Un soleil de fin d’hivers ou de début de printemps brillait sur la campagne détrempée et ses rayons révélaient les nuages de moucherons qui s’élevaient en folle ribambelle au-dessus des mares qui avaient envahies les champs et les prairies. Il avait longuement plu ces derniers jours et la terre exhalait une odeur d’humus entêtante. Les ruisseaux débordaient et la route semblait un long cordon boueux qui traversait un paysage lacustre. On aurait dit que le monde venait d’émerger des eaux et qu’il était encore recouvert des traces de cette naissance aqueuse.

Les 4 compagnons s’étaient retrouvés quelques jours auparavant à l’auberge des fous, non loin de Wyks, située au carrefour où le Seigneur de Wyks avait placé un gibet destiné à prévenir les étrangers que sa justice était forte et ferme.

Rassemblés là à l'invitation de Karoom, ils y avaient trouvé un nouveau mot leur indiquant de se rendre à l'auberge du Pont près des Bois de Myrviel pour y retrouver leur guide, un certain Finas, qui devait les mener au temple construit par Karoom dans les Bois.

Depuis, il voyageaient de conserve, pataugeant de plus en plus péniblement dans cet enfer spongieux. Heureusement de loin en loin hameaux et fermes fortifiées, ou de fragiles abris de gardiens de troupeaux désertés en cette période encore hivernale, leur offraient un gite bienvenu et parfois le réconfort de repas chauds et gras.
La Paix de Monastir avait pacifiée la région et les aventuriers purent constater que les ouvrages défensifs, héritages des guerres qui avaient déchirées les terres d’Osgild après la chute de l'Empire du même nom, n’étaient plus guère entretenues que pour se défendre des brigands ou de créatures hostiles et non de troupes de guerre. Ravor Eclat d'Acier décelait sans problème les nombreux points désormais faibles de ces murs et palissades qui n’auraient plus été en mesure de résister à un groupe d’hommes de guerre déterminés, à la différence des ouvrages défensifs des nains amoureusement entretenus encore à ce jour.

Si les murs fortifiés menaçaient ruines, les habitants de ses terres gardaient le souvenir des traditions hospitalières d’antan et, si l’harnachement guerrier ou le caractère hétéroclite du groupe des 4 compagnons pouvait leur valoir quelques regards inquiets voir hostiles, la bonhomie d'Orgon Sacracine finissait toujours par leur ouvrir la porte des moins craintifs ou des plus accueillants.
L’épée de guerre de facture elfique d'Arlis Mirafiel et l’impressionnante et magnifique hache de Ravor Eclat d'Acier attiraient tous les regards et suscitaient de nombreuses questions, de même que la compagnie étrange d’un nain avec un elfe et un demi-elfe, races que l’on voyait rarement ensemble depuis des temps immémoriaux. Les enfants finissaient immanquablement par quémander des chansons elfiques à Vinjin Fehlniedrin ou à Arlis Mirafiel, les regardant les yeux pleins d’étoiles lorsqu’ils répondaient favorablement à ces demandes, sous le sourire non moins enchanté des adultes.

Après plusieurs jours d’un voyage pénible, seulement marqué par la rencontre avec une petite patrouille de cavalier d'un seigneur local, qui les avait laissé reprendre leur chemin après de brèves questions, les 4 compagnons arrivèrent enfin en vue de l’Auberge du Pont, la bien nommée. Située sur la rive Nord de la Gardavel, qui provenait des Monts Vierges et marquait la frontière Sud des bois de Myrviel, l'auberge du Pont se trouvait de l’autre côté du pont enjambant cette dernière. La rivière gonflée par la fonte des neiges en cette fin d'hivers débordait sur les rives et menaçait de noyer la route.
Comme réfugiée sur une petite colline, l'auberge s’élevait par encorbellements sur de solides murs de pierre de facture naine, héritage d'un ancien fortin nain reconverti depuis des siècles. Point de rassemblement des bucherons et trappeurs des Bois de Myrviel à l’issue de l’été ou de l’automne, l’Auberge du Pont était aussi le point d’entrée des Bois de Myrviel pour tous les marchands itinérants et les convois se rendant vers Clairval.

