèvres puis inspira fortement et se lança. « Célestin ! Je... je dois vous dire et vous demander quelque chose... enfin deux choses. Je pensais attendre Bhaal mais... c'est mieux s'il n'est pas là en fait, je pense. Surtout pour la deuxième. »



Le jeune sorcier leva un sourcil surpris. « Oui ? » D'habitude, depuis qu'ils étaient en couple, ces deux-là ne se séparaient que rarement. Que pouvait-elle bien avoir à lui demander qui nécessite l'absence du tieffelin ?



La nervosité avait de nouveau envahi la jeune fille et l'angoisse de l'annonce à la Princesse de sa "nature" était remontée de plus belle.
« Je vais tout dire à la Princesse. Sur Vardishal et moi. C'est pour celà que nous étions allés voir Nemlak, c'était ça le serment, mais vous deviez vous en douter. Il gardait le silence sur ce qui m'était arrivé et je le protégeais pour libérer Kelmarane. Il a accepté la rupture du serment mais en échange, ça sera lui qui le dira à la Princesse, je ne sais pas pourquoi il veut absolument faire ça mais j'ai obtenu qu'il le fasse que si nous étions présent. Et si vous étiez là également... »

Elle le regardait maintenant, craintive. « Je suis désolée de m'être engagée pour vous mais j'ai confiance en vous et vous avez l'oreille de la Princesse et vous saurez trouver les mots qu'il faut pour lui expliquer que je n'ai pas voulu lui mentir mais que j'avais peur de ce qui m'arrivait. Que ce n'était pas ma volonté de lui désobéir en aucune sorte, que Bhaal n'est pour rien dans le fait que je n'ai rien dit, que s'il faut punir une personne qu'elle me punisse moi uniquement... »
La jeune fille, visiblement paniquée, n'arrivait pas à cesser de parler.



« Alia... » Célestin s'approcha d'elle d'un pas lent et mesuré. « Calme-toi. Tout va bien. »
Arrivé devant elle, il lui prit les mains avec délicatesse. « Là, tout va bien. » répéta-t-il. « Ne t'inquiète pas, ça se passera bien. Évidemment que je serai à vos côtés. »
Il marque une pause. Elle avait débité son discours tellement rapidement qu'il devait faire un effort pour se remémorer toutes ses craintes.
« C'est une bonne chose que tu aies rompu ce serment. Et je suis heureux que tu aies décidé de parler à Almah de... ça. » Il jeta un regard alentour. Avec les allées et venues des soldats et des mercenaires, on était jamais à l'abri que l'un d'eux entende, même involontairement, une bribe de conversation.

Il lui sourit gentiment, et lâchant ses mains, il lui caressa le visage avec douceur. « Ne t'inquiète pas mon ange, je suis là pour vous. »



« C'est Bhaal qui m'a convaincue, » dit la jeune fille en essayant de se calmer.



« Je pense qu'il a bien fait. » Il regarda autour de lui, et fit une moue de dépit. « Il n'y a pas grand confort dans cette salle, mais veux-tu t'asseoir pour que nous parlions ? » demanda-t-il en désignant la couchette de la jeune femme. Soudain, une pensée lui effleura l'esprit, et il sourit, l'air amusé. « Et ce coup-ci, ne va pas croire que je te fais des avances ! »

S'asseyant au bord de la couchette, il reprit sur un ton plus sérieux. « Je me demande aussi pourquoi Nemlak tient à parler à ta place. Mais nous verrons bien. Je ne vois pas ce qu'il pourrait dire qui ferait douter Almah de ta parole. »

Il la regarda dans les yeux. « Mais ce n'est pas tout, n'est-ce pas ? Tu voulais me demander autre chose, de plus personnel. Si ce n'avait été que ça, tu serais venue avec Bhaal. Je me trompe ? »



La jeune fille n'avait pu s'empêcher de pouffer de rire à la plaisanterie de Célestin, la vague de panique qui l'avait envahi était maintenant passée. Assise à ses côtés, elle secoua la tête en signe de négation à la demande de Célestin. « Non... vous avez bien deviné, ça concerne Bhaal. »

Elle prit une pause, cherchant comment faire sa demande. « On va aller libérer la ville demain... Nous savons depuis le début que nous risquons de ne pas en revenir vivant. Puis surtout il y a Kardswann maintenant. Il me fait peur, Célestin. »

Elle regardait Célestin avec intensité. « Il y a de grandes chances que je doive l'affronter s'il est vraiment le Vent du Sud et je ne sais pas si je survivrais. »

Elle avala sa salive, hésita un instant puis reprit. « Si je meurs, Bhaal... Il doit survivre, il ne doit pas aller à la mort volontairement. Je ne peux pas lui demander, il ne voudra rien entendre. Mais vous... Vous pouvez le convaincre de vivre. Il doit être libre et en profiter. »



Célestin ne s'attendait pas du tout à ce discours. Il resta un moment à cligner des yeux, comme hébété, silencieux.
Il finit par sortir de sa stupeur et répondre à Alia. « Nous avons tous peur, mon ange. Enfin, en tout cas, moi, j'ai peur. Mais lorsqu'elle se manifestera sur le champ de bataille, il ne faudra pas la laisser prendre le dessus et nous brouiller les idées. Je te l'ai dit tout à l'heure : les émotions sont mauvaises conseillères. »
Il prit une grande inspiration, et expira lentement. « Mais ça ne répond pas à ta question, n'est-ce pas ? Ce n'est pas ce que tu m'as demandé... »
Il la regarda dans les yeux. « Avant toute chose, il n'y a pas de raison que tu affrontes seule Kardswann. Il n'y a aucune règle disant que tu devrais le faire. »
Il jeta un regard vers la porte, comme s'il s'attendait à voir surgir le géant rouge au mauvais moment de leur discussion. « Mais s'il devait t'arriver malheur, et que Bhaal et moi survivions... alors oui, je veillerais sur lui. Ne t'inquiète pas. Tout comme je le ferais sur toi s'il lui arrivait quelque chose. Car ce pourrait être lui, tu en as conscience ? »



Les larmes aux yeux, Alia hocha la tête. « Oui... oui je sais qu'il peut mourir. Je ne sais pas comment je ferai pour vivre sans lui... Mais on aura eu ces quelques jours, c'est plus que je n'aurai jamais rêvé. »



Célestin décrocha son regard de celui d'Alia, et le baissa vers le sol. Il sembla soudain moins serein, comme si une mauvaise pensée venait de lui traverser l'esprit. « Et si... » commença-t-il. « Et si c'était moi qui ne revenait pas...? » demanda-t-il du bout des lèvres. « Qui s'occuperait d'Almah ? Qui lui remonterait le moral quand elle doute ? »

Ces questions étaient posées à voix basse, et ne semblait pas être adressées spécialement à Alia. Peut-être les posait-il à lui-même. Ou à qui voudrait bien lui répondre...



Alia eut le cœur serré devant la détresse de Célestin, à voix basse elle lui répondit. « Si la Princesse l'accepte, je veux bien l'aider. Je serai là pour elle, même si nous ne connaissons pas vraiment. »

Elle se força à sourire quand elle continua. « Mais nous allons nous arranger pour ne pas en arriver là, d'accord ? Nous allons revenir tous les quatre, oui, même Nemlak ! Nous allons libérer la ville et nous reviendrons vivant, et libres. »



Célestin émit un léger sourire, mais le doute qui l'avait étreint ne s'en irait pas aussi facilement. « Merci Alia. Merci. » Il releva la tête et la regarda à nouveau. « Mais tu as ta vie à vivre. Ta nouvelle vie, TES nouvelles vies. De femme libre, de couple, et... tout le reste. Je ne peux te demander de sacrifier tout ça. »

Il jeta un coup d'œil en direction du laboratoire. « Oui, nous reviendrons tous les quatre de la libération de Kelmarane. Et j'espère qu'en revenant, il laissera son fardeau derrière lui. Il doit cruellement manquer de lumière dans son monde de grisaille.... »



Alia n'eut pas besoin de demander de qui Célestin parlait, un seul être vivant dans le monastère correspondait à cette description. Mais elle n'avait pas envie de parler de Nemlak, ni de la mort, ni de la libération de la ville.
Elle se leva et tendit la main à Célestin, souriant de nouveau, désireuse d'oublier ses craintes et ses peines. « J'ai faim ! Pas vous ? Allons vite manger avant que Bhaal ne dévore tout ! »
Oublieuse de la raison pour laquelle elle était venue, elle avait hâte de rejoindre son amant pour partager un bon repas avec leur ami. Elle ne voulait pas non plus penser qu'il s'agissait peut-être du dernier.

Célestin saisit la main tendue et se releva. Tout proche d'Alia, il resta ainsi quelques secondes immobile, la main de la jeune femme toujours dans la sienne, les yeux rivés sur son visage d'ange. Son habituel sourire revint, alors que les pensées macabres qu'ils venaient d'évoquer étaient refoulées dans son subconscient. Il s'approcha d'elle, l'embrassa sur la joue, et lui dit un simple mot, les yeux dans les yeux : « Merci. »
Enfin, il lâcha la douce main de l'aasimar, et la suivit, heureux à la perspective de partager en toute simplicité un repas avec ses nouveaux amis.

Modifié par un utilisateur mardi 11 octobre 2016 21:25:43(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Offline vaidaick  
#32 Envoyé le : mardi 11 octobre 2016 19:44:06(UTC)
vaidaick
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Célestin et Jyll : Idylle au soleil


11 Desnus 4709 : le monastère, début d'après-midi


Après leur brève entrevue avec Almah, lors de laquelle ils lui avaient fait un résumé des nouveaux éléments du jour, Célestin se dirigea là où elle lui avait dit trouver Jyll et Khem.
S'il avait dû y réfléchir, il n'aurait pas trouvé de raison particulière à cette envie de voir Jyll. Elle était d'excellente compagnie, évidemment, et elle l'avait soutenu lors des précédents jours. Et pour ça, il ne pouvait que lui en être reconnaissant. Mais s'il avait dû y réfléchir, il se serait rendu compte qu'il ne s'agissait pas de ça.
Seulement, il n'était pas en mesure d'y penser. Les évènements du jour et l'attaque de Kelmarane à venir embrouillaient son esprit. Lui qui ne connaissait rien en combat et stratégie se trouvait à parler de plans de bataille avec des personnes guère plus qualifiées que lui. Et le plus étonnant était que, pour l'instant du moins, ça fonctionnait.
Perdu dans ses pensées, il ne se rendit même pas compte qu'il avait pénétré dans la crypte sans s'annoncer. Honteux et gêné, il s'éclaircit la voix, espérant ne pas les avoir troublé dans un moment d'intimité.



Jyll et Khem faisaient face à l'un des murs de la crypte qui se trouvait derrière le laboratoire, où les morts calmes comme violentes étaient exposées depuis des dizaines d'années, avec ses caveaux et ses urnes, et les squelettes des moines attaqués comme de leurs attaquants encore au sol. Ils regardaient tous deux les rangées de sépultures et de corps au sol alors que Rondar, également présent, ne voyait pour seul intérêt à ce lieu que celui de balayer les lieux avec ses pattes avant, comme à la recherche d'une chose digne de son intérêt. Khem se contenta de le regardait et la bête, étonnamment, s'arrêta pour s'asseoir dans un confort mitigé par les ossements.

« Je ne sais pas ce que l'on devrait en faire. »





« Pourquoi devrais tu en faire quelque chose? »





« Laisser leurs corps au milieu de leurs agresseurs alors qu'une sépulture décente leur est offert juste à côté m'insupporte, ils méritent mieux que ça. »




« Ils méritaient mieux que la mort qui leur a été apporté et pourtant ils sont morts. Ne cherche pas de justice ou de respect, il n'y a plus rien à faire. Au moins là, on se souvient d'eux comme ce qu'ils ont été, des gens paisibles assassinés, et non des moine à la mort paisible mélangés aux autres. Pense un peu à toi au lieu de vivre avec ce maudit d... »



Khem se tourna brusquement dans une posture quasi-martiale quand il entendit la gorge de Célestin. Rondar semblait l'avoir déjà remarqué depuis longtemps mais, vexé d'être grondé, n'avait pas averti de sa présence. Il se radoucit alors que le visage de sa sœur affichait un sourire radieux en voyant arriver Célestin.



« Nous revoilà prêts à arpenter le désert on dirait. »





Célestin s'approcha du duo, prenant tout de même garde à rester à distance respectable du lion. Il avait beau savoir que Khem l'avait bien éduqué et que Rondar n'était pas un lion comme les autres, il ne tenait pas particulièrement à pénétrer sa zone de confort. Et chez les prédateurs, la zone de confort pouvait être assez large.
« Je ne vous dérange pas au moins ? » demanda-t-il. Son regard s'arrêta sur les cadavre depuis longtemps décomposés des combattants du monastère, et il eut honte que rien n'ait été fait pour eux. Et surtout honte de ne pas y avoir songé. Mais il préféra ne pas aborder le sujet tout de suite. Il se contenta de sourire à Jyll, dont la vue et la voix était un émerveillement pour ses sens. « Non my dear, je ne suis pas venu là pour ça. A moins que tu ne veuilles aller faire un tour pour t'aérer ? Pour l'instant, rien n'est arrêté pour la suite de la reconquête de Kelmarane. »
Il s'arrêta de parler, amusé par ses propres paroles. « La reconquête de Kelmarane... Non mais tu m'entends parler ? »



Khem répondit à la place de sa sœur. « Ouais, va t'aérer un peu la tête près de ton cher soleil, Rondar et moi on va aller chasser un peu. » Il semblait presque heureux de voir Célestin débarquer, comme si il allait récupérer un fardeau dont on veut se débarrasser. Khem tapa l'épaule de Célestin d'un geste vigoureux alors qu'il le dépassait pour sortir. « Allez viens Rondar, on va chasser. » Le félin le suivit d'un pas lent mais enjoué, comme s'il dansait des notes en le suivant.



Jyll joignit ses mains devant elle en regardant Célestin, d'un regard appuyé mais cachotier, comme si des myriades de projets ou de choses lui passaient par la tête. « Il semblerait que mon tuteur nous offre sa gracieuse autorisation d'aller nous promener, alors par pur respect pour sa Seigneurie mon Frère, daignons profiter de l'occasion, je te suis. » dit-elle avec un air amusé.



