Melfur ouvrit les yeux, soudain éveillé. Il se redressa d'un bond, se rendant compte que la grande autour de lui avait changé. Elle était bien plus petite, et la lumière de la une entrait par la toiture délabrée, éclairant d'une lueur blafarde les alentours. Gazda n'était nul part en vue. Son épée à la main, méfiant, il s'aventura dehors, prudemment...les lieux n'avaient plus rien à voir avec le domaine verdoyant dans lequel ils avaient fait étape. Il se trouvait dans un village en ruine, envahi par la brume...des figures indistinctes bougeaient parmi les bancs de brouillard...
Juste devant lui, ne semblant pas l'avoir remarqué, un homme vêtu d'un manteau noir à capuchon, brandissant un bâton surmonté d'un crâne baillonné, monté sur un cheval mort depuis longtemps, donnait des ordres à un groupe de cultistes portant eux aussi des baillons mauves et des faux d'acier luisant. L'homme qui parlait avait une voix sifflante, comme un murmure qu'on aurait forcé à travers sa gorge. Son visage demeurait dans l'ombre, mais il était clair à l'état de sa main qu'il était à mi-chemin entre la mort et la vie.
« Déterrez les corps...fouillez tout Feldgrau. Rassemblez cents crânes pour notre maître. Il ne nous manque plus beaucoup de clés...Prévenez Caliphas, et contactez nos membres à Thrushmoor. L'heure approche. »

Le tiefling s'éveilla à nouveau, cette fois de retour dans la grange. Tout semblait normal à nouveau...mais le frisson de son cauchemar était encore trop présent.

Gazda avait l'impression d'avoir à peine posé la tête sur un ballot de paille et fermé les yeux qu'il fut réveillé par une désagréable sensation. Celle de l'eau léchant ses chevilles. Il eut à peine le temps de se rendre compte de l'anomalie qu'il fut réveillé en sursaut, suffoquant, soudain entièrement submergé. Il ouvrit les yeux pour se rendre compte qu'il était dans une sorte de lac, environné d'eau noire et tourbeuse, omniprésente. Une vague lueur brillait au dessus de lui, et il se força à nager, émergeant à la surface en crachant et vomissant l'eau qui avait failli le noyer. Elle avait un goût de terre. Il s'agrippa à un ponton proche, se hissant péniblement jusque sur les planches. Il se trouvait dans une ville au bord d'un lac, plongée dans la nuit. Il n'y avait personne, en dehors de quelques rats qui fuirent à son arrivée.
Soudain, un gargouillement aqueux résonna derrière lui. Lorsqu'il fit volte face, le lac avait disparu. Face à lui se trouvait simplement le ciel. Désorienté, il releva la tête, réalisant soudain que l'eau se trouvait au dessus de la ville, comme si cette dernière était maintenant accrochée au dessus de la surface. Alors que son esprit peinait à réaliser comment un tel prodige était possible, la surface remonta brutalement vers la ville, noyant les toits, les rues, les pontons.

Avant de se réveiller en sursaut, Gazda aperçut une chose dans l'eau qui le happait à nouveau. Cinq yeux jaunes au milieu d'une masse écailleuse, alors qu'une immense créature couverte de tentacules émergeait des profondeurs du lac suspendu...