26 Lamashan 4716, en début de matinée - Auberge de la Chambre d'Or
Dans les murs d'Öndör-Khana


Pour la première fois depuis des semaines, ils purent tous passer une nuit de sommeil confortable. La soirée à la taverne avait été agréable, l'ambiance enjouée.

L'aubergiste ET sa femme acceptèrent de bon coeur la proposition d'Aloïs! Ils lui recommandèrent de s'arranger avec les musiciens déjà présents, et ces derniers, un trio originaire de la cité, le remercièrent et entreprirent de l'intégrer de son mieux dans leur ensemble, arrangeant leurs propres mélodies autour de la sienne. Ses compagnons, pour la première fois peut être, se rendirent compte à quel point il était talentueux. Non seulement avait il réussi à s'intégrer en un instant dans un ensemble d'instruments inconnus parmi des étrangers dont il ne parlait pas la langue, par la simple force de sa musique, mais il menait cet ensemble.
D'ailleurs, Amaya se joignit spontanément à lui, pour la première fois n'ayant pas besoin d'être convaincue, et démontra elle ses talents de danseuses. Un petit groupe de danseurs et de chanteurs se joignit bientôt à eux et avant que tous n'aillent se coucher, la taverne résonnait du bruit des chants, des instruments et des pas de danse.

Hoshin ne s'était pas joint à eux, préférant s'isoler sur les toits pour effectuer la gracieuse gymnastique qui lui était propre, observant la cité autour de lui. Ondor Khana s'étendaient à perte de vue, l'immense Première Enceinte isolant la cité de l'extérieur, et de l'autre côté, la Seconde Enceinte encerclant le coeur de la ville. D'ici, il pouvait voir les usines, les ateliers, les immeubles décrépits, les places encombrées et les rues de moins en moins fréquentées alors que même les oiseaux de nuit rentraient chez eux. Décidément, cette cité était d'une échelle...Impressionnante.

Le lendemain matin, c'est reposés qu'ils s'apprêtèrent à partir mener leurs affaires, aussi nombreuses soit elle. Ameiko avait demandé à Yogo de l'accompagner, elle et Hoshin...le shugenja connaissait mieux le continent que quiconque dans leur caravane, et il pourrait peut être les aider.


Malheureusement, Quoovar les rejoignit à ce moment là...et il avait d'inquiétantes nouvelles à leur apprendre.
« Ca n'a pas été inutile d'arpenter les rues hier soir...L'atmosphère ici est...étrange. C'est comme si personne ne s'inquiétait vraiment de Minkai. Ils savent que le Régent est au pouvoir, mais pour eux c'est à peine une question de taxe commerciales, et encore...
Mais ça ne veut pas dire qu'on soit à l'abri. Quelqu'un me suivait hier, et je n'ai pas réussi à confirmer qui. Pas un visage connu, mais talentueux dans son domaine. J'ai réussi à le semer - je crois - mais je ne pourrais en jurer. »

Modifié par un utilisateur mardi 9 octobre 2018 21:40:00(UTC)  | Raison: Non indiquée

Aloïs avait passé une très bonne soirée, qui s’était évidemment terminée dans les petites heures de la nuit, lorsqu’Amaya et lui montèrent. Et même Yogo avait applaudit... Aurait-il passé un bon moment? Ahhh ça la vie est belle!

Le lendemain il descendit tout sourire, saluant un peu tout le monde dans l’auberge, l’aubergiste, sa femme, d’une chaleur honnête et satisfaite d’avoir réussi à égayer la populace la veille.

Quand Quoovar revint, le semi-ange semblait ennuyé. «  Décidément nous n’aurons jamais un jour de tranquillité. Pensez-vous que la ville soit justement sous un joug de terreur mais un peu comme lorsqu’un « Protecteur » s’occupe d’un quartier, où tout va bien tant qu’on paie ? Et la paie est-elle monétaire ? Peut-être réclame-t-il d’autres choses moins avouables… Mais je m’égare.

