Sénara



Camilla passa une main dans ses cheveux, pensive.
« Hum...je ne sais pas encore où, mais on devrait pouvoir vous trouver des outils. Il faudra improviser le feu de la forge, en revanche, mais pour un enchanteur on trouvera du matériel. »

Elle ajouta avec un clin d'oeil.
« Je ne suis pas à ce poste uniquement pour mes beaux yeux et mon charmant caractère! »

La remarque d'Ozran la fit sourire.
« Ah! J'aimerai bien, mais Sénara n'a pas ce genre de capacité. Une bonne partie du matériel arrive par la branche Nord de la Malvesa et la branche Est de l'Iseld, contournant le siège de Misarias. L'essentiel de ce matériel vient de l'arrière pays et de l'Archduché de Sirmium. En dehors de Misarias et des alentours d'Ostenso, il est entièrement sous notre contrôle.

Je dirais que l'Empire a des ennuis...Sirmium est nôtre, une partie de l'Archduché du Coeur...et ça n'a rien à voir avec nous, mais j'ai cru comprendre que Ravnel était troublé en ce moment. »

Avec son cahier des charges et son matériel, Ozran était maintenant en mesure de faire chauffer l'acier. Pendant deux jours, la forge résonna de son travail.

Il avait commencé par démonter intégralement les armures, ôter les parties de cuir et nettoyer l'acier avant de le faire tremper dans un bain d'huile. Il avait ajouté à la préparation du sel et de la gélatine de porc. Une fois l'équipement bien imbibé, il avait fait chauffer à petit feu les bacs. Le métal était couvert en sortie de cette couche de graisse épaisse et visqueuse. Alors, muni d'un stylet, il commença à gratter le métal. Il faisait un bas relief dans l'armure. Les traits qu'il dessiner sans trembler suivaient un chemin obscure, partant des divers jointures pour s’emmêler aux points les plus épais de l'armure. Au final, les lignes couvraient chaque morceaux d'acier.

Il passa ensuite à la meule à affuter et plaça un tissus sous cette dernière. Il avait demandé dans les matériaux des aimants. Il s'assit à la meule et commença à poncer ses aimants. De la paille de fer magnétique tombait sur le tissu à ses pieds. Il la récupéra et la mélangea à de la résine d'arbre, de la colle de poisson et du sable. Muni d'un pinceau, il couvrit les fils creusés de préparation.

Puis il réunit les pièces d'acier correspondant à une même armure ensemble, y ajoutant un peu de paille. Et fit claquer un silex sur la paille. L'herbe, puis la graisse huilée, s’enflamma. Un immense brasero prit vie. Le chevalier regardait son travail danser derrière les feux. Quand les flammes commencèrent à mourir, il les acheva en jetant un linge humide sur l'armure. Étouffé, le feu agonisa en une épaisse fumée noire avant de se taire. Le métal était noir de fumée mais Ozran le nettoya avec attention. Et il révéla ainsi de sublimes lignes tracées le long de l'acier. Les lignes étaient faite de verre et de poudre d'aimant, scintillant à la lumière et attirant le métal qui s'approchait. La technique, au delà de son coté artistique, avait soufflée une magie de protection dans l'armure. Les lignes attiraient les lames au plus près des morceaux épais et gardaient ensemble les bouts plus fragiles. Une fois poli, l'armure brillait de sa couleur argentée tandis que les lignes restaient noirs d'acier et de fumée. Une fois recomposée, elle était prête.

Il répéta cela 4 fois.

Et 4 armures lourdes lui faisaient face, rutilantes de leur nouveau entretien. Il les fit porter à l'intendance.

« Bonjour, je viens livrer votre commande. Il ne manque plus qu'à faire les ajustements standards sur leurs propriétaires. Je vous laisse vérifier ? »