Cressida esquissa un demi-sourire, autant suite à la question de Gracchius qu'à son compliment.
« Pas tout à fait...Mais elle m'a dit avoir pris le temps de dormir la nuit dernière, et elle avait l'air plus en forme ce matin, donc je n'ai pas pu lui donné cet ordre. Par contre, j'avais besoin d'elle sur le terrain, pour aider les Chevaliers Infernaux à disperser la foule après le couronnement. Il n'y avait pas de rapport d'incidents, mais d'après ce que m'a raconté Zulgar et les récentes révélations sur la mort d'Eodred II, je pense que ça ne va pas durer. »

Son regard s'étrécit.
« Et également, je n'ai aucune envie de prendre le risque de laisser les hommes d'Acillmar déclencher eux mêmes un incident. Les Chevaliers de la Pointe ne sont jamais une bonne nouvelle, surtout au même endroit qu'une foule. D'ailleurs,
j'ai aussi transmis à la garde une demande pour voir si nous avions une trace de cette Trinia Sabor dans nos archives. Quand je pense que je suis passé à côté de ça! Un empoisonnement...j'aurais du y penser. Dire que j'ai démarré ma carrière de maréchale en évitant précisément un incident similaire... »

Cressida étrécit les yeux et lui agita un index tendu sous le nez.
« Oh, ne crois pas que j'oublierai que tu as l'air de bien t'entendre avec Orsini! Et que tu peux détourner mon attention aussi facilement! »

Elle baissa la main et son expression se radoucit.
« Mais...pour l'instant, on dirait que Korvosa a décidé de ne pas s'effondrer dans la minute, et comme mon intuition me dit que ça ne va pas durer, peut être que nous ferions aussi bien de profiter de cette occasion... »
Elle entreprit de défaire les bandes de cuir qui maintenaient son armure.
« Tu me donnes un coup de main? »

Cressida répondit à Gracchius d'un sourire sardonique.
« Et bien et bien...quelle attitude, messire! Je me demande d'où te viens cette assurance... »

Elle acheva de retirer son plastron d'armure, le déposant à côté du reste de sa cuirasse. Elle souleva les bords de sa chemise, révélant une peau satinée marquée de plusieurs longues cicatrices, traces d'anciennes épreuves. Vêtue uniquement de ses cuissardes et de sa ceinture, Cressida Kroft, maréchale de Korvosa, effleura la poitrine de Gracchius du bout des doigts, avant de se pendre à son cou pour effleurer des siennes les lèvres du duelliste...


Une heure plus tard, Cressida et Gracchius étaient étendus sur le lit de camp qui servait à Cressida lorsqu'elle passait son temps à la forteresse. La maréchale regardait distraitemetn la lumière décliner par les fenêtres, la lumière orangée jetant une atmosphère intime sur les lieux pourtant spartiates à l'ordinaire.
« Tu n'as jamais eu cette impression? L'impression que certains moments durent plus longtemps et sont plus réels que d'autres? Ca fait longtemps que je protège cette cité, et j'ai toujours été satisfaite de ce que je faisais, mais ça fait dix ans que je ne me suis pas sentie aussi vivante. Et pourtant, j'ai le sentiment que tout cela pourrait s'effondrer d'un instant à l'autre. »

Cressida tiqua lorsque Gracchius employa ce surnom.
« Appelle moi Cressida. Je préfère. »
Sa voix n'était pas un reproche, mais elle semblait...affecté par le surnom que lui avait donné Gracchius. Difficile, cependant, de lire son expression. Elle ne trahissait pas grand chose de ses émotions après tout.

Elle l'écouta attentivement, un mince sourire un peu mélancolique sur les lèvres.
« C'est très optimiste comme vision, mais je dois admettre que ce serait reposant, pour une fois, de ne pas courir de catastrophe en catastrophe. Je vais mieux, mais malgré tout, rien n'est réglé, et voilà qu'on essaye d'assassiner la reine. Deux fois. Une fois qu'elle aura prit les rênes du pouvoir, peut être qu'elle s'en sortira un peu mieux. »

Elle soupira.
« Je commence à avoir du mal à assurer mon poste. Peut être que je devrais penser à prendre ma retraite...? »

Cette fois, Cressida étouffa carrément un éclat de rire.
« Ah! Je ne me vois pas jardinière, même à 90 ans. Non, j'ai été aventurière à une époque, et je pense que peut être, à un moment donné, je devrais reprendre ce chemin. Mais pour l'instant, Korvosa a besoin de moi, comme tu dis. Et...j'irais jusqu'à dire que j'ai besoin d'elle. »

La question de Gracchius la prit un peu au dépourvu.
« Des interrogatoires? Et en quoi exactement penses-tu que ça va vous aider à retrouver Trinia Sabor? J'ai récupéré sa dernière adresse connue, mais pourquoi est ce que quelqu'un au palais saurait où la trouver? »

Elle écouta le raisonnement de Gracchius, mais avait toujours l'air sceptique.
« Je vois où tu veux en venir, mais ça risque d'être bien trop lent. Je n'ai pas le compte exact, mais si tu comptes interroger tout le palais toi même, ça risque de prendre des semaines: il y a plus de quatre cents personnes qui y travaillent de près ou de loin. Tu as une idée particulière des gens que tu veux interroger? Je peux m'absenter un peu de Citadelle Volshyenek, mais je commence déjà à avoir des rapports d'incidents de groupes qui cherchent Trinia Sabor, justement. Ca risque de dégénerer, et dans ces circonstances, je ne peux pas partir très longtemps. »

Cressida secoua la tête.
« Pas vraiment, non. Je respecte l'Arbitre Zenderholm, même si je trouve qu'elle est parfois trop sévère dans ses sentences. Mais nous travaillons ensembles régulièrement, même si je ne la connais pas vraiment en dehors de circonstances professionnelles. Il faut dire que nous avons toutes les deux beaucoup à faire. »

Elle posa les mains sur ses hanches, hochant la tête.
« Très bien, je veux bien t'accompagner, au moins pour une journée. On verra ensuite. Mais il faudra attendre demain, le temps que je m'organise un peu. »

Elle lui sourit.
« Je suis sûre que toi et l'ordre du Drake trouverez un moyen de vous occuper d'ici là. »

Cressida lui sourit, mais haussa un sourcil intriguée.
« Sorina...? De qui s'agit il? »
Elle n'avait pas vraiment l'air inquiète ou agacée, juste interrogative.