Sepherene lui rendit son étreinte, le sourire aux lèvres.
« Moi aussi je suis heureuse de te revoir! Et tu n'as aucun besoin de t'excuser. Ces dernières semaines ont été chaotiques pour tout le monde. Je suis simplement contente que tu ailles bien. »

Lorsqu'elle le relâcha, son regard s'était fait plus aiguisé.
« Ecoute, je ne sais pas comment je peux vous aider, du moins pour l'instant. Mais si jamais je peut être utile, n'hésite pas à demander. Je ne vais pas trop m'éloigner du Diable à Trois Pattes dans l'immédiat, j'ai déjà eu du mal à faire admettre la situation à Giveni. Mais si jamais Il y a quoi que ce soit...je serais là pour toi. Pour Kintargo. Et pour nous tous. »

Le lendemain, avant sa journée de labeur, Escad prit le chemin du Café de la Longue Route. Il se surprit à siffloter gaiement. Sepherene était de retour, et on n'aurait pu rêver meilleure journée ! Le pas bondissant, un sourire aux lèvres, il poussa la porte de l'antre de Rexus et Eilif.

Bon sang, qu'est-ce que ça sent le fauve, ici ! pensa Escad, assailli par des odeurs de sueur masculine - il espérait qu'il ne s'agissait bien que de cela. « Bonjour monsieur Vors. Euh...non merci, pas de café, ça ira. Je suis désolé de vous déranger en plein travail et de si bon matin. » Il jeta un regard à Rexus, qui ronflait paisiblement.

« Je ne vais pas rester longtemps...mais j'ai une bonne nouvelle à annoncer ! Mon amie Sepherene, vous vous souvenez ? Elle avait disparu lors de la manifestation, et elle est la raison qui m'a poussé à vous rejoindre...eh bien, elle a réapparu ! » s'écria-t-il et, tout à sa joie, secoua le magicien par les épaules. « Mais j'ai besoin de vous, Eilif ! Elle a perdu la mémoire, et ses souvenirs des dernières semaines sont confus... elle dit que Kintargo lui parle ! Est-ce que vous pouvez l'aider ? Tout ça a bien quelque chose de magique, non ? »

Escad avait surestimé l'utilité du magicien, qui ne lui était d'aucun secours. « Merci pour votre aide, monsieur Vors. Elle m'a été précieuse. Je proposerai à Sepherene de passer vous voir pour que vous lui posiez vos questions, mais elle est accaparée par son travail ; n'y comptez pas trop. Je vais vous laisser, euh...travailler. » Il jeta un regard à la dérobée au nobliau, qui dormait paisiblement, un filet de bave au coin des lèvres. Cordayle repoussa la porte avec un soupir. Décidément, il ne comprendrait jamais rien à la magie. Il se dit qu'il aurait peut-être plus de chance avec Caliban.

Escad fut assez accaparé par son travail au Diable, les jours suivants. Il devait prendre garde à satisfaire Henge et à maintenir sa couverture. L'avantage, c'est que ça lui donnait l'occasion de tendre l'oreille, et de passer du temps avec Sepherene et les autres filles, dont il appréciait la compagnie.

Il avait parlé de la proposition d'Eilif à son amie, et de son inefficacité. Ils avaient pu converser plus en détail sur les membres des Corbeaux. Escad lui avait parlé de cette fille, avec qui il déjeunait tous les matins. Car Blondin mettait en effet un point d'honneur à aller prendre son petit-déjeuner quotidien au Café de la Longue Route, en compagnie de Jack. Comme elle avait dit lui devoir un verre, il lui avait proposé de le rejoindre au parc d'Aria, au coucher du soleil. (le 27 Desnan, a priori ? J-1 par rapport au fil principal ? Sinon, après.)

Qu'est-ce qui m'a pris ? Elle va se faire des idées, s'était-il répété toute la journée. Escad avait décidé de mettre les choses au clair une fois pour toutes. Il ne pouvait pas y avoir d'histoire entre eux...n'est-ce pas ? Il n'avait que son coeur à offrir. Quelle femme s'en serait contenté ? Pas Alice, en tout cas. Elle paraît si frivole et superficielle.

