Musique - Collines embrumés




Les brumes persistantes refusaient de se dissiper, alors même que le soleil approchait de son zénith. Sur la route de terre battue qui serpentait entre les collines du sud de Shenmen, huit cavaliers avançaient avec réticence.

Derrière eux se la Porte des Brumes, qui faisait office de porte Nord à Gaotong, la capitale de la province des Collines Embrumées, à la frontière entre Lingshen et Shenmen. Les lourds battants bardés de fer se refermaient avec un léger grincement, scellant à nouveau les remparts massifs de la ville fortifié. La région n'était pas sûre, et si les autres portes demeuraient ouvertes durant la journée, personne n'empruntait la Porte des Brumes.
Et pour cause! Gaotong était une cité militaire, gardant la frontière, car au delà se trouvaient les terres abandonnées et hantées de Shenmen. Aucune véritable autorité n'était parvenu à conquérir ou contrôler cette région depuis la chute de Lung Wa, et même les soldats endurcis de l'armée de Lingshen frissonnaient en entendant les légendes des fantômes et créatures qui rôdaient là.
Ces mêmes vétérans les ignoraient depuis les murailles, regard inflexible fixé sur l'horizon.

Les huit cavaliers, à contrecoeur, se mirent en route....alors que Gaotong disparaissait dans les brumes et entre les collines, ils passèrent sous un immense torii, une porte spirituelle, destinée à permettre aux esprits de voyager en paix et à attirer leur bienveillance sur les voyageurs. Le silence régnait, en dehors du bruit des sabots. Ils étaient seuls.

Vous récupérez chacun un cheval léger, une selle, un mords et une bride, et deux sacoches de selle, ainsi que dix jours de rations. Il y a encore neuf jours jusqu'à Yin-se et pour l'instant vous n'avez pas beaucoup de compagnie...

Modifié par un utilisateur samedi 14 juillet 2018 00:35:10(UTC)  | Raison: Non indiquée

Visiblement, certains membres de l'expédition en dehors de sa famille se connaissaient déjà.
Bien, cela facilitera les choses. pensa la magicienne.

Wǎng Jīng était une silhouette encapuchonnée vêtue de noir. Les autres membres de la caravane ne l'avaient pas beaucoup intéressés jusqu'à présent. Après tout, elle avait rajouté leur nom sur "la liste". Seul l'aranea l'intéressait un peu, mais elle ne l'avait pas encore identifié parmi les membres du convient.

De son côté, sa chauve-souris se nourrissait d'insecte en voletant au dessus du groupe.

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Bien qu'elle ait présenté cet exil comme une opportunité à sa famille, la maîtresse de la maison Wǎng se sentait amère, humiliée. Le prince était un être méprisable pour un noble humain. Elle cheminait silencieusement fulminant ses sordides projets de vengeance.

Pour le moment, elle profitait d'une accalmie dans la logistique du voyage pour examiner le décret de nomination du prince plus en détail.

Le décret semble t'il légal ? Quel est l'objectif ? Quels devoirs impose t'il aux personnes nommées ? Le prince signe t'il au nom de ses parents ? Il y a t'il un élément qui pourrait se retourner contre le prince ?

Tant de questions que les évenements ne lui avaient pas permis de se poser.

Shojiro était pensif depuis que le convoi avait passé la porte. Il ne savait pas comment réagir à cette situation. Il avait déshonoré l'ordre, sa famille, mais avant tout lui-même. Mais une petite part de son coeur criait colère et rage.

Il s'était très vite positionné en tête du convoi. Déjà parce qu'il semblait être le cavalier le plus émérite; mais également pour ne pas avoir à faire aux autres pour le moment. Et puis, sa place était au front, c'était son devoir.
L'image qu'il renvoyait aux autres n'était pas des plus bénéfique, mais il s'en moquait. Il ressemblait à un voyageur isolé. Une grande capuche lui cachait le visage. Une armure usée semblait être ses seuls vêtements, et tous purent voir qu'un symbole ou un motif avait été enlever au dos. Quelques touches de rouge subsistaient, mais il était impossible de savoir quel était la forme originelle.

Rapidement, certains des membres du convoi se mirent à converser, et Shorijo tourna la tête, dévisageant tout le monde. Des femmes. Il y avait principalement des femmes. Le samouraï n'avait rien contre le beau sexe, mais dans un endroit aussi hostile, cela n'allait pas aider.
Il se reconcentra rapidement sur le chemin devant lui quand un des rares hommes prit la parole. Faire attention aux rations, faire des pauses. Discuter de nos futurs projets. Quels projets? On n'est exilé, loin de tout. Il espère quoi celui là, que ca va être une promenade de santé?

