Pendant qu'ils descendaient par le puits étroit, Bhaal se prépara mentalement au combat. S'il n'avait pas voulu s'opposer à nouveau frontalement à Célestin, les commentaires de Dillix sur la personnalité d'Obhérak ne lui laissaient guère de doute quant à l'issue de la négociation : offrir leur navire magique au seigneur shaïtan serait bien insuffisant pour convaincre ce tyran borné et sûr de son fait de les laisser repartir avec ce qui constituait sans doute son trésor le plus précieux. Et il faudrait donc le lui prendre...

Quand il débouchèrent dans l'étrange structure, Bhaal ne put masquer son étonnement. Quelle magie avait pu créer une telle chose ? Quelle magie avait pu enfermer dans la pierre une créature semblable à celles qu'ils avaient vues chez les protéens ? Mais rapidement, ses réflexes de guerrier reprirent le dessus : pendant que Célestin tenait au maître des lieux un discours en une langue qu'il ne connaissait pas, il en profita pour observer autour de lui et noter le nombre de shaïtans présents, leur position, la nature du terrain...

Quelle foutue connerie... Ils se retrouvaient tous regroupés et serrés en contrebas, tandis que celui qui ne pouvait être qu'Obhérak les observait d'en haut. Et les degrés de la pyramide inversée allaient considérablement entraver leur mobilité. Il bénit Célestin d'avoir eu l'idée de lui confectionner ces bottes magiques qui permettaient de voler... Elles allaient sans doute servir.

Et soudain, il comprit. « La Graine de Terre... » Murmura-t-il, abasourdi. Cela ne faisait aucun doute : la forme de la structure, la puissance évidente de la magie qu'elle renfermait, les runes... Ils étaient dans la Graine. Cela signifiait qu'ils n'avaient pas besoin de la prendre à Obhérak, puisque cela était impossible. Il suffisait qu'il leur permette de l'utiliser...

• Art de la magie DD 22 : 1d20+4 donne [20] + 4 = 24

Effets actifs :

- barrière protectrice (45/45), 9 h
- héroïsme, 100 min
- monstrous extremities, 7 h
- bouclier, 9 min
- peau de fer, 9 min

Modifié par un utilisateur jeudi 21 mai 2020 13:10:06(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alors que les négociations se lançaient sans perdre de temps, un courant d'air soufflait derrière eux, provoqué par l'arrivée de Zulfiqar, qui vint se poser à leur gauche plus bas sur la pyramide. Elle semblait nerveruse, et portait, fort étrangement, une sorte d'havresac attaché à l'une de ses cuisses.



« Ainsi, vous venez demander l'aide du Très-Haut. » dit-il sans le moins du monde baisser sa garde.
« Vous êtes certainement ceux à qui l'on doit le départ des Calcinateurs. Une bonne chose. » continua-t-il, le sourire aux lèvres. La chose s'engageait bien. Pour un court instant.

Il figea son attention sur Célestin alors qu'il éclatait de rire.
« Seuls des fous voudraient quitter un véritable paradis ! Mais revenons à ces chacals ... qui sont la cause de votre problème, et des miens. Si le créateur de ce royaume les avait tués une fois Kakishon terminé, au lieu de les bannir sur les îles de Négation, le royaume aurait survécu éternellement !
Mais j’imagine qu’il s’est laissé affaiblir par la couardise et la compassion, comme tous les hommes. Il n’a pas pu se
résoudre à tuer ses esclaves et les a enfermés là où leur colère pourrait croître et proliférer, là où leur malheur serait éternel. Ils font tout pour tuer ce plan. Je n'ai pas prévu pareil génocide. Leur tête à eux suffira à permettre à ce plan de survivre. Tuez-les, ramenez-moi une preuve de leur mort, et je vous permettrai de passer. Vous, et même cette mégère. » dit-il avec une allusion claire à la cible de sa pique.

Modifié par un utilisateur vendredi 22 mai 2020 16:47:25(UTC)  | Raison: Non indiquée

La négociation allait bon train, traduite du terreux au fur et à mesure par Agathe, et la réaction de Bhaal fut sensiblement la même que celle du négociateur. La vache, il perd pas le Nord, lui... Il nous envoie tuer ceux qui nous avaient envoyés le tuer. Du coup, si ça revient au même... Puisqu'on est là... Se dit-il. Il n'y avait d'ailleurs pas de raison que Célestin ne rechigne pas à tuer les protéens comme il avait rechigné à attaquer le Bol Doré sans donner une chance à la négociation. Peut-être que, maintenant, le sarénite allait se rendre compte que s'ils voulaient rentrer chez eux et sauver Kelmarane, il allait bien falloir tuer quelqu'un au bout du compte.

Le ton de la réponse du jeune sorcier, confirmé par la traduction d'Agathe, fit écho à ses propres pensées. Ça se crispait... Tout en feignant une apparente décontraction, il raffermit sa prise sur sa bardiche et lança à sa femme un coup d’œil qui en disait long. Prépare-toi...

