Tout en cheminant au rythme du chariot avec ses compagnons de voyage, Darmrok se remémorait les événements qui l'avaient conduit à Restov, et à accepter cette mission.

Il avait gardé sa langue dans sa poche devant la capitaine qui l'avait reçu et lui avait proposé de partir pour la Ceinture Verte. Il avait également joué le jeu lorsqu'on lui avait fait toutes ces gentillesses, inhabituelles pour quelqu'un de sa race d'après ce qu'il avait vu dans tous les endroits où il était allé. Il avait joué le jeu lorsqu'on lui avait remis ce ridicule papelard, signé par tout un tas de gens et censé faire de lui quelqu'un d'important... Il n'était pas dupe.

Quoi ! Un demi-orc errant, inconnu de tous, on le traiterait spontanément en grand honneur et on lui confierait la lourde charge de nettoyer toute une région de la racaille qui y vit ? Vraiment ?

Darmrok connaissait mal le monde des hommes, mais de ce qu'il en avait vu pendant son errance, il n'était guère différent de celui des orcs. Plus policé. Plus complexe. Mais pas meilleur, certainement pas. Toutes ces simagrées n'avaient pour seul but que de lui faire oublier qu'on lui offrait un aller simple vers une mort probable, et que si cela venait à arriver, personne n'irait réclamer justice pour lui. Tout "porteur de charte" qu'il fut, il restait avant tout un vagabond déraciné que personne ne regretterait, et qu'on préférait voir mourir quelque part au loin que semer le désordre dans les rues proprettes de Restov. Non, décidément, Darmrok n'était pas dupe.

Il n'en avait pas moins accepté en toute connaissance de cause l'offre des Seigneurs des Épées, et ce n'était pas pour l'or qu'il l'avait fait. Mais il était resté discret quant à ses véritables motivations, et n'avait pas été plus disert avec la sergente Liamca. « Nan, j'connais pas la région, » lui répondit-il de sa voix de basse, « je suis arrivé à Restov par l'ouest, mais en passant au Nord d'ici... Je crois. Un trajet tranquille, tu dis ? Hmmm... Tant pis, » conclut-il d'un air visiblement - et inexplicablement - déçu.

Et effectivement, le voyage jusqu'au comptoir d'Oleg s'avéra des plus monotones. Si Darmok ne repoussait pas le contact, il se montra plutôt avare de paroles et fréquemment rêveur, pensif. Quand le paysage lui en laissait l'occasion, il regardait vers le Sud-Ouest, essayant d'apercevoir cette Ceinture Verte dont on lui parlait depuis des jours mais qui, bien sûr, était encore bien trop loin pour qu'on en voie quoi que ce soit, même par temps clair.

Mais le voyage s'acheva sans encombres, et Darmrok put découvrir la large bâtisse qui constituait le Comptoir d'Oleg...


Avec toute cette pluie, il n'est pas étonnant que l'endroit marque le début de la Ceinture Verte. Pour Darmrok qui a vécu toute sa vie dans des montagnes plutôt arides, le spectacle de cette végétation luxuriante qui l'entoure ne manque jamais de l'émerveiller. Mais pour l'heure, il contemple le fier bâtiment qui va constituer, d'après ce qu'il a compris, leur camp de base pour les semaines - ou les mois - à venir, et le dernier contact avec la civilisation avant les étendues sauvages et inexplorées dans lesquelles, à Restov, on lui a proposé de se perdre.

Tout en examinant l'édifice et ses possibilités de défense, il prête une oreille distraite à la conversation entre la sergente et les deux types occupés à bricoler, dont l'un qui semble sur le point de faire sous lui. Qu'est-ce qu'il a, celui-là ? C'est quand même pas moi qui lui fais cet effet-là... Se dit-il. Un mot, cependant, retient son attention, et il tourne la tête vers celui des deux drôles qui semble garder ses moyens. « Des dégâts ? Quels dégâts ? »

Modifié par un utilisateur mercredi 24 octobre 2018 22:21:17(UTC)  | Raison: Non indiquée

Darmrok hausse les épaules d'un air fataliste lorsque la sergente lui exprime ses regrets. Après tout, quelle importance ? Certes, il est curieux de voir de quel bois sont faits les hommes avec qui il va reprendre la région, mais il préfère les savoir en expédition qu'ici à se prélasser au coin du feu. Reste à savoir s'ils ont le cuir assez épais pour ce travail, où si ce sont des godelureaux attirés par l'or mais manquant de colonne vertébrale... Auquel cas, il risque de ne jamais les rencontrer...

