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Offline UrShulgi  
#441 Envoyé le : lundi 2 janvier 2017 15:30:44(UTC)
UrShulgi
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Le retour du Vent du Sud


15 Desnus 4709, l'arène marchande, fin de matinée


es amoureux parcoururent l'arène pour se rendre dans la cellule proche de leur chambre, où ils durent frapper à la porte pour que les lames des sables ouvrent. Là, Yesper et Dullen les regardèrent, se demandant ce qu'ils voulaient.
Le décorum de la pièce était très succinct : une armoire, vide, et un lit sur lequel l'imposante silhouette de l'homme était assise. La longue robe d'érudit qui lui servait de vêtement momentané laisser deviner les imposantes masses de muscles sous celle-ci. L'homme, le crâne rasé, observait les deux arrivants, mais ne les regarda pas tout de suite dans les yeux. Ce qu'il regarda en premier fut la ceinture d'Alia, et ce qui pendait à son côté.
Les mains attachées dans le dos, il les toisa. Son silence semblait formuler des questions si évidentes qu'aucun son n'était nécessaire pour les appuyer.



L'anxiété montait en Alia à mesure qu'ils s'approchaient de la cellule où était enfermé le templier. La présence silencieuse de Bhaal la rassurait et la danseuse puisait en lui le courage qui lui manquait.
Lorsque les gardes leur barrèrent la route, elle parla d'une voix assurée en regardant le corps assis derrière eux.
« Nous venons parler au prisonnier. Nous avons l'autorisation de la Princesse Roveshki. »



Les deux femmes sortirent de la pièce en hochant de la tête pour aller se placer dans l'un des couloirs principaux de l'arène, à une dizaine de mètres de là.
Kardswann bougea, très lentement, pour se mettre sur le dos. Il avança, toujours sans hâte, ses jambes vers le ciel, puis vers sa tête. L'heure n'était pas à la gymnastique ... mais le but de la manœuvre était évident : il se mit en boule lentement pour faire passer les menottes sur le devant de son imposante silhouette, avant de se remettre sans hâte à sa place. Il les regarda tous deux.
Sa voix brisa le silence, comme le fracas d'un marteau contre une enclume en haut d'une montagne, intimidante malgré la tentative de ne pas être agressif dans ses paroles.
« Qui t'a permis de porter ça ? » dit-il en tournant la tête vers les yeux d'Alia.



Alia fit deux pas dans la pièce alors que les gardes sortaient, elle garda néanmoins une distance avec le géant qui lui faisait face. Kardswann ne put dissimuler son étonnement de voir la femme approcher de lui aussi courageusement.

Lorsqu'il parla, elle ressentit une peur primale l'envahir, elle déglutit, redressa les épaules et le menton, luttant pour ne pas baisser les yeux. Et d'une voix qu'elle voulait assurée, elle répondit.
« C'est Vardishal lui même qui m'en a donné l'autorisation. Il m'a indiqué où était enterré Tempête afin que je puisse la porter. »



Le regard du templier devenait noir comme les ténèbres, une expression de colère le parcourait. « Vardishal est mort il y a bien longtemps. »

Toujours lentement, il se leva pour toiser ses visiteurs d'en haut, les mains toujours jointes attachées devant lui, faisant ressortir la musculature de ses trapèzes et épaules comme le ferait un animal pour impressionner son adversaire.



Bhaal était resté en retrait depuis qu'Alia était rentrée dans la cellule du templier. Il ne souhaitait pas intervenir sans nécessité, considérant que cette affaire devait être menée par Alia elle-même, mais il se tenait prêt à l'aider. En l'occurrence, l'attitude vaguement menaçante de Kardswann le décida à s'approcher. ll se plaça aux côtés de la jeune fille, sa bardiche à la main, et déclara d'une voix grondante : « Vardishal n'est pas mort. Son corps est mort, pour ce qu'on en sait, mais son esprit vit en elle. Son droit est incontestable. Qu'en est-il du tien, toi qui t'acoquines avec des gnolls et te soumets à la volonté d'un démon ? »



Alia écarquilla les yeux en entendant les paroles de son compagnon. « Bhaal ! » Instinctivement elle fit un pas de côté afin de se mettre entre les deux géants, sans savoir lequel des deux elle protégeait.



