134 Gozran 4716 - Archives Impériales, Île de la Sorcière

Musique - Ordre du Glyphe

Une fois la question de ses négotiations avec la Munagola réglée, Aiakos pu se consacrer à des recherches plus...terre-à-terre. Il se plongea dans tout ce qu'il avait pu rassembler comme documents sur Bassins Larmoyants, ce qui malheureusement consistait principalement en une collection de textes de loi, relevés fiscaux, catalogues de recensements et autres terriblements secs et poussiéreuses affaires. Mais après tout, Aiakos était un Cardinal Asmodéen...c'était exactement son domaine, et il aurait été bien malvenu qu'il ne tire pas avantage de ses dispositions.

Il avait déjà une solide image de la baronnie, et surtout du seul élément intéressant qu'elle comportait: la ville de Bassins-Larmoyants. Elle comptait environ 6900 habitants, principalement des humains, mais également des demi-elfes, des halflings, des gnomes, et des tieflings. C'était sans compter environ 1000 esclaves de toutes origines, dont la population changeait régulièrement au gré des transports et du marché aux esclaves.
Un autre élément qui lui sauta aux yeux était les effets secondaires des Arches Staviennes qu'il n'avait pas anticipé...l'immense dispositif était certes un aspect important du commerce de la ville, bien que la plus grande ne soit plus opérationnelle depuis des décennies, mais elles attiraient aussi l'attention d'ingénieurs de tout l'Empire et au delà.

En dehors de ces détails supplémentaires sur la ville, il parvint aussi à se faire un tableau du conseil qui auparavant conseillait son prédécesseur et formait un panel plutôt complet des acteurs important de la ville.

La première et sans doute la plus excentrique était une gnome du nom de Gwena Brassmind, qui d'après ce qu'il découvrit était apprentie à l'époque de la construction des Arches Staviennes...plusieurs siècles plus tôt. Elle était toujours en charge de leur entretien, et paraissait y attacher une grande importance, et apparemment était aussi à la tête d'une école d'ingénierie officieuse répondant au nom de l'Atelier des Bassins.

Venait ensuite la figure religieuse la plus importante de la ville, le Prêtre-Banquier Surius Galla, un chélaxien d'âge moyen dirigeant le temple d'Abadar qui faisait aussi office de banque, et possédait des intérêts dans un bon nombre de compagnies jusqu'à Couronne d'Ouest. Le père Galla lui même paraissait plutôt discret, mais talentueux pour les chiffres, étant donné la prospérité de son église.

Son pendant Iomédéenne n'était pas exactement dans la même catégorie. La petite église Iomédéenne de la ville, située dans un ancien temple d'Aroden, était dirigée par la Quatrième Epée d'Iomedae Maril Varias, varisienne recueillie par l'église après le massacre de sa caravane. C'était la première paroisse qui lui était confiée depuis sa formation à Ultime Rempart, et elle préférait rester discrète, se contentant d'une soupe populaire et d'un dispensaire pour les pauvres.

Aiakos ne serait pas non plus le seul représentant de l'Eglise Asmodéenne, puisque l'évêque de la baronnie, Soeur Lilith Ragar, était elle aussi présente au conseil. Fait rare, elle portait du sang drow, et avait quand même réussi à atteindre un rang élevé dans l'église, ce qui dénotait sa compétence. Son officine servait également de tribunal et de conseil juridique.

Desian Drus était techniquement le vassal d'Aiakos, mais il risquait de ne pas prendre ce fait avec beaucoup de grâce. Le Marquis des Cascades, était également le chef de l'Association des Marchands d'Esclave de Bassins Larmoyants, titre ronflant mais non sans influence, le commerce des esclaves étant un des secteurs économiques les plus florissants de la ville. L'homme paraissait extrêmement fier de son statut aristocratique...

Chose intéressante, la ville comptait aussi un bureau du Consortium d'Aspis, qui n'employait que trois personnes, menés par une tieflinne du nom de Servane Blasio. Elle et sont équipe formaient une des rares implantations du Consortium dans l'Empire en dehors d'Ostenso.

On trouvait également au conseil la Capitaine de la garde, Alwa Main-Sanglante, originaire de Rahadoum. Les effectifs de la garde étaient modestes, et surtout engagés dans la lutte contre la contrebande et dans les évasions d'esclaves ou les échauffourées sur les docks, ce qui n'empêchait pas Alwa de tenir ses hommes par une discipline de fer.

Le dernier membre du conseil, Leivur Sera, était un Ulfen à la retraite, propriétaire des chantiers navals de Bassins Larmoyants qui s'occupaient de l'entretien et des très nombreuses réparations sur les multiples barges et transports qui voyageaient sur la rivière, ce qui en faisait un homme plus que prospère. Mais un homme capable également de défendre ses investissements, considérant qu'il avait fait partie de la cour de plusieurs Roi-Linnorms dans sa jeunesse.

Dernière personne notable, qui ne faisait pas partie du conseil, était Cassandre Oeil-De-Verre, une halfling qui dirigeait le seul atelier d'artificier de la ville, était était l'unique fabricante d'objets enchantés de la baronnie.


L'autre problème qui le préoccupait était tout aussi important, mais considérablement plus mystique: déplacer la porte des Enfers. Malheureusement, ses recherches sur le sujet furent bien plus ardues...ou plutôt, il en appréciait beaucoup moins le résultat: d'après ses découvertes, il était absolument impossible de déplacer une porte des Enfers.

Il ne semblait y avoir que deux exceptions à cette règle: pouvoir ouvrir une nouvelle Bouche Infernale, ce qui requérait une puissance bien plus considérable que de rouvrir une faille déjà existante, et requérait de déstabiliser le tissu des plans, une entreprise dangereuse en elle même; l'autre solution étant apparemment de faire appel directement au pouvoir d'un Archidiable, ainsi que l'avait fait son Infernale Majestrix Abrogail Iere du nom lors de la première guerre civile chélaxienne.

Modifié par un utilisateur dimanche 24 mai 2020 19:07:22(UTC)  | Raison: Non indiquée

Aiakos avait choisi le temple pour une raison essentielle. Le titre de baron n'avait aucune valeur à ses yeux. Il voulait transformer la baronnie pour en faire sa primature. La primatie s'entendait de la dignité d'un membre de l'Eglise qui disposait d'une autorité sur tous les évêques d'une région.

Dans le cadre du synode du contrat, Aiakos pouvait créer tous les évêchés qu'il souhaitait : des évêchés suffrageants. En parallèle, il pouvait également conférer des officialités à n'importe quel membre du clergé pour recruter des magistrats. Or, pour pouvoir créer une telle primature, il lui suffisait d'user de son langage et sa sagacité habituelle. Toutefois, il y avait une condition... Et aucun truc juridique ne pouvait venir à bout de ce critère matériel. Il lui fallait au moins deux évêques infernaux sous son autorité... Il n'y avait pas vraiment de texte pour l'y obliger. Mais le contraire aurait été perçu comme iconoclaste.

