Le magicien est étonné, et en même temps non. Il s'en doutait, mais la confirmation le rends encore plus excité. Il semble même rajeunir de plusieurs dizaines d'années, du moins... au niveau du comportement. « Des daémons? C'était des daémons qui gardait cette arme? Et vous en êtes sortis vivant? C'est... hors du commun. J'espérais que ce recueil soit faux, même si au fond de moi je savais que c'était vrai. Des héros élus des dieux, je pensais que ce temps était totalement révolue et que, d'une certaine manière, nous étions un peu oublié. Mais non. C'est tout le contraire. »

Il se précipite vers sa bibliothèque, sur l'un des murs du bureau et en tire un ouvrage énorme. En l'ouvrant, il déplie une carte du Nirmathas et pointe un endroit. Certain dirait que c'est au pif, mais... « Là. Je suis certain que c'est ici le lieu dont parle la prophétie. Là bas se trouve un ancien autel dédié à Pharasma et... les légendes racontent que le jour de la chute d'Aroden, un puissant raie de lumière, visible à des kilomètres, avait, sembles-t-il, jailli de cet endroit. La coïncidence est trop belle pour que je puisse me tromper et... de toute façon, vous avez clairement un don pour que les coïncidences n'en soient pas. Ce que je ne comprends pas c'est... cette histoire du lieu du retour du dieu. Aroden n'aurait pas dû arriver ici. L'autel de la mort, ça, je pense qu'on est bon. Lieu de la dernière prophétie, c'est invérifiable de toute façon et puis... Cela ne veux rien dire en vrai. Soit il s'agit du lieu où la prophétie a été réalisé, et donc possiblement écrite, soit il s'agit du lieu où s'accomplira la dernière prophétie. Dans les deux cas, je ne vois pas comment en être sûr. »

Il regarde l'endroit qu'il pointe, récupère une plume, et trace une croix dessus. « De toute façon, nous intérêt converge: il faut libérer Jhielil de cette malédiction. D'ailleurs... » Le magicien récupère un parchemin dans un de ses tiroirs, l'ouvre, se rends compte qu'il a prit le mauvais, puis en sort un autre. Là, c'est le bon. Quelque geste, et une récitation plus tard, le sang sur l'épée se décole, se reconstitue en lévitation, puis se range de lui même dans une fiole. « Là... Voilà. Je vous laisse cette arme, moi, je garde ça. »

Takkoua n'aime décidément pas ce Koutvauk, et se retient d'intervenir par peur de manquer de respect à ce mage qui pourrait tout de même s'avérer utile. Après tout, elle savait déjà très bien être l'élue d'un dieu, et Aroden, le "dernier des premiers humains", fait pâle figure devant Apsu, le Dieu Créateur de toutes choses. Mais bon, s'il est annoncé qu'elle doit sauver le monde, c'est une tâche pour laquelle elle se sent prête.

Quand Koutvauk mentionne Pharasma, la demi orque jette un regard discret vers Abigaël, pour voir sa réaction. Et une fois la discussion terminée, Takkoua, sans se départir de son air grave, pose une question à la cantonade. « S'il s'agit de défaire Asmodéus, je mets ma main à couper que nous allons à un moment croiser Rovagug ou ses sbires. Cette pourriture de diable tient tout Golarion en otage avec cette clé. Certaines tribus de mon pays natal vénèrent la Bête Sauvage, et mon mentor m'a souvent raconté le terrible combat entre Apsu et elle... Prions pour que nous puissions mettre un terme à la tyrannie d'Asmodéus en le privant de son levier. »

Puis elle regarde Asphodèle, pour signifier du regard qu'elle est d'accord avec la prochaine étape logique : se préparer pour le voyage en attendant que le rituel soit accompli.

