29-30 Gozran 4719 - Yin-Se
Printemps à Siyin



L'expédition était en plein préparatifs, mais Yan avait du temps devant elle...Pour la première fois depuis des jours, ce n'était pas elle qui était débordée, et la tension de devoir veiller sur les siens dans la crainte d'une attaque s'était enfin évanouie. Maintenant, Yan pouvait essayer d'en apprendre un peu plus sur ce qui serait désormais sa maison, et celle du clan Zhu.

Mais pour découvrir Yin-Se, il vallait mieux avoir un guide. Fort heureusement, une guide idéale venait tout juste de rentrer de voyage. Mizuki était encore couverte de bandage, et portait les marques déchiquetée de l'éclair qui l'avait frappé, mais elle semblait s'en être plutôt bien remise.
« Apprendre à connaître Yin-Se? C'est une bonne idée, si vous comptez vous installer...est ce qu'il y a quelque chose que vous voudriez savoir en particulier? »

Printemps à Siyin




Mizuki sourit et balaya les objections de Yan d'un geste de la main.
« Soyez tranquilles, ces blessures sont plus impressionantes que graves...j'espère qu'elles guérirons, cela dit, je ne tiens pas à porter ces cicatrices indéfiniment. »

La prêtresse de Desna se fit ensuite plus pensive, passant une main dans ses cheveux avec une moue de réflexion.
« Hum...commencer par le cercle de pierre pourrait en effet être une bonne idée...c'est le lieux que je connais le mieux, et je pourrais aussi en profiter pour saluer avec vous les esprits des lieux...Jing s'efforce de faire en sorte que ce soient les protecteurs de notre village, et je pense honnêtement que c'est une bonne idée que vous les rencontriez. Je peux sans doute vous faire faire le tour du village ensuite. »


Guidée par la prêtresse de Desna, Yan escalada la colline où se dressait le cercle de pierre. Elle était juste à l'écart des palissades et murailles de bois de la ville, envahie par les herbes folles, et, en cette saison, les fleurs sauvages. Un arbre s'y dressait, et tout autour du sommet se dressait d'autres autels et statue. Une représentait une femme nue, pourvue d'ailes de papillons déployées autour d'elle comme un voile. Desna, le Chant des Sphères. Une autre, une entité au visage sévère, défenses surgissant de mâchoires crispées, mais la créature portait les robes d'un juge, un noeud coulant, et un shuriken...Yaezhing, le ministre sanglant. On trouvait également des statues d'Irori, et d'autres plus obscures, ainsi que des autels aux esprits de la nature...et une statue que Yan ne reconnaissait pas, une femme en lourde armure, le regard fier, la main sur le pommeau d'une épée.
« C'est Yang Chuanyu, la générale qui a protégé ces terres pendant l'évacuation après la chute de Lung Wa. C'est ce que le village a de plus proche d'une patronne. »

Une fois qu'elles eurent présenté les divinités présentes, Mizuki s'arrêta au pied de l'arbre, et siffla doucement. Les branches dansèrent un instant dans le vent, et d'entre les racines surgit un renard à la fourrure blanche, les yeux noirs comme le ciel nocturne. Il observa un instant Mizuki et Yan, et Mizuki le salua.
« Mes respects, Esprit-renard. Je vous présente une nouvelle arrivante dans notre village, elle voulait vous rencontrer. »


Le renard observa Yan, impénétrable.
« Tu portes une essence étrange pour une mortelle...Je peux sentir quelque chose en toi qui n'est pas tout à fait de ce monde...je me trompe? »

Printemps à Siyin



L'esprit renard pencha la tête sur le côté, peut être pour exprimer de la curiosité, ou de l'incertitude.
« Non, cela ne me dérange pas...ce qui se passe au delà de l'ombre de cet arbre et de la vie de ses habitants est un peu distant pour moi. C'est avant tout aux autres mortels qui vivent en ces lieux qu'il faut poser cette question. »

Le renard parlait d'une voix étrangement distante, sans bouger, presque comme si la brise elle-même portait ses paroles. Il poursuivit.
« Je peux percevoir la rage brûlante et l'avidité qui suivent vos pas. Soyez prudentes. Un esprit vous hante, je peux le sentir. Ou peut être pas tout à fait un esprit... »

Mizuki haussa un sourcil curieux, et jeta un regard en coin à Yan, mais n'ajouta rien.

