21-24 Pharast 4718 - Sur les eaux du Lac Encarthan


La Souveraine de la Sellen

Coriolis et Tatiana

Tatiana et Byar
L’intervention de Tatiana semblait sincère mais Byar, toujours acculé par sa soudaine migraine n’entendait rien d’autre que le sang lui battant les tempes. to-toom. to-toom. to-toom. Ce son grandissait en puissance à chaque seconde et compressait la tête de l’alchimiste dans un étau au point de lui faire voir des étoiles. Lâchant un grognement, il n’entendait même plus sa propre voix.
« J’ai… mal… »
« Lâche prise, Byar »
« Laissez-moi-sortir »
« Euk… faites que… ça s’arrête… »
« Tout ça n’est pas réel »
« Je-veux-sortir! »
Trois voix différentes sortait du corps agenouillé du paysan. Mais aucune ne semblait noter la présence de Tatiana.

Tatiana, pâle, s'approcha de Byar, posant les mains sur ses épaules et plantant son regard dans celui de l'herboriste. Elle avait l'oeil noir. Et pour une fois, son expression souvent dur comme l'acier était empreinte d'inquiétude. Elle parla d'une voix douce, essayant de le rassurer.
« Hey, Byar, reprends toi! Tu n'es pas en danger, je suis là. Je ne sais pas ce que tu entends, mais ne les écoute pas. C'est toi qui es aux commandes, et c'est ton corps. Ne laisse personne en prendre le contrôle sans ton accord.

Byar, tu m'entends? »

Modifié par un utilisateur dimanche 18 avril 2021 16:49:28(UTC)  | Raison: Non indiquée

  
En cuisine :

Scath lâcha un rire bruyant, jouant volontairement les trouble-fêtes.

«  "LA" discrète Scath ? Se mettre aux commérages ?
Allons Corio, je n’ai pas besoin de ma bouche pour avoir d’excellentes oreilles ! »

Se laissant faire, elle goûta la louche… et une petite étincelle apparut dans ses yeux.

«  Waw ! Pas mal !
C’est toi qui a fait ça ? Tu as mis quoi dedans ? Il y a… des carottes… des patates… de… Hum ! Je veux la recette ! Une chanson en ton honneur en échange de la recette ? » demanda-t-elle, enthousiasmée.




Sur le pont, sous les étoiles :

Encore à moitié endormie, Scath haussa les épaules, un sourire idiot aux lèvres.

«  Evidemment que ça me met en valeur ! Après tout, c’est pour ça que les gens me payaient ! Enfin… je crois ?  »

La fin de sa phrase était en demi-teinte. Elle ne faisait que le déduire, ou l’espérer plutôt, mais n’en avait ni le souvenir, ni la certitude. Mais elle savait se servir de sa voix et d’un instrument comme pas deux, ça, elle en était sûre ! Et qui d’autre qu’un artiste ambulant maitrisait ce genre d’art ?

Elle chassa cette pensée, se concentrant sur Coriolis. Elle se gratta la caboche, cherchant quoi répondre de pertinent.

«  Hum… Il se trouve que je sais très bien de quoi tu parles. Disons que… je connais une amie qui partage ton ressenti. Tu sais, je ne pense pas que Byar ne t’apprécies pas, au contraire. T’as du caractère. Sers-t’en. Je pense juste qu’il est aussi perdu que toi, si ce n’est plus. Il n’est pas facile de mettre des mots sur ses problèmes, mais il est encore plus difficile de se mettre à la place d’autrui.

