Coriolis fût un peu surprise que la capitaine vienne directement s’adresser à elle pour une telle demande. Suzae devait avoir gardé un sacré souvenir de leur dernière passe d’arme pour que sa supérieure pense que l’Elfe était une adversaire de valeur. Surtout avec des personnes comme Tatiana à bord.

« Ha, Capitaine ! C’est vrai que je dis jamais non à un peu de pratique, mais sur mon niveau je ne donne aucune garantie. En tout cas, je sais pas ce que vous a raconté Suzae, mais rassurez-vous, j’ai rien l’intention de parier contre vous, hahaha ! »

Elle projeta un de ces rires dédiés aux moments où l’on ne se fait rire que soi même, puis embraya rapidement sur autre chose pour ne pas perdre la face trop longtemps.

« Enfin tout ça pour dire que oui, je prends votre proposition. D’ailleurs, j’ai même quelques exercices spécifiques en tête car il faut que je continue de bosser mon dynamisme, mon positionnement et ma main gauche. J’ai essayé la rapière et la dague mais ça marche pas, je suis vraiment faite pour ces deux bijoux je crois. »

Elle tapotait la ceinture à laquelle étaient fourrées ses deux lamefeuilles.

« Et vous, c’est quoi votre came ? Et vous partiez plus sur un duel ? Ou vous avez aussi un exercice en tête ? »

Les yeux de l'Elfe s'écarquillèrent devant le sort que venait de lancer Sylvaine.
« Oh làlà, euh, si on peut éviter la magie je vous avoue que ma journée n'en sera que plus belle. Par contre pour tout le reste, je suis carrément partante ! »

Elle dégaina et, après quelques jongleries avec ses lames, écarta les bras en signe de proposition.

« Pour ma part je suis déjà bien chaude, et vous m'avez l'air d'une cible très agile, alors si on commençait par quelques assauts/défense en inversant les rôles à chaque touche ? Ça nous fera bien bouger et c'est pile le genre d'exercice qu'il me faut en ce moment. J'ai besoin de bosser mes parades et ouvertures. »

Elle sembla se mettre en conditions pour démarrer par quelques passes.

« Quand vous voulez cap'taine ! Oh, et je vous préviens - mais vous savez p'têt déjà -, je cause beaucoup, y compris quand je me bats, alors vous laissez pas distraire ! Mais si c'est votre style, je suis pas contre vos histoires de voyage », invita-t-elle son adversaire, l'air joueur.

L'air de rien, Coriolis avait déjà ses armes en main depuis un moment et continuait à discuter avec la capitaine sans laisser transpirer qu'elle cherchait déjà une ouverture chez sa partenaire d'entraînement.

« L'impératrice ?! Mais, sur ce navire ? Fiouuu, c'est de l'invitée de marque ça. Y'a pas de hasard, si la Souveraine destine ses passagers à de grandes choses, à moi le Chéliax ! Les Thrune n'ont qu'à bien se tenir. »

Tandis qu'elle plaisantait, elle finit à peine sa phrase qu'elle pivota agilement autour de Sylvaine et se retrouva dans son dos, une dague sous la gorge.

« Haha, oui, je vous ai pas dit, les combats à la loyale, c'est pas ma tasse de thé, même s'il vient du Minkaï. »

Elle se dégagea en laissant son adversaire reprendre place face à elle, un sourire narquois aux lèvres, très fière d'elle, et de son trait d'humour.

« Bon désolée pour ça, mais c'était trop tentant. Cela dit, cette histoire d'impératrice m'intrigue réellement, et pas que pour faire de l'esbrouffe ! Ah, et puis j'ai remarqué un truc aussi, vous êtes pas la première à nommer votre épée. C'est un truc courant en fait ? J'arrive pas à me souvenir si mes bébés ont un petit nom, pourtant je les aime d'amour, donc c'est sûr que j'y aurais pensé si c'était un truc que tout le monde fait. »

Elle paraissait véritablement perplexe, mais gardait quand même un oeil sur son adversaire.

