En fin d'après midi, Hordrin, Mélusine, Nigl et d'autres se font indiquer la direction du temple de Moradin. Escortés par trois gardes de la citadelle ("pour éviter de vous perdre"), le petit groupe arrive devant le temple à l'heure où il se ferme, mais manifestement la grande prêtresse avait prévenu de votre arrivée et un prêtre nain, en harnois et un marteau de guerre à la ceinture, fait le piquet en vous attendant. Il vous précède ensuite dans le temple alors que la lourde double porte en mithril et cerclée d'adamantium se referment sur vous.

« Je suis Harmgrand Ferapierre, l'acolyte de Maîtresse Grorson. Elle a laissé des consignes pour vous introduire dans son bureau quand vous arriverez. »

Vous passez devant l'immense statue d'un seul bloc de Moradin en obsidienne, surplombant le temple et lui donnant un air à la fois majestueux et.... menaçant.
Les couloirs s'enfoncent dans les profondeurs de la falaise, mais loin d'être une caverne, c'est de l'architecture naine tout ce qu'il y a de plus propre. C'est finalement devant une simple porte en bois à la poignée usée par les ans que le prêtre s'arrête.

« Maîtresse Grorson vous attend. Elle a demandé à vous voir en privé. »

Vous rentrez dans la petite pièce. De petits tabourets sont disponibles et la vieille naine est occupée devant une forge d'une grande chaleur. Malgré son âge et des capacités physiques clairement diminuées, la prêtresse continue de forger armes, armures et bijoux, comme en témoigne plusieurs exemplaires encombrant les murs, tous gravés des runes naines M et G imbriquées. De sa voix chevrotante, sans se retourner, elle s'adresse à vous.

« J'aurais cru que vous veniez plus tôt. Vous êtes jeunes pourtant, vous savez marcher plus vite. Moradin m'a prévenue que vous chercheriez des réponses. Mais je crains que je ne puisse pas grand chose pour vous aider. Asseyez-vous, qu'on papote. » dit-elle en montrant les tabourets. Joignant la parole à l'acte, elle en prend un et se pose dessus plus qu'elle s'assoit.

La vieille naine rigole un peu et finit par un toussotement.

« Ahah, non je vous taquinais. À mon âge, la patience est une seconde nature et je m'occupais en vous attendant. Je sais quelles sont vos questions, tout du moins celle rattachée à votre mission. D'habitude, le Duc demande à ce vieil Issifis de s'occuper des divinations. Même s'il a un profond respect pour moi (vu que j'étais déjà vieille quand je me suis penché sur son berceau, ça doit aider), il rechigne à me "déranger". Tout à son honneur. Mais quand Issifis est revenu bredouille, ou presque, avec un seul mot, Nargudin, il m'a contacté, au grand dam de cet idiot d'elfe. Pff, celui-ci croit que c'est la faute des autres. Comme si une attaque sur des elfes était forcément la faute d'humains, ou de nains. Ces elfes, je vous jure, incapable d'assumer leurs pauvres erreurs, et c'est pas nouveau !
Mais je m'égare. Donc, Issifis n'a pu ramener qu'un mot, mais ce mot concernait les nains, alors le Duc m'a demandé, gentiment. Il est gentil ce Duc. Un des meilleurs depuis des générations. Je me rappelle quand il avait cinq ans et qu'il tenait absolument à monter sur cet étalon que son père avait ramené et que.... Ah, je m'égare encore...
Bref, j'ai accepté de l'aider, de demander à Morandin d'aider cet humain, car la citadelle avait été naine il n'y a pas encore si longtemps. J'ai commencé par une simple scrutation, laquelle a échoué, puis une autre, et encore une autre. Il faut parfois être patient avec ces choses. Ça me rappelle la fois où... mais je m'égare. Bref, à un moment, j'ai vu la citadelle. Je la voyais totalement ruine, inhabitée sauf par des ombres. C'était une vaste citadelle, cinq étages au-dessus du sol et plus encore dessous, dans les mines. Mais elle était en ruine. Je me suis doutée que quelque chose n'allait pas : une telle citadelle, même si le dragon en était partie, ne serait pas restée vide dans le Massif aux Volcans plus de quelques mois avant qu'un autre monstre en occupe les murs. Cela ne collait pas. J'en ai déduis que quelqu'un ou quelque chose bloquait la vision. Depuis ce moment-là, je sais qu'un mal puissant rode dans cette citadelle car bloquer une scrutation demande beaucoup de puissance et de ressources.
Plutôt que de tenter de scruter le dragon, j'ai préféré communier avec Moradin. Même pour moi, ce n'est pas quelque chose que je fais régulièrement : même s'il a ma foi et mon âme, je sais que c'est vieux bougon quand il s'y met. Ahah *kofkof*. Oui, bon, pardon...
D'habitude, quand je communie, les réponses coulent, comme de sources. Mais là, je l'ai senti... entre deux. Il n'a pas répondu à plusieurs de mes questions, il n'a que confirmer que la citadelle de Nargudin était la place forte dont les attaquants des elfes sont partis, et que c'est le dragon qui est la cible à abattre. Il n'a rien dit sur la source de la magie bloquant les divinations, ni sur le nom du dragon, ou sa couleur. Le plus troublant, c'est qu'il a répondu par une phrase complète quand je commençais à m'énerver, ce qui est très rare dans ce genre de contact. Quand je lui ai demandé énervée "Mais tu peux me dire quoi sur ce dragon?!", il a répondu "Je ne dois pas t'en dire plus sur elle". Elle, ce serait une femelle. Ça pourrait vous aider ? En tout cas, je ne vois pas moi comment ça pourrait vous aider. Enfin, c'est sûr que les femmes sont pires que les hommes quand il s'agit d'être une épine dans le pied, pas vrai ma chère hein ? Ahah *kofkof* »