Le jeune homme jeta un regard étonné et même surpris à Khem, et ne put s'empêcher de porter sa mains à son épaule endolorie par sa tape vigoureuse. « Euh... Bonne chasse... » bredouilla-t-il.
Il s'écarta de la trajectoire du félin et les regarda filer. Mais il fut vite rappelé à la charmante compagnie de Jyll par sa voix et le ton amusé qu'elle avait.
Il lui prit la main, et l'amena vers les escaliers. Sur le trajet pour sortir du temple, il s'enquit à voix basse : « Khem m'a l'air bien grognon... Je veux dire... Plus que d'habitude. Même avec toi... »


Malgré son amusement à taquiner Célestin, elle fut étonnée et rougit lorsqu'il lui prit la main. Après une brève hésitation dans le mouvement, elle le suivit en se laissant porter par ses pas. Elle semblait gênée un bref instant par la question de Célestin avant de se décider à lui répondre.
« Je pense qu'il commence à être vraiment fatigué. Il passe la journée à marcher ou à veiller à ce qu'il ne m'arrive rien tout en surveillant les autres mercenaires aux remarques parfois graveleuses. Il en égorgerait bien un ou deux s'il le pouvait et si je le supportais. Nous sentons une tension dans votre petite bande depuis que nous sommes arrivés et avons l'impression pour des raisons différentes qu'elle croît, mais lui s'en méfie alors que j'aimerais aider, il fait son possible pour que je reste en dehors de ça en attendant d'y voir plus clair. Et Alia me perturbe, je ne saurai trop dire pourquoi. »
Elle tourna son regard vers Célestin « Ils te traitent bien au moins? »



Célestin s'amusa de la voir rougir. Sans s'en rendre compte, il s'était permis la même familiarité qu'avec Almah. Il lui sourit, mais ce sourire s'estompa rapidement lorsqu'elle lui relata quel était le problème.
Il pressa le pas et attendit qu'ils soient dehors et hors de portée de voix. « Agathe, tu veux bien surveiller les alentours mon ange s'il te plaît ? Nous ne voulons pas être dérangé. »
Des que la colombe s'envola, il jeta un dernier regard alentour, et lâchant la main de Jyll, il se plaça face à elle et la regarda dans les yeux.
« Ne t'inquiète pas pour moi my dear, je m'entends très bien avec Alia et Bhaal. Je ne peux en dire autant de Nemlak, mais si nous avons bel et bien des désaccords, ce n'est rien de grave. »
Il jeta un œil vers le temple, visiblement courroucé. « Moi, je m'inquiète pour toi. Qu'il n'y en ai pas un qui ose quoi que ce soit envers toi ! »



Jyll sourit, accompagnant sa bonne humeur d'un court et léger rire. « Je ne doute pas que tu le penses, mais tu es comme mon frère, impuissant face à certaines choses qui s'en prennent à moi sans que je ne comprenne vraiment de quoi il en retourne. » Elle regardait Agathe s'envoler et faire des tours dans le ciel, soupirant. « Toi au moins, tu as un appui, un messager qui t'aide à sa façon, et te fait comprendre ce qu'on attend de toi. Moi, j'ai des dons, et de la douleur, une sorte de malédiction, pour faire quoi? Je n'en sais rien, je n'ai que le silence, je n'avais rien demandé, et ça m'est tombé dessus. Je sens les émotions, ça m'est venu comme ça ça aussi, et toi, tu es entouré par la colère, la colère et la peur, et la frustration aussi, j'ai peur que... » Au milieu de sa phrase, elle se mit à parler le céleste. « ...l'un d'eux ne se retourne contre toi le jour où ta gentillesse ... Tu vois, ça me fait ça parfois ! Toi tu comprends mais Khem a du mal à me comprendre et beaucoup ne comprennent rien, ils pensent que je parle comme une sorcière. » Elle prit une grande inspiration pour mieux souffler.
« J'ai peur que si tu contraries les projets de l'un d'eux ou ses passions, tu ne te retrouves blessé ou à devoir blesser quelqu'un qui t'es cher. La gentillesse est toujours la première à être accueillie et la première à être congédiée au gré des humeurs et des motivations. J'ai l'impression qu'ils te donnent beaucoup de choses à gérer entre eux, et que sans toi, ils se seraient déjà étripés depuis longtemps. Ce n'est pas une impression, c'est la vérité même. Nous dormons dans la même pièce que Piye et Fahim, et tous deux m'ont parlé de la méchanceté de Nemlak, de la violence de Bhaal, et... Piye n'a pas voulu me dire quelque chose sur Alia, mais j'ai bien senti que c'était important. Et toi, tu es là, au milieu de tout ça, et des gnolls! »
Les larmes coulèrent lentement, et avec retenue, elle reprit en commun.
« Je serais atterrée si mon frère mourait au combat, mais je sais que c'est le destin qui l'attendra probablement, et que c'est la voie choisie par lui, pour lui. Mais toi, si tu mourais au milieu de la méchanceté des hommes et des bêtes, j'aurais le plus grand mal à l'accepter. Ça n'est pas ta place, pas la voie que tu avais choisi. Almah te fait faire des choses folles ! »



Touché au plus profond de son être, Célestin ne put retenir les larmes qui lui montèrent aux yeux et qui coulèrent silencieusement sur ses joues. Son cœur se serra, et mu par une pulsion, il prit Jyll dans ses bras et la serra contre lui. A son tour, il se mit à parler en céleste.
« Jyll... Tu es la gentillesse incarnée, tu ne peux pas me reprocher de l'être aussi. C'est pour ça que notre déesse nous a choisis. Je ne peux concevoir les souffrances morales et physiques que tu endures, mais soit sûre d'une chose : Sarenrae est une déesse de bonté, elle ne te les fait pas endurer sans raison. »
Il la relâcha, et la regarda dans les yeux, esquissant un faible sourire malgré les larmes qui mouillaient ses joues. « J'ignore pourquoi nos pouvoirs se manifestent de façon différente, mais je suis persuadé d'une chose : nous ne sommes pas ici sans raison, et nous avons tous les deux un rôle à jouer. Je sais que je ne suis ni un puissant guerrier, ni un mage de combat. Mes compétences pour reprendre Kelmarane sont pratiquement nulles. Mais je pense que ma place est là, malgré tout, et que mon rôle est de maintenir la cohésion du groupe. »
Il posa avec douceur ses mains sur les joues de la jeune femme, et essuya de ses pouces les larmes qui coulaient. « Alia et Bhaal sont en train de changer. En bien, je veux dire. Surtout Bhaal. Tu te souviens, je t'avais dit qu'il me faudrait la flamme de Sarenrae elle-même pour illuminer ses ténèbres ? Je ne croyais pas si bien dire. D'une certaine façon, c'est ce qu'il s'est passé. Même si ça reste invisible, elle est présente en ces lieux, et elle nous aide, nous soutient en chaque instant. »
« Quant à Almah... » Il sourit, alors qu'il replaçait une mèche de cheveux derrière les oreilles l'oracle. « Ce n'est pas la place où elle souhaiterait que je sois non plus. Ce n'est pas pour rien que j'ai rejoint l'expédition sur le tard. Elle a guère le choix, elle doit mobiliser toutes ses forces dans cette ultime expédition, ou voir sa lignée disparaître avec elle. Mais j'ai bon espoir qu'on réussisse. Vraiment. Et... » Il marqua une pause, et rosit légèrement. « Dans cet espoir, ta présence n'y est pas étrangère. »



Jyll se laissa faire avec une certaine réciproque, reprenant Célestin par le poignet.
« Tu as sans doute raison. J'espère que notre culte réussira là où les moines ont échoué. La bonté comme la rédemption ne doivent pas nous rendre faibles. C'est ce que dit souvent Khem, lui qui maudit plus souvent les dieux qu'il ne les vénère. Tu es quelqu'un de courageux Célestin malgré les manières qu'on te prête. Et un homme malgré ton bon goût. » dit-elle, délice rieur essuyant ses larmes. « J'espère que nous reprendrons cette ville. Et pour tout te dire, j'espère que nous resterons au lieu de voyager à nouveau rapidement. J'aimerais me poser, et j'aimerais que Khem se découvre un but autre que se tuer à ma protection, ou tuer pour quelques piécettes aux quatre coins du pays. »
« Et si la princesse à ce qu'elle veut, tu devrais, toi aussi, te poser ici. » ajouta-t-elle quelques instants plus tard, les joues rosées.



Son visage passa d'un léger rose pâle à un rose un peu plus foncé. « Il y aura beaucoup à faire après la reprise de Kelmarane, et Almah aura besoin de moi. Du moins, je l'espère... Oui, j'aimerais bien m'installer ici, et redonner forme à cette ville, faire fleurir son commerce... Et que tu y restes, toi aussi. » rajouta-t-il en rougissant de plus belle.
A ce moment là, son regard se perdit dans celui de la jeune femme. Voilà pourquoi il l'avait cherchée en revenant d'expédition. Voilà pourquoi il se sentait si bien en sa présence. Elle était douce, belle et pleine de vie, touchante et aimante. Mais au-delà de ces qualités quantifiables, elle l'attirait inexorablement, inexplicablement. Et mu par un désir irrépressible, il posa délicatement, pudiquement, ses lèvres sur les siennes.



Jyll se figea un instant, comme morte, froide, stupéfaite. Elle reprit vie en un instant, ses bras se nouèrent autour de Célestin, l'un vers son cou, l'autre vers le creux de ses reins? Elle était comme ses lèvres, douces, et le feu qui l'animait s'avivait, elle le serrait de plus en plus fort, et son corps dégageait une énergie, une chaleur telle que Célestin aurait aussi bien pu se trouver nu en pleine nuit glaciale sans trembler. Les frissons la parcourait comme si elle se nourrissait de la vie de Célestin, comme une explosion de sensualité et de sexualité qui n'attendait qu'une chose, qu'on la détone. En cet instant, le monde s'arrêta autour des sarenites, et Jyll entourait Célestin de son être comme un prédateur sur sa proie, brûlant de désir comme un ardent rayon de soleil.



Enflammé par ce baiser ardent, Célestin répondit avec passion. Elle l'étreignait à lui faire mal, brûlait sa chair et son âme, et pourtant, il ne s'était jamais senti aussi vivant, vivifié. Répondant à son étreinte, il lui caressa la nuque en remontant dans ses cheveux, enserrant sa taille de son autre bras afin de la maintenir tout contre lui, comme s'il craignait la perdre si elle s'éloignait de lui ne serait-ce que d'un millimètre, et il fusionnèrent en une communion si intense qu'on l'aurait dite approuvée par Sarenrae elle-même.



Jyll eut le plus grand mal à s'arrêter, seul le besoin d'oxygène lui fit se décoller légèrement de Célestin avant de reculer d'un pas, les mains sur les coudes de Célestin. « Viens avant que mon frère ne revienne, allons à la Griffe du Sultan ou derrière des rochers que j'ai repéré par là-bas, mais s'il te plaît, ne faisons pas ça au milieu des autres, sur un sol qui n'a connu que la mort pendant si longtemps. »


A bout de souffle, le cœur battant la chamade, Célestin acquiesça d'un hochement de tête. « Les rochers, c'est très bien. » répondit-il haletant en lui prenant la main. Il paraissait au bord de l'explosion, gonflé de désir pour celle qui, en cet instant, rayonnait comme un second soleil, éclipsant tout ce qui se trouvait autour de lui.
Ce choix n'était malgré tout pas anodin. S'il comprenait que Jyll ne veuille pas que leur union se fasse sur un sol ayant connu la mort, il en allait de même pour Célestin, et la Griffe du Sultan évoquait en lui la perte de celui qui avait été pendant une courte période son maître en alchimie.
Il la suivit dans le sable chaud du désert, sous l'œil vigilant d'Agathe, qui continuait à les survoler, surveillant que nul ne vienne troubler leur tranquillité.
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d'entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même. - Edmond Wells.
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Offline Ilmakis  
#33 Envoyé le : mercredi 12 octobre 2016 14:19:40(UTC)
Ilmakis
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Nemlak: La vengeance est un plat qui se mange froid


11 Desnus 4709 : le monastère, après le repas


Après le cirque vécu devant la Princesse, Nemlak était animé d'un colère froide. Ses compagnons étaient des idiots sans cervelle et leurs réactions étaient la preuve de leur courte vue. De par leurs actions et leurs paroles ils avaient fait échouer son plan, heureusement pas complétement.
En effet la Princesse l'avait reconnu comme un allié fiable. Il saurait dans le futur utiliser cette relation pour s'assurer d'une place de choix à ses côtés une fois Kelmanare libérée et ses parents vengés.

Après avoir été dérangé de nombreuses fois, Nemlak put enfin finir d'écrire son parchemin magique. Ce dernier contenait de nombreux sorts dont il pourrait avoir besoin le lendemain surtout si, comme il le craignait, leur petite troupe ne parte à l'assaut de la cité dès l'aube.

Une fois terminé, il sortit son matériel d'écriture pour s'adresser à un de ses confrères qu'il connaissait de réputation. Un certain Rayhan Xobhadi spécialisé dans la manipulation des dimensions. Si quelqu'un était à même de trouver une réponse sur la rune abyssale et son influence sur Bhaal, c'était ce mage. Bien entendu, ses services n'étaient pas gratuit, il devait donc trouver un moyen de le convaincre de se pencher sur le cas du géant rouge.

Cite:
A l'attention de Rayhan Xobhadi,
Villa Rayhan
Chateau Clarion
Katapesh-Section Sud-Ouest.



Cher Collègue,
Un cas des plus intriguant est venu à moi. Une créature demi-démon, demi-humaine, un tieffelin, convoquée suite à une erreur lors d'un rituel de conjuration, sous forme chérubine. Marqué par les Abysses, il porte sur son sein gauche une rune abyssale, dont je vous joins le dessin. Une autre caractéristique intéressante qu'il possède est une absence d'ombre. Il est aujourd'hui une créature dans la force de l'âge, capable de puiser dans la colère destructrice des Abysses lors des combats, mais aussi de faire appel à une magie protectrice.
J'ai d'abord cru que c'était là la manifestation des Abysses et craignait que sa rage se retourne contre lui et ses alliés, mais il semblerai que la strate dont il vienne soit plus subtile, comme l'indiquerai son absence d'Ombre et que suite à l'éveil d'une autre entité présente chez sa partenaire (un autre cas des plus intéressant, mais qui ne fait pas l'objet, pour l'instant de ma requête), une entité de pure bonté me fait penser que le risque est dans la corruption de cette relation et de cette créature.
Mes connaissances des plans sont limités, et lors de mes études à Katapesh j'ai entendu parlé de vous et du fait que vous étiez un expert en ce domaine. C'est pourquoi je vous écris cette lettre.
J'espère que vous trouverez ce cas aussi intriguant et intéressant que moi et que vous daignerez utiliser une partie de votre précieux temps à son étude.
Étant jeune dans la pratique de l'Art je n'ai pas les moyens de vos rémunérer à la hauteur de vos talents, mais sachez que je serai bientôt aux côtés de la Princesse Roveshki pour la renaissance de Kelmanare et qu'à ce moment je pourrai vous récompenser, d'une manière ou d'une autre, du temps que vous aurez investit à ces recherches.
Sachez aussi que le sujet a subit une étude attentive de son cas lors de son apparition au Collège des Études Dimensionnelles. Peut-être y trouverez vous là bas quelque information utile à vos recherches.
Votre humble serviteur,


Nemlak, fils de Craag, Major de la Promotion 4707 spécialité "Enchantement" du Temple de Néthys de Katapesh


Une fois l'encre séchée, il cacheta la lettre avec son sceau pour la remettre plus tard à la personne chargée des correspondances.

Cela fait, il ressortit son journal et commença à écrire.

Je commence à comprendre ce que vous avez ressentit dans votre tribu Père.
Ce sentiment de solitude lorsque ceux autours de vous ne répondent pas aux attentes que vous placez en eux.
Aujourd'hui encore, j'ai eu la démonstration que les sentiments sont un obstacle à la pensée. Un voile qui empêche de voir au delà du présent.
Il se peut que mon désir de vengeance ai lui aussi obscurci mes pensées et je me dois de réfléchir à mes propre actions passées à tête reposée afin de démêler celles qui tiennent du sentiment et celles qui tiennent de la pure logique.
Cependant, si ma présence ici est motivée par la vengeance, la vôtre Père, elle m'a permit de mieux appréhender l'Art, de m'y perfectionner en moins de temps que les années passées à essayer de survivre à votre disparition brutale.
Le gain d'une action illogique peut-être étrangement plus élevé que celui d'une action pensée à long terme.
Il me faut donc rester alerte aux opportunités qui me sont offertes. Rester sur le qui-vive, être maître de mes émotions et de ma pensée.
La présence de mes "compagnons" est un bon exercice. Il me permet de tester différentes approches. C'est un champ expérimental des plus intriguant et ces derniers sont des sujets parfait pour tester mes différentes théories sur la psyché des humanoïdes et natifs du plan matériel.
J'aurai aimé avoir plus de temps pour préparer notre assaut sur Kelmanare, prendre le temps d'y nous faire des alliés pour la reprendre sur deux fronts. Malheureusement, mes compagnons ne voient que le danger dans cette tentative et non ses gains potentiels; non seulement en vie humaine, mais aussi dans la revitalisation de la cité.
En effet, face aux gnolls et aux dangers de la région, pensent-ils que le monde va se diriger en masse pour repeupler la ville ? la faire vivre ? Non, il faut des hommes et des femmes intrépides, de ceux qui ont décidé de commercer avec le nouveau maître de la cité, pour y allumer la mèche de la renaissance !
Mais leurs sentiments les aveugles, la peur de la mort les empêche d'avancer...

Peut-être que demain, Père, Mère,vous aurai-je retrouvés, ou peut-être que vous aurai-je rejoint ? La vie est pleine de surprise et quelle que soit l'issue, je compte bien en être l'un des gagnants.


Refermant son journal, Nemlak fit le vide en lui-même avant d'éteindre la bougie.

Modifié par un utilisateur mercredi 12 octobre 2016 16:05:46(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Offline vaidaick  
#34 Envoyé le : samedi 15 octobre 2016 00:07:04(UTC)
vaidaick
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Célestin et Almah : Le RP qui n'existe pas


11 Desnus 4709 : le monastère, après la libération d'Alia et Bhaal


Après le rendez-vous avec Almah, Célestin se rendit tel un zombi dans leurs quartiers, sans se préoccuper de qui il croisait, ni de quoi que ce soit d'autre. Agathe demeurait silencieuse, juchée sur son épaule, l'observant avec tristesse. Il entendit vaguement les cris de joie d'Alia et Bhaal, comme en arrière fond, sans même être capable de les identifier. Ce pourrait avoir été des cris de terreurs qu'il n'aurait pas plus réagi, comme s'il était dans une bulle imperméable à tout dérangement extérieur.
Sans même se déshabiller, il se laissa choir sur sa couchette, sur le dos, mains croisées derrière la tête, le regard rivé sur le plafond, forçant Agathe à s'envoler prestement pour trouver un autre appui où loger. La journée qu'il venait de vivre passait et repassait en boucle dans sa tête, encombrant son esprit, l'empêchant d'avoir la moindre pensée cohérente.