Il avait déjà son vieil ami d'enfance Ludoviro qui était désormais archiprêtre qui passerait évêque avec sa réussite sur le chantier de la cathédrale et la fondation du premier évêché du synode. Cela n'était pas rien.

Il lui fallait un deuxième évêque. Et le cardinal avait sa cible...

La prêtresse du temps d'Asmodeus de Bassins Larmoyants, Lilith Ragar. Magistrate de formation, drow et femme... Trois qualités qui aideraient les projets du clerc maléfique. Le cardinal recherchait trois types de données.

D'une part, les données relatives à la carrière de cette femme. Il voulait savoir en combien de temps, une non-humaine s'était hissée au rang d'évêque et par quelles actions.

Il s'intéressait également aux grandes décisions de justice rendue par cette personne afin de connaître sa manière d'interpréter les écritures et de voir si elle était compatible avec sa propre philosophie.

Et enfin, il cherchait à déterminer sa relation avec les autres religions.

Là où Ludoviro était un pur représentant de l'église, charmant mais froid, inquisiteur, désespérément vertueux... Son héritage aristocratique même dissimulé aux yeux du public demeurait visible. Il était un pilier de tradition et de stabilité.

Quant à la jeune femme, elle pouvait représenter une part d'innovation relativement importante et une sorte de figure moderne capable d'attirer les esprits en quête de changement.

Finalement le clerc maléfique avait là deux ingrédients intéressants à façonner pour chercher la recette du synode.

Voila qui est prometteur... pensa le cardinal en compilant ses notes.

Assurément la prêtresse avait un profil qui plaisait beaucoup au cardinal. Elle semblait lui ressembler beaucoup par rapport à son utilisation des règles de la société pour arriver à ses fins.

En outre, sa capacité à interroger les gens plairait à Ludoviro également.

Durant un instant, le cardinal se dit qu'elle pourrait même faire une concubine officielle "acceptable". Une drow n'était pas humaine, mais le sang magique de cette espèce justifiait qu'elle intéresse les puissants. Et sa race ferait qu'elle ne pourrait jamais espérer un statut plus important auprès d'un neveu d'un archiduc... Ce qui était très bien... Hélas, il n'y avait pas de représentation picturale dans les dossiers qu'Aiakos avait trouvé. Mais ça n'était pas important à ce stade.

Longacre était une petite ville qui n'attirait pas beaucoup l'attention sur elle, et il n'y avait finalement que peu d'information à se mettre sous la dent. L'Eglise d'Asmodéus ne s'y intéressait même pas assez pour y avoir un représentant permanent; même si les discussions étaient en cours pour y établir un temple d'Asmodéus.
C'était d'autant plus important que le temple d'Iomedae avait été récemment fermé suite à la condamnation de la prêtresse locale, apparemment impliquée dans une série d'incidents liés à la Glorieuse Réclamation. L'Archbaron Darellus Fex y avait brutalement mis fin et proclamé la loi martiale jusqu'à la fin des hostilités. Ce qui indiquait une situation relativement troublée sur place...



Au cours de ses recherches, il profita également de l'occasion pour tenter de négocier une entrevue avec la Prêtresse Suprême Aspexia Rugatonn. Malheureusement, malgré ses arguments, elle avait un emploi du temps des plus chargés et ne consacrait de temps à personne sans une très bonne raison. Il avait une bonne raison, heureusement, et c'est pour cela qu'il parvint à négocier une entrevue de quelques minutes le soir même.

Une nouvelle fois, il se trouva face à Aspexia dans son bureau peu éclairé. On pouvait se demander comment Aspexia, qui était humaine après tout, s'habituait à la pénombre permanente, mais cela n'avait pas l'air de l'empêcher d'écrire dans un lourd volume, comme elle était en train de le faire tout en s'adressant à Aiakos, relevant les yeux pour lui faire face.
« Qu'est ce qui vous amène, Cardinal? »

Musique - Eglise d'Asmodéus


Aspexia Rugatonn ne réagit pas immédiatement aux paroles d'Aiakos, prenant le temps de parcourir dans le détail les documents que ce dernier lui avait transmis. Rien ne sembla la perturber, mais elle n'était pas pour autant sans commentaires et questions sur les développements des projets du cardinal. A commencer par celui du synode.
« Je vois que vous savez bien vous entourer, Cardinal. Ludoviro Scarpo est l'un de nos plus talentueux aspirants inquisiteurs. Mais peut être travailler avec vous lui donnera-t-il une meilleure appréciation des aspects moins orientés vers l'action de notre Eglise. J'admire également votre sens de l'improvisation et de l'initiative, planifier déjà d'étendre les activités de votre synode jusqu'à Corentyn relève d'une vision à long terme que bien peu d'hommes possèdent. »
Elle reposa les rapports, croisant les mains devant son visage tout en le scrutant de ses yeux noirs d'encre.

« Vous m'honorez, votre sainteté. »
répondit le cardinal.

« Je ne vous cache pas que l'établissement d'une primature risque de causer des remous. Notre soutien vous est acquis en cela, c'est une simple procédure administrative. Procédure qui doit néanmoins recevoir l'aval de la Maison Impériale, mais étant donné vos soutiens, je gage que cela ne sera pas un problème. En revanche, attendez vous à ce que la noblesse de Longmarch, du moins celle qui n'appartient pas à votre famille, élève des objections et tente de vous en dissuader. Je pense en particulier au Seigneur-Maire Arvanxi de Couronne d'Ouest. Bassins Larmoyants est dans sa sphère d'influence et il risque fort de se montrer peu patient à l'idée de perdre son influence sur ces terres. Avez vous déjà réfléchi à comment vous comptiez vous protéger de ces manoeuvres plus que probables? »

« Nous ne nous étions entendu pas que sur une cathédrale. Vous m'aviez confié un synode. Ce genre de démarche n'est pas sans entrainer beaucoup de travail et un réseau d'expert de l'herméneutique et du droit religieux infernal me semble un outil. Mais je n'y ai nul mérite. A une âme bien née, la valeur n'attend point le nombre des années. Je ne suis que le modeste produit d'une dynastie d'archipaïen qui n'a que pour fonction de fournir un vivier de personnes adaptées aux plus hautes fonctions.

En tant que cardinal, je ne saurais vraiment prendre une baronnie autrement que comme primature. Cette primatie m'est nécessaire car Son Infernale Majestrix me donne en baronnie, des terres anciennement possédées par un Vice-margrave, alors que je suis neveu d'archiduc... Il y a là une forme de geste symbolique fort en terme de hiérarchie auquel je dois également répondre. L'honneur comme l'orgueil m'y conduisent. »

«  Le Seigneur-Maire Arvanxi de Couronne d'Ouest est un des plus grand vassal et rival de mon oncle. Il ne peut pas s'opposer directement... Cet accord sur la baronnie fait partie d'un accord entre mon oncle et l'Impératrice. Il peut tenter de commettre des opérations d'influence. Ce serait une insulte qu'il ne le fasse pas.

