L'interrogatoire qui n'en était plus vraiment un tournait à un jeu de faux échanges que Rakyel observait de ses yeux jaunâtres, silencieusement, toujours appuyé sur son bâton. Méry était parvenu à déclencher des réactions qui avaient apportées leur lot d'informations. Pour autant, seules les confirmations sur leurs soupçons ressortaient de cette entrevue.

Le fossoyeur décida donc de couper court, du moins en ce qui le concernait, préférant ne pas abattre toutes les cartes sur cette manche. Alysanne était désormais sous bonne garde et il serait toujours temps de revenir la cuisiner ultérieurement !

« Hmm... Messieurs, nous avons effectivement d'autres chats à fouetter. Je doute que nous puissions en tirer davantage. Le moment voulu, nous nous confronterons à Rolth. Le destin décidera s'il devra mourir ou s'il a une chance de finir dans une geôle adjacente! »
Jetant un regard glacial à la prisonnière, il ajouta en tournant les talons :
« Alysanne, vous ne nous êtes plus d'aucune utilité. La Grande Arbitre décidera de votre sort. Puissiez-vous être assez imaginative pour trouver quelles informations pourraient servir la Couronne, car faute de marché, je ne pense même pas pouvoir enterrer au cimetière les parties de votre corps disloqué après l'écartèlement. »


En fait, Rakyel touche un mot avant de partir à Zanderholm et/ou aux responsables de la garde pour garder Alysanne en vie le temps que l'enquête avance : en fonction des indices, elle pourra soit apporter des nouvelles informations, soit servir d'appât.

Théodore ne répondit pas à Alysanne, toujours choqué de tout ce qui se passait dans sa vie à l'heure actuelle.

La demande des demoiselles grises cependant le ramena de ses pensées. «  Evidemment vous pouvez compter sur nous.

Comment souhaiteriez-vous procéder. A chaque fois avoir un groupe de 2 Drakes dans les patrouilles pour l'évacuation?  »

Le demi-orc semblait tracassé par la nouvelle... «  Et avec ça on en est encore nulle part avec la maladie et on va augmenter la concentration de la population dans certains endroits. Et ça j'aime pas.  »

Calmez les esprits ? Convaincre la populace ? Lurch regarda à nouveau ses mains épaisses et laissa glisser sa langue le long de sa dentition afin de vérifier que ses crocs effroyables étaient toujours en place. Je n'en suis pas convaincu...

Kordaitra hésita, et alla refermer la porte.
« Non. Tout ceux qui sont capables de fabriquer de quoi guérir cette maladie ont été prévenus, et les Médecins Royaux ont commencé leurs efforts pour traiter les malades, et une partie des temples également...Même si l'église d'Abadar restreint ses services à ceux qui peuvent se les offrir, et l'église d'Asmodéus tends à chercher une contrepartie à son aide. Bref. Nous essayons de notre mieux de contenir la maladie, mais pour l'instant les choses s'annoncent mal. Je sais que la reine a d'hors et déjà demandé de l'aide aux autres cités de Varisie, j'ignore si elle a déjà reçu une réponse. »

La commandante soupira.
« Enfin, merci par avance pour votre aide, nous commencerons l'évacuation à l'aube. D'ici là, bonne chance. »

20 Gozran 4716, milieu de journée - Rives de la Jegarre, Rive Orientale
Musique - Korvosa


Tout en discutant de ce qu'ils venaient d'apprendre et des impacts que cela pouvait avoir sur la suite de leur enquête et la recherche d'une solution à la maladie qui frappait Korvosa, ils se frayèrent un chemin jusqu'à la Rive Orientale, le point le plus proche de l'épave submergée du Nightshade.

Les rues étaient presque vides, les rares passants prenant soin de rester à distance, et les quelques attroupements bruissants de murmures inquiets, suspicieux, et agressifs. Ils jetaient des regards méfiants autour d'eux. Les marchands avaient fermé leurs portes, pour beaucoup d'entre eux, et ceux qui demeuraient n'avaient souvent pas beaucoup d'autre choix. Et même ceux là se lamentaient de la baisse des affaires. Les ouvriers se pressaient entre leur seuil et leurs ateliers, et toute la cité paraissait figée dans une attente anxieuse.

Ce calme inquiétant n'était pas omniprésent, cependant. Les abords des temples étaient encombrés de monde, une part des foules présentant des plaques de mousse rouge, d'autres recouverts de bandages pour masquer d'éventuels symptômes, beaucoup simplement inquiets et à la recherche de réponse. Les chapelles de Sarenrae tentaient de leur mieux de trier les cas les plus urgents, et les acolytes qui essayaient de calmer les foules de plus en plus inquiètes montraient des signes de fatigue. Les quelques temples d'Abadar avaient clos leurs portes, filtrant ceux qui pouvaient payer les services des prêtres. Quelques gardes du temple surveillaient les entrées, arbalètes en main, et rejetaient, parfois violemment, ceux qui tentaient de forcer l'entrée. Les gardes de Korvosa tentaient de jouer les médiateurs, et pour l'instant, leurs efforts fonctionnaient. Mais pour combien de temps?
De temps à autre, ils croisaient aussi des petits groupes vêtue de tenue de cuir, visages dissimulés par des masques d'oiseau, sacoche médicinale au côté. Ils arpentaient les rues, frappant parfois à une porte ou s'arrêtant pour prêter assistance aux malades, certains transportant des malades plus mal en point sur des brancards. Les Médecins Royaux avaient commencé leurs efforts. Et à en juger par l'absence de cadavres dans les rues, et le peu de malades errant au hasard, les efforts pour juguler la maladie étaient pour l'instant efficaces.

