Märk approche alors de Lyrie, ferme les yeux et se concentre. Il ouvre finalement ses yeux et scrute la jeune femme pour trouver les objets magiques qu'elle détient.
« Donnez moi votre grimoire et tous vos objets magiques. Vous pourrez ensuite partir avec Orik. »
Le jeune femme obéit sans rien dire puis se relève.
« Vous avez une seconde chance alors ne la gâchez pas... »
Puis Märk se tourne vers Orik.
« Cher compagnon, vous avez réussi à retrouver le bon chemin et prouvé votre courage. Grâce à vous nous avons vaincu cette Nualia et pu sauver Pointesable, pour le moment. Nous vous devons beaucoup et je pense qu'en épargnant Lyrie nous avons respecté notre parole. Maintenant c'est à vous de respecter la votre en la surveillant pour le reste de votre vie. Partez et bonne chance pour le futur. »
Le druide met tout le matériel récupéré sur Lyrie dans son sac et part vers Pointesable en suivant ses compagnons.

Märk restait en retrait tout au long du chemin de retour vers PointeSable. Il essayait de comprendre toutes les informations données par Lyrie. Mais la plupart de ces informations n'avaient pas de sens pour lui.
Il arrivait à comprendre les desseins de Nualia de part sa haine pour PointSable et ses habitants.
Mais que venait faire un soit disant juge dans cette histoire...
C'est quoi un juge au fait ? C'est comme un chef de clan peut être ? Un peu comme le maire dans PointeSable surement...
Le druide avait besoin d'aide pour comprendre toutes les ramifications du pouvoir des cités.
Au moins Shoantis c'est plus simple, le jothka dirige le clan et il décide ce qui est bon pour sa survie.
Il lui fallait donc quelqu'un capable de fournir toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension de la situation.
Hendamar connaissait beaucoup de choses mais il n'était pas en état de grand chose pour le moment.
Altaric ne semblait guère enclin à parler de ce genre de choses non plus.
Thormod lui pouvait vraiment aider Märk mais depuis l'exécution de Tsuto le druide n'avait plus du tout confiance en lui.
Idril n'avait pas non plus la sympathie de Märk du fait de ses demandes des plus égoïstes sur le grimoire de Lyrie...
Finalement il ne restait plus que Shalelu qui pourrait peut être l'aider, surtout qu'il semblerait qu'elle et lui partagent l'amour de la nature.
Après pas mal de temps dans ses réflexions Märk se décide alors à avancer vers la demi elfe pour le demander cette aide. Mais Finius stoppe net cet allant pour parler de leur retour à PointeSable.
Les solutions disponibles n'étaient pas légions mais pour Märk une seule était acceptable.
« Je suis désolé de vous contredire Shalelu mais je pense sincèrement qu'il vaut mieux ne rien dire à Titus Scarnetti. Tout d'abord parce que ses rêves de pouvoir lui ferait mettre en danger PointeSable et ses habitants. Et en plus je ne serai jamais sûr qu'il n'envoie pas des tueurs à nos trousses.
Pour moi nous devons garder toutes ses informations secrètes et les utilisées pour avancer dans notre enquête.
Car il n'est pas question d'en rester là, nous devons comprendre qui est derrière toute cette histoire et nous devons les faire enfermer. »

Ventdi 28 Rova - 9h02 - Cimetière de Pointesable

Naffer Vosk était un ancien contrebandier, échouant sur la plage il y une quinzaine d’année avant d’être recueilli par le Père Tobyn qui prit pitié de lui et le chargea de s’occuper du cimetière contre un logis et un salaire honnête. L’Humain à la démarche boiteuse dû à un dos tordu de naissance trouva le salut en la Déesse de Sarenrae et accomplit ses tâches quotidiennes sans relâche : embellir les tombes, tailler les buissons, faire fuir les bombers et surtout sonner la cloche de la cathédrale matin midi et soir.

Une de ses autres tâches et non des moindres était l’organisation logistique des enterrements, ouvrant le portail au cortège funèbre et laissant l’escorte du cercueil passer l’entrée. Le temps était lourd comme un soir d’été, les bottes du cortège marchaient sur un sol sec qui n’allait pas tarder à s’embourber et le soleil matinal commençait à fuir derrière les nuages blanc et gris du Golfe de Varisie, derrière eux. L’orage grondait au loin.

