Je choisis de rester hors de cette discussion inutile avec Clovik. De toute façon nous sommes coincé ici.

Mais je réponds au Kobold.

«  A mon sens aller risquer nos vie pour affronter un crocodile géant, n'est qu'une perte de temps. Il nous faut allez chercher ce foutu médaillon et sortir d'ici si nous voulons arrêter de patauger dans ce marais.
D'ailleurs pouvons nous y aller? »

- Oraxio, dis-je vers le kobold en me tournant vers lui, un air un peu exaspéré au visage. Je ne sais pas pour mes compagnons mais personnellement, je n'apprécie pas de discuter à coup de sous-entendu. Si tu sais quelque chose, dis le clairement. Et pareillement si tu as envie de quelque chose en échange.

« Remarque on pourrait aussi savoir quel prédateur lui tombe dessus... » Je rajoute en souriant en grattant la tête du tigre qui entrave rien a la conversation mais qui apprécie de se poser un moment tranquille.

- Tu veux savoir pourquoi tu devrais nous dire où se trouve le démon ? dis-je à Oraxio.

Voyant que le kobold s’arrête, et m’écoute, je poursuis sur un ton ferme.

- Nous possédons déjà ton anneau. Et d’une manière ou d’une autre, nous récupérerons ce médaillon. Cela nous prendra peut-être des jours, voir des semaines. Mais le temps n’a pas cours ici. Donc cela finira par arriver.

Je laisse passer une pause, avant d’enchainer :

- Et un jour, nous nous trouverons face à des serviteurs de ce « grand ver ». Ils remarqueront que nous possédons cet anneau et ce médaillon. Alors nous pourrons leur dire, « Oraxio nous l’a donné et il nous a beaucoup appris sur vous ». Ou alors nous pourrons ne rien leur dire.

Et j’achève en demandant :

- Qu’est-ce que tu préférerais Oraxio ?

- Si tu dis la vérité, répondis-je à Oraxio, alors ton ancien maître n’apprendra pas ce qui s’est passé ici. Pas par moi.

Je n’ose pas jurer pour les autres mais j’espère qu’ils auront assez d’honneur pour respecter cet accord.

- Adieu, Oraxio, finis-je vers le kobold. Puisses tu trouver une meilleure voie.

Ces paroles prononcées, je me tourne vers les autres :

- Vers le nord-est alors ?

Je hoche la tête n'ayant pas grand chose a rajouter.

Décidés, les héros reprennent leur route, quittant le bosquet d’arbres gluants pour s’enfoncer à nouveau dans les marais putrides. La progression est toujours difficile mais désormais ils savent éviter ses pièges, qu’ils soient végétaux ou animaux.

Quelques heures de marche plus tard, ils perçoivent un mur noir qui émerge de la brume. Au fur et à mesure de l’approche, une impression désagréable et d’inexplicablement effrayant imprègne leur cœur, alors que l’orée de la forêt des ténèbres se dessine. Puis une odeur envahit leurs narines ; Acre et nauséabonde. Leur estomac se soulève. Ils distinguent désormais les branches noires qui s’entremêlent et jaillissant d’une nuit éternelle, les ronces sombres qui les enserrent afin de les empêcher de se nourrir de lumière. Pas de feuillages, juste une masse d’entrelacs…

Aucun bruit. Aucun mouvement. Pourtant une présence indicible semble y résider et vous surveiller. Parfois une branche se hasarde vers l’extérieur comme un éclaireur précédent l’invasion. D’abord surveillant le ciel, puis se rapprochant du sol pour s’y enterrer et gagner ainsi de précieux mètres avant qu’elle ne grossisse et envoie, lors d’une campagne ultérieure de nouveaux assaillants.

Longeant la lisière à la recherche d’une hypothétique entrée, ils aperçoivent soudain un mouvement, un volatile, un corbeau posé sur une de ces branches aventureuse.

« Crrrrooaaa ! Parrr ici ! Parr ici ! Une entrrrrée ! »

A cet endroit, les branches, déjà naturellement tordues, semblent souffrir un peu plus, semblent un peu plus sombre, comme si elles étaient calcinées depuis peu. Le sol d’ailleurs porte encore les stigmates d’une brulure intense. Mais l’essentiel est fait, une brèche est ouverte sur les ténêbres…

« Je serais ravi de vous fournir de la lumière Labert. Et je n'ai pas de sort qui dure suffisamment longtemps pour les lancer sans savoir quand on sera attaquer, ou au moment même. » Puis je me tourne vers Clovik « Vraiment accueillant comme monde, y'avait une raison a l'invocation au milieu d'un marigot? Avec un bois maudit à proximité? Je connais quelques coins pourris dans mon monde, mais si il faillait le faire découvrir a des gens sensés aider j'aurais choisi un endroit qui donne envie qu'on le défende... Qu'est ce que ça schlingue, puer plus qu'un marais c'est pas bien naturel... »
Griffu ne semblait guère motivé à s'avancer dans le roncier géant.