Shojiro ne voulait pas faire un scandale, pas dès le début de ce périple; mais il ne voulait pas non plus que le convoi soit mener par une seule personne.
Il ne se retourna pas pour s'adresser à celui qui avait prit la parole. « Tu penses que l'on va gaspiller le peu de ressources que l'on a? Et si tu le sais pas, cet endroit est dangereux. Alors faire des pauses toutes les dix minutes pour qu'on discute tranquillement n'est vraiment pas la meilleure idée. Il vaut mieux avancer, afin de rejoindre Yin-see au plus vite. »
Shojiro soupira un bon coup avant de continuer. « Et je pense que personne ne me contredira en te disant que nos futurs projets, comme tu le dit, c'est de survivre pour le moment. Voila se que j'en pense. Mais je me rangerai du côté de la majorité si ils sont du même avis que toi. »

Il reprit quelques pas d'avance, ne voulant pas se mélanger au groupe. Mais il tourna la tête en direction des autres. « Et puis, vu qu'on va passer du temps ensemble, et qu'on est tous bien éduqué; je pense que des présentations peuvent être ... nécessaires. Je me nomme Shojiro, samouraï. » Puis il se remit a regardé devant lui.

Shojiro fit ralentir sa monture pour se mettre au niveau de la jeune femme.

Une servante de la dame aux papillons? Desni. Desne. Non, Desna. C'est bien ma veine, une jeunette qui prit un papillon. Ça va nous aider ça.

Il chassa rapidement ses pensées désobligeantes et regarda la jeune femme. « Enchanté Dame Mizuki. Un ronin est un samouraï. Honorable, loyal, fiable et honnête; il ne diffère pas d'un autre. Sauf que ces vertus ne vont pas envers un seigneur pour diverses raisons.
Pour vous répondre, je ne suis pas un ronin. Mais pas la peine de m'appeler samouraï. Shojiro sera très bien pour vous. »

Même si le samouraï n'était pas enchanté de faire ce voyage avec autant de femme, il devait rester correct. Mais il ne peut s'empêcher de juger la jeune fille. « Quiconque ôte une vie est un tueur. Et quiconque sait manier une arme est dangereux.
Donc pour vous répondre honnêtement, je suis un tueur et une personne dangereuse. Tout comme un soldat, un forgeron ou une jeune femme. » Il se tut quelques instants, essayant de se rappeler son enseignement. « Ce qui compte vraiment, c'est la nature d'une âme.
Si l'on exécute quelqu'un sans raisons, cela fait de nous une dangereuse et mauvaise personne. Si l'on exécute quelqu'un pour des raisons absurdes, cela fait de nous une dangereuse et inconsciente personne. Si l'on exécute quelqu'un pour des raisons valables, cela fait de nous une dangereuse et honorable personne. »

Les autres membres de leur petit convoi n'avait pas encore vraiment réagi, murés dans le silence alors qu'ils contemplaient l'horizon morne qui semblait être leur destin. Mais l'esclandre de l'homme au masque attira définitivement leur attention, tout comme son attitude erratique. Ils restèrent un instant interdit, mais quand il chuta, souffrant clairement, la jeune femme qui portait un shamizen à sa selle descendit de cheval pour lui prêter main forte. Elle portait une fleur dans les cheveux, et une robe pivoine.
« Holà l'ami! Ca va? Rien de cassé? »


Elle l'aida à se relever tant bien que mal.
« Je m'appelle Wang Hui, et voici mon frère, Wang Feng... »
Elle indiqua le jeune homme qui portait un masque de tissu noir et un casque d'acier. Ce dernier resta muet mais les salua d'un signe de tête.
« ...et ma soeur. »
Cette fois, elle indiqua la jeune femme portant le masque de bois.

Sans attendre de réponse, la jeune femme au shamizen poursuivit.
« Ecoutez...on est tous sur le même chemin, sans avoir le choix je suppose, et on a pas grand monde sur qui compter. Evitons au moins de nous en prendre les uns aux autres. Shojiro...je comprends votre hâte de rejoindre Yin-se, mais si nous tuons les chevaux ça ne nous avancera pas beaucoup. Je crois que notre compagnon souffrant proposait simplement de ne pas nous précipiter plus que nécessaire. Pas vrai? »

Li Cai (Nhayara)


Wang Jing (Scordard)

Modifié par un utilisateur jeudi 3 mai 2018 17:44:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

Celle qui avait été désignée comme la sœur de Wǎng Hui retira sa capuche révélant un masque finement ouvragé qui ne laissait apparaitre de la jeune femme qu'une chevelure noire et lisse, ses yeux, et sa bouche. Elle tourna un regard froid vers les belligérants du dimanche.