Il n'avait pas été honnête avec Jack. Il aurait dû lui dire dès le premier jour qui il était et ce qu'il avait fait, au lieu de laisser les petits-déjeuners s'enchaîner les uns après les autres. En faisant route vers le parc d'Aria, il était bien décidé à rattraper cette erreur...

Et pourtant, paradoxalement, Blondin s'y était préparé, à ce rendez-vous. Il s'était mis sur son trente-et-un. Plutôt que de remettre l'immonde gilet-serpillère acheté aux Sept Voiles, il avait ressorti du placard une tenue qu'il portait lors de ses jeunes années, pour les grandes occasions. Un pantalon blanc et un gilet brodé élégant, d'un vert mélèze - la couleur qui lui allait le mieux. Quant à la cravate, il avait opté pour un bleu-lavande, et il la portait en foulard. Pas de chapeau, ni d'autre artifice ; ç'aurait été trop sophistiqué. Il était passé voir Albert au Diable, et lui avait acheté une bouteille de cognac ustalavien ; Jack y avait vécu de nombreuses années, ça lui ferait sûrement plaisir.

Quand il entra dans le parc d'Aria, il se demandait toujours ce qu'il fichait-là. Avec les filles du bordel, c'était différent. Elles avaient toujours su, pour sa mutilation. Avec Jack... il pouvait faire semblant, comme si rien ne s'était jamais passé, et qu'un avenir amoureux lui était possible. Il pouvait redevenir l'homme qu'il était cinq ans auparavant. Mais c'était un mensonge, c'était nier l'évidence.

Je ne suis plus sergent du guet dottari...et je n'ai plus aucun honneur. Il avançait pensivement d'un pas lent dans les allées du parc, sa bouteille de cognac à la main... quand il la vit.





C'était la première fois qu'il la voyait sans son armure, et il y avait quelque chose d'étrange à la découvrir ainsi. Même si le bandeau en aurait probablement fait fuir plus d'un, lui la trouvait franchement jolie. Le coeur d'Escad tressaillit ; le coeur seulement, parce que là en bas...rien du tout, évidemment.

« Salut ! » lança-t-il, souriant, tout en levant la bouteille dans les airs. « T'en fais pas, je viens d'arriver. C'est la meilleure heure, de toute façon. On peut apercevoir le soleil se coucher dans l'océan, derrière la forteresse Kintargo. Il m'a fallu le temps de dégoter une bonne bouteille, pour l'occasion ! » Il rit de bon coeur à l'excuse de la Chienne Borgne. « Ha-ha ! Des...rats musqués qui te tiennent en échec ? J'ai du mal à y croire ! Qu'est-ce que tu leur voulais, à ces pauvres bêtes ? » Avec Jack, comme avec Sepherene d'ailleurs, Escad se montrait bien plus extraverti que d'ordinaire. Tout en papotant, il jetait des regards distraits aux badauds alentour.

Il l'entraîna (ou était-ce elle qui l'entraînait ? il n'en était pas certain) vers la fontaine, où ils pourraient s'asseoir sur la margelle. « Alors, à quoi trinquons-nous ? » demanda Escad en débouchant la bouteille. Il n'avait pas pensé à prendre de verres, il faudrait boire au goulot.

Escad savait qu'on trouvait parfois des trucs étranges dans les égouts des grandes villes, mais ne s'y était jamais aventuré du temps où il était membre du guet. Alors qu'il était gai et souriant, la dernière phrase de Jack lui glaça les sangs. Nos infirmités...? « O-ouais. À ça... je pense que c'est bien. » Décontenancé, il tendit la bouteille à Jack. Lui-même en prit une grande rasade. D'habitude, il ne buvait pas beaucoup d'alcool - il préférait le jus de groseille - mais c'était un moment dont il voulait profiter tant qu'il durait.

Bon sang, ça tape monstrueusement fort, ce truc ! Bien plus qu'il ne s'y était attendu, et siphonner toute une bouteille à deux était sans doute des plus déraisonnables. Blondin retrouva rapidement sa contenance et engagea la discussion d'un ton joyeux. Pendant quelques dizaines de minutes, ils parlèrent de tout et de rien, bien qu'Escad évitât d'aborder les Corbeaux d'Argent et les Thrune. Les rats musqués géants, les trésors de bric et de broc de Vendalfek, la pilosité des aisselles d'Amaya, les défenses amputées de Laïka...tout sujet était bon, tant qu'il permettait de retarder l'échéance.