Kardswann tournait la tête comme de dégoût face aux paroles messianiques des jeunes gens face à lui. Malgré tout, il soutint le regard d'Alia, et semblait se laisser convaincre et se radoucir. « Ça expliquerait beaucoup de choses te concernant, » dit il en regardant l'azata, avant d'ajouter : « ... en toi, dis-tu ? »

Kardswann se tourna ensuite vers l'homme qui l'invectivait. Il le regarda, et se mit à rire bruyamment. « C'est un discours touchant venant de quelqu'un marqué par le démon jusque dans sa chair. » Il se tourna plus calmement vers Alia. « Comment Vardishal serait-il ... arrivé en toi ? Et que s'est il passé ici ? » Demanda-t-il en reportant son regard vers Bhaal, comme si une partie des paroles du géant rouge ne l'avaient percuté qu'après le reste.



Alia respira plus calmement lorsque Kardswann parut se calmer. « La princesse Almah Roveshki, que son nom soit honoré, nous a envoyé libérer Kelmarane de l'emprise gnolle. Nous avons commencé par le monastère, c'est là que... » Alia fit une courte pause, cherchant ses mots. « Dans le sous-sol, il y avait une sorte de mousse magique, elle m'a touchée et... elle renfermait l'esprit de Vardishal et il s'est infusé en moi. Sans comprendre pourquoi, je savais où était enterré Tempête puis lorsque nous avons trouvé sa tombe j'ai compris. Même s'il n'y avait pas son corps, j'étais déjà morte à cet endroit. Depuis je sais qu'il est là, il me guide et me soutient, mais même s'il se réveille doucement il est encore très fatigué. »

Elle hésita un instant et posa la question qui lui brûlait les lèvres. « Que vouliez-vous dire en disant que ça expliquait beaucoup de choses me concernant ? »



Kardswann ne souriait plus, pas plus qu'il ne semblait agacé. Ses sourcils se plissaient sous le poids de ses intenses réflexions.
« Que tu portes cette arme. Mieux, qu'elle te soit liée comme je peux le sentir, comme si elle faisait partie de toi. Si je tenais cette arme, elle n'aurait pas le même effet si tu n'avais pas le consentement de Vardishal, enfin, de toi-même. Et si il était mort, elle n'aurait qu'un effet des plus mineurs, ou aucun.
Et je sentais quelque chose d'étrange en toi, comme du sang de génie, sans en être. Ce que tu dis est flou, mais tangible.
Tu ... tu te souviens de quelque chose ? Et c'est quoi cette histoire de démon ? »




« Nous avons eu le récit de témoignage de votre arrivée ici. La cité était tenue par les gnolls lorsque vous êtes venu. Vous cherchiez quelque chose, vous êtes allés dans l'église qui est juste à côté, lorsque vous en êtes sorti vous aviez changé, vous êtes devenu agressif, violent, vous avez pris le contrôle de la ville et êtes devenu la bouche du roi charognard.
Nous sommes également allés dans cette église, outre un huecuva et sa garde de morts vivants, il y avait dans ses souterrains un puissant démon nommé... Xulthos. Il vous a charmé et soumit à sa volonté. C'est lorsque nous l'avons tué que vous vous êtes réveillé.
Que cherchiez vous qui semblait si important ? »




Kardswann souriait. « Oh ça, j'ai toujours été violent et agressif. »

« Le viol a toujours été dans vos habitudes ? »

« Le quoi ? »

La question avait fusé sans qu'Alia ne puisse l'en empêcher. Le regard de Kardswann était mauvais, se demandant de quoi ils parlaient, ou s'ils se jouaient de lui.

« Undrella, une harpie de la cité. Vous l'avez forcée et frappée si elle se refusait à vous. »



Kardswann trembla et recula, comme si Alia lui avançait lancé l'image précise de ce qu'il avait fait à la figure. Il prit son visage entre ses mains, comme pour se cacher. Il grognait comme une bête, gesticulant en tournant sur lui-même, brisant ses liens sous la colère. Il frappa dans le mur à en décoller un morceau, et à se mettre le poing en charpie, plein de sang et de petits cailloux sur les doigts.
« Tu dis vrai, par les Enfers ! Je ... Je suis arrivé ici pour surveiller cette région, comme je le fais tous les deux à trois ans. Cette fois, il y avait des gnolls. Leur chef, téméraire et stupide, n'a rien voulu savoir et m'a attaqué, alors que je me moquais de cette ville. Je l'ai tranché en deux comme il le méritait, et j'en ai profité pour fouiller la ville. J'ai évité le monastère car ... Je n'aime pas aller là-bas. Ça me rappelait ta mort, celle de Vardishal. »