Nul doute qu'avec toute sa morgue de souverain et la très haute opinion (c'était le cas de le dire) qu'il avait de lui-même, Obhérak allait prendre ombrage de l'impertinence de Célestin. Le demi-démon calcula mentalement la distance qui le séparait du monarque. Oui, avec la Bête il pouvait l'atteindre de là où il était. Mais pas Alia, et sans doute pas Minuit. Cette dernière serait sans doute moins gênée par les degrés de la pyramide, ceci dit. Il devait donc rester près de Célestin et se préparer à se faire téléporter.

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Et voilà que ça recommençait ! A croire qu'ils ne pouvaient plus aller à un endroit sans qu'on leur demande de tuer la moitié de la population des lieux. Elle n'était pas la seule à en être agacée si elle en croyait le ton de la voix de Célestin et la traduction que faisait Agate. Alia se crispa et resserra la main sur la garde de Tempête. La réponse d'Obhérak risquait d'être violente. Elle jeta un coup d'oeil à son mari au moment même où celui-ci faisait de même vers elle. Elle répondit à son regard par un signe de tête discret, elle était prête oui.

Elle regarda une dernière fois autour d'elle, afin de s'assurer que personne n'avait bougé. Elle soupira, légèrement rassurée en ne voyant pas Spooky, il avait été plus malin qu'eux et avait su rester à l'abri. Elle s'en voulut pourtant, concentrée sur ses problèmes, elle en avait oublié de lui demander ce qu'il comptait faire et surtout ce qu'il pensait de la situation, il aurait certainement été d'un avis précieux. Il était trop tard pour s'en vouloir, elle pourrait le faire lorsqu'ils sortiraient de cette pyramide enfouie. S'ils s'en sortaient.

Puis elle se tourna légèrement, cherchant le regard de Zulfiqar afin de prévoir ses intentions.


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Le cœur de Célestin bondit dans sa poitrine lorsqu'il crut que l'heure du combat était venue. Mais il n'en fut rien. Pas encore, du moins... Cependant, la patience d'Obhérak s'amenuisait à vue d'œil, et il ne faudrait certainement pas grand chose pour que tous leurs efforts aient été vains. Il devait remettre la discussion sur le chemin de la négociation et ne pas céder à la tentation d'un débat théologique...

« Je comprends votre point de vue, Très Haut, même si je ne le partage pas entièrement. » répondit-il en commun à son tour. « Cependant, peut-être pouvons-nous trouver malgré tout un terrain d'entente ?

Vous souhaitez rester ici. Vous aimeriez même agrandir votre territoire - sinon vous n'auriez pas accepté cette entrevue. Nous disposons de la corne du Bélier d'Or, qui contrôle le navire magique qui permet de se rendre n'importe où en Kakishon. Ceux-ci pourraient être vôtres. »

Il marqua un temps d'arrêt, guettant la réaction du chef des shaïtans. Cette perspective susciterait-elle la convoitise qu'il espérait ?

« Plusieurs êtres sur ce plan, au contraire, souhaitent le quitter. Vous disposez de la Graine de Terre, qui permettrait de quitter Kakishon.

Enfin, vous souhaitez vous débarrasser des protéens, qui menacent de par leur simple présence l'intégrité de ce plan.

Pourquoi ne pas utiliser la Graine pour renvoyer sur leur monde tous ceux qui souhaitent quitter ces lieux ? Y compris les protéens ? Vous en seriez débarrassés, et eux seraient libres et ne chercheraient plus à détruire ce monde... De toute façon ils n'y auraient plus accès.

Ainsi, vous vous débarrassez de vos ennemis sans même avoir à les combattre, vous récupérez un artefact, et vous conservez la Graine. Vous êtes gagnant sur toute la ligne ! » Du moins si la Graine a le pouvoir nécessaire pour faire tout ça sans perdre son pouvoir... se dit-il. Mais il se garda bien de formuler sa pensée à haute voix.

Modifié par un utilisateur dimanche 24 mai 2020 22:34:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

Célestin s'inclina bien bas, en une révérence gracieuse, sans se permettre de sourire pour autant : rien n'était encore joué, et ils devaient prendre garde à ne pas froisser le maître des lieux jusqu'à leur départ. « Je vous remercie infiniment d'avoir pris en considération notre demande, Très Haut. »

Il se redressa et poursuivit, portant son regard sur chaque personne présente, comme pour les prendre à témoin. « Nous sommes venus négocier que chacun puisse partir ou rester selon son souhait, en toute liberté, et sans effusion de sang, et vous avez, dans votre Grandeur, accepté cet accord. Nous emmènerons ici tous ceux qui aurons accepté cet accord et qui souhaitent partir, et nous en serons effectivement responsables. Quiconque brisera cet accord pacifique sera la cible de notre courroux légitime. Nul ne sera pardonné de revenir sur la parole donnée. » déclara-t-il.

