Ces quelques jours en Avendor resteront gravés dans le marbre de sa mémoire comme un avant-goût du paradis qui l'accueillera après sa mort, auprès de son dieu. Le carillon percutant des marteaux sur l’enclume, le ronflement puissant du foyer de la forge, le grésillement vaporeux des fers rougeoyant plongés dans l’eau, toute cette symphonie du forgeron résonnera longtemps dans ses tympans. Sans oublier les odeurs âcres de la sueur des hommes luisant de transpiration ou les vagues d’une chaleur intense qui asséchait les corps, autant de signes, à ses yeux de forgeron, du courage face à un dur labeur. Des valeurs hautement respectables et respectées par le nain.

Sa main droite caressa nonchalamment son armure. Grâce à l’aide du personnel du château, il avait progressé sur la voie de la forge. Il savait désormais enchanter les armures et les boucliers. Il en avait profité pour apporter de belles améliorations sur son équipement. Son armure comme son écu avaient tous deux été renforcés magiquement. Les plaques de métal vibraient d'une énergie qui le maintiendrait éveillé bien plus longtemps chaque jour. Sur la face interne de son bouclier dansaient plusieurs scènes gravées avec finesse. La farandole frôlait le pourtour du métal. Il avait commencé à narrer son épopée en dessins. Les artistes locaux l’avaient grandement aidé dans cette tâche.

Un bateau approchait une falaise escarpée entourée de brumes inquiétantes. Puis une ville entourée de cristaux de givre s’étalait sur les deux rives d’une large rivière. Un traîneau y décollait, sa trajectoire en cloche le conduisant vers une bâtisse qui ressemblait à une coque renversée. Plus loin, une cité de givre cernée par un dragon étincelait. Avant que deux mastodontes ne foncent l’un vers l’autre sur un pont étroit. Une horde de créatures difformes approchaient un gigantesque pic, au-dessus duquel flottait une terre plate surmontée d’un château.

Différents visages transparaissaient en filigrane : une femme mi-squelette mi-cadavre avec une faux derrière les falaises, les traits délicats d'une elfe derrière la cité étincelante, un jarl barbu derrière la maison coque, une Saumen Kar derrière les Khöel'Donta, un démon derrière le pic, une belle dame derrière les terres flottantes. Parsemées en différents endroits étaient plantées les silhouettes de ses compagnons. Un homme pansu gisait allongé dans la masure nordique, une chope renversée à la main et les pieds sur un banc, quelques notes de musique brisées ondoyant au-dessus de sa bouche. Un costaud se dressait devant une grosse hache, un énorme loup fièrement assis à ses côtés, un regard elfique l’observant intensément sous la cité dans la glace. Une femme gracile, le port altier, tenait une fiole enflammée dans sa main. Un tourbillon de flammes enveloppait un ours à la tête d’hibou vêtu de sandales.

Ah que d’heures passées à élaborer ces merveilles ! La sueur ruisselait de son front et dans son dos. Que d’énergie dépensée, de concentration soutenue, de passion partagée avec les meilleurs artistes ! Les émotions qu’il ressentait étaient aussi intenses. Tiraillé entre le bonheur des jours heureux et la tristesse de tout quitter, il en aurait pleuré. Mais ses yeux derrière sa chopine, la veille au soir, luisaient à cause de la fumée des pipes, et rien d’autre. Quiconque se serait aventuré à évoquer une émotion contenue à grand peine aurait reçu une leçon de civisme naine. Oh, les coups de règle sur les doigts étaient juste un peu plus rudes que chez les humains. Ces derniers utilisaient du bois quand chez lui, seule la version métallique existait. En attendant, il fallait quitter ce domaine magnifique et leur hôtesse bienveillante.

