Juredi 11 Pharast 4708 - 22 heures

Pour la deuxième fois de la soirée, Rakyel et Gracchius se tenaient compagnie, arpentant ensemble les rues du quartier médian. Cette fois-ci, ils étaient néanmoins accompagnés d'un indésirable : Karralo, menotté et bâillonné. Dès qu'ils furent arrivés à la Citadelle Volshyenek, Rakyel prit congé de son nouveau compagnon, prétextant l'épuisement. Il était vrai que l'oracle n'avait pas ménagé ses efforts, ce jour-là.

Alors que Rakyel prenait la direction du cimetière de Grisaille, Gracchius pénétrait dans la Citadelle. A la vue du prisonnier qui l'accompagnait, on le pria d'aller trouver la maréchale au plus vite. Les gardes s'écartèrent sur son passage, tout en lançant des regards tantôt inquiets, tantôt haineux envers Karralo.


Le lieutenant Agrias se tenait devant la porte, en bon chien de garde qu'elle était. « Que...oh, par Abadar ! Déjà ?! » Sans un mot pour Gracchius, elle se retourna prestement et tambourina à la porte de Kroft. « Madame ! Madame ! C'est Patronicus ! Il a attrapé l'un des déserteurs ! » La voix lui répondit à travers la porte. « J'entends lieutenant, j'entends. Faites-le entrer. »



Kroft était assise à son bureau, occupée à remplir de la paperasse. Malgré le coup de baguette d'Ishani en début d'après-midi, elle paraissait fatiguée. Il y avait un peu de relâchement dans sa tenue. Elle ne s'attendait sans doute plus à recevoir de la visite à cette heure-ci, aussi avait-elle laissé tomber son armure, et était vêtue d'un chemisier en lin d'un blanc cassé, et d'un pantalon noir qui avait une certaine allure. Bien qu'elle demeurât plutôt jolie, sa tenue et ses cheveux courts lui donnaient vraiment un air masculin. Un sourire éclaira son visage à la vue du bretteur. Néanmoins, son masque sérieux et insensible se rétablit bien vite quand elle aperçut Karralo. « Vous... » lança-t-elle au captif en affûtant son regard, « Je ne vous demanderai pas ce que vous ressentez en parcourant ces couloirs. Je ne vous demanderai rien du tout. Lieutenant, conduisez le déserteur aux geôles de la Citadelle ; un endroit où il ne risquera pas d'entrer dans mon champ de vision. Donnez-lui à boire, et procédez à un interrogatoire sommaire. Nous demanderons à Sa Clarté Tuttle de faire venir un inquisiteur dès demain. »

Agrias s'exécuta, et agrippa Karralo par le bras. Le Marteau était toujours aussi paniqué qu'à l'accoutumée, mais son bâillon l'empêchait de le manifester verbalement. Cressida était désormais seule avec Gracchius. La tension se lisait sur ses traits. « Que s'est-il passé, Gracchius ? » demanda-t-elle sans ambages.

Modifié par un modérateur dimanche 15 janvier 2017 20:29:38(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kroft en demeura bouche bée. Sur son visage se lurent successivement surprise, colère, consternation et doute. « Que... ils distribuent de la chair humaine ? Êtes-vous absolument certain de ce que vous avancez, Gracchius ? Avez-vous des preuves ? Je n'aurais jamais pensé que Vancaskerkin pourrait se rendre coupable de tels actes. Si c'est vrai, il n'échappera pas à la peine capitale. »

Quand le bretteur baissa les yeux, elle se fourvoya quant à la raison de son trouble manifeste. Elle se leva. « Gracchius. Vous ne pouvez pas vous laisser aller... je sais que c'est difficile, mais j'ai besoin de vous. Votre soeur a besoin de vous. La ville a besoin de vous, » déclara-t-elle d'une voix qui se voulait rassurante, cherchant le regard du Chélaxien à moustache.

