Thème de Scath : L’envol du phénix

Scath acquiesça à la suggestion de Raayaatma, des plus pertinentes, tout en gardant un œil sur la nouvelle inconnue de leur petite équation. Finalement, cette “Jeanne” ne semblait pas hostile, à défaut d’avoir de bonnes manières. La tieffeline jugea -peut-être à tort- que Byar n’était pas en danger, et qu’il s’agissait simplement d’une autre phase de… de quoi d’ailleurs ? De Byaritude.

La première réaction de Tatiana, suivie de près par La réponse de Jeanne la firent éclater de rire. Par Shélyn, voilà ce qu’il lui fallait après tant de stress, une bonne tranche de fou rire. S’essuyant les larmes qu’elle avait au coin des yeux, décidément rassurée, elle s’en alla jeter une pique à Coriolis.
«  Allons ma chère, ne faites pas attendre cette dame ! Servez lui donc cet Ileosa 3988. Il est ab-so-lu-ment di-vin.  » railla-t-elle, un sourire carnassier aux lèvres, tandis qu’elle-même se cherchait quelque chose de plus fort, proposa du coin de l'oeil à Raayaatma et Coriolis si ça les intéressait d'y goûter.

«  Et demande-lui aussi si elle souhaite également les bonbons favoris de Byar.  » ajouta-t-elle en chuchotant, avec un clin d'oeil à Coriolis.

Finalement, elle s’en retourna voir ce pauvre Rêveur solitaire, bouteille et verre en main, afin de le questionner sur ce qu’ils venaient de vivre.
«  Re-bonjour cher Prince. Ou re-bonsoir peut-être. Et maintenant que nous avons récupéré ce… fragment, que doit-on en faire ?
Oh, et une autre question… Si cette dague nous a suivi jusqu’ici, et m’a l’air “stable” dans ce monde onirique, peut-on concevoir des objets ici, et les amener avec nous, durant nos périples fantasmagoriques ? Le savez-vous ?  »

Modifié par un utilisateur lundi 7 février 2022 13:04:01(UTC)  | Raison: Non indiquée

Coriolis tressailli à l'interpellation de Jeanne. Elle n'était finalement pas tant en sécurité qu'elle l'imaginait et la nobliaute devait avoir l'instinct affûté pour la cibler particulièrement elle, esquivant toutes les autres interlocutrices possibles, passant à travers les soldats invoqués et semonces de ses camarades pour la cibler droit au coeur. Elle sera les dents et les poings, cherchant du regard un soutien, une porte de sortie. Mais à la place, elle trouva les mots de Scath qui, dans son état, ne lui firent pas du tout sortir la tête de l'eau, au contraire. Et tout ça pour quoi ? Sortir des idioties à propos d'une piquette Varisienne qui serait "divine" ? Elle ne perçu pas l'ironie de sa compagne Tieffline pour une fois, elle n'était pas en état. Les yeux à présent humides, elle se dirigeait machinalement vers le bar, ne sachant pas bien si elle comptait finalement servir ce verre à Jeanne ou y noyer ses propres insécurités. Elle saisit néanmoins le verre de spiritueux tendu par sa camarade carmine.

Puis ce fût Théodora qui enchaîna : « Ce que vous dites n'a aucun sens... »

Comment était-ce possible, en quelques instants, que tout le monde se soit retourné contre elle ? Le reste du discours de la Taldorienne lui parut inaudbile au début, alors qu'elle s'enfermait dans son ressentiment fondé sur peu de chose. Puis, ce qu'elle expliquait paru soudain plus sensé, raisonnable, voire rassurant... jusqu'à la fin où elle menaçait de quitter le groupe.

Elle bu cul-sec puis un bruit de verre brisa tout. C'en était trop, son poing écrasé sur le bar venait d'éclater le contenant vidé et elle semblait vouloir renvoyer toute personne qui la contrarierait dans le rêve en ruine de Scath d'un regard furieux.

« C'est pas fini ce cirque ?! Vous êtes qui pour croire que je vais gentilment vous servir, juste pour vos beaux yeux ? Ce ne sont même pas les vôtres d'ailleurs ! Et puis je vous signale que le Blanc : c'est de la pisse ! Et que l'Ileosa aussi ! Le Rouge du Chéliax, y'a que ça de vrai ! »

Elle tirait dans tous les sens, sans forcément avoir saisi toutes les subtilités des intentions de chacune. La question des connaissances viticoles douteuses étant réglée, elle revint au noeud du problème.