La baronnie ne sera pas sans défense. De mon côté Couronne d'Ouest accueillera l'une des cathédrales basiliques du synode. Chacun d'entre nous aura des agents chez l'autre. De façon plus prosaïque notre ordre mineur de chevaliers infernaux en création sera en bonne relation avec l'ordre du râtelier. Et je compte dynamiser l'ingénierie dans la ville. En outre, avec la porte des enfers, nous aurons un meilleur rapport à l'enfer. Enfin, nous avons de meilleures relations avec l'Eglise et l'Impératrice... »


La Haute Prêtresse répondit avec un sourire amusé.
« Je ne doute pas que ce projet de primature vous tienne à coeur, Cardinal, et soyez assurés du soutien de l'Eglise pour l'établir. Je me contente de vous mettre en garde contre des risques qui - je vois - ne vous avaient pas échappé. Je suivrai les évolutions de Bassins-Larmoyants avec le plus grand intérêt, soyez en sûr. Et j'admets que je serai plus qu'impressionnée si vous parvenez à faire construire une cathédrale à Couronne d'Ouest. »
Reprenant tout son sérieux, elle poursuivit.
« Parlons justement de cette porte des Enfers, voulez vous? En premier lieu...dans les environs de Longacre, dites vous? Cela risque de vous compliquer la vie de devoir maintenir votre influence à de telles distances, surtout avec la guerre qui gronde. Je me permets également de pointer du doigt le fait que votre pari n'est peut être pas aussi avantageux que vous le pensez. Si vous croyez ne pouvoir être forcés d'honorer ce pari une fois mort, je crains que vous ne vous trompiez. »
Elle se tut un instant, avant de poursuivre.
« Cette implication d'Eiseth est inquiétante. Les Reines de la Nuit sont déjà volatiles par rapport à la moyenne des diables, et Eiseth n'est connue ni pour sa réserve ni pour son tempérament. C'est un jeu dangereux auquel vous jouez. Mais il ne sera pas dis que vos efforts ne seront pas récompensés. Si vous parvenez effectivement à établir une ambassade, il me paraît juste que vous soyez nommé ambassadeur. Le temple d'Iomedae à Longacre est effectivement vacant pour d'excellentes raisons, encore que je présume que vous ne vouliez pas des lieux pour vous mêmes, étant donné les autres projets plus prestigieux que vous poursuivez. Je me trompe? »

« Concernant, le pari. Je n'ai jamais envisagé un seul instant de perdre. Je ferais ce que je dois pour gagner. Je dois m'inscrire en faux sur l'interprétation. La diablesse a lié le pari à des fonctions que je possédais. Ce n'est qu'en considération de mon rang que le pari existe. C'est une condition suffisante. Mort, je n'aurais plus aucun rang. Donc, le pari cessera et personne ne pourra gagner ou perdre quoique ce soit. Elle a placé cette stipulation intuitu personae dès énoncé du pari. Je pense que c'était en prévision d'un mensonge de ma part. Mais cela m'offre une porte de sortie supplémentaire. » répondit Aikaos en citant l'un des passages de la conversation ayant scellé le pari.

« La porte serait situé dans le Bois des murmures et dans la Ville de Dis. J'ignore si c'est une immixtion volontaire de la part d'Eiseth. Mes agents ayant mené l'enquête de l'autre côté ont découvert qu'elle craignait davantage la porte qu'elle ne souhaitait s'en servir.

C'est Eiseth, elle a beau avoir un caractère bien trempé, elle n'en reste pas moins liée au domaine de la loi notamment par l'idée de revanche. Je propose de lui tendre la main. Et de lui dire la vérité, notre ambassade est sincère et nous tenons à ce qu'elle se passe bien car la bonne relation que nous déciderions d'entretenir ferait pression plus largement sur la ville de Dis et Dis Pater. En particulier, cela conférerait sans devoir l'inclure dans notre infernal catéchisme un statut important en enfer. Ils ont beau être des diables très fiers... Ils ont besoin du commerce des âmes offertes par les mortels et nous ne sommes pas un petit culte. Cette ambassade du seul fait d'exister sera l'instrument de sa vengeance et de notre côté un instrument d'influence. Je nommerais un diable comme gérant de l'ambassade et un séminaire infernal permanent y sera ouvert. »
« J'ai besoin de clercs, votre sainteté. Mais surtout j'ai besoin de clerc compétent. La charge d'un temple est une école en soit. Et cette ville me semble avoir besoin de l'un de mes guides en ces temps troublés. »


« Vos "agents"...? Vespar, je présume? Je suppose que vous savez ce que vous faites, et puisque ce pari n'engage que vous...En ce qui concerne votre idée d'ambassade, je partage votre avis: avoir un pied et une influence sur Dis ne peux que nous être bénéfique sur le long terme, de même que d'aider à maintenir à un niveau raisonnable les ambitions d'Eiseth comme de Dispater. Si cela devait se concrétiser, en revanche, j'attends que vous me teniez au courant des détails de l'organisation de l'ambassade. »

Décroisant les mains, son regard s'adoucit un peu.
« Ces prêtres dont vous avez besoin, c'est à destination de Longacre? Avez vous déjà quelqu'un en tête, peut être? »

« Vespar, n'est plus désormais mon seul agent. Bien que ce soit sans doute le plus efficace.

J'entend que l'ambassade se concrétise. C'est un genre particulier d'ambassade. Il y aura quatre domaines d'activité : la mission diplomatique, la sécurité, la formation et la recherche.
- Si je suis ambassadeur, il me faudra un nonce infernal et des prélats pour y porter les intérêts de l'Eglise. Je ne saurais nommer ces personnels sans le concours du conclave...
- Je confierais le titre de sénéchal de l'ambassade à Vespar, en tant que grand intendant il sera garant de la sécurité du domaine et il disposera de ses propres ordonnances. C'est une manière détournée d'honorer notre pacte.
- Vous pourrez également dépêcher un instructeur de premier rang qui pourra diriger le séminaire de formation extra-planaire à condition que le synode puisse y disposer d'un contingent d'enseignants significatif.
- Enfin, en parallèle du séminaire extra-dimensionnel j'entend l'activité de recherche du synode qui demeure sa mission principale soit pilotée par un archiprêtre-recteur de ce dernier qui aura le rectorat officiel de la cathédrale à sa charge pour conduire les cérémonies religieuses ordinaires.
Je n'ai pas encore formalisé de document décrivant celle-ci. Cela dépend aussi des priorités de l'Eglise et du périmètre de la mission que vous me confierez.

Le futur archiprêtre-recteur Ludoviro Scarpo a fait de l'excellent travail. Nous avons déjà des gens intéressés pour venir travailler avec nous. Mais je reste en quête de nouveaux talents. »


Aspexia Rugatonn hocha lentement la tête, pesant les paroles d'Aiakos.
« Très bien, vos souhaits seront considérés, Cardinal. Mais étant donné l'impact qu'elle représenteraient sur les ressources de l'Eglise et la situation actuellement plutôt délicate dans laquelle se trouve l'Empire, chacune devra être soigneusement examinée par le conclave. Permettez moi de questionner quelques uns des points que vous avez soulevé, en revanche.
En premier lieu, les ordonnances que vous destinez à Vespar. Quelle utilité un diable aurait il à avoir des ordonnances mortelles?
En second lieu, ne serait il pas plus pertinent de considérer la question des étudiants potentiels avant d'estimer avoir besoin de tout un contingent d'enseignants? »

« Je pense qu'il y a une inversion. La mission de mon synode est de produire des connaissances... Tous mes clercs méritant passeront par ce séminaire extra-planaire... Recherche et enseignement... L'une et l'autre seront très liées. Et pourquoi pas les vôtres aussi... C'est toujours plus intéressant que d'aller à la plage dans un séminaire d'été... Comprenez-moi bien... Ma formation n'est pas uniquement celle d'un juriste et j'entend bien partager chacun des aspects de celle-ci avec ceux qui nous aiderons dans cette quête.

