Musique - Dans les Terres Noyées



Nilne acquiesça silencieusement, récupérant la lance du boggart dans l'une des deux mains qui ne portait pas son sabre courbe, mais elle se pencha en avant, regardant par dessus l'épaule d'Isorn, pour voir comment celui si travaillait. Incapable d'y résister, elle griffonnait de temps à autre quelques notes discrètes sur un morceau de papier.


L'elfe s'avait ce qu'il faisait. Le boggart ouvrit brutalement les yeux, et s'éveilla en toussant, le souffle encore cours, cherchant de l'air comme un noyé. Ses yeux vitreux et globuleux roulèrent dans leurs orbites et ses paupières clignèrent frénétiquement alors qu'il essayait, désorienté, de réaliser ce qui se déroulait autour de lui. Il laissa échapper un croassement désorienté et apeuré.
« CROOOAAAAAK...CROOO...crooooaaa...? »

Musique - Dans les Terres Noyées



Le boggart roula des yeux, réprimant un coassement, écoutant Milo avec un silence nerveux. Il était clair qu'il observait les autres en guettant une possible occasion de s'enfuir, mais n'en trouvant aucune, il devait se résigner à écouter ce que le barde avait à dire. L'illusion de Viz, réalisée au signal de Milo, fit écarquiller les yeux à la créature, qui s'étrangla dans sa réponse. Il parlait effectivement le commun, mais avec une tendance à déformer les mots, et en appuyant de manière étrange sur certaines syllabes.
« Je m'appelle [croassement déformé], de la tribu des Voix Voilées! Je...ne sais pas comment le dire dans votre langue. Je vous dirais tout! Laissez moi juste en vie! Qu'est ce que vous voulez savoir? Les Pâles Chanteurs ont dit qu'on touchait au but, mais qu'il fallait continuer à chercher des candidats.... »

« Krimir... Doucement, il est désorienté. »

L'elfe se pencha et tendis son outre au boggard.

« C'est de l'eau fraiche. Bois et respire profondément. Je m'appelle Isorn. Mon compagnon est bourru, mais il ne va pas te faire de mal si tu nous aide. Qui sont ces Pâles Chanteurs ? Peux tu nous dire où les trouver ? SI tu nous aidais, nous pourrions te laisser partir au plus vite.

Krimir, recule s'il te plait, tu l'intimide. Il n'a pas besoin de ça. »

Krimir baissa son arc, renifla très bruyamment et cracha à quelques mètres...
« Hééé? Z'avez décidé d'lui faire des câlins au truc visqueux ou quoi?!
...
Tsss... magnez-vous sinon j'me l'fais... » bougonna le traqueur alors qu'il reculait de quelques pas, les yeux quand même bien ouverts sur la cible pour éviter toute entourloupe.

Et l'oreille tendue, il finit par conclure, à sa manière :
« Pfff... j'ai rien capté!
Mais si tu peux nous emmener, bah grouille-toi! Moi si y'a un démon des marais à dézinguer plus loin, ça m'va! Le reste on s'en branle tant qu'on peut rester vivant! »

La stratégie du sarkorien n'avait pour sûr rien de très savant. Mais elle avait de part sa simplicité le mérite d'être pragmatique : un guide, même si c'était d'une certaine manière sous la contrainte, était suffisant pour les mener à leur cible. Et si Moire avait vu juste, il y aurait effectivement une créature démoniaque avec qui cette tribu batracienne avait pactisé, ne serait-ce qu'accidentellement face à l'adversité qui la touchait.

Suivant les instructions de Milo, silencieuse, Viz s’appliquait à faire ce qu’elle savait faire : coller les chocotes au boggart. Elle le regardait de ses yeux pétillants, un sourire sadique aux lèvres, les doigts prêts à claquer si nécessaire, le géant à ses côtés, passif. Après avoir vu que ce dernier lui obéissait, ou les capacités martiales de Viz, il comprendrait certainement qu’il ne valait mieux pas contrarier la sorceleuse.