Qu'avait-il fait aujourd'hui ? Il avait combattu des gnolls auprès de ses nouveaux amis, résumé l'avancée plutôt encourageante de la reprise de Kelmarane, et avait entamé une romance passionnée avec la plus charmante créature qui soit. Il avait réconcilié Bhaal avec lui-même, avait empêché un jeune couple de rompre, et s'était allié pour le bien de ce dernier avec un magicien acariâtre. Il aurait dû être heureux. Il avait œuvré pour le bien de ceux qui l'entouraient, et s'en était, lui semblait-il, plutôt bien sorti.

Mais il y avait une ombre au tableau, et une ombre de taille. Il avait appris un secret le matin qu'il avait promis de ne pas révéler. Oh, il n'avait pas eu à le tenir bien longtemps, il fut révélé le soir même, à la demande de l'intéressée. Mais le temps n'avait pas d'importance, seul le choix l'était. Et il avait fait le choix de dissimuler des informations importantes, peut-être même capitales, à son employeuse, sa princesse, et surtout, sa meilleure amie. Mais qu'aurait-il dû faire ? Trahir la confiance d'Alia ? Ne pas promettre de garder le secret et par la même occasion n'en rien savoir ? Peu importait, le mal était fait. Almah s'était sentie trahie, elle qui comptait tant sur lui. Il l'avait lu dans son regard, la déception, la colère, et l'incompréhension. Elle ne l'avait jamais regardé comme ça, et il avait senti son cœur se briser.



Le repas était derrière lui, et la joie des tourtereaux libérés ne manquait pas de déteindre sur les autres. Célestin semblait quelque peu abattu, et la situation ne se présenta guère mieux quand Garavel vint le voir personnellement. « Suivez-moi Célestin, la Princesse aimerait s'entretenir avec vous. »



Il ne se rendit même pas compte de l'entrée de Garavel dans leur dortoir avant qu'il ne s'exprime. Il sursauta, et à la mention du mot "princesse", il se redressa d'un bond et le suivit, les idées encore en désordre. Qu'allait-il bien pouvoir lui dire ? Pourrait-elle seulement lui pardonner ?



La Princesse avait un air toujours sévère même si moins que lors de leur précédente rencontre en soirée. « Prends place ici Célestin. » lui dit-elle vers son fauteuil. « J'ai à te parler avant que la conquête reprenne. » Almah attendit que Célestin prenne la peine de s'asseoir devant un Garavel fermant la porte, et fermant le passage devant celle-ci, les bras croisés devant lui, pour passer dans son dos, sans dire un mot. Elle commença à lui peigner les cheveux lentement, lui annonçant : « Je suis désolé Célestin. Je te présente mes excuses. Je n'ai pas l'habitude de te partager, et je t'ai traité comme un esclave, qui n'a qu'une loyauté, et un seul but, et non comme celui que tu es. Ce n'était pas un secret que tu as gardé pour me nuire, mais pour les protéger, elle et le Saint. Tu as certainement été fidèle à une parole donnée, alors que je ne t'ai jamais demandé de me jurer totale transparence. Je n'en ai jamais eu besoin, et je ne compte pas te le demander. Cette journée a été assez stressante pour moi aussi, j'aurai pu te faire comprendre que cela m'avait blessé sans te blesser à mon tour. Le sang Varisien a comme toujours parlé trop vite. » Elle continuait à brosser ses cheveux tout en passant une main sur son épaule.



Il ne parvint même pas à esquisser un sourire à la vue d'Almah, l'appréhension rongeant ses entrailles. Il obéit machinalement et s'assit sur le fauteuil. Si ses compagnons l'avaient vu, ils auraient pu lui répéter ce qu'il leur avait lui-même dit le jour même : il ne faut pas se laisser submerger par ses émotions et apprendre à les maîtriser. S'il en avait eu conscience, il aurait trouvé ça ironique. Si seulement il avait eu conscience de son propre état...

Il ne savait ce qu'elle allait lui dire, mais il s'attendait à ce qu'elle soit dure avec lui. Elle était en droit d'attendre plus de lui que de tout autre. Mais à sa grande surprise, elle s'excusa. Il en resta coi, incapable de prononcer un son, d'esquisser le moindre mouvement, le poids pesant sur sa conscience s'envolant, le libérant de son fardeau. Sans s'en rendre compte, il s'était arrêté de respirer lorsqu'elle avait commencé à parler, et il inspira une grande bouffée d'air, reprenant le contrôle de son esprit. Ainsi, elle lui pardonnait son écart ?

Assis devant elle alors qu'elle lui brossait les cheveux en un geste apaisant, il se saisit de ses poignets et portant ses mains devant ses lèvres, il les baisa, reconnaissant. Après quoi il se laissa glisser du fauteuil et, se retournant vers elle, se mit à genou et lui reprit les mains, les plaçant contre son cœur, levant des yeux embués vers elle. Il balbutia : « Je n'ai jamais voulu te trahir, tu le sais. Je... J'ai juste voulu la protéger. Les protéger. Leur vie, leur âme, leur future liberté. Tu... Tu voulais lui donner sa liberté, tu nous avais demandé de les traiter comme tels. Je... J'ai juste voulu qu'elle agisse en femme libre, qu'elle puisse décider de son avenir, de sa vie. Ce n'était pas à moi de le faire. Je... Ce n'était pas contre toi, je te le promets. Jamais je ne pourrais te trahir. Ce n'est même pas une question de loyauté, bien qu'elle te soit acquise. C'est une question d'amour. Tu es mon amie, ma sœur, ma confidente. Je serais anéanti si je te perdais. Et j'ai bien cru te perdre. Pardonne-moi, s'il te plaît. Pardonne-moi de t'avoir fait souffrir. Ce n'était pas mon intention. Pardonne-moi... » Au fur et à mesure qu'il parlait, les larmes coulait sur ses joues, des larmes mêlant la joie et le soulagement de l'entendre s'excuser de lui avoir fait de la peine, et la crainte qu'elle lui garde rancune de sa cachoterie. Il guettait chez elle une réaction ôtant tout doute, un geste lui prouvant qu'elle l'absolvait de ses fautes.



« Non Célestin, » lui dit-elle en laissant tomber au sol sa brosse pour l'enlacer dans son dos. « je dois apprendre à vous faire confiance. J'ai cru que vous me faisiez des cachoteries, toi et Garavel. Je ne t'ai pas assez écouté, et je t'ai refusé le droit de garder les secrets des autres, comme j'ai cru que Garavel m'avait caché quelque chose. Il m'a ramené quatre esclaves, deux qui lui ont été recommandés, et deux qu'il a lui-même choisi, et regarde où ils en sont ? L'un est une brute avec des pouvoirs magiques qui allait finir dans les mines et l'autre est devenue une sorte de Sainte ... J'ai cru qu'il savait, mais n'avait rien dit. Si je l'avais écouté plus souvent, j'aurais eu une vraie petite armée de gens talentueux comme l'aurait dit mon frère s'il était encore là. » dit-elle en souriant, séchant ses larmes. Garavel était toujours à la porte, mais pour une fois, son visage exprimé une franche expression : la surprise, ému. Il mit plusieurs secondes avant de se reprendre, alors que la princesse ajoutait « Je t'ennuie avec tout ça, va te reposer, nous reprendrons du temps ensemble demain. » dit-elle avec le sourire. Tandis que Garavel était frappé l'émotion pendant un moment, Célestin avait remarqué quelque chose : alors qu'elle l'enlaçait, la princesse avait rapidement pris deux inspirations dans le coup de Célestin, comme pour sentir quelque chose.



Séchant ses larmes d'un revers de l'index, Célestin la serra contre lui, réconforté. Il lui parla d'une voix plus calme, mais on sentait encore dans son ton que sa gorge était nouée par l'émotion. « Je n'ai appris pour Alia que ce matin, tu sais. Et elle ne me l'a révélé qu'avec la promesse que je n'en parle pas. Elle était terrifiée à l'idée d'être vendue aux Maîtres du Pacte pour la valeur qu'elle pouvait avoir en tant que réceptacle d'un Saint. Même si je lui ai assuré que tu ne ferais jamais une telle chose, je ne pouvais pas lui imposer de me croire sur parole. Pas après tout ce qu'elle a subi. Mais elle t'en a quand même parlé, et j'en suis heureux. Elle a écouté mes conseils, et elle a compris que tu n'étais pas comme ses anciens maîtres. »

Il lui sourit en lui caressant les cheveux, ses yeux encore humides. « Tu es quelqu'un d'exceptionnel, tu sais ? Tu ne devrais pas être si dure avec toi-même. » Il se tourna vers Garavel. « Je vous dois des excuses, Garavel. J'ai aussi douté de vous. Vous montrez tellement peu d'émotions... Il est parfois difficile de savoir ce que vous pensez vraiment. Si vous voulez bien me pardonner... »

Il prit une grande inspiration et souffla lentement, libérant ainsi les dernière tensions qui régnaient en lui. De nouveau, les choses allaient pour le mieux. Il était rassuré, il n'avait pas perdu son amie. A cet instant, une pensée s'imposa à lui : il devait lui parler de Jyll. Si quelqu'un devait savoir en priorité avant tout le monde, c'était bien elle.



Garavel fut surpris par l'intervention de Célestin et se contenta de hocher lentement la tête tout en souriant du mieux qu'il savait. Almah se reprenait et confirma. « Tu as bien fait. Je ne sais pas encore quelle serait la réaction des Maîtres, soit ils profiteraient d'elle comme d'une attraction pour faire monter le commerce, soit ils la tueraient si elle risquait de faire pencher le pays vers un endroit moins marchand. Peut-être même encore autre chose, qui peut bien savoir ce que pensent ces gens venus d'ailleurs il y a si longtemps ? »



« En parlant d'attraction... » commença-t-il. « Je dois te parler d'une chose, également survenue aujourd'hui... » dit-il en se relevant et en l'aidant à se relever à son tour. « Je... » Il rougissait à vue d'œil, et cherchait visiblement ses mots. « J'ai discuté avec Jyll... Et... Euh... Voilà... Nous sommes ensemble... Enfin... Oui... Nous avons entamé une relation... »



Garavel frémit presque imperceptiblement l'espace d'un instant. Almah parut choquée l'espace d'un instant, comme un second coup de poignard vécu dans la même soirée. Son visage changea cette fois-ci rapidement, débouchant sur un soupir, puis un sourire. Elle lui prit les mains. « Je ne connais pas cette fille mais Garavel la considère comme une femme bien, alors je suis heureux pour toi, je vous souhaite plein de bonheur, en espérant que votre bonheur fera moins d'esclandres que d'autres couples de ce monastère. Vardishal semble être un saint qui amène l'amour, peut-être Hadrod et et Hadrah vont avoir un nouveau coup de foudre ? » dit-elle en riant, mettant sa main devant ses lèvres comme pour baisser d'un octave.



Le sourire timide que Célestin avait eu en révélant sa relation toute neuve s'effaça immédiatement alors que son cœur se serrait. Il avait de nouveau blessé celle à qui plus que tout autre il ne voulait pas faire de mal. Pire, Garavel semblait avoir réagi en même temps qu'elle à cette révélation. Pourquoi ? Se pouvait-il qu'elle ait eu quelque espoir d'avoir une relation encore plus poussée avec lui ?

Pour lui, c'était impossible. Il l'aimait, d'un amour sincère, mais en tant qu'amie et confidente. Ils avaient grandi ensemble. Elle était presque une soeur pour lui. Et puis... C'était la princesse. Malgré sa proximité avec elle, il connaissait place.

« Almah ?Je... Tout va bien ma chérie ? »




« Oui, oui ça va. » répondit-elle comme pour s'en convaincre. « C'est beaucoup de nouvelles d'un coup mais sois en assurée, j'en suis heureuse pour toi, et je n'en suis pas malheureuse. J'espère simplement que demain, tu rentreras en un seul morceau, car tu comptes pour encore plus de gens à présent. Fais attention à toi. » Lui dit-elle en plaçant ses mains autour des bras de Célestin.



Le jeune artisan lui sourit et l'attira contre lui, la serrant dans ses bras, et posa la tête sur son épaule. « Je veux que tu sois sûre d'une chose. Je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, et je pense que c'est important. » Il recula son buste pour la regarder droit dans les yeux, les mains sur sa taille, son visage à quelques centimètres de celui de la princesse. « Tu es une personne exceptionnelle, et je suis fier de t'avoir pour amie. C'est dommage qu'il n'existe pas de terme plus fort pour exprimer ce que tu représentes pour moi, parce que tu es bien plus que ça. Je t'aime, et quoi qu'il arrive, je t'aimerai toujours. Nul ne volera jamais la place que tu as dans mon cœur. Je ne sais pas où va aller ma relation avec Jyll, et j'espère qu'elle ira loin. Mais mon cœur est assez grand pour accueillir un nouvel amour, certes de nature différente, sans réduire celui que j'ai pour toi. »

Il resta un instant comme ça, contemplant ses magnifiques yeux, se perdant dans son regard, attendant une éventuelle réponse.



La princesse avança vers Célestin avec une mine satisfaite, le prenant dans ses bras. « Tu auras toujours une place ici pour toi, toi qui es l'homme qui aura pu le plus m'approcher. » dit-elle alors qu'on pouvait entendre Garavel renifler derrière eux. « Je crois que ta nouvelle union marque un tournant pour toi, le destin, comme à ceux qui t'accompagnent, semble avoir de plus grands projets pour toi que celui de me coudre des robes. Et j'en suis heureuse ... tant que tu continueras à m'en coudre à l'occasion ! » dit-elle en riant.



Célestin jeta un coup d'œil a Garavel. Se pouvait-il qu'il soit ému ?

Mais il reporta rapidement son attention sur Almah, sourire aux lèvres. « Ma chérie, j'espère bien pouvoir continuer à confectionner vêtements et bijoux pour toi ! Car c'est un de mes plus grands plaisirs de te voir mettre en valeur mes créations ! »

Célestin était heureux. Tout redevenait comme avant avec Almah. Leur complicité était restée intacte, le mauvais passage de ce début de soirée n'était déjà plus qu'un souvenir presque oublié. « Lorsque nous aurons repris Kelmarane, nous réfléchirons ensemble à une nouvelle tenue pour la maîtresse de ces terres. J'ai déjà quelques idées en tête, j'en ai quelques croquis. Mais il se fait tard, et je crois que nous avons eu notre lot d'émotions pour la journée. Je vais te laisser te reposer. À moins que tu ne veuilles que je reste ? »



« Et il me tarde de les découvrir. Fais bien attention à toi demain. À vous même. Si tu as le moindre doute, ou le moindre besoin, préviens moi, je ferais mon possible. » La princesse semblait respirer de bonheur, autant pour leur réconciliation que parce que son rêve commençait doucement à être touché du bout des doigts. « Je réfléchis aux lois ou particularités à donner à la ville une fois reprise. J'espère que j'aurai tes conseils le moment venu pour que cette ville ait son identité. Prends ça avec toi avant de prendre congé. Ne t'en sers vraiment qu'en cas de grand danger. Profite bien de ta nuit mon choux, Garavel et moi avons à parler des jours prochains. »



« Mon choux. » répéta Célestin en souriant tout en prenant la potion qu'elle lui tendait pour la ranger dans sa sacoche de ceinture. « C'est rare que tu m'appelles ainsi. Et j'aime bien. » conclut-il.

Il la regarda de haut en bas, rayonnante petite princesse préparant déjà l'après victoire. « Tu pourras compter sur moi ma chérie, comme toujours. Passe une bonne nuit. Et ne te couche pas trop tard, tu as aussi besoin de repos. » De nouveau, il la serra dans ses bras et l'embrassa sur la joue, puis se dirigea vers la porte. « Je compte sur vous Garavel pour veiller sur elle et qu'elle se repose suffisamment. » rajouta-t-il en lui souriant. Puis il partit se coucher après un dernier regard vers Almah, heureux. Garavel se contenta d'un hochement de tête lent, et d'un filet de sourire avant de lui ouvrir la porte.