Arrête-moi si je me trompe. Tu as la sensation d’évoluer sur un chemin, un chemin dont tu vois la fin, mais dont tu ne sembles jamais te rapprocher. Tu te sens seule, enveloppée par le froid et le vide… quand bien même des gens seraient là, tu ne vivrais qu’à travers leur regard, qu’à travers le prisme qu’ils renverraient de toi. Tu en viens même à ne plus vivre pour toi, mais à vivre pour les autres. Tu recherches leur approbation en toute chose, plus que la tienne. Et pour finir… tu ressens une peur panique à l’idée même d’être abandonnée, et chacune de tes relations devient un combat de tous les jours. Je me trompe ma chère ? »




Par une douce soirée, autour d’un feu de joie :

Profitant d’une soirée autour d’un feu, tout le monde rassemblé pour manger, Scath enviageait de faire profiter les autres de son art. Elle but son verre d’un trait, puis se leva, s’éclaircissant la voix. Dans la pénombre de la soirée, les quelques lumières présentes découpaient magnifiquement bien les contours de ses formes contre le bateau. Il fallait dire qu’à défaut d’avoir bonne mémoire, Scath avait toujours un certain bagage en manière de séduction, sans doute des automatismes de son passé de barde ?

«  Bon ! Braves gens… ça vous dirait une petite chanson pour aiguayer l’ambiance ?
Peut-être un refrain joyeux ? Ou quelque chose de grivois ?  »

Dans les limbes de son esprit, un Byar décontenancé revenait à lui. Debout dans un lieu sans sol ni plafond, ni haut ni bas, une sensation de moiteur diffuse l’accueillit dans des ténèbres omniprésentes. « Eho ? Y’a quelqu’un ? » Nulle réponse. Même le son n’était pas clair. On n’entendait ni l’écho lointain, ni la vibration proche de celui-ci. Simplement un son étouffé par une cloche invisible.

Incertain sur la conduite à tenir et la raison de sa présence ici, Byar fit un pas en avant qui lui rappela la dernière scène dont il se rappelait : une discussion dans un bateau avec une femme borgne. « Tatiana, c’est toi ? » lança t-il sans conviction. La jeune femme était la dernière chose qu’il se rappelait avant que la migraine fulgurante le frappe de plein fouet. Mais ce ne fut pas sa voix qui lui répondit mais une autre, tout aussi familière. « Byar ? » La voix féminine qu’il rêvait d’entendre depuis qu’il s’était réveillé dans ce manoir de fous. « Tiléa ? C’est toi ? Où es-tu ? »

Avançant droit devant lui dans l’obscurité, il tendit les bras devant lui dans l’espoir de toucher sa femme. Mais seul un cri effrayé lui répondit. Alors sentant sa femme s’éloigner, il se mit à courir pour tomber cinq mètres plus loin. « Tiléa, attends-moi ! » cria t-il par angoisse.

Soudain, l’angoisse se mua en peur. « Elle est perdue. Et toi aussi ! » Une décharge mentale de douleur vint percuter la conscience du pauvre Byar qui se sentit s’écrouler sur lui-même. La Bête était revenue sans qu’il ne s’en aperçoive et avec elle les cauchemars qu’il craignait se souvenir. Ecartelé entre son envie de retrouver sa femme et son besoin de fuir la présence de la Bête, il se mit à courir dans une autre direction. Dans ces ténèbres, toutes les directions se valaient. Mais à peine lancé, une main massive vint écraser l’épaule du pauvre homme qui s’écroula sur place. « J’ai… mal… » sembla t-il s’entendre dire.

Au sol, il lui sembla percevoir d’autres présences cette fois. « Lâche prise, Byar. Tu dois laisser aller. Il est trop tard pour Tiléa. A présent, tu dois prendre soin de toi. » La voix avait un timbre grave et un ton professoral. Mais le paysan n’avait jamais connu d’homme de la sorte. Du moins, d’aussi loin qu’il se rappelle. Immédiatement et avant qu’il ne puisse répondre, une autre voix rocailleuse celle-là s’éleva dans les ténèbres. « Laissez-moi-sortir. Ca fait trop longtemps que je suis enfermé ici. Je me suis toujours occupé des bases besognes quand il le fallait. Maintenant c’est à mon tour de prendre la lumière ! »

