Pourquoi avait-il fallu que leur groupe soit constitué par l'une des familles les plus dérangées qui soit ? Ce trafic d'âmes avait quelque chose qui ne devait pas plaire aux dieux... Et cet espèce de voile de légalité qu'elles jetaient sur leurs méfaits avait quelque chose d'encore plus blasphématoire pour Elifère. Asservir une âme bonne d'une foi ennemie était quelque chose d'acceptable... Après tout le commerce des âmes était quelque chose de courant en enfers... Mais il y avait là quelque chose de malsain.. Ce groupe procédait de manière chaotique, comme s'il était s'agit de servants de Desna... A prôner leur propre vision personnelle de la justice divine. Toutefois, si Elifère voulait résoudre cette histoire. Elle ne devait pas penser comme une diaconesse cantor spécialisée dans l’homélie asmodéenne et maitresse d'un petit temple... Elle devait prendre de la hauteur... Et pour prendre de la hauteur face à une telle situation, rien de tel que le recours hiérarchique. Elle ne rentra donc pas directement à son temple.

Au contraire, elle pris le chemin du quartier des Pièces et en particulier du Second Labyrinthe. Cet établissement souterrain "de la haute" était à la fois une taverne, un bordel et une maison de paris possédé par la maison Tevineg et constituant une grande partie de ses revenus. C'est aussi un endroit où les espions et les sympathisants du Cheliax peuvent se rassembler en secret et bénéficier d'un traitement de faveur. Les jeux y étaient scrupuleusement justes, la maison Tevineg ne possédant pas d'avantage. Cependant, le lieu assurait un joli profit avec son droit d'entrée horriblement cher (sauf pour les amis de la maison) et sa nourriture et ses boissons hors de prix, sans parler des autres services... L'endroit était célèbre pour son jeu de cartes, le Labyrinthe, et sa courtisane la plus célèbre était "la sculptrice"... C'était un lieu de débauche à la limite de la légalité, mais Elifère savait qu'en cette heure sa maitresse Dame Xanippe Tevineg viendrait probablement relevé les comptes. Après tout cet exercice comptable avait lieu le même jour chaque semaine et les diabolistes étaient réglés comme des horloges. Elle n'eut aucun mal à trouver sa maitresse et à s'imposer auprès des gardes pour obtenir un entretien. Après tout, la diaconesse était reconnue comme un personnel de la maison et les attributs religieux qu'elle arborait signalaient clairement son allégeance aux enfers.

« Dame Xanippe de la Maison Tevineg, merci de me recevoir. Je suis venue vous rapporter un évènement curieux de la journée et vous demander votre souhait concernant le traitement de cette affaire... » dit-elle en inclinant la tête.