Abstalar Zantus ouvrait la marche seul, après avoir fait une courte messe dans la cathédrale, il balançait de l’encens en psalmodiant et regardait le chemin avec un visage bienveillant. A ses flancs, l’ancienne mairesse l’accompagnait, Kendra Deverin dont les cheveux roux avait perdu de leur éclat après la semaine noire qui s’était achevée il y a deux jours dans une effervescence qui resterait dans les mémoires de tous les habitants de Pointesable.

En effet, Titus Scarnetti avait réussi son assaut sur Pic-Chardon et avait facilement prit le pouvoir de la ville côtière à son retour de la forteresse gobeline. Officiellement du moins. Officieusement, un guerrier Nain, un enquêteur Magnimarien, une sorcière Elfe, une Flèche Brisée, un géant Shoanti, un ancien Loup Gris, une Elfe sauvage et un semi-homme musicien avait réussi à tuer Nualia et faire tomber Pic-Chardon dans une tentative d'assassinat réussie malgré la mort de deux hommes et la disparition d’un autre.

D’autres secret entouraient également cette affaire qu’ignore même le nouveau Seigneur Maire : la libération d’une bête maléfique, l’existence d’un complot dans la ville au monument ainsi que l’aide bienvenu d’un mercenaire aux ordres de l’ennemi qui fut libéré avec sa dangereuse compagne magicienne, hors de danger et hors d’ici à présent.

Titus Scarnetti ne manqua pas de féliciter longuement les Héros de Pointesable, promettant à certains des postes, à d’autre des services exceptionnels et même des excuses un peu forcées à la Sorcière du Bois d’Egan. Cet homme était aussi impitoyable que loyal et sa vision quasi-étatique du pouvoir tendait vers un autoritarisme fort et stable comme le montrait la présence nouvelle de la Garde Verte en ville ainsi que l’obtention par ses proches de poste clef à ses côtés dans l'organigramme politique et économique de la ville.

Il commença d’ailleurs à libérer Belor Ciguë de ses geôles où ce dernier avait prit le temps de réfléchir sur son avenir en tant que Prévôt dans cette ville au destin en suspens, éborgné par une créature maléfique, le Shoanti avait un bandeau sur la moitié du visage et son regard brun se dirigea vers l’un des cinq acolytes qui portaient ce cercueil vide avec lui.

Hendamar Frappe-Coeur n’avait adressé aucun sourire à Vosk en rentrant dans le cimetière, les deux hommes avaient essuyé bien trop de bagarres de comptoirs pour s’en excuser pour si peu. Mais à qui souriait le Nain à présent ? A Ameiko peut-être ? Qu’il avait retrouvé au Dragon en bonne santé physique et qui les attendait à présent à côté de la future tombe. A son ami Gandhétus présent lui aussi ? Il avait prolongé le prêt de son armure exceptionnelle du Destructeur de Rotule à la condition de ne pas la salir comme à son habitude. Non. Hendamar ne souriait plus. Après deux jours entier de sommeil que partagea ses compagnons, il était encore fatigué, ses cernes dépassaient sa barbe pourtant bien rasée et son regard à lui aussi, se portait sur autrui.

Grévor Thormod refusait de lui rendre ce regard suspicieux, les deux Héros avaient pourtant partagé de nombreux évènement, de la naissance de l’enfant de Coralie en passant par la bataille de la Verrerie et son emprisonnement dans les Catacombe de la colère… l’endroit où il fut corrompu par un Koruvus malfaisant. Le Demi-Elfe sentait que quelque chose clochait dans son corps, il dormait trop bien, il était le seul à resplendir au milieu de ces hommes et femmes murées dans un silence funéraire. Il avait troqué le vert émeraude habituel de sa robe avec un gris vert plus adéquat et il sentait que le Nain l’observait alors que lui même sourit au plus grand des porteurs.

Si le Nain portait à bout de bras, Märk le Marcheur des Plaines n’avait pas ce mal là et regardait le ciel se zébrer au loin dans un lourd et humide silence, le géant était le seul ici à ne pas s’être habillé correctement et qui aurait pu lui en vouloir ? Certainement pas Shalélu qui l’observait au loin, elle aussi au côté d’Ameiko, de Myriëlle et du directeur de l’académie. L’Elfe sauvage avait été convaincu par ses arguments et ceux du Nain dans l’optique de ne rien dévoiler à Titus hormis ce qu’il était acceptable qu’il sache. Une relation aussi discrète que forte s’était construite entre ces deux amoureux de la nature et de la protection de la vie et même si le maître de Märk ne répondait pas à ses fumettes - volontairement ? - pour qu’il lui résume les événements, le Marcheur des Plaines avait de bonnes raisons de rester à Pointesable et ses alentours. D’autant plus qu’il sentait que quelque chose n’allait pas avec le Cercle, son regard inquiet se porta sur l’humain en tête de file.