Le pauvre Byar se sentait pris d’un tournis. « Euk… faites que… ça s’arrête… » La présence d’autant de personnes dans ces ténèbres le perturbait mais c’est surtout la présence de la Bête qui lui faisait se dresser les poils de son échine. Jamais il n’avait ressenti de peur aussi intense. L’instant d’après, il se sentit happé au mollet par ce monstre venu d’ailleurs. Si cela continuait ainsi, il allait mourir. Mais la voix rassurante du professeur essayait de le rassurer. « Tout ça n’est pas réel. Calme-toi et ouvre les yeux. Tout cela n’est que dans ta tête. » cru t-il entendre alors que le gars louche insistait « Je-veux-sortir! C’est-à-mon-tour ! Je-veux-sortir! »

Chose étrange, d’autres présences commençaient à émerger à mesure qu’il se sentait partir et que la présence de la Bête se faisait de plus en plus forte dans son esprit. « Il faut penser à te redresser quand tu te tiens debout. » Une voix de vieille femme fatiguée. « Je serai marchand quand je serai grand ! » Une voix de gamin à peine sorti de ses couches. « Tu l’entends ? Tu l’entends ? Dis, tu l’entends ? Il se rapproche. Il se rapproche. On doit se cacher. Oui, se cacher ! » Une voix nasillarde et fuyante.

D’un coup, les voix se turent alors qu’une arrachante douleur lui vrillait l’épaule.



Se redressant en position assise, Byar retint un sanglot alors qu’un gémissement de douleur s’échappait de sa bouche. Tatiana était toujours à côté de lui et sans doute pas plus d’une poignée de seconde ne s’était écoulée depuis qu’il s’était effondré mais cela lui avait paru une éternité. Mu par un réflexe, il ouvrit sa tunique usée pour dénuder son épaule et vit une brûlure qui semblait dessiner des traces de griffe là où il n’y avait rien eu avant sa syncope. Interdit, Byar ne savait que dire. Comment expliquer cette marque venue de nulle part à la guerrière. Et surtout, qui étaient tous ces gens qui lui avait parlé quelques instants plus tôt ? Ébété, le pauvre cuisinier attendait silencieusement que la douleur reflue.



Interloqué par les deux joyeux lurons qu’étaient Coriolis et Scath, l’herboriste ne savait trop comment donner le change. Un peu hésitant, il acquiesça plus par esprit grégaire que par réelle volonté. « Heu… une chanson ? Heu… oui, c’est bien j’crois. Enfin, ‘faudra pas parler de l’ingrédient secret. C’est secret, comme qui dirait. Je… heu, je viendrai écouter si tu chantes. » affirma t-il à Scath encore confondu par sa propre réaction. Tout ce qu’il voulait, c’était éviter de devenir le centre d’attention. Si par là, il arrivait à ses fins, il imaginait qu’il s’accomoderait bien de cette solution. Pourvu qu’elle m’inclue pas dedans quand même… pensa t-il pour lui-même.

  
En cuisine :

Scath lâcha un autre rire forcé, adorant jouer avec les deux comparses. Elle ne savait vraiment dire pourquoi mais elle avait… l’impression de revivre, d’une certaine façon. Une sensation bien étrange, mais grisante. Autant en abuser, tant que la situation le permettait.

«  Evidemment que ça vaut le coup !
Et promis mon grand, je ne dirais rien…  » lâcha Scath avec un sourire mauvais, comme si elle avait deviné les pensées du cuisinier…






Sur le pont, sous les étoiles :

Scath sourit en observant les étoiles. C’était une belle soirée, et même si elle avait été réveillée, elle profitait davantage encore de la soirée grâce à ce petit incident.

«  Tu devrais te mettre en diagonale. C’est comme ça qu’on fait pour maintenir un hamac de manière stable. Ton propre poids sert de contre-poids.  » expliqua-t-elle.