« Quant-à vos caprices et vos exigences, je vous rappelle que vous n'avez aucun pouvoir, ni de statut, ni matériel et que, comme l'a souligné Théodora, vous êtes ici dans cet endroit uniquement grâce à la volonté de Byar qui s'est joint à notre rituel. Et je ne vous permets pas de considérer que je suis responsable de tout ça : j'ai peut être agi de manière impulsive, mais ça c'est une surprise pour personne, lui compris, et je l'ai fait uniquement parce que ça me paraissait une porte de sortie viable et que je n'étais pas ravie à l'idée qu'on traîne au milieu de ce coupe-gorge plus longtemps. Byar, si tu m'entends, je suis désolée que ça n'ait pas permis de te tirer de là immédiatement, mais je pense que nos camarades ont aussi tenté ce qu'elles pouvaient pour t'aider. »

Elle agitait un point ensanglaté et planté de morceaux de verre en l'air, comme si elle souhaitait faire claquer un fouet de domination sur son interlocutrice. Elle repris son souffle, retira les quelques bouts de verre qu'elle avait eu sous les yeux dans son mouvement en grognant, puis poursuivi, déterminée.

« Et pour votre information, je tiens à Byar autant qu'à toutes les autres ici présentes, mais on peut lui tendre la main autant qu'on veut, s'il ne se secoue pas les puces, il se retrouvera toujours dans cette même situation : c'est entre lui et lui et tout ce qu'on peut faire c'est lui rappeler qu'on est à ses côtés. Je m'interposerai entre lui et n'importe quel adversaire, mais là c'est son affaire perso. Votre petit numéro de culpabilisation ne marchera pas et je vous INTERDIT de continuer à semer la zizanie parmi nous car il est HORS DE QUESTION qu'on perde Théodora à cause de votre petite envie de plein air. Alors ni une ni deux, si vous voulez un verre vous vous servez, et une fois sifflé, vous rendez la main à Byar. »

C'est alors que l'idée de Scath percuta dans sa tête et que son visage paru soudain surpris. Elle se pencha par dessus le bar et plongea une pleine poignée dans la coupe qui contenait les bonbons que l'alchimiste avait tant apprécié la première fois. Elle forma un "merci" silencieux entre ses lèvres, d'un air désolé, à destination d'une Scath spectatrice, pas perturbée pour un rond, et ouvrit la main pleine de friandises vers leur compagnon.

« Byar, si Théodora a raison, ce que je crois, tu dois être là et tu m'entends. Je ne sais pas ce qui te pousse à te réfugier derrière cette personne, mais elle ne nous aidera pas, pas comme toi, et surtout, si tu comptes profiter de ces douceurs, reviens parmi nous, ou convaincs-la de se rendre utile, s'il te plaît. »

Elle claqua alors les bonbons sur le dessus du bar, s'assit lourdement sur un tabouret, et en tira un second, libre, à ses côtés comme une invitation. Elle regarda alors le prince rêveur et pointa les restes du verre brisé.

« Un deuxième s'il vous plaît l'ami. »

Devant toute cette crasse inculture et ce manque d'éducation, Jeanne renifla. Tout était à jeter. Des servants qui ne savaient pas servir, et des maîtres qui ne savaient pas se maîtriser. C'était vraiment le comble ! La femme à la peau rouge comme le rubis avait du potentiel. Mais pour l'instant, ce n'était que du potentiel. Il fallait tout lui apprendre. Mais il fallait s'y attendre quand elle voyait à quel point LA chevalière Théodora de la maison Vernisant, commandante dans la garde léonine de Ridonport et nièce du Sénateur et Comte Calhadion Vernisant faisait gage de désinvolture. Plutôt que de répondre du tac-o-tac une phrase acide qui l'aurait envoyé se cacher dans les jupes de sa mère, Jeanne maintient son allure droite comme un i. La bave du crapaud n'atteignait pas la blanche colombe.

Il fallut que l'elfe de service explose pour que Jeanne lève un sourcil et montre son mécontentement par un air désapprobateur. « Ma chère, du rouge, du blanc, du rosé. Peu m'importe si vous savez servir. » Le ton était professoral. « Servez, c'est tout. Et si, c'est par votre inconscience que Byar se trouve aux prises avec la Bête. Sans votre disparition, et l'effondrement du rêve, croyez-vous qu'Ulaf, ou moi-même ou les autres aurions été obligé d'intervenir et de prendre la relève ? Non. Donc, c'est de votre faute. Mais je ne vous jette pas la pierre. Cela faisait des lustres que je n'avais pas pris l'air. Et devant le gamin, le bandit, l'érudit, le palefrenier, la catin et le prêtre, il valait mieux que ce soit moi qui prenne les commandes. Ceux-là n'ont aucune jugeotte. » dit-elle avec tout le dédain dont une noble était capable.