Modifié par un modérateur dimanche 15 janvier 2017 19:49:45(UTC)  | Raison: Non indiquée

Un silence un peu gêné s'installa dans la pièce. Le visage de Kroft était demeuré impassible, mais son regard s'était fait inquisiteur. Cressida ne savait manifestement pas trop comment réagir. Elle croisa les bras pour se donner une contenance, avant de les décroiser et de se saisir de son presse-papiers à l'effigie de Volshyenek Ornelos, le seigneur immortel. Pendant quelques secondes, elle le fit nerveusement passer d'une main à l'autre. Ses lèvres pincées et ses sourcils froncés lui donnaient un air pensif, voire soucieux.

Le reposant soudain sur le bureau, elle leva la tête vers l'homme et décida de lui poser la question de but en blanc, d'une voix neutre, où ne perçait nulle colère :
« Gracchius...est-ce que vous êtes en train de me draguer, par hasard ? »

Modifié par un modérateur dimanche 15 janvier 2017 19:53:10(UTC)  | Raison: Non indiquée

Devant la franchise désarmante dont faisait preuve le Mandraiv, le masque de sérieux de Kroft vola en éclats, et elle ne parvint pas à réfréner un fou rire. Néanmoins, elle se reprit bien vite ; l'habitude, sans doute. « Pardonnez-moi...je ne voulais pas vous offenser. »

Elle se racla la gorge et soutint le regard de Gracchius. « C'est juste que... nous traversons actuellement une période de crise. On attend de moi que je dirige les quelques cinq cents hommes sous mes ordres, et que je serve de relais entre la Compagnie du Sable et les Chevaliers Infernaux, qui ont toujours été à couteaux tirés. Pas que je m'envoie en l'air avec un quasi-inconnu. » Elle marqua une pause, et inspira profondément, inconsciente de l'effet que cela pourrait susciter chez Gracchius. « L'heure est grave. J'ai perdu près de vingt hommes hier, et j'en perdrai peut-être autant cette nuit. Et vous, tout ce à quoi vous pensez, c'est coucher avec la maréchale, une femme de dix ans votre aînée, dans son propre bureau ? »

Elle demanda à mi-voix, dans un souffle : « Ne trouvez-vous pas cela affreusement inconvenant et irresponsable ? »

Tu n'as pas précisé l'âge de Gracchius sur ta feuille de personnage. Cressida a 35 ans. Si vous êtes proches en âge, ignore la partie où elle dit être plus vieille que toi de dix ans.

Modifié par un modérateur dimanche 15 janvier 2017 19:53:18(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kroft écouta Gracchius sans prononcer un mot. Elle gardait ses yeux sombres fixés sur lui, tentant peut-être de déterminer s'il était sincère. Il était difficile de savoir ce que cette femme-là pensait vraiment, mais au moins n'exigea-t-elle pas du bretteur qu'il s'en aille sur-le-champ.

N'essuyant aucune rebuffade, Gracchius fit donc un pas vers elle. Puis un autre. Cressida ne le quittait pas des yeux, mâchoires serrées. Sa respiration se fit plus saccadée à mesure que s'approchait le jeune Mandraiv. Pourtant, quand il leva une main pour lui caresser la joue, elle lui attrapa fermement le poignet au vol. « Non, » dit-elle laconiquement d'un ton tranchant.

« Verrouillez d'abord la porte. Vous avez vingt minutes. »

Modifié par un modérateur dimanche 15 janvier 2017 19:53:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Cressida parut déroutée par le revirement soudain de Gracchius. Quand le bretteur eut terminé sa tirade, un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Visiblement, elle ne s'offusquait pas que le bretteur ait percé la lourde carapace que lui imposait son sens du devoir, jour après jour. « Cessez ces balivernes à propos de mes épaules. J'ai horreur des flagorneurs, et vous perdez de précieuses secondes. »

Appuyée jusqu'alors contre son bureau, elle se redressa soudain, et cette fois, ce fut elle qui marcha vers le mandraiv. Quand son visage ne fut plus qu'à quelques millimètres de l'homme, elle déclara, d'une voix plus douce que d'ordinaire : « Je ne vous le demande pas en tant que la puissante et sérieuse maréchale de la garde... je vous le demande en tant que femme. Mais il n'en demeure pas moins que d'autres affaires m'appellent, et que vous ne pouvez passer la nuit dans ce bureau. En aucun cas. »

Sa voix n'était plus qu'un souffle tiède. « Alors je vous en prie, dépêchez-vous, soldat, et mettez-vous au garde-à-vous sans attendre. Avant que je ne change d'avis. » Et elle déposa ses lèvres charnues sur celles de Gracchius.

