'est avec un jour de retard, au début de l'après-midi du 21e jour du mois de Desnus, que l'historien Solish Frazdo et son équipe arrivèrent au Comptoir d'Oleg. L'historien était un nain légèrement bedonnant, avec une expression sévère sur le visage et de petites lunettes ovales. Le sommet de son crâne était complètement chauve mais il arborait une épaisse barbe et de longues moustaches de même couleur. Il chevauchait en tête du petit convoi d'une dizaine de personnes, juché sur un âne entêté qui semblait avoir bien du mal à porter tout le poids du savoir de l'historien.

Les gardes qui patrouillaient sur les murs du fortin avaient rapidement repéré le convoi qui s'approchait, de sorte que tout le monde avait pu se préparer à les accueillir. À peine était-il arrivé près de l'entrée du fortin que l'historien sauta en bas de son âne avec une grâce étonnante. Il s'approcha directement de Gaëlan et serra la main au demi-orque. « Ah, très heureux d'être enfin arrivé sur place ! C'est que le chemin est plutôt long entre Restov et ici ! » s'exclama-t-il. D'un commun accord, il fut décidé que tout le monde prendrait un jour de repos en plus et qu'ils ne repartiraient du comptoir que le lendemain matin.

Cette nuit-là, la chambre commune du comptoir d'Oleg fut entièrement occupée, à un point tel qu'il fut même nécessaire d'ajouter une tente dehors pour loger tout le monde. Heureusement, Solish Frazdo avait prévu des abris à établir sur place pendant les fouilles, pour lui, ses aides et pour les gardes qu'il avait embauchés. Le soir, l'historien partagea un repas avec les explorateurs, posant mille et une questions sur la géographie du site et sur les objets qui avaient été découverts sur place. La plupart de ses questions restèrent sans réponse : les explorateurs n'avaient pas les connaissances nécessaires pour y répondre, et ils n'avaient d'ailleurs pas vraiment passé beaucoup de temps sur place.

En fin de soirée, l'historien leur confia qu'il avait misé gros sur cette expédition et qu'il espérait bien pouvoir trouver de belles pièces qu'il pourrait ensuite revendre aux divers musées de Restov, voire peut-être même à Nouvelle-Stetven. (Je veux bien un test de Connaissances (histoire) pour ceux qui le peuvent) Le nain semblait complètement obsédé par l'idée du champ de bataille, de sorte que, chaque fois que le sujet déviait légèrement, il s'empressait d'y revenir. Ce n'était visiblement pas une manœuvre de sa part : l'homme semblait réellement passionné par le sujet, à un point tel que rien d'autre ne semblait avoir d'importance à ses yeux.

22e jour de Desnus

Le lendemain matin, le convoi était prêt à partir dès l'aube. Allister avait estimé qu'il faudrait deux bonnes journées de marche bien remplies pour que le groupe arrive à l'ancien champ de bataille, aussi avait-il insisté pour qu'ils quittent le Comptoir dès l'aube. En plus de Solish Frazdo et de la dizaine de personnes qui l'accompagnaient (chacun avec sa propre monture — n'étant pas certain de l'état des pistes menant jusqu'au champ de bataille, l'historien avait préféré éviter d'utiliser des chariots), il y avait également Jhod, le prêtre d'Érastil, et Milès, qui serait chargé de ramener les chevaux vers le Comptoir lorsque les aventuriers atteindraient la zone de forêt qu'il leur restait à explorer.

23e jour de Desnus, le soir

Comme Allister l'avait prévu, le trajet jusqu'au champ de bataille prit deux journées entières. Vu la taille du convoi, et la sûreté relative des plaines traversées, le trajet se déroula sans aucun problème. Ils atteignirent la petite vallée où les explorateurs avaient repéré des objets métalliques enterrés à peu près au moment où le soleil tombait, de sorte que les aides de camp durent se mettre immédiatement au travail pour pouvoir monter le camp avant la nuit.

Solish Frazdo profita des dernières lueurs pour prendre la mesure du champ de fouille. Il émit un sifflement puis fit une grimace. « C'est un grand morceau, c'est le moins qu'on puisse dire. » En effet, la zone dans laquelle les aventuriers avaient repéré des reflets métalliques était plutôt vaste. Tout en secouant la tête, l'historien ajouta « Non, non, non… ça ne va pas. Je n'aurai jamais assez d'hommes pour fouiller tout ça ! Et j'ai mis tous les fonds qu'il me restait dans cette expédition ! ». Le nain soupira puis dit « Il me faudrait au moins 1 500 po de plus pour embaucher assez de main d'œuvre ! » soupira-t-il.

Pendant les deux jours que durèrent le trajet, Allister écouta avec plaisir Solish Frazdo. Contrairement à certains de ses compagnons, l'histoire le passionnait tout autant que la géographie. Il avait toujours eu en tête de développer une théorie qui stipulait que l'on ne pouvait parfaitement maîtriser l'une sans avoir de solide bases sans l'autre. La géographie, tant physique que politique, avait toujours eu ses fondements dans l'histoire de la région correspondante et c'est aussi en maîtrisant la première que l'on pouvait établir des fait historiques précis. Il essaya de répondra autant que faire se peut aux questions de l'historien.