Kardswann ne semblait pas savoir comment parler à Alia... Ou à Vardishal. « Les gnolls me parlèrent d'une force obscure qui rôdait dans l'église, que des humains ici étaient venus avec des magiciens et avaient scellé l'endroit. Cela faisait longtemps que je n'étais pas venu à Kelmarane même, cette histoire m'intrigua, et je me suis engouffré dans ces sous-sols. La suite, vous la connaissez mieux que moi, et elle n'est pas glorieuse. »



Alia fut traversée par une vague de tristesse et de compassion devant la rage de Kardswann, malgré l'apparente violence du jann elle ne ressentait aucune crainte. Il avait une nature belliqueuse, mais comme Bhaal, et cette violence ne serait jamais une menace pour elle. « Pourquoi venir surveiller la région ? Votre combat contre les forces de Rovagug date d'il y a très longtemps. »



« Je ne peux pas t'en dire beaucoup, mais je suppose que ça n'est pas très grave car ça devrait te revenir.
Nous avons vaincu une grande menace ici il y a des siècles et depuis, même si nous sommes un peu en brouille, nous veillons sur ce lieu, comme sur d'autres, pour s'assurer que cette menace n'est plus. Mais pour que tu comprennes un peu mieux ta condition, et mon étonnement, je vais t'en dire un peu plus sur quelque chose de plus important.

Nous étions cinq Templiers au service de la Princesse. Notre tâche première, en plus de lutter contre le culte de Rovagug, était surtout d'affronter ceux qui abusent de la magie de souhait... Ce qui nous envoyait aussi bien ici qu'en Osirion, ou même à Quadir. La magie des souhaits distord la réalité de ce monde et le rend instable si elle est trop souvent utilisée. Et ces terres sont pleines de promesses, et de souhaits, de par les génies qui l'habitent, et les magiciens qui tentent de les plier à leur volonté.

Quand toutes les menaces de l'époque ont disparu, la princesse Nefeshti s'est désintéressée de tout cela. Toi, tu es parti le premier. Zayifid est parti ensuite. Et moi, à ta "mort". Pour moi, une fois que j'ai su que tu étais mort, j'avais compris que les Templiers étaient vraiment de l'histoire ancienne et que rien ne serait plus jamais comme avant. »
Son visage évoquait une tristesse abyssale. Il s'éclaircit la gorge avant de reprendre



La tristesse de Kardswann sera le cœur de la jeune fille et, sans réfléchir, elle s'avança vers le géant, des larmes coulant le long de ses joues, et le prit dans ses bras sans un mot.



L'échange ayant pris un tour plus calme, Bhaal avait renoncé à répondre au templier, préférant obéir à l'injonction d'Alia. Ce que cherchait sa bien-aimée, c'était des réponses, pas une confrontation. Mais voyant la jeune fille s'avancer soudain vers le colosse et l'enlacer, il ne put réprimer sa crainte. « Alia ! » S'écria-t-il en avançant d'un pas, mais sans oser en faire plus.
Elle faisait fi de toute méfiance pour s'abandonner, toute frêle qu'elle était, dans les bras qu'un géant qui pouvait la briser comme un roseau s'il le voulait. Le voulait-il ? Il ressortait de la relation du génie qu'il tenait plutôt Vardishal en estime, et Bhaal s'accrocha à cette idée pour nourrir son espoir que tout allait bien se passer. Il resta là, tendu, prêt à intervenir tout en sachant qu'il serait sans doute trop tard s'il avait à le faire.



Kardswann fut si surpris par l'irruption d'Alia dans son dernier cercle d'intimité qu'il ne put s'en prévenir. Il fut malgré lui désarmé par cette douceur, qu'il accepta après avoir laissé ses bras se crisper en l'air sans savoir quoi en faire. Il referma cette étreinte, silencieux, avant de la briser avec douceur un peu plus tard pour finir son récit. « Oh oui, tu as de lui en toi, sentimentale que tu es.
Nous, templiers, avons bénéficié des faveurs de la princesse, immortels par ses souhaits. Quand tu as décidé de venir t'installer ici, elle a reprit son bien d'immortalité. Quand je l'ai quittée, il en a été de même pour moi. Je suis fort amoindri par rapport à ce que je savais faire avant. Toi aussi, et c'est certainement comme ça que tu as péri. Mais ... même sans son souhait, tu es vivant d'une certaine manière. Est-ce par ta volonté, ou est-ce un reste de sa magie de souhait ? Ou alors est-ce ce qu'elle souhaitait ?
Je n'en sais rien. Tout comme je ne sais pas ce que Pazhvann et Davashuum sont devenus. Mais ... il va falloir que je la cherche maintenant. Nefeshti doit savoir que tu es en vie, ou pas loin. Quand j'en aurai fini avec vous, j'arpenterai le royaume pour mettre la main dessus. Si elle est encore par ici. Ou sur ce plan. »




