La Crique de Pallin


C'était sans compter la réaction de Léandre elle-même, qui ne bougea pas d'un pouce, et lança à la volée.
« ON SE CALME! Ma charpente est en un seul morceau, c'est juste un panneau du toit. Pas de risque que ça s'effondre. Je te jure, on croirait que l'intégrité structurelle est une notion de base...Mais dans tous les cas, faites-moi confiance, je suis ingénieure.

Donc! Si vous voulez entrer et boire un verre, vous êtes les bienvenus, en espérant qu'on puisse mener une conversation jusqu'au bout sans être brutalement interrompu. Vous êtes...? »


Derrière la naine se tenait une figure aussi discrète que la naine était flamboyante. Vêtue entièrement de blanc, gris et d'écru, sa peau elle même était diaphane au point qu'on aurait cru y distinguer les veines. Ses yeux étaient eux aussi blanc, et sa longue chevelure noire cascadait hors de son capuchone sur ses épaules. Elle paraissait frêle, bien qu'elle soit de haute taille, et s'appuyait sur un bâton qui ressemblait à une colonne vertébrale dont l'extrémité était enroulée sur elle même...à l'avenant de cette allure sinistre, elle portait de nombreux bijoux d'os et d'ivoire, et si elle ne s'était pas adressée à eux d'une voix douce, presque un murmure, ils auraient pu croire qu'elle était un cadavre sorti du tombeau.
« Des gens capables de se téléporter, de toute évidence. J'ai perçu l'aura du sort depuis l'autre bout de la Crique. Je suis Nyctessa. Et curieuse de savoir qui vous êtes également. »

Portrait

La Crique de Pallin


L'ingénieure ouvrit la bouche, la referma, et haussa les épaules.
« Pourquoi pas? Je ne suis pas à une demi-bouteille près. Un verre, dame naine, dame Nyctessa? »


L'aventurière diaphane inclina la tête.
« Non merci. »

Elle se tourna ensuite vers Méry, haussant un sourcil, en jetant un regard au rocher dans la taverne/atelier, répondant d'une voix dépourvue d'émotion.
« Vraiment...? Je vous crois sans peine, maître Méry, mais puisque vous dites avoir un acte royal, autant l'examiner. »

Nyctessa indiqua la naine à ses côtés.
« Je vous présente Bellevara, au fait, une volontaire qui a accepté de se joindre au convoi. Mais nous avons de plus sérieux problèmes; et si vous êtes les renforts... »

Elle leur adressa un clin d'oeil critique.
« ...sans vouloir vous manquer de respect, ça risque de ne pas suffire. Mais j'imagine que Sa Majesté ne vous a pas envoyé par hasard. Nous avons été attaqué juste avant d'arriver en ville par un groupe de bandits se faisant appeler les Serres Rouges. Ils ont intercepté le convoi et encerclent le village. Je suppose que ce rocher a été lancé par un des géants qui les accompagnent. Ils ont aussi pris en otage le conducteur du chariot et mon apprentie. »

Le regard jaunâtre et froid de Rakyel à l'égard de Méry ne dura que quelques secondes lorsque la tournée générale fut évoquée, interrompue par ce rocher sorti de nulle part! Le sursaut du fossoyeur aurait pu être bruyant si le projectile n'avait pas fait davantage de bazar dans cette taverne/atelier, tout de suite mis en écho par l'arrivée en trombe des deux protagonistes qui auraient pu se faire passer pour le feu et la glace réunis... Sa tête oscillant entre chaque interlocuteur qui en rajoutait de plus belles faisait craquer régulièrement ses cervicales d'un son sourd et sinistre.