Modifié par un utilisateur samedi 15 octobre 2016 00:24:19(UTC)  | Raison: Non indiquée

Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d'entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même. - Edmond Wells.
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Offline Guigui.  
#35 Envoyé le : samedi 15 octobre 2016 19:50:01(UTC)
Guigui
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Alia, Bhaal, Célestin : les raisons d'une absence


12 Desnus 4709 : le monastère, début de matinée


a décision avait été prise de laisser Nemlak partir seul à Kelmarane pour y glaner des renseignements et prendre contact avec d'éventuels marchands et, à vrai dire, quiconque manifesterait des vélléités de changer de camp. Garavel leva la séance et Nemlak, déjà tout à son projet, partit se préparer sans un mot ni un regard pour ses compagnons.

Ceux-ci repartirent vers leurs quartiers et déambulaient dans la grande nef en ruine quand Bhaal saisit le bras de Célestin en l'apostrophant d'un ton qui se voulait sévère, mais recelait plus de sollicitude que ce qu'il voulait bien montrer. « Dis-donc, toi ! T'es parti comme un voleur hier soir. Qu'est-ce qui t'a pris ? Alia et moi on aurait bien voulu... Et bien... »

Il hésita. « C'était quelque chose d'important pour nous. De très important même. Et... Euh... » Mais les mots ne venaient pas. L'armure du gladiateur était solide et malgré les récents changements, Alia restait la seule personne au monde avec qui il lui était facile d'exprimer des émotions. L'ancien gladiateur se tourna vers cette dernière, son regard l'appelant à l'aide.



Alia ne put s'empêcher de sourire en voyant Bhaal prendre à partie Célestin qui ne s'y attendait pas. Son amant paraissait brusque mais il s'était beaucoup inquiété pour leur ami. C'est lui qui lui avait raconté la façon dont l'artisan s'était esquivé la veille, à ce moment-là elle était trop perdue pour pouvoir remarquer quoi que ce soit. Elle s'en était voulu, Célestin avait toujours été là pour eux et elle l'avait oublié.

Elle compléta les paroles de Bhaal d'une voix douce. « Nous voulions partager notre joie avec vous, Célestin, c'est grâce à vous si nous sommes libres. Que s'est-il passé ? »



Célestin fut surpris et pris de court lorsque Bhaal le prit à partie. S'il le regarda dans les yeux lorsque celui-ci l'interrogea, il profita qu'il reporte son attention sur Alia pour détourner le regard.

Il eut un léger sourire en demi-teinte, et tenta de les rassurer, mais il était incapable de les regarder en esquivant la question. « Oh je... Je suis désolé, je ne voulais pas vous blesser. Je... » Il leur jeta un regard furtif avant de reporter son attention vers un mur qu'il semblait soudainement trouver particulièrement intéressant. « Je suis très heureux pour vous, et vous le méritez. Je... » Il avait du mal à trouver ses mots, choses plutôt inhabituelle chez lui.

« Je n'ai pas d'excuse, j'aurais dû être là pour ce moment si important pour vous. J'espère que vous me pardonnerez de ne pas avoir participé à votre joie. » Enfin, il reporta son attention sur eux, avec un regard exprimant la sincérité de sa demande. Mais ses yeux exprimaient également une sorte de tristesse qui lui était inhabituelle.



Le cœur d'Alia se serra aux paroles de Célestin, plus que ses paroles c'était son attitude et sa façon de ne pas les regarder qui inquiétaient la jeune fille. Elle lui prit les mains et le regarda dans les yeux. « Vous n'avez pas à vous excuser de quoi que ce soit, mais... vous m'inquiétez, Célestin. Il y a quelque chose qui vous trouble et semble vous faire souffrir. Je... vous avez le droit de nous dire que cela ne nous regarde pas mais vous nous avez tellement aidé... alors si nous pouvons vous aider à notre tour... »



« Merci, » souffla-t-il simplement. Il hésita un instant, son regard n'arrivant pas à rester accroché à celui pourtant captivant de l'aasimar, avant de poursuivre. « La soirée d'hier a été... difficile pour moi. Mais il ne faut pas vous inquiéter. Aujourd'hui est un autre jour, votre premier jour en tant que personnes libres. Profitez-en et ne vous encombrez pas l'esprit. »

Il serra doucement ses mains autour de celles d'Alia afin d'appuyer ses propos, et regarda vers leurs quartiers, avant de revenir à eux. « D'ailleurs, que comptez-vous faire de cette journée, puisque vous avez quartier libre ? »



« Non non non, hé ho ! » Intervint Bhaal, « change pas de sujet. Tu nous prends pour des idiots ? » Il plaça une main sur l'épaule d'Alia, l'autre sur celle de Célestin avant de poursuivre. « Écoute, mon biquet, hier on s'est reposés sur toi bien au-delà de ce qu'on aurait dû te demander. Et non seulement t'as tout supporté, mais tu nous as remis dans le droit chemin. Sans toi, on aurait fait n'importe quoi. Alors laisse-moi te dire une chose : t'as beau avoir une drôle de dégaine et des goûts étranges, t'es un type bien et le premier à qui je doive réellement quelque chose. En fait, t'es mon ami. Mon premier véritable ami. Alors s'il y a quelque chose qui te tracasse, tu vas bien gentiment nous l'expliquer et déballer tous tes petits secrets, parce que nous on n'en a plus aucun pour toi. Vu ? »



Alia jeta un coup d’œil surpris à Bhaal : « mon biquet ? » Celui-ci continua son discours et Alia, de nouveau sérieuse, hocha la tête, confirmant la rude sollicitude de son amant.




« Mon biquet ? » s'étonna Célestin. La surprise passée, un sourire amusé naquit sur ses lèvres. « J'ai une très mauvaise influence sur toi, Bhaal. Voilà que tu te mets à t'exprimer comme moi, et à vouloir à ton tour remonter le moral des autres. Méfie-toi mon chou ! Bientôt, tu vas te mettre à la couture ! » finit-il dans un rire léger.

Mais il reprit rapidement son sérieux devant le regard insistant du couple. Il soupira, se résignant à leur parler. Lâchant l'une des mains d'Alia, il la posa sur celle que le géant rouge avait posée sur son épaule. « Pour moi aussi vous êtes mes amis. Tous les deux. Vous vous êtes confiés à moi, nous avons vécu des choses intenses ensemble. Et grâce à vous, j'ai évolué. Vous comptez beaucoup pour moi, tous les deux. Et je suis content que vous ayez décidé de rester à Kelmarane après sa reprise, car moi aussi, je vais m'installer ici. »



« Comment tu sais qu'on va rester ? » Coupa le géant rouge, « quand j'ai dit à Garavel qu'on restait, je voulais dire pour se battre. » Il laissa passer un instant, le temps de croiser le regard de son amante, avant de reprendre, l'air gêné : « mais... On en a parlé hier soir, et... on va rester. Pour de bon. »



Alia hocha la tête vigoureusement, souriante. « Oui, nous avons décidé de nous installer à Kelmarane, on aura une maison à nous. »





« Avec un jardin et un dattier, » ajouta Bhaal, « comme ça je pourrai bouffer des dattes à m'en faire péter le bide, et cracher les noyaux sur Nemlak quand il approchera, » déclara-t-il sur un ton martial et tout à fait sérieux.



Alia éclata de rire aux paroles de Bhaal.





Célestin fut d'abord déstabilisé par la question de Bhaal, et il ne put que balbutier un « Ben... Tu... » avant que celui-ci ne lui explique qu'il ne parlait que de rester pour la reprise de Kelmarane, et non de façon plus définitive. Il rougit de sa mauvaise compréhension, puis finit par éclater de rire de son erreur, rire qui redoubla à l'image d'un Bhaal crachant des noyaux sur Nemlak.

Entre deux gloussements, il tenta de reprendre la discussion. « Je crois que j'avais quelque peu anticipé mes désirs, » fit-il en les regardant tour à tour. « J'en suis d'autant plus heureux qu'ils soient exaucés. »

Un léger silence s'installa, avant qu'il ne reprenne. « Vous ne lâcherez pas l'affaire, n'est-ce pas ? » finit-il par dire, ses yeux pétillants de malice.



En un bel ensemble, les deux amants firent non de la tête d'un air déterminé.





Le sourire de Célestin s'élargit alors que le couple lui répondaient spontanément à l'unisson. « Eh bien... Vous ne l'avez peut-être pas remarqué, mais Almah était assez remontée contre moi hier soir. Mais je vous rassure tout de suite, nous avons d'ores et déjà arrangé les choses. »

Si le jeune homme semblait sincère dans ses propos, Alia et Bhaal purent tous les deux voir son regard se voiler à cette évocation. « Je ne pense que ça vaille la peine que je m'étende sur le sujet. Mais je lui ai fait de la peine, et, blessée, elle m'en a fait en retour. Nous nous sommes expliqués, et tout est rentré dans l'ordre. » En finissant sa phrase, il regarda vers leurs quartiers, comme s'il comptait se mettre en marche, estimant l'explication terminée.



Alia cessa de sourire aux paroles de Célestin, elle se mordilla les lèvres, gênée. « Je n'ai rien remarqué... Je suis désolée... Je suis vraiment une très mauvaise amie, j'étais tellement centrée sur mes problèmes que je n'ai rien remarqué... Pardonnez-moi, Célestin, je n'ai jamais eu d'ami, je ne sais pas comment faire mais j'aurai dû voir que vous n'alliez pas bien. »

Elle se replaça devant Célestin et replongea ses yeux dans ceux de l'humain. « Vous êtes certain que tout est réglé, vous avez l'air vraiment affecté ? Je voudrais vraiment vous aider. »



« Ouais, » grogna Bhaal, « tout est rentré dans l'ordre mais tu tires une tronche de dix pieds de long. Tu n'es pas obligé de nous raconter tous tes petits secrets avec la princesse. Ce qui la concerne ne nous regarde sûrement pas, mais... Alia a raison, tu n'as pas l'air bien. Et ça me fait chier. »



Célestin soupira en regardant l'aasimar. « Déjà, si tu veux m'aider, j'aimerais que tu me tutoies. Les amis ne se vouvoient pas, » dit-il d'un air exaspéré. « Et tu n'as plus l'excuse d'être esclave, en plus, » rajouta-t-il d'un ton plus doux, se rendant compte du ton qu'il avait utilisé.



Alia eut un petit mouvement de recul devant la demande brusque de Célestin. « Je... je vous tutoierai, Célestin, laissez-moi juste un peu de temps... tout va tellement vite. »



« Je l'espère bien, » reprit-il avec un léger sourire d'excuse, l'air gêné. « Et... Tu n'as pas à t'excuser. Pour hier. » Il regarda Bhaal, puis de nouveau Alia, avant de poursuivre. « J'aimerais que vous gardiez ça pour vous, pour l'instant. » Il regarda alentour. « Je préfèrerais que nous allions quelque part où nul ne nous entendra. Nous avons pu le constater hier, les murs ont des oreilles ici. »



« Et bien, allons faire un tour, alors, tant que le soleil est encore bas et l'air frais, » proposa Bhaal. Ce faisant, ils sortirent du vieux monastère pour se diriger, sans que quiconque ne le décide vraiment, vers l'endroit où ils avaient eu la veille, presque à la même heure, une conversation décisive.



Respirant l'air frais du matin, Célestin finit par briser le silence. « Tout d'abord, je veux qu'aucun de vous ne se sente responsable de quoi que ce soit. J'ai pris mes décisions en connaissance de cause, et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. »

Après un court silence, il reprit. « Almah est un peu... Possessive vis-à-vis de moi, » sourit-il. « J'ai grandi avec elle, et nous nous disons tout. Depuis toujours. Alors quand elle a compris que je connaissais ton secret, elle a été vexée, » dit-il en se tournant vers Alia.



Alia blémit quand elle comprit. « C'est à cause de moi ? C'est à cause du secret que je vous ai fait tenir ? Ooooh... Célestin, je suis si désolée... Je n'ai pensé qu'à moi... je suis vraiment désolée. »




Bhaal entoura sa compagne d'un bras protecteur. « C'était pas ta faute, ma belle. Tu étais dans un sale état, et tu avais peur. » Il se tourna ensuite vers le jeune homme. « Mais enfin, si j'ai bien suivi, ça n'est qu'après qu'on a parlé à la harpie que tu as compris, pas vrai ? Quand vous avez discuté tous les deux ? Elle ne peut pas t'en vouloir d'avoir gardé le secret une demi-journée, quand même ? » S'étonna-t-il.



Le jeune homme sourit à ses deux amis. « Je te l'ai dit Alia, tu n'as pas à t'en vouloir. Et tout est rentré dans l'ordre. Je te rassure, Bhaal, nous avons discuté hier soir, elle a cru que je le savais depuis plus longtemps que ça. Et de toute façon, elle a très bien compris que ce n'était pas contre elle, mais pour te protéger, Alia. Il faut la comprendre, elle est tendue, et l'un de ses plus fidèles amis lui fait des cachotteries. Je ne lui en veux pas de l'avoir mal pris. »

Célestin sembla hésiter à poursuivre. « Mais vous avez raison, ça m'a affecté, et même si nous nous sommes excusés mutuellement, j'y pense encore. J'aurais préféré ne jamais la blesser, ni la voir me regarder avec cet air là. »
De nouveau, son regard se fit triste l'espace d'un instant, avant qu'il ne se reprenne. « Et puis... Il y a autre chose qui l'a affecté hier. Je crois qu'elle ne s'y attendait pas. Moi non plus d'ailleurs, » rajouta-t-il avec un sourire. « Je... J'aimerais que vous gardiez ça pour vous, pour le moment. Je... Je suis avec Jyll. Depuis hier après-midi. » Il avait un sourire presque béat en prononçant son nom.



Alia était vraiment triste de la peine de Célestin, quoiqu'il en dise c'est elle qui l'avait provoquée et elle s'en voulait. Si elle n'avait pas été aussi égoïste, le seul ami qu'elle n'ait jamais vraiment eu n'aurait pas eu à souffrir, surtout pour avoir tenu un secret qu'elle avait dévoilé le soir même. Elle se colla au corps de Bhaal qui venait de l'entourer de son bras, cherchant une parole réconfortante à dire à Célestin, lorsque le jeune homme continua son récit. Elle ne put cacher sa surprise joyeuse.

« Jyll ? Quand vous dites "je suis avec Jyll" vous voulez dire que Jyll et vous ?... Ooooh ! Célestin, je suis si heureuse pour vous, vous méritez tellement d'être heureux et Jyll à l'air d'être quelqu'un de bien, vraiment. » Sans réfléchir, elle se défit de l'étreinte du géant rouge, franchit la distance qui la séparait de l'artisan et le prit dans ses bras dans une accolade chaleureuse tout à sa joie de le savoir heureux.



« Ho hoooo ! » Fit Bhaal en venant lui aussi donner l'accolade au jeune homme, « et ben, t'as pas perdu ton temps, mon salaud, » ajouta-t-il en souriant de toutes ses dents et en le gratifiant d'une solide tape dans le dos. « Il ne reste plus qu'à trouver une gnollesse à Nemlak et on nagera tous dans le bonheur, hûk hûk ! » Il s'apprêtait à faire quelques commentaires sur la plastique de la jeune femme mais l'image de grands yeux verts lançant des éclairs s'imposa à son esprit, et il choisit finalement de se tenir coi.

Il reprit alors son sérieux : « Et donc... Tu t'es rabiboché avec la princesse... Tu as compté fleurette à la Jyll... Et tu tires quand même la tronche ? C'est moi ou tu es un tout petit peu difficile à satisfaire ? »



Célestin se mit à rougir furieusement en recevant les félicitations du couple. C'est tout gêné qu'il répondit. « Oui oui, Jyll et moi... » Lui non plus ne finit pas de phase, mais pour une autre raison qu'Alia, ce qui le fit encore plus rougir, si cela était possible. « Ah, mais détrompe-toi, Bhaal ! » S'exclama-t-il sur un ton enthousiaste. « Je suis satisfait ! Et même plus que satisfait ! J'ai deux nouveaux amis, je débute une relation avec une femme formidable, je suis toujours dans le cœur de ma chère Almah... Je suis comblé ! »

« Mais, » reprit-il sur un ton moins léger, « savoir que j'ai blessé Almah m'a fendu le cœur, et je ne peux m'empêcher de cogiter. Je déteste blesser les gens, et encore plus lorsqu'il s'agit d'une personne que j'aime de tout mon cœur. Et je me dis que j'aurais probablement pu éviter cela... » Il regarda au loin, les yeux dans le vague. « Je suis comme ça. Je veux toujours que tout se passe bien autour de moi. Je sais que c'est impossible, mais... C'est ainsi... »



Bhaal regarda Célestin un moment en restant silencieux. Il n'était pas habitué à remonter le moral de qui que ce soit, surtout que le "problème" de Célestin lui paraissait bien mineur. Il y a quelques jours encore, il lui aurait probablement ri au nez ou même collé une taloche pour lui apprendre à vivre, mais plus maintenant. Désormais, il avait un ami. Non pas un guerrier farouche, un homme de sa trempe, mais un jeune homme sensible et éduqué. Tout les opposait, et pourtant c'était bien son ami.

