C'était un long et monotone voyage, le désert n'en finissait pas, l'étendue sableuse avait un effet hypnotique.
Chaque pas qui les rapprochait de Katapesh augmentait la nervosité de la jeune fille. Alors qu'elle se reposait, allongée à moitié sur le torse de Bhaal, ses yeux scrutaient l'obscurité de la nuit cherchant le sommeil en vain. Tant de choses dépendaient de leur séjour dans la capitale.
La reconnaissance officielle de leur affranchissement, l'effacement de la marque de Bhaal, la recherche des origines de son fiancé et...
Se pouvait-il seulement qu'ils réussissent ? Pouvait-elle se permettre d'espérer ? Devait-elle les croire quand tous l'enjoignaient à garder espoir ?
Comment était sa petite fille ? Quelle taille faisait-elle ? Comment s'appelait-elle ? Et si elle ne l'aimait pas ? Qu'est-ce qu'elle ferait si elle ne l'aimait pas ?

Les questions s'entrechoquaient dans son esprit sans répit, la privant de sommeil. Le matin, elle reprenait la route, fatiguée, bercée par la houle du dromadaire, elle entrait dans une demie-transe et pendant les arrêts, elle agissait de façon automatique, un sourire sur les lèvres.

Ils arrivèrent à Katapesh bien trop rapidement à son gout, une bouffée d'angoisse l'envahit et lorsque la princesse leur demanda où ils voulaient aller, elle aurait bien été en peine de pouvoir répondre, heureusement Bhaal parla pour eux et elle n'avait pas besoin de compléter.

Modifié par un utilisateur dimanche 5 février 2017 21:54:58(UTC)  | Raison: Non indiquée

Nemlak s'inclina devant la Princesse avant de prendre la parole.

« J'ai plusieurs endroit où je dois me rendre Princesse. D'une part pour être certain que la production de Pesh de Kelmarane correspondent au goût des locaux et trouver des débouchés. D'autre part je dois faire un arrêt au Temple d'Abadar, si vous le désirez Princesse, je peux en votre nom leur proposer d'établir un temple dans votre cité et d'y nommer un représentant. »
Puis il se tourna vers Bhaal et rajouta « Le collègue à qui j'ai écrit habite ici. Si tu veux en savoir plus, je te propose de m'accompagner jusqu'à sa demeure une fois qu'il m'aura dit quand il peut me recevoir. »

Le demi-orque semblait parfaitement à son aise en ville. Il la connaissait comme sa poche et la cité n'avait quasiment plus de mystères pour lui. On pouvait même sentir qu'il était plus détendu que pendant le chemin ou même lorsqu'il était à Kelmarane.

Modifié par un utilisateur mercredi 8 février 2017 15:12:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

«  Bien, vous avez entendu Jawad? Conduisons mes conseilleurs à un endroit où ils pourront se délester du poids qui les encombre. »

Jawad acquiesça en souriant, trop heureux de pouvoir démontrer sa connaissance de la ville.

«  Bien, alors nous passerons par la Porte de l'Aube, je sais où il nous faut aller pour cela. »

Le groupe arriva par le nord à la Porte de l'Aube, non sans avoir pu voir à sa gauche Chienville, le bidonville le plus sale et le plus délabré de Katapesh, Chienville abritait bon nombre des indigents, des bons à rien et des propriétaires d’entreprises de second ordre de la ville. Elle abritait également la plus grande partie de la population gnolle de Katapesh, d’où elle tirait son nom. Nombre de travailleurs migrants (prospecteurs, mineurs, herboristes et trafiquants de drogue) atterrissaient également à Chienville, s’installant dans des logis à bas prix disponibles pour un loyer qui ne faisait que quelques pièces d’argent pour un mois.

La Porte de l’Aube elle, passage obligatoire des nouveaux arrivants s’était développée autour du tracé originel de la ville l’or de l’âge de l’Oasis, période où la ville fut envahie par des milliers de nouveaux arrivants. La Porte abritait beaucoup de riches propriétaires d’échoppes de Katapesh ainsi de nombreux habitants appartenant à la classe moyenne supérieure.

Ici, à Katapesh, on cuisait sous le soleil, sous ses étroites allées pittoresques, ses grandes maisons comme ses petites huttes, et surtout, sous la foule et les couloirs de marchands. Chaque mètre de cette ville semblait dévoué au commerce et à l’argent, du bétail circulant dans les rues aux mendiants qui se pressaient autour des temples et des grandes marchés (remplis de gardes et de malandrins) en passant par les plus échoppes que l’on pouvait admirer à des milliers de kilomètres alentour.

