7 Abadius 4719, peu avant minuit - Les docks, à bord de la Serre
Musique - Les Enfants du Tonnerre


Suivant les demandes de la capitaine, Rana rejoignit à nouveau les docks peu avant minuit. Les rues de la ville étaient bien plus vides à cette heure, même si de nombreux marins arpentaient encore les docks, passablement avinés et parfois accompagnés. Les pickpockets l'ignorèrent, cependant, se contentant de proies plus faciles. Dans la lumière bleu marine des lanternes, Rana atteignit rapidement le dock où se trouvait amarrée la Serre, le navire sur lequel il était monté un peu plus haut dans la journée, à la suite de Rungdo. Lui et ceux qui souhaitaient rejoindre les rangs des Enfants du Tonnerre n'hésitèrent pas, et signalèrent leur présence à la sentinelle de l'échelle de coupée.

Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient de nouveau dans la cabine de la capitaine tengu, cette fois en présence de plusieurs membres d'équipage, donc Rungdo. Les lieux étaient éclairés d'une lumière bleu-vert, provenant des lanternes accrochées au plafond. Des vapeurs d'encens flottaient dans les airs, et la carte avait été repliée dans la table elle même, vraisemblablement par magie. La capitaine portait une tenue bien plus ornementée, une cape noire à capuchon, brodée de saphirs. Dessous, elle était torse nu, laissant voir ses plumes blanches marquées de motifs bleus, en forme de vagues. Elle portait dans l'arcade quatre anneaux de mithral blanc. Les autres pirates, Rungdo compris, étaient tous torse nus, laissant voir tatouages et motifs marins, représentants orages, tritons, kraken, siyokoi et autres créatures des profondeurs. Tous les marins portaient un anneau à l'arcade.

La capitain les salua en plaçant une serre fermée dans son autre paume, ouverte, avant de s'incliner légèrement, sans les quitter du regard.
« Bien, vous êtes venus. Si votre détermination est toujours intacte, nous pouvons débuter la cérémonie. Est-ce bien le cas? »

Modifié par un utilisateur lundi 22 avril 2019 20:59:38(UTC)  | Raison: Non indiquée

C'est un prix que je suis prête à payer. pensa l'oracle qui avait suivit l'inquisiteur.

Pour mener ses projets et pour la suite, elle avait besoin de pouvoir parler au nom de la triade. Elle avait besoin de cette affiliation.

« Oui. » dit-elle d'une voix qui ne laissait pas de place au doute.

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Rana prit quelques secondes pour parcourir le rouleau de soie avant de le lire à haute. A l'énumération des requins, aiguilles rouillées, myriades d'épées et autres éclaires, il déglutit. Bien, au moins, suis-je fixé! Si l'envie me prend de rompre mon engagement, il ne reste que deux solutions: soit directement me donner la mort, soit tous les tuer! ... ou plus simplement, prendre leur tête! pensa-t'il avec un petit sourire. Hormis se venger de la garde du premier jour, il possédait dorénavant un objectif à long terme, qui sonnait particulièrement bien à ses oreilles.

D'une voie calme et forte, il prononça alors le serment avec conviction :

« Après être entré dans les rangs des Enfants du Tonnerre, je traiterai la famille de mes frères et soeurs comme la mienne. Que je sois dévoré par les requins si je trahis ce serment.

J'assisterai mes frères et soeurs dans les funérailles des leurs en leur offrant aide financière et physique. Que je sois percé de cinq aiguilles rouillées si je trahis ce serment.

Je traiterai mes frères et soeurs comme tels, que je sois tué d'une myriade d'épées si je les traite en étrangers.

Je reconnaitrais mes frères et soeurs du Tonnerre lorsqu'ils s'identifieront. Que je sois lacéré d'une multitude de couteaux si je trahis ce serment.

Je ne révélerai pas les secrets des Enfants du Tonnerre, même à ma famille. Je ne révélerai jamais ces secrets contre de l'argent. Que je sois empoisonné pendant mon sommeil, si je divulgue un quelconque secret.

