insugi, baignée par la lueur chaleureuse des lanternes rouges suspendues au coin des toitures, semblait enveloppée d'une atmosphère à la fois mystique et joyeuse en cette soirée de fête. Les rues étroites sont bordées de petites échoppes, de stands colorés et d'étals de nourriture dégageant des effluves alléchantes de poisson, de bœuf ou encore d’épices fraîches importées depuis l’Ouest ou le Grand Est, par delà la mer des fantômes. Les échoppes proposent des friandises traditionnelles du festival, des plats délicieux aux arômes exotiques qui titillent les narines des passants. Des guirlandes lumineuses serpentent le long des façades, créant une ambiance féerique autant que lugubre à mesure que le crépuscule s'installe. Les habitants s'affairent dans l'effervescence des préparatifs du festival, parant leurs maisons et les rues de décorations. Des lanternes sculptées à l'effigie de visages fantomatiques et de divinités protectrices pendent aux fenêtres, éclairant doucement la ville.
Les résidents préparent des offrandes dans leurs maisons et les temples locaux, allumant de l'encens aux parfums envoûtants pour honorer les esprits et éloigner les fantômes. Certains habitants, vêtus de tenues traditionnelles, défilent dans les rues en portant des masques de fantômes, imitant avec dérision les horreurs voisines de la ville. Des manipulateurs d’ombre s'entraînent sur des places publiques, répétant des mouvements gracieux et envoûtants, prêts à divertir la foule lors du festival tandis que les enfants rient et jouent, portant des costumes de fantômes ou de yokais et se taquinant mutuellement dans une atmosphère de joyeuse camaraderie.
Le crépuscule cède lentement la place à la nuit, et la ville s'illumine d'une lueur surnaturelle. Des histoires de fantômes sont racontées dans les coins sombres des ruelles, amplifiant le frisson de mystère qui enveloppe la cité. Les habitants, superstitieux pour la plupart bien que conscients que les esprits ne sont que des prétextes festifs du festival, étant également vénérés tout le restant de l’année, se préparent à participer à ce rituel ancestral, prêts à “simuler” la hantise de leur ville. En effet, à Yinsugi, une grande fête et un festival ont lieu le dernier jour du printemps. Appelé “Festival des Fantômes”, cet événement vise non seulement à célébrer la fin du printemps, mais également à tromper les mauvais esprits et les fantômes que l'on croit sortir des bois au cours des premières semaines de l'été. À la fin du festival, la ville simule l’enlèvement de victimes par des “fantômes” (joués par des citadins portant des masques en papier). Ceux qui ne sont pas impliqués dans le faux enlèvement font semblant de plonger dans la panique collective, imitant cris et pleurs tandis que d'autres se lancent dans une opération de recherche et de sauvetage. On pense que cette farce fait croire aux vrais fantômes que quelqu'un a déjà hanté la colonie, et les incite ainsi à chercher un village plus heureux pour infliger la misère une fois que la saison des fantômes commence le lendemain, le premier jour de l'été.
Un carillon de cloche. Ce tintement… vous paraît étrangement distant et familier à la fois, comme s’il était identique en tout point d’une année à une autre. L'atmosphère du village se fige dans une étrange harmonie de silence. Un frisson vous parcourt l’échine, mais vous êtes rapidement rappelés au moment présent lorsqu’Oono Kazuma, le dirigeant du petit théâtre local, émerge sur la place centrale afin d’amorçer l’évènement principal de ce festival : l’enlèvement d’habitants par des fantômes. Et cette année… C’est vous, les heureux élus de ce petit jeu.
« Honorables habitants de Yinsugi, tandis que nous profitons de la fin du printemps, j’entends les esprits mauvais s’approcher ! » proclame-t-il d'une voix vibrante qui traverse la place, un sourire mystérieux ornant son visage.
« Comme vous le savez les kitsunes ont l’ouïe fine, et j’entends déjà des cris en provenance des Sept-Cités ! Faites silence, tendez l’oreille ! »Un murmure de curiosité et d'anticipation parcourt la foule. Les villageois échangent des regards intrigués tout en essayant de percer le mystère de cet événement rituel qui s'est perpétué au fil des générations.
Oono Kazuma tourne son regard vers vous, les désignés, un éclat malicieux dans ses yeux, puis il poursuit, sa gestuelle captivant l'attention de tous. Le kitsune guide subtilement l’attention de la foule vers un autre endroit de la place tandis que vous êtes discrètement invités à rejoindre Choe, le chef des meuniers de Yinsugi, un homme aimé et respecté de la communauté, à qui revient l’honneur cette année d’organiser le festival. Rares sont ceux à être au courant des personnes qui vont être “enlevées”, hormis les principaux concernés -vous-, certains de vos proches et les organisateurs, aussi cette “exfiltration” a pour habitude de se faire le plus discrètement possible, afin de susciter la surprise chez les autres.
Vous êtes -volontairement- roulés dans des nattes de paille par vos ravisseurs tandis que le kitsune continue d’accaparer l’attention du village, puis transportés avec précaution vers la clairière qui servira de lieu de captivité pour la nuit, et accessoirement de lieu où dormir. Pendant ce temps le kitsune continue son récit effrayant, mêlant les légendes locales aux mystères du surnaturel, jetant une ambiance de terreur feinte sur la ville. Les murmures du vent et le doux froissement des nattes de paille créent une atmosphère aussi mystique que théâtrale tout autour de vous. Vous pouvez entendre le chant des grillons et le murmure du ruisseau voisin, des éléments naturels qui ajoutent à la féerie de la nuit, tandis que vous vous endormez entre vous.
À l’aube de l’été, les “kidnappés” seront rachetés aux esprits par celui qui est chargé de la reconstitution de cette année-là du Festival, à savoir ce cher Choe. Il a promis d’apporter la “rançon” -une sélection de délicieuses spécialités pour le petit-déjeuner- aux esprits, bien que cela vous soit en réalité destinés comme “remerciement” pour votre rôle lors de ce festival. Vous pouvez donc vous endormir en pensant aux délicieuses gourmandises qui vous attendent au petit matin avant de revenir en ville pour proclamer la fin du festival de reconstitution : la vôtre.
Musique - Quelque chose ne tourne pas rondSeulement… Voilà. A votre réveil, aucune gourmandise ne vous attend, et en plus, la pluie commence doucement à tomber. Quelque chose vous dérange. L’air ici vous semble… vicié. L'ambiance féérique de la veille laisse place à une atmosphère oppressante. En regardant autour de vous, vous remarquez que les nattes de paille dans lesquelles vous avez été transportées sont humides, sales et dégageant une odeur terreuse et rance.
Plus curieux encore, tandis que les souvenirs de la nuit précédente vous reviennent, une étrange sensation d'égarement s'installe. Bien que vous vous soyez endormi en pleine nuit, vous avez l’impression de vous réveiller dans une partie des bois complètement différente, à en juger par la végétation. Les arbres semblent se refermer sur vous, formant une canopée sinistre qui obscurcit le ciel déjà sombre. De plus, si vous connaissez un minimum Choe, vous savez qu’il ne revient jamais sur sa parole et qu’il devrait déjà être ici, avec vous.
Quelque chose ici ne tourne pas rond, et au plus profond de vous, vous le savez.
Modifié par un utilisateur samedi 6 janvier 2024 23:28:59(UTC)
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