Je n'ai jamais parlé d'ordonnances mortelles... Je vais recruter des diables. J'en ai besoin pour tenir les forces de la Munagola en respect. Je leur proposerais un bon travail en échange : ordonnances du grand intendant, le Sénéchal Vespar... Et peut-être si certains sont méritants, le synode travaillera à permettre leur ascension. En tant que Sénéchal du Synode, Vespar les commandera. Une ambassade est un lieu mortel mais c'est également un lieu de prestige important du point de vue de l'archidiable qui contrôle cette partie du plan... Le garder reste un poste honorable et cela donnera une place à ces diables isolés dans une hiérarchie... »


« Je vois. Tout cela parait effectivement plus logique considérant l'étendue et la nature de vos projets. Mais si vous comptez recruter des diables pour servir d'ordonnances à Vespar, cela ne semble pas exactement du ressort de l'église. »

« Je demeure propriétaire du terrain et Vespar est l'une des figures tutélaires de mon synode, il y a donc deux liens assez importants pour l'église. Un lien organique par le pacte qui nous lie et un lien spirituel... J'ajoute que la dimension sécurité est importante. C'est peut-être l'une des seules choses qui convaincra Eiseth de nous laisser l'ambassade. Nous avons une religion mortelle qui tient à conserver le contrôle de la porte qui l'effraie. Nous sommes un mécanisme de protection de plus... L'ambassade n'est tolérable que parce que c'est une protection plus efficace que la Munagola... Ainsi que notre combat l'aura démontré.

Et pour la guerre, je crois que des soldats qui connaissent le terrain seront d'une grande aide.

Cela permettra en outre à nos étudiants de voir des diables en action. C'est une plus-value pédagogique certaine... »


« Sans aucun doute. Avez vous pensé aux Chevaliers Infernaux? Non seulement ce sont des spécialistes de la lutte contre les diables, mais je ne doute pas que bon nombre d'ordres seraient intéressé par un contact plus direct avec les enfers et l'occasion de tester leurs recrues. »

« L'idée m'est venue à l'esprit. Mais, je suis venu vous voir avant d'envisager les autres options. »


La prêtresse sourit en réponse à Aiakos, un sourire qui ne contenait aucune chaleur, mais au moins ne donnait pas l'impression d'être une menace.
« C'est tout à votre honneur. Et j'apprécie à sa juste valeur que vous ayez pris la peine de m'informer des détails de vos projets. Y a-t-il autre chose en quoi je puisse vous aider, Cardinal? »

« En dehors de proclamer officiellement l'annexion du temple de Longacre ? Je vois peut-être une chose. Je vais récupérer la région de Bassins-Larmoyants au sud d'ici... Je sais que vous ne connaissez pas nécessairement tous les prêtres de l'Eglise mais c'est assez proche d'Egorian... Comment son évêque se débrouille-t-elle ? J'étais curieux de savoir comment une drow était parvenue à ce rang... »


Aspexia confirma l'espoir d'Aiakos.
« La proclamation aura été faite avant que vous n'y parveniez. »

Mais un sourire effleura son visage à la mention de Bassins Larmoyants et surtout de son évêque.
« Ah. Lilith Ragar. Parce qu'elle est talentueuse, je suppose. Quel dommage qu'elle soit membre d'une race aussi facilement corruptible, mais pour une drow, elle est plutôt douée. Elle s'est retrouvée évêque suite à certaines...malversations de son prédecesseur, qui était très lié au vice-marquis de Bassins Larmoyants. Malversations qu'elle a exposé. Nous pouvons tolérer une certaine collusion entre notre église et les autorités politiques, mais pas lorsqu'elle s'accompagne de trahison envers les principes de l'église. »

« Je vois... » dit Aiakos. « C'est prometteur. »

« Durant mon voyage, est-ce qu'il y a quelque chose d'autre que je peux faire pour l'église ? »


Aspexia secoua la tête, répondant par la négative.
« Pas en ce qui me concerne. Nous apprécierions que vous laissiez de solides fondations à Longacre, cependant, puisque la ville est sur votre route. »

« Il en serait selon vos injonctions, votre Sainteté. »

Modifié par un utilisateur lundi 15 juin 2020 21:54:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

Musique - Eglise d'Asmodéus


Leur arrivée à Longacre s'était déroulée finalement plutôt paisiblement, tout comme leur voyage. Et à présent qu'ils avaient atteint leur destination, Aiakos avait une meilleure idée de ce avec quoi lui et le Synode allaient devoir travailler. Alors que les prêtres et huissiers se mettaient au travail pour rendre le temple un minimum habitable, Ludoviro vint à sa rencontre.
« Finalement, j'ai l'impression que la situation n'est pas aussi sérieuse que ce que j'avais pu entendre. Le temple est plus ou moins intact...il y a des travaux, mais...Je me demande si on ne devrait pas réquisitionner une des maisons abandonnées. Ca nous éviterai de devoir payer le coût de l'auberge. Je sais que tu voulais rencontrer l'acolyte Opparal, mais ça, est ce que tu vois d'autres instructions à donner pour l'instant? »

« Parfait, cela nous fera moins de travail pour dissimuler notre action. »

Le cardinal estima la proposition de Ludoviro.

« Ta proposition est bienvenue. Prenons deux maisons abandonnées autour du temple.

Envoie des huissiers avec l'acolyte Opparal trouver un notaire pour enregistrer notre propriété du temple et des demeures que nous réquisitions. Débrouille-toi pour que les autorités de cette ville pensent que nous sommes là pour aider et nous fassent confiance.

Je veux que nos huissiers fasse l'inventaire les artisans de la ville qui pourraient aider à la reconstruction du temple.

Envoie un acolyte avec deux huissiers réclamer la liste des prisonniers de la prison.

Etablissons une liste des notables de la ville et voyons qui peut nous être utile. En parallèle de cela, il faut mettre une annonce pour dire que le temple fournit des emplois.

