Peut-être n’était-il pas sage de mentionner les Jorogumos…

« Seigneur Ho Wing, vous marquez un point, cette région n’est pas une terre propice au commerce… Ou plutôt devrions-nous dire qu’elle ne l’est pas encore. Toute région a d’abord été vierge avant d’être habitée et civilisée. Ne cultivez-vous pas l’espoir de voir cette région prospérer ?

Tout comme le propose dame Jing, nous sommes ici dans l’espoir d’une collaboration commerciale, pouvant permettre, à terme, à nos deux sociétés de prospérer, et qui sait, peut-être à tisser les bases d’une future amitié entre nos peuples…  » suggéra Shimizu poliment, souriante, désireuse de rattraper un potentiel écart.

Musique - Pek Peh



Ho Wing reposa ses baguettes, se contentant de boire son thé, mais l'oreille attentive aux paroles de Jing, Shimizu et de Talos. Il n'avait jamais vraiment relâché sa vigilance, mais son attitude était claire: les sujets qui étaient évoqués retenaient particulièrement son attention.
Pesant soigneusement ses mots, il répondit tout d'abord à Jing.
« Je vous remercie de votre sollicitude, gouverneure. Mes hommes ont commis une erreur en vous sous-estimant, et si il est regrettable que des vies aient été perdues, les opportunités présentés en valent la peine.

Je ne vois pas d'obstacle de la part de Pek Peh à votre proposition, gouverneure Jing. Nous avons une production excédentaire de gemmes, et pouvoir les écouler via la route du Sud sera sans aucun doute plus facile que de tenter de les exfiltrer par ailleurs.

Comme vous le dites, gouverneure Shimizu, c'est un espoir que de voir cette région prospérer. Mais c'est aussi une entreprise risquée. Je suis tout à fait favorable à l'idée d'échanges visant à notre prospérité mutuelle. Après tout, il est bon de se montrer amical envers ses voisins, comme le dit Pao Lung.
Mon inquiétude est plutôt sur la manière dont nous allons conduire ces échanges. Vous avez pu le constater vous même, traverser les collines du centre de Shenmen est dangereux. Heureusement, le danger s'atténue en allant vers le Sud, la route du Nord est pire. Mais il n'empêche que je ne vois pas des caravanes régulières se montrer capables de traverser les collines, surtout sans véritable route. Dame Lulel, avez vous des idées sur le sujet? »


Lulel acquiesça d'un hochement de tête.
« Il est encore un peu tôt pour le dire, votre Seigneurie, notre implantation dans la région est toute récente. Mais si vous et la gourverneure Jing parvenez à un accord, je pense que nous pourrons vous démontrer que les risques ne repoussent pas les Enflammés! Il faudra prévoir des équipes de protection, bien sûr, mais peut être que nous pourrons tracer notre propre route à travers les collines, et pour ce faire, nous aurons grand besoin de l'aide de vos éclaireurs. »

Les paroles de Lulel, et surtout celle de Talos, attirèrent l'attention du maître des lieux.
« Je vois que votre voyage n'a pas entamé votre confiance. C'est rassurant. Maître...Talos, c'est bien ça? Pensez vous vraiment pouvoir calmer les esprits déments qui hantent cette contrée? Nous avons notre propre exorciste, Soeur Meilin, mais je ne sais pas si il est du domaine du...faisable de s'assurer qu'aucun phénomène surnaturel ne viendra menacer la route qui nous relie à vous. Sans parler des créatures pire encore que les esprits qui descendent parfois des contreforts des Soyeuses. »

Talos répondit:
« Seigneur, appelez-moi Talos, je ne suis maître de rien, ni de personne... Je suis juste une créature de la nature qui a appris sur le tas à vivre dans et avec la nature... Alors je préfère être clair: comme vous le dites, je suis confiant, confiant dans le fait que je puisse améliorer les relations que nos communautés ont avec les esprits, mais il m'est impossible de promettre de les domestiquer voir de les réduire à néant. Ces forces nous dépassent et vouloir les contrôler est pure folie... Mais entretenir des relations de bons voisinage peut aider... »

Les discussions concernant les Enflammés ne concernaient pas Shimizu, aussi jugea-t-elle sage de garder son avis pour elle-même, et s’affaira plutôt à son propre rôle.
« En effet, cette entreprise est risquée. Mais vous savez tout comme nous que tout changement comporte un risque, et même si le monde déteste le changement, c’est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser. » répondit-elle au Seigneur en souriant.