Et donc on tend un piège à ton pisteur Q ?  »

Modifié par un utilisateur mercredi 10 octobre 2018 10:58:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

Amaya soupira à la nouvelle que Quoovar leur rapportait.
« Effectivement, presser l'allure pourrait être un moyen de les prendre de vitesse...mais ce qui m'inquiète plus c'est que Quoovar n'ait pas reconnu son poursuivant. Soit cela signifie que les sbires du Régent sont devenus beaucoup plus compétents, soit c'est le fait de quelqu'un d'autre...que savons nous vraiment de cette ville? Aloïs a raison, cela pourrait très bien être un groupe local...non? »

Ameiko approuva.
« Dans tous les cas, cette question ne sera pas réglée aujourd'hui, et quelque soit la situation, nous ne pouvons pas partir précipitamment. Pas sans ces documents, pas sans provisions et pas sans avoir pu au moins écouler une partie de nos marchandises...nous allons avoir besoin de l'argent que ça nous rapportera.
D'ailleurs, nous n'avons pas non plus décidé de la meilleure manière de rallier Minkai. Je vote pour la traversée de la Forêt des Esprits, mais il y a des arguments pour d'autres solutions.

Bref. Je vais essayer de trouver comment obtenir ces documents de circulation. Hoshin, Yogo, vous m'accompagnez? »

Ameiko se mit en route, Kuro sur ses talons, signalant la fin, pour l'instant, de leur petite réunion, et acquiesçant donc tacitement à l'idée de Yogo de pour l'instant rester vigilants et faire profil bas.
Les autres membres de la caravane se dispersèrent également, la plupart d'entre eux ayant leurs propres projets à mener; en particulier Sandru et les aides, qui allaient se mettre en quête d'affaires à faire et de débouchés pour les marchandises de la caravane...et sans doute chercher à en apprendre plus sur l'immense cité où ils faisaient étape.
Hibana était en quête de forgeron, Lela à ses côtés, Koya et Kelda voulaient découvrir un peu la ville, et Kurimi pour l'instant attendait de savoir ce qu'Amaya souhaitait faire, ne voulant pas laisser l'autre héritière du trône sans la protection d'au moins un samouraï.

« En route, mauvaise troupe ! »

Le moine claqua dans ses mains, heureux d'enfin se dégourdir les jambes et parcourir cette cité immense. Sur un dernier glaviot, il enchaîna avec entrain dans les pas d'Ameiko et Yogo.

« Oh oui, un nouveau nom, c'est une bonne idée ! Que diriez-vous de Four-Sombre ? » proposa-t-il en élargissant la bouche, découvrant ses dents noirâtres. Il éclata de rire.

26 Lamashan 4716, en fin de journée - Auberge de la Chambre d'Or
Dans les murs d'Öndör-Khana


Le soleil se couchait sur Ondor Khana, et les rues s'emplissaient à nouveau de la même foule qu'ils avaient rencontré en arrivant en ville la veille. Mais à ce moment là, les caravaniers, du moins les plus importants d'entre eux, n'avaient pas l'esprit à la fête. De nombreux caravaniers n'étaient pas encore revenus de leurs excursions journalières, mais Yogo s'était arrangé, grâce à Bayushi, pour contacter tout le monde. Ils devaient rencontrer quelqu'un ce soir là, et apparemment cela paraissait important.

Yogo, Ameiko et Hoshin étaient revenus parmi les premiers, plus ou moins en même temps que Koya et Kelda. Hibana et Lela étaient déjà en pleine discussion sur ce que la forgeronne pouvait faire de l'acier locale. Il semblait que la visite des forges lui ait fait découvrir un bon nombre d'opportunités intéressantes...même si elle manquait de fonds, les nouveaux outils à sa ceinture étaient évidents.

Quoovar revint ensuite, ayant laissa Sandru s'occuper des détails de leurs ventes et achats. Il y avait encore à faire là dessus aussi, mais ces choses prenaient toujours quelques jours dès que l'on parlauit de quantité conséquentes.

Enfin, Aloïs et Amaya revinrent les derniers, trouvant leurs compagnons assemblés dans un coin de la salle commune, au premier étage. Les lieux étant toujours calmes, ils avaient l'espace de discuter tranquillement. Avec eux se trouvait une jeune femme qui leur était inconnue...

A vous la main!