La ville calait son rythme sur la chaleur, avec un midi calme (mais pas silencieux) et une animation débordante au crépuscule. Progresser dans la ville, même entourés de gardes zephyr, prenait un certain temps, leur permettant de repérer (ou de se souvenir) de plusieurs lieux d’importances :



Sur les marchés, on trouve des tapis Vudrains, du sel du lointain Qadir et toutes sortes de « boîtes diaboliques » du Chéliax (des boîtes-puzzles en bois qui possédaient des dizaines de pièces amovibles), tout ce qui se vendait sur ce monde semblait se trouver à Katapesh, y compris, fort malheureusement, des tonnes d’esclaves, de ceux à l’utilité commune jusqu’aux plus exotiques, consommables. À chaque coin de rue son vendeur de pesh, son fabriquant de casseroles, son marchand d’eau, eau qui était, fraîche et potable, était la marchandise la plus vendue de la ville, bien encore avant son Pesh légendaire, qui par contre engrangeait davantage. On voyait les marchands et leurs grands tonneaux proposer à la criée de l’eau pour un sous de cuivre le gobelet, du thé à la menthe pour deux sous, se joignant aux vendeurs ambulant de Thal, un mélange huileux d’olives marinées, de citron vert et de riz, ou de Khat, un pain plus ou moins épicé parfois adouci avec des raisins.
Des vêtements de soie et coton des marchands jusqu’aux fourrures et cuirs des tanneurs, chacun y trouvait son compte et son coin, jusqu’au sommet de l’échelle, les tailleurs, respectés de par leur fonction de sublimer la beauté tout en préservant la pudeur, pudeur qui si elle animait le citoyen moyen, ou encore la noblesse, n’était que le masque illusoire d’une pratique forte de la prostitution et des apparences alléchantes qui faisaient la solide arrière-boutique de la capitale, main dans la main avec ses drogues, jeux et poisons, qu’on trouvait bien plus facilement à la tombée de la nuit, sur les Étals du même nom.

À côté de ça, on trouvait des boutiques et des places pour le luxe, bijoux, esclaves rares, armes d’impeccable facture et même objets et services magiques. Le clergé d’Abadar, en terme de services, c’était d’ailleurs fait un presque monopole de vérification des biens, de leur authenticité, et de leur indentification magique. On pouvait également, côté marchand, acheter une clergé une petite balance d’Abadar, réputée inviolable, pour de saines transactions car le lieu, par son abondance d’habitants, permettait toutes les arnaques, par le relatif anonymat qu’il offrait aux plus audacieux, et aux plus désespérés, car la punition des Maîtres était à l’égal de la liberté qu’ils offraient : conséquente. Parfois à l’inverse, la chance vous sourit, et c’est un objet d’une valeur bien supérieure à ce qu’imaginait son vendeur qui s’étend sur une table ou un tapis, l’objet, bien souvent, ne reste pas plus d’une demi-journée.

Jawad conduisit le groupe jusqu’à la Carapace Dorée, un énorme bâtiment en forme de tortue et recouvert de plaques de métal brillant, propriété de Malthus Feyhew, on pouvait y acheter des armures, et revendre à peu près n’importe quoi qu’on pouvait trouver à l’aventure et sur les champs de batailles : armes, armures, gemmes. On s’y contentait généralement d’y revendre le métal et le cuir, qu’il reprenait à un bon prix, contrairement au reste.

Le lieu était un émerveillement pour les combattants, qui bien que résidents objets à l'époque, n'avaient jamais pu s'y rendre. Aux murs, on montrait avec fierté le fruit du travail du propriétaire et de ses apprentis, qu'on ne trouvait pas ailleurs : carapaces de tortue, peaux de gorgone, de vouivre ou encore de scorpion, tout ce qui protégeai les animaux ou monstres de ce monde servait à fabriquer des armures particulières. Jawad expliqua d'ailleurs que pour tout matériau qu'il n'avait jamais travaillé et qui l'intéressait, l'œuvre était gratuite à condition qu'il garde pour lui l'équivalent de ce qu'il avait utilisé. Un demi-elfe, habillé de jaune et de rouge, dont un bandeau recouvrait l'un des yeux, s'approcha en sueur des arrivants, qui ne laissaient personne indifférent, accompagné des gardes Zephyrs, et d'un Envoyé des Maîtres.


« Mes hommages Prince Jawad, que puis-je faire pour vous? »

Jawad lui rendit son signe de salutation.

