22 Arodus 4716 - Quelque part au Sud du Pôle, dans les Marches Gelées

Yogo semblait avoir trouvé sa place dans la caravane. Il n'était pas encore familier avec tout le monde, mais après son aide inestimable contre les trois sorcières, les possibles soupçons à son encontre semblaient n'être plus qu'un souvenir. Le fait de retraverser la Couronne aussi rapidement après son premier passage lui était également un peu étrange, mais après tout, ils étaient tous dans la même aventure, et si il voulait retrouver Minkai, il n'avait pas vraiment le choix.

En particulier, ses talents de magicien semblaient avoir attiré l'attention de Koya. La vieille magicienne profita de la première occasion pour venir à la rencontre du magicien.
« Yogo? Je peux vous parler un instant? Après tout, un voyage n'est que plus agréable avec un peu de compagnie, pas vrai? J'ai remarqué que vos...talents magiques étaient vraiment intéressants. Je n'en ai jamais vu de pareil. Malheureusement, j'ai attendu le grand âge avant de vraiment commencer à voyager, mais maintenant que je n'ai plus beaucoup de temps, je ne vois pas de raison de ne pas satisfaire ma curiosité...si vous le voulez bien. Comment est ce que votre magie fonctionne, exactement? »

Koya sourit, amusée par l'analogie de Yogo.
« C'est vrai que vous êtes bien plus agé que vous n'en avez l'air! Je persiste à l'oublier...vous avez l'air si...humain! Enfin... »
Elle le laissa préparer du thé, commentant tout en sortant des tasses.
« ...je n'ai jamais gouté de thé à la mode Tian. Ma mère préparait du thé, mais plutôt comme nous les varisiens le faisons, fort et parfumé. Une nouvelle expérience à acquérir! »

Une fois servie, elle serra sa tasse de thé dans l'espoir de réchauffer ses mains. Malgré les précautions et protections, il faisait tout de même froid, même dans l'un des wagons.
« Quand vous dites que les kami vous parlent...vous voulez dire, littéralement? Ou bien est ce plus proche de ce que je ressens avec Desna, une vague inspiration et une direction, comme les fragments persistants d'un rêve. »

Elle sourit aussi à sa question.
« Je tire les cartes, mais je crains de ne pas avoir le talent mystique de certaines diseuse de bonne aventure pour les interpréter. Bien sûr, je ne crois pas que les cartes soient tirées par hasard, mais certains sont capables de lire l'avenir de nations entière dans le jeu du Tourment. Ce n'est pas mon cas. Non, je suis une adepte de Desna, et en échange de mes prières, elle m'accorde ses faveurs. J'aurai une autre question à vous poser...je présume qu'au cours de vos nombreuses vies, vous avez du voyager hors de Minkai...avez vous visité d'autres contrées de Tian Xia? Qu'avez vous vu là bas? »

Koya sourit.
« Bien sûr! A l'occasion, je nous en préparerai une théière. Et...non, pas vraiment. Même si je ne désespère pas de voyager encore après que nous ayons rétabli la paix à Minkai, je crains de ne plus avoir assez de temps pour visiter tout Tian Xia. Le récit de vos voyages est passionant, j'en suis sûre! »
La vieille prêtresse, en cet instant, ressemblait presque à une petite fille espérant une histoire mystérieuse et exotique de son oncle voyageur.

A toi de voir à quel point on détaille, c'est comme tu veux!

Koya frissonna en écoutant le récit de Yogo. Elle resta un instant silencieuse, pensive.
« Je savais que la Varisie était dangereuse, mais je suppose que toutes les régions du monde souffre de leur propre mal, enraciné sur place. J'espère de tout coeur que vous parviendrez à détruire cette manifestation de ce qui rôde dans les ombres de notre monde. »

Changeant de sujet pour revenir à quelque chose de moins sinistre, elle décida de répondre à sa question.
« Et bien...le village s'appelle Pointesable, même si c'est presque une petite ville, maintenant. Je connais Ameiko depuis longtemps, et j'ai pratiquement élevé Solomyia! J'avais déjà voyagé à travers la Varisie avec Sandru, les varisiens pensent que cela porte malheur de ne pas être accompagné d'une prêtresse de Desna. Ils n'ont pas forcément tort, même si je ne suis plus dans ma prime jeunesse, je sais me rendre utile. Et puis quand Ameiko a organisé la caravane pour aller jusqu'à la ville abandonnée de Fort Ecume, je me suis portée volontaire! Je ne savais pas que cela nous mènerait jusqu'à Minkai, à l'époque, mais ça me va très bien! Je ne suis jamais allée à Tian Xia, et je me suis dit que ce serait l'occasion ou jamais. Nous avons continué jusqu'à Karlsgard pour retrouver l'arme ancestral de la famille d'Ameiko et Amaya, Suishen, et nous nous sommes battus avec une guilde d'assassins appelés les Ombres Gelées. Et la suite...vous la connaissez. »

Yogo ajouta.
«  Desna est l'une des rares déesses de votre Panthéon à être vénérée chez nous. Vous parliez de Solomyia mais vous avez connu Ameiko et Amaya depuis leur enfance je suppose. Comment était-elles, et comment les voyez-vous? J'ai du mal à cerner leurs relations. Ou à comprendre ce qu'était leur famille dissimulée à Pointesable. »

