Kurimi s'approcha au trot derrière Quoovar, comme pour lui donner un soutien physique face aux deux loups d'hiver. Elle ne semblait pas intimider, son état d'esprit du moment aurait plutôt grâce à ce qu'un combat éclate pour la détendre un peu.

«  Nos excuses pour cette intrusion, nous ne voulions pas vous manquer de respect. »

Le loup inclina la tête, considérant les réponses des deux-pattes qui lui faisaient face. Mais la réponse ne vint pas immédiatement, car ils furent interrompus par quelque chose que toute la caravane entendit, et qui manqua de provoquer une panique chez les bête de somme. Shae, dans son wagon, fut brutalement secouée les soubresauts du buffle qui le tirait, avant que Lela ne parvienne à le calmer. L'autre loup, qui venait en courant vers eux, hurla, un long hurlement qui se répercuta le long des collines, sans que ni la neige ni le vent ne l'étouffe.
L'autre loup inclina la tête sur le côté, et braqua son regard sur Quoovar. Cette fois, lorsqu'il parla, ses mâchoires suivirent.
« Je vois. Vous êtes ceux qui ont libéré Catriona de sa prison. Je vous en suis reconnaissant. C'est elle qui nous rejoint, si vous voulez lui parler. Mais je crois que notre maître souhaite vous parler, avant cela. »


Et le maître en question apparut une fraction de seconde avant que Quoovar ne remarque la manière dont la neige était étrangement vierge de traces de pas. Un murmure de surprise parcouru la caravane, alors qu'apparaissait de nulle part un géant, aussi haut qu'un pin, à la chevelure et à la barbe aussi blanche que la neige. Le géant se pencha vers eux, et leur parla dans la langue commune.
« Vous n'êtes pas en tords. Mais ne quittez pas la route. Ces terres sont celles de mes ancêtres, et elles peuvent être dangereuses. »
Le loup qui courait vers eux ralentit, et s'arrêta près du géant.
« Catriona me dit que vous êtes ceux qui l'ont sorti des geôles de Ravenscraeg. Pour cela je vous suis reconnaissant. Nous veillerons sur votre voyage tant que vous êtes dans ces terres. »
Il se redressa, mais garda son regard sur eux.
« Je connais ces lieux, si vous souhaitez me questionner, je suis prêt à vous répondre. »

Shae passa la tête à l'extérieur, et resta bouche bée devant le géant, ayant un petit moment de panique intérieur. Puis elle réalisa que la situation était calme, voire même favorable, et respira un grand coup en signe de soulagement.

Aloïs regarda le géant, ne sachant quoi penser, avant de souffler de soulagement quand il comprit qu’ils seraient leurs alliés lors du voyage. Encore une fois Quoovar et Kurimi semblaient gérer la chose, il n’argumenta pas plus, se contentant d’afficher un sourire et si jamais leurs regards se croisent faire un signe de la tête en direction de Kurimi…

Il faudrait qu’on règle ça, pour la sécurité et le bien être de la caravane…

Kurimi se tourna vers le reste du groupe, ne voyant pas trop ce qu'elle aurait pu demander d'autre d'intéressant. Trois semaines répéta-t-elle intérieurement. Elle répondit au géant en s'inclinant «  Puissent les souffles de l'hiver nous porter assistance, à tous. »

Aloïs sourit quand il entendit qu’ils voyageraient encore avant d’arriver. Bon il faudra que je règle mes problèmes, même si c’est peut-être pas le plus drôle ça ne peut plus durer. Et aussi je pourrai encore améliorer ma musique.

«  Merci messire, votre aide nous est précieuse. Nous ferons le nécessaire pour éviter tout désagrément sur vos terres afin que notre passage ne soit pour vous qu’une broutille n’impliquant aucune tracasserie.

Si jamais vous avez l’envie une soirée de jouer aux dominos ou Mahjong je serai honoré d’être votre adversaire, si cela vous dit évidemment.  »

Aloïs ne savait pas trop pourquoi il avait dit cela, probablement car il imaginait la solitude du géant…

Solomyia se lance

«  Les deux solutions sont équivalentes, mais le couvert des bois me semble plus sur  »

Les deux chemins ne manquaient pas d'avantages, Kurimi prit un peu plus de temps pour répondre que ses camarades, ce qui ne l'empêcha pas de se ranger à leur avis. «  Nous sommes armés pour le danger. La moitié des gens ici sont là pour ça. Mais nous ne sommes pas suffisamment armés pour la discrétion maximale. Alors à choisir, je prendrais le chemin pour lequel nous sommes le mieux préparé, il nous faudra par contre protéger au mieux les autres membres de la caravane qui ne doivent pas payer le prix de notre décision. »

«  Et toi, Shae, qu'en penses tu ?  »

Troll !