Abigaël était quelque part soulagée dans sa détresse. Au moins ils n'aurait pas à traverser elle ne savait quelle mer ou quel plan d'existence pour accomplir la suite de leur mission divine. Elle se demandait, en son fort intérieur, si poursuivre cette prophétie était la bonne chose à faire. Certes, la chance de mettre en échec le Seigneur des Enfers était forcément une bonne chose, encore que la mention de Rovarug, le Destructeur de Monde, pouvait signifier de tomber de Charybde en Scylla. Mais en tant que mortelle, quelles étaient ses chances d'y arriver de toute façon ? L'important n'était-il pas le chemin plutôt que la destination ? Et puis, les mots de l'Erinye continuaient à résonner dans sa tête : était-elle uniquement mortelle ? Elle avait été touchée par Pharasma, et elle avait tressaillit quand le magicien avait mentionné ce nom. Depuis la "mort" d'Aroden, seul Pharasma savait ce qui lui était arrivé et elle gardait son devenir secret. Les prophéties étaient devenues imprécises, les fils du destin ne se mêlaient plus d'un manière que la magie ou les Dieux pouvaient prédire avec exactitude. Cette prophétie là serait-elle aussi imprécise que les autres ? Et si c'était la fameuse "dernière prophétie" ? Ils n'avaient de toute façon pas trop le choix : par appât du gain, par devoir, parce que c'était la chose à faire, ils devaient aller voir là bas. Mais autant s'y préparer comme il fallait.

« Alors accomplissons le rituel dès que possible. Asphodèle l'a dit, ils nous faudra un temps pour écouler les trésors obtenus (seriez vous intéressé par un bâton de feu par ailleurs ?), et il faut qu'on se prépare de manière adéquate pour la suite de notre quête, puisqu'il parait que nous avons un Destin à accomplir. Ce n'est pas une raison suffisante pour y foncer tête baissée. Je préconise même qu'on se pose un peu dans cette ville, d'en faire une base de nos opérations. Qu'en dites vous ? Monsieur Graywood, votre famille est connue pour son réseau marchand, et il me semble que Jhieilil y était attachée durant nos brèves discussions. Nous pourrions joindre nos efforts. Seriez-vous tenté ? Cela pourrait l'aider à entrer dans on héritage quand elle sera suffisamment grande et responsable, non ? »

Takkoua affiche un air dubitatif.

« Une base d'opération ? C'est à dire ? Un endroit pour poser nos sacs à dos ? Pourquoi pas, oui, mais en effet, on ne va pas tarder à sortir de la ville et rien ne nous garantit qu'on va y revenir. Qu'est ce que tu avais en tête Abi ? Je suis d'accord qu'il ne faut pas se jeter dans la gueule du loup, mais ça ne veut pas dire qu'on va acheter une maison, si ? »

« J'comprends l'idée et pourquoi pas. Mais Tamran coorespond pas vraiment à nos besoins, déja niveau logistique c'est moyen, y'a pas d'acheteurs sur des objets qui valent chers et on va probablement en ramener de plus en plus. Et niveau équipement, on est très limité si on commande pas, et si on commande c'est long, bon ça ici ou ailleurs créer un objet ça prends du temps. Mais dans des lieux ou y'aurait plus de passage de commerce et de monde on pourrait avoir de meilleurs possibilité.

Pour le retour en grace des Graywood, je suis pas contre, mais il me semble pas que le cœur de leurs empire c'était Tamran, a moins que je me me gourre?

Un port sur la mer intérieur ça me paraîtrait un meilleur point de ralliement, bon en évitant le cheliax vu que notre implication va tôt ou tard nous attirer des emmerdes avec eux. »

« Ouaip'. Ou Almas, la capitale de l'Andorran qui a le mérite de rester sur la cote de ce continent. Absalom c'est bien mais dès que tu veux te barrer c'est soit magie, soit bateau, ça peut être une faiblesse à considéré.
Je retire volontairement Katapesh, c'est trop loin de nos affaire pour l'instant. Et Couronne d'ouest parce que le cheliax me paraît pas une bonne idée.
Et oui les idées des intéressés et leurs volontés seront écoutées et suivies, on force personnes et on voudrait pas rater la bonne idée. »

« Je vous remercie beaucoup pour ce que vous faites mais... Je n'ai nullement l'intention de me lancer dans ce genre d'aventure. Ce que je fais ici me conviens. Si j'avais voulu m'occuper des affaires de ma famille, je n'aurais pas été ici. Si vous voulez profiter de la renommé de notre nom, voyez directement avec Jhielil mais... Tout ceci me parait bien précoce pour une jeune femme venant de perdre sa famille. »

Il marque une pause, puis recentre la conversation: « Le rituel ne prends que quelques minutes. Vous pouvez y assister si vous le souhaitez, mais ce n'est rien d'extraordinaire. Donc, si vous voulez plutôt en profiter pour passer commande, il n'y a pas de problème. En tout cas, vous êtes ici chez vous autant de temps que vous le souhaiterez: ma porte vous sera toujours ouverte, si je suis présent bien entendu. Ha oui ! J'oubliais. Tamran ne possède pas de portail de téléportation, j'en utilise un personnel. »