Enfin essaye de voir s'il y a moyen d'avoir des cartes de la région... En particulier de la forêt... »


Ludoviro répondit aux demandes d'Aiakos avec un sourire entendu.
« Comme je dis toujours lorsque j'accompagne l'Inquisition...mais nous sommes là pour aider! Le temps d'organiser tout ça, je devrais pouvoir avoir toutes ces informations d'ici l'aube. Je voudrais aussi ta permission d'envoyer un émissaire annoncer notre arrivée au Manoir de Fex. A priori, sa majordome a une certaine influence, je dirais que nous montrer courtois avec les autorités locales ne peut pas nous nuire. Qu'est ce que tu en penses...? »

« Bien sûr, la majorité des huissiers devraient avoir une mission à l'extérieur... C'est une bonne idée. Après tout nous allons aussi à la prison... Donc il serait plus poli de nous annoncer. Tu devrais envoyer quelqu'un aux docks aussi. Il est important de se renseigner sur le commerce de la région.  »


Ludoviro acquiesça avec vigueur.
« Excellente idée, Aiakos. J'avais oublié que ce trou perdu avait même des docks. Etant donné qu'il y a moins de travaux que je ne le craignais sur le temple lui même, je vais disperser les huissiers...peut être Alban et Vera...Au fait, comptes tu te rendre immédiatement à la prison....? »

« Non... Je n'irais que si les services ne coopèrent pas...
Pour l'heure, je dois convaincre une acolyte de se mettre en danger corps et âme pour nous. »

« Effectivement. Un instant, je la ramène. »
Quelques minutes plus tard, Aiakos, Ludoviro et Opparal, l'acolyte elfique que le cardinal avait rencontré quelques semaines plus tôt au Temple de Minuit étaient installé dans l'ancien bureau de la prêtresse qui officiait là, désormais débarassé de tout effet personnnel.
Opparal salua respectueusement le cardinal et son bras droit.
« Que puis-je pour vous, votre Eminence...? »

Le cardinal toisa la jeune femme de la tête au pied comme si il l'analysant jusqu'à l'os.

« Beaucoup de choses, j'imagine... Mais la question qui me tarrode c'est plutôt ce que je peux faire pour vous.

Nous nous sommes déjà rencontré et je me suis comporté avec vous de manière condescendante, même si j'ai parlé de vous en bien à Sa Sainteté...

Alors je me demandais : pourquoi êtes-vous ici ? Le synode... Tout cela... Que voulez-vous... Vraiment ? »


La prêtresse répondit au regard d'Aiakos en baissant légèrement les yeux, mais le cardinal sentait qu'elle ne l'avait pas pour autant lâché du regard.
« Je l'ai noté, votre Eminence. Je vous remercie d'ailleurs de votre soutien. Ce que je veux...? Une opportunité. Que je sois encore acolyte n'a pas pu vous échapper, bien que je sois sans doute plus agée que vous. Il apparaît que les chances de prouver sa valeur sont rares pour une elfe. Donnez moi une occasion de démontrer ce que je sais faire. »

« L%27ambition est une magnifique vertu chez une femme.

Notre nombre d'années est une donnée qui n'a pas de valeur... Je suis une âme bien-née. Je suis de la bonne race, de la bonne maison, d'un genre acceptable pour la plupart des cardinaux les plus conservateurs... J'ai complétement embrassé cet héritage dans une époque pleine d'opportunités en utilisant tout cela avec talent tout en étant soutenu par ma famille, mes amis, mes professeurs et en ayant eu de la chance... Je suis un pur produit de mon temps et des conditions qui m'ont forgées. Nous jouons à un jeu où les règles sont déséquilibrées sur ce point. Vous avez raison dans le fait que d'être une elfe est préjudiciable à votre place dans cette hiérarchie... Il ne saurait en être autrement...

Toutefois, cela ne vous concerne pas que vous. Si la hiérarchie récompensait la compétence, la sagesse, l'acuité et la dévotion la plus pure. C'est moi qui serait le bras droit du cardinal Ludoviro.

Mais parlons de votre carrière... On m'a parlé de votre profil et nous avons cette conversation. Moi qui vante vos mérites à Sa Sainteté..Une recommandation de l'archiprêtre Ludoviro Scarpo. Je remarque que vous savez vous attirer les bonnes grâces... Je m'étonne qu'un prêtre elfe ne vous ait pas encore mis le grappin dessus. Avez-vous pensé à l'évêque de Bassins Larmoyants ? C'est une elfe noire... Si ma mémoire est bonne... »


Ludoviro ne dit rien, prenant soin de ne pas interrompre le cardinal devant une subordonnée, mais Aiakos le connaissait suffisamment bien pour sentir que son compagnon d'étude était surpris de cette évaluation de sa valeur. Il n'en laissait rien paraître, cependant, demeurant impassible comme un inquisiteur savait le faire.


L'acolyte Opparal étrécit presque imperceptiblement le regard à la mention de l'évêque Lilith.
« Justement. J'ignore l'étendue de vos connaissances sur les elfes, mais les drows ne sont pas particulièrement amicaux envers les elfes de la surface. Je doute que son éminence se soit entièrement débarassée de cette potentielle animosité. L'autre problème étant que je sois rattachée à l'archevêché d'Egorian, limitant ma mobilité. D'autant qu'Egorian demeure - sauf votre respect - le terrain de jeu des prêtres issus des rangs de la noblesse, et de leurs appuis politiques. J'ai tout de même réussi à m'y tailler une place, mais la partie est inégale.
Ceci étant dit, si l'évêque de Bassins Larmoyants notait mon existence et s'intéressait à moi, il serait intéressant de pouvoir travailler pour une figure aussi particulière. »

« Très bien, je vous ferais travailler à Bassins-Larmoyants... Vous y rejoindrez les rangs du clergé lors que le Synode y sera installé et que l'évêque aura embrassé notre cause...

Votre mission là-bas sera de reconduire les excellents résultats que vous allez obtenir dans cette ville en tant qu'avocate asmodéenne... Vous avez demandé une opportunité. Je vous offre une épreuve...

Vous aurez officiellement à charge de reconstruire la foi de cette ville... Néanmoins, je ne peux pas confier une ville à une acolyte. Je veux vous voir quitter vos habits du séminaire pour une tenue plus adaptée. Dès à présent, vous êtes promue prêtresse du Synode. Cette promotion a lieu devant témoin de rang supérieur... Elle est donc officielle.

Père Scarpo, en qualité de témoin, voulez-vous prendre les dispositions pour rédiger un acte de nomination récognitif du jour que je lirais à notre messe inaugurale en confiant le temple à la prêtresse Opparal avant la prestation de serment ? Nous allons le signer ensemble après que j'ai répondu aux questions de notre nouvelle avocate... »

Le cardinal invitait clairement Ludoviro à s'absenter. C'était une sécurité à l'égard de l'acolyte. Même si celle-ci était désormais prisonnière de l'ambition qu'elle avait exprimé. C'était également un biais par lequel elle pouvait trahir le Synode. Aiakos estimait qu'il était important d'assumer seul la responsabilité de ce qu'il demanderait vraiment de faire à Opparal. Espionner un noble et retourner sa population contre lui pouvait être très mal perçu.