Modifié par un modérateur dimanche 15 janvier 2017 19:53:43(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ventdi 12 Pharast 4708 - Soir

Gracchius quitta Korvosa ce soir-là, pour se rendre à Fin de Piste, un peu au nord de la ville, sur la rive est du Jeggare. C'était là que se réunissaient la plupart des caravanes varisiennes, dont les Mandraiv. Ici, les Varisiens étaient bien plus nombreux que dans l'enceinte de la ville elle-même... et les règles de la Société Céruléenne n'avaient pas cours.



La lune projetait sa lumière blafarde dans les eaux du Jeggare. Bientôt, une douce musique se fit entendre aux oreilles du bretteur ; un air d'ocarina qui ne lui était pas inconnu : Ruan Mirukova était le seul Mandraiv à jouer de cet instrument.

Ruan était un peu plus jeune que Gracchius, mais il vivait dans la caravane depuis toujours. Le jeune homme avait les cheveux clairs, pour un Varisien. Ses talents à l'ocarina lui attiraient de nombreuses conquêtes, et cette soirée ne ferait pas exception. Il était en pleine conversation avec une charmante créature.« ...Ouais, je vais pas tarder à aller au Dôme de Marbre, héhé. Même le vieux Mercival Jeggare peut pas résister au son de ma flûte, et il a accepté de m'engager ! Hé, tu vois cette étoile, là-bas ? » demanda-t-il à la jeune fille qui l'accompagnait. « On l'appelle Castrovel, et on dit que c'est la plus belle de toutes... mais ce n'est rien comparé à....HEY, GRACCHIUS ! » Un large sourire espiègle se dessina sur le visage du musicien quand il l'aperçut. Ruan se leva pour saluer son "cousin". « Ça va, mon vieux ? Où étais-tu passé ? On t'a pas vu hier soir, Esmeralda était morte d'inquiétude...t'as pas fait quoi que ce soit qui puisse la mettre dans l'embarras, au moins ? » demanda-t-il avec un clin d'oeil. « Laisse-moi te présenter Elena Vacaresco. Une euh...copine. »

La jeune fille se leva pour venir faire la bise au nouveau venu : les Varisiens n'étaient pas avares d'embrassades. Cette peau laiteuse, ces yeux bleus, ces cheveux bruns qui bouclaient...il n'y avait aucun doute : c'était le portrait craché de Sorina... en un peu plus jeune ! La fille ne devait guère avoir plus de 17 ans.

Modifié par un utilisateur dimanche 28 août 2016 04:53:10(UTC)  | Raison: Non indiquée

La Sorina miniature claqua la bise à Grachius, comme si elle le connaissait depuis toujours. « Hi ! »lança-t-elle en varisien. « Igra zelo dobro, kajne? Zavidam ti, Mandraiv! Vsak dan Desna dejstvo, da ste na poti, da uživajo v naravi in nebo! In poslušajte Ruan igrati Ocarina! » dit-elle d'un air rêveur. Elle jeta un regard à Ruan qui en disait long : elle en semblait déjà folle amoureuse.