« Quant à l’utilisation de la rivière, ce serait effictivement un moyen plus fiable et moins couteux pour le transport, une fois aménagée. Je pense pouvoir affirmer que nous serons en mesure de mener ce projet à bien, et si vous nous permettez l’installation de postes de garde le long de celle-ci, nous pourrons également veiller à la sécurité des transports. Qu’en dites-vous ? »

Elle prit une gorgée de thé d'un geste délicat, comme on lui avait enseigné au temple de Shizuru. Son sabre toujours attaché à la taille, elle se retenu de le caresser, un geste qui serait déplacé en de telles circonstances.

« Comme je le mentionnais plus tôt, toute amélioration de nos conditions de vie, et donc tout changement, conduit inéluctablement à une prise de risques, dans une certaine mesure. Vous êtes notre voisin le plus proche, et nous représentons l’un pour l’autre, à l’heure actuelle, l’accès à certaines ressources pouvant être profitables à l’autre parti. C’est une raison suffisante à mes yeux, aussi humbles soient-ils, pour entreprendre un tel voyage.

En ce qui concerne notre nombre, au vu de la dangerosité des terres sauvages, comme les vôtres ont pu le constater lors de notre chemin avec eux, je pense que nous ne sommes pas de trop pour assurer notre propre sécurité. N’êtes-vous pas de cet avis mon Seigneur ?  » conclue-t-elle mielleusement, soucieuse de rallier Ho Wing à son avis.

Je ne comptais pas demander la permission de toute façon. pensa la magicienne affectant un air absent lorsque Ho Wing parla de la rivière.

« J'ai une question. Ma chauve-souris m'a expliqué que vos mines jouxtent des prisons. Est-ce que les conditions de travail de vos mineurs seraient de nature à gêner notre inspection aux fins d'évaluation ? Si oui, voudrez-vous pourvoir à notre protection durant la visite ? Je ne souhaite pas me faire agresser par un criminel ou un monstre alors que je visite les lieux en amie... »

La petite chauve-souris fixa Ho Wing d'un air adorable.

Modifié par un utilisateur jeudi 9 juillet 2020 23:03:56(UTC)  | Raison: Non indiquée

Musique - Pek Peh



Ho Wing glissa un regard en coin à la chauve souris de Jing, mais garda une expression impénétrable tout en terminant son thé.
« Très bien, si nos activités minières vous intéresse, pourquoi pas. La capitaine Croc-Brisé vous accompagnera, c'est elle qui est en charge des défenses de Pek Peh, et de la protection de la mine. Vous pouvez avoir toute confiance en elle.

Je vous laisse, à présent, j'ai à faire. »


Terminant leur repas et leur entrevue avec le maître des lieux, les envoyés de Yin-Se se séparèrent pour l'instant en deux groupes, Le premier que Tin conduisit aux abords de la mine, et à la rencontre de la capitaine en question, et le second qu'elle emmènerait ensuite voir la shaman, soeur Meiling. Mais pour l'heure, elle et une parties du groupe rejoignaient l'entrée de la mine et une hobgobeline à l'expression grimaçante - à moins que ce ne soit ses défenses...? - qui était familière à certains d'entre eux.
« La mine, vous dites? Vous êtes sûrs de vous? Je vois pas ce que ça pourrait avoir d'intéressant, mais si vous aimez les joyaux...Je vous accompagne! Je connais bien les lieux. »

Avant d'entrer dans le tunnel principal, cependant, elle s'arrêta un instant.
« Au fait...désolée de ne pas avoir reconnu certains d'entre vous hier soir, j'ignorais que vous étiez des invités du Seigneur Ho Wing. Suivez moi! »

Le tunnel principal de la mine était bien éclairé, même de jour, par des lanternes à la flamme ensorcelée pour brûler indéfiniment, jetant une lueur orangée sur les parois du tunnel. Assez rapidement, le tunnel se divisait en trois branches, que dont la hobgobeline se fit un devoir d'expliquer les fonctions.
« Par ici, on a notre puits et la rivière souterraine qui l'alimente, c'est la principale source en eau de Pek Peh et la raison pour laquelle c'est moi qui suit en charge de protéger les lieux: c'est important pour notre survie. Par là, les cellules de nos mineurs, et au centre, la mine proprement dites. Vous préférez commencer par quoi? »