« Au fait, mon objectif c'est de travailler mes esquives et mes parades au maximum, donc n'hésitez pas à donner tout ce que vous avez ! »


Coriolis passe en défense totale pour la phase où elle défend, sa CA passe à 24.

Le premier assaut n’avait pas dû plaire à l’halfeline car elle répliqua en donnant tout ce qu’elle avait. Mais sa petite victoire d’ouverture donnait à Coriolis la dose d’adrénaline nécessaire pour être impeccable sur ses appuis et esquiver, parer, esquiver encore, parer encore. Coup après coup, chaque attaque sauvée la boostait si bien qu’on ne pouvait manquer le grand sourire sur son visage tandis que la sueur commençait à perler à son front.

Puis, évidemment, trop pleine de confiance, elle finit par ne plus faire attention aux feintes de son adversaire, très précise dans ses mouvements, et elle oublia sa main gauche qui parvint à amener une lame à son ventre. Pas assez fort pour percer sa chemise de maille évidemment, mais c’était justement le but, une touche était une touche et Sylvaine maîtrisait précisément sa dague.

« Wooo ! Et ben, chapeau capt’taine, celle-là je l’ai pas vue venir, et j’aurais pu la sentir passer. Elle s’épongea le front de la manche en reprenant son souffle. Faut dire, je m’attendais pas à ce que vous gigotiez autant, mais c’est pile l’exercice qu’il me fallait, haha »

Malgré le rouge aux joues, elle retrouva son souffle rapidement et paraissait très contente de cette passe, même si elle s’était terminée par un échec. Reprenant un pas d’écart elle jouait de fioritures en manipulant ses dagues qu’elle ne quittait pas des yeux.

« Bon alors si je dois devenir impératrice de quelque chose ou un truc du genre, il faut commencer par écrire l’histoire ici et il va falloir un nom de légende à ces deux dards. Mmh, d’ailleurs, en parlant de dards, ça pourrait être un hommage à Calistria tiens… Je crois que je peux bien remercier la Dame Chance pour tous les miraculeuses fois où je suis sûre que c’est elle qui m’a sauvé les fesses. Après faut dire que je me souviens pas trop des prières ou des textes sacrés donc faudra que je fasse un peu de recherche. Un hommage c’est bien, mais faut un nom qui claque.

Et du coup, pour répondre à votre question : ouaip, trous de mémoire pour tout le monde. Aucun souvenir, zip, nada, à part des vagues impressions et des armes et talents affûtés, prêts à en découdre avec celui qu’on pense le responsable de tout ça.  »

En évoquant cela, une certaine amertume lui remonta en bouche, en pensant à tout ce que subissaient ses ami.e.s à cause de ce type. Et elle pensa notamment à Byar, dont l’esprit fracturé était peut-être la pire des tortures qu’ils vivaient tous. Lui vint alors une idée.

« Oh ! D’ailleurs, ça vous embête si je propose à une amie de se joindre à nous ? C’est un peu compliqué à expliquer mais euh… on a récemment « rencontré » une noble un peu coincée, et je crois qu’un peu d’exercice lui ferait du bien. »

Elle fixait justement du regard Byar - ou plutôt Jeanne - qui vaquait à ses occupations dans un coin du pont.

Elle fixait ses dagues perplexe, réfléchissant à voix haute.

« Ouais, une dague pour chaque déesse ça leur fera plaisir sans doute. Après je vois pas trop de point commun entre les deux. Le domaine de la chance peut-être ? Pile et face ? Mmh, ça sonne creux. Oh ! Ou bien leurs insectes ? L'une a un dard, l'autre... une trompe ? mmh, le premier ça va mais le second... » Son regard mêlait réflexion et déception, avant de s'illuminer.

« Ha ! Je sais ! Soie et Venin ! La première dague, douce et envoûtante, qu'on ne quitte pas du regard, tandis que la seconde, PAF, se fiche dans le foie et ne laisse aucune chance à l'adversaire. C'est bien mon style ça, haha. Merci pour l'idée ! »

Fière de sa trouvaille, elle rencochait ses lames dans leurs fourreaux et reposa les yeux sur Byar.