Yogo avait pris les précautions d'usage, avec Hoshin, pour que tout se passe bien. Le groupe commençait à se réunir, Kelda dissimulé dans son coin, à l'affût des auras d'intrus, aidée d'Aluvut, de Kurimi et d'autres qui surveillait le lieu, le moment était trop important. Aloïs arriva le dernier avec Amaya, et Yogo fut soulagé de la voir arriver saine et sauve. Dès le début des explications du demi-elfe, le sorcier redoubla de vigilance, envoyant Bayushi scruter dans l'invisibilité les environs, sans pour autant qu'ils n'échangent le moindre mot. Il regardait son invitée, à la fois gêné, et pour voir dans ses yeux si cela impliquait un risque réellement grand. Les sous-entendus laissaient entendre qu'en plus de ne pas s'être renseigné sur les lois locales, il en avait profité non pour se défendre, mais pour humilier, pour asseoir une volonté, pour se faire voir. Le soupir de Yogo en dit long, et pendant un long moment, il parut totalement absent, comme dans un autre monde... ses magies lui revenaient, et des bribes, pas toujours joyeuses, les accompagnaient. Et lui donnait des idées. Les lui susurraient.



Dans les brumes de son esprit
Il pensait aux membres de la caravane. Koya, l'ancienne. Les jeunes. Sandru. Hibana. Ceux qui avaient tout abandonné jusque là. Risquer leur vie, la risquer pour l'impératrice, et pour ... des pitreries sexuelles. L'impératrice démasquée, des gens morts, les choses pour aller loin, pour quelques turlutes et turpitudes.
La visite du Temple du Général lui rappela ce qu'il aurait fait. Ce qu'il était capable de faire.
Les flèches pleuvaient sur le camp, ainsi que les sorts d'oni. Des cônes de froid, des arcs électriques, l'ennemi ne lésinait pas sur les moyens. Avec raison. L'impératrice n'eut le temps que de brièvement crier sa douleur, alors que la vie la quitter. Elle, et sa demi-sœur, carbonisée par d'ardents rayons. Les siens se battaient, mais le plus grave avait déjà eu lieu. Les démons s'enfuirent par magie, et les quelques humains présents furent occis en représailles. Mais c'était la fin du renouveau pour le Minkai. Les fuyards morts, Kurimi et Kuro, déjà déshonorée par de précédents comportements se suicidèrent rituellement. Koya était mort sous la magie destructrice. Quoovar s'enfuyait avec Kelda, lui forçant la main, avec raison, il n'y avait plus rien à sauver.

« Je t'avais dit que nos comportements et nos histoires pouvaient blesser, et si l'on s'acharnait dans le mensonge ou la bêtise, nous tuer. Comme tu le vois. » L'envie fut trop forte. Le visage du demi-elfe vit ses traits se tirer plus profondément que ceux de Koya, comme si sa peau était totalement sèche. Il semblait vouloir tousser, mais le moindre air n'habitait ses poumons. Les yeux convulsés, tombant au sol, il tendait une main vers le samsaran, certainement pour lui intimer de l'embrasser, de baisser ses vêtements, ou de tripoter sa défunte épouse, samsaran qui venait de condamner son karma, par une action à son tour irréfléchi. Ironie du sort. Corrompu par cette insouciance, ce défaitisme de l'esprit.



Il secoua la tête, comme s'il revenait à lui, alors que le songe qu'il n'espérait pas prémonitoire se dispersait en lui, tendant le bras grand ouvert vers son invité pour remettre l'attention sur son invitée.

« Cet endroit ne manque pas de lotus. Je vous en ai ramené un. Ou plutôt, il s'est amené à moi, et au lieu de nous ramener la mort par des actes inconsidérés dignes d'un enfant méritant une correction, il va nous en éloigner par des informations précieuses. Et une proposition. Dame Mirai, à vous la parle. »

Modifié par un modérateur vendredi 9 novembre 2018 23:27:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

Comment un être d'une apparence qui inspirait autant confiance pouvait-il se faire autant détester… Dans une cité étrangère, où il convenait de faire profile bas pour l'intérêt du groupe, Alois attirait l’attention et l’inimitié du groupe le plus puissant de la ville. Il présentait en plus l’affaire d’un ton léger, avec beaucoup d'humour. Autant de puissance chez un être aussi irresponsable était dangereux pour son environnement... Le moine ne laissa rien paraître, mais il soupira aussi fort que Yogo. Intérieurement uniquement.

