Nemlak venait de lancer un dernier sort, mais plus aucun son ne provenait de son côté. Le lourd bruit d'une chute avait toutes les chances d'être celle de son corps inerte, et Célestin, coincé dans son coin, ne pouvait pas venir à son secours.

De son côté, Célestin sentit une légère morsure accompagnée d'un effet raidissant contre lequel son corps lutta avec vaillance. Bhaal rendait coup pour coup au sahuagin qui lui faisait face, mais les deux hommes étaient d'excellents combattants, habiles tant à frapper qu'à esquiver et parer.

Le désespoir prenait place dans son cœur, et c'est d'une voix rendue stridente par le stress qu'il appela. « Nemlak ? Nemlak !? » L'absence de réponse confirmèrent ses craintes. Côtes à côtes, Bhaal et Célestin étaient entourés d'adversaires, et n'avaient que peu de chances de s'en sortir vivants.

Mais le jeune homme n'était pas homme à se laisser abattre. Sans se laisser déstabiliser, il se concentra sur la créature qui s'attaquait sans relâche à Bhaal, tentant d'attirer la malchance sur elle, tout en envoyant l'orbe l'engloutir, ainsi que la cockatrice.

Modifié par un utilisateur lundi 5 juin 2017 15:59:01(UTC)  | Raison: Non indiquée

Petit à petit, à chaque nouvelle coupure, à chaque nouvelle griffure ou morsure, la vie s'écoulait lentement de Bhaal. Lui même était plus lent, plus maladroit, vidé de sa force. Le chef des hommes poissons s'agitait beaucoup pour pas grand chose mais sa petite épée trouvait son chemin, assaut après assaut, coup après coup.

Le chemin... Pour lui c'était le bout du chemin. Allait-il retrouver Alia ? Ou seraient-ils séparés pour l'éternité ? Ou peut-être encore qu'il ne serait plus rien du tout... Alia... L'espace d'un instant, le visage de la jeune fille lui apparut.

Bhaal cligna des yeux et s'ébroua. Il était en train de perdre la tête. Non ! Sois ici et maintenant, jusqu'à la fin ! Des profondeurs de son âme, il arracha un dernier élan vital, un sursaut de fureur et d'orgueil, une volonté pure de vivre, de proie redevenir fauve.

Repoussant soudain son adversaire, il se redressa de toute sa hauteur et abattit ses griffes sur les épaules et la tête de l'homme-requin avec une violence démesurée, brisant les os et déchirant les chairs, avant de porter ses mâchoires à sa gorge pour en agrandir la plaie existante. L'homme requin tomba, un air de surprise dans l'expression, si l'on pouvait discerner ce genre de chose sur la face d'un sahuagin. Lâchant le corps, Bhaal écarta les bras, griffes vers le ciel, pour hurler.

« AAAAAAAAAAAAARRRRRRRRHHHH !!! »

C'était le cri de la victoire, le cri de la bête au bout ultime de ses forces et qui, enfin, triomphe. Soudain, une goule déboucha du couloir en une glissade à peu près contrôlée. Mais le démon la perçut et se retourna pour lui décrocher la tête des épaules. Un instant après, une autre goule déboula et se fit cueillir par la gifle retour. L'exaltation du combat jaillissait de lui comme une source claire. En cet instant, au bout de lui-même, il était le gladiateur qu'il aurait du être, farouche et indomptable. Il était Bhaal, puissant fils de Shamira, et tous devaient le craindre !

« RRRRRAAAAAAAAAAAHHHH !!! »

Modifié par un utilisateur mardi 6 juin 2017 00:20:29(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bhaal venait de mettre une série de puissants coups au sahuagin, si puissants que Célestin crut que cela suffirait à l'achever. Mais contre toute attente, celui-ci tint bon, et blessa une nouvelle fois son ami. A sa respiration, le jeune homme savait que seule la Bête lui permettait encore de tenir, par un effort de volonté inhumain. Il lui fallait le soigner, et rapidement. mais comment ? Avec deux adversaire face à lui, il ne pouvait se permettre de prendre sa baguette en main pour ne réussir qu'à légèrement refermer ses plaies, bien trop légèrement pour que ce soit utile vu les circonstances.

De nouveau, il abattit l'orbe sur le chef sahuagin et la cockatrice tendit que le dernier sahuagin survivant continuait à être ballotté, puis il incanta et émit un cri strident qui vint percer les tympans du chef sahuagin.

De l'autre côté de la salle, le rire, assez dérangeant, de l'homme qui avait subi le sort de Nemlak s'arrêta net. Le bruit qui avait précédé cet arrêt soudain ne laissait aucun doute quant à la cause, et la voix de l'homme qui parla fit frissonner Célestin.

« On ne va pas tenir encore longtemps mon chou... Je suis désolé... »

Modifié par un utilisateur mardi 6 juin 2017 00:02:36(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alors même que Bhaal triomphait, entouré des corps de ses ennemis, le chef sahuagin, à qui il avait imprudemment tourné le dos sans vérifier qu'il était bien mort, se releva contre toute attente pour lui planter son épée dans le dos. La surprise, autant que la douleur, marqua le visage du demi-démon mais, quand il se retourna, son adversaire était déjà en train de s'écrouler, pour de bon cette fois.

Le géant rouge n'eut pas le temps de tenter de comprendre ce qu'il s'était passé car, déjà, quelqu'un d'autre progressait dans le couloir. Et voici qu'apparut l'homme masqué qu'il avait vu transpercer Alia de sa lourde lame. Il ne semblait nullement effrayé par le carnage qu'il découvrait, bien au contraire. Quoi qu'il en soit, Bhaal était heureux de l'avoir enfin sous la main.