Après avoir nettoyé leurs chausses et bottes gorgées de boue sur les racloirs situés de part et d'autres de la porte, les quatre compagnons pénétrèrent dans l'auberge. L'odeur de la flambée et de la soupe qui chauffait doucement leur frappèrent les narines, de même que celle du bois ciré. Cependant, ils ne purent que constater que l'auberge était moins bien tenue que dans leurs souvenirs. Des miettes et des traces de choppes marquaient toutes les tables et les carreaux étaient encrassés de suie, un trophée de cerf abîmé dégueulait un peu de paille par le cou et ceux qui avaient la narine délicate sentirent comme une odeur de vinasse aigre en arrière fond.
A part eux, seuls deux hommes occupaient la salle commune. Attablés ensemble, les deux humains hirsutes portaient des tenues de laine brunes et des vestes de cuirs brut, les couteaux de chasse qu'ils arboraient ne laissaient guère de doute sur leur occupation de trappeurs. Peu amènes, il jetèrent un oeil morne en direction du groupe à son entrée avant de retourner à leurs choppes.

Vinjin qui connaissait nombre de trappeurs et chasseurs de ces contrées ne les reconnu pas, mais il avait quitté les plaines pour les Monts Griseux avec Felindra depuis plusieurs mois quand le mot de Karoom l'avait trouvé.

Un gnome gras à la chevelure filasse jaune pâle arborant un tablier et un chiffon tâché s'avança vers les quatre compagnons en leur demandant d'un voix peu affable : « Alors qu'est-ce qu'on leur sert ? »

Psychologie dd 10

Modifié par un utilisateur mardi 15 mars 2022 23:11:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

Orgon avait reçu un message de Karoom, l'un des héros qui l'avait sauvé du nécromant. Il n'était pas bavard sur cette partie de sa vie : ce qu'il avait subi, il le gardait pour lui. Le prêtre avait été le héros qui l'avait soigné, et il s'était juré, si un jour il faisait appel à lui, il répondrait favorablement. Ce jour était venu, et Orgon devait sortir de son exil; il allait revoir ses parents, ses anciens camarades. Il avait muri, et avait tiré les lessons de la bêtise qu'il avait faite. Il savait qu'il ne serait probablement pas le bienvenu.

Il dit donc au revoir à son oncle, qui lui avait appris tout ce qu'il savait sur les pièges et serrures, et à son mentor, avec qui il avait perfectionné son entrainement aux dagues. Puis, après quelques centaines de mètres, il se retourna pour voir une dernière fois Fondsac, le village qui l'avait accueillit pendant tant d'années, ses cheminées fumantes en cette fin d'hiver, et les habitants s'afférant à leurs taches; cette atmosphère allait manquer au Halfelin, et c'est un peu le coeur lourd qu'il détourna le regard définitivement.

Il était habillé d'une armure de cuir flambant neuve, et ses deux dagues étaient accrochées à ses poignets, comme à son habitude. Dans son sac, tout l'attirail d'un bon roublard qui part à l'aventure : des dagues de rechange à lancer, une couverture, des torches, une ficelle, des outils de cambrioleurs, et surtout une pierre à aiguiser.

Il rejoint donc trois autres appelés. Ils faisaient partie des enfants enlevés par le nécromant avec Orgon, mais après leur libération, il les avait un peu perdu de vue. Le voyage vers la taverne dura quelques jours, mais Orgon resta discret. Après avoir salué les autres aventuriers, il a chaleureusement serré la main du nain, lui faisant comprendre qu'il se souvenait du sauvetage dont il avait bénéficié, puis effectua le voyage le plus calmement possible, passant son temps à aiguiser ses dagues et à observer les alentours à la recherche du moindre danger.

Le groupe arrivant à l'auberge, Orgon suivi Arlis et s'assit à la même table. Une fois que le demi-elfe eut fini de commander, il commanda à son tour.

« J'prendrai de quoi manger également, mais accompagné d'eau fraiche s'il vous plait. » dit-il simplement.
Il sortit sa pierre à aiguiser, et alors qu'il commencer à lècher ses lames avec, observa les alentours. Le gnome semblait peu amical, et les deux badauds déjà présents à leur arrivée avaient un comportement des plus suspicieux.
Il regarda, un peu éberlué, Arlis parler en elfe à Vinjin.

