Voyages Séculaires

Seul le silence répondit à Vianta. Pas de survivants, le souffle du vent sur les cendres, et les scènes figées sous un feu ravageur. Plus loin cependant, elle put apercevoir un âne encore attaché à un arbre sec comme la mort, son propriété brûlé vif tenant encore le poteau ayant servit à l'attacher. Rien d'autre ne vint aux oreilles et aux yeux de la chasseuse, et Alastar préféra rester prudent aux côtés de celui auquel il avait prêté allégeance.



Montagnes. Environnantes.

Le groupe reprit sa marche à travers le plateau, passant encore une nuitée près des longs déchirements rocheux se perdant vers le ciel. Il restait encore des petits feux de ça et là, brillant comme des étoiles dans la nuit, mais qui finirent par mourir le matin venu.

Plutôt plates, les montagnes s'élevaient tout même à plusieurs centaines de mètres au-dessus d'eux, infiltrées de sapins et de cavernes à ciel ouvert; ressemblant à des morceaux de cantal gris.



Plateaux. Phare de la Grande.

Les chemins de plus en plus caillouteux se faisaient difficiles, la montée semblait de plus en plus longue en remontant la pente. Ici, la présence de pierres difficiles était la plus importante, lissées et lavées comme des opales. Comme une sorte de passage envers deux côtés bien distincts.

Au milieu de cette mer de rochers, se trouvait encore plus haut sur des escaliers de pierres rongées, un phare. Le temps, les années, avaient fait de lui un bâtiment branlant rafistolé par les planches et renforcé par de la brique noire.

De là ou se trouvait notre compagnie, l'on pouvait voir un phare à la luette dorée, cerclé de verres chatoyants. Une autre partie d'ou s'échappait de la fumée, apparemment habitée. Et un dernier morceau de bâtisse avec de multiples fenêtres donnant sur le précipice, en plus du parvis dallé de l'entrée.

Parvis ou jouait -ou semblait jouer, une petite fille avec un chien gris à qui il manquait des morceaux de pelage. Ils s'amusaient à "rapporte la balle" dans les rochers. Loisir qui aurait pû paraître dangereux à n'importe qui, mais dont l'enfant aux pieds nus chevelus et cheveux longs châtains n'avait que cure à sautiller, sauter, et rire.

Lorsqu'elle vit la troupe s'avancer, elle courut à perdre haleine vers le phare et claqua la porte de fer derrière elle, tournant la serrure depuis l'intérieur à triple tours.

Le chien gris quant à lui posa ses fesses sur le paillasson, ne semblant pas plus perturbé que ça par l'arrivée de nos protagonistes. Il aboya deux fois en guise de bonjour. C'était un beau chien de chasse autrefois, mais ses dents rongées par l'âge ne lui rendait pas honneur.

Un tapis de paille pour les visiteurs, une sonnette, ainsi qu'un épithate dans la pierre "Phare De La Grande, Chemins des Voyageurs".

Perception DD13

Perception DD17

Nature DD15

Le village n'était plus qu'une tombe calcinée. Pour l'heure, rien qui pourrait leur être utile en quoi que ce soit, en dehors du kit de réparation qu'elle avait chargé sur sa monture. Peut être faudrait il un jour s'inquiéter de ce qui avait déclenché cet incendie - au risque qu'il se reproduise - mais dans l'immédiat il n'y avait de toute façon plus rien à bruler par ici. Ils pourraient toujours revenir en cartographiant la région.

Voyant que ses compagnons de route étaient partants pour poursuivre le voyage, elle prit la tête, et ils s'engagèrent dans les montagnes. En fait de montagnes, il semblait plutôt s'agir d'une sorte de plateau...l'ascension était loin d'être rude, et cela confirmait tout de même son impression d'origine...de la tour, ils auraient un excellent point de vue sur les alentours, et ces montagnes pouvaient être facilement défendues.

Ce n'est qu'en atteignant la partie la plus élevée, à proximité de leur destination, qu'elle réalisa que quelque chose clochait.
Un phare...? Ici?

Décidément, cette région était pleine de surprise. C'était encore mieux qu'elle ne lespérait, cependant, et le phare avait l'air facilement défendable. Au point qu'il était d'ailleurs déjà occupé.
Elle aurait raté l'arme de la "gamine" si Borvan ne l'avait pas prévenu. Décidément...elle n'était pas elle même loin de l'ombre protectrice des feuillages, avec autant de ciel au dessus d'elle. Ici, la Voix de la Forêt ne lui parlait pas aussi clairement.
Elle tandis par réflexe la main vers sa hache, se figeant en l'air. Borvan avait raison. Elle acquiesça silencieusement, poursuivant à voix basse.
« Bonne idée. Qu'est ce qu'on fait si les lieux sont occupés? On les vire pour s'installer ou on négocie? »

Tout en murmurant, elle avança vers le phare, prudemment, gardant un oeil sur les couverts proches.

EN avançant, le prêtre haussa les épaules.

« J'adorerais les sortir de là pour le simple plaisir d'un beau combat mais là, nous sommes mal placés. On sait pas combien ils sont, s'il y a des magiciens, et ils ont une place forte et des armes à longue portée. Donc pour le moment, on cherche à comprendre ce qu'ils foutent là. On les dégage si c'est intéressant et qu'on y risque pas de claquer avant d'avoir dégainé. »

« Pour l'instant, on a rien à négocier. On cherche rien de ce qu'ils ont. On veut juste savoir ce qu'ils foutent ici. Donc oui, on se contente de sonner.

