De l'autre côté du miroir

Piquée au vif, la strix préféra se tourner vers la forêt, un peu plus loin des autres. Alors que ses plumes grossissaient à vue d'oeil.

« C'est toi qui parle de chaînes à suivre le tien comme un petit chien?! J'obéis aux ordres que je veux, comme je veux. Ma loyauté, elle, n'a pas été achetée avec des stupidités. C'est par terre, c'est à moi! Je pisse sur les lois du Chéliax, celles écrites par ces chiens d'humains. J'égorge leurs disciples et je brûle leurs cathédrales si il me sied. »

Elle grogna contre un arbre, espérant tant que le daemon passe à côté d'elle pour qu'elle déchiquète. Et le son puissant qui sort de sa gorge faisait penser à un rapace étranglé. Niveau "chouineries" et mauvaise foi, Symphonie était la Reine de son propre Royaume.

« KRrrrRRrrrrrrrRRrrr... Ne m'apprends pas comment faire mon travail. A quoi sert-il de me menacer alors que mes mots valent mieux que les tiens? Serais-tu si désespéré d'essayer d'intimider la mauvaise créature? Je n'ai jamais disséqué de daemon, je me demande comment c'est à l'intérieur. »

Simplement les idées du deamon faisaient son chemin dans l'esprit de Symphonie... Qu'est ce qui l'arrêterait si elle se déguisait en simple paysanne et irait s'amuser avec quelques autres paysans? Par exemple, plus en bordure de la ville. Ou même dans la ville d'à côté. Ce serait si simple, si facile.

Pourquoi est-ce qu'elle gardait cet alchimiste sous la main qu'elle pourrait très bien avoir son dû depuis longtemps. Après tout, il refusait toutes ses avances, il était très énervant. Vraiment impertinent. Elle lui volerait de l'or la prochaine fois. Assez d'or pour financer toutes les excentricités de Son Eminence, ainsi que les siennes.

Elle pourrait aussi égorger toute la famille de cette masure auquelle elle avait arraché une dalle... Ils n'auraient que ce qu'ils méritent, après tout.

Des scénarios tous aussi glauques que sanglants commencèrent à passer dans l'esprit de la strix. Il n'était pas de bon augure de motiver les mauvais instincts de Symphonie. Ses griffes grattèrent l'arbre frénétiquement, alors qu'elle s'empara de sa pipe pour allumer un tabac réparateur. Mâchouiller la tige, préparer le mélange et inspirer une première bouffée lui permit d'arrêter les tics de ses pattes griffues.

« ... Tu sais faire disparaître les corps. N'est-ce pas Crocs? Les cadavres, ça reste toujours sur les bras. Sinon on est obligés de s'en débarrasser d'une manière ou d'une autre. »

Modifié par un utilisateur vendredi 13 novembre 2020 18:38:54(UTC)  | Raison: Non indiquée

De l'autre côté du miroir

Lorsque Crocs montra les "crocs", Symphonie montra les siens également, avec une rapidité et une violence aussi soudaine qu'intense. Une haine à vouloir arracher les chairs du daemon avec ses dents, malgré la petitesse de celles-ci. Loin d'avoir peur de la gigantesque bouche, elle était prête à attaquer comme une bête sauvage.

« KRRRRRSH! » Puis reprit soudainement une expression totalement neutre et glaciale. « Quelle pitié de n'avoir un maître à sa hauteur. La pitié que je pourrais t'offrir en écrasant ta carcasse, face à l'éternité de souffrances que je pourrais t'accorder. Comme je suis magnanime... Comme je suis gentille. » Puis une folie l'habita subitement alors qu'elle commençait à arracher des feuilles, griffer les arbres et grogner brutalement. « Je me demande quel goût a la chair de cocadeamon. CRUE! K-K-K-K-KrrRRrrrRRaaa ! ! ! Je vais te tuer toi et toute ta famille! »

Elle savait que la petite créature nommée Crocs pouvait se rendre invisible à loisir. Mais ça ne l'empêcherait pas le terroriser pour un bon, long, et délicieux moment. A la capitale, elle lui grognerait dessus une nouvelle fois. Un "balais à cadavres" serait parfait. Pour l'instant, il n'aurait qu'un avant goût.