Je ne trahirais pas mes frères et soeurs. Si je cause l'arrestation d'un d'entre eux, je le libérerai immédiatement. Que je sois enchaîné et affamé si je trahis ce serment.

Si j'ai menti pour rejoindre les Enfants du Tonnerre, je serai tué par cinq éclairs.

Si je vole un de mes frères et soeurs ou que j'aide quelqu'un d'autre dans ce but, que je paye au centuple et perde mes mains.

Si je profite d'un frère ou d'une soeur en le trompant, je serai poignardé par cents couteaux.

Si l'un de mes frères ou soeurs est insulté ou attaqué, je me dois de l'aider s'il a raison, ou de lui conseiller de s'arrêter si il a tords. Si je ne garde pas ce serment, je sois pendu tête en bas à la gran'voile.

Je ne dois pas conspirer contre mes frères et soeurs. Que je sois torturé et éviscéré si je brise ce serment.

Si j'apprends que le gouvernement est à la recherche d'un de mes frères et soeurs, je dois l'en informer afin qu'il puisse s'échapper. Si je brise ce serment, que ma tête soit coupée et apportée aux autorités.

Je ne causerais pas la discorde parmi mes frères et soeurs; si je romps ce serment, ma bouche et mes yeux seront cousus, et mes narines brûlées au fer rouge.

Je ne chercherai pas à voler le territoire d'un de mes frères ou soeurs. Je serai écartelé et donné en nourriture aux poissons si je prétends ne pas avoir connaissance des droits de mes frères et soeurs dans ce domaine.

Je ne me ferai pas moi même Officier. Seulement avec l'accord de mon Capitaine et le soutien de mes frères et soeurs pourrais-je gagner en responsabilités.

Je n'aiderai pas des extérieurs contre les intérêts de mes frères et soeurs. Je serai brûlé vif si je brise ce serment. »

@Boa: je me suis permis, d'ajouter quelques façons originales de se faire tuer...

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Musique - Les Enfants du Tonnerre



Alors que Yingzi et Rana prononçaient les dernières paroles de ces serments, un coup de tonnerre retentit à l'extérieur, comme pour ponctuer leurs promesses. La capitaine reprit, bientôt imitée par l'équipage.
« Et nous en sommes témoins! »

Ils rangèrent leurs lames, alors que la capitaine reprenait les deux rouleaux de soie, les jetant dans les flammes du brasero qu'elle avait allumé au début du rituel.
« Voilà qui est fait. Bienvenue parmi nous, frère, soeur. Vous êtes désormais des Enfants du Tonnerre. Vous faites également partie de mon équipage, donc il est temps de faire les présentations plus en détail. Je suis la capitaine Jin, de la Serre, mais je suis souvent appelée Jiangshi par mes ennemis. Faire partie de l'équipage ne signifie pas que vous deviez naviguer avec nous, mais j'attends de vous un rapport sur vos activités lorsque la Serre revient au port. Pour l'instant, vous avez le champ libre: nous partons en mer pendant quelques semaines. En cas de besoin, n'hésitez pas à faire appel aux autres équipages... »

Elle claqua des serres, et Rana comme Yingzi se rendirent compte qu'une marque translucide venait d'apparaître au creux de leur paume, une image de mer démontée, dansant dans leur main. Lorsque Jin claqua à nouveau des serres, les marques disparurent.
« Un signe de reconnaissance. Il vous permettra de vous identifier. »

Musique - Les Enfants du Tonnerre

Profitant de leur nouvelle appartenance à l'équipage, Rana et Yingzi purent rencontrer et faire connaissance, même superficiellement, avec les membres d'équipage de la Serre. Seule une poignée des vingt membres d'équipage étaient humains, mais huit d'entre eux étaient des tengu, en plus de Jin. L'équipage comptait aussi trois ondines, et au moins deux demi-elfes aquatiques...ainsi qu'une créature qui paraissait humaine mais portait de discrète branchies de chaque côté du coup. Clairement, les races aquatiques étaient les bienvenues dans cet équipage, ou au moins dans cette triade.

