14 Pharast 4719, dans la journée - Collines Verdoyantes, LingShen
Musique - Fa-Lung


Une fois leur première entrevue avec la comtesse Tsaomin Hsie, Tristan et les autres gouverneurs de Siyin furent plus ou moins laissés à eux même...mais des soldats de la garnison, deux chacun, proposèrent de les guider à travers les rues de Fa-Lung.

Tristan n'était pas encore vraiment habitué à ce plan, ou à cette manière de faire, et la pensée de pouvoir arpenter les rues sans prendre le risque d'être attaqué ou massacré pour son âme était étrangère, mais pas désagréable. Malgré tout, il était suffisamment habitué à la sensation de danger pour réaliser que tout n'était pas serein. Certes, les rues étaient plutôt calmes, même lorsqu'elles étaient encombrées d'étals vendant les produits de la campagne environnante; les places laissaient les citadins, marchands, artisans, et quelques lettrés aller et venir en toute quiétude, et les murmures des fontaines et des canaux bordés de bambous étaient plutôt enchanteurs. Et pourtant, Tristan pouvait sentir une tension sous-jacente, présente dans la vigilance des soldats, dans la tension des sentinelles, dans les conversations peut être un soupçon plus précipitée qu'à l'accoutumée. Il avait déjà vécu cela lorsqu'il se trouvait la Fonderie Cendreuse. La guerre était dans les esprits.

Pour l'heure, il ignorait ce que cette cité avait à offrir...mais peut être était il temps de le découvrir?

Est ce que tu as des choses que Tristan voudrait voir tant qu'il est à Fa-Lung?

Musique - Fa-Lung


Les soldats échangèrent un regard un peu hésitant, mais finalement, ce fut la plus agée des deux qui répondit.
« La guerre gronde...et Shokuro est plutôt du genre pragmatique. Ce sera ma troisième campagne, et la dernière fois, il y a six ans, ils ont incendié les entrepôts de Fa-Lung. Alors, nous sommes sur nos gardes en cas d'infiltration.

Et puis...si la guerre se déclare, nous ignorons lesquels d'entre nous reviendrons. Fa-Lung est le point de départ des campagnes à Shokuro, nous serons les premiers concernés et sans doute les derniers à revenir du front. Mais si les dieux le veulent, les choses n'irons pas jusque là. »

L'autre garde, un homme beaucoup plus jeune qui était sans doute à sa première campagne, réfléchit à la seconde question du tiefling, passant une main sous son casque.
« Euh...et bien, je n'ai jamais eu à répondre à cette question. Le parc de l'Automne vaut le détour, mais en dehors de ça...Une bibliothèque...? Pas vraiment...il y a bien les archives royales conservées à la forteresse, mais sinon ce sont généralement des temples qui ont de véritables collections...peut être celui de la Dame Grise? »

Musique - Fa-Lung


Les gardes sourirent et se montrèrent rassurant envers Tristan qui paraissait soudain tendu.
« Ne vous en faites pas, les tensions avec Shokuro sont hautes, mais nous sommes aussi ici pour vous protéger, et je ne pense pas qu'ils s'en prennent à vous, après tout, vous êtes virtuellement inconnu ici. »

« C'est un peu compliqué, si vous ne connaissez pas du tout la région. Mais pour faire simple, disons que les choses ne sont pas au mieux avec Shokuro, notre voisin au Nord. Ils sont assez doués pour se trouver parmi nos lignes...c'est pour ça que les gardes sont méfiants. Mais vous êtes ici en tant qu'invités de la gouverneure, vous n'avez rien à craindre. »

Les gardes échangèrent ensuite un regard.
« Vous voulez dire, à la bibliothèque? C'est par ici. Suivez nous. »


Les deux gardes le conduisirent à travers la ville, en direction de ce qu'il pensait être le Nord-Ouest de la cité...mais il peinait à se repérer sur un plan qui n'avait qu'un seul soleil. Entre deux rues commerçantes, ils tournèrent dans une ruellle plus calme, où les passants n'étaient qu'une poignée. Un petit temple se trouvait là, ses portes peintes de deux grandes spirales grises. Au dessus du fronton se trouvait un sablier. L'un des gardes frappa à la porte en utilisant le heurtoir de bronze, et la porte s'ouvrit sur une femme portant des robes blanches, mauves et grises, au visage peint de blanc, un cercle rouge sur le front.
« La Dame Grise guide votre destin, visiteurs, que puis-je...? »

Elle examina brièvement Tristan de la tête au pied, lui saisit le poignet et l'entraina à l'intérieur d'un geste autoritaire, laissant un peu les gardes en plan. Ces derniers restèrent un instant bouche-bée avant de leur emboiter le pas vers l'intérieur du temple.

