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Seul le silence lui répondit, mais pas pour longtemps, car le vacarme avait du finir par attirer l'attention, et un vague grincement se fit entendre quelque par sur la droite de la pièce où ils se trouvaient...suivi de bruit de pas, et d'une série de grincements métalliques dans la serrure, alors que quelqu'un déverrouillait la porte.

C'était bien une femme qui leur ouvrit, mais elle ne ressemblait absolument pas à Tiléa. Sa longue chevelure tirait sur le gris très pâle, et elle était clairement athlétique, mais en dehors de son armure de cuir, c'était surtout la rapière qu'elle tenait à la main, et l'acier dégainé qui attirait l'attention. Elle jeta un regard un peu incrédule, mais surtout méfiant à Scath et Byar.
« Tiens donc...je ne pensais pas que vous vous réveilleriez de sitôt...surtout pour faire un tel vacarme. Donc, point numéro un, fermez là et arrêter de tambourinez à cette porte avant que je ne vous cloue au mur le plus proche. Point numéro deux: de quoi est ce que vous vous souvenez? »

S’écartant de l’individu, l’air toujours plus inquiet, Scath commença à envisager le pire lorsque le grincement de la porte vint la ramena à la réalité. Elle ne savait pourquoi, mais la femme sur le seuil de la porte lui faisait froid dans le dos.
« Kwic… »

Un frisson lui parcouru l’échine tandis qu’elle observait celle qui pourrait s’avérer être leur geôlier. Elle commençait à s'imaginer toute sorte de scénarios catastrophiques, dont la dissection de corps dans un institut psychiatrique. Peut-être que c'était ça, elle venait pour chercher un cobaye ? Si c'était le cas, comment se porterait son choix ? Et voilà que l’autre fou commençait à s’exciter.
Mais il pense à quoi celui-là ? Il va se faire clouer, c’est tout ce qu’il va gagner… Et après… et après...
« Gasp… J’SUIS PAS AVEC LUI ! JE LE CONNAIS PAS ! » cria-t-elle, se planquant au mur opposé en montrant Byar du doigt.
Glapissant sagement dans son coin tout en observant la scène rocambolesque qui se déroulait sous ses yeux, Scath se faisait toute petite, essayant de se faire oublier. Elle commença par se mettre petit à petit en boule avant de filer se cacher derrière le lit où elle s’était réveillée, espérant se faire oublier sans doute. Réalisant que cela était ridicule et ne prendrait jamais, elle eu une réflexion lumineuse : la question de la femme n’était sûrement pas sans lien avec le fait qu’elle ne se souvienne de rien, aussi tenta-t-elle le tout pour le tout.

« Je me souviens de tout ! » hoqueta-t-elle difficilement, retenant un sanglot.

Byar accusa le coup. La femme se révélait être quelqu’un de bien plus dangereux qu’il n’aurait pu le penser de prime abord… s’il avait pris le temps de penser. Sa course vers la porte s’était révélée être une erreur cuisante et loin d’atteindre son objectif, cela l’avait seulement précipité dans une impasse. Tout ce qu’il avait récolter, c’était les fruits de cette action insensée : une blessure sérieuse à l’épaule qui pissait le sang à travers sa tunique crasseuse.

Sous le choc de l’attaque, Byar se sentit basculer en arrière pour tomber lourdement sur le dos, tout droit dans sa flaque de vomi au pied de son propre lit. Cependant, il était trop occupé par la douleur qui menaçait d’emporter sa conscience dans les limbes du néant. Alors, se raccrochant coûte que coûte au présent, il porta la main à son épaule tandis qu’il essayait de collecter ses idées en désordre.

Le mérite de cette blessure était d’avoir momentanément fait partir cette voix qui le torturait. Mais loin d’être un secours pour lui, cela l’amena seulement vers un désarroi solitaire quand il comprit qu’il était sans doute le prisonnier qu’il refusait de croire qu’il était. Et pour couronner le tout, Scath venait de montrer sa vraie nature. Apparemment, sa voisine lui avait menti ! Contrairement à ce qu’elle avait laissé paraître au début, elle venait d’annoncer qu’elle se rappelait de tout. Ainsi donc, il était le seul dindon de la farce !

Entouré de deux femmes qui l’avaient à leur merci et coupé du seul lien qui pouvait le ramener à son identité, il sentit monter des sanglots en lui alors que son désarroi se transformait en désespoir. Trop faible mentalement pour y résister, il ne réussit pas à le contenir et s’entendit se mettre à pleurer à haute voix. Peu importait cette inconnu, ou sa colocataire, ou même cette mystérieuse Melisenn. Il ne sortirait jamais d’ici. Et cela dépassait ses maigres forces actuelles. Byar resta étendu à même le seul, tout en continuant à laisser les sanglots secouer son corps abimé.