« Merci pour votre formidable accueil, Dame Xamara. Le séjour ici a été un avant-goût du paradis, et le quitter est une épreuve de volonté. Seul l’enjeu de notre mission nous impose ce départ précipité. À l’avenir, si vous revenez sur la terre ferme de nos contrées, n’hésitez pas à me rendre visite, je serais des plus heureux de vous revoir et tailler un bout de route ensemble. Et ainsi en sera-t-il de tous les habitants que j'ai eu la chance de rencontrer ici. »

Puis il aperçut son compagnon pégase. « Ah Demnemeon, c’est un plaisir de vous retrouver ! Et un honneur de voler à nouveau avec vous. Ne soyez pas trop enthousiaste, cependant, nous avons le temps d’arriver ! Profitons tran-qui-lle-ment du paysage, voulez-vous ? » Il escalada la selle et s’arrima solidement, contrôlant les attaches à plusieurs reprises. Son destin n’était certainement pas de s’écraser au sol. Il se rappela sa destination, les arbres aux dimensions vertigineuses. Il n’était pas près de toucher le sol… Il soupira. Vivement la terre ferme !

Fredrigo avait disposé de son temps en découvrant de nouveaux pouvoirs magiques.

Il avait flâné ici et là, visitant rapidement les forges, mais s'attardant en bas, là où la vallée féérique lui inspirait poèmes et chants.

Mais surtout, il avait commencé à écrire le récit des aventures qu'il avait vécues, enjolivant ici et là, et s'octroyant souvent le beau rôle.
Dragon d'airain, démons, trolls, pirates et humanoïdes carnassiers des montages s'y croisaient, et la magie de Fredrigo, ainsi que l'aide de valeureux compagnons, mettaient fin aux agissements de ces créatures plus terribles les unes que les autres.

Avant leur départ, il continuait à s'interroger sur la possibilité qu'une simple plume puisse aider à porter le cercueil d'un titan, mais lui qui connaissait un peu la magie savait que parfois, l'inexplicable pouvait se produire, et que les mystères arcaniques étaient insondables et plus vastes que l'univers.

Lorsque Florentia proposa ses potions, il répondit :
« Une potion qui rend la peau aussi dure que l'écorce m'intéresse !
Mais si je m'approche d'un feu, ai-je plus de chances de m'enflammer, ou qu'un bûcheron me confonde avec un chêne ?
Parce que si c'est le cas, je trouve cela quelque peu risqué... »

Il se sentait prêt à affronter la suite de leur étrange voyage.
Mas défier, à terme, le démon des ombres sur son plan laissait entrevoir une fin encore trop hasardeuse.

Chaque chose en son temps.
Je suis encore trop jeune pour mourir, et pas assez connu de par le monde pour périr glorieusement !

Modifié par un utilisateur mercredi 13 octobre 2021 09:23:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

Fredrigo regarda le nain.

« Pas la peine de ressasser cet incident fâcheux !
Je n'étais pas en forme.

Mais la prochaine fois, je vous prends tous deux, le Jarl et toi, et je ne serai pas le premier à m'affaler sur la table. »

Puis, après avoir activé ses manchettes pour faire apparaître une immense cape, en un geste appuyé et grandiloquent, il tourna le dos, faisant virevolter la cape en se drapant dedans, et s'éloigna à grands pas.

Il s'arrêta soudainement et se tourna vers le nain : « Bon, sinon, tu viens partager un verre autour d'un repas chaud, parce que je ne suis pas certain qu'après notre départ, toutes les conditions soient réunies pour manger une nourriture de qualité, chauffée comme il se doit, arrosée avec goût, et confortablement installés !? »

Le nain avait écarquillé les yeux un bref instant. Elle rosit ! Je n’ai pas la berlue, elle A RO-SI ! Le paladin était resté figé, souriant benoîtement. Elle est si belle ! Il dévorait tellement son visage des yeux que ses oreilles étaient subitement bouchées. Ses lèvres paraissent douces comme le cuir tout neuf d’un manche de hache. Le son de sa voix l’enveloppait sans que les mots ne l’atteignent, comme une musique d’ambiance dans une taverne. Je n’avais pas remarqué ses yeux : la couleur du fer après un bleuissage. Une merveille... Mais les yeux de Florentia étaient tournés vers l'intérieur. Elle se remémorait quelque chose. Serait-ce vraiment possible ... qu’elle ressente quelque chose pour moi ?! Le flot musical s’était interrompu.