« Ha! Lahko bi vedno zapusti svojo sestro in si rdečkar, da se nam pridružijo, baby. Prepričan sem, da je nekdanji bi se strinjal. Kakorkoli že, bomo ostali nekaj časa v Korvosa. Grachius mora najti svojo sestro, in me je najel Mercival Jeggare osebno! Priložnost, ki so nastopili na odru pred več sto ljudi ... ne bom zamudil za nič na svetu! » s'exclama-t-il en écartant les bras d'un geste théâtral. « No, Grác " » reprit-il, «  Nočem t'pousser, moj prijatelj, vendar pa je treba Magner, da gredo videti Esmeralda.  » Alors que le chélaxien frère des Mandraiv s'éloignait, Ruan Mirukova lui lança, avant de reporter son attention sur la jeune soeur de Sorina : «  ... In srečno, brat! »







A peine avait-il écarté la tenture et pénétré dans la roulotte qu'il fut accueilli par un cri. « GRACCHIUS ! » lui asséna-t-elle de sa voix grave sur le ton du reproche. Esmeralda n'était pas une fille simple. Ses accès de colère étaient légendaires dans toute la famille, et rares étaient ceux qui osaient attiser sa fureur. Elle avait l'âge de Gracchius, et ils se connaissaient depuis l'enfance ; c'était grâce à elle qu'il avait rejoint la caravane et s'était fait accepter des Mandraiv. Aujourd'hui, c'était une jeune femme svelte aux yeux noirs, à la beauté ensorceleuse, telles les flammes dansantes d'un brasier. Elle avait un tempérament de feu, bien mis en valeur par sa robe, d'un rouge cramoisi. Et c'était une liseuse de Tourment, par dessus le marché.

Elle avait adopté une petite chèvre trouvée sur les routes, qu'elle avait baptisé "Liavara" du nom d'une étoile lointaine qui, prétendait-elle, était la source de ses visions. La bête ne la quittait jamais, et à ce moment précis, ses yeux semblaient regarder Grachius avec la même intensité désapprobatrice que ceux de sa maîtresse. Son visage ne décolérait pas. De rage, elle lui lança un quignon de pain au visage, et reprit sa diatribe : « Cum îndrăznești să vii aici, în inima gura? Nu-ți e dor de moț! Unde ai fost? Ți-a dat nu mai departe! Ne-am făcut griji pentru tine noaptea trecută! L-ai găsit Valeria, cel puțin! » Les mains sur les hanches, lèvres pincées, Esmeralda attendait ses réponses.

Modifié par un utilisateur vendredi 9 septembre 2016 02:20:51(UTC)  | Raison: Non indiquée

Tout au long du chemin, Gracchius est assailli de pensées diverses et contradictoires.

Que doit-il rapporter à la Maréchale ? Tout semble si compliqué. Il semble y avoir des factions et des trahisons. La reine semble si triste et fatiguée. Mais qui peut le trahir dans l'ombre. Doit-il tout dire la chef des gardes ? Est-elle digne de confiance ? Est-ce que ses sentiments peuvent le trahir ? Et son entourage est-il fiable ?

Gracchius salue le garde d'un hochement de tâte protocolaire.
Tandis qu'il parcourt les couloirs qui le rapproche du bureau, ce sont d'autres sentiments qui l'envahissent, et son pas se ralentit malgré lui.

Et que va-t-il se passer avec Cressida ? N'était-il que le visiteur d'un soir ? Qui va se trouver devant lui ? La soudarde brutale du début de leur rendez-vous ou la femme lasse et tendre qui s'est révélée ?

Une agréable voix le tire de ses pensées. Il lève le nez et se retrouve face à une frange blonde. Ses bonnes manières reprennent le dessus. Effectuant un ample salut avec son chapeau, il se fend d'un sourire charmeur.

«  Bien le bonjour, Lieutenant Agrias. Ravi de vous revoir.
Nous avons eu l'honneur d'obtenir une audience auprès de sa Majesté et mes compagnons m'ont envoyé en rapporter le contenu à la Maréchale.
Est-elle visible ?  »

Euh, quand tu dis "l'examina de bas en haut", tu veux dire vraiment "bas en haut" ... sans s'attarder ? .. ou en s'attardant ?

Espérant dérider la malheureuse, Gracchius effectue un salut militaire strict (du moins le pense-t-il), claquant des talons et se mettant au garde à vous

Elle fait vraiment peine à voir

«  Auxiliaire Gracchius Patronicus au rapport ! Chef !  »