La guenaude ricana, laissant un chapelet de bulles illustrer son amusement. Elle se hissa un peu plus près, sortant le visage de l'eau.
« J'ignore ce qu'ils pensent...mais ces humains sont décidément stupides. Je ne suis pas certaine, l'aklo se prête mal à la traduction, mais le terme serait жин. »

Elle secoua la tête.
« Mais trêve de bavardage, nous avons beaucoup à dire et peu de temps. Ta mère se nomme Oktavia, et c'est la plus puissante d'entre nous sur ces terres. Elle se trouve à l'Est, dans les terres que vous appelez Ordranto. L'appel est personnel, une manière pour les mères de retrouver leur fille, et de les aider à quitter leur forme faible et inférieure de demi-humaine pour rejoindre nos cercles, ceux des guenaudes. S'y refuser est comme tenter d'arrêter l'écoulement du temps: une folie futile. Je n'ai pas de fille, mais je suis jeune. Oktavia est l'une de nos doyennes. »

Elle s'arrêta un instant, jetant un oeil aux autres, et monta jusqu'à la barque, murmurant à l'oreille de Zaonessa.
« Je peux t'offrir un don, un avant goût de nos pouvoirs...nous sommes toutes liées, et par moi, vois cela comme un cadeau de ta mère. Bien sûr, les humains et les autres qui refusent de s'incliner devant notre pouvoir te diront que c'est une malédiction... »
Elle sourit.
« Mais je préfère te laisser juge...Qu'en dis tu, fille d'Oktavia? »

Pour l'instant, le reste du groupe (moins Gazda et Lukas) sont à quelques dizaines de mètres, et se sont arrêtés.
Carte des marais

La guenaude secoua la tête.
« J'ignore qui est cette Larissa, et qui est sa mère. Mais je sens la marque d'Oktavia sur toi, c'est comme ça que je t'ai reconnu au départ, et grâce à celui des humains qui a donné son nom. »
Elle sourit à l'annonce de la décision de Zaonessa.
« Viens, dans ce cas! »

Elle tendit la main, et la posa sur le front de la prêtresse de Pharasma, et Zaonessa fut secouée par un éclair qui déchira ses pensées. Elle tituba sous le choc, mais le reflet de l'esprit de la guenaude, sur lequel elle avait eu un aperçu, s'était déjà dissipée. Sa tête la faisait souffrir, mais elle sentait que quelque chose en elle avait bougé, mais si elle n'arrivait pas à comprendre quoi.
La guenaude, satisfaite, redescendit dans l'eau.
« Je dois partir. Bonne chance dans ta quête, fille d'Oktavia. »

Avec un dernier signe, elle replongea dans l'eau, ne laissant deviner de sa présence que de faibles remous du marécage tourbeux. Ses compagnons, ayant assisté à son départ, venait vers elle doucement. La pluie s'était arrêtée...

A ce moment là, elle fut interrompue par quelqu'un qui toquait à sa porte. C'était Trestelame.
« Zaonessa? Je peux te parler un instant? »

Lorsqu'elles furent seules, Trestelame hésita un peu, embarassée, et finit par lâcher le morceau.
« Je...euh...et bien, j'aurais besoin de ton avis sur une question de médecine. Je sais que les prêtresses de Pharasma sont parfois sages-femmes...et je crois que je suis enceinte. Je n'en suis pas sûre, mais...disons que j'ai du retard, et ça fait presque dix jours maintenant. Est ce que tu pourrais m'aider à confirmer ça? Et si oui, est ce que tu as des conseils? »

Trestelame rougit un peu.
« Oh, désolée...je pensais que les prêtresses de Pharasma étaient aussi spécialistes de la naissance que de la mort, puisque c'est un des autres visages de la déesse. Je... »

Curieuse, elle s'interrompit pour regarder Zaonessa préparer le sort.
« De la divination? C'est vrai que je n'y avais pas pensé...et que je ne savais pas que tu maîtrisais une telle magie, Zaonessa! »

La réponse, quand à elle, se fit attendre. En fait, elle ne vint tout simplement pas, mais comme toujours avec les sorts de divination, il était difficile de savoir si cela résultait d'un échec ou simplement d'une absence de réponse.

Le sortilège qu'employait Zaonessa n'était absolument pas prévu pour cet usage, mais elle parvint à tordre la magie afin que cette dernière lui répondre, et elle finit par obtenir une confirmation: oui, la demi-elfe qui lui faisait face était bien enceinte.