Il leva les sourcils. Elle avait posé une question ? Non, pas le ton qui monte à la fin de la phrase. Elle avait parlé de quelque chose de personnel, un “je vous en prie” à la fin, c’était très important pour elle. L’armure lui avait peut-être été offerte ? Le don d’un homme, certainement. Un soupirant richissime ? Un père très protecteur ? Stupide nain ! Voilà ce qu’elle va penser de toi ! Tu n’as rien écouté de ce qu’elle t’a dit. Comment je sauve ça, comment ?! Oradin avait souri, tout en se passant la main sur le ventre. « Ce serait un cadeau des plus chaleureux d'un homme enflammé. Niveau armure, en guise d’introduction, on peut dire que ça glisse tout seul, n’est-ce pas ? Comme préliminaire, c’est de la bombe, quoi ! Hé hé ! » Bizarre, elle fait une drôle de tête. Faut dire, l’humour pour t’en sortir, vraiment, mon pauvre Oradin ! Bientôt cent ans et tu es d’un comique … encore autant d’années et tu seras un bouffon royal !

Le jour de l’essayage, les compliments de la dame lui allèrent droit au cœur. Il rougit de contentement. Et aussi parce que son regard n’avait pu s’empêcher de s’attarder sur la poitrine en question. Elle paraissait vraiment satisfaite, il était fier de son travail. « J’ai compris que derrière votre apparence de femme venue du froid - rapport à votre peau claire et blanche comme ces verres oxydés à l'antimoine ou vos cheveux éclatants comme une cascade d’argent - se cache un cœur ardent. Il lui fallait de la place pour s’exprimer. » Il lui adressa un clin d’œil de connivence. « Plus prosaïquement, pour lancer vos bombes comme vous le faites, sa forme doit libérer l’épaule au maximum. D’ailleurs, vous lancez divinement bien, vous savez ? Hum, bon, je suis vraiment heureux que cela vous plaise. Vous êtes ma première cliente, c’était très important pour moi. À jamais votre chevalier servant, chère Florentia. » Il s’inclina dignement. « Vous pouvez l’appelez à votre guise, si vous le souhaitez, ce n'est pas obligé. Je l’ai déjà signée. Regardez, là : AOP, Armure Oradin Protection. Je n’ai fait que la renforcer magiquement, c’est pour ça. J’ai songé à AOC pour les armures que je fabriquerai moi-même : Armure Oradin Création. Bon, en tout cas, prenez-en bien soin. Pas besoin de la briquer tous les jours, ce métal ne ternit pas et est sans entretien. Mais nettoyez-là quand même régulièrement. Une armure, ça se respecte. Cet ultime rempart est parfois ce qui fait la différence entre la vie et la mort. »

Il se caressa la barbe, pensif. « Je n'ai pas d'arme pour frapper à distance. De l'eau bénite efficace contre des dragons ou des morts-vivants peut s'avérer utile, qui plus est. Fabriquez-moi donc de l'eau bénite, si vous pouvez, ma Dame. Je ne sais pas combien cela cous coûtera mais produisez-en autant que possible et raisonnable. Un grand merci ! »

À la fin de la conversation, il rejoignit bien vite Fredrigo. « Une invitation qui ne se refuse pas, mon ami ! Mais je régale, pour me faire pardonner. Et tu as raison, c'est un crêve-cœur de quitter ce paradis. » Soupir.

Modifié par un utilisateur samedi 16 octobre 2021 23:08:54(UTC)  | Raison: Non indiquée

Fredrigo caressa la tête de son pégase pour le rassurer, ou plutôt se rassurer.

« Bon, sache que si j'ai confiance en toi, je ne suis pas totalement serein concernant ma capacité à rester tranquille sur ton dos !

Mais bon, compte tenu de la distance, il va bien falloir que je m'y fasse, alors autant que ce soit sur ton dos, hein ! »

Puis prudemment, il enfourcha la gracieuse créature ailée, la serra au niveau de ses genoux en attrapant doucement sa crinière et regarda ses compagnons.

« Je suis prêt à partir !
Ne tardez pas trop ou je serai capable de tomber, même avant que nous nous soyons envolés ! »

Modifié par un utilisateur lundi 25 octobre 2021 15:25:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Florentia s'avança avec enthousiasme vers Anteleon dont elle flatta le cou, visiblement elle avait hâte de renouveler l'expérience du vol sur pégase et sa monture lui rendait bien cet enthousiasme.