« Pour ma part, je me nomme Wǎng Jīng, j'étais l'architecte du prince. Je suis également la maîtresse des restes de notre maison. La petite chauve-souris que vous voyez voler là-haut se nomme Fû.

La dernière membre de notre famille se nomme quant-à-elle Wǎng Lin.

Je suis en possession de ceci... » dit-elle en brandissant le décret de nomination.

« Ceci est un bout de papier. Nous avons tous été désignés gouverneurs Impériaux de la province de Siyin par... Excusez mon langage... Cette petite salope d'assassin de prince Shue Huang... »

Ça fait du bien...

« Pour la plupart d'entre-vous, vous vous retrouvez ici car vos noms ont été ajoutés sur ce décret... Certains étaient exilés vers d'autres endroits moins plaisants, d'autres étaient promis à la peine de mort. La famille Wǎng, le samouraï Shojiro, la prêtresse Yue Mizuki, l'étrangère Jane Pauwels, et notre cascadeur arboricole Li Cai, je vous prie de croire que vos noms n'y ont pas été ajoutés par "simple hasard"... » Elle n'en dirait pas plus. La mention "arboricole" était là pour indiquer que la nature du dénommé Li Cai était connue et partagée. Les araneas les plus sauvages vivaient dans les arbres.

« C'est un exil, mais sous une forme habile. La loi martiale de ce pays autorise le prince à désigner des chefs utiles pour maintenir l'ordre dans une région donnée. Libre à vous de refuser de vous soumettre à la volonté du petit hypocrite de vous nommer gouverneur et de ne pas vous accompagner. Mais c'est une loi martiale. Le prince vous considérera comme déserteur et vous serez recherchés morts-ou-vif. C'est un destin peu enviable. Je lui préfère de loin le titre de gouverneur. La province est mal définie. Nous devons simplement "occuper notre charge" et veiller à "la protection" de la population qui comme vous le savez compte moins d'une centaine de personnes. Une fin de vie tranquille ou la pierre d’achoppement de votre destin, c'est à vous de voir... A titre personnel, ce voyage est une opportunité pour moi et ma famille. »

« Pardonnez-moi d'avoir interrompu votre querelle avec des considérations légales, je vous laisse continuer à faire du bruit. Cela demeure une joie de vous rencontrer... Ou de vous revoir... »

Modifié par un utilisateur jeudi 3 mai 2018 21:06:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

Donc, les frontières du territoire ne sont pas bien définie cela voudrait-il dire que nous pourrions nous étendre ? Est-ce de l'inconscience ou un oubli ? se demanda Wǎng Jīng replongée dans sa lecture du décret et dans l'attente d'une question digne de son intérêt et de son intellect supérieur.

Pendant ce temps, Fû mangeait une libellule. Satisfaite d'avoir ainsi triomphé de ce fléau des rizières, l'animal vint se poser nonchalamment sur l'épaule de sa maîtresse.

Miam pensa la chauve-souris repue qui s'endormit tendrement sur l'araignée.

Modifié par un utilisateur jeudi 3 mai 2018 22:43:06(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'explorateur au chapeau de paille ne fut pas surpris de voir Wǎng Jīng ignorer ses mots, mais son comportement ne laissait pas présager qu'elle n'avait pas compris la question. Entendre une langue inconnue devrait au moins surprendre, l'ignorance de ces propos dévoilaient une personnalité fort déplaisante. Cependant, ces mots n'étaient pas seulement destinés à la cavalière, il y avait 3 autres personnes de la famille "Wǎng" susceptible d'y réagir. Ainsi, chuchota-t-il au dénommé Wǎng Feng.

« உன்னை சந்திக்க மகிழ்ச்சி. »
Boadicee, Famille Wang


Wǎng ... J'ai déjà entendu ce nom ... Où ? Quand ? Wǎng ... Feng ... Jing ... Hui ??? Ca ne me parle pas Hui. Pourquoi ? Ce devrait être Lin .. Lin ? Mais qui est Lin ? Feng, Jing, Lin et Hui ? Lin et Hui ? Aucune idée ... Je suis sûre de connaitre, mais impossible de me rappeler. Il refoula ces idées, pour ne pas avoir à replonger dans les fragments de ses souvenirs.

