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Flattée, la drôle de princesse strixe plia le genoux en une révérence de circonstance.

« Bonsoir Dame Pelzo... Disons que le tailleur a été très magnanime. Cela vous plaît-il? L'uniforme de la Réclamation offre un certain charme... »

Je veux plus de compliments sur ma tenue, beaucoup plus! décrétait son immense orgeuil. Ce n'était plus une strixe sauvage et impérieuse qui se trouvait devant la générale. Plutôt une prédatrice cachée derrière des belles manières et des beaux atours, présence écrasante. Comme si elle attendait quelques instants avant de dévorer son repas. Sans public autour, ses pupilles mordorées semblaient brûler la belle cape rouge sur armure argentée.

« Je vous remercie de me recevoir. Vous devez être très occupée... Je ne sais pas trop par quoi commencer. »

Maintenant qu'elle était entrée, l'étiquette souhaitait qu'on lui offrit une chaise et quelques gourmandises. Elle attendit donc sagement à quelques pas. Ou est mon dîner aux chandelles? Espérait-elle depuis de nombreuses heures.

Modifié par un utilisateur dimanche 18 juillet 2021 02:12:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

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La remarque de la générale fit pouffer Symphe. Elle avait toujours eu le rire facile en tant que bonne vivante. C'est un peu plus détendue qu'elle posa ses fesses sur la chaise devant elle. Même assise, ses ailes lui donnaient une taille encore immense.

« Je crains que les héros ne naissent pas laids dans les contes. L'habit fait le moine... » Parodia-t-elle l'expression populaire. La strixe adorait cette table et que l'on soit aux pets soins pour elle : cela se voyait sur son visage. Elle ne se souvenait plus elle-même d'avoir eu une sorte de... Soirée? Loisirs. Ce qui rendait cette nuitée d'autant plus précieuse pour elle. Ne manquait plus qu'un peu d'alcool... Oh. Elle réajusta mieux son écharpe pour se cacher le cou.

« Oui, merci. Cette bouteille est dangereuse pour moi : j'ai la descente facile... Si je raconte des bêtises je plaide non-coupable d'avance! Pour ma part le nom de famille que j'ai choisit est un... Jeu de mot. Dame L'Oiselle... Damoiselle... Je ne suis pas allée chercher loin mais je trouve ça très drôle. »

Symphonie avait toujours été un clown à plumes, et elle espérait bien que ces mots d'esprit dériderait Cypria.

« Je me suis permise de ramener une troisième invitée... Est-ce que les reptiles vous dérangent Cypria? J'aimerai vous la présenter. C'est ma nouvelle assistante, il serait injuste qu'elle reste dans l'ombre. »

Sortit de sous les jupons de la strixe, lentement et sournoisement, une silhouette longue... vert émeraude... et aux pupilles d'améthyste. Un superbe cobra royal qui semblait lui aussi s'être fait beau pour l'occasion : ses écailles brillantes et colorées magiquement, son petit noeud papillon moucheté aux couleurs de sa maîtresse strixe.

« Je ne sais pas si elle aime le vin... Elle goûtera dans mon verre à l'occasion. Elle s'appelle Doll. » Continua Symphe de plaisanter. L'animal atterrit souplement sur ses genoux, s'enroulant tranquillement afin de profiter de sa chaleur.

Dolosa était bien mieux au chaud sous les jupons de Symphe, mais celle-ci l'avait persuadée avec quelques caresses antérieures de faire son numéro de charme. Maîtresse qui commença à papouiller le serpent comme une peluche : tout autre espèce aurait déjà mordu et craché, mais Doll, Dolly, Dolos, Dolosa, avait été crée pour supporter toute l'affection possible de sa créatrice. Alors elle se contenta de croquer sans venin les griffes vernies touchant un peu trop son crâne.

« Je peux vraiment la ranger si tu n'aimes pas les reptiles... Cypria. » Répéta Symphe, toute heureuse de cette nouvelle présence. Si elle avait été moins à l'aise elle n'aurait pas sorti son familier. C'était sûrement une folie mais... Vu qu'elle était déjà destinée aux Abysses, une petite folie supplémentaire ne faisait pas de mal. Et avoir un cobra qui apparaît en cas de contact tactile, pouvait causer des sueurs froides.

As-tu peur d'un simple serpent Cypria? Se demandait-elle. La générale risquait de perdre des points au classement si elle n'appréciait pas ce genre de créatures... Ou pire, hurler et jeter le serpent par la fenêtre.

Modifié par un utilisateur dimanche 18 juillet 2021 21:11:58(UTC)  | Raison: Non indiquée

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« De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités... Nous désirons toujours quelque chose de nouveau. » Sourit-elle mystérieusement. Voir Sa Maîtresse chaque jour siéger sur un trône lui avait fait comprendre à quel point ce genre de travaux, relevaient d'une malédiction certaine. En vérité, elle n'avait aucunement choisis son nom. Elle avait proposé une belle liste, et une petite main humaine avait posé son doigt sur la ligne adéquate.

Pour une personne sans droits ni titres cela ressemblai à l'époque, à un choix plus libre et consciencieux que la moyenne. Symphonie, Symphore, Symphe... Et le compliment direct lui pinça le coeur : ah, l'on peut avoir mal là finalement. Tant de compliments commençaient à la faire rougir, ou plutôt brunir. Heureusement que l'écarpe cachait son cou brûlant...

« A la descente facile! » Avec toutes ces péripéties, la strixe ne s'était pas rendu compte à quel point elle était assoiffée. Une bonne moitié du verre parti à petites lampées. Puis acquiesça lorsque Doll voulut mettre son nez dedans, montant sur la table. Dolosa avait tout à découvrir... Sa longue langue serpentine fendit l'air pour sentir l'alcool : une odeur toute nouvelle.

« Doll est née il y a une heure ou deux... Elle est restée en incubation sous l'état d'oeuf, pendant de longs mois. Je l'ai nourrie de mes propres plumes, ce qui signifie qu'elle me considère comme une... Sorte de mère. Mais c'est plus complexe que cela. D'ailleurs la formule alchimique à propos d'elle est tellement longue qu'elle devrait couvrir cette table... Je ne sais si elle est à proprement parlé vivante? On pourrait la nommer comme un clone de moi même. Une partie de moi même qui se balade... C'est ce que sont les tumeurs familières des alchimistes. » Elle marqua une petite pause pour que Cypria digère l'information.