« Bon, allez, je vais la chercher. Elle se retourna sur le chemin, l'air inspirée. Au fait, elle faisait quoi sur votre bateau l'impératrice avant d'être impératrice ? c'est pour un plan de carrière post retrouvaille de souvenirs... »



Approchant de Byar, elle surjouait la nonchalance comme il n'était pas possible de faire plus transparent. Mains dans les poches et sifflottement de rigueur, elle aborda la noble sans aucun tact, incapable de ce genre de subtilité en présence de quiconcque de son rang.

« Hey, salut Jeanne ! J'espère que le retour sur terre vous a pas trop secouée. Vous savez, je crois qu'on est parties du mauvais pied, et je me disais : p'têt qu'on peut trouver un terrain d'entente. J'imagine que quelqu'un de votre stature a été formé au port de l'épée, après tout, c'est votre prérogative suprême non, protéger vos serfs ? Ben du coup, après tout le temps à poireauter là-haut, elle pointa le crâne de Byar, vous êtes peut-être un chouilla rouillée alors je vous propose un petit exercice. Je suis moi même pas ridicule arme au poing, et justement j'étais en train de me décrasser avec la capitaine. En plus de ça, pour enterrer la hache de guerre, je vous offre cette superbe rapière qui vous ira bien mieux qu'à moi. »

Elle dégaina la rapière magique qu'elle avait précieusement conservée depuis sa rencontre avec la geôlière qui tenait justement Byar et Scath enfermés et la lui tendit. Légèrement courbée, elle voulait faire preuve d'une sorte de cérémonialité mal maîtrisée, anxieuse et soucieuse de bien faire.

Jeanne à l'approche de Coriolis se demandait si l'elfe était volontairement effrontée ou bien si c'était naturel chez elle. La roublarde avait le don de mettre les pieds dans le plat et de montrer son inculture flagrante sans morgue ni honte. Cependant, par soucis de tranquillité, Jeanne se contenta d'abord de fixer la jolie blonde dans les yeux en silence assez longtemps pour que celle-ci se mette à s'agiter sur place puis de répondre en acceptant délicatement l'objet de guerre : « Chère Coriolis, merci pour cette louable attention.  »

Étudiant la rapière avec attention, Jeanne soupesa l'objet et son équilibre avant de s'attarder sur sa poignée et le tranchant de la lame. « Cette lame semble de bonne qualité. Mais je dois décliner. Mon éducation m'a formé à la lecture, l'écriture, la médecine, les sciences, quelques langues usuelles, le chant, la danse, la couture, le tissage, le filage, la broderie, les manières en société, la politique, la diplomatie, la gestion du domaine, des domestiques. Mais les arts de la guerre n'ont guère été abordé durant mon éducation. J'ai bien quelques notions mais je doute fort que l'exercice nous soit agréable, à vous comme à moi. Je vais faire peine à voir, et vous n'aurez guère un adversaire à votre hauteur. »

Laissant sa réponse imprégnée l'impétueuse blonde aux oreilles pointues, Jeanne fit ensuite mine de rendre l'arme à son propriétaire premier. La noble n'était pas fermée à l'exercice, mais elle ne voyait guère d'intérêt à le pratiquer sur l'instant.

Souveraine de la Sellen


Sylvaine leva les mains comme pour protester de son innocence.
« Pas exactement, Coriolis! Vous me faites trop d'honneur, mais de fait, Ameiko était déjà plus que compétente en mettant le pied à bord. Pour dire vrai, j'ai perdu la majorité de nos duels. Mon style de duelliste était peu adapté à sa technique...peu orthodoxe. »

Elle se tourna vers Jeanne, sans laisser paraître d'hésitation ou d'interrogation sur l'aspect un peu incongru de cette conversation. Après tout, elle connaissait Byar...mais elle semblait avoir décider de ne pas juger Jeanne avant d'avoir eu l'occasion de lui parler.
« Si vous le souhaitez, je peux aussi vous apprendre les bases, dame Jeanne. De fait, je crains que ces eaux ne soient jamais entièrement sûres, et savoir vous débrouiller lame à la main pourrait vous sauver la vie. Rien ne vous oblige à le faire maintenant, cependant, ou à vous précipiter. »