Il resta observer la nouvelle venue. Une sorte de mercenaire, qui proposait son aide contre son employeur, en échange d'une incorporation dans une caravane où il ne connaissait personne. Suspect, au mieux. Il regarda Yogo, pour savoir s'il avait été ensorcelé. Son masque ne laissait rien transparaître.

« Hoshin le cuisinier, pour vous servir, dame Mirai. » Il la salua d’une brève courbette, tout sourire. Il se racla la gorge et cracha dans sa main droite. « Le cuisinier n’a besoin de personne pour cracher dans ses mains. » Il essuya le gros glaviot marron-vert sur son pantalon, ses lèvres étirées par son éternel sourire sur ses dents noirâtres. « Sans vouloir vous offenser, pourquoi souhaitez-vous cracher dans la main qui vous nourrit et nous accompagner ? Comment croyez-vous savoir… ce que vous savez sur l’une d’entre elles ? Et quels talents offrez-vous à vos employeurs ? »

Aloïs ne laissa pas le temps à la jeune femme de répondre, préférant gérer le problème qui était le sien et se mettre raccord avec le reste du groupe avant toute chose. «  J’ai essayé qu’il m’emmène voir la justice, mais quand il m’a menacé j’ai juste voulu lui montrer qu’il ne devait pas s’attaquer à n’importe qui. Et je ne pensais pas que mon sortilège durerait si longtemps.

J’aurais dû faire quoi ? Le laisser me racketter ? Je voulais juste amener plus de monde dans l’auberge et jouer un peu… Et j’ai souvent souffert de ce genre d’individus et ne me laisse pas faire. Et J’ai préféré un simple sortilège inoffensif à le déclarer en duel et finir par le tuer. Mais je comprends, une simple suggestion aurait été préférable. Bref désolé mais je voulais rester discret, un simple ménestrel dans une troupe.  »

Il sentait que ses mots n’étaient pas si percutants, ne comprenant pas vraiment ce qu’il avait fait de mal, car un tel groupe devra disparaître. «  De toute façon ne devrions-nous pas penser plutôt que de penser à partir à voir exactement ce qui découle de ce Lotus et éventuellement les persuader de stopper leurs activités ?  »

Il sourit alors à la nouvelle venue… «  Peut-être avec votre aide mademoiselle. Si vous êtes ici avec nous c’est que quelqu’un vous a fait confiance, et cela me va.  »

Mirai avait beaucoup de réponse à donner, et elle se fixa sur Hoshin en premier. « Je le nourrit par mes propres moyens, le Lotus n'est rien de plus qu'un de mes employeurs temporaires. Cela fait des années que mes employeurs changent en fonction du lieu où je me trouve.
J'ai de nombreuses choses à offrir à quiconque sait reconnaitre le talent. Vous les énumérer serait trop long. » Confortablement assise, elle tendit la main vers sa tasse de thé; des filaments translucides apparurent autour de sa main et sa tasse se déplaça d'elle même jusqu'à Mirai.

Elle se tourna ensuite vers Ameiko, Amaya et Quoovar. « Ils étaient trois. Celui que vous appelez Tsuto, une femme au monocle du nom de Saemund Croc-Blanc et une borgne vénérant la Mère des monstres appelé Leona.
Si j'ai bien compris, cette Leona veut vous voir mort; Saemund vous en veut d'avoir détruit son entreprise et Tsuto considère que c'est à lui de s'assoir sur le trône. Ils ont prévu de contacter le Lotus pour que l'organisation s'occupe de vous. »
Mirai sourit à Ameiko. « Je sais tout cela car j'ai surpris leur conversation à leur auberge. Le Lotus a su que Croc-Blanc était en ville et ils m'ont demandé d'enquêter sur elle et son groupe. Votre beau-frère cherche à vous tuer avant que vous n'atteignez le Minkai. Il a peur que le peuple voit en vous l'Imperatrice sorti de nul part qui pourrait libérer le pays.
Il est vrai que le Minkai a souffert depuis un certain temps. Le Régent en place est une plaie qui chamboule l'équilibre des choses, et il est difficile de lutter contre lui. D'où la raison de ma fuite; mais le fait qu'il y ai des successeurs légitimes au trône me redonnent espoir. »