« Écoute... » Commença-t-il, cherchant ses mots, « déjà je ne sais pas comment tu aurais pu l'éviter. Soit tu trahissais le secret d'Alia, soit tu le taisais à la princesse. Il n'y avait pas de bonne solution. Tu aurais préféré avoir Alia sur le dos ? T'aurais pas gagné au change, crois-moi. Quand elle te crucifie du regard, comme ça... » Dit-il en mettant son index et son majeur devant les yeux en un geste lourd de menaces. Il attendit qu'Alia le regarde en quête d'une explication pour s'esclaffer.

Mais son air redevint grave, presque sombre, quand il ajouta : « quelque fois, tu fais du mal aux gens que tu aimes, même si tu ne le veux pas. » Il prit la main d'Alia et plongea son regard dans le sien. « Et après, tu regrettes, » ajouta-t-il, presque dans un murmure. « Mais c'est comme ça. Tu ne peux pas être parfait et tu dois l'accepter. Tu fais des choix, bons ou mauvais. Ce qui est important, c'est de les assumer. »



Alia eut un petit hoquet offusqué aux propos de Bhaal et jeta un regard courroucé à son amant, jusqu'à ce qu'il éclate de rire, d'un rire communicatif qu'elle ne put s'empêcher de partager. Puis elle redevint sérieuse en même temps que le géant rouge. « Pensez à ce que vous nous auriez dit, Célestin. La Princesse vous a pardonné, ne soyez pas plus dur avec vous-même, ou alors pensez-vous que son pardon n'a pas de valeur ? Vous savez que vous ne le pensez pas alors souriez et faites lui honneur. Ou alors vous allez la rendre à nouveau malheureuse de vous rendre triste. »



Célestin se retourna vers eux, les coins de ses lèvres légèrement retroussés en un sourire timide. « Vous avez raison. J'aurais préféré qu'il en soit autrement, mais maintenant que c'est fait... Je ne peux que vivre avec, et essayer de ne pas reproduire mon erreur. »

Puis il s'adressa plus particulièrement à Alia. « Bhaal a de la chance de t'avoir. Je ne sais pas s'il s'en rend compte... Quoi que... Si, je suis persuadé qu'il le sait. Mais toi, t'en rends-tu compte ? D'un gladiateur gueulard, tu en as fait quelqu'un qui se soucie d'un gars comme moi. Je n'aurais pas parié là-dessus il y a quelques jours. »

Il sourit en regardant Bhaal. « Pas la peine de me regarder comme ça, mon chou. Tu as changé, c'est un fait. Et en bien. Tu deviens un gars bien, Bhaal. » Son sourire s'agrandit. « Et tel que tu es, je suis fier de t'avoir pour ami. »



Alia rougit sous le compliment, elle se sentit gênée. « Je n'y suis pas pour grand chose, Bhaal était déjà quelqu'un de bien. Il ne le savait pas, c'est tout. »




« Ouais, d'abord ! » Gronda Bhaal en jetant un regard peu amène sur le jeune homme. « Méfie-toi quand même, mon biquet. C'est pas parce que t'es mon pote que je ne pourrais pas te coller une taloche pour ton propre bien, si tu l'ouvres trop. » Son ton était sévère mais il se retenait manifestement de sourire. « Allez, viens-là... » Dit-il en attrapant Célestin par la nuque et en le plaquant contre son torse en une virile embrassade ponctuée de grandes tapes dans le dos.

Tout en menaçant d'occire Célestin par étouffement, Bhaal regardait Alia avec des yeux emplis de tendresse. « Mais tu as raison... J'ai de la chance. J'ai une chance inouïe. Elle me rend meilleur chaque jour qui passe. Et surtout, surtout... Elle me rend heureux. »



Alia souriait en regardant Bhaal étouffer Célestin sous son accolade amicale, le demi-démon expérimentait l'amitié et il aimait ça. Lorsqu'il parla d'elle, elle fut profondément émue, elle lui sourit avec un mélange de tendresse et de timidité. Elle n'arrivait pas à le regarder, si elle le faisait, les larmes qui menaçaient couleraient.



Célestin tendit une main demandant secours vers Alia tout en essayant de se repousser avec l'autre, en vain. « Je déclare forfait ! » tenta-t-il de plaisanter d'une voix étouffée par le puissant torse de son ami.

Quand enfin il fut libéré de l'étreinte de Bhaal, il était un peu rouge et décoiffé, mais il souriait de toutes ses dents. « Eh bien voilà ! Premier jour de liberté, et déjà une tentative de meurtre sur un ami ! »



Alia papillonnait des yeux, empêchant les larmes d'émotion de couler. Le spectacle grotesque d'un Célestin appelant à l'aide étouffé par Bhaal chassa ses larmes et la fit pouffer de rire. D'un rire léger d'abord puis qui s'amplifia, le fou rire l'envahit au spectacle des deux hommes et se poursuivit même lorsqu'ils se séparèrent, retentissant dans le silence du désert.

Modifié par un utilisateur jeudi 20 octobre 2016 23:59:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

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#36 Envoyé le : dimanche 16 octobre 2016 22:14:15(UTC)
Guigui
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Bhaal : audience avec la princesse


12 Desnus 4709 : le monastère, fin de matinée


près le départ de Nemlak pour Kelmarane, Bhaal et Alia profitèrent du temps qui leur était offert pour mettre à exécution leur projet de nettoyer et aménager le sanctuaire de Vardishal. Ils empruntèrent balais, brosses et seau à Hadrah et se firent un devoir de rendre la petite salle plus propre et plus habitable. Ceci fait, ils allèrent chercher leurs paillasses et leurs affaires et les installèrent dans leur nouvelle demeure. Une planche de bois posée sur le dallage allait servir de rangement pour leurs vêtements, une autre recevrait quelques vivres et de l'eau. Alia tint à apporter quelques bougies. Aucun des deux n'en avait la nécessité mais la jeune fille trouvait que la douce lumière des bougies rendait l'atmosphère plus agréable.

L'endroit avait beau rester dans un dénuement absolu, c'était leur chez-eux et, bien que provisoire, il leur parut un enchantement. Satisfaits, ils se reposèrent un peu avant qu'Alia ne manifeste son souhait d'aller s'entretenir avec Jyll. Devinant la teneur de leur conversation à venir, Bhaal n'eut pas vraiment envie de la suivre, sinon par pur plaisir de rester avec elle. De plus, il caressait un autre projet qu'il n'avait pu mener au matin.

Alia partie, il emprunta les couloirs séculaires et se rendit devant l'ancienne bibliothèque où la princesse Almah avait établi ses quartiers. Le garde en faction le toisa d'un air méfiant - c'était son travail de se méfier - avant de lui demander ce qu'il voulait sur un ton peu amène.

« Je veux parler à la princesse, » répondit Bhaal sur un ton semblable et sans plus d'explications.



Un long silence se fit dans la pièce mitoyenne, sans que le garde ne prenne la peine de transmettre le message.
« Qu'il entre ! » Répondit la voix de Garavel alors que le garde ouvrait la porte, laissant le chemin ouvert pour la visite du géant à présent libre.

La princesse consultait une carte debout, Garavel en face d'elle, et tous deux se tournèrent vers l'arrivant. « Dois-je congédier Garavel pour les motifs de votre visite ? » Demanda-t-elle sans sembler pouvoir être contrariée par les réponses possibles.



Bhaal franchit les quelques pas qui le séparaient de Garavel et de la princesse et mit un genou à terre devant cette dernière, tête baissée en signe de déférence. Puis il se releva derechef, ignorant que le protocole lui commandait d'attendre un signe de la princesse pour se remettre debout. « Non ! Non, Princesse, il n'y a rien de secret dans ce qui motive ma visite. »

Après un bref silence gêné, il reprit : « Maî... Euh, Garavel a du vous dire qu'Alia et moi souhaitons rester à votre service, mais je tiens à vous dire pourquoi, et à vous le dire en personne. J'avais cru comprendre que vous seriez présente au conseil de ce matin, mais il faut dire qu'hier soir j'étais pas en état de comprendre grand-chose. J'ai, euh... J'ai préparé un petit discours dans ma tête, et maintenant qu'il y tourne, ça serait dommage de ne pas vous le débiter. »
Le géant rouge se tut alors, dans l'attente manifeste de recevoir l'autorisation de continuer.



« Je m'entraînais, » répondit elle avec un grand sourire satisfait malgré la mine dépitée de Garavel à ce sujet. « Il est hors de question que je récupère une ville sans combattre. Je ne suis pas assez sotte pour aller en première ligne, mais pas assez couarde pour attendre ici en buvant le thé pendant que d'autres répandent leurs boyaux pour sauver ma lignée. »
Son sourire avait disparu. « Je vous écoute, Bhaal, avec attention. »



« Hem ! » Fit le géant rouge en s'éclaircissant la gorge, « tout d'abord, je ne vais pas vous mentir, je le fais pour Alia. Ça me fait ch... Ça m'ennuie de l'admettre, mais je crois bien que les dieux ont un plan pour elle, et ce n'est pas en fuyant qu'on s'en sortira. Elle doit devenir tout ce qu'elle doit être, tout ce qu'elle peut être, et ça passe par un affrontement avec ce Kardswann. Et mon rôle à moi, c'est de l'aider et de la protéger dans cette épreuve. »

Bhaal laissa passer un instant avant de reprendre. « Ensuite, on le fait pour vous. Vous nous avez donné la liberté. Ça veut dire que vous nous avez donné une nouvelle vie. On pourrait presque dire : vous nous avez donné la vie. On vous doit tout, Princesse. Et en plus, vous n'étiez pas obligée de faire ça. Kelmarane n'est pas reprise.

Je n'ai jamais connu d'esclave qui ne se méfiait pas de son maître. Alia et moi, on s'est beaucoup méfiés de vous. Vous étiez la Maîtresse. On ne comprenait pas ce que vous attendiez de nous. On n'était pas libres mais il fallait qu'on se comporte comme si on l'était, sans savoir où était la limite. Bref... Ce que vous ne pouviez pas obtenir de vos esclaves, vous l'avez maintenant de vos affranchis. La confiance, la dévotion... Par les cornes du Grand Cornu, on va faire de vous la princesse de Kelmarane, puisque c'est ce que vous voulez, »
déclara-t-il d'une voix forte, presque exaltée, « et on est prêts à s'asseoir sur une montagne de gnolls morts s'il faut en passer par là.

Enfin et pour finir, on le fait pour nous. On en a discuté hier soir, et c'est clair que vous avez raison. Si on partait maintenant, d'abord on aurait quand même l'impression de ne pas vous payer de retour... Mais aussi, on aurait rapidement des ennuis. J'ai tendance à attirer les emmerdes, et Alia les convoitises. Et avec ce que j'ai sur le front... »
Dit-il en désignant du doigt la marque des fugitifs qui y était gravée au fer rouge. « Alors on a décidé de faire notre maison à Kelmarane. Au moins, ici, les gens nous connaîtront et seront bienveillants avec nous. De tout le Katapesh, ce sera de loin l'endroit le plus accueillant pour nous. »

Bhaal se tut, observant la réaction de la princesse. « Euh... Voilà, j'ai fini, » crut-il bon de rajouter.



Almah tentait tant bien que mal de ne pas se laisser emporter par l'ivresse des bons mots de Bhaal, aussi essaya-t-elle de les boire avec modération. Elle vint se poser devant Bhaal, joignant ses mains sous son nombril. « Vos paroles me vont droit au cœur, vous êtes les premiers esclaves que je libère de ma main. Savez-vous pourquoi je vous ai libéré, ou le soupçonnez-vous ? »

Supposant qu'il n'était pas amateur de devinettes, elle enchaîna. « Cette ville, comme tout ce qui n'est pas tenu par des monstres, sera sous la poigne lointaine des Maîtres du Pacte. Des transactions commerciales y seront faites, certaines éthiques, d'autres pas, et d'autres immorales. Je ferai mon possible pour que ces dernières soient les plus rares possibles, mais je sais qu'elles existeront. Rien que pour reprendre cette ville, je vais déjà accorder des faveurs à des contrebandiers. J'ai néanmoins le pouvoir de façonner cette ville selon mon empreinte, et je souhaite en faire une cité où les anciens esclaves y auraient une chance. Une cité où même ceux qui ont des esclaves et souhaitent les conserver pourraient venir y prospérer en sachant que ceux-ci, bien qu'enchaînés, soient traités avec un minimum de respect. Si je me contente d'émettre ce souhait, il n'est que belles paroles, et les paroles sans les actes ont autant d'intérêt qu'une brise durant une tempête. Si je veux placer mon empreinte, il faut que mes actes soient en conformité avec mes souhaits, et que mes paroles les suivent, voire leur succèdent au lieu de les précéder.

Je ne m'attends pas à être aimée ou adulée par tous, ça n'est pas mon rôle, et dans une nation où les êtres n'ont pas la même valeur, c'est impossible. Mais je peux être respectée, et être jugée fiable. C'est ce que je vise pour le moment. Je ne pouvais maintenir une sainte captive mais, dès lors, vous laisser, vous, comme autre chose qu'un citoyen revenait à dire que vos services valaient moins que ceux des autres, et que si Alia sortait de son rang, c'était justement par un privilège "de sang". Cela aurait pu ternir votre relation, et vous aurait conforté dans l'idée qu'aucune justice n'existe en ce monde. Il y en a une pourtant. On ne peut pas la rendre tout le temps, alors quand c'est possible, il ne faut pas hésiter.

Je suis très heureuse qu'alors que Kelmarane n'est pour le moment qu'une base ennemie, vous souhaitiez vous y installer. Je suis certain que l'on trouvera un poste à vous fournir à tous les deux, quelque chose pour vous permettre de vivre décemment, et sans subir à nouveau des ordres continuels. En omettant complètement mon rang, je pense que c'est une sage décision. Apprendre la liberté, comme les responsabilités, n'est pas chose aisée. J'apprends moi-même encore beaucoup.

Plus que la liberté et ce qui en découle, je pense qu'il vous faut du temps pour vous apprendre tous les deux. Vous semblez être plus ce que vous en saviez, autant le découvrir dans un environnement moins hostile même si, comme vous je suppose, je me doute bien que des attaques de gnolls seront à craindre dans les mois qui suivront la victoire.

Quand cette ville sera reprise, et que les Maîtres du Pacte m'auront envoyé des troupes, nous irons à Katapesh. J'irai commercer, et nous irons rendre officielle et sue votre liberté acquise à tous les deux. Je ferai enlever votre marque d'esclave par le même prêtre d'Abadar que celui qui fera les papiers de votre libération. »


Almah tourna les talons et commença à faire les cent pas. « Ce qui m'amène à une question de pure curiosité vous concernant. Avant de rencontrer Alia et d'être un homme réellement libre, que comptiez-vous faire si vous sortiez vivant de tout ce merdier ? » Demanda-t-elle en finissant sur un ton plus vulgaire qu'à l'accoutumée.



Bhaal écouta le long discours de la princesse en essayant de ne pas perdre le fil de ses pensées. C'était une politicienne, à n'en pas douter, mais une politicienne avec des principes. Lorsqu'elle parla de lui faire enlever sa marque, il baissa la tête en signe de remerciement, mais attendit qu'elle eût fini pour le faire avec ses mots. « Je vous remercie, Princesse. Je vous remercie sincèrement. Célestin avait raison, vous êtes vraiment une bonne personne, bienveillante et soucieuse de vos gens. Au début, j'ai pris cela pour de la naïveté, mais je me suis bien trompé, comme sur beaucoup d'autres choses. A présent, je vois que vous connaissez le monde tel qu'il est, mais vous avez la force de ne pas l'accepter sans rien faire. C'est ce que vous appelez "laisser votre empreinte", je suppose.