Le massif demi-orc adresse un signe de tête à Liamca pour lui signifier qu'il n'a plus besoin d'elle, et la regarde s'éloigner. Alors qu'il s'apprête à se mettre en quête du propriétaire des lieux, il se retourne vers les deux drôles. Quelque chose cloche chez eux. Le dénommé Sigfrid, en tout cas. Intrigué, Darmrok l'observe creuser comme si sa vie en dépendait, et essaie de comprendre ce qui lui prend, et ce que ça cache. Son regard bleu acier se fixe sur lui tandis qu'il lui fait face. Nullement gêné, il l'observe ostensiblement et, par moments, interroge du regard son camarade. Il penche même parfois la tête de côté, comme s'il essayait de résoudre une énigme. Dans le silence seulement troublé par les chants des oiseaux alentour, la tension et la gêne s'installe...

« Il est bizarre, ton copain, » finit-il par dire à Garvin en se grattant la barbe, « on dirait un lapin qui veut s'enterrer avant que l'aigle ne fonde sur lui. Pourtant... » Darmrok lève la tête et fait mine de scruter le ciel, « je ne vois nul rapace au-dessus de nous. Et cependant, je sens ta peur, l'homme... » achève-t-il en scrutant de nouveau l'homme-taupe.

Modifié par un utilisateur dimanche 28 octobre 2018 09:48:37(UTC)  | Raison: Non indiquée

Darmrok pose un regard à la fois plein de compassion et de dégoût sur Sigrid. Il ne dit rien mais la situation de l'homme semble le toucher. Il laisse passer un instant avant de répondre à Garvin, comme s'il réfléchissait. « Je m'appelle Darmrok. Je viens du Belkzen, où j'ai été élevé pour la guerre, » déclare-t-il simplement, sur un ton neutre, son esprit étant manifestement ailleurs. Il continue d'observer Sigfrid comme un bourgeois le ferait d'un mendiant.

Au bout d'un moment, il finir par s'adresser à lui. « Je suis désolé pour toi, l'homme. Sigfrid, c'est ça ? Je comprends maintenant que vous avez été capturés par ceux que je dois rejoindre. Vous êtes sans doute de ces bandits qu'on m'a demandé de zigouiller, à Restov. Ah, c'est malheur que je n'ai pas été là plus tôt, Sigfrid. Si tu étais tombé sur moi, je ne t'aurais pas fait quartier, et tu aurais pu mourir dans l'honneur au lieu d'être réduit en esclavage, tremblant de peur. Mais tu n'es plus en état de te battre, aussi je ne peux rien faire pour toi. » Il lui parle doucement, avec compassion mais distance, et semble navré de ne pouvoir donner à l'intéressé une mort bienvenue.

Il se tourne alors vers Garvin. « Toi, par contre, la peur ne t'a pas encore rongé l'esprit. C'est un sort cruel qui t'a été fait à toi aussi, même si tu l'as sans doute mérité en te rendant à l'ennemi. Je ne souhaite pas me fâcher avec ces... porteurs de chartes qui t'ont capturé en allant à l'encontre du jugement qu'ils ont prononcé contre toi. Mais si tu souhaites un jour redonner à ta liberté la même valeur que ta vie, je pourrais leur parler, et les convaincre de t'offrir un dernier combat. La liberté ou la mort, qu'en dis-tu ? Je connais ces choses, et je m'engage à bien te tuer, » lui dit-il d'un ton bienveillant et cordial, comme un ami qui proposerait de rendre un bon service.

Darmrok observe le dénommé Sigfrid se décomposer encore plus qu'il ne l'était déjà, jusqu'à se liquéfier totalement sous ses yeux. L'homme a, visiblement, été brisé par quelque chose, à moins qu'il ne soit comme ça depuis toujours. Dans tous les cas, il ne présente aucun intérêt pour le demi-orc, qui se tourne vers son camarade.

« Et bien, comme vous étiez ensemble et que vous avez l'air de vous connaître, j'ai cru que... Mais soit, » fait-il, embarrassé, en se grattant la barbe, « je te prie d'excuser mes manières d'étranger. Je ne suis dans le coin que depuis peu. Enfin, bref. »

Un silence quelque peu gêné s'installe, tandis que le pauvre Sigfrid rassemble ses forces pour continuer à s'enterrer en espérant que plus personne ne s'intéressera à lui. Finalement, Darmrok reprend la parole. « Et... les noms que tu as donné tantôt... Kressle et Shark, c'est ça ? Qui sont-ils ? Des bandits, c'est ça ? Pourquoi se seraient-ils échappés ? Et échappés d'où ? D'ici ? » Demande-t-il en désignant du pouce la bâtisse derrière lui.