Ils connaissaient déjà le bosco, Rungdo, qui était celui en charge de maintenir l'ordre et d'approvisionner l'équipage, et dont les attributions s'étendaient aussi aux membres d'équipages restant à terre...il serait donc leur principal point de contact par la suite.

Ils rencontrèrent aussi la Seconde, une Ondine nommée Kaszar qui les salua avec enthousiasme, et leur conseilla deux tatoueurs dans le Puits d'Encre si jamais ils voulaient appliquer les traditions de la Triade, et la Quartier-Maître de l'équipage, une demi-elfe aquatique répondant au nom de Minh Phu. Plus réservée, mais au regard acéré.

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Rana regarda Yingzi d'un oeil surpris : « Nous ne sommes pas totalement sans appui.... bien qu'il nous faille attendre les conclusions du prochain conseil des Capitaines, pour l'avoir de manière officielle.
Peut-être demain, lorsque nous reverrons la capitaine, demandons-lui le nom d'un contact... riche et influent qui pourrait aider la mise en oeuvre.

Et qui sait le travail qu'elle ne manquera pas de nous proposer ainsi qu'à nos compagnons d'infortune même non-membres de la Triade, pourrait apporter aussi son lot de réponses! »

@Boa: si accepté par Yingzi, peux-tu considérer que Rana demandes cette info (nom d'un contact) à Jin avant de partir en direction des pétales... (vu que les 2 fil sont en parallèle, pas tjrs facile de garder la temporalité!)


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10 Abadius 4719 - Goka, Cité des Lanternes
Musique - Goka, Cité des Lanternes


Alors que leur petit groupe se séparait, profitant des quelques jours qu'ils avaient devant eux, Rana décida qu'il était temps de se mettre au travail. Il n'avait pas oublié l'attaque par la garde lors de leur arrivée en ville, et il n'avait aucune intention de laisser cet affront impuni. Sans parler de l'opportunité d'en apprendre plus sur sa cité d'adoption.

Et en premier lieu, Rana s'aventura dans les rues en pleine journée, observant attentivement les alentours, questionnant les passants, écoutant les rumeurs et prenant le pouls de la cité. En une journée de déambulation, il avait le temps de s'attarder pour découvrir le fonctionnement des lieux, et en particulier celui de la garde.

En arpentant les rues, il repéra sporadiquement des patrouilles de la Garde, qu'il apprit plus tard s'appeler officiellement la Garde du Verrou, en référence aux origines Abadarienne de l'organisation. La Garde était en charge de maintenir l'ordre et de combattre la criminalité. Les gardes patrouillaient les rues en section de cinq, menées par un sergent. Chaque quartier disposait d'un ou plusieurs postes de garde, qui servaient de prison temporaire, de point de ralliement aux patrouilles qui en dépendaient, et d'armurerie de proximité. Il était aussi possible de déposer une plainte dans ces postes de garde. Chacun de ses postes était dirigé par un capitaine. Enfin, chacun des Districts de Goka, délimité par les changements de couleur des lanternes, était sous la direction d'un commandant répondant au Conseil de Goka. Dans la pratique, en revanche, la Gouverneure Yan-Fei dirigeait la garde au nom du Conseil, au quotidien, même si ce dernier pouvait reprendre le contrôle de la Garde si nécessaire.

La réputation de la garde variait beaucoup, en revanche...selon les quartiers, les officiers, et surtout les districts. Dans les parties plus riches de la ville, autour des Pétales, des Hauteurs d'Acier et des Escaliers de la Lune, les gardes avaient une réputation d'efficacité et de diligence. Mais dans les parties plus pauvres, comme les Volutes et Havre-Tempête, les gardes étaient réputés au mieux incompétent ou désorganisés, et généralement paresseux ou corrompus. Quand aux Cryptes, les gardes n'y mettaient les pieds qu'en force et en l'absence d'alternatives.
En revanche, un point qui ne variait pas était l'équipement de la garde. Où qu'ils se trouvent, les membres de la garde recevaient chacun une armure de cuir, une épée jian de bonne qualité, une arbalète lourde et une paire de menottes.

