Le Princesse d'Emeraude entra dans le chenal qui menait aux longs quais de Port Saphir. L'eau, d'un turquoise sombre, reflétait la lumière du ciel comme un joyau d'une pureté surnaturelle.




La cité de Detmer brillait dans le soleil levant. Les docks, déjà en pleine activité, occupaient une large place d'ou partait des pontons en bois couverts d'algues. Au dessus, la ville se dévoilait aux arrivants : des tours de pierre blanche, quelques dômes de cuivre verdi par l'humidité, d'imposants bâtiments aux toits d'ardoise.
La prospérité transpirait des lieux.

Ruco, qui avait eu l'occasion de passer à Port Enigme dans sa Varisie Natale, ne put s'empêcher une nouvelle fois de faire la comparaison avec Detmer. A chaque escale ici, il se souvenait de la crasse saline, des odeurs de cendres froides masquant celles de la sueur et du sang dans les tavernes, des nuits de peur pour rejoindre le navire en traversant les mortels coupe-gorge du port varisien.
Ici, même si la vie n'était pas forcément facile, on pouvait dire qu'une relative sécurité régnait, à condition de ne pas trop trainer dans la basse ville, au nord des docks. Là vivaient les nouveaux arrivants sans le sou et ceux qui, d'après la coutume locale, avaient failli à respecter les Prophéties de Kalistrade. Ce qui les avait plongé dans la pauvreté.
Beaucoup de manutentionnaires du port habitaient là bas, dans des bicoques faites de planches et de matériaux de récupération, parfois sur des pilotis à moitié pourris qui auraient horrifés Mateo.

Comme toutes les cités de Druma, Detmer est dirigée par les Seigneurs Marchands. Intégralement vêtus de blanc, ne se mélangeant jamais à la plèbe et pratiquant une ascèse rigoureuse, ces hommes et femmes croient farouchement en l'avènement du Prophète et appliquent avec un fanatisme rigoureux les préceptes permettant l'accumulation de richesses, dans un but de propulser la Kalistocratie au rang de première nation du monde connu.
Ces élites, regroupées en réseau et en guildes influentes, font régner l'ordre sur le Druma grâce à des mercenaires payés rubis sur l'ongle : les Chemises Noires. Même si, officiellement, chacun s'accorde à dire que la sécurité est une bonne chose pour le commerce, les rumeurs locales véhiculent d'autres ragots sur l'impunité de ces mercenaires et leurs actions parfois peu humanistes.


C'est donc à Detmer, au petit matin du 14 Sarénith, que votre navire accoste sans problème au ponton que lui a indiqué le pilote à la sortie du chenal. Asios, encore faible mais debout, est monté au poste de barre pour surveiller la manoeuvre. Les soins prodigués par Zina lui ont permis de sortir de sa cabine mais son pas mal assuré et son visage tuméfié montrent à quel point il a été proche de la mort.

De leurs gestes experts et maintes fois répétés, les marins du bord amarrent le bateau puis installent la passerelle qui permet aux scribes envoyés par les autorités portuaires de venir percevoir les taxes et faire le point sur la cargaison pendant que les voiles sont pliées avec soin.

Après quelques échanges monocordes, Achexale se voit libérée de l'obligation de quarantaine et vient vous voir sur le pont.

« Bien, je file immédiatement voir Isoar. Asios est en train de faire un peu de rangement dans sa cabine... il n'a pas dit un mot depuis ce matin, je crois qu'il est encore sous le choc.
Nous aurons la visite des négociants portuaires dans l'après midi, pour l'inspection de la cargaison, les enregistrements sur les registres... cela nous laisse un peu de temps pour voir ce qu'on fait des prisonniers.
En attendant, je vous laisse ranger vos affaires. Mr Wallace, Dame Taro, vous voici à bon port... tant bien que mal. Vous êtes libres de débarquer ou d'attendre mon retour dans une heure ou deux.
Nul besoin de vous dire une fois encore qu'il serait mieux d'être discrets sur ce qui est arrivé hier soir... nous ne savons pas trop à qui nous avons a faire et ce que nous a dit Ruco ce matin n'est pas fait pour me rassurer. »

Modifié par un utilisateur samedi 18 décembre 2010 12:52:31(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ruco opine à la proposition de Ruco.
« Oui. Bonne idée. Je vous escorte, Achexale. L'arrivée du navire risque d'avoir étonné certaines personnes. »

Sogg ne semble pas remarquer l'ironie dans la remarque malicieuse d'Achexale et lève ses gantelets de mailles.