« Si vous commencez à parler des langues qu'on peut pas comprendre, on va pas s'entendre. » murmura-t-il en fronçant les sourcils, assez bas pour ne pas être entendu des badauds, mais assez haut pour que les compagnons entendent.
Il regarda ensuite Karoom.
« Est-ce que tu sais à quoi ressemble ce Finas ? » demanda-t-il.

Il continua d'aiguiser ses dagues.

Modifié par un utilisateur jeudi 17 mars 2022 18:43:31(UTC)  | Raison: Non indiquée

Comme la plupart de ses camardes, Vinjin avait quitté le village quelque temps après avoir été sauvé. C'est après de long mois d'aventure auprès de Félindra qu'il fut contacté par Karoom pour rentrer au village.

Après avoir rejoint ses compagnons de route, ils s'engagèrent sur le chemin de l'auberge noyée. Sur ce trajet, il ne se cachait pas de ses expériences sur les matières premières qu'il trouvait ici et la. Il faisait souvent part de son amour pour la foret auprès de ses camarades. Il était le premier à partir chasser quand le besoin s'en faisait sentir.
Il portait un simple armure de cuir usé des voyages, un sac contenant ses composants et ses outils et son arc long.

En arrivant à l'auberge, lui et ses camarades commandèrent à boire et à manger. En s'installant à table, il déposa son arc et son sac au pied de sa chaise.
Au propos de d'Arlis il répondu discrètement en regardant Orgon d'un air apaisé.
« Ses visages me sont inconnus, cela fait de nombreuse lunes que j'ai quitté ces terres.
Ne t'inquiète pas Orgon, il voulait simplement resté discret et notre Finas fait peut-être parti du duo.  ».

En attendant le repas, il avait désormais du mal à détourné son attention des deux humains.

« Bon finit les messes basses. Tu devrais mettre en pratique les conseils de ton ami, il est clairement plus prévoyant. » s'adressant directement aux deux hommes.

« Je suis Vinjin, mes camarades et moi sommes de la région et le nom de Finas nous est clairement inconnu alors pourquoi vous fait-il tressallier. Puis-je vous inviter à vous présenter et nous expliquer le lien qu'a cette personne avec vous tous ?
Après cela peut-être que nous pourrions profiter de la boisson ensemble !  »

A l'annonce de ses dires et toujours assis, son regard devient sévère et posa discrètement sa main droite sur son arc et la gauche sur son carquois.
Ses yeux ne quittaient plus les deux hommes. Un seul mouvement agressif venant des deux hommes le pousseraient à se levé arc en main et flèche prête à tirer.

Modifié par un utilisateur vendredi 18 mars 2022 19:55:07(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Et pourquoi ça t'inquiètes qu'on mentionne le nom du messager du baron, aubergiste? »
Le nain trempa sa cuillère et gouta la soupe de sa main gauche, il leva les yeux sur le gars qui se montrait désagréable et en reportant son attention sur sa nourriture il posa sa main droite sur la table, tenant sa lourde hache près du fer.

Modifié par un utilisateur lundi 21 mars 2022 10:58:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

En quelques instants, la tension était devenue palpable dans la vieille auberge. L'aubergiste commença à suer à grosses gouttes tandis que les deux chasseurs se levèrent comme un seul homme en faisant bruyamment racler leurs chaises sur le parquet usé.

Celui qui avait interpellé Vinjin de manière insultante fit même un pas dans sa direction l'air menaçant, les poings serrés.
« L'est pas question que je laisse un putain de Zoreilles me traiter comme un larbin, tu fermes bien ta grande gueule de Zoreilles toi compris ? sinon je te déchausserai les dents à coups de bottes !
Qui on est et c'qu'on fait ça t'regarde pas ! c'est clair ?
Alors retourne à tes affaires de Zoreilles ! Tu regardes ailleurs et tu fous nous la paix !
ALLEZ REGARDE AILLEURS JE TE DIS ! »

L'homme semblait plus énervé et décidé à en venir aux mains qu'effrayé ou nerveux. En une ultime bravade raciste, il cracha en direction de l'elfe, qui se leva, arc en mains et flèche encochée comme prêt à tirer, poussant l'homme à mettre la main sur la garde de son couteau, qu'il ne tira pas de son fourreau, jaugeant l'elfe d'un regard où brillait la haine.