« આભાર ! » Rugit-il en pointant un doigt sanglant sur lui, « તમે ચૂકવણી મધરફકર, કરશે ! »


Bhaal savait que c'était sa seule et dernière chance, car la dernière attaque du sahuagin avait été fatale. Son corps martyrisé ne tenait plus que par la seule volonté de la Bête. Perdant du sang par une douzaine de blessures, il n'était plus qu'une fontaine écarlate sur le point de se tarir. Mais l'image de l'épée transperçant la poitrine d'Alia avec un bruit écœurant lui revient en mémoire. Cet homme devait mourir.

Au bord de l'évanouissement, le géant rouge jeta ses dernières forces dans un ultime sursaut et martela son ennemi de coups, creusant de profonds sillons dans son armure, mais sans parvenir à le tuer.

Modifié par un utilisateur mardi 6 juin 2017 13:36:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'homme masqué n'avait pas fait ce à quoi Bhaal s'était attendu : il ne s'était pas défendu. Il avait encaissé ses puissants coups sans chercher à se protéger, afin d'être en position de porter une riposte décisive. C'était prendre un risque inouï et l'acte d'un fou, mais lorsque la lourde lame pénétra dans son estomac pour ressortir au milieu du dos, Bhaal sut qu'il était mort.

Repoussé du pied contre le mur de la pièce, le géant rouge sentit la Bête le quitter à regret, incapable de s'incarner dans un cadavre. Portant la main à son ventre dégoulinant de sang, il porta un dernier regard à son ami Célestin dont l'image, déjà, s'estompait. Il se sentait très fatigué, fatigué par sa vie, et aspirait au repos. Il invoqua en pensée les bras de sa bien-aimée pour l'accueillir dans l'après-vie.

« A...lia... » Murmura-t-il avant de s'écrouler.

Modifié par un utilisateur mardi 6 juin 2017 13:48:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

Célestin était déchaîné et les flots comme dirigés par un seigneur Marid envoyaient voler les corps, tous les corps, s'éclatant contre les murs comme des pantins désarticulés. La dernière goule essaya de progresser dans le couloir mais, glissant, se contenta de garder son équilibre.

Loin, loin à sa droite comme pour aller vers la surface, Célestin entendit une voix qui retentit dans les couloirs avec une profondeur telle qu'il ne savait dire si elle venait de loin, ou de très loin, tant elle paraissait proche.

« Incapables! Pourquoi me réveillez vous? Père Chacal vous tuera si je le ne fais pas avant, fuyez vermines poisseuses! »

Célestin, le cœur brisé, ne demanda pas son reste, et, dans une tentative désespérée pour sauver ou venger ses amis plus tard, prit la fuite. Ne pouvant revenir sur ses pas sans risque, il traversa la brume pour arriver dans la partie marine des souterrains. Ni une ni deux, il prit immédiatement son envol pour ne pas rester à la surface de l'eau, qui pouvait encore révéler d'autres mortelles surprises.

Suivant les courbes du boyau dans lequel il s'enfonçait, Célestin flottait, ses dansantes lumières à quelques mètres de lui pour lui permettre de voir au mieux en essayant de peu être vu. Il arriva dans un passage où l'eau se faisait à nouveau plus abondante, enjambée cette fois par un pont, dont la rive gauche devait être le prolongement de la partie inexplorée où ils étaient, en continuant vers le nord, où l'eau s'arrêtait, repartant plutôt vers le sud à l'est en une grand boucle.

Avançant avec précaution il comprit qu'à sa gauche le pont liait à un couloir menant à leur précédent combat, mais, heureusement pour lui, les portes presque complètements fermées n'avaient que peu de chance de permettre qu'on le remarqua de là-bas. Mais le danger ne vint pas de là. Célestin sentit une sorte de rayon violet lui passer devant le visage d'un chouia, avant qu'un second ne le fouette, et le dévitalise presque complètement, comme la pire des grippes. Il baissa les yeux et distingua dans l'eau une forme écœurante et étrange, comme il n'en n'avait jamais vu, parfaitement camouflée dans l'eau, par ses couleurs et ses mouvements synchronisés.



Le gros œil au centre de ce qui devait être son visage se mit alors à luire, le baignant d'une magie bleutée qui finit par sonner complètement le sorcier. Perdant conscience, Célestin reconnut alors son bourreau, d'une espèce qu'il pensait n'être qu'une fable : un œil des profondeurs, une aberration sphérique de cinq pas de long avec un énorme œil central, deux yeux supplémentaires au bout de pédoncules, une immense gueule pleine de crocs avec de grosses pinces semblables à un crabe géant.

Ce qui était étrange, c'est qu'on lui avait toujours dit que les yeux des profondeurs vivaient dans les abysses des plus profonds océans, non proche de la surface. Que pouvait-elle faire là, dans ce lieu dédié au trafic?

Une dernière pensée l'emmena dans les limbes du sommeil, une pensée pour les femmes de sa vie, ses amis, et Agathe. Amorphe, presque déconnecté de son entourage, Célestin regardait vaguement sa fidèle colombe s'affoler au dessus de lui et, déchirée à son tour quant à la décision à prendre, s'enfuir en sens inverse. Tombant lentement dans l'eau telle une feuille morte, il vit le Sahuagin restant s'approcher de lui avec rage et s'arrêter net en voyant la créature qui venait de l'amener à la torpeur, avant de carrément faire demi-tour comme si de rien n'était, délaissant le sorcier qui avait tué sa tribu au profit probable de sa propre survie.

Modifié par un modérateur samedi 8 juillet 2017 16:35:09(UTC)  | Raison: Non indiquée