« J'aime bien ma nouvelle cotte de mailles. Je vais en nettoyer le sang....
.... En plus, je n'ai rien de plus... neuf. »

«  Moi aussi ! Il veut me voir pour ma bravoure ? On a du mal le renseigner. Qu’en pensez-vous Mdame Zina ? »

Andy était sceptique, aussi regarda t’il en direction de Zina dans l’espoir qu’elle répondrait en leur nom. La prêtresse avait la sagesse pour elle, et Andy, qui avait vécu toute sa vie loin des villes se sentait un peu perdu maintenant qu’il était arrivé à Detmer. Mais personne ne semblait trouver l'invitation étrange.



« Nous ne sommes pas vraiment pressés. Enfin, je ne suis pas vraiment pressé.  » Corrigea t’il en baissant les yeux devant la Prêtresse. «  En fait nous pensions vous aidez dans cette mésaventure. Mais dites bien à monsieur Isoar que je ne cherche aucune récompense. Je ne suis pas un mercenaire.  »

« Remmetre ces bandits à la justice du pays c'est une bonne chose Maitresse Achexale. Ils doivent être punis et subir les conséquences de leurs actes nuisibles. Puisque le Seigneur Isoar veut nous voir, ne le faisons pas attendre et allons de ce pas au lieu de rendez vous. »

Une fois ceci dit elle s'équipa de pieds en cap, tendit son bras à Andy et lui dit en se dirigeant vers l'échelle de coupée :

« M'accompagnerez vous Andy ? »

Mateo piqua une petite sieste et rêva des plats qu'il allait bientôt déguster.

« Bien sur Mdame » Répondit Andy en bombant le torse et en tendant le bras à la prêtresse.

Andy s’était changé pour l’occasion. Rien de très chic, mais ses vêtements de la veille était encore tâchés de sang, alors il avait alors revêtu sa robe d’érudit.
Sur la route, il profita de l’éloignement d’Achexale pour s’adresser à voix basse à la prêtresse et aux marins qui les accompagnaient. «  Je ne connais pas encore bien Mdame AChexale, mais elle semble vraiment soucieuse pour le Capitaine. C’est un coup dur pour eux. Elle semble également avoir un peu plus peur qu’elle ne l’avoue de la bande à Liskar… Mais n’ayez craintes messieurs, la boucle ne quittera pas le fond de ma besace… Et je peux même vous la confier si vous le voulez !  »

Sur la route, Andy et Pimp restaient quand même aux aguets.

Sans se faire remarquer Ruco dépose sa morgenstern. Il observe les lieux et prête attention à tout sur ses gardes.

Mateo était venu sans armes, portant uniquement ses vêtements de travail tâchés d'étoupe. Il dégageait une forte odeur virile mêlée aux senteurs de la filasse dont il se servait pour colmater les bordées. Bien qu'il n'était pas amateur de caillasse, il apprécia le travail réalisé sur les poutres de l'auberge. En un clin d'œil, il nota mentalement les diverses issues : portes, trappes, escaliers, fenêtres.

Pendant que ses compagnons se séparaient de leurs armes, il ressortit le temps de lâcher un pet sonore dehors afin de ne pas gêner les clients et, tout en lançant un regard piteux aux deux gardes, il chercha à voir si on ne les avait pas suivi. Il retourna ensuite dans l'auberge, puis balaya la salle du regard afin de jauger clients et serviteurs.

« Si leur gorgeon est à la hauteur de leurs charpentes, faudra pas trop compter sur moi pour le rest' de la journée. Hé, hé... hé. »

Modifié par un utilisateur samedi 20 novembre 2010 10:22:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

Andy déposa sa dague si maladroitement qu'elle tomba avec un "Klang" bruyant dans le bac. Il avait les yeux écarquillés devant le luxe et la propreté de cette ville et de cet établissement. Tout était si différent des bourgs et tavernes de Dernier Rempart. Il ne parlait plus et suivait le petit groupe, rassuré par leur présence à tous… Même l’imposant demi-orc, qui l’effrayait tant depuis le début de la traversé, avait fini par devenir un accompagnateur rassurant.