Pour répondre à votre question... A vrai dire, je risque de vous décevoir, je n'y avais pas vraiment songé. Un esclave n'a pas de projets, seulement des journées qui se succèdent les unes aux autres. Je ne savais tout simplement pas quoi faire de cette liberté que vous me promettiez. Je suppose que je me serais fait mercenaire, ou peut-être à nouveau gladiateur. Et dans mes rêves les plus fous, j'aurais cherché à me venger de ceux qui m'ont fait du mal. Mon ancien maître... Les mag... »
Le géant rouge stoppa net. Emporté par son élan, il en disait trop, et cette révélation risquait d'amener des questions auxquelles il n'avait pas envie de répondre. Mais comment faire marche arrière maintenant, sous le regard de ce Garavel qui voyait tout et comprenait tout ? Il était coincé. « Les magiciens... » finit-il par dire dans un souffle, tête baissée. « C'est la haine qui m'a fait tenir tout ce temps, Princesse, et c'est elle aussi qui m'aurait précipité dans la mort si j'avais été au bout de mes espoirs. Alia m'a sauvé, corps et âme. » Tout en disant cela, il entendit la voix froide de Nemlak lui rappeler que les démons n'avaient pas d'âme. Il se sentit soudain très mal à l'aise.



« Des hommes avec des pouvoirs approchant ceux des dieux, et approchant eux-mêmes de la sagesse des enfants, capables du meilleur comme du pire... Il n'est pas étonnant, si vous avez eu à faire à eux en tant qu'esclave, que vous ne les appréciez pas, » répondit-elle sans réellement comprendre ce dont parlait Bhaal.

« Dans ce cas, je suis d'autant plus heureuse que le destin vous ait mis sur la route d'Alia et inversement. Le destin est parfois étonnamment bienveillant au Katapesh, ce n'est pas vraiment étonnant pour une terre qui a été façonnée et refaçonnée par de nombreux souhaits de génies.

Pour en revenir aux magiciens, on ne peut jamais leur faire totalement confiance. Comme presque tout Katapesh, finalement, »
dit-elle dans un sourire désabusé. « Vous pouvez donc garder votre haine et les raisons qui l'animent, moi-même je déteste les prêtres, ils me donnent des frissons. Mais parfois, on trouve des exceptions. Célestin est une sorte de magicien, et à toute ma confiance. Il a tendance à tirer le meilleur de chacun, mais par bonté, un talent rare, et désarmant. Merci d'avoir répondu et d'être venu présenter vos respects. »



Bhaal aurait voulu répondre que, pour lui, Célestin était exactement l'inverse d'un magicien, mais comprenant que l'entretien était terminé et que la princesse lui donnait son congé, il se contenta de ployer le genou, tête baissée. « Je vous remercie de m'avoir consacré votre temps, Princesse. Je... Enfin, je vous souhaite une bonne journée, ainsi qu'à vous, Garavel. » Sans plus se faire prier, il fit demi-tour pour sortir.



Alors qu'il sortait, pour la première fois depuis qu'il l'avait acheté, Garavel eut un geste direct envers Bhaal. Alors qu'il allait le dépasser, il lui attrapa le bras pour lui glisser un mot : « je suis heureux de vous avoir choisi, vous ne méritiez pas les mines de sel, » dit-il avec une expression placide qui contrastait avec la force et le ton inhabituel de son verbe. Il relâcha le géant juste après.



Surpris par le geste de son ancien maître, le demi-démon le fixa de ses yeux jaunes, cherchant à percer les pensées du majordome. Se pouvait-il qu'il y ait des émotions derrière ce masque ? Au bout de quelques secondes, il lui adressa un hochement de tête reconnaissant. « Et je suis heureux que vous m'ayez choisi. Sans vous... » Il ne considéra pas utile d'achever sa phrase et se dirigea, cette fois pour de bon, vers la sortie.
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Offline Guigui.  
#37 Envoyé le : lundi 17 octobre 2016 00:24:43(UTC)
Guigui
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Bhaal et Andrus


12 Desnus 4709 : le monastère, fin de matinée


ne fois sorti des quartiers de la princesse, Bhaal prit une grande inspiration avant de souffler. La tension de l'entrevue retombait. Il était heureux d'avoir pu dire à son ancienne maîtresse ce qu'il avait à lui dire, mais ce genre d'entretien était toujours une épreuve pour lui. Il ne s'y sentait pas à l'aise et, peu habitué au langage soutenu, craignait toujours de commettre un impair.

Alia était probablement encore en grande conversation avec Jyll, aussi Bhaal résolut-il d'aller faire un tour à l'extérieur pour s'entraîner un peu avant que la chaleur ne devienne intolérable. Il repassa par le sanctuaire pour s'équiper et s'armer, et une idée lui vint. Il avisa l'arc long qu'il avait récupéré dans le fort des gnolls et le prit dans son dos, ainsi qu'un carquois de flèches, avant de sortir du monastère.

A l'extérieur, il retrouva Hadrod occupé à soigner les bêtes. « Salut, » lui dit-il, « dis-moi, as-tu vu le nouveau dans le coin ? Celui qui s'appelle Andrus ? »



Hadrod semblait avoir déjà un petit flair quand il se tourna vers Bhaal, toujours aussi impressionné, et impressionnable. « Oui, je crois qu'il est à l'extérieur, de l'autre côté là bas, » dit-il en pointant le mur sud, « il taille des flèches avec le bois des bancs cassés de la chapelle. Bhaal, si... Si vous allez chez les gnolls et que vous trouvez des gourdes, est-ce que vous pouvez regarder si y en a avec un liquide marron qui ressemblera à de l'eau dans une bonne chiasse, l'odeur en moins? Les gnolls fermentent un alcool qu'ils appellent le Chamu, ça se dit chamou, je me suis toujours demandé quel goût ça a et comment c'est fait. Je pourrais vous donner de l'or, et même des repas gratuits si vous voulez. » Il se grattait la tête, gêné, et ses joues devenaient aussi rouges que son nez.



« Tu veux VRAIMENT boire quelque chose qui viendrait des gnolls ? » Demanda Bhaal, un peu consterné. « Bon... Si j'ai le temps de m'occuper de ça, je t'en rapporterai. Mais pas sûr que tu trouves quelqu'un pour trinquer avec toi. Bref... Merci pour le renseignement. A plus tard. »

Suivant les indications de l'étrange chamelier, le géant rouge contourna le bâtiment pour se rendre vers son côté Sud. Là, le soleil, déjà bien haut dans le ciel, n'était arrêté par aucune ombre, et il dut se mettre la main devant les yeux pour ne pas être ébloui.



L'homme était assis sur une grosse pierre. Il se tenait tout proche du mur de la bâtisse pour profiter tant bien que mal de la fraîcheur toute relative de la roche, taillant à la dague dans le bois qu'il avait pris dans la chapelle, ayant pris les morceaux les plus à même de tenir pour des assauts. Il aperçut immédiatement Bhaal quand il fut dans son champ de vision, et sourit légèrement quand il le vit approcher, continuant son travail sans dire un mot, un œil sur ce qu'il faisait, l'autre sur l'arrivant. Il continua un instant avant de s'arrêter, offrant toute son attention au demi-fiélon.



« Salut ! » Lui lança Bhaal en toute simplicité. Il attendit un instant qu'Andrus lui réponde d'un signe de tête. « Tu as déjà trouvé à t'occuper, je vois, » reprit-il. « Malheureusement, ça ne servira pas aujourd'hui. On ne va pas bouger. Le magicien a un plan à la con et il a reçu l'aval du vieux. Alors, on attend son retour. Mais rassure-toi, tu auras ta part de gnolls. J'ai fait valoir qu'on aurait bien besoin d'un bon archer lors de l'assaut. »



Le regard de l'homme marqua par deux fois son étonnement : à la mention du magicien parti, et à la mention qu'il viendrait tuer du gnoll. « J'apprécie le geste, ça sera un plaisir de tuer ces bâtards. Il est parti là-bas, le magicien ? C'est un cramé s'il fait ça. En tout cas, leur prêtresse morte, ça les fera bien chier, surtout que si j'ai bien vu, c'était pas une des Kulldis. Ça doit être une envoyée du Roi charognard. Aucune chance qu'il leur expédie des renforts avec son émissaire mort. »



« Ah ? » Fit Bhaal, « alors c'est d'autant mieux pour nous. » Il laissa passer un instant, portant son regard au loin, dans le désert, en direction de la Griffe du Sultan. « Dis-moi, » reprit-il en se défaisant de l'arc composite dans son dos, « j'ai trouvé cet arc sur un gnoll, l'autre jour. Il ne m'a pas l'air particulièrement bien fabriqué, mais il est très tendu. Je sais me servir d'un arc, mais ma spécialité c'est plutôt le corps-à-corps, tu vois ? Alors si tu veux l'essayer... T'as l'air mieux gaulé que mon pote Célestin, tu as peut-être la force qu'il faut pour t'en servir... » Sur ces mots, il tendit l'arc à Andrus.



Andrus se leva d'un bond, ce qui lui valut de grimacer un instant en se tenant le ventre. Il reprit rapidement son air intéressé. « Je sais m'en servir, c'est ma spécialité. Il est bien fabriqué en fait tu sais, ça n'a pas l'air car ils donnent des courbes étranges à leurs arcs, mais la corde est parfaite et le bois flexible juste ce qu'il faut à un homme fort comme toi ou moi... c'est un putain d'arc, » dit-il en le bandant. Il attrapa une de ses flèches et, bandant à nouveau l'arc, visa le corps du pugwampi sur le piquet non loin du chemin menant au monastère. Le tir fit mouche, et Andrus afficha un sourire satisfait.
« C'est un beau cadeau, ou un beau prêt, merci beaucoup. Comment ça se fait que vous voulez reprendre Kelmarane tous les quatre ? Vous n'avez pas trop l'air de faire partie du même groupe au départ. »



Le géant rouge siffla en signe d'admiration lorsqu'il vit la flèche atteindre son but sans coup férir. Andrus n'avait pas menti, c'était bien un bon archer. « Attention, c'est juste un prêt, » jugea-t-il bon de préciser cependant. « Cet arc, c'est un butin de guerre, et je compte bien le vendre quand tout ce merdier sera fini et que le commerce reprendra ici. Mais tu es notre meilleur archer, on dirait, et un bon artisan doit avoir de bons outils. Tu feras mieux ton travail si je te le confie... Pour l'instant. »

Il fit une courte pause avant de reprendre. « Non, on ne faisait pas partie du même groupe. Célestin est un familier de la princesse, il est à son service depuis toujours. Les parents de Nemlak étaient de Kelmarane, et il est venu ici pour les venger... Ou se venger, j'en sais rien. Je lui ai pas demandé. Alia et moi, on était esclaves. Garavel m'a racheté alors que j'étais en route pour les mines. Avant, j'étais gladiateur à Katapesh. J'appartenais au laniste Al-Fayiz, mais j'étais... Plutôt un mauvais esclave, » dit-il sombrement. Il laissa passer un instant avant d'ajouter, le regard vissé sur le cadavre du pugwampi sur son piquet. « La princesse nous a affranchis tous deux, pas plus tard qu'hier soir. »



Andrus ne parut pas vexé quand Bhaal confirma le prêt. « Un truc comme ça tu dois pouvoir en tirer cent ou deux cents pièces d'or. C'est une bonne nouvelle que vous ne soyez plus esclaves, c'est vraiment un truc d'enculé que je supporterai jamais dans ce pays. J'ai été gladiateur un temps à Solku, quand il y avait encore une arène. J'étais bon en mêlée, mais j'excellais vraiment plus à l'arc. A la fin je faisais des spectacles avant les combats mais, quand ça a fermé, j'ai trouvé un autre boulot. Tu verras qu'un groupe de gens libres, c'est bien, enfin, quand y a pas de raté comme nous on a eu... Leur chef, c'est vraiment un gros morceau. Je sais pas qui s'y collera, mais bonne chance à lui. »



« Et ben... C'est nous, probablement, » répondit Bhaal sans se départir de son air grave. « Nous quatre, je veux dire. Qu'est-ce que tu sais sur ce Kardswann ? Il manie une grande hache, je crois. Est-ce que tu l'as vu combattre ? Il est du genre grand et fort, d'après ce que j'ai compris. Est-ce qu'il bouge bien ? Tout ce que tu pourras me dire nous servira. »



« Il est malin. Je l'ai vu feindre le combat, il avait le dessus sans forcer. Il a une hache magique, ça c'est sûr, et je l'ai vu faire un truc, enfin je crois... Je crois qu'il peut disparaître. » Le regard d'Andrus laissait penser qu'il ne gardait pas de très bons souvenirs de cette rencontre.



« Disparaître ? » Demanda le demi-démon, interloqué. « Merde... Les gros balaises ne sont pas malins, d'habitude. Nemlak dirait que j'en suis la preuve vivante. » Après une courte pause, il reprit : « par "feindre le combat", tu veux dire qu'il a volontairement fait semblant d'être moins fort qu'il n'était pour vous inciter à avancer, c'est ça ? Je comprends que t'aies pas très envie d'en parler, avec tes potes qui sont morts ou capturés. Mais si on veut avoir une chance de libérer ceux qui ont survécu, le moindre indice peut être important. Alors vas-y, s'il y a encore quelque chose dont tu te rappelles, balance-le. »



« Je pense qu'il a été fainéant et n'a pas combattu à son niveau. Il a fait de l'effort minimal. Et ouais, pour un gros balaise, il est rapide, plein de réflexes. Il m'a repoussé au loin avant que je lui décoche la moindre flèche. »



« D'accord, » dit Bhaal, plutôt contrarié de voir ses craintes confirmées par Andrus. « Et bien, on verra ce qu'on peut faire. Mais d'après ce que tu dis, ce sera quitte ou double. Autre chose ? » Demanda-t-il encore, « a-t-il des lieutenants ? J'ai entendu parler d'une espèce de démon qui patrouillait dans les rues de la ville en gueulant, tu l'as vu ? »



« Ouais, je l'ai vu. Il a la taille d'un homme, un homme bien costaud, un peu comme toi. Je voudrais pas te filer un mauvais tuyau mais je crois que c'est une sentinelle pas si efficace, enfin non, trop efficace. Le moindre truc qui lui passait sous le nez le faisait hurler, et à part la ou les patrouilles les plus proches de lui quand il crie, personne fait attention à ses avertissements. Que ce soit un marchand ou un lapin, il crie, alors au bout d'un moment... Kardswann a un second, un flind, un gros gnoll, mais je pense qu'il est butable facilement. Il a aussi une harpie avec lui. Elle, elle a l'air plus dangereuse, même si elle prend des coups sur la gueule. Elle fait des trucs bizarres avec des potions, des explosions, plein de choses en fait. »



« Ah oui, la harpie, » répondit Bhaal avec un grand sourire carnassier, « Undrella. On l'a retournée, celle-là. On était en grande conversation avec elle, hier, quand on t'a entendu gueuler dans le champ de pesh. Apparemment, elle a pris suffisamment de mornifles pour préférer nous aider plutôt que rester fidèle à Kardswann. Du coup, si je comprends bien, seul Kardswann est vraiment dangereux, et ce démon, bien sûr. » Il fit une nouvelle pause. « Tu m'as bien aidé, Andrus. Je vais te laisser faire tes flèches. Et si tes boyaux te font encore mal, ce qui serait pas étonnant vu ce qui t'est arrivé, va te faire rafistoler avant demain. Tu peux demander au vieux Zastoran, à Jyll, la sœur du type au lion, ou encore à Célestin. On te préférera frais et dispos plutôt qu'à moitié guéri. »



« Merci beaucoup, ça en fait des gens capables de soigner les plaies. L'autre truc dangereux, c'est le prêtre. Je l'ai pas vu, mais je sais qu'il fout les jetons, personne ne va par là, c'est la seule zone où les gnolls ne patrouillent pas, de ce que nous a dit le bouffon qui annonce les entrées dans l'arène, et qui est assez bavard. »



Bhaal remercia Andrus d'un signe de tête appuyé pour ses précieuses informations. Elles recoupaient les craintes de Garavel quant à ce mystérieux prêtre qui intimidait les gnolls. Alia ne devait pas s'attendre à trouver un prêtre de Sarenrae tel qu'on se les représentait habituellement. Quelle que soit sa véritable nature, il faudrait s'en méfier comme de tout le reste.