Ludoviro acquiesça, laissant simplement Aiakos terminer avant de s'éclipser pour pouvoir demeurer le témoin de cette déclaration de bout en bout. Alors que l'archiprêtre quittait les lieux, Opparal ploya un genou, inclinant la tête et relevant les mains en geste de soumission, la posture rituelle de celui qui recevait un honneur de la part d'un supérieur.
« C'est un honneur dont je saurais me montrer digne, votre Eminence. J'accepte humblement cette nomination, et prête serment sous le regard du Prince des Enfers de mener ma mission a bien et d'accomplir mes responsabilités de prêtre avec la dévotion qui leur est dûe. »

Relevant la tête, elle poursuivit.
« Je suis prête à entendre le reste du rôle que vous souhaitez me confier, votre Eminence. »

« Bien vous comprenez vite... Relevez-vous... Vous prêterez serment publiquement... Le reste de la mission influera deux paramètres essentiels : vous allez gagner le cœur des habitants...

Cela veut dire que je vous demande de surveiller leur dirigeant. Vous saurez particulièrement attentives à trois choses : ce que fait l'archbaron avec ses docks, ce qu'il fait dans le bois des murmures et ce qu'il fait en matière de conjuration. A noter plus classiquement, que si vous trouvez des preuves d'une trahison de sa part... Ou la moindre chose pouvant le faire chanter... Le Synode sera intéressé. Nous voulons également le nom des serviteurs humains ou non qui le servent.

Cela veut dire d'autre part, que je vous demande de gagner le coeur de la ville : son économie. Faites que votre temple soit prospère du point de vue des affaires.
Au niveau foncier :
- les deux réquisitions et le temple lui-même formeront la base des terrains que vous pourrez exploiter.
- donner des conseils juridiques aux gens.
- donner leur également la possibilité de passer des pactes infernaux par commande. Le Synode vous soutiendra dans votre activité.
Ensuite une fois que vous aurez une base solide... développez notre emprise en achetant des parts dans la plupart des commerces. Et comme je le disais visez en priorité les docks et les bois.
Enfin essayez de négocier une charge avec le représentant du baron... Mais surtout ne rendez pas la justice vous-même... Viser plutôt l'ouverture d'une école...
Suis-je suffisamment précis ? »


Opparal se releva, acquiesçant d'un signe de tête.
« Parfaitement, votre Eminence. Je vais m'y employer. Cependant, j'aurais sans doute besoin de temps avant d'avoir établi ma position, surtout si je dois travailler seule. Je pense débuter par construire une assise assez solide pour être solidement intégrée à la communauté avant le retour de l'Archbaron. Je communique généralement via un diablotin messager...cette méthode vous conviendrait elle...? »

« Vous aurez de l'aide. Je vous donnerais de quoi recruter une équipe. Mais les paramètres secrets de cette mission seront connus de vous seule.

Je ne souhaite pas nous fâcher avec les autorités locales. Je souhaite simplement que leur richesse dépende de nous.

Pour l'heure, oui. Cela me conviendra. »


Opparal acquiesça.
« Bien compris, votre Eminence. Je vous remercie de nouveau de votre confiance...je pense faire profil bas autant que possible, du moins jusqu'à ce que nous soyons solidement implanté. Inutile de risquer un conflit, même politique, avec l'Archbaron pour le moment. Dois-je me retirer? »

« Attendons le Père Ludoviro. » dit simplement le cardinal.


Ce dernier ne se fit pas attendre bien longtemps, revenant quelques minutes plus tard avec un contrat rédigé à l'encre rouge.
« C'est un acte de nomination standard. »
Il l'étala sur le bureau, dégageant un peu la poussière.
« Daté du jour, il résumé la nomination de l'acolyte Opparal et son élévation au rang de Prêtresse du Prince des Ténèbres, en charge de la paroisse de Longacre et de ses dépendances; et mandatée par la Synode du Contrat. Je vous passe les aspects légaux et techniques, je pense que nous sommes tous parfaitement au courant des implications. Des questions? »

« Prêtresse Opparai, si vous voulez signer. »



La prêtresse acquiesça, et signa, une arabesque complexe dessinant certes son nom mais également les symboles infernaux dénotant son titre et sa position, comme le voulait la tradition de l'église Asmodéenne. Ludoviro signa le document en second, sa signature étant beaucoup plus complexe, eu égart à sa position plus élevée et à ses responsabilités autant au sein de l'église que du Conclave. Ne manquait plus que la signature d'Aiakos pour que le document soit officiel.

Le cardinal fut le dernier à apposer son sceau sur le document. Restait à en faire l'annonce, mais ce simple rendait officiel l'élevation d'Opparal. Les projets d'Aiakos à Longacre pouvaient commencer. Pour l'heure, il passa le reste de la journée à s'installer dans ce qui demeurerait leur base temporaire, à s'assurer que ses instructions étaient bien transmises, et que les choses suivaient leur cours.

Modifié par un utilisateur samedi 18 juillet 2020 16:36:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Vous avez trouvé là une carte maitre intéressante, prêtresse Opparai.

Que penseriez-vous de l'idée de restaurer le périmètre complet des terres cléricales dans cette ville ? » demanda le cardinal.

« Ces notables n'ont pas l'air très intéressant par rapport à notre mission.
D'un point de vue économique, comment va la ville ?

Dilman Fortmile semble être un contact intéressant... La doyenne également, ainsi que la propriétaire de la librairie... Il faudra partager cette dernière information à Anaraa si elle ne la possède pas encore. Il est important qu'elle sache que cela vient de nous.

Nous n'avons rien au niveau des docks ?

Bien, je peux commencer nos autres travaux... Père Ludoviro... Avez-vous un peu de temps pour m'assister dans quelques rituels ? Ce temple doit être consacré même s'il n'est pas achevé. Cela nous aidera pour les travaux.

Quel est le statut actuel du temple en la matière ?

Concernant les vitraux, j'ai pensé à une solution... »

Le cardinal désigna son familier. Le serpent était doté d'une étrange masse de tentacules qui lui permettait d'attraper des objets. En outre, même si cela n'était pas visible, le familier avait renforcé ses compétences en soufflage de verre.

« Je vous présente Esculape notre souffleur de verre. »

Modifié par un utilisateur dimanche 19 juillet 2020 01:06:41(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Mon familier est le produit de mon esprit. Il évolue selon le besoin. » expliqua le cardinal.

« Nous pourrions proposer de déposer cette personne et de la remplacer par quelqu'un qui nous sera fidèle et plaira davantage aux villageois ? Il faut y réfléchir. Nous aurons besoin des docks pour relancer l'économie de cette ville et c'est sans doute l'une des meilleures affaires dans laquelle investir pour avoir des revenus réguliers facilement... »

« Je vous laisse terminer la cartographie des notables et gérer les travaux. Annoncez aussi que nous recrutons du personnel.

Je dois me rendre au manoir. Je crois que j'ai plusieurs personnes à y rencontrer. »

Modifié par un utilisateur dimanche 19 juillet 2020 22:27:54(UTC)  | Raison: Non indiquée

Aiakos avait été bon élève, et les résultats du rituel ne se firent pas attendre. Une patte métallique frappa le sol avec un son de cloche, au sein du cercle de convocation, bientôt suivie par cinq autres alors que Vespar s'extrayait des limbes d'Avernus pour poser ses griffes sur le plan matériel. La carcasse métallique du diable grinça un peu alors qu'il assurait son assise, posant la hampe de sa hallebarde sur le sol. Il paraissait un peu plus grand que dans les souvenirs du cardinal.
« Appelez, et je réponds, Cardinal. Vous avez été entendu. Pourquoi m'avoir appelé? »

« Salutations, Vespar... Je vous appelle comme prévu dans le cadre de notre dernière conversation... Un détail... Que toutes les personnes avec un rang infernal inférieur à archiprêtre quitte cette salle... »

Une fois que la salle fut débarassé de la présence de tous, hormis Ludoviro, Aiakos et Vespar, le cardinal se retourna vers le diable.