Li Cai reprenait quelques rations de son cheval et sa couverture pour les mettre dans son sac à dos et il sortit une ardoise avec une craie. Il n'avait visiblement pas l'intention de remonter sur son cheval et se contenait au contraire de l'alléger le plus possible. Ne t'en fais pas Kuro, je ne t'abandonnerais pas tout de suite à la mort dans une nature inconnue pour toi.

Pour répondre aux propos inutiles de Shojiro, il se contenta de répondre. « Espérons que votre lame est aussi aiguisée que votre langue, Monsieur le Samurai. »

Il repris son chemin, s'éloignant peu à peu de la tête du convoi. En même temps qu'il marchait, il prenait des notes sur son ardoise, observant au delà du ciel et des arbres. Il pouvait marcher aussi vite qu'un cheval et courir presque aussi vite qu'un cheval au trot. Pour ce qui était du galop par contre, il ne pourrait rivaliser.

Il prit quelques notes sur son ardoise, de manière professionnelle, et il traça de rapides traits et des cygles. Il ne comptait aucunement faire une carte, mais ces repères lui permettraient plus tard, lorsqu'ils feraient une pause, de redessiner de mémoire ce qu'il avait fait dans la journée.

Sort Know direction pour connaitre le nord. Il devrait arriver à prendre quelques notes sur son ardoise, tout en marchant, c'est vraiment du brouillon.

Cela faisait depuis le début du voyage que Jane était restée à l'écart du groupe, perdue dans ses pensées et se demandant dans quel pétrin elle s'était fourrée. Elle avait déjà prit une lampée de ce bon whisky qu'elle avait précieusement gardé avec elle, pour se rassurer, se donner le courage de continuer, même si c'est entre-autre à cause de ça qu'elle était ici. Un sentiment de peur stagnait en elle. L'endroit qu'elle parcourait ne lui était pas familier du tout, ce n'était pas sa terre, et elle était consciente que ses terres étaient loin, par delà l'océan.

L'appel de Mizuki la fit sortir de ses pensées, bien qu'elle avait timidement énnoncé son nom précédement, elle ne s'attendait pas à ce que l'on vienne l'accoster pour autant.

" Moi ? Et bien... Un accident... "

Elle n'allait certainement pas avouer qu'elle était en partie responsable de cet accident, elle était trop fière pour ça.

" Disons que je n'ai pas pu honoré ce pourquoi je suis venue alors... J'ai été envoyé avec vous pour rattraper le tir, j'imagine. "

Contrairement à d'autres, elle n'était pas du tout attentive à ce qu'il se passait autour d'elle, même si l'endroit ne la rassurait pas. Elle se préoccupait d'aventage de savoir ce qu'il allait se passer une fois arrivé à Yin-se qu'au déroulement du voyage. Elle se contentait simplement de suivre pour le moment.

Modifié par un utilisateur samedi 5 mai 2018 07:47:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Je ne suis pas surprise. Je pense que notre prince ne souhaite pas se salir les mains du sang de nobles toujours fidèles à son père, même si nous ne sommes pas parmi les plus importants. En temps ordinaire, sans doute, mais la loi martiale n'est pas promulguée pour rien... Il a beaucoup de choses à gérer. Au pire, nous aurons une action bénéfique sur la région. Au mieux, nous mourrons. Cette solution lui coute moins chers, et les risques pour lui sont bien moins importants. Et puis c'est une manière élégante de se débarrasser de nous. Je dirais que c'est assez malin. » dit Wǎng Jīng d'un air assez léger.

Dans la philosophie de Pao-Lung, il y a trois manières de vaincre un ennemi : le vaincre par la force, l'éloigner de soi afin qu'il ne puisse nuire et s'en faire un ami. Le petit prince a choisi la seconde voie.

Elle n'avait pas fait attention au toileparler. Les échanges de politesse étaient inutiles à ses yeux. Au moins l'araignée était identifiée. Ce serait une chose de moins à fire. Elle aurait plus de temps pour penser. Toutefois, les réponses des autres personnes l'intéressaient beaucoup.

Tu es en train de mentir mon frère, c'est toi qui a vu l'aranea sur la liste. Pourquoi mens-tu ?

Modifié par un utilisateur samedi 5 mai 2018 16:42:48(UTC)  | Raison: Non indiquée