Je pars du principe que seul Aaron va voir la belle enchanteresse chez elle, le soir venu. Lityna serait très déçue s'il en était autrement, et couperait rapidement court à la conversation, et au dîner.

Guidé par le Chambellan et accompagné par deux gardes du Duc en livrée, Aaron arrive à la résidence de Dame Guelbark situé dans la basse ville, collé à la falaise. D'après les indications, ce n'est pas trop compliqué : c'est le manoir à deux étages compris entre la principale guilde marchande de la ville (dont elle est la présidente) et le collège de Magie local (dont elle est la directrice).

C'est deux ravissantes servantes humaines, des jumelles, qui ouvrent la porte, font entrer Aaron et les gardes, récupère leurs manteaux et leurs armes, avant d'inviter ceux-ci vers les cuisines pour un repas prévu à leur égard. Les servantes, qui se présentent rapidement comme Nàn et Nín, introduisent ensuite Aaron dans la salle à manger. La table est déjà mise et de nombreux chandeliers éclairent la salle. Une grande chaleur est présente, expliquée par une cheminée où un large feu a été allumé. Devant la cheminée, un petit guéridon repose sur une fourrure de lion sanguinaire, entouré de deux larges fauteuil.

Lityna, qui était assise sur l'une des deux chaises de la large table recouverte de victuailles, se lève pour accueillir son invité. Elle s'est changée et porte une ravissante robe rouge très échancrée avec un large décolleté, ainsi qu'une fine écharpe en fourrure tachetée. Malgré son âge relativement mûr, elle a encore de très "bons restes". Grâce à la cheminée qui brûle, elle n'a clairement pas froid. C'est tout sourire qu'elle invite Aaron à s'assoir et à commencer à manger. C'est uniquement quand c'est fait et qu'il commence à manger que l'enchanteresse commence à parler plus sérieusement.

« C'est rare de voir un homme tel que vous Aaron. Noble, doué pour la magie, leader d'hommes et de femmes risquant leur vie pour une mission que vous avez choisie, une position que vous avez acquis uniquement grâce à votre compétence, et charmant avec ça. Si on a le temps, je serais ravie de continuer notre conversation professionnelle sur un ton plus informel et en apprendre plus sur vous.
Mais je me doute que vous êtes venus me voir pour, d'abord, savoir ce que j'ai pu faire comme divination sur le sujet qui vous occupe, n'est-ce pas ?
Et si je vous disais que je n'en ai fait aucune ? » finit-elle avec un charmant sourire.

Le sourire de la belle rousse s'élargit. Manifestement, elle n'est pas insensible au charme de l'ensorceleur et à ses compliments.

« Ahah, j'aime bien mentir ici et là. J'ai remarqué que votre cousin, Conrad c'est ça ?, portait les insignes divins du Dracon, et il ne ressemble pas à un prêtre, mais plutôt à un chasseur de sorcière. Disons que c'était un test, pour voir si vous aviez des moyens de voir que je mens. Rien de méchant, mais dans le monde tel que le notre où la magie est présente partout, j'ai toujours pensé qu'une longue vie était une vie prudente.

En fait, je vous ai dit un demi-mensonge, ou demi-vérité. Même si ce n'est pas ma spécialité, j'ai lancé quelques scrutations une fois que la citadelle de Nargudin était nommé. La citadelle est en ruine d'après celles-ci, chose infirmée par d'autres moyens. Quant au dragon lui-même, je ne suis pas folle au point d'attirer l'attention d'un être pareil avec une scrutation directe. Issifis l'a fait, avec de remarquables échecs à la clef. Le pauvre fou, lui qui a régulièrement peur de son ombre, déranger un probable puissant dragon avec un tel sort, sans protection ? Vous devriez prendre vos précautions : si ce dragon est aussi intelligent que l'attaque sur les elfes le démontre, il a accès à de la puissante magie. C'est ma conclusion sur mes scrutations : Nargudin est habitée, et il y a des choses là bas capable d'obscurcir les divinations telles que scrutations. Ça n'est pas n'importe quoi. »

Elle se rapproche ensuite de d'Aaron, pose sa main sur la sienne, et le regarde dans les yeux.

« Dans ces conditions, ne vaut-il pas mieux profiter de chaque opportunité d'apprécier à sa juste valeur la vie ? N'est-ce pas ? »

Lityna n'apprécie pas particulièrement une question "travail" alors qu'elle pensait en avoir fini avec ça. Elle se redresse, s'éloignant un petit peu d'Aaron, et le regarde relativement durement.

« Mon intuition me dit que je n'ai pas grand chose à faire. Certains dragons utilisent la magie, mais c'est rarement pour se protéger, mais plutôt pour détruire ou conquérir. Ma conclusion est que ce dragon n'est pas seul et qu'il a dans son entourage des utilisateurs de magie puissants. Quant à savoir qui dirige qui, vu qu'on ne sait rien sur ces utilisateurs ou ce dragon, c'est un peu difficile d'en dire. Les divinations puissantes utilisées par Issifis pointent sur le dragon. Le Duc vous récompensera si vous tuez ce dragon, donc c'est tant mieux pour vous si le dragon n'est pas la créature la plus dangereuse que vous devrez tuer, non ? »

La jolie enchanteresse prend la main du jeune Aaron et la serre, électrisant les poils de son dos à ce contact. Elle ne perd pas le regard un peu bas de celui-ci et savoure cet instant.

« C'est très sympathique de votre part. Croyez bien que je serais ravie de vous revenir. À vrai dire, que vous soyez vainqueur ou pas est secondaire, je ne voudrais pas qu'il vous arrive un malheur. J'aurais sincèrement voulu vous aider davantage. Mais si mes sorts font défaut, peut-être que la guilde marchande que je représente pourrait être plus utile. Si vous avez de derniers achats à faire avant de partir, je vais indiquer à mon comptable de vous obtenir un rabais substantiel sur vos fournitures. »

Elle fait une pause, puis le regarde intensément.

« Et si on passait à l'étape suivante ? » dit-elle en utilisant un sort mineur (qu'Aaron reconnait facilement comme étant une prestidigitation) pour délacer sa robe qui glisse sur ses épaules.