« Voici mon ami Ludoviro, prêtre d'Asmodeus et surtout archiprêtre-recteur du temple de Vespar à Egorian.

Bien... Voici ou nous en sommes... La réponse générale à la question que tu posais était que je te fais venir dans le cadre de notre ascension commune.

Je vais devenir ambassadeur de l'Eglise du Chéliax en Enfer. Pour cela, j'ai négocié la possession de tout le terrain autour de la porte des enfers dans un pari avec la diable qui en a la garde... Ce pari s'articule autour de la possession de la porte. Ce pari n'est connu que de la diable en question et des personnes présentes dans cette pièce. Une fois nommé ambassadeur... J'aurais besoin d'un attaché diabolique ayant qualité d'Intendant et d'animateur de la chancellerie chargée de bâtir les relations entre Dis et l'Eglise d'Asmodeus au Cheliax. J'ai la confirmation de la Papesse de mon église, et je dirige ma propre branche de l'Eglise que vous connaissez déjà... »

Le cardinal tendit au diable le même récapitulatif du projet d'ambassade qu'il avait à Dis et qu'il avait donné à la maitresse de l'Eglise des Enfers.

« Venons en à la partie rigolote : votre présence, ici à Longacre... »

« Nous avons rejoint la ville la plus proche de la porte des Enfers de notre côté. Nous avons d'ailleurs un rituel pour la contrôler. J'en profite au passage pour y installer une prêtresse qui me sera fidèle tant que je parviens à nourrir son ambition... Et nous voila... Je te propose dans le cadre de notre accord de nous aider pour cette campagne...

En tant qu'Intendant diabolique et chancelier... Il vous faudra des conseillers... Et qui de mieux pour t'assister que les diables qui vous ont aidé dans cette campagne ?

Je vous propose d'utiliser notre entreprise pour vous constituer une équipe de diables... J'ai réuni de quoi mener plusieurs rituels d'invocation. Chaque diable qui nous aidera gagnera :
- Une place dans ta garde que tu seras libre de nommer comme tu l'entends... Un diable prometteur comme Vespar, avec son propre temple à Egorian...
- Une place dans un domaine infernal situé à Dis en contact régulier avec des humains...
- Une place dans notre catalogue de diables à invoquer avec la possibilité de préciser les types de marchés qu'ils préfèrent...

De votre côté, notre alliance vous rapporte un territoire, des séides et une visibilité parmi les créatures de rang archidiables... Une pierre de plus vers ton scension au rang de Gelugon... Une pierre de plus à la valeur de notre pacte... Et enfin... Un levaloch de Moloch, futur gelugon, à Dis en plein territoire d'Eiseth et chargé d'une mission diplomatique... Je suis certain que tu apprécieras la touche d'humour dans cette manœuvre... »



Une fois la salle libre des présences superflues, Ludoviro salua respectueusement le Levaloch, plutôt impressionné par la prouesse taumathurgique de son collègue et ami.
« Un honneur de faire votre connaissance, Vespar. »

Le diable lui rendit son salut, inclinant la tête avec un grincement métallique, avant de reporter son attention sur Aiakos et ses paroles.
« J'ignore si je possède ce que vous appelez de l'humour, mais il est appréciable que cette situation ait de l'ironie en plus de son potentiel. Je vous remercie de porter une telle attention à ce pacte, et j'apprécie que vous teniez parole. Il est donc de ma responsabilité de faire de même, et pour ce faire je dois vous prévenir...il y a des obstacles à votre plan.

Le principal étant de pouvoir invoquer des diables spécifiques. Je peux sans doute convaincre quelques créatures inférieures de se joindre à nous, mais si nous nous dressons contre un lieutenant d'Eiseth, il va falloir que j'y prenne garde. Le problème, c'est que vous ne pourrez pas les invoquer. Pas sans mon aide, puisque vous ne connaissez pas leur nom véritable. Même maintenant, c'est parce que nous sommes liés que vous pouvez m'appeler avec une telle facilité.
Si cela vous convient, je peux sélectionner quelques uns de ceux que je pense fiables; et si vous m'appelez de nouveau, je pourrais vous aider à les amener dans le plan matériel.

L'autre problème, c'est que la situation n'est pas stable de notre côté de ce plan...j'ai gardé un oeil sur la munagola, et elle a commencé à fortifier sa position. »

« Nous prévoyons de nous emparer de la porte sans mettre le pied sur le plan infernal. Pour cela nous allons devoir tenir les lieux durant 13h depuis le plan matériel. En outre, pour nourrir notre rituel, nous avons besoin d'âmes puissantes tournées vers le bien...

Ton commando diabolique sera chargé de contrer et d'anticiper une partie des manœuvres de l'ennemi durant le rituel. D'un point de vue politique, j'ai imaginé qu'il n'y avait pas d'obstacle à aider les fidèles d'Asmodeus à faire échouer l'offensive d'une commandant d'Eiseth sur le plan matériel...

Notre adversaire peut fortifier sa position, nous ferons de la porte un obstacle suffisamment puissant pour qu'elle doive se soumettre à notre volonté si elle souhaite passer. Mais je t'écoute... Que prévoit-elle de son côté ?

Te donner l'opportunité de sélectionner les membres de ton équipe est également positif dans ton sens. Je vois mal un combattant comme toi aller au combat au côté de n'importe quel diable que j'aurais invoqué. Cela dit, si cette idée ne te gêne pas... Nous pouvons aussi faire comme ça...

Mes propres conjurations ont gagné en puissance... Je peux mobiliser un cerbère géant pour nous aider durant le combat. Mais pas durant les 13h... »

Vespar se pencha en avant, s'appuyant sur la hampe de sa lance.
« Ses plans sont...confus, mais je crois qu'elle essaye de localiser un moyen de défendre le seuil de la porte dans le plan matériel. Elle n'a pas le pouvoir de l'ouvrir elle même, mais je crains qu'elle ne cherche malgré tout un moyen d'établir une tête de pont.

Quoiqu'il en soit, elle a commencé bâtir des positions défensives dirigées vers la porte et non vers l'extérieur. Si vous voulez traverser, cela lui fera une position facilement défendable. Si elle traverse, elle aura une position solide vers laquelle battre en retraite.