Zaonessa esquisse un pâle sourire à la jeune fille

«  Bonsoir, petite sœur. J'ai besoin de l'aide de la Dame pour purifier mon sang  »

Indiquant du menton son compagnon

«  Cet aimable gentleman m'a aidé à marcher jusqu'ici.  »

Souriant faiblement

«  Fais fais attention, il est marié à une elfe redoutablement jalouse  »

L'acolyte ne parut absolumen pas impressionnée ou émue. Elle haussa un sourcil sceptique sans faire mine de vouloir ouvrir la porte.
« Ce "gentleman", comme vous dites, ma soeur, a été excommunié aujourd'hui même, et frappé d'interdit. Hors de question que je le laisse entrer dans le temple. Et je trouve hautement suspect qu'une soeur se présente aux portes du temples en compagnie d'un individu aussi suspect à cette heure ci. Vous ne pouvez vous guérir vous même parce que la Dame vous a refusé ses dons, pas vrai? Dans ce cas, pourquoi devrions nous accepter de vous aider? »

La confiance de Zaonessa eut le mérite de déstabiliser l'acolyte, qui semblait tout à coup bien moins sûre d'elle. Elle hésita un instant, et finit par déverrouiller la porte, pour laisser entrer la prêtresse changeline, mais insista pour que Lukas reste à l'extérieur. Elle s'excusa brièvement.
« Je ne peux rien pour vous, mais suivez moi, je vais vous conduire auprès de ma supérieure. Vous vous expliquerez avec elle. »

Elle guida Zaonessa à travers la nef circulaire et déserte de la cathédrale, la flamme de sa lanterne se reflétant sur les bas-relief, illuminant les armures et les montures des chevaliers gravés dans la pierre, et éclairant aussi d'un éclat blafard l'immense crâne de dragon qui dominait toute la salle. Elle amena la changeline jusqu'à un bureau et frappa à la porte.
« Soeur Klaczka? Pardonnez moi de vous déranger, mais j'ai ici une prêtresse qui a besoin de l'aide du temple. Peut être pourriez vous... »


« Faites la entrer. »
A l'intérieur se trouvait une jeune femme vêtu de noir et de gris anthracite, penchée sur une lettre à la lumière d'une bougie. Elle fit signe à Zaonessa d'entrer tandis que l'acolyte s'éclipsait. Elle laissa sa lettre de côté et reporta son attention sur Zaonessa. Sur le revers de sa cape, le badge de l'inquisition luit dans la lumière.
« Je ne m'attendais pas à une visite de votre part, ma soeur...alors dites moi, si je comprends bien, c'est une question d'empoisonnement qui vous amène...Je peux sans doute vous aider à traiter les symptômes, mais je dois admettre que j'aimerais bien en savoir plus sur l'homme qui vous accompagnait...Lukas, c'est bien cela? Peut être que nous pouvons nous rendre mutuellement service, qu'en dites vous, soeur Zaonessa? »
Elle fixait la prêtresse d'un regard inflexible, la flamme de la bougie se reflétant sur ses prunelles vertes et jaunes.

L'inquisitrice sourit et posa sa plume, attentive.
« Magnifique! Dans ce cas, je vais aller droit au but: qui est Lukas Merrimac? Quel genre de magie pratique-t-il? Ou l'a-t-il appris? D'où vous connaissez vous? Savez vous si il a des relations avec qui que ce soit à Geb ou à Caliphas? »

Son sourire s'effaça graduellement.
« Et savez vous si il a eu des contacts récents avec le clergé de Sarenrae? »

Winter écouta attentivement avec un mince sourire.
« Je vois. Ses goûts en matière de femme ne m'intéressent pas, ni les vôtres d'ailleurs, mais l'implication de l'église de Sarenrae est intéressante. Une dernière question...avez vous remarqué un objet étrange sur lui? Quelque chose qui ressemblerait à une pierre luisant d'une lumière rouge, et donnant l'impression de saigner? »

Une fois que Zaonessa eut répondu, Winter hocha la tête, et tendit la main, murmurant une prière à Pharasma,
« Dame des Tombes, accorde à ta servante le pouvoir de guérir ceux qui peinent le long de leur chemin, et à ces derniers la force de réaliser leur destinée. »

Zaonessa sentit ses forces revenirs alors que le sortilège de restauration purgeait les toxines de son sang. Winter se leva, faisant le tour du bureau et posa une main sur l'épaule de la changeline. Elle sourit.
« Je vous remercie de l'aide que vous apportez à l'église ma soeur. Si jamais vous remarquez quelque chose d'étrange, en particulier l'objet dont je vous ai parlé, prévenez l'église la plus proche. Je finirai par le savoir. »

Tu récupères la force perdue.