« J'ai eu de la chance moi aussi. Rares sont les personnes à part les nobles, à pouvoir se payer une strixe. C'est pourquoi j'ai eu beaucoup plus d’opportunités que la majorité de mes congénères. Contrairement aux croyances humaines, les peaux de bêtes ça gratte. » Gloussa-telle pour faire s'envoler son malaise. Parler de son ancien maître... Parler de Sa Majestrix en mentant sur ses affiliations d'avance. Tout cela donnerait un mauvais goût au dîner. Vite, une nouvelle bêtise. « Quel a été ton chemin quant à toi? A moins que tu ne sois juste descendu du ciel pour nous aider pauvres mortels, ce qui expliquerait pas mal de choses... A commencer par la jolie cape! »

Modifié par un utilisateur vendredi 23 juillet 2021 11:07:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Doll mit définitivement son nez dans le verre, lapant du bout de sa langue serpentine le nectar. Elle fit une drôle de tête. Goûta de nouveau. Refit une drôle de tête. Puis sortit ses crocs de surprise lorsque Symphonie joua avec son morceau de queue qui traînait sur ses genoux. L'alchimie, un de ses sujets préférés avec la littérature outrageante et les potins.

« J'ai besoin de l'habituer au contact humain... Les reptiles beaucoup manipulés lors de leurs premiers mois de vie sont les plus dociles. Pour les lanceurs de sorts à ce que j'ai compris ce sont soit des contrats avec des extérieurs. Soit des animaux imprégnés de magie à l'aide de rituels. Soit d'autres procédés similaires. Ce n'est guère ma tasse de thé, je ne m'intéresse pas vraiment au côté magique des choses. L'alchimie me suffit. » Elle rattrapa le verre que Doll souhaitait faire tomber par pure vengeance, reprenant de belles lampées.

« L'alchimie est le propre de créer par le -Rien-. Créer ce qui est -Rien- en -Chose-, en -Matière-. La chimie permet de copier ce qui est -Naturel-, ce qui ne peut pas être en ce qui peut être. L'alchimie crée ses propres règles, chaque alchimiste ne ressemblera aucunement à un autre. Différents courants aussi bien philosophiques que techniques la parsème.

Pour Doll cela signifie une formule complexe. En partant sur un oeuf de cobra basique, que j'incube dans un liquide particulier. Cela part sur une bonne dose de mon sang pour simuler la vie. Mes plumes pour simuler le lien de l'espèce. Et une vingtaine d'autres serpents pour lui donner sa force. Ainsi que des composants alchimiques équilibrés pour produire une sublimation future. La terre et l'eau réunies, pour la nuit de la métamorphose.

J'insuffle ensuite la vie : le feu. Le mélange doit être réchauffé à bonne température. Le propre des reptiles est d'être très sensible à la chaleur, alors il faut être vigilant. Un degré, une goutte de trop : tout est à recommencer. A cette étape du processus Doll est une sorte de pate que je suppose sentiente. L'aube de sa métamorphose a commencé : ses premiers souffles, ses premiers cris.

La suite est à base d'opérations permettant à la forme visqueuse de prendre celle de la vie : l'eau et la terre, mélangée au feu et à l'air. C'est ce qui lui permet d'avoir une forme définitivement physique. Une fois séchée : elle nait. Je lui parle tout le long du processus, lui expliquant ce que j'attends d'elle. Je vérifie chacunes des capacités que je lui aient attribuées. Je répète son nom. Alors, nous sommes définitivement liées. »

Comme souvent, la strixe s'était mise à parler toute seule. « Désolée, l'alchimie ce n'est pas très romantique! Lorsque l'on est né sans pouvoirs magiques, titres, ou bien argent... il n'y a pas vraiment trente-six solutions. Je souhaitais un métier confortable. Je peux vivre pendant des années en vendant seulement une potion. Mes connaissances en médecine m'ont aidées plus d'une fois. Les alchimistes sont rares. Ce qui a augmenté d'autant plus ma propre valeur. Le prix à payer était ce qu'il était... » Elle dodelina la tête sur le côté, ne souhaitant pas se perdre dans ses souvenirs.

Pendant ce temps Doll découvrait la table et le principe des couverts, des assiettes et du chandelier. Les couverts étaient froids et désagréables, le chandelier chaud et brillant mais trop chaud de près. Symphe toussota pour reprendre un peu de courage. Son verre désespérément vide.

« Je n'ai jamais entendu parlé des Croisades Mendeviennes. Qu'est-ce que c'est, c'est colonial? Pour annexer d'autres territoires? ... J'avoue ne pas connaître grand chose de ce côté là : à part voire des guerriers torses nus les batailles et moi... » Gloussa-t-elle sur une note plus joyeuse.

La strixe avait un petit rire de gorge typiquement nobliaud, de ces jeunes filles ayant passées leurs années en haut d'une tour plutôt qu'à l'extérieur. Il était difficile de savoir l'âge d'une femme-oiseau, mais entre ses manières enfantines et son maquillage rajeunissant, elle faisait beaucoup plus jeune que la réalité. Après tout, la strixe avait déjà derrière elle une belle carrière de Tourmenteuse assidue. Comme pour compenser une jeunesse perdue, se forcer aux sourires et à l'humour.

Peut être commencer par le début, la jeunesse, serait un bon point. Et remonter tout le long de la chaîne... Au moins avec ses pérégrinations alchimiques, avait-elle peu dit sur son passé. La meilleure manière de mentir était après tout d'omettre certaines informations. Ou bien de noyer son interlocutrice sur des sujets divers et variés.

« J'aime bien changer de statut social. Ce matin c'était strixe mercenaire, ce soir strixe de compagnie... Demain artisane? Je dirais que les serviteurs ont besoin de se faire plus petit que la moyenne, mais depuis que je suis dans mon nouveau groupe je me sens... Vraiment libre. » Un sourire doux s'étiola sur ses lèvres. « Je peux être tout ce que je veux. Que ce soit en troisième ou première ligne on me verra toujours. La plupart de mes compagnons ne seraient pas capables d'endurer les pires blessures. Moi je sais que je le peux, quoi qu'il advienne. Alors faire beaucoup de bruit les protège, oui. Un peu comme toi Cypria... » Fit-elle un rictus plus malicieux.

Blablaba, le moulin à paroles strixe était enclenché et ce n'était pas prêt de s'arrêter.

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Encouragée, Symphe donna le meilleur d'elle-même. Doll descendit de la table et jeta des coups d’oeil aux alentours, recherchant sans nul doute une petite proie. Elle se rapprocha de l’autre côté de la table pour sentir l’odeur de la chevalière en armure.