Puis dévisageant la pauvre elfe qui en appelait à Byar, elle saisit le second verre qu'elle avait commandé pour commencer à le vider à sa place.

Il fallut que la seule personne décente du groupe se manifeste pour que Jeanne se décide à ajouter : « Faites-vous une raison. Byar ne reviendra pas avant un moment. La Bêtel'a attrapé. La prochaine fois, certaines personnes y réfléchiront à deux fois avant d'improviser. » Le ton était cassant, à dessein. Jeanne s'imaginait gagner une emprise psychologique sur la pauvre Coriolis qui se débâtait.

Le comportement de Raayaatma rappelait à Jeanne ces parvenus de bourgeois qui n'avaient pas une once d'histoire et de prestige. De quoi se mêlait cette femme à la peau brune ? Plutôt que de lui envoyer une réplique cinglante dans les dents, la remplaçante de Byar se drapa de toute la dignité et la hauteur dont elle pouvait faire preuve pour fixer la femme aux manières directives, puis l'ignorer. Et comme pour contrebalancer cette froideur, elle se tourna dans un geste calculé et plein de grâce vers les autres en leur adressant un sourire étincelant en attendant que Tatiana ou quelqu'un d'autre la serve.

Jeanne n'est pas ici par bonté d'âme, ni exactement de sa propre volonté. Mais elle allait tirer parti de ce temps qui lui était imparti pour prendre un peu l'air et voir du paysage.

« C'est une excellente idée. » commenta Theodora.

« Quitte à être là... Si en plus de vos questions sur la dague, je peux également avoir des réponses aux questions que je posais sur ce qu'il était possible de ramener dans le salon.depuis les rêves que nous visitons Cela me conviendrait tout à fait. »

La chamane comptait bien mettre ce temps à profit pour réfléchir à ce qu'elle a allait faire concernant cette étrange quête qui perdait de plus en plus de sens à ses yeux au fur et à mesure du passage du temps.

Voyant que personne ne la servait, Jeanne retint une grimace. Les bonnes manières ne s'achetaient pas à bon marché ces derniers temps. Mais si personne n'était décidé à apprendre, ce n'était pas son problème après tout. Elle eut un regain d'espoir lorsque Scath l'aborda et déchanta aussitôt devant ses propos. « Pouah ! L'Andoran ? Cette terre décadente ? Plutôt engager une naine que de chercher un serviteur là-bas ! » cracha t-elle en partageant le fond de sa pensée.

La suite de la discussion se recentrant sur la dague et les rêves, la noble se tint coi et laissa le reste du groupe discuter de ce sujet à priori important. Retourner dans le monde physique était la principale raison qui la poussait à laisser les autres faire des plans sur la comète. Tant qu'elle pouvait respirer l'air frais du monde physique, ça lui suffisait. Bien sûr, équilibrer la psychée de Byar pour s'assurer le contrôle de ce corps occuperait une bonne partie de ses ressources mais elle avait du temps. Et la dénommée Coriolis avait quelques idées intéressantes.

Jeanne avait suivi le mouvement lors du rituel, sans faire de vagues ni poser de questions. Elle n'était pas particulièrement enchantée de faire cette nouvelle incursion dans les rêves, mais Byar devait rester en sécurité et les... autres n'allaient que rajouter au bordel général de la situation. Au moins, elle savait ce qu'elle faisait. Et puis, le reste du groupe allait certainement se rater à un moment ou à un autre. Elle serait là pour rattraper tout ça, sans embages.

Réapparaissant comme les autres dans le Salon des Songes, la noble vit dans un coin le Prince Rêveur mais ne lui accorda pas plus d'importance que ça. Se concentrant d'abord sur elle-même et sur l'image qu'elle souhaitait renvoyer, elle se mit à vibrer et rendre l'air trouble autour d'elle avant de fixer sa nouvelle image. Le visage strict, la bouche légèrement pincée, on sentait simplement en la regardant que la noble n'était pas le genre de personne à être ignorée. Ses vêtements brodés de dorures au niveau des extrémités réhaussaient le côté simple de la coupe. Si elle ne voulait pas être gênée dans ses mouvements, Jeanne n'allait pas passer pour une roturière pour autant.

