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Offline Dalvyn  
#1 Envoyé le : mardi 14 juillet 2020 23:56:18(UTC)
Dalvyn
Rang : Référent
Inscrit le : 15/12/2009(UTC)
Messages : 18,213
Ceci est la traduction d’un billet de blog posté sur le site de Paizo et écrit par James Case.

La nuit était calme et il n’y avait pas de vent mais les plumes de Korakai frissonnèrent tout de même comme si une légère brise les agitait. Il s’appuyait sur son bâton. Il était enfin parvenu au sommet de la montagne. L’escalade aurait sans doute été plus facile s’il n’avait pas mangé autant de brochettes mais qu’aurait-il pu faire d’autre ? Il avait atteint la piste de montagne après un voyage qui avait duré une longue journée, et il n’aurait tout simplement pas pu ignorer les odeurs délicieuses et les tintements des verres provenant de la taverne chaleureuse nichée sur le côté du chemin.

Le choix de l’emplacement forçait le respect. Korakai n’était clairement pas le seul qui avait trouvé la bonne nourriture et les boissons plus appétissants qu’une marche difficile, et comme le restaurant de sa propre famille, cette taverne était animée de la sympathique énergie propre à une communauté où tout le monde se connaissait. Une chose en entraînant une autre, Korakai s’était retrouvé à échanger des recettes avec l’un des réguliers, un marchand d’épices d’un âge avancé.

La nuit avançant, ils s’étaient lancés dans une séance de cuisine improvisée. Il aurait été impoli de la part de Korakai de ne pas goûter chacune des combinaisons de brochettes et de sauces présentées sur la table. Question de courtoisie professionnelle envers un compagnon cuisinier, bien sûr. Korakai ne pouvait pas croire que le marchand n’avait jamais entendu parler du yuzu cependant. Il était parvenu à bricoler un substitut à partir de citron et d’orange, et même s’il savait que son père aurait levé les yeux au ciel en voyant son fils manquer de respect à une recette familiale, Korakai avait trouvé que le mélange était plutôt pas mal en fin de comptes.

Korakai poussa un soupir de contentement puis sortit une carte de son sac à dos, la secouant un peu pour combattre l’énergie statique qui faisait coller le parchemin à ses plumes. Il fit un mouvement de ses griffes, sans même y penser, traçant des symboles pour conjurer une lumière, mais il s’interrompit en se rendant compte qu’il parvenait à lire la carte grâce à la lueur rougeâtre de… Korokai se retourna et son cœur cessa de battre. Dans la vallée en contrebas, il pouvait apercevoir la taverne sur sa droite et, rampant sournoisement vers elle, la lueur d’arbres en feu sur sa gauche.

Korakai se rappela des mots que son grand-père lui avait dit quand il était plus jeune. « Un tengu appartient au ciel. Un tendu n’a pas peur de la terre. Un tengu appartient au ciel. Un tengu n’a pas peur de la terre. Un tengu appartient au ciel. Un tengu n’a pas peur— » Korakai plissa les yeux et bondit depuis le bord de la falaise, puis n’ouvrit à nouveau les yeux que quand il sentit les quatre vents qui se saisissaient de lui et l’éloignaient lentement du sommet de la montagne.

La fumée se mit à piquer les yeux de Korakai lorsqu’il observa la forêt baignée d’orange et de rouge. Quelque chose dans cet incendie n’était pas normal, mais il ne pouvait pas préciser quoi exactement. Il trouva assez rapidement la source dans une clairière devant lui : une meute de créature fiélones enveloppées dans du feu infernal, embrasant les buissons : des chiens de l’enfer, quatre au total. Les jambes de Korakai se figèrent… quelqu’un avait conjuré ces créatures malfaisantes ici ?

Avant que les fiélons ne puissent apercevoir Korakai, il tenta de manipuler la magie pour se protéger, mais la terreur réduisit sa voix à un balbutiement trop faible pour soutenir l’incantation et le sort s’effondra. Alors qu’un des chiens se mettait à renifler l’air – mais comment pouvait-il sentir quoi que ce soit, alors qu’il puait le souffre ? – Korakai bifurqua derrière un arbre et se fit aussi petit que possible. Il tint son bâton khakkhara tout contre lui pour se réconforter, heureux que cet héritage familial soit brisé en ce moment précis, car ses tremblements auraient certainement fait tinter les anneaux du bâton et dévoilé sa position s’il avait été encore entier.

Il pourrait peut-être tenter de fuir vers la taverne et les prévenir d’évacuer ? Non, cela n’aurait pas suffi. Pour le moment, les chiens restaient en groupe mais, s’ils se séparaient, ils pourraient mettre le feu à la forêt encore plus vite. Même si tout le monde parvenait à se mettre en sécurité – ce qui était loin d’être certain vu l’état dans lequel certains se trouvaient quand Korakai avait quitté la taverne –, il faudrait une éternité aux propriétaires pour rassembler l’argent nécessaire à une reconstruction, et il n’y avait aucun moyen de remplacer les souvenirs liés à la taverne.