Récoltes le maximum d’informations sur ton environnement, Dolosa. Nos prochains sujets d’expérimentations seront sûrement les chevaliers que tu verras, avait-dit Sa Maîtresse quelques heures plus tôt.

« Ce ne sont pas des formes élémentaires! … Ce sont des formes sacrées. Je suis persuadée que la vie a été offerte par le mélange de ces éléments. Beaucoup de courants d’énergies parcourent ces mondes. La quintessence de celles-ci amènent au l’équilibre ou au déséquilibre. Les mortels ne font que copier les lois déiques de cet équilibre à travers leurs actions ou inactions.

Je m’inspire doctrine de Parezelce qui était astrologue, chimiste et chirurgien tout à la fois. Son but était de représenter le concept des Dieux et Déesses en un être parfait, sans passer par la pierre-étoile. Pour lui, l’alchimie était la magie naturelle de l'Être : ce qui aléatoirement est apparu par les mélanges alchimiques, a été façonné par les premiers créateurs, Il était persuadé que ces Dieux primordiaux étaient également des chimistes. Il ne parlait pas des Panthéons actuels, mais collectionnaient toutes traces de religion bien avant cette ère, à partir de ruines thassiloniennes et azlantes.

Il exécrait l’alchimie basée sur la politique, particulièrement virulent sur les temples faisant politique de la chirurgie comme ceux d’Abadar, mais n’épargnait aucunement les autres. En cherchant sa voie, il commença à haïr toute forme de divinité, de pèlerinage, de prières : toutes ses formes sociales. Il désirait que l’alchimie soit fondée sur la pratique, et non grâce aux pouvoirs divins. Il rédigea des manifestes qu’il fallait fermer toutes églises et les remplacer par des hôpitaux rejetant toutes formes de religion.

Parezelce fut indésirable de partout, d’autant qu’il faisait payer grassement ses services aux plus riches et alimentait les hôpitaux des pauvres avec ses étudiants formés gratuitement. Ses livres défiaient la doctrine de l’époque qui considérait l’alchimie comme des affaires d’écchlésiastiques et de grands savants. En effet l’alchimie était avant tout un pouvoir entre les mains de l'Église de Minuit, un commerce bien plus fructueux qu’aujourd’hui selon les documents d’époque.

Par la suite, il quitta le Chéliax en vitesse après une énième tentative d’assassinat du clergé, et vécut une vie d’alchimiste vagabond. Il continua ses recherches alchimiques pour créer son Magnum Opus, mais échoua encore. C’était un bonhomme qui aimait trop le vin et la fête : c’est qui l’amena dans l’autre monde. Trente ans plus tard, ses livres furent vivement moqués : on crut à une blague de mauvais goût. pour finir par tomber dans le domaine public, il y a une centaine d’années environ.

Les rares alchimistes que j’ai rencontrés se moquent haut et fort de Parezelce, mais vantent ses livres techniques : un nouvel éditeur avait décidé d’enlever toutes ses philosophies sur la religion pour seulement y parapher l’essentiel. On le prends pour un farceur, un fou, mais lors de sa vie il était considéré comme une sorte… d’ange.

Il est un des seuls que j’ai vu allier ce que tu peux appeler le côté -élémentaire- au côté -déique- justement. En plus de ces signes : terre, feu, air, eau qui composent la matière, il y a aussi bien d’autres éléments… Tirés de lieux forts forts lointains. Dans la pratique j’utilise les deux tables : celle ésotérique tirée de l’astrologie et des divinités, et celle chimique directement liée aux formules les plus mathématiques possibles.

C’est comme ça que j’ai trouvé… mon équilibre. On pourrait résumer la doctrine de Parezelce par ceci : toute entité a deux corps. Lorsque l’entité meurt, son corps élémentaire et son esprit reviennent à la terre. Et le corps astral, la partie sacrée, rejoint le firmament... »

En cas de questions glissantes, Symphonie savait quoi faire, c’est pourquoi elle insista sur ce sujet qui lui tenait à cœur : la doctrine de Doloras comprenait des concepts du décès qui ne désiraient aucunement copier ceux de Pharasma. Notre Dame de la Douleur avait Elle-Même effectué de nombreuses études, probablement des études alchimiques au vu de son rapprochement avec les extérieurs portés sur les arts des tourments.

Malheureusement pour combiner l’alchimie et la chirurgie en pratique il n’y avait pas trente-six solutions. La voie du vivisectioniste lui avait paru dès le début évidente. Cela faisait des semaines qu'elle traînait avec des compagnons aussi sympathiques que des portes de prisons. Fatalement, elle avait besoin de se confier. Et puis elle n’aimait pas trop être considérée comme une petite chose fragile.

« J’ai juste survécu là où des dizaines d’autres personnes y ont laissé leur peau… Je souhaite juste que tout redevienne tranquille. Si l’Église de Minuit disparaît, tant mieux. Avoir une absence d’existence juridique est très confortable pour moi. Je suis une exception parmi les exceptions. C’est cela qui m’a protégé… Tu sais la solitude, c’est pire que beaucoup de choses.

J'aurais pu choisir de ne pas écouter ce Juge… Mais je ne l’ai pas fait. Il a attaqué aux endroits où je suis faible. Il ne faut pas croire comme ça, mais je suis très sensible… Une guimauve à plumes. De deux mètres. Ca fait une bonne centaine de kilos de guimauve. »

Vive une blagounette pour dévier encore l’attention. « C’est mon rire de pouffiasse numéro quatre. Tu aimes? Très belle exécution je sais, je sais. » Refit-elle le même gloussement.

S’il faisait grand soif il faisait aussi grande faim, c’est pourquoi la strixe accueilli ce poulet aux herbes avec yeux brillants. Elle faisait en sorte de bien se tenir. Elle accepta les propositions de remplir son verre et son assiette avec appétit. La présence du serviteur ne lui fit ni chaud ni froid, habituée depuis longtemps aux serviteurs du Palais.

« Volontiers. Merci beaucoup pour le repas. J'aurais dû prévenir que je ne mangeais pas de légumes… Je me forcerai un peu. Avec tous ces voyages je me souviens pas avoir manger quelque chose de bon depuis une éternité. »

Elle fit d’abord honneur au plat, quoique rustique cela ferait amplement l’affaire. Les tavernes sur le chemin de la capitale n’étaient guère à son goût, c’est pourquoi elle le savoura avec une splendide aura de contentement. Pour rendre heureuse la strixe, rien de tel que du poulet : ça lui rafraichissait le teint, le sourire, et faisait pétiller ses pupilles. Elle reprit ses avis politiques par la suite.