Son acolyte, qui s'était également levé, avait fermé les poings et fixant le nain semblait prêt à fondre sur le petit groupe si le signal était donné.
« Putain de Zoreilles » murmura-t'il, « Faut pas les laisser en paix c'tes saloperies ! ça s'mêle de tout et ça s'croit supérieur en plus ! »

Le gnome de son côté tenta de ramener tout le monde à la raison tout en s'embrouillant :
« Enfin, messieurs, du calme voyons, tout ceci est un malentendu... que se passe-t'il enfin ? Finas va euh... ne me rends pas nerveux, c'est... euh, c'est cet orage... »

Et comme pour donner raison au gnome, le tonnerre se fit entendre de manière particulièrement retentissante, et la lumière vive d'un éclair, atténuée par le verre dépoli des fenêtres, figea un demi-seconde la scène.

Le gnome suggéra d'un voix hésitante et faiblarde, comme déjà résolue au pire
« Euh, vous feriez mieux de partir, je ne voudrais pas de bagarre dans mon auberge »

Tirez moi un init au cas ou...

Modifié par un utilisateur lundi 21 mars 2022 19:04:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

Orgon se redressa immédiatement aux premières menaces du groupe d'humains. Il rangea calmement sa pierre à aiguiser, puis se leva et pris la parole en mettant la main sur le bras de Vijin comme pour l'apaiser.

« Messieurs, veuillez excuser la fougue de mon ami. Le voyage fut long, et nous sommes tous fatigués, même les "zoreilles". Laissez moi vous payer une bière... Tavernier, servez leur une choppe, c'est pour moi ! » Dit-il alors qu'il sortait la somme nécessaire de sa maigre bourse pour les payer. Il se tint cependant prêt, si sa diplomatie ne payait pas, à prendre part au combat.

Modifié par un utilisateur mardi 22 mars 2022 08:14:07(UTC)  | Raison: Non indiquée

Arlis sortit pour voir ce qu'il se passait. La situation était grave, mais il lui sembla que l'auberge, située en hauteur, était encore sure.

Par contre, au bruit provenant de la cuisine, il se retourna brusquement en sortant son épée et commença à se diriger vers la porte de la cuisine, tout en essayant de comprendre ce qu'étaient les bruits.

Ravor n'avait pas bougé, les menaces et les insultes des deux crétins n'était pas pour lui, heureusement pour eux. Leurs payer un verre c'était trop généreux de son point de vue.
Le foin dehors était du au temps et à la rivière, ok, avec ce qu'il pleuvait ces dernier jour c'était pas choquant, elle en avait vu d'autre, les fortifications sur lequel l'auberge était construite aussi. Il avait juste levé un sourcil et eut un vilain rictus quand le gnome avait éludé sa question en mettant.
Quand ça se mit a hurler dans la cuisine et qu'il entendit des coups sourds, il posa sa cuillère et passa son bouclier a son bras, puis il descendit tranquillement de son banc près à ce battre.
Il commenta la dernière réplique murmurer entre les elfes.
« C'est pas fini ses messes basses! Nom d'dieux, un peu qu'ils sont louche et qu'l'aut' a pas répondu à ma question... Qu'ça crapulerai dans le coin que ça me choquerait pas. »
C'était a haute voix, sans tact et clairement on voyait sur sa tronche qu'il le savait et surtout qu'il s'en foutait.

En rejoignant la table, c'est avec bienveillance qu'il répondit au regard interrogatif d'Orgon et de Ravor.
« Rein de caché pour vous les amis, le voyant partir vers la cuisine, je lui ai dis de faire attention car le gnome cache une baguette qui semble être magique dans sa veste »

Au comportement de ses camardes il se baissa pour récupérer son arc et ses flèches. Il se tenait prêt à réagir.

Modifié par un utilisateur mardi 29 mars 2022 14:32:11(UTC)  | Raison: Non indiquée