Le géant rouge prit congé du guerrier mwangi et revint vers la partie nord du monastère. Le milieu de journée approchait, et avec lui le déjeuner. Levé avant l'aube, il avait grand faim, et comptait bien en finir avec sa fatigue de la veille par un repas copieux suivi d'une bonne sieste à la fraîche. Apprendre à être libre n'était certes pas facile, mais certaines choses que procurait la liberté s'apprenaient plus facilement que d'autres...

Modifié par un utilisateur lundi 17 octobre 2016 00:25:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bhaal reste à l'ombre en BM-96 | Zorg allume le feu en S-210 | Darmrok fait la guerre en N-211
Le combat à allonge
Le bloodrager abyssal
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Offline Lyana  
#38 Envoyé le : lundi 17 octobre 2016 21:32:54(UTC)
Lyana
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Alia et Jyll - Communion

12 Desnus 4709 : le monastère, fin de matinée


lia regardait avec plaisir leur petite salle maintenant propre et aménagée, même si ça ne payait pas de mine et que c'était assez spartiate, c'était leur premier "chez-eux". Bhaal avait pris les choses en main et elle s'en félicita, seule, jamais elle n'aurait osé s'approprier ainsi un endroit mais il est vrai que c'était déjà chose faite, ils étaient plus souvent dans cette pièce que dans le dortoir. Et elle n'aurait pas aimé qu'une autre personne vive au pied de la statue de Vardishal.

L'installation faite, il leur restait pratiquement toute la journée, Nemlak ne rentrerait pas avant le lendemain, en étant le plus optimiste possible, et rien ne serait entrepris avant son retour. Elle ne pouvait s'empêcher de culpabiliser par rapport au magicien, certes elle n'était plus liée par aucun serment de protection envers lui mais... il n'aurait pas dû partir seul. Elle prierait pour lui et sa survie. Même s'il était odieux, il avait besoin d'une protection divine là où il était et puis elle avait bien remarqué la veille pendant le combat contre la prêtresse gnoll qu'il avait agi pour l'aider. Il devait sécuriser son investissement, mais il l'avait aidé, elle ne pouvait pas l'oublier.

On en revenait à ce qu'elle disait hier à Bhaal, elle ne savait pas vraiment comment prier. Elle faisait comme elle le pouvait mais maintenant qu'elle était libre, elle avait le droit d'en savoir plus sur sa déesse. Elle réfléchit à ceux qui pouvait l'aider, il y avait deux représentants de Sarenrae parmis eux, Célestin et Jyll.

Ils avaient déjà énormément sollicité Célestin, il se ferait une joie de l'enseigner elle n'en doutait pas, mais elle ne voulait pas le déranger à nouveau. Et puis... et puis depuis l'annonce du matin, elle voulait en savoir plus sur la jeune femme qui avait ravi le coeur de son ami. Elle irait donc voir Jyll.

Elle annonça son intention à son compagnon mais n'insista pas pour qu'il l'accompagne. Elle se mit aussitôt à la recherche de la jeune femme et après avoir questionné un garde, elle se dirigea vers la chappelle.




Jyll était assise sur l'un des bancs à l'état convenable de la chapelle observant sa statue corrodée et usée par le temps et les hommes. Elle avait revêtu une robe ample et rouge qu'elle n'avait encore jamais mise au monastère. Concentrée elle s'arrêta malgré tout quand Alia fut à quelques pas pour se tourner vers Alia

« Bonjour Alia venez vous à moi pour prier ou pour vous préoccuper de l'un des habitants mâles de ce lieu? » Le sourire de Jyll ne laissait aucune malice, juste une tentative peut-être maladroite, d'aider Alia à l'aborder.

Alia s'arrêta aux paroles de la belle prêtresse, elle hésita un instant ne sachant pas très bien comment réagir puis lui répondit malgré tout.

« Je pense que je n'ai pas matière à me préoccuper des habitants mâles de ce lieu, du moins pour l'instant. Ils peuvent se débrouiller seuls quelques heures sans provoquer de catastrophe... du moins je l'espère. »

Elle se mordilla les lèvres, espérant que ses paroles soient prophétiques. Puis elle reprit.

« Je suis venue remercier la Fleur de l'Aube de nous avoir rendu libres. »

Elle s'assit un banc non loin de Jyll et regarda la statue de Sarenrae, quelques instants passèrent, quand elle s'adressa à nouveau à Jyll avec un mélange de frustration et de tristesse dans la voix.

« Mais je ne sais pas comment faire... je... je ne sais pas comment prier... je ne sais rien de ma déesse. »

Jyll rit aux éclats au début de réponse d'Alia mettant rapidement une de ses mains devant sa bouche pour étouffer ces derniers. elle écouta avec bien plus de sérieux le reste de son discours.

Jyll rectifia « la Fleur de l'aube ne vous a pas rendu libre c'est la princesse Roveshki qui l'a fait. La main des dieux est partout, mais il faut reconnaître aux hommes le mérite de leurs actions. Tout ce que vous faites vous-même peut-être influencé par de nombreuses choses, mais c'est vous qui avez le dernier mot. J'évite de rentrer dans la tête des dieux, savoir qui influence qui ? Peut-être est-ce Sarenrae qui a influencé la princesse, ou Abadar, ou Desna... »

« Il n'y a rien de plus simple que prier. Comme pour combattre, il y a deux approches et aucune ne convient à tout le monde. On peut apprendre des chants et formules qu'on récite à voix haute ou dans sa tête. C'est un moyen d'apprentissage qui a le mérite de forger une parole claire qui ne risque pas de mettre en colère une divinité. On peut aussi simplement se laisser aller à manifester ce qu'on ressent ou veut dire, à voix haute comme à voix basse, certains diraient que le risque est grand d'insulter une divinité, mais je pense plutôt que c'est pour certains une forme de communion plus profonde et sincère. Certaines divinités doivent se moquer d'avoir des fidèles sincères tant qu'elles sont craintes et révérées mais je ne pense pas que ça soit le cas de la nôtre.
Ah, j'oubliais certains aussi méditent, faisant le vide en eux pour laisser entrer la divinité en eux pour une communion des êtres et non des pensées. Je n'y suis jamais parvenue, je ne pourrais pas vous aider là dessus. »


Jyll lui proposa, « Venez vous asseoir à côté de moi »

Alia réfléchit à ce que Jyll venait de dire. Oui, c'était la Princesse qui les avait affranchis, elle ne pouvait nier cela. Dire que c'était Sarenrae effaçait une partie de la bonté d'Almah et elle s'en voulu pour cela. Il faudrait également qu'elle aille la remercier, les quelques mots balbutiés la veille ne suffisaient pas à exprimer sa reconnaissance.

Puis Jyll continua sur les façons de prier et elle reconnut une partie de ce qu'elle même avait dit à Bhaal la veille quand il lui avait demander de lui apprendre à prier.

« Je n'ai jamais appris de chant ou de prière, mais j'ai toujours su qu' Elle était à mes côtés. Je... je croyais que je faisais mal. »

Elle se leva et répondit à l'invitation de l'oracle en s'asseyant à ses côtés.




Jyll regardait tour à tour la statue et Alia.

« Vu ce qu'il vous arrive, je pense que votre façon de faire est la bonne. J'ai un livre de prière dans mon sac. À vrai dire il est plutôt en bon état, car je ne m'en sers jamais. Ce que je vous propose, c'est de prier en vous laissant aller, parler, restez silencieuse, faites ce qui vous plaira, je vous tiendrai la main pour vous détendre et montrer que vous n'êtes pas seule. Essayez de faire ainsi quelques jours et si vous ne vous sentez pas à la hauteur, ce livre sera vôtre, et vous pourrez essayer en priant comme on le fait traditionnellement lors de grandes messes. Qu'en dites vous ? » demanda t'elle en tendant sa main droite, paume vers le ciel, vers Alia, tandis que la paume gauche était dirigée vers le ciel et la statue.

Alia sourit timidement à Jyll.

« Merci. J'accepte avec joie votre proposition mais avant je dois vous donner quelques chose. »

Alia fouilla nerveusement dans les grandes poches de sa tenue, en sortit les feuillets de prière trouvés lors de l'exploration du monastère et les tendit à Jyll.

« Je les ai trouvés dans le petit jardin du monastère. Je ne l'ai dit à personne. »

Elle regarda la jeune fille, la mine coupable.

« On ne m'a jamais autorisé à posséder quoi que ce soit et encore moins si c'était religieux. J'avais peur qu'on me les prenne, alors je les ai gardés. J'ai commencé à les lire mais je ne comprends pas tout. Je pense qu'ils appartiennent à ce temple. »

Elle posa les feuillets sur le banc entre elles deux puis regardant la main tendue mais sans oser la prendre, elle demanda d'une petite voix.

« Vous voulez toujours prier avec moi ? »

« Bien sûr, mais avant cela, réglons ce qui vous pose problème, on prit toujours mieux l'esprit soulagé. Si je comprends bien, vous avez l'impression d'avoir volé quelque chose alors que vous n'étiez pas en droit et capacité de posséder quoi que ce soit.

Je vous remercie donc de me donner ce présent, qui m'honore vraiment, je prendrai un grand plaisir à le lire. Mais avant cela, je tenais à vous remercier pour tout ce que vous avez fait ici, et vous faire un cadeau, une boussole pour démarrer votre vie citoyenne. »
Jyll attrapa les feuilles et les tendit à Alia. « J'espère qu'un jour, vous me les prêterai. »

L'ancienne esclave hochait la tête lorsque la pause lui rendit les feuillets. Les larmes lui montèrent aux yeux devant la gentillesse de la jeune fille et la bonté de l'acte. Elle ne lui avait fait aucun reproche et lui avait fait un cadeau inestimable. Émue, elle eut du mal à avaler sa salive.

« Merci. Je ne sais que dire d'autre. Merci. Je... je vous les prêterai avec grand plaisir. »

Elle lui sourit timidement mais sincèrement.

Jyll s'approcha pour passer son bras autour d'Alia, comme pour réchauffer quelqu'un qui a froid avec une couverture.

« Allons, ça n'est rien, vous n'avez rien volé, les écrits sont faits pour être lus, et pour transmettre un héritage, une histoire. C'est toujours leur utilité, et c'est ce que vous faites, continuer leur histoire. Elles sont passées des mains de fidèles de l'Aube à une autre fidèle. Et du peu que je comprends, ça n'est certainement pas un hasard. Pourquoi vous et pas Nemlak ? Ou Piye ? Ou Bhaal ? »

« Je suis la seule à être entrée dans ce jardin. »

« C'est la seule pièce où vous êtes la seule à être entrée ? »

« Oui. »

« Vos alliés du moment, dont certains plutôt têtus et sournois, et d'autres plus curieux qu'un jeune de chat, fouillent méticuleusement tout le monastère, sauf cette pièce, et vous pensez que c'est sans raison ? »

Le ton de Jyll était sans jugement, plus étonné qu'autre chose

Alia regardait Jyll, perdue.
« Je n'avais pas pensé à ça. Je leur ai dit qu'il n'y avait rien, ce qui était vrai à part ces feuillets. Personne n'est venu vérifier. »

« Quelqu'en soit la raison, soyons heureux qu'elles soient en votre possession. D'une certaine manière, elles étaient peut-être même déjà vôtres. »

Alia sentit un poids s'envoler de ses épaules, celui de la culpabilité. Elle sourit sincèrement à Jyll en serrant les feuilles contre son coeur.

« Peut-être oui. Merci. »

Jyll tendit à nouveau sa main vers Alia « Allons-y, nous sommes attendues », fermant les yeux, le visage serein. La main de Jyll était chaude, apaisante, comme être allongé sous un soleil pas trop brûlant, au calme.

Alia inspira profondément, moitié pour chasser toutes pensées inopportunes, moitié pour se donner du courage, prit la main tendue en fermant les yeux et se laissa envahir par la chaleur apaisante de la sarénite.




L'exercice n'était pas si aisée pour Alia, dont le calme soudain pouvait aussi bien l'aider à évacuer ses pensées qu'à les laisser s'engouffrer dans un moment qui leur offrait du temps. Malgré tout, Alia avait l'impression que le monde autour d'elle existait de moins en moins, jusqu'à ce qu'elle ait l'impression que le soleil pénétrait dans la chapelle, irradiant directement sur Alia. Elle sentit un contentement en elle, une lueur d'espoir, dont il lui semblait difficile de dire si elle émanait d'elle, ou de quelque chose en elle.

Elle essaya de se laisser aller totalement à cette communion. Elle oubliait petit à petit où et avec qui elle était et surtout, elle oubliait ses craintes.
Elle se sentait légère, libre. Elle essaya de plonger encore plus profondément en elle, elle cherchait la source de cet espoir, elle cherchait Vardishal.

Alia sentit une présence en elle, silencieuse, faible, amoindrie par rapport à ce qu'elle fut, mais heureuse et paisible.
Elle sourit, heureuse de ce moment de communion.

Alia se reposait, se détendait progressivement, oubliant tout des derniers jours comme des années passées, jusqu'à ce qu'une voix, masculine, comme remontant progressivement un long tunnel en elle, la sortit de sa torpeur. « Kardswann ... il est perd... » avant de retourner au fond du trou d'où elle venait.

Elle ouvrit brusquement les yeux, le souffle court, sortant violemment de sa médiation. Pour la première fois, elle entendait sa voix, Vardishal avait trouvé la force de lui parler. Il la mettait en garde, Kardswann était perdu, il y avait peut-être un moyen de lui faire retrouver son chemin ?

Elle restait là, yeux grands ouverts, réfléchissant, elle avait totalement oublié Jyll.




« ça ... tout va bien Alia ? » demanda Jyll, inquiète. Malgré sa mine soucieuse, Jyll ne laissait rien transparaître par sa main, qui était toujours calme et chaude. « On dirait que vous avez fait une sorte de cauchemar, ou de sieste. »

« Je... Oui... Oui, ça va. »

La main chaude et calme de Jyll avait quelque chose d' apaisant, et Alia n'avait aucune envie de retirer la sienne.
« Je suis descendue profondément en moi et je n'en ai pas l'habitude. »

Les paroles du Saint résonnaient encore dans sa tête, elle n'osait en dire plus à la prêtresse.

« C'est parfois troublant. Moi-même je m'y perds à l'occasion et je me retrouve à parler le Céleste. Autant vous dire que dans une taverne, ça fait un drôle d'effet, » lui dit elle en souriant.

« J'espère de tout cœur que cette nouvelle vie sera pour vous l'antithèse de votre précédente. La mienne est effroyable par certains aspects, mais Sarenrae enseigne justement de ne pas se laisser abattre, la rédemption est en chacun de nous, ou presque. Il ne tient qu'à nous de ne pas céder au désespoir, et de lutter pour que chaque jour soit meilleur que le précédent. Nous n'y arrivons pas toujours, mais nous y parviendront toujours plus souvent que ceux qui ne font rien et laisse les choses se faire. » Son sourire ne la quittait pas.

« Vous devriez venir prier un jour avec Célestin. Cela lui ferait plaisir que ça vienne de vous. »

« Merci pour vos conseils et votre présence. Je demanderai à Célestin oui, mais nous lui avons déjà tellement demandé. S'il n'avait pas été là hier, je ne sais ce qu'il serait advenu de Bhaal... et de moi. Il pense tellement aux autres qu'il en oublie de penser à lui. Celle qui obtiendra son coeur sera une femme heureuse. »

Elle sourit à Jyll tout en parlant.

« Mais vous avez dit que votre vie était effroyable... si je peux vous aider de quelque façon que ce soit, dites le moi. Vous m'avez énormément aidée aujourd'hui, si je peux faire de même pour vous, j'en serai heureuse. Je n'aimerai pas vous savoir malheureuse. »

« Disons que j'ai des dons, que je ne contrôle pas toujours, et qui prélève leur lot sur ma santé mentale. Je ne suis pas folle, mais parfois, c'est difficile de se sentir comme n'appartenant pas toujours qu'à soi. Le cœur de Célestin est trop grand pour une seule personne. Partager sa vie sera déjà un bon début. » répondit elle en souriant. « C'est pour ça que je vous disais qu'à l'occasion, vous devriez venir prier avec lui, il en serait heureux, ça ne lui coûtera rien, tout le contraire même, c'est une porte ouverte pour son monde et ce qui lui importe. Il en serait certainement honoré. Peut-être même pourriez-vous prendre Bhaal avec vous. J'ai cru comprendre ce qui s'est passé aujourd'hui. C'est un coup douloureux quand le doute nous étreint au point de vouloir en finir. J'espère que cette pensée l'a quittée. Si jamais vous aviez le moindre doute à ce sujet, n'hésitez pas à l'amener me voir, il est, comme vous, le bienvenue. »

« Nous viendrons prier à trois, je réussirai à convaincre Bhaal. »

Alia s'assombrit un peu.