Désabusé par tant de facéties alors qu'ils étaient là pour une mission de la plus haute importance, Rakyel remit en balance les circonstances de leur arrivée pour appuyer Orion :
« Hmm... Comme l'évoque mon collègue, il va nous falloir plus d'informations pour que nous réagissions au plus tôt. Nous ne sommes malheureusement pas là pour profiter du paysage et de l'hospitalité, si bonne soit-elle. » argua la fossoyeur en jetant un regard sombre vers Méry et la bouteille.
Et pointant le rocher de son index squelettique et noirci, il reprit :
« Hmm... Vous pouvez m'appeler Rakyel.
Je vous propose que nous établissions rapidement une stratégie à l'extérieur pour récupérer le contenu du convoi et les prisonniers. Je n'ai aucune envie de voir un autre caillou tomber sur nos têtes.
Nyctessa, c'est bien ça?
Ces membres des... Serres Rouges... Un chef a-t-il revendiqué l'attaque? Des pour-parlés ont été engagés? Nous avons besoin d'établir au plus tôt un contact avec ce groupe pour comprendre ce qu'il peuvent bien vouloir faire : si seul le butin du convoi les intéressait, ils auraient déjà déguerpis plutôt que de dresser un siège. Il faut qu'ils aient conscience qu'ils s'opposent à l'autorité d'une des cités les plus influentes de la région. »

Se faisant, l'oracle avait saisi son bâton de bois pour se diriger vers la porte après avoir laissé les piécettes sur le comptoir. Il attarda ses yeux jaunes sur le bâton d'ossements de Nyctessa, une forme de fascination le saisissant. Et comme pour répondre à ce cult des os, il profita lui-même de son pouvoir pour faire pousser les excroissances de son squelette afin de revêtir son armure naturelle d'ossement partiellement masquée par sa toge lugubre.
armure d'os pendant 6h

Travail, Foi et Paire de Claques

Bellevara prit un air dépité en entendant que "ça allait pas s'effondrer"... Plissant ses yeux remplis de cils roux, elle fut finalement convaincue par la tenancière. S'approchant avec Nyctessa du petit groupe, elle entreprit de curieux pas de chats autour d'eux.

<< Hmmhhmmmrrr... >> Pendant que nos protagonistes discutaient, la naine était plongée dans la contemplation d'une petite boîte dont elle secouait l'intérieur et se frottait le front de façon extrêmement religieuse, comme dans une sorte de transe contemplative. Elle regarda chacuns d'entre eux de haut en bas, tournant chaque fois sur elle-même dans chaque processus et secouant le contenue mystérieux à la couleur intensément bleue et octangulaire. Lorsqu'elle finit de tournoyer sur elle-même tous bijoux scintillants, elle conclut par ces mots.

<< Je pense que l'on peut vous faire confiance. Ces bourses molles de la Crique du Pallin on refusés de négocier avec les terroristes! Ils préfèrent voir crever deux personnes et le convoi de matériel médical avec! Je leur aurai mis mon coup de pied dans leurs culs-serrés si j'avais pas des trucs plus importants à faire!

Je suis Soeur Bellevara, de la foi de l'aube! Guérisseuse du temple de Sarenrae! L'apprentie de Nyctessa, Gwenaëlle, et Beryl, le conducteur, sont encore entre de ces géants malpolis, autres bandits de grands chemins, dirigés par des draconides sortis d'ou-on-ne-sait-ou! Ils sont face à une centaine de personnes de la milice et leurs engins de sièges, et ces malfrats bouffis réclament rançons. Ils sont en face à face aux portes de la ville, limite si ils vont pas se rouler des galoches tellement ils se regardent en roucoulant! >>

Elle commençait à devenir aussi rouge que ses cheveux, mais prit une belle inspiration pour se calmer. Elle transpirait un peu tout de même, une goutte de sueur descendant le long de son front. Ayant trop chaud avec le masque, elle l'accrocha à sa ceinture. On put constater un visage rond, nez pointu et lèvres épaisses très maquillées. Un grain de beauté se trouvait dans la commissure droite.