Tandis qu’elle restait là, immobile, elle sentait une voix au fond d’elle… non, un désir plutôt… claquer des doigts ne servirait à rien, c’était une simple mise en scène, mais la simple pensée de pouvoir éliminer ce boggart d’un simple "clac" était jouissive… Il y avait une grosse pierre non loin de là. Elle s’imagina la soulever, l’amener haut, très haut au-dessus de la tête du crapaud… et lâcher prise, appréciant le triste spectacle qui en résulterait, écrasant le crâne et séparant la chaire…

Le temps qu’elle se ressaisisse et sorte de son fantasme, elle remarqua qu’elle avait inconsciemment fait bouger la pierre. De quelques centimètres, rien de plus… mais la déplaçant quand même. Elle fut prise d’une sueur froide et remua la tête, souhaitant retrouver sa concentration… et son esprit.

Elle regarda néanmoins le boggart avec un air froid, supérieur mais pas hautain. Celui de ceux qui sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur tâche, quels que soient les obstacles. Elle attendit que Milo ait posé ses questions avant de poser les siennes.

« Ces marais… sont sans doute cultivables.
Je me demande... si l’on tue les Pâles Chanteurs… avec ou sans votre aide… qu’allez-vous faire ensuite ?
Êtes-vous capables de vivre en harmonie avec les gens de la ville voisine, ou dois-je vous considérer comme une menace potentielle ?  » demanda-t-elle, on ne peut plus sérieuse.

« Ce n’est pas l’avis de ta shamane que je désire. C’est le tien.  » précisa-t-elle.

Elle n’avait pas particulièrement confiance en un otage… mais pouvant tenter de déceler un quelconque mensonge. Et s’il s’avérait que les intentions des boggarts soient belliqueuses… elle leur montrerait ce que peut être une déesse de la guerre.

Cette pensée aussitôt partie, Viz se demanda si elle venait vraiment de se comparer à une divinité, et fut de nouveau troublée par cette idée.

« Hum... »

L'elfe s'assit en tailleur et se plongea dans une réflexion intense.

« Une telle description m'évoque des bâtards des abysses... En elfique, leur nom est Lig'daem mais vous appelez ça... tinflang ? Ce sont des créatures dont le sang est souillé par les plans inférieurs. Des enfants de la Mère, salis par une parenté externe à ce monde. Ce ne sont pas des démons à proprement parler mais ils en ont des caractéristiques. Ces pouvoirs sur leur voix doit venir de leur parenté boggard et la puissance démonique doit avoir amplifié les aptitudes qui sont celles de la nature.

Si ce ne sont pas des démons, ils forment surement un cabale qui essaye d'accumuler du pouvoir dans un but obscur et vil. Peut être éveiller, attirer leur géniteur ? Toutes choses est attiré par ce qui l'a crée, du saumon qui remonte le cours d'eau de son enfance à la bête corrompue qui cherche l'origine de sa malédiction.

Quoi qu'il en soit, il convient de jeter un œil. Leur nature est suffisante pour éveiller la méfiance. »

Sans quitter le boggard des yeux, Milo répondit à Nilne...
« Et bien, je pense que notre nouvel équipier doit nous dire quel est d'après lui la meilleure solution pour être écouté de la shamane. D'après toi, comment est-ce qu'on peut discuter avec la shamane sans que ça ne se solde par une bataille générale, qui se solderait pas l'annéantissement de ta tribu? Idéalement, il faudrait que les pâles chanteurs ne soient pas impliqué dans nos discussions. Est-ce qu'il y a par exemple des moments où la shamane sort seule du village? Ou alors certaines conditions dans lesquelles les pâles chanteurs ne sont pas présent dans le village? »

Voyant le boggart suer à sa simple présence, Viz dévoila un sourire satisfait. Mais son air se fit légèrement moqueur quand à la mention des tieflings.

« Les tieflings ne sont pas des êtres plus "corrompus" que ne le sont les humains ou bien d’autres encore. Rha, qu’importe.  » grommela-t-elle, songeant intérieurement à sa défunte amante, laquelle était tiefling.

Elle s’adressa ensuite au boggard, déjà bien plus aimable que tout à l’heure.
« Bien, s’il y a moyen de nous entendre…
Quatre pâles chanteurs vous dites… Hum…  »

Elle regarda son géant, pensive.
« Dis-moi… sans vouloir te couper Milo, il avait l’air si réel que ça ?  » demanda-t-elle au boggard, désignant le monstre… avant de claquer des doigts, un sourire théâtral aux lèvres. Ce dernier disparu dans un tourbillon de cendres.