S'il faut, je peux essayer de parler. Du moment qu'ils sont polis, je peux me tenir sage. »

Borvan se décala et leva la tête pour mieux voir les habitants.

« Nous sommes des voyageurs qui explorons ces terres pour les dompter, pas des pillards. On cherche juste à savoir ce que fait un phare ici.

Si nous étions des pillards, il y a longtemps que j'aurais commencé à attaquer, par Gorum. »

Le Paradis des Survivants
Le vocabulaire de Frère Borvan ne fut pas très bien choisi, enflammant le jeune homme, arbalète à la fenêtre. Qui répéta ses avertissements. La logique de ne pas attaquer le Fort était assez simple : ses fortifications et ses attaquants à distance permettait de se protéger allègrement. Les combattants tête baissé auraient été abattus avant même de mettre pied au Phare.

« DOMPTER QUI? ALLEZ VOUS EN! IL N'Y A RIEN POUR VOUS ICI! Passez votre chemin! »

Cependant, les arguments de Vianta firent mouche. Qu'une équipe de secours soit venue malgré la catastrophe, rassura quelque peu l'adolescent tireur à la chevelure blond cendrée. Son regard se fit moins dur, même si toujours en alerte.

« Nous n'ouvrons la porte à personne! ... L'esplanade du phare est un bon lieu pour camper, avec pas trop de vent. Si il y a d'autres pillards qui viennent, vous les verrez de loin! Ou toute autre menace. »

Il mit finalement tout à fait sa tête hors de la fenêtre. C'était un adolescent d'une quinze d'années, à la peau caramel et aux cheveux en constante bataille. Il était vêtu de de plusieurs morceaux de tissus enroulés et colorés, en majorité de jaune safran. Rappelant les vents chauds des déserts. Des sourcils toujours froncés sur ses pupilles vert d'eau.
Image d'illustration


« Si vous voulez commercer c'est objet contre objet! Et il y a un petite cascade à l'est. C'est tout ce que je peux faire pour vous! On n'ouvrira pas. On s'est déjà faits attaqués deux fois, c'est terminé. »

La mention des attaques laissa un long silence planer... L'halfelin resta en joue à son poste sans frémir. Mais ils gardèrent le poids de leurs secrets.

Borvan eut alors une idée géniale.

« Des pillards ? Si vous voulez, on peut essayer de s'en charger. Vous savez vers où ils sont ? »

Le Paradis des Survivants

Le jeune homme parla rapidement, les yeux dans le vague. Comme si il avait vu des choses bien trop horribles pour en parler à vive voix.

« Attaqués... Plusieurs fois la nuit d'hier. Difficile de dire combien ils étaient. On avait déjà subis des attaques, avant. Elles étaient rares. Mais avant, on étaient beaucoup plus aussi... Vous parlez de pillards, mais faîtes plus attention à ce qu'il y au-dessus de vos têtes. Ca peut revenir détruire tout sur son passage.

Ils sont repartis soient derrière vous, soit en amont. Soit dans les montagnes. J'imagine qu'on leur a fait assez peur pour qu'ils ne reviennent pas... J'espère. Nous ne sommes pas sortis d'ici depuis sept jours. C'est l'enfer... »


Il se fit rabrouer par l'halfeline qui lui coupa sans vergogne la parole. Elle parlait d'une voix forte et têtue. Contrairement à sa tête particulièrement mignonne, elle semblait d'une dureté peu commune.

« Arrête de pleurer! Est-ce que moi je pleure malgré ma petite taille? Bon... On manque de nourriture, malgré les légumes. On attends que ça se calme... Sinon on a à troqué des parchemins mineurs, quelques potions, des infos. Et des armes aussi. Elles sont à peu près de bonne qualité. Mais je préviens qu'on les a pas nettoyées. C'est ça ou passez votre chemin.

Vous pouvez camper ici, oui. Mais pas d'entourloupe. Je suis pas allée très loin sur les traces, mais elles vont dans plusieurs directions différentes. »


Troc du Phare

Le Paradis des Survivants


L'halfeline ne fut guère tendre avec Frère Borvan, le coupant dans sa négociation. Contrairement à son compère, c'était apparemment elle qui menait la danse, et d'une main de fer. Sans nul doute faudrait-il plus de temps pour gagner leur confiance. Troquer avec eux était déjà un petit miracle en soi, mais ils étaient toujours catégoriques sur la fermeture de la porte.

« Non merci, on a pas envie de finir empoisonnés. Si vous avez des choses à troquer, la viande ça nous intéresse vraiment. Et les bandits préférons attaquer vous plutôt qu'un Fort bien gardé. On va faire des tours des gardes comme d'habitude mais je vous conseille d'en faire aussi.

C'est pas les vacances ici. »

Borvan était en train d'allumer le feu quand il répondit.

« Mouais en effet. Mais faut du matériel qu'on a pas pour rentrer par la force là dedans. Mais ça se ferra.

Quand à ce qu'on fait, ... On sait pas par où ils sont ces bandits. Perso, j'pense que les chercher directement servira à rien : ils connaissent ces terres et sont surement bien planqués. Mais si le seigneur juge que ce serait un beau défi, il nous mettra sur leur route. En attendant, cartographions les terres ouais. On verra ce qu'on peut trouver.

Putain, ce bois est mouillé ! Vous avez d'autres branches ? »