« Il n’y a rien d’étonnant à ce que cette guerre ait duré si longtemps, surtout si les diables étaient dans la balance. Ils préféraient être maîtres de tas de cendres plutôt que pour le bien commun : à moins qu’une quelconque autorité les y obligent. Et encore, bon gré mal gré, ils trouveraient toujours des intérêts très personnels à récolter. C’est ce qui se passe à l’heure actuelle : même si la Réclamation gagne du terrain, ils pleurent toutes leurs larmes de leur corps en se faisant passer pour les victimes. Ouin ouin je suis diaboliste je me fais tabasser par des méchants terroristes! C'est parfois très drôle...

Malheureusement leur justice n’est plus démocratique depuis longtemps, si elle ne l’a été un jour : elle est profitable uniquement pour les plus forts. Le système de noblesse par le sang est pour moi aussi caduque : quel intérêt y-a-t-il à se forcer quand ce n’est pas forcément notre voie? Pourquoi mettre au pouvoir des noblesses décadentes n’ayant aucune once de talents? Alors que les nouvelles noblesses chélaxiennes font bien plus d’ombres aux anciennes, le système reste parfaitement corrompu. J’ai vu des tieffelins bien plus efficaces que la plupart des humains, pourtant ce sont eux qui sont méprisés.

Pour en revenir à cette guerre… Si ma question est peut être trop personnelle dis le moi. Mais pourquoi s’allier aux diables étaient la solution de facilité si ils sont tels qu’ils sont? »

Et de manière plus personnelle, si la générale souhaite éviter la question. « Je me demande comment tu étais plus jeune? … En tous cas tu portes très bien ton rang Cypria. J’ai vu bien des nobles de soit-disant hautes maisons qui n’avaient pas un gramme de classe qui t’appartient. La noblesse, c’est une attitude. Ca se ressent... »

Il sembla à ce moment là que Symphonie avait regardé un peu trop longtemps l’humaine dans les yeux. De son regard mordoré et dévoreur. Alors elle préféra découper en petits la volaille pour oublier son coeur battant. J’ai trop chaud, il va falloir ouvrir une fenêtre... Je me demande si elle m’a intercepté à propos de mes intentions… Je n’ai pas eu le temps de m’amuser avec ces chevaliers sur la route… C’est très frustrant... Se mordit-elle les lèvres en repensant à comment elle avait fait chantage au Chevalier de Filos et à cette prêtresse. Un travail seulement à moitié fini selon elle.

Pendant ce temps, Dolosa mettait sa tête sur le coin de la table tout près de Cypria, sa langue sifflante et quémandeuse de poulet. Le cobra impressionnant l’était un peu moins en faisant sa tête de… serpent battu?

Modifié par un utilisateur mardi 27 juillet 2021 12:56:56(UTC)  | Raison: Non indiquée

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« Au secours les légumes vont me manger! » Tira-t-elle la langue. « C'est exact, pour ses banquiers. Le matériel médical coûte fort cher. Les hôpitaux, encore plus. Ceux qui ont de la chance d'avoir des guérisseurs privés ou des cliniques bien dotées, vivent bien. Le reste du monde se débrouille. L'alchimie c'est pire, cela permet de fabriquer de la poudre. Et bien d'autres choses...Mais Parezelce n'a pas inventé la lutte des classes... En mon coeur je préfère les notions d'anarchie. Que ce soit de manière relationnelle ou philosophique. » Ses lèvres brillantes et au rouge à lèvres impeccable firent un rictus triste.

« Mais le coeur et le devoir sont deux choses différentes. Si les croyants d'Asmodeus n'ont pas le coeur à l'alchimie, c'est sûrement car c'est une science chaotique. Ce sont plus leurs alliés qui utilisent ce genre de métiers je le pense. En tous cas, la chimie a toujours été considérée comme un métier de seconde zone.

Quand j'ai commencé mon entraînement, mon Maître m'a mise en garde. La plupart des alchimistes ne vivent pas extrêmement vieux au vu des liquides qu'ils absorbent. Seuls les meilleurs arrivent à l'âge de la retraite. A l'époque on s'en fichait pas mal de ce que je faisais avec des fonds de fioles récupérés, tant que je ne cassais pas du verre. Par expérience, les formules de notre cher alchimiste posthume devaient être particulièrement dégueulasses à boire. Malheureusement l'urée d'alchimiste n'est pas une légende! » Pouffa-t-elle de nouveau en noyant son rire dans le verre de vin.

« Ses écrits ont été brûlés, c'est un miracle que j'ai pu me fournir son livre. C'est peut être ça le mystère... Peut-être a-t-il trouvé les Anciens Dieux au final. Son écriture est difficile à lire : c'est plus un journal intime qu'autre chose. L'éditeur en question s'est approprié ses écrits : je les aient reconnus. Mais uniquement les formules théoriques... Sous un nom de plume prêté. A moins que personne ne l'ai trouvé intéressant à part moi, ce qui est très possible. »

Selon Doloras, la mort accordait le repos. Un repos particulier. Sa juste place dans ce monde, sera aussi dans la mort. Le décès n'était qu'un passage dans une autre dimension, pour une nouvelle carrière. Pour tout recommencer ailleurs. Notre Dame de la Douleur était morte en tant qu'ange pour renaître en tant que diablesse. Elle avait recommencé le cycle. Symphonie avait toujours trouvé ridicule qu'un tribunal la juge de son vivant ou bien après, c'est pourquoi elle garda son avis pour elle. L'objectif n'était pas de passer pour une dépravée non plus. En tous cas pas tout de suite. Elle se plaisait déjà à dérider son hôte. Rendant les sourires et les regards.

« J'aimais trafiquer les duels. En tous cas ce que l'on appelle duels de chafouins : au lieu de venir me chercher des noises directement, l'on venait me faire des crasses. Certaines choses sont plus faciles à saboter que d'autres. Faire deux mètres et être réputée mangeuse d'hommes sert souvent. Mais pas toujours malheureusement. Je n'aurai jamais dis non à un duel en bonne et due forme... Mais comme ces dits nobles n'avaient aucune chance contre mes dagues. Et que par mon statut il me détestaient particulièrement.