Musique - Fa-Lung



A en juger par la réaction surprise et un peu inquiète des deux gardes qui l'escortaient, une telle réaction n'était pas exactement normale. Mais avant que ces derniers n'aient pu l'interpeller, ou que Tristan ait pu se dégager, la femme au visage peint poursuivit.
« Oui, de l'aide. Vous portez sur vous une affreuse contagion, la marque des plans inférieurs. celle des esprits maudits qui hantent les recoins du monde spirituel. »

Tout en parlant, elle le conduisit à travers un grand hall ou des créatures ailées, semblables à des corbeaux, sculptées dans les piliers de pierre, semblaient l'observer de leurs yeux de bois verni. Au bout du hall se trouvait une grande statue de bois, celle d'une femme au visage voilée, enveloppée de robes peintes de gris, mauve et blanc. Le voile sur son visage était gris, mais sa stature, plus d'une douzaine de mètres, la rendait tout de même très impressionante. La femme qui tirait Tristan par le bras lui demanda de se placer devant la statut, devant un autel portant des offrandes d'encens, de fruits et de riz.
« Restez ici, et ne bougez pas. Je dois procéder à un rituel de purification. »

Sans rien ajouter, elle s'inclina profondément devant la statue, et commença à chanter. Pas un chant clair et audible, mais une vibration venant du fond de sa gorge, qui se répercutait contre les murs de bois. Une légère fumée à l'odeur d'encens se mit à couler de ses mains, et elle en pose une brièvement sur le front de Tristan, décrivant autour de lui un cercle à pas lents.
Les gardes, reconnaissant, la nature sacrée du lieu, était restée à la porte.

Musique - Fa-Lung



La prêtresse ne répondit pas immédiatement, poursuivant son chant, et passant ses mains à quelques centimètres de Tristan, sur toute la surface de son corps, sans pour autant le toucher. Elle se tut enfin, et recula un peu, hochant la tête d'un air satisfait.
« C'est mieux. La Dame Grise ne sacrifie personne, mon jeune ami. Et vous êtes dans son sanctuaire, lieu de paix et de savoir. Soyez le bienvenu, par ailleurs, et veuillez pardonner ma brusquerie, mais la trame de votre destin devait être remise en place. Que puis-je faire pour vous, à présent? »

Musique - Fa-Lung



La prêtresse sourit.
« Ah! Vous êtes donc en quête de connaissance! Je vais vous montrer notre bibliothèque. Je ne pense pas que nous ayons beaucoup d'ouvrages sur l'alchimie, mais peut être trouverez vous quelque chose qui vous intéresse? En revanche, je dois admettre ne pas vraiment voir ce que vous voulez dire quand à ces...particularités. »

Tout en le questionnant plus avant sur ce qu'il voulait dire, la prêtresse le guida vers la bibliothèque du temple. En fait de livres, elle contenait surtout des rouleaux sur papier de riz...dont une douzaine traitaient l'achimie. On trouvait là en particulier des informations sur l'équilibre de l'organisme et la manière de rééquilibrer ses courants d'énergie par les plantes et d'autres substances thérapeutiques. Certains mentionnaient aussi l'usage de l'achimie pour former des armes, en particulier des substances inflammables qui peuvent certainement se révéler utiles sur un champ de bataille. Un parchemin spécifique décrivait des formules qui échappaient à la connaissance de Tristan, mais mentionnaient que certains alchimistes parvenaient à imiter les dragons, utilisant des formules leur donnant la capacité d'imiter le souffle de ces créatures impériales.

Tu cherches un truc en particulier?

Musique - Alchimie Spirituelle

Après les questions sans réponses auxquelles Jing avait chargé Tristan de répondre, ce dernier s'en retourna à la petite maison à peine rénovée où il avait installé son laboratoire d'alchimie.
Le premier flacon contenait ce qui ressemblait à un mélange vert-brun de mousse, de sève et de boue, quelque chose d'extrêmement simple, en particulier sur ce plan. Du moins, c'est ce que pensais Tristan. Mais en l'étudiant de plus près, le liquide réagissait bizarrement, ses composants semblant se fondre les uns dans les autres et prendre les propriétés des uns des autres, comme un état de conversion permanence...sans compter qu'il paraissait impossible d'en séparer les différents états, de le faire simplement bouillir ou décanter...presque comme si le composé avait sa vie propre.

L'autre flacon était plus étrange encore, car il semblait contenir un fragment de nuage d'orage, qui parfois d'animait d'un violent éclair. Le verre n'était pas conducteur, mais l'éclair semblait tout de même bien réel, et Tristan du le contenir dans une sphère elle aussi en verre pour éviter qu'il n'électrocute le contenant. De toutes évidence, ces éléments naturels étaient animés d'une force propre...

La pierre était le plus simple: il s'agissait simplement d'un cristal diffusant une fréquence particulière du spectre lumineux, qui permettait de mettre en lumière des marques dans un minéral réfléchissant uniquement cette fréquence lumineuse. Rien de terriblement sorcier. En revanche, le procédé pour générer une telle lumière était plutôt complexe, surtout de manière permanente, il serait peut être plus simple de se procurer d'autres cristaux du même type. A moins d'être capable de générer artificiellement des minéraux, bien sûr.