Modifié par un utilisateur samedi 10 novembre 2018 23:11:13(UTC)  | Raison: Non indiquée

Darmrok se gratte la barbe en écoutant les explications de l'homme. Il oscille visiblement entre incompréhension et contrariété. L'homme se présente comme un homme libre, il dit être là de sa propre volonté mais admet ensuite ne devoir qu'à ces porteurs de charte de ne pas être dans les fers ou mort ? Il se fout de ma gueule, celui-là, ou bien quoi ? Pense-t-il.

Mais le demi-orc hésite à en faire la remarque au dénommé Garvin. Il ne connaît pas la région, ses habitants ou leurs coutumes. Il ne sait pas ce que les porteurs de charte ont réellement décidé. Et, somme toute, l'homme ne semble pas vouloir réellement cacher sa situation, il n'est surtout pas très clair.

Bah... Après tout, qu'est-ce que j'en ai à carrer ? Décide-t-il soudain. Ce n'est pas tellement cela l'important, c'est plutôt que les porteurs soient partis au combat en nette infériorité numérique. Soit ce sont des idiots inconscients, et ils sont morts à l'heure qu'il est, soit ce sont de valeureux combattants, et ils ne devraient pas tarder à réapparaître...

« D'accord, » coupe-t-il quelque peu abruptement, « je vais aller poser mon paquetage et faire connaissance avec le taulier. Creusez bien, » ajoute-t-il en prenant congé.

Tournant le dos aux terrassiers de circonstance, il se dirige vers la grande bâtisse à la recherche du propriétaire, dont Garvin lui a indiqué qu'il "travaillait sur le four".

• Perception préventive : 1d20+6 donne [7] + 6 = 13

Modifié par un utilisateur mercredi 21 novembre 2018 08:32:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

Darmrok prend soin de ne pas dévisager le propriétaire des lieux mais ça ne l'empêche pas de le jauger en son for intérieur : un artisan ; a priori courageux puisqu'il est venu s'installer sur ces terres hostiles ; mais absolument pas un combattant. L'homme lui paraît cependant sympathique, au premier abord. Le demi-orc lui adresse un signe de tête une fois à sa hauteur.

« Je ne comprends pas très bien moi non plus ce que ceux de Restov veulent faire, » lui rétorque-t-il, « mais c'est pas grave. J'ai mes raisons d'être ici. Content de te connaître, Oleg. C'est une belle bâtisse que tu as là. Merci pour ton hospitalité, et... Pas de problème pour la chaux. On n'allait pas se faire un câlin de toute façon, pas vrai ? »

Jetant un œil derrière lui comme si les deux terrassiers pouvaient le voir ou l'entendre de là où ils étaient, il reprend : « j'ai... fait connaissance avec les deux gusses, là... Ce Sigfrid a l'air complètement cramé mais Garvin a encore toute sa tête, on dirait. J'ai cru comprendre que... ce sont des bandits, c'est ça ? Comment ils se sont retrouvés ici ? Et pourquoi les autres porteurs les ont pas butés comme il se doit ? »

Les Surtova ?

Darmrok a entendu parler, comme tout le monde, des grandes familles du Brevoy, mais ces choses ne l'intéressent guère. Il ne rencontrera jamais ces gens de toute façon, et la politique a autant de sens pour lui qu'un grimoire de sorcier. Tout ce qui importe se passe ici et maintenant, et ce sont les choses sur lesquelles il a prise. Même le destin de cette loque de Sigfrid a plus d'intérêt à ses yeux, c'est dire.

« J'pense pas qu'il soit dangereux même s'il y en avait dix comme lui, » réplique-t-il à Oleg d'un ton définitif. « La peur suinte de lui comme la sueur en été. C'en est même dégueulasse. De toute façon, je ne vois pas où il pourrait aller. Il n'ira pas dans la forêt tout seul, j'imagine que c'est trop dangereux. Il ne peut pas retourner chez ses anciens patrons, il le pendront par les roustons. A la rigueur, il peut se traîner jusqu'à Restov et se faire manœuvrier ou mendiant, mais même lui comprendra qu'il est mieux ici. »

Un silence méditatif accueille ses paroles, aussi enchaîne-t-il. « Bon, je vais aller présenter mes respects à vot' dame, et poser mon barda où elle m'indiquera. J'en ai plein le dos de voyager, si vous voyez ce que je veux dire, même si c'était en bonne compagnie, » fit-il en adressant un signe de tête à la sergente.