« D O W N T I M E - - - - - - - - - - - - - -  »

« J O U R - 1-2 »

« Encens » 336po d'encens (48pièces) destinés au Temple


Après avoir tenté d'assassiner Crocs et les fleurs des chemins, conformément à ce qu'il lui avait été ordonnée, la strix mit tout son coeur dans chacuns des encens préparés pour les desseins infernaux de Son Eminence.

Elle avait opté pour une forme de cônes pratiques, similaires aux balles que fabriquaient Quatre, mais aux côtés beaucoup plus ronds et doux. Un peu comme les larmes de Doloras. A la lumière, on aurait dit des morceaux de braises noires et rouges, comme un mélange de sang noir et de rubis cassés. Légèrement luminescents dans la pénombre comme des morceaux d'étoiles volées.

Pour l'odeur particulière qu'elle souhaitait proposer, totalement chimique, elle avait opté pour un fruit tout aussi particulier. Le litchi, que l'on appelait le fruit des rois était un fruit importé de lointaines contrées en dehors d'Egorian, et que Symphonie avait eu la chance de goûter quelque fois. Un mélange de muscat fort et liquoreux, suprême de rose et de fraises sucrées. Un parfum puissant sur la longueur, mais qui écoeurait fortement lorsqu'il serait brûlé quelques secondes dans l'encensoir.

Elle espérait que cette empreinte serait remarquée, loin des goûts habituels proposés dans les églises aux câpres grattant la langue. Si la note première de cette odeur était beaucoup moins puissante que du camphre, le litchi donnait toute sa puissance dans sa tonalité de corps, pour finir par embaumer l'esprit par sa touche finale d'alcool sucré.

Symphonie n'avait aucune idée si les diables aimaient de telles odeurs, mais elle espérait que cet effet surprenant pourrait permettre les quelques secondes nécessaires à appeler ces extérieurs d'au-delà les dimensions. Peut être même qu'à l'avenir, cela serait leur code spécifique afin de les nommer discrètement.

Elle avait mis au point une "pâte" révolutionnaire qui provoquait des effluves de farines alchimiques jusqu'aux yeux. Modelées comme il fallait dans des emprunts de plâtres et grâce aux petits doigts de la strix, cette poussière mélangée à l'eau gonflait et gonflait dès les premières minutes de confection. Elle passait ensuite la journée à se battre, ou plutôt faire joujou avec la mixture à coup de "Krou krou" en les plaçant dans les moules adéquats en surveillant leur durcissement à l'air libre, trouvant ceci très amusant. Mais très vite fatiguant également. Heureusement que personne n'avait vu cette strix avec de l'argile colorée jusque dans les plumes de ses oreilles, à moins de jeter un oeil par le carreau ouvert de la fenêtre -porter un masque n'était pas superflus avec toutes ces effluves toxiques.



Elle baptisa sa nouvelle création "Les Larmes" et tâcha de trouver une caisse à réquisitionner chez le pauvre Ingoe afin de transporter sa marchandise. C'est péniblement que sur les coups de 21h du soir, pendant ces deux longues journées à travailler comme une esclave douze longues heures par jour, qu'elle passa comme une ombre épuisée à travers la ville. Afin de livrer sa marchandise en petits paquets de lins finement enrubannés. Elle espérait que tout soit parfait et s'était donnée beaucoup de mal pour la présentation.

Elle passa également péniblement dire bonjour à l'alchimiste, le prévenant qu'elle ne serait pas disponible les prochains jours, trop fatiguée par ses commandes auprès de l'Eglise de Minuit. Mais que si il avait besoin de lui, elle serait disponible chez elle, dans les quartiers réquisitionnés à côté du temple. Cela ne la gênait pas de repasser le voir une fois ses méfaits faits et consommés, espérant que ses propres poches sous ses yeux soient assez convaincantes pour l'éloigner des soupçons. Elle n'aurait pas à feindre la pitié avec ses horaires de travail, bien qu'un petit rire intérieur et malfaisant souhaitait fortement s'exprimer.