Une fois sur place, le nain sembla déçu. Non par ce qu'il avait devant les yeux, mais par l'ampleur de la tâche à accomplir. Allister n'avait aucune idée de la main d'oeuvre nécessaire pour mener à bien un tel chantier et il n'avait donc pu anticiper sur les moyens à mettre à la disposition de l'expédition. « De combien de personnes avez-vous besoin ? Si nous pouvons vous aider, ce sera avec joie. » Puis se tournant vers ses compagnons il ajouta « Si nous ne pouvons répondre à la demande en terme de main d'oeuvre, seriez-vous prêts à céder la somme correspondante à l'expédition de maître Frazdo ? Nous en tirerons sûrement plus de bénéfice qu'en l'état. »

Il ne voulait pas forcer la main aux autres explorateurs et si la décision s'avérait négative, il l'accepterait, mais intérieurement, il espérait qu'ils seraient disposés à se démunir de cette somme pour favoriser l'expédition de l'historien. Après tout, il était peu probable qu'ils aient à faire des achats d'ici leur retour au comptoir et il s'imaginait qu'ils entreraient dans leur frais en faisant ce sacrifice.

Aelaendlara écoutait d'une oreille distraite les histoires raconté par le nain. Il y avait certainement beaucoup à apprendre pour un guerrier ou un historien de l'étude des batailles anciennes, mais les rôdeurs étaient le plus souvent confrontés plutôt à de petites escarmouches qu'à de grandes batailles.

A un moment, l'historien parla de vendre les objets trouvés sur le champs de bataille à des musées lointains, et la demi-elfe se demanda s'il ne serait pas plus intéressant pour le développement de la région d'avoir un musée local à proximité du champs de bataille. Bien sur, cela nécessiterait probablement également une petite (pour commencer) université pour faire venir étudiants et professeurs, mais si une petite ville arrivait à se développer à proximité de la source d'eau chaude, la présence d'un musée proche des installations thermales ne ferait que favoriser le développements des activités de celles ci. Bien sur, tout cela nécessitait que les pièces les plus importantes trouvées ne soient pas vendues, et pour cela le seul moyen serait probablement de financer une partie des fouilles (et probablement un poste de conservateur du futur musée pour Solish Frazdo).

Le nain agita un doigt boudiné devant le nez de Gaëlan sans se laisser démonter. Il répondit « Vous faites erreur. Je me suis renseigné sur la charte qui vous lie à Restov et vous n'avez aucunement la garde, ni quelque droit que ce soir sur ces terres. Vous êtes de simples cartographes et exterminateurs de bandits mandés par les autorités bréviennes et, jusqu'à preuve du contraire, ces terres » — il désigna les plaines tout autour de lui — « font partie des Terres Dérobées et n'appartiennent à strictement personne. »

« Je n'entends rien dérober à qui que ce soit ; vous avez été payés pour les renseignements que vous nous avez fournis et nous avons respecté notre marché. J'ai passé les derniers mois à rassembler des fonds pour cette expédition et, même si mon but est avant tout de faire découvrir ce pan plus ou moins mal connu de l'histoire de notre pays, je ne peux pas me permettre de le faire sans rentrer dans mes frais. » expliqua-t-il.

Il écarta les bras et ajouta « Maintenant, si vous voulez m'empêcher de faire ce pour quoi je suis venu ici, c'est dommage pour vous, parce qu'il n'y a aucune autorité de tutelle qui pourrait vous appuyer. À moins que vous ne comptiez nous chasser d'ici par la force, tels de vulgaires barbares ? »

Andreï leva les yeux au ciel, et voilà qu'ils marchandaient pour des vieilleries sur un terrain de laboure.

Vivement qu'ils repartent à l'aventure.

L'historien nain s'était apaisé assez rapidement. Il croisa les bras et observa Allister pendant un long moment. Puis il finit par répondre à la question du barde. « J'en pense que vous proposez de mettre votre argent alors que j'y mets mon argent, ainsi que mon temps, ainsi que mon expertise. Un partage qui ne tiendrait compte que des sommes investies me semble donc peu juste. Le second point, c'est que rien ne garantit que nous trouverons des objets de valeur, ni même que ces découvertes intéresseront quelque musée que ce soit ; je ne peux donc pas vous garantir un quelconque retour sur investissement, pas plus que je ne peux garantir que mon propre investissement rapporte quoi que ce soit. » Agitant ses doigts boudinés dans l'air, il ajouta « Je pourrais prétendre le contraire, mais, si les choses tournent mal, nous aurons tout perdu, vous et moi. Enfin… vous aurez juste perdu votre argent, tandis que j'aurais perdu mon argent et mon temps. »