Alia s'était doucement redressée lorsque le géant reprit son histoire mais ne s'éloigna pas. « Alors vous ne savez pas comment il est mort... »
Elle avait murmuré sa phrase sans attendre de réponse. D'une voix plus forte, elle reprit. « Pourquoi Vardishal est-il parti ? Et vous citez Pazhvann et Davashuum mais qu'en est-il du cinquième ? »



« Zayifid est parti après toi, sans dire pourquoi. Si, je sais comment Vardishal est mort : des éfrits se sont vengés. »

« Se sont vengés ? De quoi ? »

« De nos guerres. Les efrits abusent facilement des souhaits. On en a tué un paquet. Un paquet de paquets même. »

Alia resta un moment pensive, hochant la tête à mesure qu'elle intégrait les informations. Puis elle regarda de nouveau Kardswann. « Pouvez-vous me parler des autres Vents et de la Princesse ? Comment étaient-ils ? »



« Ah... » Kardswann semblait remonter dans un passé si lointain qu'un humain raconterait l'histoire du père du père du père du père ... de son père. « Pazhvann, le frère de Nefeshti, et Vardishal, ont toujours été les plus bienveillants d'entre nous, presque mous parfois tant ils pesaient le pour et le contre, le juste et le moins juste, de chaque décision. Mais Vardishal était fougueux, presque comme le feu, là où Pazhvann était plus froid, moins pressé, plus mesuré dans ses décisions et jugements. Zayifid était un calculateur des plus malins, pour qui la fin pouvait justifier les moyens. Il était un fin diplomate et un espion, avec une langue mielleuse et travaillée. C'était aussi une tafiole à sa façon, » dit-il brutalement.

« Davashuum lui, était plus vil, pas comme nos ennemis, mais une part de son cœur était noire. La fin justifiait toujours les moyens. Rien ne ne lui faisait plus plaisir que d'avoir un ennemi à tuer, et une excuse pour le faire. Vardishal ne l'aimait pas du tout. La princesse, elle ... C'est l'une des femmes les plus merveilleuses que j'ai jamais rencontrées. Fougueuse mais intelligente, pleine de vie, magnifique ... Peu d'hommes lui auraient refusé quoi que ce soit. La noblesse incarnée.
Quand tu es parti, tu es venu t'installer ici, au monastère, pour entraîner des moines au combat. Tu avais peur que la région ne replonge dans le chaos. Vu ce qui s'est passé ici après ta mort, tu as été prémonitoire. »




Attentive au récit du jann, Alia s'assit à ses côtés, essayant de retenir tous les détails. « Pourquoi Vardishal a-t-il quitté la princesse si elle était comme vous la décrivez ? »



« Car il voulait que l'on s'installe par ici pour surveiller la région où nous avions mené les plus grosses batailles, là où... Elle voulait passer à autre chose. Nous avons eu de lourdes pertes, des proches... Elle ne voulait plus risquer personne, elle était déprimée, incapable d'agir ou de réagir. »



« Elle devait être très triste et se sentir responsable. Je comprend qu'elle veuille arrêter et ne plus risquer vos vies. Je ne sais comment je pourrais vivre si... » Elle s'interrompit, releva la tête cherchant le regard du géant rouge qui leur faisait face et lui sourit tendrement.

Elle le fixait intensément, cherchant à graver chacun de ses traits dans sa mémoire. Puis, cherchant à chasser toutes pensées funestes de son esprit, elle toussota en détournant les yeux et questionna de nouveau son voisin. « Le roi charognard... vous souvenez vous de lui ? Vous étiez sa voix, vous l'avez rencontré... »



Kardswann fit non de la tête. « C'est un surnom que donnent les gnolls pour les chefs qui portent allégeance au Roi Charognard. Je l'ai rencontré après que la créature ait pris possession de mon esprit affaibli, il est venu une fois ici. C'est le gnoll le plus imposant que j'ai jamais vu. Et en plusieurs siècles, j'en ai vu un paquet. »



« Il risque de réagir lorsqu'il apprendra que nous avons reprit la ville. Nous devrons sûrement l'affronter... » Ce n'était pas une question mais une constatation. « Avez vous des conseils ? »



« L'affronter ? » Réagit Bhaal, « espérons que non ! J'aimerais bien me poser un peu et arrêter de me battre un moment, si tu veux bien. » Le ton était mi-râleur, mi-plaisantin, comme s'il ne croyait pas vraiment à ce qu'il disait.