«  Merci à vous forgeron, et bien, avant toute chose, permettez moi de vous présenter la Princesse Roveshki, dirigeante de Kelmarane la renaissante, et une partie de ses proches conseillers. »

L'homme enleva son bandeau, découvrant par la même une partie de son visage brûlé, accompagné d'un œil sans vie. La Princesse se retint de hurler alors que l'homme semblait habitué à ce genre de réaction, il s'inclina devant elle avant de saluer de la main le reste des présents.

« Ok. que puis je faire pour vous conseillers? Je suis Malthus, le chef de ce lieu. »

Modifié par un utilisateur vendredi 10 février 2017 16:20:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Je vais vous faire signer une décharge pour tous les objets emprunts de magie, et un prêtre d'Abadar vérifiera tout cela. Vous êtes les hôtes du Prince Jawad, je ne vous ferait pas perdre de temps à attendre d'en dépêcher un. Vu la masse de produits qui ne me concernent pas directement, je peux m'occuper de les refourguer, mais je prendrais un total de taxe de quatre cents pièces d'or sur cela. » Inspectant un peu la marchandise et les explications sur son contenu, il ajouta poliment « Si cette arme peut maudire quelqu'un, je suis au regret de vous dire que c'est un bien, et le seul, que je ne prendrai pas. Vous pourrez toujours trouver quelqu'un aux Étals de nuit pour l'acheter, peut-être même à bon prix. Signons ce qui vous convient, et bonnes ventes pour le reste. » dit il en faisant venir un serviteur à qui il faisait signe de prendre du papier et de quoi écrire. Bhaal regarda ses camarades et devant les hochements approbateurs, conclut la vente.

La transaction prit une petit heure, le temps qu'on leur amène du thé, que tout soit consigné et vérifié, et qu'il aille faire chercher l'argent dans ses coffres : des pièces de platine, en pagaille, plus qu'ils n'en avaient jamais vu en une fois.
« C'était un plaisir de marchander avec vous conseillers, n'hésite pas à venir me revoir, ni à me commander une armure sur mesure. »

Une fois dehors, Jawad regarda le groupe.

«  Une bonne chose de faite, si cela vous convient Princesse, je vais aller vous installer tous dans l'une des annexes du Palais, il serait imprudent de vous faire dormir ailleurs, et impoli pour vos conseillers. Ainsi, nous pourrons nous rendre ensemble au Palais pour avoir la date de l'audience pendant que vos conseillers pourront vaquer aux occupations de leurs choix, du farniente aux visites de courtoisie, en passant peut-être, ce soir, par les étals de nuit pour des choses que je ne veux pas savoir. » dit il avec un sourire exagéré.

Comme pour appuyer le prestige de leur destination, un mouvement invisible semblait ordonner aux gardes zephyrs de faire faire davantage de place dans les ruelles pour faciliter le passage des dromadaires. Prenant les Portes du Palais, le groupe passa devant des hordes de garde impeccablement alignés, aussi imperturbables que des statues, vers un lieu qui bien qu'agité n'était pas très bruyant, on pouvant entendre le chant des perroquets de feu passant au dessus de leurs têtes. Là, au milieu d'une ville où les gens se bousculaient comme des cafards serrés, se trouvait une véritable oasis, des petits ruisseaux coupaient de verdoyantes terres en zone, avec des palmiers, des cocotiers, et de nombreux arbres et plantes fait dans un gigantesque jardin qui semblait mener sa propre vie, comme un concert végétal sans fausse note. La pièce centrale de cette œuvre était un imposant palais dont les fines et nombreuses tours et minarets devaient monter à plus de cent pieds de haut, d'un marbre blanc réfléchissant, incrusté d'or jusqu'en haut des tours sous formes de décorations. Les petites zones autour de ce palais aussi grand que Kelmarane, délimitées par les cours d'eau, étaient des bâtiments plus modestes comparé au monolithe, des maisons d'une belle pierre blanche au toit plat tenaient compagnies aux trois esclaves qui dormaient dans l'attente qu'on ne les sonne sous un porche en bois d'ébène. Jawad regarda celles qui n'avaient pas l'air occupé et sans que l'on puisse comprendre comment il les distingua, s'approcha d'une au loin en disant
«  Suivez moi, vous logerez ici. » Alors qu'il s'en approchai, trois esclaves le suivirent en s'inclinant sans arrêt vers les arrivants. À l'entrée de la maison, il passa la porte avant d'attraper un trousseau sur un clou qui dépassait du mur à l'intérieur.«  Voici vos clés. Je vais mettre vos gardes à la réserve pour la moitié d'entre eux pour qu'ils dorment et le reste surveillera la maison. Ce trio s'occupera de préparer vos lits et repas, et toutes vos volontés. L'étage est à vous Princesse, et la base, à vos conseillers. Il y a une salle d'eau pour chaque étage, ainsi que des latrines. Je vais vous attendre dehors Princesse, dès que vous êtes prête, je vous conduirai au Palais. »