Les boules puantes ou les fourreaux collants faisaient très bien l'affaire. On le remplit d'acide et de colle. Le métal fond lentement à l'intérieur et reste collé aux parois. Et pouf! Une lame de famille inutilisable. Ou bien les taies d'oreillers remplies d'herbes à puces : les jeunes demoiselles fuyaient comme des mouches en cas d'attaques de poux... On n'a pas eu les mêmes sortes de duels. Mais j'aimais bien. » Cela rappelait de bons souvenirs à la strixe, une des seules manières de se défouler étant d'inventer les pires blagues possibles.

Le sujet des cicatrices lui tira un sourire gêné. Son regard dévia autre part. Difficile de se trouver belle lorsqu'on était un tableau écorché. Pour pourvoir son art Symphonie avait dû bien donner de sa personne après tout. Quitte à détruire sa vie personnelle, ou ses restes de beauté. Elle avait écouté avec intérêt les informations de l'humaine sur les avancées des troupes. Tout cela ne lui disait rien qui vaille. Le sujet des diables semblaient lui aussi tabou. Pour cracher sur eux, Symphe semblait bien présente. Mais parler de leurs méthodes la mettait mal à l'aise.

« La propagande parlent de vous comme des fous. Des terroristes. Mais à ce que je comprend. De ce que tu me dis... En fait, la dirigeante actuelle, Sa Majestrix reproduit la même chose que vous. Elle délaisse les familles qui ne tiennent pas leurs rangs et fondent des nouvelles non plus liées à l'ancienneté mais à la compétence. Pourquoi ne pourriez pas vous allier dans ce cas? Trop de nobles décadents traînent, trop de diabolistes qui abusent de leur rang, trop de magouilles...

A ce que j'ai compris cela fais des années aussi qu'elle essaye de purger tout ça. Personnellement j'ai beaucoup d'admiration... Pour Elle. C'est une femme très jeune qui est montée sur un trône, entourée sûrement de machistes en puissance. Elle ressemble un peu à la femme que tu sers non? Qu'est-ce qui pose problème? L'Église? Les Chevaliers Noirs? Quelque chose que les gens ne savent pas?

Pleins de personnes de tous horizons sont dans ton armée... Je les aient vus dans la cour. Beaucoup de bannières, beaucoup de races différentes. Qu'est-ce qui les amènent tous ici? »

Pourquoi est-ce qu'ils se battent contre Elle... alors qu'Elle a la même philosophie? C'est incompréhensible.

Elle chercha longuement ses mots. Au fond, à quoi servait-elle? Ou à quoi son existence avait servit terrible question. Elle délaissa son poulet pour croiser ses mains aux beaux ongles longs et vernis; griffes limées tout aussi parfaitement que le reste de sa tenue.

« Je dirais que j'étais un animal de compagnie. Ca consiste à jouer avec les enfants du Maître lorsqu'ils sont petits. Les amuser. Ou se faire punir à leur place. Plus tard, c'est suivre un entraînement pour les protéger et suivre tout ce qu'ils demandent. Une sorte de super-serviteur. Et quand ils n'ont plus besoin de leur animal de compagnie... Ou que celui-ci ne les amusent plus... Il reste dans un coin. Ce qui m'a offert beaucoup d'ennui. Mais aussi beaucoup de libertés quand personne ne fais attention à vous. C'était pas faute d'avoir une sale tronche pour se faire remarquer.  » Ironisa-t-elle sur son statut de strixe. « Mon premier Maître était méchant. Le deuxième... je n'ai pas l'impression qu'il faisait attention à moi... C'est mieux que je sois ici... Mais ça rend tout vraiment très compliqué. »

Sujet encore plus douloureux que les diables, restait l'indifférence de Sa Majestrix à son égard. Une fois adultes, les enfants n'ont plus rien à faire de leurs canidés familiaux. A part pour la chasse à courre. Un beau chien. Un beau vase. C'était du pareil au même. Peut être même L'avait-elle envoyée en mission suicide exprès. Mais à quoi bon cela servait de refaire le monde...

Voyant qu'aucun poulet ne fuirait la table en la compagnie de Cypria, Doll reparti de l'autre côté de la table quémander son dû. La strixe lui jeta un petit morceau de poulet pour se changer les idées. Le serpent allait bien mettre dix minutes à avaler et jouer avec le morceau. Puis faire la sieste. Cela restait un reptile après tout.

« Comment se fait-il comme une noble comme toi ne soit pas déjà mariée? Je ne vois pas de bague... Pas de Monsieur ou Madame Pelzo? Oh c'est une question très indiscrète je sais. C'est pourquoi je la pose. » Taquina Symphe en essayant d'oeuvrer de façon plus personnelle envers cet entretien. Avec sa tête de chipie.

Modifié par un utilisateur jeudi 29 juillet 2021 16:48:09(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Symphonie contenait son rire tant bien que mal, mais voir s'esclaffer Cypria la fit partir dans un long fou rire. Elle eut beaucoup de mal à le stopper. Des exclamations rauques et joyeuses qui la firent vriller jusqu'au bout des plumes. Dolosa releva la tête de son poulet comme si elle avait entendu un démon.

« Je ne regrette absolument rien! Le plus dur était de se retenir de rire à chaque fois que je les apercevaient... Je me souviens encore : le poil à gratter dans les interstices d'armure, le vin spécialement digestif, les shampoings colorés à leur insu, les chaussettes pleines d'aiguilles... Ou alors les rats crevés sous la toiture. On cache sous une ardoise et ça empeste pendant des semaines! Impossible de savoir d'ou ça venait! Krihihihihihi! ... »

Il fallait bien ensuite parler de sujets qui fâchent, c'est pourquoi son grand sourire s'estompa en un rictus triste. Blasé. La strixe avait toujours eu la meilleure place pour constater les pêchés des autres. Le deuxième et le troisième verre était partis comme du petit lait. L'alcool semblait si similaire aux fioles de curares dans ses moments là. Les boire chaque matin sans réfléchir.

« Tu as tout à fait raison. Sa Majestrix. Les Chevaliers Infernaux. L'Église de Minuit. Ils se dévorent entre eux depuis des années. Ce n'est pas parce qu'il y a un -nouveau concurrent- qu'ils coopéront plus efficacement qu'à l'ordinaire. Même les nobles qui apprécient le haut du pouvoir, rechignent à y aller. Ils ressemblent souvent à des enfants qui se chamaillent. » Elle essuya ses lèvres avec la serviette de table. Le maquillage de qualité resta tel quel.