«  Quant à ton soucis… bah, le mérite ne me revient pas. Enfin pas vraiment. Disons que c’est surtout cette amie qui s’y connait… Et hum… je me rappelle vaguement de certaines choses oui… mais elle, je ne sais pas trop pour être honnête… c’est un peu comme si je la connaissais, sans la connaitre…

Elle a longtemps mal vécu ça… très mal même… mais je n’entrerais pas dans les détails. Maintenant… enfin aux dernières nouvelles du moins, elle vivait mieux son cauchemar. Plutôt bien même. C’est un peu compliqué à expliquer mais… c’est un peu comme si elle construisait un chemin, au fur et à mesure, avec des briques, des petites touches personnelles et des torches, en forgeant la finalité qu’elle espère plutôt qu’en espérant simplement. Et lorsqu’elle se sent un peu perdue, un peu abandonnée… elle regarde derrière elle le chemin qu’elle a bâti, qu’elle a parcouru, qui est toujours là, et autour d’elle, ceux qui l’accompagnent en cet instant. Et ainsi, elle continue, sans se perdre dans les limbes…  » répondit-elle, mélancolique.

«  Pardon, ce n’est pas très ragoûtant. Mais c’est un cas très particulier tu sais.

Eh oui ma grande ! T’as carrément un bon caractère, si tu veux mon avis !
Enfin… de manière générale, j’ai tendance à penser qu’il vaut même un mauvais caractère que pas du tout. C’est sans doute mon côté trouble-paix qui parle, mais quand même.

Alors, rassurée ?  »






Par une douce soirée, autour d’un feu de joie :

Scath souria, heureuse que sa proposition fasse bonne réception. Elle sortit son luth et s’éclaircit la voix, laissant ses boucles rousses rougeoyer à la lumière des braises. Voyons… que faire, que faire ? Elle regarda successivement chacun des membres de l’auditoire, puis son regard s’arrêta sur Byar… et un délicieux sourire sadique se dessina sur ses lèvres. Elle se souvint de la discussion qu'ils avaient eu en cuisine... Lui qui ne voulait pas être le sujet d’une chanson… On allait bien s’amuser ce soir… Bien sûr, elle allait jouer un peu sur les mots, et peut-être même jeter le trouble sur sa personne… mais ça allait pour sûr être intéressant…

«  Oh, on peut faire entrainant ET grivois… Même si je pourrais toujours proposer quelque chose de plus sage après cela… Mais tout d’abord, parlons peu, parlons d’un homme. Un homme de foi, un homme du peuple.  »

Cela ne voulait pas dire grand-chose sur le coup… mais cela prendrait tout son sens une fois son chant étamé. Elle toussa, et fit mine de faire des vocalises assourdissantes, et bien entendues fausses. Fausses à un point qu’il fallait être un troll sourd et beurré pour pouvoir considérer ça comme de la musique. Puis elle commença à chanter à tue-tête, grattant son bel instrument, gigotant sur place, jouant de ses formes pour mettre l'accent sur le côté... suggestif de la chanson.

« Moi je voudrais être cultivatrice
Pour être heureuse, en bon agricultrice,
Moi je voudrais être un bon paysan
Pour être heureuse et passer du bon temps

Il y a des gens qui sont plein d'illusions
Mais moi je n'ai qu'une seule ambition
Pour labourer je me lèverai tôt le matin
Pendant des heures je traînerai la charrue
Et sans arrêt tout au long du chemin
J'aurai toujours, toujours le manche en main

Dans le pays et dans tout le canton
J'aurai, c'est sûr, la plus belle carotte
Et toutes les bouches heureuses qui la goûteront
A genoux me la redemanderont
Pour les fines bouches et féminins gourmets
Avec amour je soignerai mon asperge
Celle de Byar, pourtant si renommée
N'aura ni queue ni tête si bien formées

Moi je voudrais être cultivatrice
Pour être heureuse, en bon agricultrice,
Moi je voudrais être un bon paysan
Pour être heureuse et passer du bon temps- »

Puis elle reprit son refrain, s’amusant à tourner autour de l’auditoire, évaluant les réactions, notamment celle du pauvre Byar.