Peut être même, espérait-elle secrètement, qu'il viendrait la supplier de l'aider dans cette mauvaise passe. Peut être même qu'il vendrait son corps en la suppliant de sauver son commerce! Bref, Symphonie apprécierait de le laisser dans la panade jusqu'au rendez-vous avec la Glorieuse Réclamation, afin de mieux le tourmenter encore et encore. Laissant ses fantasmes vagabonder au gré de ces longues heures passées à malaxer de la pâte encore et encore.

Modifié par un utilisateur lundi 23 novembre 2020 18:51:39(UTC)  | Raison: Non indiquée

9 Desnus 4716 - dans la matinée, à l'écart de Longacre
Interrogatoire


Tandis que l'inquisition organisait les recherches d'Ingoe et essayait de comprendre ce qui s'était exactement produit la veille, Aanara et Symphonie avaient pris le parti de rester aux alentours de Longacre, et de mettre à profit leurs talents respectifs pour essayer d'exploiter au mieux l'opportunité que représentait la chef du peloton de Séraphim qu'ils avaient capturé la veille, Abigail Saba.

Symphonie, toujours inventive, avait suggéré de mener l'interrogatoire dans la roulotte désormais désertée d'Odmer l'alchimiste. Les lieux vides, elle et Aanara ne seraient pas dérangées, et c'était plus simple et...discret que de conduire l'interrogatoire au temple désormais un peu surpeuplé.

Sans perdre de temps, avec un coup de main d'un des gardes du Synode, Symphonie avait enchainé leur prisonnière solidement...Mais avant de pouvoir lui poser des questions, il allait falloir la ranimer. Même si elle allait mieux que la veille, elle ne s'était pas suffisamment remise des blessures infligées par Ozran pour avoir repris connaissance.

11 Desnus 4716 - dans la matinée, à l'écart de Longacre
Interrogatoire



Abigail Saba été demeurée enfermée à l'écart du village pendant un bon moment, le temps que la sévère commotion infligée par Ozran ne finisse par passer. Mais finalement, presque trois jours après l'embuscade, un des gardes du Synode vint quérir Symphonie et Aanara pour leur apprendre que la prisonnière avait repris conscience.

Lorsque la samsarane et la strix rejoignirent la roulotte reconvertie de l'alchimiste, Abigail semblait avoir vaguement conscience de sa situation. Elle jeta un regard méfiant à Symphonie et Aanara à leur entrée, les regardant à travers le rideau dépenaillé de sa chevelure noire, le regard dur, mais silencieuse.

Interrogatoire



Abigail paraissait encore groggy quand Symphonie se présenta, mais son regard s'aiguisa quasiment immédiatement, vigilant. Elle demeura silencieuse pendant que la strix poursuivait, cela dit, mais Symphonie était observatrice et pouvait voir les muscles de la sarénite se tendre alors qu'elle testait la solidité de ses liens. Elle ne changea pas d'expression, visage durcit en un masque de pierre, mais écoutait attentivement. Elle répondit finalement après que Symphonie eut terminé ses préparatifs, laissant un moment de silence flotter.
« Je vais présumer que c'est parce que vous avez organisé cette embuscade pour avoir un avantage démesuré?
Ou peut être que vous n'avez pas pu résister à l'envie d'admirer mon profil? Vous ne seriez pas les premières. »

Interrogatoire



Abigail jeta un regard haineux à Symphonie, emplit d'assez de rage pour que la strix questionne un instant ses méthodes. Cela ne dura pas plus d'une fraction de seconde, cependant. Abigail cracha entre ses dents:
« Vous espérez que je vais croire que vous traiterez mes troupes avec magnanimité alors que vous nous avez attiré dans une embuscade? Vous espérez que je crois le moindre mot qui sort de votre gueule de charognard? »