Elle rendit les potions à leurs propriétaire respectifs

« Merci, j'ai pu noter les formules de vos potions, je vous les rends. J'ai refais une potion mélangée différente, elle permet à celui qui la boit de grandir ET d'avoir des bras plus long et donc de menacer plus de surface. Je me suis dit que cela serait plus efficace que celle qui permet de cracher, bien que je suis curieuse de voir le résultat de ce mélange. »

puis s'installa sur le pégase comme soulevée par le vent, elle attendait le départ avec impatience.

«  Je suis prête Dame Aubeclaire  »

Changement de potion conservée: Agrandissement (Taille G pdt 9 m)/ Bras long( +1.5m d'allonge pdt 9m)

n à un les héros s’installèrent sur leur monture. Puis une fois tout le monde prêt, les puissants pégases s’élancèrent d’abord au galop pour traverser la cour de sable blanc, puis le tunnel de sortie puis l’esplanade avant de s’élancer avec enthousiasme, un peu trop peut-être, au gout de certains, dans le vide ou plutôt les airs. La Paladine de Sarenrae avait pris la tête, guidant le groupe vers sa destinée. Mais les suiveurs ne se contentaient pas de rester dans son sillage. IL était clair qu’ils aimaient voler et jouer avec les nuages, qu’ils aimaient plonger en piqué puis d’un coup de rein et d’un mouvement d’ailes, faire une entrée foudroyante dans un courant d’air chaud tourbillonnant et ascendant qui les faisait remonter très haut dans le ciel et les nuages qu’il transperçaient telles de flèches avant d’atteindre une apogée presque en suspend et immobile dans le vide puis de se laisser redescendre en planant ou virevoltant tandis que leur corps était secoué de tressaillements de plaisir. Ils aimaient leur liberté, sentir le vent dans leur crinière, se sentir puissants dans les airs, pouvoir jouer avec l’apesanteur, frôler la canopée d’une forêt, passer entre deux pans de montagne en s’inclinant brusquement sur le flanc avant de rétablir leur assiette dans une volte joyeuse, galoper sur les nuages et plonger dans les plus cotonneux tel un martin pêcheur cherchant une proie, bref un voyage trop long ou trop court suivant le ressenti des passagers/cavaliers qui se termina sur le plancher des vaches au milieu d’une grande prairie après avoir fait fuir un troupeau de moutons vers la forêt.

L’étrange engin était là, sans doute là depuis qu’ils étaient arrivés. Mais plusieurs jours étaient passés et avaient sans doute effacé leurs traces. Les Pégases finirent par arrêter de voler, planer, faire des cercles dans les airs, galoper dans le pré et se couchèrent afin de permettre à leurs cavaliers de descendre sans difficultés. Ils regardaient avec fierté ceux-ci, comme pour dire – je vous ai porté sur mon dos en toute sécurité – enfin de leur point de vue bien-sûr, puis lorsque leur passagers eut vidé la selle, ils purent de remettre debout et caracoler, montrant qu’ils n’étaient même pas fatigués même si sur certains quelques gouttes de sueur perlaient sur leur pelage immaculé. Gentiane Aubeclair descendit de selle elle aussi. Elle accompagna le groupe jusqu’à l’œuf géant qui s’ouvrit comme il l’avait fait dans la caverne, invitant les voyageurs à prendre place à l’intérieur. L’aura de la Paladin semblait s’accorder avec celle de l’œuf, une aura de bonté d’une grande générosité. Elle resta au niveau de l’entrée, s’écartant pour laisser le passage. D’un geste de la main, elle invita le groupe à entrer et de sa voix claire les y encouragea – « Un nouveau voyage commence pour vous et je serai sans doute là à votre retour. A moins que… » – Elle leva la tête vers le ciel comme si soudain elle venait de sentir ou voir ou entendre quelque chose, un léger sourire éclaira son visage – « Ne vous inquiétez pas, concentrez-vous sur votre mission et que la Fleur de l’Aube vous accompagne. Vous êtes désormais entre de bonnes mains, la Main Blanche. Dame Xamara sera sans doute très souvent penchée sur sa boule de Crystal pour suivre vos péripéties et vous aider du mieux qu’elle pourra. » – Elle regarda Ferrèol – « Cela fonctionne un peu comme vous le faites, maître Ferrèol, avec votre ami Zaël. » – Elle s’écarta de l’entrée et s’inclina avec respect devant chaque membre du groupe, accordant à chacun la bénédiction de sa déesse.