Modifié par un utilisateur vendredi 23 avril 2021 01:09:39(UTC)  | Raison: Non indiquée

Tatiana et Byar en cuisine

Incapable d’apporter les réponses aux questions de Tatiana, Byar hoqueta un « J’sais pas… » Sentant la brûlure toujours vive sur son épaule, il prit avec hésitation le linge de cuisine des mains de la femme borgne avant de le poser sur sa marque. La fraicheur du tissu atténua légèrement la chaleur dérangeante qui dévorait sa chair. « J’sais pas… » répéta t-il de nouveau alors qu’il se sentait reprendre des forces « … Mais n’en parle pas aux autres, steuplait. Y vont m’regarder bizarre. » Quelque chose de particulier venait d’arriver au paysan mais il ne se sentait pas prêt à en parler au groupe. Et encore moins commencer à chercher une explication…


Soirée sur le pont

Assis discrètement dans un coin, Byar avait vu la tieffeline commencer à se mettre en avant. Ayant promis à la jeune femme de passer, il s’était installé à la périphérie, cet endroit où les gens le voyait mais sentaient qu’il souhaitait garder un peu de distance et ne pas être dérangé. Observant candidement la jeune Scath, le cuistot se demanda pourquoi celle-ci le regardait de cet air insistant. Ce n’est que lorsqu’elle se mit à chanter qu’il comprit qu’elle avait une idée derrière la tête. L’air était entrainant et les paroles quelque chose d’assez explicite. La regardant à deux fois, l’homme marié se demandait pourquoi elle avait choisi une telle chanson. C’est vrai qu’il ne la connaissait pas vraiment mais ses belles formes et son parlé chaleureux faisait se retourner les têtes. Puis soudain quelque chose le frappa. Celle de Byar… Heu… Elle connait un autre Byar ? pensa t-il de prime abord. Mais il n’eut pas le temps d’approfondir sa réflexion à mesure qu’il entendit des éclats de rire et les regards tournés vers lui. Sans trop savoir pourquoi, il rougit avant d’ajouter à mi-voix pour qui pouvait l’entendre à proximité : « La mienne est bien formée, j’vous assure ! »

La Souveraine de la Sellen

Dans la cuisine, avec Byar

Tatiana sourit et empêcha leur cuisinier et herboriste de se relever.
« Pas si vite! T'es encore sous le choc, prends le temps de reprendre tes esprits. Crois moi, il ne faut pas précipiter ce genre de chose.

Et fais moi confiance. Je suis une tombe, sur les secrets qu'on me confie. »

La guerrière se hasarda à un sourire confiant. L'expression tranchait avec la balafre qui la défigurait, mais elle était aussi rassurante.



Soirée sur le pont

Tatiana sentit confusément Coriolis lui prendre la main, mais elle demeurait pétrifiée, et ne suivit pas le mouvement...avec la différence de poids, l'elfe ne réussi même pas à la faire se lever. Tatiana se redressa avec une certaine raideur, titubant sur ses jambes, et adressa un sourire d'excuse à Coriolis en s'épongeant le front.
« Désolée...je...ne suis pas dans mon assiette. La danse sera pour une autre fois. »

D'un pas mal assuré, la guerrière s'éloigna un peu, en se tenant au bastingage.

 
En cuisine :

Se léchant encore les babines, Scath s’éloigna, guillerette, ayant déjà hâte de l’heure du repas.

«  ça marche pour moi ! Et si un jour tu cherches à te caser dans une vie pépère, tu devrais sérieusement songer à la restauration. Tu ferais un cuisto du tonnerre !  »

Puis elle sortit, ne souhaitant pas être plus invasive que de raison. Un chouia, c’était parfait.