Levant un doigt à la manière d'un maître d'école, il continua « Cependant, je suis d'accord pour mettre tout cela par écrit et pour formaliser un accord, pour autant que celui-ci soit acceptable par tous. Je peux vous proposer 25% de tous les gains résultant de ses fouilles, c'est-à-dire 25% du prix d'achat que les musées proposeront pour les pièces que mes hommes et moi aurons découvert. Et, si vous désirez le savoir, en comptant les 500 pièces d'or que vous avez reçues, j'aurai investi, personnellement ou via des sponsors, pas loin de 2 500 pièces d'or dans cette expédition. »

Modifié par un utilisateur mercredi 8 décembre 2010 16:10:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Gaëlan avait déjà eu l'occasion de s'intéresser au fonctionnement de diverses entreprises commerciales et il savait qu'il y avait tout intérêt à examiner la situation sous divers aspects avant de se prononcer. Il jeta un coup d'œil au vaste champ à explorer et à fouiller… il n'avait aucune expérience en matière de fouiller, et il n'aurait pas pu dire quelle quantité de trésors historiques l'endroit pourrait révéler, surtout qu'il n'y avait a priori aucun moyen de savoir jusqu'à quelle profondeur il faudrait creuser. Cette question étant quasiment insoluble pour l'instant, il aborda le problème sous un autre aspect : l'intérêt possible des musées.

D'après Solish Frazdo, l'endroit aurait été le lieu d'une bataille entre les forces de Choral le Conquérant et certains Rostlandais qui auraient fui dans un premier temps puis se seraient ravisés. Il y avait là un potentiel certain : une telle découverte ferait certainement appel aux qualités nationales les plus nobles des Rostlandais. Vu le climat actuel, plutôt tendu entre le Rostland et l'Issie, on pouvait s'attendre à un intérêt encore décuplé pour ces objets historiques qui, certes, rappelaient la défaite contre Choral, mais aussi la bravoure des Rostlandais. Ce serait encore mieux si Solish Frazdo parvenait à mettre à jour des objets reliés à certaines des familles rostlandaises qui étaient connues pour avoir fui la nation à l'arrivée de Choral, car ceux-ci prouveraient qu'une partie des membres de ces familles au moins avaient révisé leur opinion et étaient revenus combattre. S'il y avait de quoi permettre à certaines de ces familles de regagner leur honneur, la chose pouvait en effet valoir non seulement une petite fortune mais aussi d'importantes faveurs.

Bien sûr, tout cela n'était que des histoires, sujettes à la condition que l'historien mette sur la main sur des choses de valeur…

Le nain réfléchit quelques secondes puis hocha la tête. « Ca me va ! » lança-t-il finalement. Il ne tendit pas la main non plus mais consulta du regard chacun des explorateurs présents, se doutant bien qu'il faudrait l'accord de tous avant que le contrat ne puisse être passé. Visiblement, le nain n'était pas vraiment du genre à débattre pendant des heures et il semblait sincèrement satisfait de pouvoir se mettre au travail.

Il laissa les explorateurs discuter entre eux et se mit à arpenter la région pendant que ses hommes de main montaient le campement. De temps en temps, il s'agenouillait sur le sol et se penchait en avant pour examiner un morceau de métal partiellement déterré, grattant avec précaution la terre tout autour de l'objet afin de pouvoir l'en extraire sans l'abîmer. Il revint plusieurs minutes plus tard, notant que « Il y a matière à faire. Ce n'est qu'un premier coup d'œil, bien sûr, mais ça serait étonnant que nous ne trouvions rien sur tout ce vaste champ. Au fait, si vous acceptez ce marché, il faudra que j'envoie un courrier à Restov, où un ami à moi se chargera de recruter du personnel supplémentaire. » Miles dit que, si c'était nécessaire, il pourrait se charger de ramener la lettre jusqu'au comptoir et qu'il la prendrait lorsqu'il repasserait par le campement au cours de son voyage de retour.

Après un repas chaud préparé par les aides de camp de Solish Frazdo, les aventuriers purent passer la nuit à l'abri d'une des tentes que les historiens avaient montées. Le nain leur proposa de dormir et indiqua que ses gardes pourraient surveiller les alentours au cours de la nuit. Celle-ci se déroula d'ailleurs sans aucun problème.

24e jour de Desnus

Au petit matin, il était temps pour les explorateurs de prendre leur décision au sujet de l'arrangement avec Solish Frazo et de reprendre la route. Allaient-ils d'abord conduire Jhod vers le temple ou préféraient-ils reprendre l'exploration dans les plus brefs délais puis remonter vers le nord et le temple seulement par après ?

Il était heureux de voir que ces discussions interminables avait enfin cessé, le lendemain il pourrait partir pour finir leur travail. Il proposa de laisser d'abord Johd au sanctuaire d'Erastil, de finir l'exploration et de le récupérer au passage.

Andreï avait écouté attentivement l'histoire de Jhod, quand celui-ci parti ce coucher, il allait lui aussi prendre son tour de garde mais il rajouta : « Je ne comprends pas pourquoi il s'en veut, ce voleur ne méritait que la corde, heureusement qu'ils l'ont pendu, il aurait pu donner des informations précieuses et tout le village aurait été en danger. »