Ces informations étaient plutôt utiles. Elles signifiaient que si les deux patrouilles qui les avaient attaqué était mené par une capitaine, c'était que tout le poste de garde sous son commandement était corrompu ou en tout cas ignorait ses activités.

Modifié par un utilisateur dimanche 23 juin 2019 16:07:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

Musique - Goka, Cité des Lanternes


Rana était patient, en effet...mais malheureusement, il ne connaissait pas très bien la ville, et sa méconnaissance des lois et usages des lieux...sans parler de son apparence décidément étrange jouaient contre lui. Certes, Goka était très cosmopolite, mais les étrangers étaient surtout présents au centre ville, sur le port et le long des Routes du Dragon. Autour de la Porte du Levant, par laquelle ils étaient entrés, on trouvait surtout des caravaniers Tian et des citadins travaillant dans les champs des alentours. Dans cet ensemble, un grippli était loin d'être habituel.

Il lui fallut une bonne journée de recherche en plus pour retrouver le poste de garde le plus proche de la Porte du Levant, et cette fois il était sûr de lui...c'était bien ici qu'opérait les gardes qui les avaient détroussé. Il reconnu plusieurs d'entre eux dans les patrouilles des environs, tout en restant inaperçu, un visage aux yeux globuleux dans la foule.

Il finit par trouver un bon poste d'observation. Non loin de sa cible se trouvait un des marchés de la Porte, où certains caravaniers qui venaient des contrées les plus proches écoulaient leurs marchandises et reconstituaient leurs stocks avant de reprendre la route. Il traînait ici et là, donnant un coup de main pour décharger ou charger des marchandises, feignant d'inspecter des étals, tout en gardant un oeil sur le poste de garde.

Au bout de deux jours d'observation, le grippli était un peu frustré. L'activité intense de cette partie du district le gênait un peu dans sa collecte de renseignement...mais malgré tout, il avait tout de même appris deux ou trois choses. Il compta plus d'une trentaine de gardes, les patrouilles s'enchaînant tout au long de la journée. Mais à plusieurs reprises, il nota des patrouilles parties séparément rentrer ensemble, certaines menées par la capitaine elle même. Des circonstances familières...
En revanche, il n'avait pas encore réussi à identifier les routes de patrouilles, ne connaissant pas encore assez la géographie de la cité.

Tu poursuis sur la même organisation, ou tu prends d'autres initiatives? Il te reste en gros 3-4 jours.

Musique - Goka, Cité des Lanternes


Rana n'était peut être pas des plus observateurs, mais il était têtu, et sa persistence finit par payer. Jour et nuit, autant que son temps le lui permettait, il resta observer les lieux, et peu à peu, il réussit à se faire une idée de ce qui se déroulait. Les gardes paraissaient avoir deux activités...

D'une part, les patrouilles régulières qui arpentaient le quartier, passant autour des diverses places où se rassemblaient les caravaniers, arpentant les rues et arrêtant parfois un criminel, surtout des voleurs à l'étalage et des pickpockets, ou encore ceux qui étaient entrés dans la cité sans payer leur dû à la Porte du Levant.

D'autre part, des patrouilles partaient en duo, dix gardes à la fois, fréquemment accompagnées par la capitaine elle même...et ces patrouilles, au lieu de circuler dans tout le quartier, se contentaient de tourner autour des abords de la Porte du Levant, à la recherche de nouveaux arrivants...avant de leur tendre la même embuscade dont Rana et son équipe avaient été victimes. Elles menaçaient aussi des caravaniers et des commerçants, ne les laissant tranquilles qu'en échange d'un pot-de-vin, ou "confisquant" des marchandises, en particulier les plus précieuses, sous des prétextes au mieux improbables. Rana en était certain, à présent: ils avaient affaire à un racket organisé, et toute la garde dans ce quartier y participait, au moins passivement.