Ils étaient assis au bord de la fontaine qu'Escad avait escaladée, quelques semaines plus tôt, lors de la manifestation. Quand les musiciens qui jouaient leur air entraînant stoppèrent net et qu'il y eut un blanc dans leur discussion, Escad y vit une opportunité.

Pas de dire la vérité, non. Pas encore. Il était trop lâche pour ça. Quand elle serait énoncée, il serait trop tard pour faire marche arrière. Jack l'enverrait bouler à coup sûr. Il voulait faire semblant, pendant quelques minutes encore. Il aurait voulu l'embrasser avant que cette porte se referme à jamais... même si au fond de lui, il savait que c'était mal.

L'alcool lui donnant des ailes, il avança une main vers le visage de Jack, et son doigt épousa les contours du cache-oeil de la jeune femme. Un geste intime, qu'il ne se serait jamais permis en temps normal. Son visage se ferma, et il prit un air très sérieux.« Que t'est-il arrivé ? » demanda-t-il d'une voix grave, tout en la fixant intensément de ses yeux gris.

Escad ne pose ses doigts sur le cache-oeil que si Jack y semble disposée. Si elle montre le moindre signe de refus, il s'abstient, mais demande quand même ce qui lui est arrivé.

Modifié par un utilisateur dimanche 19 juin 2016 21:32:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

Devant la gêne évidente de la jeune femme, il retira sa main, tandis qu'elle portait la sienne à son cache-oeil. « Désolé, je...c'était déplacé, je n'aurais pas dû demander. » Déclara-t-il, sincère. Pourtant, il était heureux d'avoir eu sa réponse. Il porta de nouveau la bouteille à ses lèvres. « Mais tu sais... » commença-t-il en bafouillant, « ...il y en a qui s'en foutent, pour qui ça n'a pas d'importance. » C'était pitoyable. Il avait beau essayer, il n'arrivait pas à trouver les mots justes. Il n'avait jamais été doué pour ça.

On était en Desnan, et Escad n'eut qu'à se retourner pour cueillir une fleur sur un rosier cent-feuilles. C'était une rose blanche, aux fins pétales très nombreux, imbriqués. « Les...les fleurs du printemps te vont bien quand même, » lâcha-t-il, le teint rubicond, alors qu'il déposait la rose dans la main de Jack, et y refermait sa grosse paluche avec une tendresse un peu maladroite ; les effets du cognac, mais pas seulement.

Modifié par un utilisateur mardi 21 juin 2016 05:04:55(UTC)  | Raison: Non indiquée

Quand Jack l'embrassa du bout des lèvres, c'était comme si une chaude lumière irradiait son coeur et son âme. Ça n'avait duré qu'un instant, mais le regard de la jeune femme avait été éloquent...et Escad sut qu'il ne pouvait lui cacher la vérité plus longtemps.


« Je...oui. J'aimerais voir, mais...j'ai quelque chose à te dire avant ça. Ecoute-moi jusq'au bout et...tu décideras si tu veux encore me montrer. » Il avait toujours la main de la Chienne Borgne dans la sienne, mais ne pouvait se résoudre à la regarder en face. « Tu te trompes. Je ne suis pas plus sincère que les autres...je ne t'ai pas tout dit. Je... » Il porta son regard au loin. Une enfant de quatre ou cinq ans était en admiration devant un gros jongleur en costume bariolé. Il devait peser pas loin de deux fois plus lourd qu'Escad, mais sa dextérité était surprenante. Les balles - Escad n'aurait pas pu dire combien il y en avait - glissaient entre ses doigts avec tant de naturel qu'elles semblaient dotées de leur propre volonté.


« Si j'ai été renvoyé du guet, c'est parce que... j'ai commis des crimes dont je ne suis pas fier. Je...n'ai pas trouvé le courage de t'en parler avant, alors que tu as été si honnête avec moi. Je suis désolé. » Il déglutit et serra un peu plus la main de Jack. Il se concentra sur le jongleur. Ça rendait les choses plus faciles. Il n'avait raconté cette histoire qu'à Henge et Sepherene, et ces moments avaient compté parmi les pires de sa vie. Les autres filles étaient au courant de son petit problème, bien sûr, mais ne connaissaient pas toute l'histoire.