20 Erastius 4716 - Bois de Garjuk

D'un commun accord, ils prirent à partir du lendemain la direction des bois. Les caravaniers avaient été avertis par Ameiko que la suite de la route risquait d'être dangereuse, et tout le monde était sur ses gardes. Le convoi qui d'ordinaire bruissait des conversations, des rires, des disputes, et des discussions des voyageurs reprit sa route ce matin là dans un étrange silence. Le soleil n'était pas haut sur l'horizon, il ne l'avait pas été depuis plusieurs jours, mais il était néanmoins omniprésent, illuminant d'un éclat pâle toute la région.

Comme l'avait prévu Ulf, les collines se firent de plus en plus boisées, et sur le terrain valloné, les lourds chariots et les buffles de trait devaient serpenter entre les escarpements pour se frayer un chemin à travers la forêt.
Shae, qui avait terminé son ouvrage, avait à présent l'occasion de passer un peu plus de temps avec ses compagnons de route, et ils découvrirent ensemble la forêt de Garjuk, un bois de pins plongé dans une pénombre bleutée, le faible soleil du nord n'arrivant pas à percer la couverture des arbres.
Kurimi semblait avoir un peu retrouvé un peu de bonne humeur, comme l'indiquaient quelques discrets sourires. Ameiko semblait plutôt satisfaite de ce développement, mais restait malgré tout très présente aux côtés de la samouraï. Notamment, avant leur départ ce matin là, elle lui demanda si Kurimi pourrait, à l'occasion, lui apprendre à manier le sabre. Pas qu'elle craigne d'avoir à s'en servir, mais elle préférait en être capable si nécessaire. Et cela ne pourrait que l'aider à essayer de comprendre un peu mieux Suishen, puisque le sabre était plutôt du genre taciturne.
Aloïs, de son côté, semblait avoir trouvé quelqu'un décidé à le supporter: lui et Amaya ne se quittaient que rarement, et plus d'une fois un des caravaniers les surpris en plein baiser. La demi-soeur d'Ameiko n'avait absolument pas l'air gênée de ce genre d'interruption, cependant, et elle semblait effectivement engagée dans une relation bourgeonnante avec le bretteur elfe.
Quoovar, enfin, passait la plus grosse partie de son temps dans les bois, en compagnie de Shalelu et Kelda. L'elfe, le demi-elfe et l'Ulfen jouaient les éclaireurs, et maitenant qu'ils étaient au courant de la dangerosité de ses bois, ils ne se séparaient pas trop, préférant rester à proximité en cas de problème. Pour ces trois là, moins à l'aise avec la caravane que dans le silence serein (ou inquiétant?) de la forêt, ces expéditions dans les bois étaient une pause bienvenue et l'occasion de passer du temps ensembles, à l'écart des autres.


Ce furent eux qui, en fin d'après midi, arrivèrent sur les rives du lac, et sur le village abandonné. Dans une petite clairière au bord d'un lac gelé se trouvaient une douzaine de huttes et de maisons de bois, rassemblés autour d'un totem et d'un ancien feu de camp depuis longtemps éteint. Il n'y avait aucune trace de présence, et personne aux alentours.
Shalelu, inquiète, décida de retourner à la caravane pour les prévenir...
« Oui, un village abandonné! Il y avait peut être une douzaine d'habitations, mais ni moi, ni Quoovar ni Kelda n'avons vu qui que ce soit. Pas vrai? On devrait fouiller les lieux, à votre avis? »

Perception DD21 (Quoovar)



Ulf passa une main dans ses cheveux, perplexe.
« Ce doit être le village de Rimatak, j'y suis déjà passé une ou deux fois. C'est un village erutaki, mais ils sont assez nombreux pour se défendre contre les prédateurs de la forêt...qu'est ce qui a bien pu se passer. »
Son regard se fit déterminé.
« Il faut qu'on aille voir. »