Modifié par un utilisateur lundi 18 janvier 2021 17:44:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

Printemps à Siyin



L'Esprit du Bosquet au Renard inclina la tête dans une attitude qui semblait être avant tout une attitude de respect.
« C'est une clarté que peu de mortels possèdent. Elle vous honore. »

Il sembla se faire un peu plus translucide, comme la brume se dissipant lentement au levé du soleil.
« Puis-je encore quelque chose pour vous? Je ne suis pas aussi présent loin de la clarté des étoiles. Si je n'en ai pas besoin. »


L'esprit s'inclina lui aussi en réponse au salut de Yan, et disparu, apparition balayée par le vent. Alors que les deux jeunes femmes redescendait de la colline vers Yin-Se, pour parcourir le village, Mizuki jeta un regard hésitant à Yan...et lui demanda à voix basse.
« Yan...je...enfin...je ne veux pas être indiscrète. Mais...La bête dont vous parliez...Serait-ce un chacal à trois yeux? »

Modifié par un utilisateur vendredi 22 janvier 2021 23:11:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

Printemps à Siyin



L'expression de Mizuki se déforma en une moue où la déception le disputait à l'incertitude. Sa voix avait baissé d'un ton, et elle semblait réticente à évoquer les détails du sujet, mais décida finalement de ne pas esquiver plus longtemps.
« Je...n'en suis pas sûre. Mais les cultistes qui ont tué mes parents portaient des masques de chacal à trois yeux. Et une meute de chacals que nous avons affronté il y a quelques mois sur ces terres avaient aussi trois yeux. Vous comprendez que c'est un sujet un peu...personnel. Je veux connaître la vérité, mais je n'ai pas la moindre idée d'où je pourrais même commencer...Bref. Pour l'heure, je sais que je suis en sécurité ici, mais je me suis dis que vous auriez peut être des informations. »

Printemps à Siyin



Mizuki secoua la tête avec un sourire triste.
« Je crains de ne pas avoir de réponse. Je me demande même si j'aurais honnêtement la réponse à ces questions un jour. Mais je vous remercie pour votre intérêt, et j'irais en parler à votre tante lorsque nous reviendrons de notre expédition.

Mais assez trainé sur le passé...venez, je vais vous montrer le reste du village! »

Mizuki entreprit de guider Yan à travers le reste de Yin-Se. Revenant vers le village lui même, elles firent un détour par le cimetière, et l'étrange statue au crâne aviaire qui était censé le protéger contre les intrusions de morts-vivants. Se trouvait aussi là la demeure de Ling Ten, shamane, sorcière, et érudite en affaires occultes, dont les charmes porte-bonheur étaient plutôt efficaces.

Le long de la rivière se trouvait aussi la forge, dont le soufflet était alimenté par une roue à aube. La forge appartenait au vieux Wolfram, un forgeron nain séculaire déjà présent à la fondation du village. Lui, une gorgonne à la chevelure serpentine répondant au nom de Saba, et la gouverneure Jane Pauwels étaient en grande discussions sur des travaux.

De l'autre côté de la rivière, que les villageois traversaient pour la plupart avec un bac, on trouvait plusieurs des fermes du village, certaines encore en construction par la tribu des hommes chats de Miaolin, qui avaient rejoint le village quelques mois plus tôt. Les champs et les rizières commençaient à avoir fière allure, et quelques buffles d'eau paissaient tranquillement en eau peu profonde.

Au sein du village lui même Mizuki lui montra le bastion de Chuanyu où elle avait rencontré les autres gouverneurs, qui était à la fois la place forte et le coeur du gouvernement du village; le magasin général, géré par soeur Jun Song, une moniale d'Irori en pèlerinage; le siège récemment achevé de la Compagnie Commerciale de Siyin pour l'heure dirigée par les frères et soeurs de Jing; le dojo de Shojiro qui servait aussi de terrain d'entraînement à la milice. Dans l'ensemble, Yin-Se était encore un petit village, mais en pleine croissance; et cette région humide de collines couvertes d'herbes folles avait définitivement du potentiel.