Yogo buvait les paroles de Koya plus vite que son thé.
«  Merci pour ces précieux renseignements. Les familles en fuite on rarement la vie facile. Amaya n'est donc là que récemment, sans qu'on sache grand chose sur elle ou ses intentions. Plus que cela, ce qui m'inquiète, c'est que vous semblait dire que Tsuto est toujours en vie, qu'il serait un prétendant plus légitime qu'Amaya au trône, et qu'il ne semble pas être un homme très recommandable, si ce n'est pour l'envoyer chez Pharasma. Il faudra que nous nous penchions là-dessus aussitôt notre voyage hivernal terminé. Le Régent, vu comme il a déjà su s'immiscer sur notre route, ne manquera pas d'en faire un allié, s'il veut une revanche. »

Yogo hocha de la tête tout en faisant "non" du doigt.
«  Le Régent est un "homme" puissant, fourbe, et sans scrupule. Tsuto n'est pas un danger pour lui, il pourrait se servir de lui pour nous mettre des bâtons dans les roues et en savoir un maximum sur l'impératrice puis le tuer sans somation. Pour Amaya, tant mieux. C'est d'ailleurs une bien bonne nouvelle pour elle que de porter la vie, en espérant qu'elle pourra mener ce projet à terme.
Merci Koya pour votre temps, c'était un plaisir. Ah, je sculpte, mais je tatoue aussi. Si vous voulez de l'art Tianais, je peux vous en faire un, et si vous préférez de l'art Varisien, ou une fusion, je peux m'y tenter. » dit-il dans une révérence théâtrale tandis qu'il se relevait pour partir.

8 Rova 4716 - Vasilias, village des elfes boreaux
Suivant Amrunelara, Yogo et Quoovar arpentèrent les immenses couloirs de la citadelle déserte. Ils croisèrent quelques elfes en cours de route, mais les lieux paraissaient tout de même pratiquement déserts...ou peut être était ce leur gigantisme qui donnait cette impression. Mais la petite communauté des elfes paraissait tout de même bien isolée au milieu de ces montagnes. Par les immenses fenêtres, ils pouvaient voir la vie du village, les trappeurs échangeant leurs fourrures, pêcheurs revenant du lac tout proche, les chasseurs dépecant leur gibier...


Finalement, leurs pas les conduirent, après une épuisante ascension, jusqu'à l'une des tours de la forteresse. De l'autre côté, ils pouvaient entendre une femme chanter. Amrunelara frappa, et s'annonça en elfique, avant de pousser la porte.
L'immense chambre avait été amenagée avec du mobilier clairement trop petit pour la pièce. Mais le plus étrange restaient les...arbres? faute d'un meilleur terme, qui poussaient au milieu de la chambre. A y regarder de plus près, ils paraissaient entièrement constitués de givre, formant un bosquet translucide et glacial. Amrunelara échangea quelques mots à voix basse avec l'elfe, qui se tourna alors vers les deux visiteurs étrangers.
« Alors vous êtes ceux que notre ainée a réussi à convaincre de nous aider...je vois...Je suis la Chanteuse. Je ne suis pas sûre de pouvoir vous aider, mais si vous désirez apprendre, je peux au moins essayer. Que voulez vous savoir? »

Elle parle en elfique, mais je considère que Quoovar peut faire la traduction si nécessaire, c'est plus simple.

Quoovar avait suivi Amrunelara en compagnie de Yogo. Il regardé le paysage, mais alors que Yogo était perdu dans ses pensées, Quoovar pensait aux éventuelles possibilités d'échappatoires, faisait une carte mentale de l'endroit, au cas où, notant les passages à couverts, les possibles sorties ou couloirs. Malgré la luminosité ambiante qui faisait souffrir ses yeux, il ne pouvait s'empêcher de faire cela : un réflexe mental provenant d'une autre vie. Mais s'il avait une seconde vie, c'était en partie grâce à ces réflexes, donc il les laissait continuer.
Quoovar fut surpris par l'apparence de l'elfe, et plus encore par les "arbres". Pensant avoir à faire à une magicienne ou une pratiquante de la magie profane, et voyant que Yogo avait utilisé un pouvoir pour comprendre ses paroles, mais pas pour parler, Quoovar fit les présentations, en elfique.

« Bonjour la Chanteuse. Que les étoiles brillent sur le lieux de notre rencontre. Nous sommes en effet des membres de la caravane humaine venant de la lointaine Varisie et en partance pour le Minkai. Voici Varian, un puissant magicien, remarquable artisan et qui parle aux kami. Je suis moi-même Quoovar, simple éclaireur. L'Ancienne nous a fait part des problèmes de votre communauté, et nous avons su voir que nos objectifs s'accordaient. Nous avons accepté de vous aider, car nous pensons que si le Mal est vaincu ici, alors vous serez plus sûrs, mais aussi le sera la route liant le Minkai et l'Avastan, pour le bien commun, et particulier.
Au cour de la conversation avec l'Ancienne, il est apparu que votre charmante communauté abritait des utilisateurs de la magie profane. Notre caravane possède également de tels utilisateurs, plus ou moins, et nous avons collectivement pensé que nous pourrions nous entraider. Mon ami Varian ici est originaire du Minkai et pratique une telle magie. Pour ma part, si je ne pratique pas la magie en tant que telle, je la comprends suffisamment pour la mettre en application en suivant les principes scientifiques de l'alchimie. Pour vous aider au mieux, nous nous demandions si nous pourrions échanger des formules magiques pour accroître nos connaissances communes.
Qu'en dites-vous ? »

N'ayant jamais été éduqué à l'esthétique et à la beauté elfique, Quoovar demanda, très prosaïquement.

« C'est très joli, mais auriez-vous des écrits magiques où vos sorts sont consignés ? La plupart des magiciens ont des grimoires pour cela. Je suppose que c'est pareil pour vous, non ? »