« Je ne dois pas... »répéta Mélusine, étonnée.
« Votre dieu vous a bien répondu "Je ne dois pas"... ? Mais, attendez un instant, comment cela ce fait qu'un dieu ne puisse pas faire quelque chose ? Pourquoi votre dieu aurait cette obligation ? Et surtout, envers qui il l'aurait ? »

La réponse de la prêtresse laissa Mélusine songeuse. Quand celle ci eu fini de prier, elle lui demanda
« Et...Y-a t'il un dieu, demi dieu ou autre qui a une accointance avec les dragons ?  »

Handeïthil ne regrettait pas d'être venue avec ses compagnons. Maîtresse Grorson était une aïeule, ce qui pour la kharimane était autant garant de sagesse que son statut de grande... heum... prêtresse.
Dès le début de la conversation, elle-même s'était agenouillée, très naturellement, ses mains délicates posées tranquillement sur les cuisses recouvertes de mithril manifestement de facture naine (à l'opposé de l'arc en son dos). Affichant ainsi sa nature "entre-deux-mondes", la shamane arborait un demi-sourire permanent, tandis que le regard acéré de ses yeux gris suivait les échanges riches d'enseignement. elle clignait simplement des yeux, montrant sa connivence devant l'ironie de la prêtresse sur les aptitudes féminines... ce ne devait pas être plus facile chez les nains qu'en Kharima. Hormis le cercle restreint des Mâtins écarlates, il était rare qu'une femme puisse être (bien) considérée pour ses aptitudes propres, sans être reléguée aux tâches dites "subalternes"... quoique Corfou prétendait le contraire en sa nation d'origine... mais vu sa naturelle tendance à enjoliver ses récits...
Ramenant tout l'acuité de son esprit à leurs préoccupations actuelles, la frêle adepte de la connaissance tenta de profiter de l'éclairage de la petite vieille faisant office de (sage) grande soeur (expressions parfaitement honorables en sa nation de naissance) :
« Maîtresse Grorson... n'avez-vous pas quelque curiosité pour la nature étrange de ce... heum... dragon ? Qui n'est manifestement pas un dragon rouge, quoique lié au feu ?
Pourrait-on imaginer une être plus ou moins ignée qui pourrait adopter telle forme draconique... de quelle taille est-elle supposée, d'ailleurs ?  »
En espérant qu'on ne parle pas de quelque prétendante à la (demi?) déïté..

Modifié par un utilisateur samedi 1 octobre 2016 09:16:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

La vieille naine semble totalement honnête avec vous, et semble sincèrement désolée de ne pas pouvoir vous aider plus que cela.

« Oh, vous savez, la curiosité, passé les 400 ans, ça n'est plus trop ça. On attend plus que la dernière surprise, si vous voyez ce que je veux dire. Mais je rigole sur un sujet qui devrait être sérieux, en particulier pour vous pauvre gens qui courrez droit dans sa gueule. Bien sûr que j'aimerai en savoir plus sur ce dragon. Ne serait-ce que pour en faire une armure pour le prochain grand prêtre ici. D'ailleurs, si vous le tuez, je vous achèterai sa peau pour un bon prix, en espérant qu'elle soit intacte. Si elle ne l'est pas, ce n'est pas grave, l'important c'est qu'il soit mort.
Après, je ne suis pas une experte, mais si les dragons chromatiques et métalliques sont les plus courants, même si déjà très rares, il y a d'autres sous-ordres peu connus. Peut-être que notre suspect en fait partie ? J'espère pour vous en tout cas que ce n'est rien de plus qu'un dragon d'un type peu commun. Ça serait déjà pas mal.
Ensuite, pour te répondre ma fille (ça te dérange pas que je te parle comme ça, dit ?), il y a de puissants sorts de métamorphoses pour prendre la forme de dragons, mais ils ne durent généralement pas longtemps.
Quant à sa taille, c'est comme le reste : personne de vivant ne l'a vu et est revenu pour en parler. Mais de mémoire, les couloirs de Nargudin ne sont pas très large, et il aurait beaucoup de mal à s'y déplacer s'il était beaucoup plus gros qu'un cheval je pense, s'il ne les a pas fait élargir et s'il y est toujours bien sûr. »

La vieille naine soupire. « Je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir vous aider plus que ça. Je sais que Moradin est quelque peu gêné par cette situation, mais je prierai pour vous et votre succès. »