« Comme convenu, nous vous remettrons la corne qui vous permettra d'invoquer et guider le navire de Kakishon juste avant notre départ pour Golarion. »

Il s'inclina de nouveau. « Maintenant, si vous le permettez, nous allons prendre congés. Merci pour votre accueil, Très Haut.  »

Modifié par un utilisateur dimanche 24 mai 2020 22:32:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alors que la discussion atteignait un sommet de tension, au point que Bhaal put croire imminente l'explosion de violence qui planait comme une menace sur cette rencontre, le maître des lieux, contre toute attente, accepta la proposition de Célestin. Une proposition révolutionnaire, à laquelle, finalement, personne n'avait encore pensé : faire partir les protéens en même temps qu'eux. Alors que Célestin prononçait quelques dernières paroles courtoises en guise d'au-revoir, le demi-démon ne put s'empêcher de le dévisager, impressionné : en cet instant, le jeune sorcier s'était fait l'artisan de la paix, son incarnation, même, une paix que seuls son talent et sa volonté avaient permise, contre l'avis de beaucoup. Contre l'avis de Bhaal lui-même. C'était là la paix de Sarenrae et, en ce jour, Célestin avait soulevé une montagne.

« Oui, on sait où les trouver, » répondit Bhaal à la question de Pyrrha tandis qu'ils entamaient leur marche de retour dans le désert, « ils sont dans une espèce de région qu'ils appellent Andakami, je crois. Ce sont comme... des limbes autour de ce plan. » Il se rapprocha ensuite de Célestin tandis qu'il marchaient et lui posa une paluche affectueuse sur l'épaule. « Je te dois des excuses, mon biquet. J'ai pas réellement cru à ton plan une seule seconde, du début à la fin. Et pourtant c'est toi qui avais raison, même si tout n'est pas réglé. J'avoue, tu m'as bluffé, » lui dit-il d'une voix qui se voulait chaleureuse, mais pourtant sans l'ombre d'un sourire.

Car malgré l'issue heureuse de cette rencontre, Bhaal n'arrivait pas à s'en satisfaire. Il s'était préparé au combat depuis la veille et, en bon professionnel de la guerre, il avait consacré tout son temps à cette tâche, et il avait été plus que prêt. Cette tension mentale trouvait, en temps normal, son exutoire dans le déchaînement de violence qui était le combat lui-même. Et ce combat n'avait pas eu lieu. Il se sentait comme un homme séduit par une femme aguicheuse qui, finalement, se dérobait à lui après lui avoir promis de goûter aux fruits de son jardin. Et l'analogie était d'autant plus juste qu'il y avait effectivement quelque chose de sexuel dans la façon dont Bhaal se préparait au combat. Bestialité et sensualité allaient de pair, et c'était bien ce qu'Alia avait ressenti lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Mais quoi qu'il en fût, Bhaal se sentait très frustré et n'arrivait pas à passer outre... Pour le moment.

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Ce ne fut qu'une fois dehors et hors de portée d'oreilles des shaïtans - du moins l'espéraient-ils - que le groupe se détendit quelque peu. Célestin accueillit les félicitations de ses amis avec un léger sourire gêné. « Merci. » répondit-il sobrement. « J'ai bien cru que nous ne pourrions éviter le combat... Il devait être dans un bon jour... Ou alors, quelque chose nous a échappé... » poursuivit-il d'une voix sombre qui lui ressemblait guère.

« Tu as raison mon ange. Lorsque j'ai vu que le ton montait, et que j'ai compris que sa crainte principale étaient les protéens, j'ai joué le tout pour le tout en lui proposant de l'en débarrasser sans avoir à les combattre. J'en ai profité pour glisser avec eux le sort de tous les autres migrants volontaires. Je l'ai récapitulé avant notre départ, pour que les choses soient bien claires pour tous. J'espérais que l'occasion d'être débarrassé de ses pires ennemis soit une offre trop tentante pour qu'il la refuse. Il semblerait que j'avais vu juste. » Il feignit un sourire modeste, mais le cœur n'y était visiblement pas.

« Cependant, je crains qu'il ne se serve en réalité du fait que les protéens soient à sa merci en sortant sur Kakishon pour tenter de les anéantir. Nous lui offrons sur un plateau d'argent l'opportunité qu'il n'a pas eue depuis des siècles. Lorsque j'ai annoncé que nul ne serait pardonné de revenir sur la parole donnée, il s'agissait non seulement d'un soutien explicite quant à la bonne tenue de nos invités, qu'une mise en garde implicite quant à son propre comportement. »

Il soupira. « Espérons que je m'inquiète pour rien et que nous voyions réellement enfin approcher le moment pour nous de retourner sur Golarion, sans avoir à nous battre. Mais avant d'aller voir les protéens, j'aimerais que nous fassions le tour de tous ceux qui nous ont aidé sur Kakishon. Nous devons les informer de la possibilité de quitter ce plan... Et ce que cela impliquera de ne pas le faire... »

Célestin sourit de nouveau, mais ce fut cette fois-ci un peu lourd naturel. « Merci Pyrrha. » Il hocha la tête positivement. « Et inversement si ce sont les protéens qui passent à l'offensive. En espérant que cela n'arrive pas ! »

Réservé.