Les chambres étaient douillettes, d'un luxe qui rappelait à certains celui de leurs anciens maîtres : draps de soie, torches éternelles au mur, des bois travaillés pour le lit à baldaquin, l'armoire, le bureau, des bougies avec de quoi les allumer, une corbeille de fruits, des cruches d'eau, de vin, et de jus de raisins. Les pièces ne semblaient ni trop chaudes, ni trop froide, comme imperméables à la chaleur étouffante du dehors. Leur restait à voir avec quoi ils allaient occuper le reste de leur journée.

Modifié par un utilisateur mercredi 5 avril 2017 11:48:07(UTC)  | Raison: Non indiquée

Tandis qu'ils se dirigeaient vers le palais des Maîtres, Bhaal contemplait, sans les voir directement, les deux bourses de cinq kilos de platine attachées par une cordelette et passées de part et d'autre de sa selle. Il lui était naturellement revenu de porter leur butin car, des quatre, il était le seul à pouvoir transporter dix kilos de platine sans en être très gêné. Mais à vrai dire, Bhaal était tout de même gêné d'une autre façon. C'était d'ailleurs pour cela qu'il ne les voyait pas directement : il avait jeté une couverture par dessus, moins par prudence (rien ne pouvait lui arriver état donné ses accompagnateurs) que par pudeur. Que faisait-il avec une somme pareille ?

Dix mille pièces d'or... Dix mille pièces d'or ! Se répétait-il.

Bhaal pénétra dans les jardins du palais des Maîtres du Pacte avec un étonnement béat sur le visage. Il découvrait, en somme, l'art des jardins pour la première fois. Le palais lui-même était la plus grande construction de pierre qu'il avait jamais vue. Et la chambre qu'il partageait avec Alia était la plus belle qu'il avait jamais vue... Même si, en fait, il n'avait jamais vu de véritable chambre auparavant. Et il n'avait jamais été servi non plus par des esclaves.

Dans l'éloignement et la sauvagerie de Kelmarane, il avait déjà éprouvé ce sentiment, mais il était maintenant bien plus fort. D'un côté, il avait l'impression de récolter les fruits d'un pari gagnant (certes arrosé d'une bonne dose de chance), de l'autre il ne pouvait se départir de l'idée qu'on l'achetait, pour qu'il se taise et serve bien. Comme si ses maîtres, après l'avoir tant puni, décidaient maintenant d'en faire leur joli toutou. Quand il y pensait, il éprouvait parfois l'envie de tout casser, de laisser tout ça, de leur dire "merde" une bonne fois pour toutes. Mais il y avait Alia.

Il ne pouvait plus dire "merde" à ses maîtres, maintenant. Il ne pouvait plus se rebeller, il fallait qu'il obtienne ce qu'il voulait sans tuer tout le monde.

La voix d'Alia le sortit de sa rêverie. « Hein ? Un bain ? Maintenant ? » Fit-il, surpris. Mais il n'y avait pas matière à discussion à ce sujet. Quand elle eut fini de parler, il soupira. « Bien... Je suppose que je peux me permettre de sortir sans armes... » Murmura-t-il avant de rejoindre sa compagne au bain.

Modifié par un utilisateur jeudi 16 février 2017 03:34:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

La Princesse prit les mains de Célestin dans les siennes pour lui répondre par la négative.

«  J'irai seule Célestin, les Maîtres n'aiment pas voir du monde, et j'ai peur que cela me fragiliserait autant que cela vous placerait dans une proximité trop grande avec moi. On fait pression sur des proches, jamais sur des gens qu'on pense être des connaissances. »


Les esclaves se mettaient en branle, et vu le nombre de visiteurs, se virent greffer des renforts, portant leur nombre à six.
Alors que deux avaient préparé le bain pour Bhaal et Alia, un c'était occupé de Jyll et Célestin, et un de Nemlak, qui venait de recevoir, à la surprise générale, un courrier de son contact, qui venait d'apprendre leur arrivé en ville, et l'invitait à passer un matin lors de son séjour, avec "le sujet".
Le dernier s'occupait de la Princesse, et alors qu'Alia revenait de leur toilette, le marchand accompagnateur, Gorundal, l'interpella en s'approchant.