Mizuki s'arrêta sur le pas de ce qui devait être un temple.
« Et voici le Relais de l'Etoile...Il y a un autel dédié à Desna, mais c'est surtout un relai pour les voyageurs et également un observatoire. Je ne désespère pas d'en faire une vraie auberge un jour...et j'ai ma distillerie à l'arrière...et je crois que c'est l'essentiel. A moins qu'il n'y ait un endroit que vous voudriez visiter en particulier? »

Au retour de l'expédition Sauvetage à la Grotte de Chuanyu


Elle ne s’était pas attardée plus que de raison sur la place à l’orée du village. Jing était partie en direction du cercle de pierre avec l’ensemble de l’armure de Chuanyu. Celle ci n’était plus qu’un petit tas de cendre que le vent ne mettrait pas longtemps à emporter avec lui si elles n’étaient pas conservées dans une urne adaptée. Mais à vrai dire, Yàn avait autre chose à penser que les diverses manigances et complots de Yin Se. Pour le moment elle était simplement heureuse de rentrer. Et cette fois ce serait différent.

La demeure de Miaolin les héberge pour le moment mais, maintenant ils devraient avoir le temps de rebattir un lieu qu’ils pourront de nouveau appeler chez eux. Pouvoir se retrouver juste entre eux sans étrangers autours, ou sans n’être que des invités plus ou moins forcés, gêneurs qu’on ne peut pas décemment mettre à la rue. Pendant ses jours d’absence ils avaient probablement commencé à regarder ce qui pourraient correspondre à leurs projets. A ce dont ils avaient besoin.

Un leger sourire aux lèvres, elle poussa la porte.

L’atmosphère dans l’entrepôt était familière et laissant glisser son regard Yàn chercha machinalement les présents. Elle s’apprêtait à saluer d’une voix douce, et porta sa main vers son épaule pour y décrocher le mousquet qui y était porté afin de le poser dans l’entrée quand un mouvement s’approchant de son espace lui fit baisser les yeux.

L’attaque est imparable. De la part de n’importe qui d’autre la shinobi ne se serait pas laissée faire mais… face à Sung ? Impossible. Yàn lui adresse un sourire attendri. Ca prendrait du temps mais il se remettrait. Elle espérait cependant qu’il réussirait à s’endurcir. Kaihua n’aimerait pas avoir des pleurnichard parmi ses servants. Avec de la chance, elle ne repasserait pas avant une bonne génération ou deux et la question ne se poserait pas. S’accroupissant près de lui, elle le souleva dans ses bras pour le monter à sa hauteur.

« Bonjour Sung. Je suis rentrée. Comment se sont passés ces quelques jours ? Tu as commencé à explorer le village ? »

Reportant son attention sur son frère elle lui adresse un sourire en coin.

« La chasse a été un peu faisandée mais c’est une réussite – c’est la première fois que j’abats un mort-vivant mais nous avons réussit à récupérer l’elfe. Ainsi que suffisamment de prisonniers pour que Jing puisse se faire mousser en se présentant en libératrice…Faudra que je te raconte. Elle a pris quelques initiatives.. inattendues d’ailleurs. Il faudra qu’on en parle tout les trois avec Tante Sian... et Miang peut-être. » Un léger coup d’œil pour indiquer à Hsui qu’elle préférait ne pas trop en dire devant les enfants avant qu’elle ne laisse échapper un léger rire.
« Huhu, c’est toi le grand athlète et c’est elle qui te mène par le bout du museau. Et je suis curieuse d’apprendre leurs découvertes du coup. Sung, mon grand, je peut te poser le temps de poser mes affaires et de discuter d’histoires d’adultes?  »

Le jeune tieffelin était définitivement bien trop attendrissant. Mais il y avait un certain nombre de questions auquel elle ne savait pas vraiment quoi répondre. Comment lui expliquer que quelques soient les apparences et les traits communs qu’il partageait avec les hulines, sa propre nature était aussi différent d’eux que l’étaient des halfelins ou des hobgobelins.

« Et bien.. eux ce sont des hulines, c’est vrai qu’ils ressemblent à de grands félins, mais leur nature n’est pas magique. Ils ont des sens aiguisés comme les animaux mais leur sang ne porte pas de pouvoir. » Elle pose un doigt sur son museau. « Toi, tu leur ressemble physiquement comme oncle Hsui mais ton sang est porteur de beaucoup plus de puissance. Il ne faut pas le dire parce que sinon ils auraient peur de nous et ce n’est pas bien de leur faire peur mais eux par exemple ne sont pas capables de voir dans le noir. Et c’est ce pouvoir qui nous rends diffèrent des gens normaux. Tout le monde dans la famille le partage, toi comme moi, comme Miang ou oncle Hsui. Quand tu te met en colère, ou que tu as envie de mordre, c'est ce pouvoir au fond de toi qui parle. Tu comprendras en grandissant et tu apprendra à le maitriser et t’en servir. »

Et le contrôler pour ne pas le laisser lui te contrôler...