Je peux avoir un jet d'Alchimie pour les essences spirituelles?

Musique - Alchimie Spirituelle

Les analyses de Tristan avançaient bien, et au bout de plusieurs jours, il avait cerné plusieurs conclusions.

La pierre était de loin la plus simple...il s'agissait d'un simple cristal d'origine naturelle, qui pouvait sans doute être trouvé dans des cavernes souterraines assez profondes ou des dépots minéraux. Le cristal émettait une lumière vert pâle, dans une fréquence du spectre lumineux qui pouvait être reflétée par d'autres minéraux, probablement ceux que Jing avait récupéré auprès de cette géomancienne de Fa-Lung. De cette manière, le texte écrit avec l'encre minérale que Jing avait en sa possession n'était rendu visible qu'à la lumière de ces cristaux. Dupliquer les cristaux eux même ne serait pas facile...mais avec un peu d'effort, il devrait pouvoir réaliser un équivalent, une sorte de lanterne éternelle diffusant une lumière dans la même fréquence que ces cristaux. L'ennui était que cela nécessiterait des matériaux, notamment de la poussière de quartz qui risquait de ne pas être gratuite...

En revanche, la pierre ne réagissait pas aux essences spirituelles. L'essence terrestre se contenta d'absorber la poudre et de l'intégrer à son essence, sans vraiment la reproduire, et l'essence orageuse ignora complètement la poudre de cristal.

Tenter de combiner les deux essences spirituelles se révéla beaucoup plus volatile, en revanche...il fut particulièrement difficile d'isoler des fragments de ces essences, et une fois séparées de la masse, elles devinrent soudainement inertes. Apparemment, les essences spirituelles ne conservaient pas longtemps leur intégrité. Il devait être possible de les mélanger quand même, mais il allait devoir se montrer rapide, et mettre de côté certaines de ses précautions d'usage.

Tu penses pouvoir reproduire les effets du cristal avec une lanterne éternelle, mais il te faut 65 po pour chacune des lanternes, et une heure de travail par lanterne.

Musique - Alchimie Spirituelle

Le tiefling considéra pensivement ses découvertes. Il en avait appris beaucoup sur les différents composants que Jing lui avait confié à identifier. Mais si il voulait vraiment aller au fond des choses, il allait devoir ignorer certaines précautions, ce qui n'était probablement pas la première fois, pour obtenir des résultats. Il pris donc sa potion, et engagea l'expérience, entamant prudemment sa main pour que quelques gouttes de sang perle. En une succession de gestes extrêmement vifs, il renversa la fiole d'essence terrestre dans celle d'essence orageuse, en incluant quelques gouttes de sang. La réaction dépassa de loin ce à quoi il s'attendait, plus proche de quelque chose auxquel il aurait pu assister lors de ses années passées dans la Fonderie Cendreuse.

Le mélange brutal détona, pulvérisant le container de verre, mais ce n'était pas une véritable explosion. En lieu et place, les essences spirituelles parurent se combiner, et se tordaient sur elle même avec un hurlement de vent et le craquement de la terre, une silhouette tordue, torturée, ses multiples membres quasi-informes se contorsionnant...la créature, si on pouvait l'appeler ainsi, qui était née de cette expérience avait une peau de gravier et de terre, entrecoupée de mousse et d'éclairs, tout son être tourbillonant à l'intérieur d'une enveloppe immatérielle peinant à contenir le tourbillon élémentaire. Cette affreuse créature hybride n'était pas entièrement inoffensive, cependant, et alors que son être désarticulé craquelait de foudre contenue, elle se jeta sur Tristan. Ce dernier, pris au dépourvu, n'eut pas le temps de s'écarter avant que la créature ne le percute de plein fouet. Il ressentit une violente brûlure lorsque l'éclair qui dansait à l'intérieur du monstre le frappa, mais pas autant que la créature. Cette dernière se désagrégea complètement à l'impact ne laissant qu'un amas de terre et de gravats, et de nuages de pluie qui se déversa sur lui. Ce qui animait l'esprit avait disparu...mais sur son épaule, au point d'impact de l'éclair, un mélange de sève et de l'essence liquide de l'orage bouillonait encore, fusionné à sa peau...peut être à cause du mélange de son sang à cette tentative?

Modifié par un utilisateur jeudi 2 avril 2020 18:29:17(UTC)  | Raison: Non indiquée

Depuis l'expérience ratée, l'étrange marque restée sur la peau de Tristan s'était un peu stabilisé...mais restait tout de même, fusionné à la peau écarlate du tiefling, un amas de mousse parcourue d'étincelles, comme si une sorte de symbiote électrique avait émergé de l'épiderme, la mousse se fondant dans les veines de son hôte aux limites de l'anomalie, alimentée par l'organisme de Tristan.