«  Conseillère Alia, j'ai cru comprendre par les esclaves en ébullition mentale que vous cherchiez de quoi vous vêtir par quelque chose qui conviendrait mieux à ce qu'on attend de votre rang, je puis vous emmenez tous deux à l'un des meilleurs tailleurs de la ville, qui mettra autant en valeur ce que vous souhaiterez. Si vous deux, ou Célestin, Jyll, ou Nemlak désirez quelques adresses en ville, il y a de fortes chances pour que j'ai ce que vous cherchiez. De jour comme de nuit. » précisa t'il en souriant.

Modifié par un utilisateur samedi 18 février 2017 15:18:10(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bhaal se plia au rituel du bain avec docilité et fatalisme. Ils allaient probablement repartir dehors et reprendre la poussière, mais Alia était contente, c'était ça l'important. Et puis maintenant, ils pourraient même avoir un autre bain ce soir. Autant de bains qu'ils voulaient, préparés par leurs nouveaux esclaves... Bhaal en était là de ses réflexions quand, au retour du bain, Gorundal le marchand mwangi s'approcha d'Alia pour proposer ses services.

Bhaal n'aimait pas cet homme. Il le trouvait glissant, obséquieux et absolument indigne de confiance. Mais ses pensées de tantôt lui revinrent en mémoire : il ne pouvait pas se contenter d'envoyer promener tous ceux qui ne lui plaisaient pas. Il devait faire des efforts, maintenant. Mais, juste retour des choses, il pouvait également tirer parti de ses propres efforts.

« Merci, euh... Gorundal. Ce sera sûrement très bien d'avoir des... vêtements. Enfin, d'autres vêtements, hein, parce que bien sûr des vêtements on en a déjà, et euh... Sinon, vous sauriez où je pourrais trouver une bonne arme ? J'ai entendu parler d'un ou deux forgerons mais je ne sais pas où ils travaillent. »

Alia suivait Gorundal à travers les rues de la ville en se disant qu'on aurait vite fait de se perdre, elle essayait de prendre des points de repères mais très vite elle abandonna, le bruit, les odeurs de la ville l'étourdissaient légèrement. Elle n'avait jamais eu l'habitude de se promener dans les rues peuplées de la capitale, les rares fois où elle se déplaçait c'était en chaise à porteur, et puis Kelmarane et ses rues désertes ne l'avait pas préparée à ça. Elle se sentait oppressée et restait la plus proche possible de Bhaal.

Lorsque le marchand s'arrêta, elle chercha un instant les boutiques autours d'elle sans comprendre, ce n'est qu'après quelques secondes qu'elle vit la magnifique statue à l'entrée du temple de Sarenrae. Alia écarquilla les yeux devant la majesté du temple, il était somptueux, jusqu'à cet instant, elle ne l'avait vu brièvement qu'à travers les rideaux d'une chaise à porteurs et là elle pouvait l'admirer dans toute sa splendeur.

Elle hésitait devant les escaliers, brulant d'envie de les gravir mais, impressionnée, elle se sentait indigne d'entrer dans le lieu saint, puis ils n'étaient pas venus en ville pour ça. Elle commençait à se mordiller les lèvres lorsqu'elle vit l'homme entre les deux gardes et elle écarquilla encore plus les yeux. Un aasimar ! Et prêtre de Sarenrae en plus ! Elle ne pouvait détacher ses yeux de son visage aux traits fins, c'était le premier aasimar qu'elle voyait. Lorsqu'il lui sourit, elle ne put s'empêcher de lui sourire également et de le saluer d'une légère et gracieuse révérence. Sans réfléchir, elle fit un pas en sa direction, puis se figea de nouveau ne sachant quelle conduite adopter.

Alia ne quittait pas l'inconnu des yeux, hésitant à s'approcher, elle en mourrait d'envie mais elle n'osait pas. Lorsque Bhaal la questionna à voix basse, elle ne détourna pas le regard pour lui répondre en souriant.
« Oui oui, ça va, ne t'inquiète pas, mais non je ne le connais pas. C'est... je crois que c'est un aasimar. Un aasimar prêtre de Sarenrae. »

Alia regardait le prêtre, malgré son étrange apparence, elle se sentait en confiance. A son invitation, elle hocha avec empressement la tête.
« Merci... mon père. » Elle hésita un instant sur l'appellation à donner à l'étrange aasimar. « J'aimerai beaucoup entrer, oui... je n'ai jamais pu le faire avant. » Elle se tourna vers Bhaal, les yeux interrogateur remplie d'une supplique muette. « Bhaal ? on peut ? »