Laissant filer l’enfant, elle adressa une moue amusée à son frere.

« Si tu rajoute avec ça qu’elle était suicidaire parce qu’elle ne supportait plus l’asservissement allant avec son état, je ne suis pas sure que ça puisse être vraiment compté. Mais au moins c’était original.
Aller, je te raconterais tout en détail dès que Qiong ne risquera plus de s’impatienter »

Se dirigeant vers le fond de l’entrepôt, ils ne mirent que quelques instants à rejoindre les deux femmes. La shinobi s’inclina légèrement pour saluer sa tante. En parlant de morts vivants, elle n’était pas bien sure de savoir dans quelle catégorie la classer elle.

« Chasse très satisfaisante. Nous avons pu extraire notre cible de ses ravisseurs et éliminer l’une de leur servante. Par contre, » un regard vers Sian, « Nous sommes rentrés en contact avec Lady Lang Loi à Yin-Sichasi qui a ressenti la destruction de son jouet. Jing joue à un jeu dangereux, elle a tenté un coup de poker pour lui faire croire que Yin Se ne désire que lui jurer allégeance et conquérir en son nom tout le sud du shemen… J’ignore si c’est passé. C’est quand même un peu gros… mais l’Araignée a fait mine de le croire…  »

Yàn esquisse un haussement d’épaule.

« Il y a convocation d’un conseil dans une heure pour en parler je suppose. Tout comme j’imagine qu’ils vont décider de garder le secret vis à vis de la population… Enfin, sur un autre sujet, du coup, cette colline vous semble sympa ? Faudra qu’on aille voir mais si vous pensez que ça convient, je pense pouvoir m’en remettre à votre jugement.  »

Regard vers Qiong.

« Il y a une source ou va falloir qu’on prévoit le tout ? On pourra déclarer que nous préférons être en extérieur pour nos tests d’artifices, l’excuse passera facilement.. »

« Le temple traite de loi, et nous traitons de meurtre. S’il y avait eut quelqu’un de gênant dans ces terres nous aurions pu être amenés à nous y rendre…  » La phrase est prononcée avec un certain amusement détaché. La foi de tante Sian était plus forte que celle du reste de la famille, et elle avait parfois tendance à oublier que s’ils travaillaient pour le temple parfois, ils n’en étaient pas les sbires. Enfin, jusqu’à aujourd’hui… complète t’elle intérieurement. Mais chaque chose en son temps. « Même si les deux se croisent souvent lorsqu’on parle de la justice divine. » reconnait elle de bon cœur.

La jeune femme haussa les épaules, elle n'était pas encore parfaitement en paix avec la conversation dans la montagne.

« Je ne sais pas si elle avait beaucoup d’autres solutions, mais en tout cas elle aurait pu éviter de lui offrir tous les renseignements sans même que Lang Loi ne les demande. Elle a donné notre nom aussi. Enfin… une fois que le vin est tiré, il faut bien le boire. Aux yeux du nord, elle est donc officiellement une jorogumo d’une lignée issue de Setsendu.. Il faudra que les nôtres gardent l’oeil sur ceux les prochains arrivants. Il y aura forcement des espions et il faudra non pas les éliminer mais au contraire les nourrir des informations qui nous arrangent… »

Reportant son attention sur sa cousine, elle étouffe un rire.

« Promis je vais aller voir. Sinon de toute manière tu serais fichue de m’y trainer. Nous ferons bien avec une citerne pour commencer, et puis ensuite… le grand tieffelin est druide et c’est une crème avide de rendre service, et gentil au possible. Alors en lui demandant je ne doute pas qu’il sera ravi en temps utile de nous faire jaillir une source. Et à l’endroit même de notre choix ! Ou même une deuxième pour le jardin… quoiqu’il serait fichu d’y reconnaître les essences que nous y cultiverons et de se questionner. Bha… je nous fait confiance pour trouver des explications très satisfaisantes. Oh, je suis convoquée à un conseil dans quelques heures à peine, tu penses que nous avons le temps ? »