« Je ne sais pas. Il est venu, je crois, parce que l'émissaire qui venait a constaté que le chef avait changé, mais qu'il y avait toujours des gnolls. Là c'est différent, je ne sais pas si ça lui tiendra tant à cœur de récupérer ce lieu ou non. Surtout une fois que vous serez plus nombreux. S'il n'attaque pas rapidement, car il sait déjà que vous avez repris la ville, ou que les gnolls ne sont plus sous son allégeance, je pense que vous serez tranquilles un bon moment, assez pour asseoir une défense digne de ce nom. »



Alia sourit de soulagement. « J'espère que vous avez raison. Moi non plus, je ne veux plus me battre. Je ne suis pas une guerrière comme vous deux. »



« Si, tu l'es, » protesta doucement Bhaal. « On n'a pas besoin d'aimer se battre. Tout en toi nous dit que tu es la championne de Vardishal, sinon Vardishal réincarné. Tu es en train d'accomplir quelque chose de grand, Alia. Nous avons tué le démon et tu... » Il hésita un instant, cherchant le mot juste, « ... rends sa vie à Kardswann, dont la créature l'avait privée. » Il laissa passer un instant avant de reprendre, les yeux baissés, manifestement ému. « Ce sont bien là les actes d'une combattante du Bien, une guerrière de Sarenrae. »



Les joues d'Alia s'enflammèrent sous les compliments de son compagnon, elle baissa les yeux et se tortilla, gênée, comme si elle cherchait une façon correcte de s'asseoir. Elle avait toujours autant de mal à recevoir des compliments pour autre chose que pour sa plastique ou sa façon de faire l'amour.

Elle dit d'une petite voix : « ce n'est pas moi qui suis en train d'accomplir quelque chose de grand, c'est nous tous, je n'ai rien fait toute seule. »



Kardswann observait le comportement des tourtereaux, qu'il trouvait peu habituel sans qu'il sache vraiment dire pourquoi.
« Un voyou cherche le combat quand il peut, le guerrier cherche seulement à remporter celui-ci quand il a lieu. Les ennuis viennent toujours, tôt ou tard, mieux vaut s'y préparer, même pour rien, que de se les prendre dans les dents alors qu'on n'est pas prêt. »



Une nouvelle fois, Alia hocha la tête, souriante. « Vous avez raison, nous nous préparerons donc. »



Kardswann les regarda tous deux pour lancer une suite de questions qui trottaient en lui depuis un moment. « Où est Sirocco ? Qui décide de mon sort ici ? »



« C'est la Princesse Almah Roveshki qui est la maîtresse de ce lieu. Sirocco a été mise de côté. Vous n'êtes pas un danger pour cette ville et vous étiez sous l'emprise d'un daemon, vous n'êtes pas responsable de ce qu'il s'est passé. Je plaiderai en votre faveur afin que vous recouvriez la liberté et Sirocco. Même si... » Elle eut un petit rire de gorge. « Même si je doute que nous puissions vous garder ici si vous ne le voulez pas. »



« Si votre dirigeante n'est pas sotte, elle saura quoi faire. Je ne sais pas combien de temps cela prendra de retrouver la princesse mais si je le peux, je reviendrai vous aider ou vous dédommager. Merci de m'avoir libéré. Et de permettre à Vardishal de... survivre. »
Il se tourna vers Bhaal : « et toi, qui es tu, géant démoniaque silencieux qui suit ta dame comme son ombre, en plus grand, alors qu'il n'en a pas ? Vous formez une sacrée paire. J'ai connu ça, » dit-il en souriant.



Bhaal regarda le génie dans les yeux mais il n'y décela nulle lueur de défi ou de moquerie, seulement de la curiosité, et peut-être de la bienveillance. « Je m'appelle Bhaal, » répondit-il, « je... Je veille sur elle. Là où elle va, je vais. Quant à savoir qui je suis, bien malin qui pourrait y répondre, Templier, » acheva-t-il d'une voix lasse et désabusée.