« J'avais 25 ans. J'étais membre du guet dottari depuis cinq ans déjà, et je venais d'être promu sergent. J'étais un type plutôt intègre, et je savais aussi bien manier l'épée longue que la double-lame. Mon frère Chester m'assurait que j'aurais une belle carrière devant moi. On m'avait assigné à Villègre. A l'Académie pour Filles de Lady Docur - c'est pas très loin du café de Laria. "Un poste de rêve", disaient les collègues. » La gamine, un grand sourire aux lèvres cria quelque chose à sa mère. Ça devait être sacrément drôle, parce que le jongleur laissa échapper une de ses balles par mégarde...à moins qu'il ne l'eût fait volontairement ?


« Chaque jour, je voyais passer des dizaines de filles. Des gamines des bonnes familles de Kintargo, à peine plus jeunes que moi. Beaucoup flirtaient avec moi mais... moi je n'en voyais qu'une. Elle avait des cheveux auburn, un uniforme noir et or, et toutes ses amies gravitaient autour d'elle. Je ne connaissais rien d'elle. Je ne connaissais ni son nom, ni son prénom. Mais je l'avais dans la peau. C'était pas un béguin, c'était...c'était une espèce d'obsession perverse et malsaine. » Cherchant toujours à éviter le regard de Jack, il contempla son reflet dans l'eau de la fontaine ; il aurait voulu s'y noyer.


« Un soir, je suis allé la trouver dans la bibliothèque. Je lui ai dit ce que je ressentais et elle...elle m'a ri au nez. » Sans s'en rendre compte, il serrait la main de Jack de plus en plus fort. « Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Je suis comme devenu fou. Je peux toujours me chercher des excuses, mais la vérité, c'est que... » Il leva ses yeux gris vers le visage de Jack, et la jeune femme put se rendre compte qu'il pleurait. Il prononça dans un souffle, dans un murmure : « ...je l'ai violée. »

Modifié par un utilisateur mercredi 22 juin 2016 07:51:06(UTC)  | Raison: Non indiquée

Elle l'avait écouté jusqu'au bout, et avait eu une réaction bien différente de Henge et Sepherene. Le premier n'en avait eu clairement rien à foutre. Quant à Seph... ils se connaissaient déjà depuis plus d'un an à l'époque, et elle avait su déverrouiller la situation avec un humour forcé. Jack, elle, était manifestement sous le choc. Comment lui en vouloir ? Escad s'était attendu à ce qu'elle s'enfuie en courant, mais elle était restée.


Elle avait gardé le silence pendant de longues minutes, durant lesquelles ils avaient été aussi mal à l'aise l'un que l'autre...mais oui, elle était restée. Et les paroles qu'elle avait prononcées alors étaient ce qu'Escad pouvait espérer de mieux, au vu de l'ampleur de la révélation. Il aurait dû être au comble du bonheur, sans doute, mais l'heure était trop grave. Jack avait-elle raison ? Avait-il changé ? Certains jours, il le croyait, oui. D'autres, il était persuadé d'être toujours le même qu'autrefois.


Et finalement, elle avait décidé de lui montrer quand même. Les larmes toujours au bord des yeux, il la regarda dénouer son bandeau sans piper mot. Leur rendez-vous n'avait plus rien de joyeux désormais. La situation était grave, et l'alcool n'y pouvait rien changer. Personne n'aurait pu qualifier la blessure de discrète ou de charmante. Non, c'était une horrible balafre qui lui mangeait le visage. Ses chairs, grotesquement déformées, ne s'en remettraient jamais ; elle était défigurée pour toujours.


Mais ça n'était pas pire que les cicatrices qu'avait Escad entre les jambes. Même si lui, au moins, pouvait les cacher plus habilement. Quand il posa son regard sur le visage de la jeune femme, ce fut sans trembler, encore moins se défiler. Il n'y avait rien à dire. Toute parole qu'il eût pu prononcer à cet instant aurait sonné faux, aussi Blondin garda-t-il le silence, et écouta-t-il ce que Jack avait sur le coeur.


Là encore, il n'y avait rien à dire. Il ne put qu'imaginer ce que la jeune femme devait traverser, jour après jour. Chaque matin, devant le miroir, elle doit se dire que tout ça est de sa faute. Qu'elle mérite ce qui lui arrive. Qu'elle n'est qu'une meurtrière, une infanticide.Escad connaissait bien ce sentiment. Il gardait les yeux rivés sur la jeune femme, parce que c'était bien la moindre des choses. Nul dégoût ne put se lire sur le visage de l'homme, car il n'en éprouvait aucun.