Elle retomba dans son silence, laissant Symphonie poser ses questions. Elle sembla tout de même jauger l'importance des réponses, mais elle rétorqua tout de même.
« Oui. Nous arrivons de Katapesh, la capitaine a entendu parler de la croisade, et Sarenrae encourage à aider ceux qui en ont besoin. Elle a donc proposé nos services à la Réclamation. J'étais censée prendre contact avec des rebelles à Longacre, mais j'imagine que ça n'a jamais été qu'une ruse. Quand aux noms...Sarenrae est un archange. La plupart d'entre nous la vénérons. Et la capitaine est une sarénite fervente. »

Interrogatoire



Saba lui jeta un nouveau regard assassin, serrant les mâchoires au point d'en faire ressortir les muscles. Ses muscles se tendirent de nouveau, mais les cordes ne cédèrent pas. Elle fixa Symphonie pendant un long moment, ses yeux sombres poignardant la strix, et marmonna une réponse inaudible, entre ses mâchoires serrées.

Modifié par un utilisateur dimanche 24 janvier 2021 16:53:25(UTC)  | Raison: Non indiquée

Interrogatoire



Plusieurs dizaines de minutes plus tard, Symphonie devait en convenir: Abigail était difficile à cerner, et plus difficile encore à contraindre. Mais elle avait tout son temps, et la séraphim n'avait pas véritablement d'échappatoire. Et au fur et à mesure, Symphonie parvint à lui arracher, parfois littéralement, les réponses qu'elle cherchait. Les blessures de la croisée étaient superficielles, et guériraient avec le temps, mais il était improbable que cette dernière ait assez de temps devant elle.

La strix réussi tout de même à obtenir les réponses à ses questions. La capitaine des Séraphims s'appelait Lobat Rasul, et la compagnie ne venait pas directement de Katapesh, mais de leur contrat précédent, au Taldor, et ils avaient fait étape à Andoran, rejoignant la Réclamation à Citadelle Dinyar.

Abigail elle même ignorait comment la Réclamation fonctionnait en dehors du Chéliax, mais savait qu'elle comptait des volontaires venu du Taldor, de Galt, d'Isger, d'Andoran, d'Ultime Rempart, d'Ustalav, de Molthune et de Varisie; et même de la lointaine Mendev. Lamecoeur, l'épée d'Iomedae brandie par Alexeara Cansellarion, était un formidable symbole de ralliement.

Interrogatoire



Abigail refusait autant qu'elle pouvait de lâcher la moindre information, mais Symphonie était persuasive et patiente, et elle parvint à lui arracher quelques informations supplémentaires. Mais dans l'ensemble, les résultats furent un peu décevants...Les Séraphims venaient tout juste de rejoindre la Réclamation, et elle n'avait rencontré ni le dragon, même si elle connaissait son nom - Parnoneryx- ni le planetar. La maréchale dirigeant la Réclamation s'appelait Alexeara Cansellarion, originaire d'Isger, et elle ne l'avait pas non plus rencontré...mais elle savait qu'Alexeara maniait Lamecoeur, l'épée qui appartenait à Iomedae quand elle était mortelle.

Quand à Sénara, elle n'avait fait que traverser la ville, mais l'endroit avait l'air paisible, et ordonné. En revanche, Saba connaissait le nom de la générale en charge de la ville, la Chevalière-Commandante Cypria Pelzo. Mais lorsque la question porta sur le code des lettres et le plan de la ville, Symphonie sentit une hésitation. Il ne fallu qu'une fraction de seconde à Abigail pour agir. Avant que Symphonie n'ait pu intervenir, elle mordit violemment sa propre langue, dans un effort pour la trancher. La première tentative fut la bonne. Un ruisselet de sang dégoulina le long de la mâchoire d'Abigail alors qu'elle crachait l'essentiel de sa langue, saignant abondamment.

Modifié par un utilisateur lundi 25 janvier 2021 20:36:09(UTC)  | Raison: Non indiquée