Non, il devait mettre un terme à cette histoire ici. Korakai prit une profonde inspiration, tentant de faire cesser les tremblements qui agitaient ses mains, et il se plongea au plus profond de lui-même. Dans son esprit, il le vit qui se dressait à cet endroit, inchangé depuis le jour où il avait avalé la mer : un massif barrage de pierre et de métal incrusté de sel. Même avec le barrage fermé, Korakai pouvait ressentir les assauts incessants de l’eau : six vagues qui gonflaient, puis une septième qui venait s’écraser, la tempête de la création située juste derrière le barrage. Les chiens étaient bien sûr puissants, des émissaires des dieux et des dirigeants des plans Inférieurs. Mais Korakai lui aussi était connecté avec les dieux, les esprits et une myriade d’autres sources de puissance divine, huit millions ou plus, aussi nombreuses que les grains de la mer. Il n’avait rien à craindre. Korakai sortit de derrière l’arbre et ouvrit le barrage, juste légèrement.



La puissance jaillit, circulant à toute vitesses dans ses veines et bouillonnant dans ses poumons. Les chiens l’aperçurent et grognèrent. Au moment où le premier membre de la meute sautait en avant, Korakai fit un mouvement en arc avec son khakkhara, se sentant guidé par les divinités du vent et du ciel, les bonnes comme les mauvaises. Un souffle puissant se leva, frappant le chien au plein bond et l’envoyant valdinguer dans un arbre, où il explosa en un nuage de braises.

Le bec de Korakai s’ouvrit en un sourire. Il ressentait les énergies libérer qui tourbillonnaient, leurs courants opposés qui se percutaient dans un tourbillon agité. Les vents se mirent à siffler lorsqu’une tempête sacrée s’avançant en tourbillonnant, et Korakai fit une grimace lorsque l’électricité se mit à danser à travers ses plumes. Il avait su que ça allait se produire ; c’était le prix à payer pour faire appel à la tempête, pour ouvrir une porte vers un endroit impossible à comprendre.

Le second chien profita de la distraction de Korakai pour le contourner. En réponse à sa manœuvre, le tengu ouvrit mentalement le barrage un peu plus et, cette fois-ci, les esprits des pluies et des vagues traversèrent. L’eau se rassembla dans le poing fermé de Korakai et, sans plus d’effort que ce qui est nécessaire à faire des ondes à la surface d’une eau placide, il la lança vers le chien. Le torrent rencontra sa fourrure en produisant des sifflements et de la vapeur. Pendant un moment, on aurait dit que le fiélon allait survivre au déluge mais, moins d’un battement de cœur plus tard, les éclairs qui enveloppaient le corps de Korakai se frayèrent un chemin à travers les eaux, éteignant le chien des enfers dans un jet d’eau salée. Le contrecoup fut immédiat et sévère. De la pluie se mit à tomber depuis le ciel sans nuage et les vents autour de Korakai accélérèrent pour former un ouragan féroce.

Enragé, les deux chiens restants inspirèrent, leurs torses se déformant alors qu’ils attisaient leur feu infernal interne avant de cracher des jets de flamme jumeaux qui se rejoignaient pour former une vague brûlante. Korakai se mit à rire, se sentant étrangement comme chez lui pendant un moment – il savait comment faire face à une vague. Se souvenant des leçons que sa mère lui avait apprises pendant son enfance sur les plages de son île, il plongea en avant, plaçant sa tête sous ses bras, et le déluge de sa tempête le protégea du plus gros de la chaleur. En émergeant en face des deux fiélons sous le choc, Korakai se donna tout entier à la tempête et frappa des mains avec un coup de tonnerre. Un carillon assourdissant dispersa la fumée ainsi que les vapeurs, faisant trembler les feuilles des arbres, et quand le son disparut, les deux chiens des enfers n’étaient plus.

Dans son esprit, malgré les nombreux échos, Korakai entendit le barrage se refermer. Les énergies qu’il avait libérées continuaient à rager autour de lui, mais il se retrouva coupé de la tempête primordial, incapable d’amener quoi que ce soit de plus depuis l’autre côté. C’était un rappel à l’humilité : il était le conduit de cette puissance, pas son maître. Une fois encore, il était simplement Korakai, rien de plus.

Korakai resta paisiblement aux côtés de l’ouragan. Il s’appuya sur son bâton puis souffla, libérant une respiration qu’il n’avait pas eu conscience de retenir. Avec un peu de méditation, il pourrait apaiser partiellement la tempête. Mais, en observant les flammes, il réalisa qu’il pourrait bien en avoir encore besoin un peu plus longtemps. Il laisserait les fêtards de la taverne profiter de leur nuit pendant qu’il chercherait à trouver la personne ou la chose qui avait invoqué les fiélons. La pluie et les vents qui le suivaient éteignaient les flammes au fil de ses pas. Korakai s’avança dans la forêt en flammes. Il ne tremblait plus.
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