Abigaël était contente d'avoir des combattants manifestement aguerris pour les accompagner, mais elle avait du mal à se voir considérer comme une héroïne : elle n'avait fait après tout que son devoir, et avait simplement réussir à survivre et à faire survivre ses compagnons, plus par chance que par héroïsme de son point de vue.
Elle était aussi contente de voir que quelqu'un de plus qualifié avait pris en charge la logistique. Autant elle n'avait aucun problème à avancer au petit bonheur la chance dans la nature, et prendre soin de quelqu'uns, autant organiser une expédition de cette importance était hors de portée pour elle.
Elle s'endormit comme d'habitude sans trop de problème pour ses quelques heures de sommeil quotidienne, mais fut réveillée en sursaut après un mauvais rêve. Mais était-il seulement un rêve ? Abigaël avait l'impression qu'au contraire c'était des souvenirs longtemps refoulés qui revenaient à sa conscience. Il semblait qu'Asphodèle et Takkoua avait eu une expérience similaire. Elle écoute avec attention le récit d'Asphodèle.

« Je ne sais pas si c'est prémonitoire Asphodèle. Je dirais que ça ressemble plus à quelque chose du passé. On dirait en effet la légende de Rovarug, le Destructeur, qui est emprisonné dans Golarion par une cabale de dieux, dont Asmodée pour l'occasion du côté des "gentils". C'est peut-être en lien avec ton ascendance ? Car j'ai moi aussi eu un rêve étrange. Vous savez, même si je ne le clame pas sur les toits, que j'ai grandi dans le Premier Monde, mais que mes premières années de vie sont flous, avant 2 ans je pense. J'ai eu comme une sorte de flash back. Une attaque massive de diables sur un village. Et une femme sublime protégeant les habitants. Une femme qui dût s'enfuir car blessée, avec moi dans ses bras, puis elle qui me confit à des personnes que je pensais être mes parents. Je... je me demande si ça ne serait pas ma propre mère, ma vraie mère. Mais il y a quelque chose d'étrange dans mon souvenir : elle est trop parfaite, trop puissante, pour pouvoir tenir tête ainsi à une légion de diables. Je... je me demande si cette femme pourrait ne pas être mortelle, comme suggéré par l'érinye. C'est étrange cette impression d'avoir conscience de quelque chose qui a toujours été là, mais jamais remarqué auparavant. Takkoua, toi aussi tu as eu un rêve étrange ? »

Abigaël est interloquée.

« Oui, dans mon rêve ou souvenir, elle était exactement comme tu la décrit. Je suis vieille tu sais. Si cette femme était là quand j'étais une bambine, alors c'était il y a presque 200 ans, plus ou moins car le temps dans le Premier Monde passe différemment. Si elle a rencontré Frondroig à ce moment, alors c'est normale qu'il soit si jeune. Note que ça pourrait nous aider à déterminer quand ceci a eu lieu...
Mais vraiment, une marque d'Asmodée ? Comment cela pourrait-il se faire ? On va vérifier.
Mais tout ceci me semble très étrange. Nous nous sommes rencontrés au hasard des rencontres et des vies de chacun. Pourtant, il semble qu'il y a un lien commun entre nous, et nous ne savons pas lequel. Tout ceci ressemble à une destinée particulière qui nous aurait rassemblée dans un but précis. Pourtant, il est connu que les prophéties ne se réalisent plus depuis la mort d'Aroden. J'étais là quand c'est arrivé, et c'était une horreur. Et nous voilà, là, à quelques kilomètres de ruines dédiées aux Azlants. La coïncide me semble trop forte. Il doit y avoir un lien. Je le sens dans mes vieux os. Qu'on ait rencontré Jhielil et son collier, c'était d'une manière ou d'une autre prévu. Cette femme, on dirait une ange, est liée à deux d'entre nous. Et tu dis avoir vu la marque du Seigneur des Enfers sur nous ? Comme Asphodèle qui a vu en rêve l'emprisonnement du Destructeur. Quel serait le lien entre cette ange, Asmodée et Aroden ? Pensez-vous que la réponse pourrait être au fond des ruines ? »

La discussion de la veille permet d'apprendre que l'archéologue, originaire d'Absalom, avait levé un financement pour mettre a jour un site Azlant. Après la déconvenue que les ruines lui ont posé, il est allez mettre ses services au service du Molthune afin de financer une seconde expédition pour réussir a entrer, enfin, dans les ruines. Mais, avec les tensions politiques entre les deux nations, la capitaine affiche clairement sa désapprobation. On lui demanderais, elle irait détruire toute forme de vie dans les ruines. Comme ça, plus de soucis. Plein de solution existe ! On peut inonder les ruines, ca détruit pas trop, et ca tue bien. Et si ya des pièges, ceux mécanique seront surement déclencher.



Asphodèle découvre son dos qui ne présente rien. Pas de trace ou de marque autre que les excroissances classiques des tiéffelins.

« Bah j'en sais rien, j'me suis jamais inspecter le dos sous un sort qui permet d'voir la magie. D'ja que j'sais pas faire ce sort donc voilà...

Et si je remet mon armure tu la vois toujours? » Puis joignant le geste à la parole Asphodèle ré-enfile sa cuirasse avec la force de l'habitude.

À son grand déplaisir, Abigaël peut distinctement voir la marque d'Asmodée sur la peau de la demi-orque. Qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ? Trois aventuriers ne se retrouvent pas par hasard avec la marque du Seigneur des Enfers sur le dos... Mais pourquoi et comment, Abi n'a pas la réponse.

« Oui Takkoua, je vois la marque dans ton dos également. Tu peux regarder mon dos aussi ?  »

Sans guère de pudeur, Abi se dévêt. Elle a vu "le loup" mainte fois, et après ses septs accouchements en tant que mère et ses innombrables en tant que sage-femme, elle avait une vue très pragmatique de la pudeur : c'était vaguement utile quand on voulait faire monter le désir, mais entre aventuriers aguerris voulant résoudre des mystères impliquant des dieux majeurs, ça ne faisait pas le poids dans la balance. Elle enleva sa cuirasse, déboutonna sa veste, souleva son maillot de corps pour montrer son dos, ridé par les ans, à Takkoua sans vraiment faire attention à ce que pourrait voir, ou pas, Asphodèle.

Quand elle reçu la confirmation qu'elle aussi était marquée par Asmodée, elle resta interdite un moment.

« Je ne sais pas ce que ça présage, mais probablement rien de bon pour une vie calme et posée je pense. Je ne maîtrise pas encore les puissants sorts de divination où on peut sonder les puissances planaires, mais ça sera peut-être un jour le cas. Je propose de garder tout ceci pour nous, d'avancer dans nos missions et peut-être trouverons-nous d'autres indices, ou comme je le disais que ma magie sera un jour suffisamment puissante pour chercher des réponses aux questions qu'on se pose. Vu que nul parmi nous ne pouvons faire quelque chose contre la marque d'un Dieu Majeur, autant de pas trop s'en inquiéter pour le moment. Avançons étape par étape : allons fouiller ces ruines et trouver une solution pour Jhielil. Peut-être le collier est lié à tout ceci. Ou pas. D'accord ? »