« Cette pensée l'a quitté, oui je crois, mais je ne peux m'empêcher d'y repenser. Et surtout... surtout que c'est pour me protéger qu'il a voulu en finir avec la vie. Comment a-t-il pu croire me rendre service en m'abandonnant ? Comment peut-il croire être un danger pour moi ? Il est la meilleure chose qui me soit arrivée. »

Elle lutta pour retenir ses larmes mais ne put en empêcher une de couler le long de sa joue. Elle l'essuya d'un geste rageur.

Elle regarda de nouveau Jyll.

« Vous n'êtes pas folle, ça j'en suis certaine, mais comment faites-vous pour savoir qui vous êtes vraiment et pour ne pas vous laisser submerger ? »

Jyll amena sa seconde main vers celle d'Alia.

« Tout est nouveau pour lui. Imaginer un homme qui découvre l'amour à un âge aussi avancé, un amour grand et profond, alors qu'il a certainement passé sa vie à saigner et faire saigner, à donner des coups et en recevoir. En plus de la liberté, la vie lui offre soudainement un autre chemin à arpenter. Et tout ça, avec un sang qui contient la rage et la destruction en lui, plus qu'en tout humain. À vivre comme à savoir, ça ne doit pas être simple, il n'a pas choisi, alors que la mort à cet instant lui a semblé le seul choix sur lequel il avait un contrôle certain. Ce qui est certainement faux d'ailleurs, c'est peut-être les abysses qui l'ont poussé vers la destruction, de lui-même, de vous, de votre bien, pour qu'il soit plus vite et tout entier à eux. Il faut lui laisser du temps, comme il faut vous en laisser. »

« Pour moi, c'est ... difficile aussi même si ça n'en a pas l'air. J'ai reçu un jour la mélopée des cieux, et elle ne me quitte jamais entièrement. J'entends toujours des voix, et parfois, elles m'emplissent tellement que je suis obligée de leur répondre dans la seule langue qu'elle comprennent, celle des anges. Je ne l'ai pas choisi. Et avec ça, j'ai... des dons. Je sens des choses. Je soigne les blessures. Je sais faire des choses que je n'explique pas, et que personne, pas même la Fleur de l'Aube, n'a pris la peine de m'expliquer. Mais il vient un moment où quand on n'arrive pas à savoir, il faut laisser faire, et VIVRE. Ce n'est pas toujours aisé, mais je m'efforce de le faire. mon frère m'aide beaucoup à ça. Il en paye le prix. Pour lui aussi c'est difficile même si c'est d'une autre manière. »

Les mots de Jyll résonnaient de façon particulière chez la jeune azata, elle ne pouvait s'empêcher de hocher la tête au fur et à mesure des mots. Elle se rendait compte qu'elle en voulait encore à Bhaal et cette rancune disparaissait avec le discours de la jeune femme. Ce qu'elle disait sur les forces qui l'envahissaient pouvait aussi s'appliquer au tieffelin et à l' aasimar.

« Laisser faire et vivre... Oui. Mais ça paraît si difficile. »

Souriant une nouvelle fois, Alia retira ses mains un peu gênée.

« Je vous ai retenue bien trop longtemps. Si un jour, je peux vous aider, je serai heureuse de pouvoir le faire. »

Elle se leva pour partir.

« Vivre sera le plus beau cadeau que vous puissiez me faire. » dit Jyll en la laissant partir, ne la quittant pas des yeux tant qu'Alia était dans son champ de vision.

Modifié par un utilisateur lundi 17 octobre 2016 21:33:44(UTC)  | Raison: Non indiquée

Je posterai le jour, je posterai la nuit, je posterai toujours ^_<
Amarante, championne audacieuse, sylphe née des orages et des elfes (N211)
Aksana, chamane samsarane de la vie (S210)
Alia, derviche de la Fleur de l'Aube aasimar (BM96)
Offline UrShulgi  
#39 Envoyé le : mardi 18 octobre 2016 13:37:20(UTC)
UrShulgi
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Nemlak et Dashki : pariera bien qui pariera le premier, I


12 Desnus 4709 : le monastère, fin de matinée


ashki était dans la pièce qui était sienne depuis qu'il avait été jugé comme un traître, ne recevant des visites que pour se nourrir, ou qu'on récupère ses excréments. Quand Nemlak arriva dans sa cellule, il semblait craintif malgré l'intérêt porté à une visite des plus inattendues.



Nemlak regarda Dashki de son regard froid et calculateur. Après avoir observé la pièce, il s'adressa à l'homme, ou ce qu'il en restait. « J'ai une proposition pour toi, Dahski. Une proposition qui pourrait te redonner ton humanité et peut-être une place meilleure que cette porcherie. Mais avant, je dois te poser plusieurs questions et, pour cela, j'ai besoin que tu m'ouvres ton esprit complètement. Acceptes-tu ? »



Dashki n'était pas certain de bien comprendre ce que lui demandait Nemlak, mais il avait bien compris que c'était une proposition plutôt juteuse. Il hocha frénétiquement de la tête : « oui Dashki l'est d'accord ! »




« Bien. » Nemlak lança son sort de charme personne pour s'assurer de l'entière coopération du rôdeur. Il ne voulait prendre aucun risque supplémentaire pour cette mission. Une fois l'homme sous son charme, il le questionna. « D'autres tribus gnolles de Kelmanare te connaissent-elles ? Es-tu déjà allé à Kelmanare ? Quelle est la dernière fois que tu as parlé avec des membres d'une tribu gnoll ? Ta loyauté va-t-elle à la princesse, moi, ou les dirigeants actuels de Kelmanare ? »



« La tribu du Roi Charognard a déjà vu Dashki. J'ai jamais vu lui et ceux qui m'ont déjà vu, c'était pas à Kelmarane, j'ai jamais été à Kelmarane. A part les Trois Gueules, Dashki a pas parlé à des gnolls depuis un mois. Je suis loyal envers Princesse mais elle a plus confiance en Dashki. Toi, vous, Dashki aime bien. »



« Alors écoute moi bien, Dashki. Je compte me rendre à Kelmanare pour une mission particulièrement difficile, une mission d'où je ne pourrais ne pas revenir. Si tu pars avec moi, je dois avoir une confiance aveugle en tes capacités, tout comme tu devras avoir totale confiance en moi. Si tu es prêt à prendre ce risque, je parlerai à Garavel pour que tu puisses m'accompagner et essayer de prouver à la princesse envers qui tu es réellement loyal. Es-tu prêt ? »



« Oui oui, je suis prêt ! » Dit-il en utilisant un pronom dont il ne se servait que rarement.



« Je reviendrai une fois que j'aurai convaincu Garavel de te confier à moi. » Nemlak quitta la pièce où se trouvait Dashki pour se rendre chez Garavel et demander à le voir, lui, personnellement.

Une fois seul, il lui demanda : « Garavel, je sais que vous n'êtes pas d'accord avec moi pour que Dashki m'accompagne. Mais je viens de l'interroger, m'assurant avec ma magie qu'il disait la vérité. Je pense qu'il sera un atout pour ma mission. Qu'un homme se présente seul au Marché me semble peu vraisemblable, mais accompagné d'un guide cela améliorera ma couverture et donnera plus de réalisme à mon histoire. Je vous demande donc l'autorisation d'emmener Dahski avec moi. »



Garavel observa le demi-orque s'approcher de lui, se doutant qu'il venait pour une chose importante. Il ne se mit pas en colère à la proposition de Nemlak, se contentant de soupirer légèrement. « Vous êtes têtu, et malin. Je suppose que vous mesurez le risque pris, et que votre magie le pliera à vous. Faites donc. Pour jouer au mieux votre rôle, est ce que vous voulez qu'on vous prête un peu d'or ou de marchandises ? Un cheval ou un chameau ? »



« Je compte me faire passer pour un représentant d'un marchand connu des Étals de Nuit, je n'aurai pas besoin de marchandise. Mais je vous remercie pour votre aide, Garavel. J'aimerais aussi négocier pour Dashki la possibilité d'une rédemption avec cette mission. C'est beaucoup demander, mais les hommes ont tendance à être plus obéissants s’ils savent qu'ils peuvent y gagner quelque chose. Une rédemption qui serait proportionnelle à son implication dans la mission et à sa réussite. »



Garavel réfléchissait et considérait chaque mot sortant de la bouche de Nemlak. « Je suppose qu'on peut faire ça. La princesse a voulu marquer le coup pour lui enlever l'idée de recommencer et montrer sa fermeté, et la famille pour laquelle il avait trahi sous la menace n'existe plus, à un individu près, qui n'est pas à proprement parler de sa famille. On pourra s'assurer d'un individu fidèle dans le temps, et certainement utile. Nous pouvons essayer. »



« Parfait. Je vais donc me rendre auprès de Dashki et le préparer pour notre mission. Je vous remercie, Garavel. » Nemlak s'inclina devant le représentant de la Princesse et quitta la pièce pour se diriger de nouveau vers la "cellule" de Dashki. Une fois à l'intérieur il lui dit : « j'ai négocié pour toi la possibilité que cette mission te permette d'être exonéré d'une partie de tes crimes passés. Selon la réussite de cette dernière, tu pourrais même obtenir un pardon total. Je serai seul juge de cela. Obéis-moi, suis mes ordres, ne les conteste que si tu es certain de toi. Je t'écouterai. Maintenant, prépare-toi, nous avons rendez-vous avec notre destin. »



Les gardes étaient surpris mais ne commentèrent pas le départ de Dashki, qui essayait de masquer sa joie de sortir enfin. Il se lava un minimum à la demande de Garavel avant d'empester juste ce qu'il fallait pour qu'un marchand supporte pareille odeur. Dashki se vit confier une dague et un arc court avec quelques flèches, une bourse de quelques pièces, une gourde, et des vivres. Il semblait vraiment prendre goût à ce petit jeu. « Faut bien me dire ce que je dois dire ou pas dire, je peux aussi me taire tout temps, » dit-il alors qu'ils entamaient la route vers Kelmarane.



Nemlak prit un minimum de vivres pour quelqu'un devant faire l'aller-retour entre ici et Solku. A la fois stressé et heureux d'être en mesure de mettre en pratique son plan, il répondit à Dashki : « si on t'interroge, tu as été engagé à Katapesh pour servir de guide jusqu'à Kelmarane. Ce qui est la vérité. Notre premier objectif est d'aller voir Undrella, la harpie qui est notre alliée sur place. En attendant, trouve-nous un chemin discret pour atteindre la cité. Je ne voudrais pas arriver par la grande route. »

Modifié par un modérateur samedi 22 octobre 2016 09:26:49(UTC)  | Raison: Non indiquée

Qui sème le vent ... est déjà d'un bon niveau.
Offline UrShulgi  
#40 Envoyé le : mardi 18 octobre 2016 13:55:48(UTC)
UrShulgi
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Nemlak et Dashki : Pariera bien qui pariera le premier, II


12 Desnus 4709 : en route vers l'arène, début d'après-midi


« Viens, on passe par là alors. » On pouvait reconnaître Dashki à son parler moyen, à son odeur naturelle, mais aussi à sa connaissance des terres environnantes, évitant au maximum la chaleur, et les endroits exposés sans perdre trop de temps. Tous deux longèrent presque le moulin, qui laissait s'échapper comme une odeur de sang séché, pour arriver jusqu'à l'ancienne tannerie où leur arrivée fut immédiatement remarquée.



« Tiens, celui-là est moins mignon que vos précédents compagnons, » dit Undrella, la mine déçue. « Dépêchez-vous de rentrer avant qu'on ne vous voit. » Elle souleva la peau qui servait de rideau pour les laisser entrer.



Nemlak fit un signe à Dashki de le suivre dans la tanière d'Undrella. Une fois à l'intérieur, il s'inclina légèrement devant la harpie, un petit sourire aux lèvres. « Bien le bonjour Undrella. C'est toujours un plaisir de vous retrouver. Je vous présente Dashki, mon guide. Je viens pour deux raisons : la première est de vous dire que la Princesse a accepté votre marché et qu'elle est prête à vous laisser la tannerie et à vous donner la citoyenneté une fois la ville reprise. La seconde est que je compte me présenter au Marché en tant que représentant d'un marchand des "Étals de Nuit" de Katapesh pour savoir s'il est intéressant pour mon maître de faire commerce ici. Cela me donnera le temps de discuter avec les différents marchands et créatures qui vivent à l'intérieur et de savoir lesquels pourront nous aider à prendre la cité et à se retourner contre leurs maîtres actuels. Pouvez vous nous aider, Undrella ? »



Undrella ne semblait pas rassurée par le plan, ignorant magnifiquement la révérence maladroite de Dashki. « Ouais, je peux vous aider. Faudra la jouer finaud car c'est un malin, il lit bien dans le cœur de gens, Kardswann. Qu'est-ce que tu veux que je fasse? »



« Je ne dirai que des bouts de vérité, ne t'inquiète pas pour ça, » sourit Nemlak avant de reprendre plus sérieusement. « A ton avis, quelle est la meilleure stratégie, me présenter seul à la porte du Marché ou être introduit par toi ? L'histoire que j'ai imaginé, et en partie réelle, est que je suis venu seul comme représentant d'un marchand. J'ai été mandaté pour savoir s'il lui serait possible de mettre en place une caravane et si cela valait le coup d'investir ici. »



« Je crois que le mieux, c'est que je confirme connaître le nom de celui qui t'envoie, et les Étals, car si je lui dis que j'avais des contacts pour les Étals depuis longtemps et que j'ai rien dit... Je vais passer un sale moment dès que tu seras parti. Je peux dire qu'ils voulaient m'acheter des potions y a quelques années et que je les ai envoyé chier, même. »



« Je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur, Undrella. Faisons comme tu le préfères. »



« Nan, faisons surtout comme ça peut le mieux marcher. Des coups, j'en mange quand même de temps en temps. Plus pour très longtemps, j'espère. »



« Bien, Dashki, allons-y. Fais nous approcher des portes du marché en évitant que nous rencontrions des sentinelles, » dit Nemlak, prenant congé d'Undrella.



Dashki acquiesça. « D'accord, alors autant qu'on avance avec les mains levés. Je sais que ça se fait ici quand ils viennent en paix. » Il commença à avancer, évitant les patrouilles autant qu'il pouvait. Il arriva un moment où il serait difficile d'éviter tout le monde, aussi il prévint Nemlak : « là, on va devoir passer par le corps de garde, car si on les évite et qu'on se fait choper, on sera mal. »

Deux gnolls accompagnés d’une meute de hyènes attendaient dans le corps de garde intact, qui comprenait un solide pont surplombant la route et menant au sommet de la colline, en direction de l’arène marchande et de l’église en ruine. Dashki s'approcha, disant en gnoll : « nous venons faire le marchandage pour les Étals de nuit de la capitale, nous venons pour prospectiser. »



Alors que les hyènes aboyaient comme des dératées, l'un des deux gnolls mit Dashki en joue pendant que l'autre répondait en commun : « d'accord, passez, mais vos armes à la ceinture. »

La route continua sans encombre. Nemlak vit passer dans le ciel une harpie qui se dirigeait vers l'arène alors qu'il contemplait les bâtiments en ruine de la cité qui ne demandait qu'à prospérer à nouveau. L'arène se tenait là, devant eux, immense comparée au reste de la ville, comme un projet trop gros pour son créateur. La double porte de devant était ouverte, révélant un passage éclairé par des torches et un long couloir d'une quinzaine de mètres menant au centre de l'arène.

Là, un gobelin habillé en bouffon vert et jaune observait les deux arrivants. « Bienvenue, bienvenue, marchand ! Qui dois-je annoncer à la Bouche du Roi Charognard ? » Dit-il en se frottant les mains, laissant les grelots de son chapeau faire s'échapper quelques sons métalliques.



Nemlak s'inclina devant le bouffon. Parlant en gobelin, il lui répondit : « vous pouvez annoncer Nemlak, représentant de M'hem des Étals de Nuit, et de son guide Dashki. » Les dés étaient jetés, c'était tout ou rien. Il devait rester concentré pour ne pas laisser sa nervosité le trahir.



« Voici Nemlak, représentant de M'hem, et son guide Dashki ! » Hurla-t-il, suivi d'un doux « allez-y, entrez. »

Modifié par un modérateur dimanche 23 octobre 2016 23:46:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Qui sème le vent ... est déjà d'un bon niveau.
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