Altaric. Impossible de distinguer ses yeux et la luminosité baissante ne faisait qu’accroître son apparente tristesse. Une fois proche de la fosse, ils posèrent tous le cercueil vide et les yeux bleus de l’ancienne Flèche Noire rencontra le violet de ceux d’Idril qui portait une robe noire magnifique. La Sorcière ne resterait certainement pas en ville, occupée à retrouver son journal et à étudier le grimoire de Lyrie, mais est-ce que l’Humain resterait, lui ? Celui qui avait été le plus blessé lors de la semaine noire avait malgré tout vite récupéré et la terrible cicatrice qu’il avait reçus d’un Chien Hurlant dans le dos ne l'empêchait en rien de commencer de nouvelles activités, ici ou ailleurs. Avec ses amis ou seul au monde. Il détourna le regard et il vit alors Wilhem Scarnetti, ancienne Flèche Noire lui aussi et lui adressa un respectueux signe de tête, teinté d’une insondable tristesse au moins égale à la seule femme qui porta le cercueil à ses côtés. Samantha Klein.

Abstalar Zantus n’eut pas besoin de pierre tonnerre ce jour là. Même Finius, le dernier des présents et le plus éloigné entendait le Grand Prêtre de Pointesable. Il parla très peu, submergé par une émotion véritable et une compassion sincère envers la défunte. A chaques mots qu’il prononçait, des gouttes de pluie tombaient et personne n’avait l’intention de se protéger de l’eau qui martèlerais bientôt le sol. Le rite funéraire commençait, en l’honneur des Dieux de la ville et surtout de Pharesma. Tout le monde baissait les yeux, tout le monde se taisait, tout le monde priait. Prier pour que plus rien n’arrive à cette ville. Prier pour que plus personne ne meurt par le mal.

« Je t'interdis de te faire du mal ! Je te l’interdit tu m’entends ?! » Disait la jeune adolescente à l’une de ses amies qui avait tenté de mettre fin à ses jours. « Nua... tu es la plus belle personne que je connaisse, tu es une fille exceptionnelle… » Ses mots furent peu entendues par la jeune fille qui n’arrêtait pas de pleurer.

« Ma vie est un calvaire… je fait même pleurer la seule personne qui compte pour moi… je suis tellement mauvaise… je ne mérite que la mort. » Disait Nualia alors que son amie pleurait à son tour et la gifla sans retenue.

« Imbécile ! Pense à l’enfant que tu portes ! Ce n’est pas parce qu’il t’a abandonné que c’est le cas de tout le monde ! »Tentait de réconforter en vain la jeune fille.

« Mais je n’ai que toi… et tu vas bientôt partir...  » pleura la jeune fille aux cheveux d’argent.
Tenant les épaules de Nualia, son amie comprit soudain et arrêta de pleurer, elle sortit un collier d'argent orné d'une pierre bleue mouchetée et le tendit à l’Aasimar.

« Tiens… prends mon collier, c’est l’objet le plus important pour moi, il te prot… »

« Non ! » Cria la jeune fille désemparée, éloignant le bijoux d’un revers de main violent « Non ! J’ai besoin de toi ! Ne pars pas ! Non ! Je t'en supplie ! » Puis criant de plus belle, au bord de la rupture elle rajouta « Reste avec moi !! Solana !! »

Fin du Chapitre 1 : Les offrandes calcinées.

Modifié par un utilisateur vendredi 10 août 2018 19:22:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Hendamar avait passée ses nuits à réfléchir sur ce qu'il allait faire à présent. Il avait bien des idées, mais son dernier espoir s'envola avec le départ de Mark.
« Merci d'être venue me voir avant de partir. Puissiez-vous accomplir ce pour quoi vous êtes venues. Si vous avez besoin de moi, vous savez où me trouver. S'il s'agit de casser du gobelin, je crois que j'ai saisie comment perfectionner mon swing. »

Il ajouta avant le départ de Mark. « Ne manquez pas d'aller saluer Shalelu. » Glissa-t-il à l'homme avec un grand clin d'oeil et un regard lourd de sous-entendues.