Passer les portes se révéla aussi plus compliqué que prévu. Elles étaient à peine entrouvertes, et un peloton de huits Demoiselles Grises barraient la sortie. Ce n'est que grâce à leurs symboles de l'Ordre du Drake qu'ils purent traverser le Pont menant à la Rive Orientale.

Là, l'atmosphère était aussi tendue que dans le reste de la ville, les maisons portes closes et plusieurs wagons s'éclipsant discrètement dans les ruelles.

Lorsqu'ils atteignirent le quai, il n'y avait personne. Si leurs souvenirs de la Sainte Alika ne les trompaient pas, le Nightshade devait se trouvait à une cinquantaine de mètres au fond de la rivière. Restait à l'atteindre...

Lurch était content de se retrouver seul avec ses compagnons. Il pouvait oublier le poids des regards suspicieux qu'il avait pu réveiller autour de lui. "Avec nos potions, cela devrait aller. Et avec nos armures, nous serons peut être moins prompts à être emportés par le courant du Jeggarre. Quant à ce que nous allons trouver dans l'épave, je n'en ai aucune idée. Mais nous avons désespérément besoin d'indices afin d'avancer dans nos investigations. Car je crains que nous n'arrivions dans un cul-de-sac, à devoir attendre la prochaine catastrophe. J'en ai assez de ne faire que réagir. J'aimerais pouvoir être un tant soit peu pro-actif." Le gobelin réfléchit à l'intérêt de se rendre à l'ambassade du Nidal. "Après la petite visite que nous avons rendue à l'ambassade il y a quelques jours, je ne suis pas certain qu'on soit les bienvenus, même si nous étions parvenus à demeurer discrets. Il est à craindre de toute façon qu'on n'apprenne pas grand chose sur Andaisin. J'ai la conviction qu'elle est de nouveau libre. Sa puissance et ses appuis sont tels que je la vois mal être maintenue en captivité. Et rien ne sera dit officiellement. D'un autre côté, on n'a rien à perdre à aller les saluer."

Musique - Profondeurs de la Jeggare


Remettant à plus tard leurs plans, en attendant de découvrir ce que l'épave du Nightshade leur réservait. Absorbant les potions, ils plongèrent depuis le quai, s'enfonçant dans les eaux encore froides de la Jeggare. L'eau entra dans leurs poumons, froide et incomfortable, mais respirable. Fort de cet avantage surnaturel, ils s'enfoncèrent un à un sous la surface. La Jeggare, à son embouchure, charriait la boue et la tourbe des montagnes, mais le courant était assez faible pour que les eaux soient relativement claires. Des algues brunes et vertes poussaient le long des quais, envahissant les soutiens des pontons et les pierres. Un cadavre attaché à une ancre les regarda passer de ses orbites osseux.

L'épave du Nightshade gisait à quelques dizaines de mètre, plus profondément dans la rivière. La proue s'était coupée en deux sous les impacts des ballistes, et le navire avait sombré sur une crevasse inondée. La proue s'étaient enfoncée verticalement, mais le reste du navire s'était renversée et était couché sur le côté au fond de la rivière. Pour l'instant, l'épave n'avait pas encore été trop colonisée par la faune et la flore sous-marine, mais le bois commençait à pourrir.

Epave du Nightshade

Trissia était perdue dans ses pensées depuis leur escapade au manoir. Les événements étaient flous et ils disposaient de trop peu d'informations pour réussir à comprendre se qui se passait.
Mais l'exploration de l'épave leur donnerai peut être des pistes, du moins c'est se qu'ils espéraient.

Au bord du quai, la jeune strix regardait l'eau, peu confiante. Elle était une créature des cieux, pas des profondeurs; et la perspective d'être dans l'eau ne l'enchantait guère.
Elle tourna la tête vers Méry, et lui sourit. « Je suis pas faites pour la nage, mais je sais faire des plongeons. » Elle bu d'une traite la potion et s'éleva dans les airs avant de piquer droit vers la Jeggare, telle une acrobate aéro-aquatique expérimentée.

L'eau, en plus d'être froide, était des plus désagréable. L'effet d'être immergée perturbait Trissia. Elle nagea tant bien que mal vers l'épave en suivant les autres.
Elle se tenait toutefois sur ses gardes, prête à réagir au moindre danger. Les eaux sombres pouvaient cacher bien des dangers et prédateurs aquatiques.

Musique - Profondeurs de la Jeggare


Les profondeurs de la rivière étaient difficiles à percer, mais à ce qu'il semblait à Trissia, même à la lumière des lueurs magiques conjurées par Méry, il n'y avait rien de particulier autour de l'épave, en dehors de quelques poissons les observant de leurs yeux écarquillés, vitreux.

Mais les profondeurs de l'épave elle-même demeuraient obscures, et il allait falloir fouiller à l'intérieur pour découvrir quoi que ce soit...

Comment vous fouillez les lieux?

Epave du Nightshade

Lurch fit la moue en voyant un énorme crocodile sortir de l'épave et se diriger vers eux. Il n'avait aucune arme capable d'être d'une quelconque utilité. Et les projectiles de certains de ses compagnons allaient également se révéler inefficaces. Fort heureusement, Théodore employait des lames...