Souveraine de la Sellen


Sylvaine acquiesça et observa un instant Jeanne d'un oeil critique, son propre sabre d'abordage en main. Elle fit la moue, et hocha la tête.
« Bien, en premier lieu, votre prise. »

Elle s'approcha, et encouragea la noble piégée dans le corps de l'alchimiste à empoigner la rapière, examinant ses doigts.
« Alors...la rapière est une bonne arme, légère, elle ne nécessite pas un physique remarquable pour être maniée de manière léthale. Mais elle requiert aussi de la dextérité et une certaine technique. Et avant tout, du contrôle.

Pour cela, il est impératif d'avoir la bonne prise sur la poignée. Et ne sous-estimez pas l'importance du petit doigt pour cela, il aide à guider la lame avec précision. »

Elle décala un des doigts de Jeanne, et repositionna son index.
« Voilà. Essayez de garder cette prise quand vous la maniez, ça vous donnera un meilleur degré de contrôle. Maintenant, passons à votre posture et à vos appuis... »

Passant un moment méditatif dans la chambre du salon des rêves, elle prit conscience que les autres avaient fini par déserter le salon. Sûrement s’étaient-ils tous réveillés. Mais… même Amélia ? Pourtant elle ne s’était pas endormie avec eux… Curieuse de comprendre ce qui s’était passé, et un peu vexée que tous soient partis sans la prévenir, elle se réveilla en trombe avant de constater que la nouvelle elfe à bord était bien là, physiquement sur le pont. Une nouvelle fois sidérée, elle ne se gêna pas pour triturer cheveux, visage, bras et robe de la nouvelle venue.

« Haha ! Mais c’est génial ça Amélia, comment t’as fait ?! T’es géniale, bienvenue à bord ma grande. L’équipage est sympa tu vas voir. Parfois les journées et le décor se répètent un peu mais on trouve à s’occuper. Et pour les nuits euh… on va être un peu serrés, mais si tu veux je te laisse ma couchette sans problème : t’façon je dors plutôt sur le pont moi. Tu vas voir ça va être un chouette voyage, ça va te changer de, euh… là où tu viens. »



Travaillée par les perspectives d’avenir ou bien maigres ou bien peu ragoûtantes, il fallait du grain à moudre à Coriolis. Elle occupait ses journée à parler de tout et de rien, mais surtout à de l’exercice physique, soit personnel, soit en travaillant sur le bateau. Adressant moins la parole à ses camarades qu’à l’habitude, elle se trouvait des choses à faire pour justifier cette absence, mais ça ne semblait pas l’aider à retrouver ses repère. Aussi, après un échauffement sur le pont en solo, elle prit la peine d’aller voir Tatiana qui ne ménageait pas non plus ses efforts de son côté.

« Hey Tania, comment tu te sens ? Prête pour la suite ? Tu t’attends à quoi ? Tu veux p’têt pas en parler, mais si tu en as envie ben… chuis là. »

Et elle ne semblait pas sur le point de partir.

« Je ne saurais le dire... Je suis venue c'est tout. On a du estimer que je n'aurais pas pu continuer à suivre cette histoire depuis le salon. » dit-elle avec sans doute plus de mystère qu'elle ne l'aurait voulu. Elle était surtout occupée à essayer d'esquiver les attouchements de Coriolis comme ses invitations à dormir dans son lit.

Sa prescience lui-permis de voir arriver certains "coups". Mais c'était sans compter sur l'espace étriqué du bateau. L'espace pour s'échapper était trop limité pour fuir de manière durable. Et si l'ensorceleuse savait projeter son esprit dans le plan astral, elle ne pouvait pas encore changer complètement de plan.

Une étrange course poursuite s'entama ainsi sous le regards médusé de l'équipage qui rencontrait Amélia pour la première fois.

Elle lança un sort d'image miroir laissant quelques minutes Coriolis aux prises avec quatre Amélia dont trois illusions.

Modifié par un utilisateur dimanche 4 décembre 2022 23:31:23(UTC)  | Raison: Non indiquée