D'ailleurs à cet instant, il se demanda comment Idril avait géré l’enterrement de Solana pour se rapprocher d'Altaric.

Puis il commanda une nouvelle bière. La voie de l'alcool s'étudiait à grande pinte.

Pointesable! Enfin...
La vision de l'enceinte de la petite ville côtière effaça les douleurs tant physiques que psychiques du magnimarien. Un semblant de civilisation et de calme allaient enfin pouvoir être retrouvés! Et même si Thormod restait inquiet à la fois de sa condition et des événements survenus, une forme de sérénité semblait à portée au moins pour quelques jours.

La séparation d'Orik emmenant Lyrie dans le secret le plus total avait fini d'achever ce chapitre mortuaire et terrifiant qu'avait été l'assaut de Pic Chardon. Et en parlant de secret, sans que vraiment quiconque ne l'ait affirmé haut et fort, un pacte semblait avoir été lié parmi les membres de cette expédition sur les révélations qu'ils avaient pu obtenir. Au final, le groupe passa la grande porte de la cité dans un silence pesant. La sécurité retrouvée, le demi-elfe ne se fit pas prier pour partir se reposer.



Deux jours entiers... Oui, ce furent bien deux journées et deux nuits complètes que Thormod dormit! Son sommeil fut à peine entrecoupé par un réveil de quelques minutes où il grignota et s'abreuva d'eau - pure cette fois! - avant de retomber dans son lit. Ni les bruits de la ville, ni les lueurs du soleil ou de la lune ne vinrent perturber son sommeil. Pour l'organisme du magnimarien qui avait vécu jusqu'alors dans le luxe et la tranquillité de la ville aux monuments, la semaine noire avait été une épreuve pire que toutes celles qui l'avaient poussées dans ses retranchements. Le demi-elfe avait été à jamais changé!

C'est donc dans une forme olympique que Thormod finit par se réveiller ce ventdi matin. Terminé les habits usés, terminés les cheveux en bataille, terminé l'odeur de transpiration! L'enquêteur retrouvait sa splendeur en cette matinée de Rova après avoir fait sa toilette et pris soin de faire monter une parure adéquate à l'événement funeste où il était convié. Et bien qu'il pouvait partager la douleur d'Altaric vis-à-vis de cet enterrement, il s'y rendait davantage parce qu'il savait que tous les notables de Pointesable s'y trouveraient.

Voilà, un dernier coup de peigne et j...
Son cerveau se figea un instant... Ses yeux émeraudes se posèrent quelques secondes sur le bout des doigts de sa main gauche : ses ongles étaient très courts, trop courts. Le fait de se remémorer ces immondes griffes apparaître et se briser lui rappela que non... tout n'allait pas bien. Quelque chose clochait vraiment et il devrait rapidement s'en préoccuper au risque de perdre à nouveau le contrôle de son corps!
Mais qu'est-ce qui m'est arrivé?...

Tentant de laisser ses préoccupations de côté au moins le temps de la procession, Thormod assista aux funérailles en maintenant le silence qui était de rigueur. Bien que morose de part l'ambiance générale, il arborait une mine radieuse. Et ce n'est qu'une fois la célébration terminée qu'il se contenta de poser sa main sur l'épaule d'Altaric avec une compassion sincère pour lui adresser : « Mes condoléances mon ami. En cas de besoin, n'hésitez pas à venir frapper à ma porte. Après tout, je vous suis éternellement redevable. »

La vue des autres membres illustres de la cité côtière attisait la fougue du demi-elfe. Il avait envie de savoir quels étaient les plans pour la suite. Il voulait parler aux Scarnetti pour poursuivre son enquête. Il brûlait de dresser des stratégies pour contre-attaquer la menace de la corruption de Magnimar. Mais tous comptes faits, il garda surtout son regard de jade braqué sur le Père Zantus avec une certaine inquiétude. Finalement, la semaine noire lui avait appris une chose : il fallait savoir se préserver dans les situations les plus dangereuses! De fait, une fois la plupart des protagonistes partis, il se dirigea vers l'ecclésiaste : « Mon Père, si vous avez du temps à m'accorder, je souhaiterais m'entretenir avec vous pour... une forme d'expertise, si possible dès cet après-midi. »

Résolument, Thormod mettait toutes les activités en pause afin de privilégier sa santé.