« Sauf qu'aux lieu de détruire des cubes, ils détruisent quiconque tombe sous leurs mains. Je ne sais pas si un jour, tout ce monde sera jugé. C'est la culture du silence. Beaucoup de personnes y gagnaient avant l'arrivée de la Réclamation. Ces personnes là gagnent d'autant plus depuis que vous êtes là. Elles gagnent le terrain qu'elles n'auraient pas eus en d'autres circonstances. Pendant que la Réclamation gagne les plaines physiques, d'autres gagnent des terrains politiques... qu'ils ne sont pas sensés gagner.

Pour les petites gens, c'est pire, car ils n'y gagnent rien. A par la mort, l'esclavage comme tu dis, ou être réquisitionnés. J'ai l'impression que c'est un peu dans la culture chélaxienne d'être ambitieux. Du coup cela augmenté les actes de violences comme à Longrace. Lorsque je suis arrivé dans la ville, deux corps au piloris. Apparemment servis comme exemples non pas par les diabolistes, mais par les villageois eux-mêmes. De même, des halfelins avaient été enfermés pour leur propre sécurité. Car les villageois voulaient les brûler probablement.

J'ai l'impression que c'est dans la culture humaine... De tout détruire. Ce que tu me racontes à propos de la Réclamation semble antinomique de la psychologie de ton espèce, de ce que j'ai vu. Je suis très misanthrope. A part des solutions extrêmes, je ne vois pas comment l'on peut étouffer les prémices d'une guerre civile. Je ne vois pas comment on peut les arrêter. Même enfermés et baillonnés, les chevaliers noirs comme les nobles corrompus ou les diabolistes, continueront de faire du mal autour d'eux. S'ils pouvaient disparaître cela règlerait bien des problèmes...

Je ne vois pas comment vous... pouvez ne pas vous perdre vous-même. Perdre votre moralité, votre esprit, vos convictions en tant que personnes de la Réclamation. Tout en combattant ce genre de personnes. La plupart des civils sont pour ce système, par apathie. Si on supprime ces règles... Ils seront totalement perdus. Ils le sont déjà. Sur le plateau d'échecs des Puissants, nous ne sommes rien. »

Symphonie ne savait que trop bien à quel point ce genre de personnages devenaient gênantes au fil du temps. Un avertissement de Sa Majestrix. Était déjà un avertissement de trop. Il était normal que la gangrène disparaisse pour faire fructifier les nouveaux fruits de l'arbre. Mais en retour, la strixe recevait le poids de ses actes : plus l'ont essayaient d'exterminer une idéologie, plus celle-ci revenait comme un boomerang. Si Cypria pensait que Symphonie se morfondait pour le bien commun, elle faisait à présent une étrange tête en rapport envers toutes les personnes qu'elle n'avait pu exterminer. Si j'avais été envoyé en dehors du Chéliax, rien de tout cela ne serait arrivé. Juste du sang sur le sable. Pas de guerre... Pas de désespoir...

La main sur la sienne lui fit l'effet d'un apôtre descendu des cieux la réconforter. Elle attrapa cette main et la serra fort. Malgré ses atours, les mains de la strixe comportait toutes les coupures dédiées à la chimie et la serrurerie : des paumes trop douces aux fines cicatrices. Elle portait encore profondément les marques de l'explosion de la chambre du tieffelin : petits points de dalmatien gris.

« Je ne sais pas si tu es une bénédiction ou une malédiction. Mais je suis heureuse de t'avoir rencontrée Cypria. Je n'ai jamais pu parlé de tout ça... avant. Je ne sais pas si c'est le bon moment de le dire, mais je n'ai jamais eu de dîner en tête-à-tête non plus... » Même avec sa force de colombe Symphe serrait fort cette main, c'est pourquoi elle desserra sa poigne. Elle n'avait pas envie de laisser partir, mais pas non plus envie de forcer cette main gantée. D'aussi près, elle avait du mal à cacher ses pupilles rondes et ses phéromones qui plus elle stressait, se diffusaient. Vite, trouver d'autres bêtises à dire.

« Être moi-même est une bonne voie! Tout le monde n'est pas aussi exceptionnel. J'ai des griffes et des plumes d'excellente qualité c'est déjà bien kraha! Et une lance c'est déjà très bien. Il y a des personnes qui ont moins que ça... » Plaisanta-t-elle avec un sous-entendu salace. « Pour les strixes c'est un peu plus compliqué. Nous avons très peu de mâles pour nous reproduire. En trouver au Chéliax est mission impossible... Mais être vieille fille me convient plutôt bien avec mon sale caractère! Le plus souvent je tombe sur des -animalistes- qui sont très curieux de ce qu'il y a sous des plumes de strixes. Ils repartaient tout tristes bouhou! » Imita-t-elle ses anciennes conquêtes en train de pleurer de déception : qu'une strixe soit juste une humanoïde comme les autres. Elle rit de sa propre blague en pouffant dans son quatrième verre. « La seule vraie relation que j'ai eu c'était avec une petite gnome... Je me demande ce qu'elle devient d'ailleurs. Et tombée sur quelques connards classiques aussi. Des erreurs de jeunesse... »

« A vrai dire je ne m'attendais pas à... rencontrer des personnes de la Réclamation ici. C'était un peu comme une légende urbaine il y a quelques mois. Pourquoi si loin du front? C'est à cause du vin, c'est ça? »

Me noyer dans l'alcool, je ne dois pas, parlait la conscience de Symphonie. Ce vin est très délicieux : je le bois! dictait l'autre côté. Et comme d'habitude ce côté-ci eut raison.

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Peut être que commencer par le début... De par ou commence la haine... J'ai foncièrement passé trop de temps en bibliothèque.

« Pour moi les exceptions confirment la règle... Mais peut être qu'avec les années je deviendrais moins dure. Déjà je dis bonjour aux gens de manière sympathique, ce qui est un petit exploit en somme? Je dirais que de la même manière que les gens s'attendent à une bête sauvage envers moi, j'attends qu'ils me lancent des pierres. Donc la communication dans un climat tendu est très difficile. » Ses longs ongles noirs remirent une mèche derrière son épaule.

« C'est mon métier de me faire craindre. Si je montre un gramme de faiblesse, on m'attendra au tournant. En dehors de cet aspect qu'on attend foncièrement des guerriers, il y aussi le racisme mais également les critères de beauté qui rentrent en compte. Je ne vis pas dans un monde extrêmement sympathique, mais je me débrouille. Mais c'est un peu comme ça que les sociétés fonctionnent : sans cesse à la recherche de ce qui est normal, de ce qui anormal. Connais-tu la Fenêtre d'Oerton? En dehors que c'est drôle à prononcer bien sûr. » La strixe avait poussé un accent un peu comique à Oerton pour marquer les esprits.