Je peux trouver des diables capables de se battre, mais je ne possède pas encore assez d'autorité pour en commander beaucoup, surtout si nous devons nous fier à eux, et si notre adversaire est plus puissante que moi. Mais si il vous faut une petite troupe fiable, vous pouvez compter sur moi. Votre cerbère pourra peut être nous être utile, en avant garde, si nécessaire. »

S'interrompant un moment, le Levaloch reprit.
« De combien de temps est ce que je dispose? »

« Regarde autour de toi... Je t'invoque à nouveau lorsque les travaux sont terminés, afin d'avoir plus de puissance pour invoquer et négocier. Quoique, je ne comprends vraiment la manière dont tu me proposes d'agir. Si tu as déjà négocié avec les diables, je ne peux pas pas négocier pour la même chose... Cela me simplifie le travail...

J'ai assez de matériaux pour invoquer 6 diables supplémentaires selon le rituel que je connais... Je ne pourrais pas en invoquer plus à moins de collecter plus de matériaux. Tout dépend de la taille de la troupe de vassaux que tu souhaites posséder. Leur participation à cette escarmouche scellera une alliance de plus long terme avec nous. »

Vespar resta silencieux un instant, pesant ses mots, avant que son timbre métallique ne reprenne.
« Je comprends. C'est ce que je proposais: je trouve les diables appropriés pour leur volonté, discrétion, et capacité. Lorsque vous m'invoquerez, je pourrais vous transmettre leur nom pour que vous puissiez les appeler.

Plus de troupes pourraient être utile d'un point de vue martial, mais ce n'est pas la seule considération. Si nous voulons rester discret et ne pas alarmer les troupes d'Eiseth, mieux vaux nous limiter. Six est un bon chiffre. »

« Comment cela se combine avec ta promotion en gelugon ? Penses-tu qu'entre le temple, notre accord, la première bataille à mes côtés, cette seconde bataille et cette place au sein de mon ambassade construite à même une porte des enfers... Penses-tu que tu auras assez de succès pour nous faciliter la transformation ?

Deuxième question, comment évalues-tu mon entremise dans ces divers exploits du point de vue de l'intérêt des enfers à mon endroit ? Le gelugon Oronothos, conseiller de mon oncle, m'avait semblé peu intéressé par mes diverses entreprises... Même s'il n'en percevait pas toutes les facettes de celle-ci... Je cherche à attirer l'attention de quelqu'un en particulier... Et j'aimerais savoir si cela marcherait...

Troisième question, comment comptes-tu nommer ta future garde ?

Quatrième et dernière question, qu'as-tu appris sur les relations entre la porte et la légion d'obsdienne ? Je ne connais pas bien cette dernière. »

Vespar resta silencieux un bien plus long moment, impénétrable, ses pensées masquées derrière son heaume métallique.
« Il est difficile de le dire. Cela dépend de ce qu'en pense mon supérieur. Mais si nous emportons la victoire, j'aurais surpassé une Munagola. Cela devrait suffire.

Je ne suis pas en mesure de discuter des intérêts des Enfers...le fait est qu'ils sont multiples, et chacun aux Enfers à son propre intérêt. Mais je peux déterminer que votre projet sera considéré avec appréciation par le Général Infernal, Moloch, et qu'il est probable qu'Eiseth y trouve à redire. Au delà, je ne saurais en évaluer les impacts.

Je ne suis pas fixé. Je pense que j'attendrais de voir ce qui sera approprié quand j'aurais recruté quelques diables.

La Légion d'Obsidienne. Je n'ai pas pu confirmer beaucoup de détails. Mais je sais que la Légion s'est servie du portail pour tenter d'établir une tête de pont sur le plan matériel...une tête de pont suffisamment conséquente pour écraser les adeptes de Moloch qui dans cette région. Leur mission terminée, et craignant d'attirer une intervention d'Aroden ou de ses hérauts en demeurant sur le plan matériel, ils se sont retirés. C'est à cette période qu'Eiseth a agrandi son territoire à Dis, suffisamment pour faire reconnaître son "titre" de reine. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait du premier déploiement actif des Munagolas, également. »

« Tu ne parles jamais de ton supérieur. Qui est-il exactement ? C'est un levaloch comme toi ? » demanda le cardinal qui se dit que connaitre son "ami" serait une manière d'honorer leur pacte.

Impénétrable, le levaloch répondit d'un ton neutre.
« Vous n'avez pas non plus mentionné la vôtre. Mon supérieur est un cornugon, servant de commandant à mon unité au sein des légions de Moloch. Il sert lui même un des Diantrefosse qui à leur tour répondent au Général des Enfers. »

« Je suis pour ma part tributaire de quelques allégeances.

Mon oncle est l'archipaien ou l'archiduc de Longmarch. Je suis tributaire de son autorité en tant que membre de son clan... Mais il a également des devoirs envers moi.

En tant que membre de l'Eglise de rang de cardinal, je suis soumis à la grande haute prétresse. Par ailleurs, je suis soumis à l'autorité de cardinaux plus anciens membres du tribunal. Même si nous sommes pairs.

Enfin, le plus important pour la fin... Je suis actuellement directement sous l'autorité de son Infernale Majestrix, l'impératrice du Chéliax.

Mon travail principal outre la foi, la justice, lutter contre les terroristes, et tout ce qui est directement relatif à mes fonctions, consiste à produire la meilleure synthèse de ces trois intérêts en me débrouillant pour maximiser mon bénéfice personnel de façon durable afin de progresser dans les hiérarchies qui gouvernent cette contrée. »


Vespar hocha la tête.
« Un équilibre délicat. Balancer autant d'allégeance peut se révéler complexe. Soyez prudent, mortel, que ses intérêts n'entrent pas en conflit. Y a-t-il autre chose? Je préférerais me mettre au travail aussi tôt que possible. »

Aiakos pris aimablement congé du diable. Tout était clair.

Modifié par un utilisateur dimanche 16 août 2020 16:50:36(UTC)  | Raison: Non indiquée

25 Gozran 4716, dans la matinée, temple d'Asmodeus de Longacre


Musique - Eglise d'Asmodéus




Tout Longacre semblait s'être rassemblé ce jour là sur la place centrale, qui était aussi la place de l'église. Mais là où s'était dressée l'église d'Iomedae se tenait maintenant un temple consacré au Prince de Minuit. Les vitraux tout juste terminée par un familier épuisé, et les draperies rouges et noires mises en place par les prêtres du Synode du Contrat donnait au lieu un air de magnificence sévère. Le Synode au grand complet s'était rassemblé sur le seuil du temple, et une estrade avait été mise en place dans la nuit, permettant d'être vu par toute l'assemblée.

Ludoviro et Oparal se tenaient tout deux au premier rang, à proximité de l'estrade, mais laissaient l'initiative à leur supérieur, Aiakos, comme le voulait les traditions asmodéennes. Symphonie était aussi présente dans l'assemblée, plus part curiosité qu'autre chose.

Alors que la cérémonie était sur le point de commencer, il paraissait tout de même assez surprenant qu'autant des citoyens de Longacre se soient rassemblés pour y assister. Maraîchers, boutiquiers, artisans, vétérans à la retraite, étant donné le calme qui régnait dans le reste de la ville, on aurait pu croire que la majorité de la population était concentrée sur cette place. La présence en bordure de la foule d'une halflinne élégamment vêtue n'y était peut être pas pour rien...