Par une douce soirée, autour d’un feu de joie :

Voyant son petit manège prendre, Scath éclata d’un rire tonitruant. Volontairement exagéré sur la fin. Elle regarda Byar droit dans les yeux, bien déterminée à être une enquiquineuse jusqu’au bout. Et il fallait dire qu’avec le gaillard, c’était plutôt instinctif de savoir où viser, surtout qu’il avait sorti la métaphore de son contexte. Un trait de caractère que Scath appréciait grandement, quoi que l’on puisse en penser. C’était aussi vendeur pour elle qu’humain.

«  Des mots, des mots… Voilà qui est bien simple mon petit. Comment convaincre tous ces braves gens ?
L’agriculture n’est point plaisir à sous-estimer. Après tout, comme le dit le proverbe… Tout paysan debout domine noble à genoux. N’êtes-vous pas d’accord mon cher ?  » répondit-elle, moqueuse.

Puis la réaction de Coriolis la choqua. Agréablement bien sûr. Quoique qu’elle ne sache pas immédiatement comment l’interpréter. Elle rendit son étreinte à l’elfe, souhaitant être réconfortante. C’était toujours réconfortant un câlin après tout, non ?

«  Eh là, tout va bien… Pour une bouille aussi satisfaite, je pourrais faire ça toute la soirée si nécessaire.  » répondit-elle avec un clin d’œil.

Ce n’était pas tellement une vanterie d’inspiration ou d’endurance que la tieffeline présentait là, à vrai dire, elle-même ne savait pas si elle pourrait tenir plus d’une heure, et l’appel de la boisson commençait sérieusement à se faire sentir.




Tandis qu’une balafrée semble déprimée :

Quelques instants plus tard, voyant Tatiana s’éloigner du groupe, elle lança un regard interrogateur à Coriolis et Byar, se demandant ce qui n’allait pas. D’un signe de tête, elle fit mine qu’il faudrait aller la voir, bien que l’elfe et l’alchimiste n’en aient sûrement pas besoin pour l’envisager eux-mêmes.

Profitant d’un moment de calme entre deux chansons, elle s’en alla à la suite de la guerrière, venant s’adosser au bastingage, non loin de cette dernière.

«  Les vagues ont quelque chose de réconfortant n’est-ce pas ? De… mélancolique, un peu.
Je suis désolée si je t’ai blessée ou si j’ai ranimé de mauvais souvenirs, ce n’était pas mon intention…

Tu veux en parler ?  » demanda-t-elle tendrement, ne souhaitant pas être invasive outre mesure.




Sur le pont, sous les étoiles :

Scath haussa les épaules, un air faussement suffisant sur le visage. A vrai dire, elle-même n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle faisait avant, et elle essayait de ne pas trop penser à ce que lui avait dit son "vieil ami" plus tôt… et après tout, ça n’avait pas une si grande importance. Et ce n’était de toute manière pas le meilleur moment pour en parler. Enfin, du moins le pensait-elle…

«  Si je peux aider… n’hésite pas ma grande !
Et crois-moi, ton caractère est très bien comme il est ! T’as juste besoin d’affection, y’a pas de mal à ça. Tu sais… je te donne peut-être l’impression d’être plein de confiance et de ressources parfois, mais au final, on n’est pas si différentes. Moi aussi j’en ai besoin tu sais, y’a pas de honte à ça.  » répondit-elle tendrement.

Puis son ton se fit un peu plus sombre, un peu plus songeur…

«  Je ne sais pas ce que j’étais pour être honnête… Je ne sais même pas si j’étais quelqu’un de bien tu sais. Quand je vois la manière dont je me bats… j’ai parfois l’impression d’avoir fait ça toute ma vie. Mais… j’ai beau essayer de me convaincre que c’était pour la bonne cause, j’ignore dans quel camp j’étais…  » se confia-t-elle, mélancolique.

Elle lâcha un petit rire nerveux.

«  Des fois, je me demande pourquoi je ne me suis pas contentée de cultiver des carottes. C’est quand même plus sain comme vie. Tu ne t’en rends sans doute pas compte, mais pouvoir aider… ne serait-ce qu’en écoutant, tu vas trouver ça bête, mais je trouve que ça donne un sens à ma vie, en quelque sorte…

Mais t’inquiète pas, je retiens ta proposition !
Bonne nuit Cory.  » rebondit-elle, tâchant de ne pas finir sur une touche morose.