Prenant congé des deux, il se dirige vers l'intérieur de la bâtisse à la recherche de la femme dont Oleg fait si grand cas pour ce qui est de lui ôter la vie en cas de salissures intempestives.

En entrant, Darmrok va directement saluer la maîtresse de maison, une expression d'incompréhension et d'effort marquant son visage à mesure que cette dernière débite son discours de bienvenue. Il parvient tant bien que mal à restituer les syllabes manquantes et à comprendre le sens général de ses paroles, et bredouille quelques réponses concises, avec un temps de retard.

« Euh... Mes respects, m'dame. Chambre ? Ah bah, s'il y a une chambre, c'est pas de ref... Euh, je m'appelle Darmrok, je viens du B... » Mais le débit de Svetlana ne permet à personne souhaitant articuler ce qu'il dit de rivaliser avec le sien.

« J'ai une charte, oui, mais je ne connais pas enc... D'accord, je les pose là. Un p'tit quequ'chose à... ? Euh, ma foi, le voyage a été long, et les rations, euh... »


Une fois installé - pour la première fois de sa vie - dans une chambre plutôt cossue et individuelle, Darmrok commence à prendre conscience du genre d'avantage concret que peut procurer cette charte qu'on lui a remis, il ne sait toujours pas très bien pourquoi. Apparemment, ça fait de lui quelqu'un d'important, en tout cas de plus important que la moyenne. Comment un simple bout de papier peut-il... ?

Mais il n'a pas le temps d'approfondir cette question (qu'il s'est d'ailleurs déjà maintes fois posée) car Svetlana sonne la cloche du repas, et il a grand faim. Mais tandis qu'il partage avec les soldats un roboratif ragoût, un inconnu à l'étrange apparence fait son entrée. Un silence étonné parcourt l'assistance après que celui-ci ait fini de parler.

Darmrok regarde l'étranger avec circonspection, incapable de déterminer à quel race il appartient. D'où il sort, celui-là ? Finalement, il se lève lentement du banc et déclare. « Et bah... Bienvenue. Je suis Darmrok. Porteur de charte également. Euh... Installe-toi. As-tu mangé ? Y'a encore un peu de ragoût. Installe-toi et raconte, » fait-il sur un ton à la politesse prudence, avec un geste d'invite de la main.

Darmrok lève un peu plus le sourcil gauche à mesure que l'étranger égrène des noms qui lui sont inconnus. Il essaie bien de les retenir, mais l'étranger ne les prononce qu'une fois, et son attention est ailleurs. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fées ? Se demande-t-il. Il jette un regard oblique vers Liamca, il se demande si elle a compris quelque chose à tous ces noms, contrairement à lui... Il sait, bien sûr, que la forêt est sauvage et qu'il ne faut pas s'y aventurer seul. ll a entendu des histoires sur cet endroit, dans les tavernes... Pour ce que ça vaut.

« Bon d'accord, » finit-il par dire, « donc on les attend, c'est ça ? Ils sont partis chercher un trésor, ils n'ont pas besoin d'aide ? » ajoute-t-il avec une pointe de jalousie dans la voix. Il commence à y avoir beaucoup de monde dans cette auberge. Beaucoup de monde auprès de qui il faut se tenir bien et propre. Le demi-orc n'est pas très à l'aise avec cette idée. Il aimerait bien, lui aussi, partir dans cette forêt féerique à la recherche d'un trésor, plutôt que rester ici à attendre - même si, il doit bien se l'avouer, il ne refuse pas un coucher confortable et un repas chaud et copieux après une semaine de voyage à travers la lande.

Alors que l'étranger à l'étrange aspect explique, à la demande de Liamca, qui sont les fameux Owain et Cayla, Darmrok lève à nouveau le sourcil qu'il avait fini par laisser retomber. D'anciens bandits ? Encore ?

Que signifie cette façon d'absoudre tous ceux qui le désirent quand la situation ne leur est plus favorable ? Le demi-orque commence à se demander si ses futurs associés ont la poigne nécessaire pour faire le travail qui leur a été confié. Le monde n'est pas fait pour les mous et les pleureuses.

Mais il interrompt ses réflexions quand l'étranger mentionne la cheffe des bandits et les éventuelles conséquence du raid. Dans son œil, une lueur d'espoir s'allume. « Tu... Tu veux dire que cette cheffe des bandits pourrait venir se venger sur nous ? Ici ? » Demande-t-il comme s'il s'agissait d'une bonne nouvelle, « ça, se serait pas mal... Ce serait même très très bien, » annonce-t-il en toquant sur la table avec ses phalanges en signe d'approbation. Il se tourne vers Liamca : « est-ce qu'on est prêts à les recevoir ? »