Musique - Pek Peh



Tanaka acquiesça.
« Très bien. Suivez moi... »

Lulel et Jing suivirent le mouvement et la hobgobelin vers le tunnel sur leur gauche, tout en écoutant ses explications.
« C'est le moins que l'on puisse dire, je quitte rarement le village et du coup je passe le plus clair de mon temps ici...moi et la lumière, de toutes façons. Bref! Je dirais que nous avons peut être une quinzaine de mineurs en ce moment, c'est un gros contingent. Je ne suis pas libre de discuter des détails de notre production, mais nous avons assez de fer pour faire des réserves; et quelques poignées de gemmes chaque mois. »

Le petit groupe déboucha dans une caverne oblongue dont la majorité était occupée par une grande roue à aube tournant dans le courant modéré, mais constant, d'une rivière souterraine. Des sceaux de bois étaient empilés à proximité, sans doute pour le transporte de l'eau, et un mécanisme était relié à la roue à aube, par un système d'engrenages et de poulies.
« La roue sert à alimenter les soufflets de la forge qui est construite au dessus, et on s'en sert aussi pour tracter les wagons de pieraille et de minerai hors de la mine, ça évite les allers-retours et les risques de...les risques. C'est un dispositif simple, mais fiable, et comme nous sommes peu nombreux, ça peut nous économiser des efforts inutiles. Des questions? »

Modifié par un utilisateur jeudi 16 juillet 2020 22:50:22(UTC)  | Raison: Non indiquée

Musique - Pek Peh



Tanaka se rembrunit.
« Personne ne vous y oblige. La production de la mine est plus que suffisante pour subvenir à nos besoins en métal, et nous n'avons pas de débouché possible. L'augmenter n'a donc jamais été une de nos préoccupations. Si ce sont les gemmes qui vous intéressent, vous avez vraiment les moyens d'en écouler plusieurs kilos par moi...? Si oui, nous pouvons sans doute augmenter notre production...il faudrait que j'en parle au Seigneur Ho Wing, mais les délais seraient relativement courts puisque le printemps est de retour, même si c'est aussi une question de chance.

Nous pourrions étendre les tunnels, et chercher de nouveaux filons. Nous sommes tombés sur les gemmes par hasard, mais il y en a sans doute d'autres sous la colline. »

Musique - Pek Peh



Les traits de Tanaka se durcirent, figeant son expression, mais elle répondit tout de même à Jing en gardant une voix imperturbable.
« Je vois. Remarquez, tant que vous les achetez, c'est votre problème de réussir à les écouler. Je ne suis pas certaine du système de mesure que vous utilisez au Lingshen pour déterminer la valeur des gemmes, et je doute qu'une pesée vous aide vraiment à évaluer notre production. Le plus simple, c'est encore que je vous montre. »

Elle leur fit signe de la suivre, traversant un petit pont de bois au dessus de la rivière souterraine, jusqu'à ce qui était de toute évidence un entrepot temporaire. Plusieurs caisses de bois bricolée s'entassaient là, et la hobgobelin planta une dague sous le couvercle de l'une d'elle, le soulevant pour révéler des dizaines de gemmes, pour la plupart bleu pâle ou vert pâle, parfois à mi-chemin. Difficile d'en faire un compte précis, mais il devait y avoir là quelque chose comme une soixantaine de gemmes.
« C'est la production de cet hiver. Qu'est ce que vous en pensez? »

Musique - Pek Peh



Les gemmes elles-mêmes avaient une valeur relativement importante, et avec un coup d'oeil plus en détail, Jing estima le contenu de la caisse - une saison de production - à quelque chose comme douze mille dragons impériaux, la monnaie d'or du Lung Wa, reprise par le Lingshen.

Tanaka poursuivit.
« Plus difficile à évaluer, nous en consommons la plus grande partie...peut être quelques centaines de kilo de minerai. Assez de fer pour obtenir une centaine de lingots, donc 200 kilos une fois raffiné. En tout cas assez pour équiper deux fois Pek Peh, plus ou moins. »