La Souveraine de la Sellen

Conversation au bastingage, avec Scath

Tatiana, pâle et transpirant à grosses gouttes, s'étaient éloignée de la fête qui battait son plein. Iji et Suzae avaient relevé le gantelet, chantant en canon une chanson de pirate que tout l'équipage était en train de reprendre. Et histoire de rester dans le ton, il s'agissait d'une ode aux charmes d'une fille de capitaine.

Tatiana était allée s'accouder au bastingage, et la brise aux senteurs de la nuit semblait l'avoir un peu calmé...mais elle serrait toujours ses mains qui tremblaient violemment. Elle ne réagit pas tout de suite lorsque Coriolis et Scath vinrent s'enquérir de son état. Elle avait le regard plongé dans les eaux du lac.

« Non, non...tu n'y es pour rien, Scath...je...pense que c'est la musique. Je ne sais pas pourquoi, mais elle a ranimé la douleur dans mon oeil... »
Elle effleura du bout des doigts la longue balafre en travers de son visage.

« Est ce que vous ressentez ça, également? Des...des sortes de fragments de souvenirs. De visions. Des...j'ai l'impression que ce sont des morceaux de mémoire, mais pas de ma mémoire. Je me sens...Détachée. Comme si je n'y étais pas. Et en même temps, j'en ressens tous les aspects. Et la douleur...vous voyez ce que je veux dire? »

La Souveraine de la Sellen

Conversation au bastingage, avec Scath

Tatiana tressaillit violemment quand la main de Scath se posa sur son épaule, aussi bref qu'ai été le contact, et la tieflinne pu voir ses phalanges blanchir sur le bastingage alors qu'elle retenait son instinct. Elle inspira profondément, calmant son souffle erratique.

« Ne sois pas désolée, tu n'y peux rien...et j'apprécie que tu ais pris le temps de nous improviser une chanson. »

Tatiana se tourna, regardant directement Coriolis et Scath.
« Je...n'avais pas pensé qu'elles puissent être les souvenirs de quelqu'un d'autre. Mais...je suis sûre de moi. J'ai l'impression d'y être! Et pourtant, je me sens spectatrice de ma propre mémoire. A moins bien sûr que je ne me trompe et qu'elles ne m'appartiennent effectivement pas.

Je veux bien vous en parler, mais je n'ai pas grand chose de cohérente...je me vois dans les rues d'une cité, mes soeurs d'armes avec moi, cimer au vent...des cadavres qui jonchent les pavés, rongés par une mousse rouge. Je vois les morts s'agripper à mes jambes, rayer mon bouclier, et je sens la brûlure dans mes muscles et mes poumons en luttant pour ne pas perdre pied.

Je vois...Une femme? Une femme en robe rouge. Avec...je crois que c'est une couronne. Mais j'ignore son nom. Je ne ressens que la douleur de mon oeil, et les bandages sur ma peau. Je n'entends pas ses paroles.

C'est...tout. L'essentiel, en tout cas. Il y a d'autres fragments, plus flous, de champs de bataille, mais je ne saurais comment commencer à les décrire. Je...ne sais pas quoi en penser. Si c'est bien moi, qui étais-je? Je me souviens de ma lame dégoulinant de sang...et il y a ce qui est arrivé à Melisenn. »

La Souveraine de la Sellen

L'intervention de Coriolis parvint à arracher un mince sourire à Tatiana. Même si elle était encore tendue et sous le choc, la guerrière semblait avoir retrouvé un semblant de sérénité.
« En effet...et je suis heureuse de pouvoir compter sur vous. Merci. D'être là. »

La mention de Lowls l'assombrit.
« Hum...en effet. A minima, il faut que nous l'empêchions de nuire à qui que ce soit d'autre. »