Le templier était intrigué par cette réponse mais se contenta de hocher la tête. « Et maintenant ? »



Alia se leva suite à la question de Kardswann et se tourna afin de le regarder. « Nous allons trouver la princesse afin que vous retrouviez votre arme et votre liberté. Si vous voulez bien patienter pendant ce temps... »

Elle se dirigea vers la porte, au dernier moment elle se retourna et posa la question qu'elle se retenait de poser. « Lorsque vous avez parlé de notre couple vous avez dit "j'ai connu ça". Que vouliez-vous dire ? »



« Disons que comme je te le remémorais, nous étions loin d'être des gens fait pour nous entendre, nous autres Templiers. Vu de dehors, beaucoup se demandaient ce que des êtres si opposés pouvaient faire ensemble. Un peu comme vous. Un tieffelin et une aasimar ensemble, ce n'est pas quelque chose qu'on voit souvent ... Il est même rare qu'on voit ça une fois dans sa vie. Certains viendront peut-être même ici vous voir par curiosité humaine. »



« Je comprends. » La voix de l'aasimar était légèrement contrariée, l'idée que leur amour, à Bhaal et elle, devienne une attraction de foire lui déplaisait grandement. Elle soupira légèrement, cherchant à mettre cette idée désagréable de côté, et ouvrit la porte. « La princesse doit nous attendre. Nous revenons au plus vite, Seigneur Kardswann. »



Le templier s'approcha d'Alia, lui attrapant les bras par les côtés, souriant. « Je suis content que tu sois toujours vivant d'une certaine manière, j'espère que c'est davantage par instinct de survie extraordinaire que parce que ton esprit sent venir une grave menace. Quant à toi Alia, heureux de faire ta connaissance. J'irai chercher ma princesse quand plus rien ne me retiendra ici, et je reviendrai vers toi. »

Il se tourna vers Bhaal, lui tendant la main. « Merci à toi, guerrier Bhaal, de veiller sur elle... et lui. Si tu le souhaites, avant que je ne parte, avec ou sans l'accord de votre princesse, je t'entraînerai un peu à gérer les attaques venues d'en haut et de l'invisible. Tu ferais un adversaire encore plus formidable. »



Sans le savoir, Bhaal partagea les contrariétés de sa compagne lorsque le génie parla de leur relation comme d'un probable objet de curiosité pour la moitié des fâcheux du Katapesh. Être célèbre était la dernière chose dont il avait envie. Tout ce qu'il souhaitait était s'installer dans un coin tranquille avec sa bien-aimée, dans la paix.

Toutefois, ses pensées ne s'attardèrent pas sur cette perspective ennuyeuse car les paroles du templier firent ressurgir des questions qu'il s'était posé le soir où, pour la première fois, dans le sanctuaire de Vardishal, les deux amants avaient scellé leur union : pourquoi moi ? De son point de vue, qu'on puisse aimer une femme comme Alia était parfaitement naturel : elle était belle, douce, aimable, courageuse, intelligente... Mais qu'Alia puisse l'aimer, lui, voilà qui continuait à dépasser son entendement. Alors qu'ils formaient l'un des couples les plus improbables et les plus mal assortis que l'on puisse imaginer, c'était, pour lui, comme si une force mystérieuse les poussait l'un vers l'autre en une passion dévorante et exclusive.

Mais il fut tiré de ses réflexions par la main tendue du colosse. L'espace d'un instant, son amour-propre de gladiateur lui fit penser qu'il n'avait besoin de personne pour s'entraîner, mais il se ravisa en se rappelant qui lui faisait cette proposition : ce n'était pas le genre d'offre qu'on pouvait refuser. Il rendit sa poignée de main au templier avec un sourire sincère. « Je suis heureux que nous n'ayons pas eu à nous battre encore, en fin de compte, et d'autant plus que c'était ce que voulait Alia depuis le début. Elle n'a jamais cessé d'espérer que la mort du démon te ramènerait vers elle. Maintenant que c'est chose faite, ce sera un grand honneur pour moi que de croiser le fer avec le Vent du Sud. »

Il lâcha alors la main du templier, encore plus énorme que la sienne, et sortit de la cellule à la suite d'Alia. La princesse les attendait certainement.



La suite des aventures des héros de Kelmarane ici !

Modifié par un modérateur lundi 9 janvier 2017 09:11:36(UTC)  | Raison: Non indiquée

Qui sème le vent ... est déjà d'un bon niveau.
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