« Je peux aussi imiter les voix.
Avec ton aide… je peux peut-être réussir à imiter la voix de l’un d’entre eux, du moins une voix similaire. Et une fois proche de votre camp, si j’en vois un… je pourrais aussi imiter son apparence. Est-ce que tu penses que ça a des chances de marcher ?

C’est très hypothétique, mais ça pourrait nous donner un avantage sur eux, qui sait ?
Je pourrais ainsi, via mon illusion, attirer l’attention de certains des tiens… et toi aussi, tu pourrais. Par exemple, est-ce que tu peux entrer dans le village et dire à ta chamane qu’un marcheur blanc est dehors et souhaite la voir, quelque chose comme ça ?

Si l’on réussit de cette manière à faire sortir la plupart des tiens du camp, et à les isoler. On pourrait s’assurer pacifiquement de notre alliance. Nous pourrons ensuite tendre des pièges, et je pourrais jouer d’invisibilité… et ensuite, une fois les Blancs tout seuls… nous frapperons.  »

Le regard de Viz, souligné par son sourire satisfait, traduisait une réelle détermination d’en découdre avec ces Chanteurs Blancs.

« Oh, une dernière question : ces Chanteurs Blancs… tu dis qu’ils sont dangereux… Possèdent-ils des pouvoirs spéciaux ?  »

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Le boggart n'osa pas interrompre les aventuriers, mais pâlit considérablement lorsque Viz dissipa le géant des marais en claquant des doigts. Il balbutia, essayant de leur répondre.
« La...la shamane accompli de temps à autres des rituels de divination, pour trouver les caravanes que nous devons cibler, celle où un voyageur a un lignage de valeur. Elle amène des guerriers avec elle...peut être qu'elle pourrait amener tout le monde sauf les femelles et les oeufs...?

Elle n'aime pas les Pâles Chanteurs, peut être qu'elle vous écoutera, si on peut garder les oeufs. »

Les propositions de Viz semblèrent intriguer le boggart.
« Je...peut être. J'ignore l'étendue de leurs pouvoirs, ou des vôtres. Peut être que vous pourrez les tromper. Je ne sais pas. Mais je sais que leur voix est dangereuse. »

Il hésita avant de répondre à Milo, détournant le regard. Il paraissait...inquiet de ce que ses paroles pourraient provoquer comme réaction. Mais faute d'autre solution, il décida de parler tout de même.
« C'est pour Gogunta. C'est un tribu que lui apportent les Pâles Chanteurs, pour remercier notre Mère de ses bienfaits. Je sais pas comment, mais ils se rassemblent à la nouvelle lune, c'est peut être ça. »


Nilne soupira, vibrant des ailes, et jetant un regard en coin à Viz et Isorn. Mais elle préféra commenter sur la suite de leur plan.
« Dans ce cas, contacter la shamane pour la convaincre de réaliser un "rituel" et nous laisser le champ libre me paraît la meilleur option. Et peut être que Viz pourrait nous donner l'avantage de la surprise sur les Chanteurs...C'est un bon plan. »

Modifié par un utilisateur jeudi 11 mars 2021 18:39:41(UTC)  | Raison: Non indiquée

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L'impatience de Krimir était palpable, et leur plan était de toutes façons plutôt bien engagé. Pour l'heure, il fallait rallier le village des boggarts. Il y avait une longue route, mais ils avaient un guide, et cette fois, plus besoin de suivre une piste ténue. Et le boggart, aussi lâche soit-il, connnaissait les marais. Ils se mirent donc en route, pataugeant dans les marécages et à travers tourbières et mangroves...

Le voyage fut pénible, et ils arrivèrent bien après la tombée de la nuit, couverts de boue et de morsures d'insectes, trempés par une averse, mais ils étaient entiers, et quel meilleurs moment pour discuter de leurs intérêts communs avec la shamane qu'à la nuit tombée, hors de vue des regards indiscrets...?


Dans les ténèbres des marais, sous une pluie fine, glacée, leur prisonnier ramena la shamane, une boggard s'appuyant sur un épais bâton noueux, le visage voilé par un masque de cuir. Ses yeux globuleux les parcoururent avec méfiance. Son commun était bien plus habile que la majorité des
« On m'a...dit que vous aviez une proposition à me faire. Que vous aviez un compte à régler avec les Chanteurs Pâles. Je suis devant vous, rampants. Que voulez vous? »