La mention de Iomedae fit froncer les sourcils de Symphe. Pour elle, avoir toujours caché sa religion avait été une nécessité. C'était quelque chose de secret, d'intérieur. Qu'on puisse la porter sur des drapeaux et qu'on puisse conquérir des territoires avec lui semblait si irréel.

« Comment peux-tu être sûre que cette Alexeara est envoyée par Iomedae? Lorsque nous entendons la voix des dieux qui nous parlent, nous savons de qui il s'agit. Il n'y a pas de mensonges : la parole de la déesse est vérité et sa volonté doit être faite. Mais lorsqu'il s'agit des autres? Comment être sûr que cette personne fait ça pour la Déesse et non-pour elle-même? Est-ce qu'un artefact justifie uniquement cette vérité? Les objets magiques peuvent être transformés, viciés, ou même portés par qui ils souhaitent si ce sont des entités intelligentes. N'importe qui peut porter un objet magique. N'importe qui peut se déclarer Élu d'une Déesse.

Comment fait-on pour le savoir? Comment faire confiance envers une personne qui sort de nulle part? Ou plutôt, qui soudainement arrive avec un artefact et se déclare Sainte... J'ai vu bien trop de diabolistes utiliser leurs symboles pour leurs ambitions personnelles, ce qui m'occasionne particulièrement de méfiance... Surtout dans le système du jeu de la noblesse. Et du schéma opportuniste actuel.

Pourrais-tu m'éclairer face à mes doutes? » Petit sourire en coin, essayant d'adoucir ses propos. « Ne pas savoir... Ou juste croire en quelque chose de mieux... Sont des réponses valides. Un vrai leader ça se ressent après tout. »

Sur des sujets bien plus personnels, Symphe commençait à ressentir de très grandes pressions. Elle savait que ses compagnons attendaient des résultats. Que Sa Majestrix attendait des résultats. Et que fondamentalement son esprit avait énormément de mal à détacher ses yeux de la magnifique guerrière de plates à table. Un cocktail extrêmement toxique. En plus de l'inefficacité de l'humour grivois. Non décidément il faisait trop chaud ici.

« Moi aussi je suis heureuse... Je ne sais pas comment décrire notre première rencontre... Comme si un aigle m'avait arraché le coeur? Ce serait mentir que je suis ici uniquement... » Cacher son cou brûlant qui remontait à ses joues était une fausse bonne-idée. Elle laissa la main ganté de Cypria pour dénouer ce morceau de tissu étrangleur. « ... Que je suis ici de manière uniquement professionnelle. Est-ce possible d'ouvrir une fenêtre? Et est-ce que cela te dérange que je fume un peu? Même si ma première drogue reste le sucre évidemment. »

La remarque sur les deux fronts ne lui plut cependant pas, l'inquiéta même. Dans son fort intérieur, elle aurait voulu que tout reste calme. Que tout redevienne comme avant.
« Est-ce que cela veux dire... Que la guerre arrivera jusqu'ici prochainement? »

Modifié par un utilisateur lundi 9 août 2021 21:28:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Voilà bien des années que Symphe ne comptait plus sur la bienveillance des autres. C'est pourquoi elle eut un petit sourire gêné et préféra continuer sa diatribe sur Oerton, préparant son tabac en dégainant la tabatière d'écailles de tortue. Le calumet bien entretenu de même nature à côté, au bec métallisé pour contenir les mâchouilles de carnivore fumeur.

« Dans une société, il y a des opinions publiquement acceptables ou non. Je vais prendre l'exemple de la Réclamation pour en expliquer cette Fenêtre, par des phrases simples.

Avant que votre groupuscule apparaisse, il était -Impensable- que la Réclamation existe comme autre-chose qu'un croque-mitaine. » Certains mots particuliers étaient appuyés plus forts que les autres.

« Quand soudainement, les rumeurs s'étiolent, et un groupe -Radical- nommé les Terroristes de la Réclamation apparaît.

Par la suite, les habitants de Sénara, notamment les tieffelins, trouvèrent -Acceptable- non pas de tirer à vue sur ces dits-Terroristes, mais de les laisser faire dans un but de cohabitation.

Ils commencèrent à trouver les actions et les revendications de leurs nouveaux chefs -Raisonnables-. Certains commencèrent à trouver les idéaux de la Réclamation -Populaires- par rapport aux dirigeants précédents.

Jusqu'à adhérer totalement à Alexeara et sa nouvelle -Politique Publique- qui est de bouter les diables hors du Chéliax, intégrant son armée et devenant actifs dans ses rangs près ou éloignés pour diverses raisons.

La fenêtre d'Oerton n'est ni bonne ni mauvaise. Elle explique simplement comment une idée politique peut devenir le centre de préoccupation d'un pays. Pour l'instant, c'est l'Autre Côté qui a l'avantage en contrôlant la propagande et en vous faisant mauvaise réputation. Cependant, en reconnaissant l'existence même de la Réclamation, ils vous ont donnés une légitimité dans le débat public. Inconditionnellement ce n'est pas uniquement une guerre des armes. C'est une aussi une guerre des esprits et des idées.

Cette fenêtre peut être plus grande pour laisser passée la lumière, constellée de rideaux pour ne pas trop qu'on en parle, ou bien complétement condamnée sur certains sujets de sociétés. D'ailleurs n'hésites pas à voter pour ma nouvelle démocratie strixe : plus de fenêtres et moins de portes! » Finit-elle par exploser de rire, pensant à sa blague stupide dès le début. Ses ongles d'ébène firent tomber quelques feuilles par terre à force de dire des bêtises. Elle dû bien se baisser pour ramasser les feuilles, et son décolleté profond doublé de sa taille serrée, n'arrangeait pas son affaire d'avoir fait un bon repas. Limite si elle n'avait pas lécher l'assiette avec. « Raaaaah! » Râla-t-elle finalement en récupérant avec son pied.