Satisfaite du résultat, elle se décida enfin à observer la salle dans son intégralité et vit qu'une nouvelle venue était présente. Préférant laisser les autres se charger des présentations, Jeanne se dirigea vers le bar avec l'intention de se servir un verre de vin.

La jeune femme aux traits elfiques afficha un immense sourire et se leva pour venir vers le groupe. Elle portait une robe noire et blanche magnifique surmontée d'une épaulière. Une sorte de petit rongeur se trouvait sur épaule et ressemblait à un familier. La chose aurait pu paraitre ordinaire si elle ne dissimulait pas son visage à l'aide d'une écharpe et d'un chapeau dont dépassait uniquement ses oreilles.

« Salutations à tous ! Je me nomme Amélia Lépida Lakmyr. Je suis une chronomancienne de Yulgamot et je suis chargée d'une enquête sur un dénommé Louis ? Lowis ? Lauls ? Ah voila Lowls. Il y a un individu louche qui fait des choses bizarres avec des choses qu'il ne devrait pas toucher et ça créé des remous. Et les remous dans la sombre tapisserie, ça embête mes supérieurs de l'horloge noire ! C'est très important ! J'en ai trouvé un vieux fragment tout moisi ici. » dit-elle en pointant le tenancier du bar d'un air agressif.

« Cependant, il m'a dit qu'il ne me dirait rien avant qu'un groupe ne revienne. Je suppose que vous êtes le groupe ? Votre arrivée ici plutôt qu'à l'endroit où vous vouliez vous rendre est un sacré coup de chance ! » dit-elle avec enthousiasme en prenant de quoi écrire.

« Bon alors, c'est quoi votre lien avec ce fragment ? Lowls vous fait faire le sale travail pour faire tourner son petit bar c'est ça ? Combien de créatures bizarres avec une tête de pieuvre avez-vous rencontré récemment ? Décririez-vous cela comme une expérience positive et/ou agréable ? Est-ce que vous avez développé un amour inconditionnel des fruits de mer et des petits poissons salés ? » demanda-t-elle avec sérieux.

Toujours aussi peu à l'aise avec le rituel, Coriolis savait maintenant très bien faire illusion et suivre les autres dans leurs routines pour accomplir les gestes nécessaires. L’ambiance familière et agréable du salon des songes ne se fit pas attendre, ce qui dessina un sourire serein sur son visage. Elle prit ses aises en tirant un tabouret du bar en s’interrogeant comme ses camarades sur la raison de leur présence ici.

C'est alors que l’invitée se présenta.

Il lui fallut quelques instants pour retrouver ses esprits et lancer la lente machine de ses pensées suite l’entrée en scène époustouflante d’Amélia. Elle bondit alors de son siège puis comme à son habitude, on ne pouvait plus l’arrêter :

« Qui… que… euh… je veux dire : WAOW ! J’ai rien compris, mais vous avez l’air de savoir ce que vous faites. Vous venez d’où ? Sacrée entrée en scène en tout cas… Amélia, c’est ça ? Et ce look ! D’enfer, c’est de chez vous ? Enfin chez nous ? Commentait-elle en tournant autour de la demi-elfe qu’elle dévisageait de haut en bas et de bien plus près que le voudrait la convenance pour une personne tout juste rencontrée. Je demande parce que vous êtes la première… Elfe ? vous êtes une espèce d’Elfe, hein ? que je croise depuis… que je me souvienne en tout cas. Après j’ai toutes les mêmes questions que Tatiana. Vous cherchez Lows ? Vous lui ferez quoi si vous le trouvez ? Parce qu’il faut prendre un ticket et faire la queue, haha ! En tout cas, c’est top, parce que nous aussi on le cherche et justement on utilise cet endroit pour euh… pour explorer des… rêves/souvenirs qui… d’une certaine façon nous permettrons de le retrouver en tout cas, je laissera Raayaatma vous expliquer, elle est plus maline que moi.

Oh d’ailleurs, en ce qui concerne notre atterrissage ici plutôt que dans ton rêve, c’est p’têt ma faute Raayaa, j’avoue que je maîtrise pas encore super bien ces histoires de rituel…  »

Un air gêné passa sur son visage mais n’y resta pas bien longtemps, incapable de résister à l’intense curiosité qui l’électrisait.