Il parvint à destination après moult grognements et invectives que la décence interdit de coucher sur le vélin, heureusement étouffés par un heaume qui regardait en arrière. En effet, durant une de ses foutues virevoltes, son casque s’était soulevé. Il ne l’avait rattrapé d’une main qu’in extremis, pour l’enfoncer à nouveau sur son crâne. Hélas, dans l’intervalle, l’objet avait effectué une rotation à cent quatre-vingts degrés. Autant dire qu’il n’avait guère pu admirer le paysage ! Qui plus est, la vue bouchée n’avait pas du tout amélioré les sensations, bien au contraire !

« Sacré … groumf ! Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans “cal-me-ment”, hein ! J’ai les esgourdes qui sifflent et le renifloir qui goutte ! Tu t’es amusé comme un chiar à me tanner le joufflu, je vois bien ! » Le nain descendit de son perchoir équestre avec autant de dignité qu’un ivrogne de sa taverne favorite. « Purin de grognars ! Le sol tangue comme une mer en furie ! Il faudrait que tu sois rivé à un pont de bateau en pleine tempête et tu sauras ce que je ressens là tout de suite, margoulin ! » Il ôta précipitamment son heaume et respira à plein poumon. « J’ai l’impression d’avoir tisé toute la nuit, j’en ai jusqu’au fond des ratiches. » Après quelques goulées d’air, l’œuf devant lui cessa de rouler et se tordre en tous sens et son corps se détendit, sentant enfin la terre ferme sous ses pieds.

Il se retourna vers le pégase. Celui-ci le regardait, essoufflé, une fine pellicule de sueur faisant luire légèrement son pelage. Au moins avait-il dû forcer un peu son talent pour le transporter jusque-là. Cette constatation rendit un peu de sa fierté au nain. C’était un costaud, lui, un bonhomme du genre à qui l’on ne jouait pas des tours pendables aisément ! Un maigre sourire se dessina sous sa barbe épaisse. « Bah ! On peut dire que tu sais t’amuser, Demnemeon ! Je te remercie d’avoir partagé ta joie de voler avec moi. Ceci dit, tu vas pouvoir mieux en profiter, maintenant que je ne suis plus ton cavalier. Je te souhaite bon vent et longues cavalcades, noble et impétueux ami ! » Mais déjà, l’étalon partait rejoindre ses compagnons pour gambader dans les prés.

Le paladin put apprécier à sa juste valeur l’humour teinté de philosophie de Frédrigo, manifestement beaucoup moins affecté par les péripéties du voyage que lui. Lorsque la paladine lui accorda sa bénédiction, il inclina la tête en retour. « Merci, Dame Gentiane. Qu’Abadar vous accompagne. » Puis il sortit des ciseaux tout neufs qu’il avait pris le temps de forger et lui tendit. « Ceci peut nous aider tous. » Il avait prononcé l’aphorisme abadarite bien connu qui accompagnait les cadeaux que les membres de son église offraient. Toujours un objet simple et utile aussi bien à l’individu qu’à la communauté, ou un service comme couper du bois ou surveiller les enfants. Une paire de ciseaux servait en effet de multiples usages : il coupait les cheveux ou la barbe, du tissu, des bandelettes pour les soins, de la ficelle, divers aliments en cuisine, des matériaux pour jouer avec les enfants, et moults autres choses encore.

La cérémonie des adieux achevée, il rentra à son tour dans l’œuf. Au moins seraient-ils davantage protégés lors de ce transport que dans le précédent. Les mots de Frédrigo lui trottaient encore dans l’’esprit et il ajouta : « j’espère que l’accouchement va bien se passer, maintenant... »

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