<< Un truc fort tavernière, que j'oublie tous ces connards. Et qu'il y a des gens qui pensent pas qu'à leurs fesses dans cette ville. Enchantée à tous, c'est la providence qui vous amènent. Ces fournitures médicales doivent être absolument acheminées pour pallier à l'épidémie. C'est la ville toute entière qui compte sur vous. >>

Elle salua particulièrement son homologue paladin de la fleur de l'aube. Son salut était un mélange entre le dicton face aux évènements tragiques demandant un espoir nouveau et le respect réservé à ceux qui se battaient en son nom. << L’aube apporte une lumière nouvelle, Guerrier de la vérité et de l'éclat du soleil. >>

Modifié par un utilisateur dimanche 27 septembre 2020 22:15:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

Travail, Foi et Paire de Claques

<< Braaaaaah! >> Eructa notre "bonne soeur" qui but cul-sec la liqueur décrassant le gossier, s'écrasant sur un siège avec pas trop de débris après s'y être hissée d'un bond. Elle garda le verre du bout des mains et son air de fin du monde partit grâce à la magie de l'alcool.

<< Vous paraissez bien jeunes pour des agents de la Reine. Mais bon! Moi ça fais presque un siècle que je vit dans cette ville, née ici, je partirais d'ici que les pieds devant. Presque cinquante ans au temple tout de même à tripoter des malades, et vous m'avez jamais vue cher Paladin? >> Se fit-elle baladine, puis beaucoup plus sérieuse alors qu'elle se redressait malgré ses jambes ne touchant pas le sol. << C'est normal je suis partie avant la quarantaine. Je m'étais portée volontaire pour aller rechercher du matériel pour le temple de l'Aube. Malheureusement les portes furent closes à mon retour... >>

<< Je pense qu'il y a deux objectifs d'abord. Les otages ET le convoi. A moins que ces bandits aient été assez cons pour mettre leurs deux conditions de chantage au même endroit. Il faudrait repérer ou ils se trouvent. Après... Il faudrait frapper vite et frapper fort, ils hésiteraient pas... Ils ont rien à perdre à se débarrasser... Bref, il faudrait s'infiltrer jusqu'à atteindre les deux objectifs et frapper vite et fort. Récupérer tout ça et se barrer.

La Crique du Pallin et les bandits risquent de se friter ensuite je pense. En tous cas, y a des possibilités que ça dégénère. Il faudra trouver une solution de repli... Mais la foi de la fleur de l'aube me protégera. Je n'ai pas peur d'aller protéger des innocents quitte à mourir au champs d'honneur. Le plus problématique est que le convoi a énormément de matériel médical... C'est pas seulement la milice qu'ils étouffent, mais toute la ville! >>

Soeur Bellevara était prête à risquer sa vie, et cela se ressentait dans ses paroles. Impétueuse et flamboyante fleur rouge, elle secoua ses cheveux frisottants qui semblèrent légèrement luire. Aussi éclatants que sa colère contenue, en somme.

Modifié par un utilisateur mercredi 30 septembre 2020 13:54:45(UTC)  | Raison: Non indiquée

Orion écouta attentivement le plan, acquiescant de temps en temps. Une fois que Nyctessa eut fini, il dit:
« Je pense que c'est un bon plan. Nous avons en notre possession un trou portable pour y mettre les marchandises. Vu que c'est le point central de notre mission, nous devrions commencer par là. Ensuite, si nous en avons l'occasion, nous irons sauver les otages. Est ce que vous avez des informations sur l'agencement du camp des brigands? Savez-vous par exemple où se trouveraient nos objectifs ? »