Définitivement, elle se sentait bien mieux après de belles bouffées roses : un tabac fort chimique remplis de fruits rouges. La strixe comprenait parfaitement Cypria, ces paroles lui rappelait la propre relation qu'elle entretenait avec sa propre Maîtresse. Techniquement, cela faisait aussi une quinzaine d'années qu'elle connaissait Sa Majestrix. « En effet, ça ne ressemble pas à une coïncidence. »

En compagnie de sa drogue bien-aimée et de la fraicheur du soir, cela lui permis de se calmer un peu. Mais pas pour très longtemps. Ou étais passée la terrifiante strixe capable d'écraser n'importe qui d'un simple regard? Eh bien apparemment cachée dans les oubliettes, la laissant la gorge toute sèche. Que dirait Mandragore dans ce genre de situations? ... Oh elle dirait sûrement : Je te prend sur cette table chérie, avec pleins d'accessoires. Penches-toi le temps que je sorte la cravache! Sauf que ce n'était pas du tout le moment, surtout pas dans cette situation, et surtout pas face à une très impressionnante guerrière en armure d'une faction tout à fait ennemie. Si je dois mourir un jour, autant que ce soit maintenant...

« L'on a qu'une vie. Je suis discrète et respectueuse. Et... J'ai beaucoup de temps libre... ces temps-ci. »

Symphe se surprenait elle-même ne pas avoir explosé, mais c'était fait. Le calumet fut un peu tremblant après cette tirade. Elle restait une lâche après tout, changeant de nouveau de sujet.

« Je ne pense pas rester dans cette ville indéfiniment... Et il me paraît assez improbable que je rejoigne une légion du jour au lendemain. Cependant je pourrais faire plusieurs choses pour toi. Déjà l'Intendance a besoin d'un certain nombre de potions et autres matériaux alchimiques. Je ne sais pas à combien monteront les commandes, mais je peux essayer d'en faire le maximum.

Ensuite j'ai déjà été... Messagère. Je suis bien plus fiable qu'un pigeon voyageur, beaucoup plus rapide qu'un cheval. Discrète parmi les ombres. L'on me demandait parfois de surveiller certains lieux et de rapporter ce que j'avais vu, sans m'en dire les raisons. Ou à épier certaines conversations. À donner des avertissements à certaines personnes. En plus de savoir me défendre becs et griffes bien entendu. »

Nouvelle bouffée de fruits rouges. « Je ne peux pas nier les compétences naturelles que j'ai acquises. Si elles peuvent te servir, elles sont là. Tu n'as pas besoin de me faire forcément confiance pour les utiliser. Si ce n'est pas possible pour moi, je te dis non. Si ça ne t'intéresse pas, ce n'est pas grave non plus. Dans tous les cas... » Nouveau tremblement de calumet. « J'aimerai passer plus de temps avec toi sans cette armure Cypria. » Calumet qui finit posé sur la table en même temps que sa respiration, coupée. Chaque seconde qui devenait une éternité.

Modifié par un utilisateur lundi 16 août 2021 03:53:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

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Symphe restait son meilleur public, gloussant d'autant plus fort en voyant sa blague fonctionner. Mais la pureté, ou peut être la naïveté de la chevalière la chagrinait. Comptaient-ils vraiment uniquement sur le bouche à oreille? Ou y avait-il autre chose d'important?

« La différence entre une politique et une propagande, c'est la liberté des idées et de presse. Ce qui n'existe pas au Chéliax, car les informations officielles proviennent uniquement d'une seule entité. A moins que tu ne contrôles tout le papier à lettre du pays... La différence la plus grande est, que si tu recherches un combat selon des règles chevaleresque, tes adversaires ne les appliqueront pas forcément. Donc que la Réclamation aura toujours plusieurs lieues de retard, si vous restez droits et honnêtes tout le long de votre diffusion... dans le coeur des gens.

Vous n'avez donc pas du tout les mêmes armes -politiques-, et de moindre qualité. Est-ce que tu comptes vraiment envers la bonté de ton prochain, Cypria? Ca me paraît assez mal parti de compter juste sur le bouche à oreille... Après je ne veux pas faire ma rabat-joie non plus. Les démocraties ont aussi des soucis de corruption. Rien n'est parfait... Le principe du bouche à oreille est après tout de se faire connaître de personnes de confiance, par recommandations. »

La fausse ex-esclave était plutôt heureuse d'avoir fait son petit effet. Elle n'allait pas mentir non plus et prétendre ce qu'elle n'était pas. La surveillance à son égard, de par sa proximité avec Longrace et un Juge invocateur de diables, était déjà actée. De son point de vue orgeuilleux, même dire qu'elle adorait voler des petits gâteaux à la crème n'aurait pas amélioré son sort. Sourire avec petit croc qui dépasse, disparaissant bien vite face à l'insistance du pourquoi de sa fuite. Pourquoi pas plutôt, pourquoi pas plus vite. Pourquoi, pourquoi, pourquoi... Ces questions fâcheuses. Qui remettaient en cause quelque chose de bien plus intime. Là ou ça faisait mal. Dont on ne pouvait répondre que par la rationalité pour survivre.

Rien ne put sortir de la bouche de Symphe face aux questions de la Chevalière. Juste un lourd silence. Avant qu'elle reprenne d'une voix blanche. Les compliments n'arrangeant rien. « Je ne veux pas en parler, je suis désolée. Je suis là... c'est déjà bien. L'emprise peut être autant physique et que psychologique... Je n'ai pas vraiment de muscles, à part peut être les trapèzes à forcer de voler, je compte plus sur ma rapidité et.... » Elle perdit d'autant plus d'air lorsque les morceaux d'armure disparurent.

Il était particulièrement dangereux de tenter une strixe qui ne s'était pas nourrie convenablement depuis des mois. Si en entrant dans la pièce les pupilles rapaces semblaient vouloir dévorer son hôte, les prunelles mordorées semblaient vouloir désormais l'avaler toute entière. Un temps de latence assez long à rester bouche bée, calumet en suspension. Avant de prendre contenance. Se retenant avec sa volonté restante les griffes serrées sur sa cigarette.

« Serait-ce de la magie de flemmardise? J'aurai pu t'aider. Et... » Symphe ne souvenait plus quand ses pas l'avaient amenées juste à côté de cette terroriste trop tentante, comme une friandise qu'on agace sous son nez. Une silhouette ailée trop grande dans la pénombre des chandeliers, les yeux encore plus dévoreurs de plus près, si similaires aux loups. « J'ai toutes sortes d'autres utilités comme les massages thérapeutiques ou les soins du corps, en tant que cosmétologue. »

Ca fais tout de même un énorme repas... Est-ce que je n'ai pas eu les yeux plus gros que le ventre?

Modifié par un utilisateur vendredi 20 août 2021 01:19:25(UTC)  | Raison: Non indiquée