Il avait la gorge sèche, mais la bouteille était vide, désormais. Il avala sa salive, et déclara : « Je...suis un homme brisé. Dans mon coeur, mon âme...et mon corps. » Il marqua une pause, afin qu'elle pût saisir tout ce que cela impliquait. « Mais depuis que je t'ai rencontrée... quelque chose a changé. Tu as comblé en moi un vide dont je ne soupçonnais même pas l'existence...c'est à se demander comment j'ai pu continuer à vivre tout ce temps. Je... je voudrais qu'on ait d'autres petits-déjeuners, Jack. »

Pour une fois, il pensait avoir trouvé les mots justes, ceux qui traduisaient ce qu'il ressentait au fond de lui.

Après avoir retenu sa respiration pendant de longues secondes, il inspira une bouffée d'air frais. Une vague de joie le submergea. Il était heureux, du bout du nez à la pointe des orteils. Blondin esquissa un franc sourire. La tension était retombée, et l'alcool reprenait ses droits. Il avait envie de crier son bonheur à tout le parc d'Aria. Je me demande ce qu'elle en penserait, songea-t-il en son for intérieur, et cette pensée l'amusa.

La poigne de Jack le surprit un peu, et l'espace d'un instant, il se demanda si la Chienne Borgne n'avait pas plus de force physique que lui. Il s'avança vers elle pour poser brièvement ses lèvres sur les siennes...avant de plonger la main droite dans l'eau de la fontaine et d'en asperger Jack, à grands renforts d'éclats de rire !

« On devrait y aller, » finit-il par suggérer, espérant ne pas briser l'instant magique. Il se leva et, sous-estimant les effets du cognac, fut pris d'un soudain vertige qui manqua le flanquer à l'eau. « Il se fait tard, et il n'y a presque plus personne ; regarde. Je vais te raccompagner chez Laria. » Réalisant qu'il avait peut-être commis une bourde, il tenta de se rattraper comme il put. « ...mais si tu veux venir au Diable, tu es la bienvenue. Personne n'y trouvera rien à redire. » Dans tous les cas, il aurait l'occasion de profiter de sa présence pendant au moins quelques minutes encore.

Modifié par un utilisateur mercredi 22 juin 2016 13:21:08(UTC)  | Raison: Non indiquée

C'était un cri un peu bizarre, évoquant à la fois l'aboiement d'un petit chien chien et le cri de l'épervier. Escad n'était pas vraiment expert en cri d'animaux, cela dit. Il dut donc l'éclabousser une nouvelle fois, histoire d'être sûr d'avoir bien entendu.

« Je...je peux marcher ! Je ne suis pas ivre ! » soutint-il à Jack en riant. Il était évident qu'il n'y croyait pas lui même. Il accepta le soutien de la jeune femme de bonne grâce, et clopin-clopant, ils se dirigèrent vers le Diable à Trois Pattes. « Euh...non, ils louent pas vraiment de "chambres normales", mais... » Blondin décida de ne pas insister. Lui proposer de dormir dans sa chambre aurait été prématuré et indélicat : la jeune femme avait besoin de réfléchir à ce qu'il lui avait dit, c'était évident. De son côté, Escad n'avait plus de doute. Il était prêt à faire preuve d'autant de courage qu'elle en avait eu...il était prêt à lui montrer sa blessure. Enfin, du moins le croyait-il. Ça aussi, c'était peut-être la faute du cognac.

« ...tu pourrais dormir dans la chambre de Sepherene, à côté de la mienne. On s'arrangera pour que ça ne coûte trois fois rien, quitte à ce que je prenne ça sur ma paye. Je suis sûr que vous auriez beaucoup de choses à vous dire...c'est quelqu'un de génial. Comme la plupart des autres filles des lieux, en fait. » Se rendant compte qu'il avait peut-être - encore - commis une bourde, il coula à Jack un regard éloquent. Le regard d'un homme ivre, mais amoureux.

Modifié par un utilisateur jeudi 23 juin 2016 16:56:29(UTC)  | Raison: Non indiquée