Méry s'était naturellement assis au bord du comptoir sur lequel il avait bondi, pour rester à bonne hauteur, laissant tranquillement ses jambes -et ses pieds velus- pendre du côté client, non loin de la large rouquine. Il avait fait un signe vers Léandre pour qu'elle ramène la bouteille... de machin fort, et sortit deux voiles d'or avec un regard interrogatif pour voir si ça suffisait (complétant si besoin, sans gêner les échanges entre les plus grands).
Il resservit illico le verre de la "petite mais costaude" avant de s'en mettre dans le sien, en commençant par l'interpeller avec gaieté -et un aussi énorme volume... sonore- :
« Hey ! Soeur Bellevara... c'est pas la peine de beugler entre nous, on n'est pas à la forge, ici... Ouaip, on est plus jeunes - même le bogoss ressuscité, là- et donc on n'est pas sourds...
Bon alors le plan... ben zut, c'est une armée, ces bandits ? Ou ils comptent sur leurs grands machins pour attaquer ainsi la ville qui produit les machines de guerre ? Z'ont demandé une rançon, vous dites ? Qu'est-ce qu'ils veulent, au juste ?
Dans nos possibilités, oui, on a un trou portable... mais y'a combien de chariots à charger dedans ? Parce que ça, le matos, c'est pas le plus difficile : infiltration, discrétion, voire invisibilité... bon, faut le temps de décharger les chariots, quand même. Ils sont bâchés, j'espère ? On peut faire ça discrètement ? Faut calculer le temps qu'i faut...
Les otages, c'est plus difficile...
C'est quoi ces histoires de "draconiens", au juste... des heum... trucs qui font du feu ?
C'est les chefs ? Ceux qui commandent aux géants ? Et y'en a combien des grands machins, d'ailleurs ? »

Modifié par un utilisateur vendredi 2 octobre 2020 23:34:31(UTC)  | Raison: Non indiquée

Orion regarda les autres membres des drakes et dit:
« Je pense que nous avons à faire aux descendants de notre chère Azerghaul... Je ne sais pas si c'est une information utile, mais on ne sait jamais... »

La Crique de Pallin


Théodore répondit avec un sourire ou on pouvait percevoir une pointe d'embarras.
« Je vois que vous la connaissez bien! J'imagine qu'on a simplement pas du beaucoup se croiser au temple, mais il faut dire que je ne suis pas très souvent dans les environs. Récupérer le chariot ne me semble pas le plus compliqué, en tout cas si nous parvenons à le localiser. Orion, tu peux toujous te rendre invisible? Ou Méry, tu peux te téléporter, non? Ce qui m'embête plus, ce sont les prisonniers, si ils sont gardés, parce que nous ne pouvons pas les faire entrer dans le trou portable...si? »


La mention d'Azerghaul alerta Nyctessa.
« Non, Bellevara, c'est une dragonne rouge. Leur mère, si vous voulez. Plus un problème, elle est morte depuis plusieurs décennies si j'ai bonne mémoire. Par contre, ça veut aussi dire que les chefs de ces Talons Rouges ont un caractère déplorable, et que la négotiation ne sera pas facile.

Et une contre-attaque par la garde me paraît improbable...les machines de siège ne sont pas exactement mobiles.

Pour l'instant, les choses sont stables, mais il est à craindre que les draconides perdent patience, ce n'est pas le point fort des dragons rouges. De quels informations avez vous besoin? Et que prévoyez vous? »

Orion écouta le plan de Mery puis il dit:
« D'accord pour une diversion, mais Azerghaul n'est pas une bonne idée, jusqu'à preuve du contraire, elle est morte, si ce n'est pas le cas, elle se cache. Donc la faire apparaître ici n'aurait vraiment pas de sens et vu qu'il y a beaucoup de chance pour que ces brigands soient des suivants ou serviteurs d'Azerghaul, ce ne créerait pas du chaos, mais de la ferveur et de l'unité et ce n'est pas ce qu'on cherche, sans compter que ça ferait peur à nos alliés.

Pour ce qui est du vol discret du matériel, au lieu d'utiliser des bambous et autres moyens mécaniques, nous pourrions simplement utiliser une illusion. »

Orion jeta un coup d'oeil à ses compagnons pour voir s'ils étaient d'accord avec ses remarques.